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Citations de Didier Daeninckx (757)


La DEportation était traitée de la même manière que les autres tâches de l'administration ; les fonctionnaires semblaient avoir rempli ces formulaires avec un soin identique à celui apporté aux bons de charbon ou à la rentrée scolaire. On manipulait la mort en lieu et place de l'espoir. Sans s'interroger. Epinglé sur un carton, un télégramme jauni signé Pierre Laval, daté du 29 septembre 1942 recommandait aux autorités préfectorales de ne pas démembrer les familles juives promises à la déportation et précisait que "devant l'émotion suscitée par cette mesure barbare, j'ai obtenu de l'armée allemande que les enfants ne soient pas séparés de leurs parents et puissent ainsi les suivre".
Une liasse de circulaires revêtues de paraphe A.V. mettait ces directives en oeuvre.
Contre la barbarie, direction Buchenwald et Auschwitz !
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5 hommes en uniforme trient les animaux par espèces.
En ce moment, c'est au tour des chiens. 8 à 10 SA armés de revolvers les abattent méthodiquement. Le reste de la troupe attend pour aller ramasser les cadavres et les jeter dans une benne. Ils boivent de la bière, ils fument.
Je reconnais Dieter. Il traverse la pièce dans sa longueur et se baisse pour ramasser un objet que je ne parviens pas à identifier. Ses compagnons s'esclaffent, leurs rires se fraient un chemin entre les détonations. Je comprends alors qu'ils se divisent en 2 équipes.
Dieter se place en pointe pour engager la partie. La balle qu'il a choisie a du mal à rouler sur le sol. Ce n'est qu'à la cinquième ou sixième passe que je réalise qu'il ne s'agit pas d'une balle, quand l'un des miliciens, d'un coup de botte, projette Takouze contre le mur. Sous la violence du choc, la tête de la tortue est sortie. Elle n'a pas le temps de se rétracter qu'une semelle cloutée lui écrase le cou.
Je m'affaisse sur le sol incapable de retenir mes sanglots. Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait pleurer pour une tortue.
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(A propos de Bill Clinton)

- Ce type-là est une bête de sexe, il tire sur tout ce qui bouge. Tout petit déjà, à ce qu'il parait. Mais ça ne portait pas à conséquences jusqu'à ce qu'il touche le jackpot: les clés de la Maison Blanche. En moins de deux, il transforme le bureau ovale en bureau ovule... Paula, Jessica, Monica, pas besoin de te faire un dessin... La first lady, c'était marqué dans Voici, décide de faire chambre à part. La presse, la planète entière, surveillent le gros Bill et braque les jumelles, les caméras, dès qu'une gamine passe à moins d'un kilomètre. Au final, le maître du monde se retrouve seul dans son lit depuis près de deux ans, le cigare derrière l'oreille, boycotté par sa femme et interdit d'aventures... C'est ça qui le rend dingue. Résultat, il se vide sur l'Europe et le Moyen-Orient...
Le Poulp eut le tort d'approuver mollement.
- C'est freudien, mais c'est pas con.
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Kaïra l'attendait dans la cour. Elle ne ressemblait pas aux autres jeunes femmes du bidonville. A vingt cinq ans, toutes ses amies étaient mariées depuis des années et trainaient derrière elles une armée de marmots. Cette cour, ou une autre toute semblable, constituait leur seul univers avec le Prisunic de Nanterre. Un horizon de terrains vagues coincés entre les usines et la Seine, à dix minutes d'autobus des Champs Elysées ! Kaïra connaissait des femmes dont le dernier pas en dehors du bidonville remontait à deux, voire trois ans.
Sa mère était ainsi. Le jour de sa mort, Kaïra s'était juré de ne pas être une simple hypothèse de femme. Elle s'occupait de ses frères et soeurs, de tout ce qui nécessite la vie quotidienne de six personnes...
Elle se tenait à son serment et, en contrepartie de cette soumission acceptée et au bonheur des siens, elle se libérait, insensiblement, du fardeau des traditions. Cette lente évolution était marquée, aux yeux du voisinage par de soudaines audaces inimaginables de la part d'une "véritable femme algérienne".
Kaïra se souvenait du premier matin où, tremblante, elle avait osé sortir en pantalon. Pas un "blue jean" comme en portaient ses frères mais un tergal, ample, qui masquait ses formes aussi bien qu'une robe. Personne ne s'était permis de réflexion à voix haute sur son passage, à peine quelques sourires vite effacés par son regard fixe. Elle ne ménageait pas sa fierté ; elle aurait préféré mourir plutôt que d'avouer s'être entraînée des semaines entières à la maison, avant d'affronter le jugement des autres.
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Tout le monde nous court après, et toi, tu nous aides. Pourquoi? Tu ne nous connais pas, tu ne sais rien de nous...
Des enfants sont passés en chahutant, de l'autre côté de la cloison. Fofana s'est raclé la gorge pour s'éclaircir la voix, puis il a souri.
- On a un peu la même couleur, bien que vous ne veniez pas d'Afrique, et quand des Noirs sont poursuivis par des policiers, je ne sais pas pourquoi, je suis du côté des Noirs... Moi, je suis sénégalais. Je suis né en Casamance. Presque tous les jeunes de mon village sont morts à Verdun. A cause des gaz... Les soldats blancs ne voulaient plus monter à l'assaut, et c'est à nous, les tirailleurs des troupes coloniales, que le général a demandé de sauver la France. On s'est dégagés dans la boue des tranchées au petit matin, sans masques, poussés par la police militaire et les gendarmes qui étaient protégés, eux, et qui abattaient les frères qui essayaient de fuir le nuage de mort... Je me suis jeté dans un trou d'obus. Il y avait un cadavre. Je me suis barbouillé avec son sang, et j'ai fait comme si j'avais été touché... Le nuage planait au-dessus de moi... Je n'en ai respiré qu'un peu... Cela fait quatorze ans que je suis sorti de ce trou, mais le souvenir est toujours-là, devant mes yeux. Il est devenu mille fois plus précis quand je vous ai vus courir devant les policiers...
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Je crois profondément que personne ne mérite de décoration pour avoir tué un homme. Quel qu'il soit... A certains moments, il faut en venir là, et il n'y a rien de plus triste au monde...
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Je dois à la vérité de vous dire que la personne qui m’a le plus marqué, cette année-là, c’est notre professeur de dessin (on ne disait pas encore arts plastiques).
(page 50)
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De quel droit mettez-vous les oiseaux en cage ?
De quel droit otez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ?

Victor Hugo

En exergue du livre "Cannibale"

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C'est bizarre, les mots… Depuis des années qu'on est plantés dans la boue, on croyait avoir tout vu. On pensait qu'on avait épuisé notre réserve de larmes pour des années entières… Pour la vie peut-être… Puis il suffit qu'on pose les yeux sur le courrier qu'un pauvre gars adresse à sa mère, à sa fiancée, à son fils, pour que le regard se trouble...
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Tous les anciens sont dans le viseur. Ils exterminent les tempes grises, les chauves, les porteurs de lunettes, les dos voûtés, les dents de travers… On dirait qu’ils ne choisissent pas les nouveaux collaborateurs pour ce qu’ils ont dans le crâne, mais pour l’habillage. Des fois, quand je traverse le hall, j’ai l’impression de m’être trompé d’adresse, d’être entré par inadvertance chez Hugo Boss ou chez Calvin Klein !
(pages 55-56)
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Il est impératif de rester simple : la vérité doit être assimilable sans effort. L'auditeur sait que s'il faut réfléchir, c'est qu'on nous cache quelque chose. Pour qu'une pièce prenne une forme idéale, le forgeron ne compte pas ses coups de marteau. A la radio, le marteau, c'est les mots.
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Liberté, égalité, fraternité
C'est beau comme devise
Dommage que ce soit platonique.
Maxime Lisbonne
(page 9)
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- "Tous les enfants de la tribu m'entourent et me demandent comment c'était la France, Paris. Je leur invente un conte, je leur dis que c'est le pays de merveilles. Mais très tard, je raconte pour les Anciens. Je leur explique qu'on nous obligeait à danser nus, hommes et femmes; que nous avions pas le droit de parler entre nous, seulement de grogner comme des bêtes, pour provoquer les rires des gens, derrière la grille; qu'on insultait le nom légué par nos ancêtres." (p. 47)
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Ce qui caractérise la psychanalyse, c'est qu'il faut l'inventer. L'individu ne se rappelle de rien. Alors, on l'autorise à déconner. On lui dit: "Déconne, déconne mon petit ! ca s'appelle associer. Ici personne ne te juge, tu peux déconner à ton aise". Moi, la psychanalyse, je l'appelle la déconiatrie. mais pendant que le patient déconne, qu'est-ce-que je fais ? Dans le silence ou en intervenant-mais surtout dans le silence- je déconne à mon tour. Il me dit des mots, des phrases. J'écoute les inflexions, les articulations, où il met l'accent, où il laisse tomber l'accent...Comme dans la poésie. J'ai toujours eu une théorie: un psychiatre, pour être un bon psychiatre, doit être un étranger ou faire semblant d'être étranger. Ainsi, ce n'est pas une coquetterie de ma part de parler si mal le français. Il faut que le malade-ou le type normal- fasse un certain effort pour me comprendre. Il est donc obligé de traduire et il prend à mon égard une position positive.[cf. extrait cité "L'art chez les fous: le dessin, la prose, la poésie" de Marcel Réja
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Le respect , chez nous en pays Kanak , il ne vient pas à la naissance comme la couleur des yeux . Il se mérite tout au long de la vie .
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Nous avons longé la Seine, en camion, et on nous a parqués derrière des grilles, dans un village kanak reconstitué au milieu du zoo de Vincennes, entre la fosse aux lions et le marigot des crocodiles. Leurs cris, leurs bruits nous terrifiaient. [...] Au cours des jours qui ont suivi, des hommes sont venus nous dresser, comme si nous étions des animaux sauvages. Il fallait faire du feu dans des huttes mal conçues dont le toit laissait passer l'eau qui ne cessait de tomber. Nous devions creuser d'énormes troncs d'arbres, plus durs que la pierre, pour construire des pirogues tandis que les femmes étaient obligés de danser le pilou-pilou à heures fixes. [...] J'étais l'un des seuls à savoir déchiffrer quelques mots que le pasteur m'avait appris, mais je ne comprenais pas la signification du deuxième mot écrit sur la pancarte fichée au milieu de la pelouse, devant notre enclos : Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie.
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Aujourd’hui, tout le monde trouve normal qu’un collégien se fixe pour objectif de devenir star du cinoche, chanteur, au pire animateur télé, qu’une lycéenne se fasse photographier sous toutes les coutures, les seins à l’air, qu’elle propose son book sur le Net, qu’elle coure les castings des agences de mannequins…
(page 32)
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On s'en fout de Simenon, il ne raconte que des conneries. Son Maigret, il passe son temps à faire semblant de réfléchir en fumant des bouffardes, alors que le secret du métier, c'est l'action !
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Amputés!
Reprenez la vie active d'avant-guerre comme l'ont fait ceux qui ont adopté

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- Ronaldo, c'est un Portugais qui joue en Espagne, Ribéry un Français qui tape dans le ballon en Allemagne, Neymar un Brésilien envoyé en Espagne tout comme Messi qui est argentin... Le Français Pogba se balade entre l'Italie et l'Angleterre, avec le Chilien Sanchez et le Suédois Ibrahimovic... Quand ils partent en exil, on dit que c'est un transfert. Eux aussi, ce sont des migrants, mais on les applaudit au lieu de leur jeter des pierres parce que ce sont des migrants de luxe...
(p. 86)
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