AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842304898
114 pages
Hoëbeke (09/10/2013)
3.61/5   9 notes
Résumé :
Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. La publicité ne restera pas insensible à cet événement : mieux, elle va incorporer le conflit dans son discours. Elle saura progressivement attendrir l'arrière, galvaniser la fibre patriotique, ou encore fustiger l'ennemi.
Mais si la pub choisit son camp et s'unit derrière le drapeau, la guerre deviendra son formidable prétexte pour vendre tout et n'importe quoi. Très vite, il ne sera plus surprenant ... >Voir plus
Que lire après La pub est déclarée ! 1914-1918Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On pourrait raconter l'Histoire de France par la publicité. Dans La Pub est déclarée!, les nombreuses illustrations choisies témoignent de la manière dont la « réclame » intègre dès 1914 le premier conflit mondial, pour vendre aux soldats, à leurs familles, encourager l'achat patriotique, souscrire aux emprunts nationaux, fustiger l'ennemi et à la fin de la guerre, amadouer le chaland avec les silhouettes d'héroïques poilus.

Désormais omniprésente dans les journaux, sur les panneaux d'affichage, sur les murs des villes, la publicité va donc tout oser pour vendre quantité de produits. Les publicitaires ont bien saisi que le conflit est une opportunité pour gagner des marchés.
Pour présenter toutes les illustrations, le romancier Didier Daeninckx a choisi la fiction et non l'analyse. Il nous offre une nouvelle dans laquelle une jeune dactylographe oeuvrant au sein de l'agence Siècle Publicité déploie des trésors d'imagination pour vendre cette guerre. Allons z'enfants de la patrie, le jour de l'achat est arrivé.

Car la guerre modifie les marchés, créée des pénuries, mais aussi des besoins, comme des bandes-molletières plus hygiéniques, des masques à gaz prêts à l'emploi, des porte-plume réservoir pour la correspondance des soldats…Mais attention, l'image doit être valorisante. La publicité évite soigneusement de montrer les conditions de vie épouvantables des poilus dans les tranchées. Ainsi l'homme emmitouflé alors que tombe la neige songe . « Le rêve du poilu pour son Noël » n'est pas de quitter la Grande boucherie pour rentrer chez lui mais d'acheter chez Barclay des chandails en poils de chameaux spéciaux pour aviateurs à 30 francs, ou des leggings en porc pour 35 francs.
On encourage l'arrière à l'économie et à l'effort de guerre, les produits français utilisent l'Alsacienne pour vendre « national », Newcao, le « déjeuner nutritif par excellence » qui donne Energie, Santé, Force, a pour « effigie », la tête de Clémenceau sur le corps d'un tigre…

“ Les marchands de canons ont inventé la guerre, comme les marchands de bidets ont inventé l'amour. ” disait Georges Wolfromm . Et ça continue hélas!
Commenter  J’apprécie          705
Tout est bon pour faire du pognon est la morale cynique généralement admise lorsque l'on constate les pratiques des publicitaires, et si vous en doutez, Didier Daeninckx vous en convaincra dans cette rétrospective, où il rappelle le formidable prétexte que fut la première guerre mondiale pour permettre à la publicité de se développer, en invoquant des motifs patriotiques et anti-boches, dans l'air du temps au cours de la première décennie du XXème siècle et les suivantes.


Pour lier entre elles toutes les reproductions qui illustrent cet ouvrage, Didier Daeninckx crée une jeune sténo-dactylo embauchée par l'agence Siècle Publicité pour trouver des slogans destinés à frapper les esprits, à transformer le spectacle du quotidien en puissance de vente, à hameçonner le curieux et en faire un acheteur.


La cible visée, expression consacrée toujours d'actualité des publicitaires, est le poilu et tous ceux qui attendent son retour. Question cibles, les poilus ont pourtant déjà fort à faire dans les tranchées mais ce n'est pas suffisant. On leur propose le merveilleux radiateur Tito Landi, brasero portatif qui leur assure la chaleur d'un foyer, des masques prêts à l'emploi pour protéger leur bouche et nez contre les gaz asphyxiants, ainsi que des tampons d'oreilles Mallock Armstrong contre le bruit du canon. S'ils ont un peu mal au crâne, on se demande bien pourquoi, l'Aspirine Usines du Rhône est garantie pure de tout mélange allemand, et pour se protéger des intempéries, les Burberry sont distribués dans toutes les villes situées derrière les lignes de combat. le Jubol nettoie l'intestin « de même que le poilu chasse les Boches des boyaux », et l'apéritif Calista promet la victoire dès qu'on le boit ; le porte-plume Waterman, transformé en arme de paix, permet au soldat de communiquer.


Dans ce monde de marques connues se glissent tous les margoulins, ceux qui fabriquent des conserves à base de déchets, matières en décomposition, cartilages et tissus glandulaires. Pas un jour ne passe sans que les tribunaux ne détaillent ce que l'on trouve dans les plats préparés envoyés aux combattants, chaque jour, les journaux relaient des cas d'intoxications alimentaires.


A la fin de la guerre, la sténo-dactylo de l'agence Siècle publicité se demande si après avoir vendu la guerre, elle sera capable de vendre la paix. Sans doute. A peine l'armistice signé, éclot une génération de vendeurs de chaussures orthopédiques pour mutilations, raccourcissements et toutes déformations, qui promettent une vente à l'unité, assurent ainsi 50 % d'économies par rapport à une paire ; les officines proposant des souvenirs mortuaires se multiplient, comme celles qui ont inventé des voitures de promenades pour blessés. La liste est infinie...


Ce catalogue cruel et cynique dressé par Didier Daeninckx pourrait prêter à rire, si le sujet n'était pas aussi grave, si une génération de jeunes hommes n'avait pas été sacrifiée au nom de la der des Ders qui ne faisait qu'annoncer la suivante.
Commenter  J’apprécie          10
Un livre extraordinaire pour aborder la première guerre mondiale d'un point de vue inhabituel : commercial ! La publicité a trouvé une belle opportunité pour se développer lors de ce conflit. A un moment donné, le lecteur est inévitablement amené à se demander jusqu'à quel niveau d'asservissement du consommateur, de morale, peut aller la volonté de vendre... Déjà il y a 100 ans...
Commenter  J’apprécie          21

Il ne s'est pas beaucoup fatigué Didier Daeninckx pour le texte accompagnateur de cette très belle iconographie publicitaire de la première guerre. On aurait pu en attendre plus, venant de sa part.

Un bref regard sur la courte bibliographie me conforte dans l'idée d'un travail vite fait, genre copié-collé avec quelques fioritures.

Une lecture approfondie des livres référencés s'impose pour mieux cerner ce phénomène publicitaire.

Peut-être était-ce l'intention de l'auteur?
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Amputés!
Reprenez la vie active d'avant-guerre comme l'ont fait ceux qui ont adopté

les appareils ultra-légers de Mayet-Guillot
Experts des Hôpitaux de Paris
67, rue Montorgueil, Paris (2)
Téléphone: central 89-01

Usine modèle. 9, rue Castex, Paris (4)
Téléphone: Archives 17-22

Les intéressés sont invités à venir voir fabriquer les appareils qui leur sont destinés.

Quel que soit le cas qui lui est soumis la Maison Mayet-Guillot s'engage à fournir en quelques jours un appareil répondant scrupuleusement à toutes les exigences MEDICALES-MECANIQUES ET ESTHETIQUES

Fabrique fondée en 1830
Commenter  J’apprécie          203
-Françaises!!
Plus de bouillon KK
Plus de potages KKK
Rien de Magik ni de Chimik
N'achetez que les excellents
POTAGES DUVAL

Pour éviter les contrefaçons, exiger les POTAGES DUVAL sans prénom la Cantinière et la signature Alexandre Duval.
Commenter  J’apprécie          172
Suprême Apéritif Régénérateur CALISIA

A ta santé Tommy
la victoire est certaine
D'puis qu'on boit "CALISIA"
On peut la dire prochaine!

Quinquina Merveilleux
CALISIA
Albert Cabon, Léré (Cher)

(un poilu et un tommy trinquant)
Commenter  J’apprécie          110
Quand je feuilletais un journal, une revue, je n'imaginais pas la diversité des efforts d'imagination qu'il fallait mettre en oeuvre pour concevoir, composer, et publier une annonce que l’œil ne ferait, le plus souvent, que survoler. Je pensais que tout cela se faisait naturellement, sans véritable méthode, avant de m'apercevoir que tout ici reposait sur la théorie de la suggestion : l'art de manier sa propre pensée afin qu'elle modèle les réactions d'innombrables cerveaux humains.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Didier Daeninckx (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Daeninckx
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
+ Lire la suite
autres livres classés : publicitéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

La mort n'oublie personne

En quelle année se passe l’histoire ?

1963
1953
1958

9 questions
118 lecteurs ont répondu
Thème : La mort n'oublie personne de Didier DaeninckxCréer un quiz sur ce livre

{* *}