Il y avait fort longtemps que je n’avais pas relu de Donna Leon, j’ai pourtant été accro aux premières enquêtes du Commissaire Brunetti.
On retrouve ici le charme de ce qui a fait le succès de cette série. Venise bien sûr, la beauté de la cité des doges n’est plus à démontrer. On aime si promener et si perdre avec nos enquêteurs. Il règne aussi dans les enquêtes de Brunetti un parfum de cuisine italienne, on apprécie ses saveurs, on salive en tentant d’en percevoir les senteurs, les parfums. Et puis on n’oublie pas non plus le charme de notre policier, sa personnalité attachante, on aime aussi son opiniâtreté. J’ai apprécié aussi le découvrir face à une nouvelle collègue, Claudia Griffoni, une femme venue du sud, une napolitaine. On perçoit ici nettement les tiraillements qu’ils existent réellement entre italien du nord et italien du Sud. Même Guido Brunetti a des préjugés, entre vénitiens et napolitains, l’entente cordiale n’a jamais été de mise, c’est même l’inverse, à Venise le raffinement, à Naples la grossièreté… C’est presque aussi basique que cela, et on perçoit tout au long de cette enquête l’animosité entre les deux peuples, le racisme ordinaire d’une Italie divisée.
Surtout qu’ici, on prend le temps, on aime suivre Guido qui déambule dans sa ville natale pour y recueillir de précieux témoignage. On travaille à l’ancienne. Moi ce que j’aime chez Donna Leon c’est que La Sérénissime est aussi importante que l’intrigue. Vous savez un peu comme dans un bon Maigret, quand l’atmosphère du lieu, le caractère des gens et l’humeur de notre flic rentre en compte dans la façon de mener son enquête.
C’est simple en relisant ce trentième Brunetti j’ai encore plus vu les similitudes entre le policier français et le flic italien Et oui leurs techniques d’investigations sont essentiellement basées sur la compréhension de la personnalité des différents protagonistes et bien entendu sur leurs interactions.
Comme Maigret, Brunetti aime la bonne chair, comme lui aussi il forme un couple uni avec sa femme, même si Paula a plus d’influence sur Guido que madame Maigret sur Jules.
De plus tous les deux ont un flair infaillible et ils se laissent bien souvent guider par leur instinct manifeste.
Avec Brunetti, on va se mêler de la vie des gens, on va tranquillement intégrer le cercle des suspects, on va tenter de comprendre leur mentalité. Et s’il donne l’impression de ne pas progresser, il marque tranquillement son territoire… Ainsi on va déambuler, flâner même parfois…jusqu’à que l’affaire nous saute aux yeux et que nos policiers italiens mènent à bien cette sale affaire. Car à Venise, derrière le décor de carte postale règnent la corruption, le crime, et comme partout dans le monde des hommes prostituent des jeunes femmes, les trafics vont bon train et la nature humaine n’est pas très reluisante.
Et c’est avec, comme à son habitude que Donna Leon nous fait découvrir tout cela. Et c’est vrai que j’aime sa subtilité à nous faire entrevoir l’envers du décor.
Pour vous amis lecteurs, qui n’êtes pas forcément familiers avec l’univers de notre autrice, si même vous ne connais pas du tout Brunetti, pas de panique, sachez qu’il est toujours plaisant de faire une incursion dans un polar de Donna Leon. Et cette trentième enquête en est la meilleure des preuves.
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