AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Elie Wiesel (315)


Et pourtant, tout au fond de son être il savait que dans cette situation-là, il est interdit de se taire, alors qu’il est difficile sinon impossible de parler.
Il fallait donc persévérer. Et parler sans paroles. Et tenter de se fier au silence qui les habite, les enveloppe et les dépasse.
Commenter  J’apprécie          40
"Aidez moi, docteur: de qui suis je le fils? Qu'ai je fait, quelle faute ai je commise pour ne plus pouvoir me souvenir de mes racines? Est ce donc cela, ma maladie : choisir l'oubli pour justifier sa vie? La mémoire serait elle l'outil dont se sert mon dibbouk? Serait ce la raison pour laquelle Freud s'en méfiait? Pourtant, vous m'avez souvent expliqué qu'on peut souffrir mentalement non parce qu'on oublie tout, mais parce qu'on s'acharne à tout retenir? "
Commenter  J’apprécie          40
Nous étions les maître de la nature, les maîtres du monde. Nous avions tout oublié, la mort, la fatigue, les besoins naturels. Plus forts que le froid et la faim, plus forts que les coups de feu et le désir de mourir, condamnés et vagabonds, simples numéros, nous étions les seuls hommes sur terre.
Commenter  J’apprécie          40
Assassins et bourreaux peuvent-ils se définir et se distinguer les uns des autres, sous prétexte qu'ils agiraient au nom de principes différents et obéiraient à des lois qui n'auraient rien en commun sinon logique du sang versé des innocents? Mais, allant plus loin, peut-on s'interroger sur la place de l'innocence dans le projet révolutionnaire ? Et si celui-ci tirait sa force implacable du fait même qu'il condamne l’innocence plus que la culpabilité supposée de ses victimes ? Et si ce qu'on appelle la Révolution n'était à la limite, que la première et ultime phase du Mal, dans les domaines variés des théories inventées par des hommes qui se servent de leur pouvoir pour déshumaniser l'Histoire. (P. 284)
Commenter  J’apprécie          40
Mais je ne supporte pas la vue du sang, moi. Si, pour apparaître dans sa splendeur immaculée, le Messie doit se faire annoncer par les hurlements des peuples massacreurs et des peuples massacrés, qu'il reste chez Lui.
Commenter  J’apprécie          40
Shaltiel pensa : lui demander où la beauté se dissimule dans cette geôle improvisée ? Dans le spectre de la Mort, de ce côté du mur ou de l'autre ? Ou dans le fait mêm?e que, bien qu'au seuil du pire, deux êtres humains restent capables de cette noblesse qu'est l'amitié 
Commenter  J’apprécie          40
- Je veux que vous me donniez votre avenir.

Enfant, élevé dans un milieu hassidique, j'avais entendu beaucoup d'histoires étranges au sujet du Meshulah, ce messager mystérieux du destin qui peut faire n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment. Ce messager - dont la voix vous fait frissonner - est tout-puissant, puisque sa mission le dépasse et vous dépasse. Chaque mot qu'il prononce relève de l'absolu, de l'infini ; son sens vous attire et vous fait peur. Gad est sans doute un Meshulah, me suis-je dit. Ce n'était pas son apparence physique qui me faisait penser à cela ; c'était sa voix, c'était ce que cette voix disait :

- Qui êtes-vous ? lui demandai-je à nouveau.

Il me faisait peur. Quelque chose en moi me disait qu'au bout du chemin que je ferais avec lui m'attendrait un homme qui me ressemblerait et que je haïrais. Je crois que, déjà, je savais qu'un jour je tuerais un homme.

- Je suis un messager.

Je me sentis devenir blême. J'avais donc deviné juste. C'était un messager. L'homme du destin. A lui, on ne pouvait rien refuser. Il faut tout lui donner, même l'espoir, s'il vous le demande.
Commenter  J’apprécie          40
et la vie, qu'est-ce que c'est, la vie ? Je n'en sais rien. Mais comment vivre ? Voilà la vraie question. Evoluer en vase clos où je me cogne à chaque coin, à chaque passant, à chaque mur, est-ce pire que de vivre dans un espace sans consistance, cotonneux, brumeux, où tout est flou et translucide ? La vie, docteur, je crois l'avoir bue jusqu'à la lie.
Souvent, je me dis que je ne suis qu'un entrelacs de fissures ouvertes sur l'épouvante.
Commenter  J’apprécie          40
- C'est fini. Dieu n'est plus avec nous.
[...]
- Je sais. On n'a pas le droit de dire de telles choses. Je le sais bien. L'homme est trop petit, trop misérablement infime pour chercher à comprendre les voies mystérieuses de Dieu. Mais, que puis-je faire, moi ? Je ne suis pas un Sage, un Juste, je ne suis pas un Saint. Je suis une simple créature de chair et d'os. Je souffre l'enfer dans mon âme et dans ma chair. J'ai des yeux aussi, et je vois ce qu'on fait ici. Où est la Miséricorde divine ? Où est Dieu ? Comment puis-je croire, comment peut-on croire à ce Dieu de miséricorde ?
Commenter  J’apprécie          40
Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dien et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert.
Commenter  J’apprécie          40
Le début d'une dispute , c'est une écluse qu'on ouvre , avant que la querelle éclate , cède ta place .
Le livre des Proverbes du roi Salomon
Commenter  J’apprécie          40
La reine de Saba avait tenté de conquérir Salomon , mais c'est elle qui fut subjuguée .
Commenter  J’apprécie          40
Un oiseau dit un jour à un autre : Si tu le veux , je m'en vais abattre la grande tour sur laquelle le roi se tient présentement .´
Indigné , Salomon , qui avait surpris la conversation , convoqua l'outrecuidant oiseau devant le trône , ´ Comment oses -tu ? le gourmanda -t-il . Tu es minuscule et frêle tandis que les pierres sont gigantesques et lourdes .´
Sans rien perdre de son assurance , l'oiseau répondit : ´ Aurais - tu oublié que les gens prononcent toutes sortes de paroles fantaisistes pour épater ceux qu'ils aiment ? ´
Salomon eut assez de sagesse pour sourire
Commenter  J’apprécie          40
Les cris des adolescents et les larmes des vieillards, les vagabonds mystiques et les penseurs ivres, les enfants muets et les femmes affamées d'amour, les riches et les pauvres : ai-je su user des mots justes pour les raconter ? Certains mystiques n'ont-ils pas été punis pour avoir franchi le seuil du jardin secret des connaissances interdites ?
Commenter  J’apprécie          40
Mais à peine eut-on marché quelques instants qu'on aperçut les barbelés d'un autre camp. Une porte en fer avec, au-dessus, cette inscription :
" Le travail, c'est la liberté !"
Auschwitz.
Commenter  J’apprécie          40
- Un feu ! Je vois un feu ! Je vois un feu !
Ce fut un instant de panique. Qui avait crié ? C'était madame Schächter. Au milieu du wagon, à la pâle clarté qui tombait des fenêtres, elle ressemblait à un arbre desséché dans un champ de blé. De son bras, elle désignait la fenêtre, hurlant :
- Regardez ! Oh, regardez ! Ce feu ! Un feu terrible ! Ayez pitié de moi, ce feu !
Commenter  J’apprécie          40
Un sifflement prolongé perça l'air. Les roues se mirent à grincer. Nous étions en route.
Commenter  J’apprécie          40
Seule la prière approche de cette concision et de cette pureté qui fondent la vérité de l'écriture. Écrire. C'est comme une prière. Aller à l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          30
Je réfléchissais ainsi lorsque j'entendis le son d'un violon. Le son d'un violon dans la baraque obscure où des morts s'entassaient sur les vivants. Quel était le fou qui jouait du violon ici, au bord de sa propre tombe ? Ou bien n'était-ce qu'une hallucination ?
Ce devait être Juliek.
Il jouait un fragment d'un concert de Beethoven. Je n'avais jamais entendu de sons si purs. Dans un tel silence.
Comment avait-il réussi à se dégager ? A s'extraire de sous mon corps sans que je le sente ?
L'obscurité était totale. J'entendais seulement ce violon et c'était comme si l'âme de Juliek lui servait d'archer. Il jouait sa vie. Toute sa vie glissait sur les cordes. Ses espoirs perdus. Son passé calciné, son avenir éteint. Il jouait ce que jamais plus il n'allait jouer.
Je ne pourrai jamais oublier Juliek. Comment pourrai-je oublier ce concert donné à un public d'agonisants et de morts ! Aujourd'hui encore, lorsque j'entends jouer du Beethoven, mes yeux se ferment et, de l'obscurité, surgit le visage pâle et triste de mon camarade polonais faisant au violon ses adieux à un auditoire de mourants.
Je ne sais combien de temps il joua. Le sommeil m'a vaincu. Quand je m'éveillai, à la clarté du jour, j'aperçus Juliek, en face de moi, recroquevillé sur lui-même, mort. Près de lui gisait son violon, piétiné, écrasé, petit cadavre insolite et bouleversant (Chapitre VI - pages 146-147).
Commenter  J’apprécie          30
Pour le survivant qui se veut témoin, le problème reste simple : son devoir est de déposer pour les morts autant que pour les vivants, et surtout pour les générations futures. Nous n'avons pas le droit de les priver d'un passé qui appartient à la mémoire commune.
L'oubli signifierait danger et insulte. Oublier les morts serait les tuer une deuxième fois. Et si, les tueurs et leurs complices exceptés, nul n'est responsable de leur première mort, nous le sommes de la seconde.

(Préface d'Elie Wiesel)
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Elie Wiesel (2493)Voir plus

Quiz Voir plus

Une vie entre deux océans - M.L. Stedman

Dans quel pays se déroule ce récit ?

Etats-Unis
Canada
Australie
Nouvelle-Zélande

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Une vie entre deux océans de M. L. StedmanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}