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Critiques de Emmanuelle Bayamack-Tam (330)
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Arcadie

« Les romans, la poésie, le théâtre, c’est quand même un bon moyen de connaître des tas de gens, les auteurs, de façon très intime, et sans tout le tralala social qui brouille un peu les cartes. »

Quel drôle de phénomène, cette Emmanuelle Bayamack-Tam (ou Rebecca Lighieri). Je n’ai lu que « Si tout n’a pas péri avec mon innocence », et c’était il y a déjà cinq ans, mais je me souviens très bien du ton tout à fait personnel de son histoire. Dans « Arcadie », on retrouve beaucoup de choses, le côté Freaks (le bon côté, celui qui est de la famille de la quatrième saison d’American Horror Story, « Freak Show », celui auquel on s’attache tendrement), la narratrice qui bouscule, à la fois d’une naïveté charmante (elle ne comprend pas les surnoms qu’on lui donne, par exemple, Farrah-Facette ou Farah-Diba) et d’une très vive intelligence, et la famille dysfonctionnelle.



« Nous… Je prétends pouvoir le dire sans ridicule, sans que ce pronom renvoie à une structure exsangue et atrophiée comme le couple ou la famille. Je prétends même que mes débuts dans la vie font de moi une spécialiste du nous, contrairement à la plupart des gens qui n’y entravent que dalle et passent toute leur vie sans imaginer qu’on puisse être autre chose que soi. J’ai été nous dès l’enfance, ça aide. »

Parce que sa mère est intolérante à tout (en gros), Farah intègre avec sa famille à un très jeune âge une communauté, une sorte de phalanstère ou familistère qui prêche l’amour pour supporter l’angoisse de tout ce qui nous tue. Une zone blanche (sans ondes ni téléphones portables ni quoi que ce soit de potentiellement polluant) vers la frontière italienne. Elle y vit une enfance qui la ravit, maîtresse d’un domaine végétal paradisiaque. Elle est une bonne nature, de base, dévouée, exaltée et toute désireuse d’harmonie. Mais en grandissant son corps la trahit, et de disgracieuse elle va devenir autre. Mais quoi ? Elle ne sait pas…



Oui, quel drôle de phénomène que cette autrice. Elle ne cesse de surprendre son lecteur, adoptant plusieurs points de vue, lui montrant qu’on peut regarder les choses depuis tellement d’angles. Dans le style, même, on passe de : « la rémanence de son acrimonie » ou encore « l’exhalaison de toutes les fièvres mauvaises dont elle avait brûlé en ces lieux mêmes » (et un grand usage du mot aboulie) à « c’est quoi les bails » ou autres expressions horribles en usage chez les ados (pas vu de « malaisant », ouf), et tout passe, bien sûr, on reprend la lecture avec entrain en se demandant sans cesse ce qui va arriver.



C’est très entraînant, aussi drôle que tragique, profond et intéressant, déstabilisant et impertinent et surtout, très réussi.
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Je viens

Une fille adoptée, sa grand-mère et sa mère prennent la parole pour donner leur vision de cette famille, avec chacune sa version des choses et sa vérité .

Ce livre évoque l'adoption, le racisme, la vieillesse mais aussi les malentendus et relations toxiques dans une famille aisée.

Belle écriture au style décalé, à la fois drôle et cynique.
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Je viens

Ce roman m'a perdu plus d'une fois, entre fort intérêt, désintérêt, attirance, agacement, perplexité.. Il est pourtant particulièrement intéressant, ce point de vue de trois personnes, trois générations de femmes d'une même famille en souffrance.

Ce roman est rarement drôle, le plus souvent triste, alourdi de méchancetés, regrets, violences psychologiques.



Charonne est la voix de l'enfance, mais le style m'a surpris par son vocabulaire recherché, littéraire, cultivé. Elle passe effectivement sa vie dans les livres, malgré tout j'ai eu parfois du mal à accepter la manière de parler un peu trop décalée par rapport à l'âge. Ceci mis à part, j'en suis restée à "pourquoi pas".

J'ai énormément accroché à cette partie du livre, jusqu'à ce qu'apparaisse Liberato. Ce personnage présenté comme voleur puis proxénète, m'a profondément agacée d'autant qu'il reste présent dans sa vie malgré une tentative de viol organisée par ses soins. Elle semble pourtant plus intelligente que ça Charonne.

Je n'ai pas su comment prendre le déferlement raciste qui m'est tombé dessus, nageant dans des eaux troubles : l'auteur participe-t-elle à l'idée, dénonce-t-elle uniquement ? Je pense avoir tranché par un "elle dénonce, il y a des maladresses". Je crois que c'était trop, tout au long du livre, simplement. Les répétitions continues, les rappels racistes et bêtes, m'ont laissé un gout un peu amer : je sais lire un livre et ce qu'il veut véhiculer sans qu'on m’assomme avec.

Charonne aura une chance que n'aura pas eu Gladys : l'amour ; certes pas de ses parents adoptifs, mais de sa grand-mère, et c'est ce qui compte finalement, l'amour pour grandir.



Nelly est la seconde voix, celle de la vieillesse. Regrettant sa jeunesse et sa célébrité, elle ne songe plus qu'à ce passé. Passé qui aura une seconde vie à travers Charonne qui s'identifie à cette grand-mère qui finit par lui donner tout cet amour qu'elle n'a jamais pris le temps de donner à sa propre fille, Gladys. On sent à la lecture, la confusion légère de l'âge, elle passe facilement d'un sujet à un autre sans que cela soit gênant. La rupture de style, bien que le même pourtant, est intéressante : j'ai bien fait la différence de narration entre Charonne et elle. J'ai aimé sentir l'amour pour sa petite fille prendre de la place au fil des pages, j'ai aimé l'inscription de son histoire dans la filiation.



Gladys est la troisième voix, mais cette fois je n'ai guère sentie de différence dans l'écriture et cela m'a gênée autant que le racisme, la méchanceté, la rancune profonde, cruelle parce que d'autres l'ont été avec elle. Rien en elle ne m'a permis de compassion, je n'avais, c'est triste, pas vraiment envie de l’écouter. Pourtant son histoire était intéressante, sa détresse face à la futilité des apparences aurait pu être touchante, son besoin de l'essentiel qu'elle cherche sans le trouver : on a besoin d'amour pour se construire. Ce rejet de sa fille "qui n'est pas sa fille" m'a plombée à l'overdose, je n'ai pu m'attacher.



Au milieu, des fantômes (mais que font-ils là ?), la femme de ménage (raciste forcément) et sa famille envahissante (voleuse, moche, méprisante), et ce racisme encore et toujours présent partout et encore, tous ces personnes m'ont laissée globalement froide, et c'est mon regret. Pas d'attirance particulière sinon une bouffée de gratitude envers Régis qui sort de sa torpeur à la fin du livre, un peu pour Charonne qui tente de vivre malgré cet abandon et ce rejet familial terrible.



J'ai passé un moment parfois agréable, le plus souvent j'étais agacée par les propos répétitifs du roman (et les répétitions racistes, c'est usant), peu attirée par les souffrances diverses hormis Nelly.

Les hommes sont feignants, racistes, violents, les femmes sont racistes, jalouses, égoïstes, en détresse, vivant dans le passé. C'est un roman uniquement de femmes, centrées sur elles-mêmes où l'homme n'a que peu à dire.

La lecture est relativement agréable, mais le livre ne m'a pas passionnée autant qu'il l'aurait pu.



3/5
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Arcadie

Arcadie où règne une liberté, une bienveillance, une nature sauvage et préservée.



C'est par la narration d'une adolescente, héroïne du roman que j'ai été transporté dans ce monde utopique si bien que l'on a envie de côtoyer cette jeune fille qui a grandit au sein d'une communauté et détachés du monde que nous connaissons qui découvre au fil du temps que son corps change et devient intersexe.



Pourtant, appréciant cette vie mais étant dans une communauté assez repliée sur elle même, la narratrice fera des rencontres qui pourrait changer sa vision du monde, de plus l'adolescente qui vit l'amour avec passion est en quête de son identité.



J'ai beaucoup apprécié ce roman de Emmanuelle Bayamack-Tam à la fois tendre, poétique, cru et un brin d'érotisme. C'est aussi un roman qui traite de tous les sujets actuels de la société, l'autrice apporte une vision philosophique.

L'autrice cite aussi des références de personnes célèbres aujourd'hui disparu qui m'ont fait très plaisir étant fan de ces célébrités que je vous laisse découvrir.



Ce livre d'un nouveau genre littéraire que je découvre m'a transporté et est une ode à la liberté, à l'amour et à la passion.

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La treizième heure

La treizième Heure c’est l’histoire d’une triade : la fille, le père, la mère ou comment ces trois visions de la vie, ces trois individualités, ces trois solitudes se retrouvent à un moment donné. De la poésie au roman en passant par les chansons, les mots sont toujours là pour les accompagner, tels des guides. Parmi eux, il y a tous ces gens perdus qui entrent à la treizième heure pour trouver un (autre) sens à leur vie.

C’est si bien écrit - que de références culturelles ! - et les thèmes si universels (l’amour, l’abandon, la différence, l’acceptation de la différence) que l’on aimerait que cet esprit de tolérance - qui règne à la treizième heure - inonde un peu notre monde.

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Arcadie

L'arcadie antique est le lieu idyllique où l'amour de la nature rejoint l'amour des corps dans une fusion érotique. Emmanuelle Bayamack-Tam en fait son utopie communautaire. Les éclopés de la vie, les electrosensibles, les vieillards lubriques, les créatures difformes rempacent bergers et bergères pour s'y accoupler dans une parfaite harmonie et une gaieté réjouissante.

Dans ce jardin d'Eden, Fahra vit une enfance et une adolescence sans entraves, au milieu d'une communauté libertaire et libertine.

Roman d'apprentissage, conte philosophique, fable érotique, farce comique, parodie du monde contemporain : tout est en place pour un roman savoureux et jubilatoire.

Mais tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.

D'abord Farah a un problème. Assignée à la naissance au sexe féminin, elle découvre à l'adolescence qu'elle est intersexe et devra régler seule, mais sous le regard cruel de la société, cette identité nouvelle.

Ensuite, un migrant va s'introduire dans la communauté qui prône l'idée que l'amour est au-dessus de toute autre valeur, mais qui refuse d'accueillir ce migrant. Cruelle désillusion !

Puis un procès médiatique s'attaque à la communauté, suite au décès d'un membre. Arcady est accusé de captation d'héritage et d'être le gourou d'une secte. Farah doit alors choisir son camp :" J'ai choisi depuis longtemps d'être du côté des gentils, mais aussi de ceux que tout designe à la vindicte, les prédicateurs illuminés, les fruits étranges, les vies noires, les damnés de la terre et les travailleurs de la mer."
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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

Au risque de décevoir les adeptes qui ont adoré et fait des éloges, je n'ai pour ma part pas aimé ce roman.

Famille dysfonctionelle, jeunesse perdue..sont des thèmes qui pourtant m'accrochent. Je pense donc que ce sont l'écriture et le style qui ne m'ont pas plu.

Nos goûts sont très subjectifs.
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Arcadie

Un drôle de roman, inclassable, provoquant, magnifique, excessif, déroutant, dérangeant.

Le roman débute avec l'arrivée dans une communauté libertaire, de la narratrice Farah, avec ses parents et sa grand-mère.

La communauté regroupe une trentaine d’adultes et enfants qui y vivent sur des principes pour beaucoup empruntés aux idées du mouvement hippie des années 60 : collectivisme, liberté sexuelle, nudisme, retour à la terre, protection de la faune et de la flore ; poursuite du plaisir, rejet du modernisme et des technologies de la communication … » On y trouve des toxicos ; obèses, dépigmentés, dyslexiques, bipolaires, dépressifs, végétariens, transgéniques, pédophiles… avec à leur tête un gourou au doux nom d’Arcady



L’écriture est à la fois poétique et provocante ; tous les registres lexicaux, des plus triviaux aux plus relevés, sont utilisés. C'est aussi un roman ou l’on retrouve les grands enjeux politiques de nos sociétés qu’ils soient éducatifs, technologiques, écologiques, migratoires...

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Arcadie

"Je suis faite pour l'adoration. Elle est le climat dans lequel je m'épanouis. Et personne ne mérite mieux l'adoration qu'Arcady. Si je ne l'avais pas rencontré, j'aurais pu passer ma vie à idolâtrer des gens médiocres, et ce faisant, je l'aurais gâchée. J'ai cette chance inestimable que notre sauveur soit un homme hors du commun, mille fois digne du culte que je lui ai immédiatement et définitivement voué".



Dès les premières pages, nous voilà dans l'ambiance de ce que certains pourraient nommer "communauté" alors que d'autres appelleraient "secte" : Liberty House.



Farah est arrivée dans cet endroit enfant avec ses parents, alors que sa mère fuyait la sensibilité électromagnétique qui la torturait chaque jour. Liberty House est en effet une zone blanche : pas de téléphone, pas d'internet, pas de télés - bref aucune onde pour troubler les habitants de cet endroit clos.



A la tête de Liberty House, un gourou du nom d'Arcady, pour lequel Farah voue un culte sans limite.



Cette lecture fut remplie de haut et de bas : Au début, j'étais assez enthousiasme et puis je me suis vite ennuyée : il se passait peu de chose au Liberty House hormis le développement de la sexualité de Farah ou son intersexuation.



D'ailleurs, ce sujet de l'intersexuation aurait pu trouver une place particulière dans le roman (je n'ose imaginer ce que peut ressentir une adolescente de 15 ans face à cette "transformation"). Cependant, ce sujet est tout de suite écartée par la sexualité débordante et peu réaliste de Farah.



Et puis, arrive (trop tardivement à mon goût dans le livre) Angossom, ce migrant qui a trouvé refuge au liberty House.



La question de sa présence se pose alors au sein de la communauté : doit-il partir ? Doit-on l'accueillir ?

La philosophie de Liberty House ne devrait en théorie même pas formaliser cette question tellement la réponse est évidente … et pourtant : "A Liberty House, on a le droit d'être vieux, laid, malade, drogué, asocial ou improductif, mais apparemment pas jeune, pauvre et noir".



A partir de cet évènement, Farah considérera autrement cet endroit et se questionnera sur ce qu'il a incarné pour elle. Elle prendra de la distance….et j'en prendrai tout autant, pas spécialement convaincue par ma lecture.



Je ne suis parvenue à m'attacher à aucun personnage et j'ai été déçue de la manière dont ont été traités certains sujets : Bref, je suis assez mitigée.
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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

Je ne saurais classer ce livre dans un genre. Certainement parce que le genre en question m'est inconnu. Le livre a reçu le prix Alexandre-Vialatte 2013 ainsi que le pris du roman Ouest-France Etonnants Voyageurs 2013.



C'est une lecture que j'ai apprécié mais qui l'a laissé sur ma fin. On pourrait structurer le livre en deux parties. La première nous fait rencontrer une jeune fille, ou plutôt une enfant, Kim, qui évolue au milieu de sa famille quelque peu particulière. Entre une mère qui n'a d'yeux que pour ses deux premières filles et ses chiens, un père totalement absent, deux soeurs qui n'aspirent qu'à vivre avec leur mère, un grand père qui préfère s'occuper de lui que de sa famille, une grand mère aimante mais qui va rapidement sombrer en dépression et enfin deux petits frères adorables mais que tout le monde abandonne, la vie d'enfant puis d'adolescente de Kimberly est loin d'être simple.



Cette enfant comprend rapidement qu'elle va devoir se prendre en main car ses parents ne le feront pas. Elle comprend également qu'elle va devoir s'occuper de ses deux petits frère car personne ne le fera non plus. C'est ce qui est bouleversant dans cette première partie du livre. Cette enfant qui doit être une adulte pour ses petits frères. Seulement voila, être adulte lorsque l'on est en âge d'aller au collège ce n'est pas évident. La manière dont elle raconte comment, adulte, elle prend conscience des erreurs qu'elle a commise vis à vis de ses deux frères est très touchante.



Puis, arrivé à la moitié du livre, l'auteur perd un peu le lecteur. On explore une autre facette de la vie de Kim, la manière qu'elle a de chercher en tout point à se démarquer de sa famille, de ne pas leur ressembler, de les rejeter en bloc, presque maladive. On a du mal à comprendre cet entêtement surtout quand on voit ou cela l'entraine.



Le style du livre est fluide, cru. J'y ai également préféré la première partie du livre. Néanmoins j'ai aimé ce livre qui parle d'amour, d'innocence, de la manière dont on grandit au sein d'une famille, la manière dont parfois, certaines personnes doivent prendre leur responsabilité avant l'heure. Un livre qui parle aussi de poésie dont Kim est une fervente amatrice.



Un beau livre, qui peut paraître déroutant, mais qui m'a fait passer un bon moment.

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Autopsie mondiale

Pièce de théâtre invitant sur scène l'Opinion Mondiale, Britney Spears, Michael Jackson et un Fan représentant la communauté des fans de Michael.

Ce n'est pas banale !

Une pièce délirante, surréaliste par moment, drôle, burlesque, intéressante, grinçante aussi. Entre surprise et ravissement, j'ai refermé ce livre sujette à pas mal de réflexions sur ces bébés stars mi anges mi démons, sur ces tournants qui peuvent s'opérer dans la vie d'une jeune star quand elle bascule trop vite, trop bien, trop tout sur la place publique.

Un petit livre décalé qui m'a permis d'échapper au quotidien du boulot le temps d'une pause déjeuner et qui m'a franchement interpellé avec du recul.

Je me suis renseignée un peu et cette pièce de théâtre (à la limite du concert) a été mise en scène par Clément Poirée. Vous connaissiez ? L'avez vue ?

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La treizième heure

C'est un livre un peu curieux, pas inintéressant mais curieux... il y est surtout question de genre sexuel et d'acceptation de la différence. C'est parfois un peu crû. Tout cela au sein d'une communauté conduite par un chef spirituel prêchant l'amour du prochain et la préparation à la fin du monde....bref il m'est difficile d'en dire plus car ce roman m'a un peu déroutée. Je l'ai lu sans déplaisir mais il ne restera pas dans mes annales.
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La treizième heure

Je sors partagée de la lecture de ce roman. C’est ma première lecture d’Emmanuelle Bayamack-Tam, j’ai apprécié sa prose littéraire et crue à la fois, sachant transmettre les sentiments de ses protagonistes mais en même temps j’ai l’intuition de ne pas avoir lu l’un de ses meilleurs romans. Mes futures lectures de ses écrits me diront si je voyais juste.



La Treizième Heure est un roman choral qui donne la parole à trois personnages.

D’abord Farah, jeune adolescente, dont le père Lenny a créé l’Église de la Treizième heure. Église à la fois libre, tolérante et queer, qui se donne pour principe de montrer qu’un nouveau monde est possible. Renfrognée comme une ado et à la fois si mature, Farah a grandit au sein de ce microcosme communautaire fait de poèmes de Nerval et d’illuminés cherchant un remède à leur souffrance. Du haut de ses 16 ans, Farah se pose beaucoup de questions : pourquoi sa mère est-elle partie sans laisser d’adresse juste après sa naissance ? Pourquoi son appareil génital ne correspond-t-il pas aux normes sexuées habituelles ? Autant de questions sur lesquelles son père reste totalement évasif…

Ce flou dans lequel Farah tente de se construire nous apparaît de plus en plus net au fil des pages grâce à la deuxième partie du récit donnant la parole à Lenny au sujet de sa rencontre avec Hind, la mère de Farah. Hind l’incandescente, qui refait surface à l’Église de la Treizième heure dix-sept ans après la naissance de Farah et à laquelle la troisième partie du roman donne la parole. Entre souvenirs d’une enfance algéroise et violent rapport au corps, Hind est le personnage du roman le plus détaillé, à la fois excentrique et inconstant, complètement trans...gressif.



Un récit surprenant malgré quelques longueurs.
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La treizième heure

Trois grandes parties pour trois narrateurs. D'abord Farah, la fille, qui vit avec son père dans une congrégation ou secte, La treizième heure, et qui nous raconte sa vie d'adolescente, sans mère, celle ci est partie à sa naissance, et qui se cherche, fille ou garçon, qui est-elle. Puis Lenny, le père, qui a créé cette église à la suite de l'abandon de sa femme et qui revient sur sa vie de jeune homme amoureux. Et enfin Hind, la mère, qui nous dévoile le fin mot de cette famille bancale.

J'ai eu du mal à entrer dans ce gros livre de 500 pages mais on se laisse emporter par l'histoire peu banale qui nous fait découvrir le monde des transgenres. Intéressant.
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La treizième heure

Des personnages qui se cherchent et fouillent dans leur histoire. Une curiosité qui pousse à fréquenter des types de personnages pas si fréquents et pourtant en quête d'un même trésor : être aimé.

Chacun des protagonistes n'échafaude pas vraiment de plan , secoué par son éducation trempée dans les heurts de l'Histoire, mais c'est bien un échafaudage qui est décrit, avec une langue de liberté qui n'empêche cependant pas les barreaux forgés par le froid de manques trop sublimés n'évitant pas l'abîme des abîmés.

Portée par une culture fort bien incorporée Emmanuelle Bayamack-Tam attire le lecteur tout en fondant les craintes d'une société occidentale enfoncée dans ses questions et peu encline aux actions collectives, laissant entrevoir comme un déclin.

Pour rester dans la curiosité il est curieux de voir le prix "midi six" consacré à "la treizième heure" ;-)

et sachant que le prix Médicis était prévu à l'origine pour un auteur à découvrir alors que Emmanuelle Bayamack-Tam a écrit 14 livres et sous son pseudonyme de Rebecca Lighieri 8 livres.
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La treizième heure

Treizième roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, "La Treizième heure" nous emmène dans le 13e arrondissement de Paris à la rencontre d’une communauté utopiste fondée par Lenny, une sorte de gourou qui espère apporter à tous « une source de joie, de plaisir et de réconfort ». Jusque-là, rien d’extraordinaire si ce n’est la récurrence du nombre 13 et les interrogations qu’elle suscite. Mais tout devient intéressant et original quand on apprend que cette communauté est une Église où la poésie tient un rôle central. Lenny croit en effet aux vertus de la poésie pour nous guérir et de nos angoisses et névroses. Le rituel consiste ainsi à réciter des poèmes en majorité d’auteurs du XIXe siècle, et en particulier un sonnet obsédant et obscur de Nerval qui a une telle résonance, une telle puissance évocatoire que les fidèles se sentent, à le répéter sans fin, emportés par une force salutaire.

Quelle belle idée d’Emmanuelle Bayamack-Tam ! Scander la poésie française dans le culte d’une Eglise. Ces messes poétiques et autres rituels de déparasitage psychique font un bien fou aux adeptes de Lenny qui nous ressemblent bougrement avec leurs angoisses et leurs névroses liées au réchauffement climatique, aux guerres ou aux épidémies. J’ai trouvé intéressant l’effet miroir entre cette Eglise poétique et notre société. Emmanuelle Bayamack-Tam est fascinée par les sectes et les convulsions millénaristes, car déjà dans "Arcadie", le récit se déroulait dans une communauté utopique prônant l’amour libre. Mais ici, la dimension poétique des rituels revigore son phalanstère et les catastrophes de l’actualité récente amplifient opportunément le bouillonnement millénariste. J’aime d’autant plus la façon dont l’auteur raconte ses mondes à part qu’elle les décrit avec une grande liberté, qu’elle les imagine tolérants, pacifistes, épanouis, rayonnants loin du fanatisme habituel des sectes. Ses communautés, que ce soit Liberty House ou la Treizième heure, ne présentent aucune radicalité belliqueuse, mais prônent au contraire l’amour, le bien-être, la liberté, le plaisir, la joie.

Une autre réussite du roman réside clairement dans ses personnages, tous atypiques et démesurés. Dans la première partie du livre, c’est Farah, la fille de Lenny, qui prend la parole pour nous raconter sa quête d’identité. Personnage récurrent d’"Arcadie" et qui en possède les mêmes caractéristiques, Farah est une adolescente intersexuée et un peu disgraciée physiquement. Cependant, ici, les configurations sociales et familiales sont différentes. Elevée par son seul père, elle se pose de nombreuses questions sur elle-même, sur sa famille, ses origines et interroge son père qui reste laconique. Elle veut savoir qui est sa mère, partie quelques jours après sa naissance. Face au mutisme de son père, elle interroge également lors d’un passage hilarant ses grands-parents qui « sont tous les deux du genre pinailleur, sans compter qu’ils adorent faire obstruction au plaisir ». Farah va donc, comme les détectives et les espions des romans qu’elle adore, mener son enquête sur le mystère de son origine, cause, ou pas, de sa différence.

Dans la partie centrale du récit, c’est Lenny qui prend la parole. Lui, sa religion, son obsession, son salut, c’est la poésie. Personnage énergique et charismatique, il rassemble autour de lui des gens en rupture de ban, des inadaptés sociaux qui forment une congrégation « qu’on peut dire religieuse bien que Dieu y tienne une place négligeable ». Il va nous raconter sa version de l’histoire et ses deux coups de foudre : sa passion pour la poésie et son amour pour Hind. À la naissance de Farah, Hind disparait, laissant Lenny dévasté. Ce dernier survit à ce chagrin d’amour en trouvant dans la poésie un soutien inattendu, une source de paix qui le poussera plus tard à fonder l’Église de la Treizième Heure.

La troisième partie est donc celle de Hind. Quand elle prend la parole, l’histoire s’enflamme. Hind est une femme trans éblouissante qui se révèle le personnage fort de ce roman. Je l’ai trouvée culottée et fragile, entière et franche, fastueuse et dévastatrice, ingrate et narcissique. Elle raconte l’histoire violente de sa jeunesse pour gagner sa liberté sexuelle, elle décrit sa passion pour la chanson populaire ou réaliste, les moments où elle chante Piaf, Lama ou Sardou, elle parle de son amour pour Lenny qu’elle quittera pour vivre une passion amoureuse vouée à l’échec, elle expose les motifs qui l’ont poussée à vivre en dehors des normes sociales.

La Treizième Heure voit ainsi se succéder trois voix, chacune apportant sa contribution à la compréhension de l’histoire, chacune tissant le récit avec ses propres références romanesques, poétiques ou chansonnières. J’ai trouvé intéressante la passion amoureuse entre Hind et Lenny qui pose la question de la place et du rôle de chacun dans un couple. Qui aime le plus, le moins, qui se laisse gouverner par les sentiments de l’autre, qui est incapable d’aimer, qui au contraire a de l’amour à revendre ? Finalement, les références à la poésie ou à la chanson se justifient compte tenu de l’omniprésence dans leur contenu de l’amour et de la passion.

Enfin, j’ai adoré dans ce roman l’écriture débridée d’Emmanuelle Bayamack-Tam, son imaginaire libre et exubérant. Elle tisse une histoire terriblement originale malgré la proximité du texte avec "Arcadie", elle aborde avec audace les questions sur l’identité et ses bouleversements successifs, elle dézingue nos représentations de la famille, elle interroge avec mordant nos idées reçues sur le genre, le couple, l’amour, la parentalité, elle utilise le registre burlesque pour raconter des situations ordinaires ou intenses (le prêche avec une chanson de Serge Lama), elle décrit de façon naturelle le réel et ses métamorphoses sans provoquer ni défendre une idéologie laissant toute liberté de réflexion au lecteur.

"La Treizième heure" est un roman plein de fantaisie qui raconte avec drôlerie et gravité une tragédie, une histoire d’amour hors-norme et bouleversante. J’en recommande vivement la lecture.

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La treizième heure

J'ai achevé ce livre depuis quelques jours.

Et je suis encore assez dubitative.

Interrogée. Partagée.



D'un côté, j'ai su apprécier le style d'Emmanuelle Bayamack-Tam : ces successions de narration, qui se ressemblent tout en étant dissemblables. C'est la forme donnée à la fiction qui rend ce livre incroyablement saisissant.

Pour entrer dans les détails, l'auteure fait se succéder trois personnages. Chacun leur tour, ils semblent se confier à nous, lecteurs, et racontent de leurs points de vue des événements qui leurs sont propres, et qu'ils ont parfois, vécu ensemble, mais de manières complètement opposées.

Nous entrons dans la tête de Farah, de Hind, de Lenny, pour mieux comprendre leurs blessures passées. Pour découvrir qui ils sont.



Entre déchirures, souvenirs d'enfance et regrets, ils finissent par se retrouver pour se perdre définitivement et sans consolations...



L'histoire en elle-même, le fond du roman m'ont quant à eux laissé perplexe. Les scènes de sexe ou de "dévoilement" sont particulièrement gênantes, d'autant plus que les personnages sont pour certains absoluement irresponsables, sans morale, malsains.

J'ai été bien souvent très mal à l'aise au cours de ma lecture.

Non pas à cause des thématiques abordées, qui sont chères à l'auteure (intersexualité et transsexualité notamment), mais plutôt gênée par un excès d'intimité, gênée parce que certains comportements outrepassent le respect des uns et des autres, notamment Hind, qui fait preuve d'un égoïsme sans borne ! Égoïsme d'ailleurs, si bien conté, que nous pourrions presque en vouloir à un personnage fictif !



Pour conclure : une forme originale et très plaisante, mais une histoire dérangeante, et des personnages tout sauf attachants...
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Arcadie

Une déception.



Il ne suffit pas d'écrire sur des sujets subversifs, pour l'être :

- la communauté est très caricaturale, au point que c'est lisse, on s'en fiche de leur devenir,

- certains éléments de l'intersexuation sont totalement éludés (pourtant faisant partie de l'arsenal de pratiques douloureuses et pour le coup, on passe totalement à côté des questions fondamentales de ce qui forge l'identité des corps que la médecine pourchasse et mutile)

- une relations sexuelle entre un vieux et une mineur, soit une redite de tout ce qu'on lit en permanance dans le vieille littérature (c'est pas libertin, c'est boring)

- fétichisation et tokenisation d'un personnage noir à qui l'autrice n'a pas jugé nécessaire de donner une personnalité ou une parole.



Sinon le rythme et les phrases sont pas mal. Certes.



J'écris en bullet points parce que je n'ai même pas envie de donner plus de temps à ce livre qui ne bouscule rien du tout.
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Arcadie

Mon avis :

À la fête foraine, il y a ceux qui préfèrent flâner entre les stands de tir et les baraques à frites et regarder les enfants tourner sur des chevaux en plastique ou des voitures de pompiers ; il y a ceux qui frissonnent déjà en s’asseyant dans le train fantôme avant même que le wagon pénètre dans le couloir sombre, et hurlent à chaque accélération de la chenille ; et puis il y a ceux pour qui rien ne sert de venir si ce n’est pour tester les manèges les plus effrayants.

C’est un peu pareil en littérature, on y trouve tous les genres, pour tous les lecteurs… Personnellement, j’aime les manèges qui font monter l’adrénaline, et je suis pas loin de penser qu’un roman qui ne bouscule pas ses lecteurs ne sert à rien. Bien sûr, j’exagère. On peut avoir envie d’une lecture légère, sans prise de tête, juste pour se détendre et passer un bon moment, et il y en a d’excellentes, pour cela.

Ceci dit, vous l’aurez compris, Arcadie risque de déranger certains lecteurs. Non pas par le style ou le schéma narratif (somme toute assez classiques), mais plutôt par le thème abordé : le genre.

Vous m’objecterez que l’autrice n’est pas précurseure sur le sujet, et qu’il en est de plus en plus question dans diverses émissions « grand public » et autres magazines de même étiquette. Sans compter que d’autres romans ont surfé sur le thème… (Lisez l’excellent « Les quatre morts de Robert Logre » de la non moins excellente Élyssa Bejaoui.)

Et c’est vrai, vous répondrais-je ! Néanmoins, le roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam mérite d’être lu pour au moins trois raisons :

Primo, l’angle d’attaque. Farah, la narratrice, est une très jeune fille qui découvre, à l’adolescence, que son corps ne répond pas aux critères habituels de la féminité. Ses organes génitaux ne sont pas au complet et son allure générale est assez masculine. Quand on grandit sans vraiment être sûr de son genre, même au sein d’une communauté libertaire, on reste confronté au regard des autres et aux standards de la société et de son époque.

Secundo, l’écriture. On n’est sans doute pas devant le roman du siècle ni même une révolution en termes de style, mais c’est bien écrit et très agréable à lire. Malgré le sujet « grave » du roman, l’autrice ne cherche par les effets mélodramatiques ni les propos polémiques. Et c’est une bonne idée, parce que le ton tout à la fois posé et relativement léger attrape le lecteur sans en avoir l’air et l’oblige à regarder avec un œil nouveau sans le heurter.

Tertio, le sous-texte. Dans toute bonne histoire, il y a le thème central, et tout ce qui le soutient… Si le noyau de celle-ci est le genre informé, informel, informulé de la jeune Farah, l’endroit où elle grandit amène d’autres chemins de réflexions. Nous l’avons vu, la narratrice grandit au sein d’une communauté, entourée de gens qui partagent des valeurs communes. D’aucuns diront d’ailleurs qu’il s’agit d’une secte, mais le débat n’est pas là. Secte ou non, ces personnes se rassemblent autour d’un discours, d’une certaine forme de pensée, et surtout, pour beaucoup d’entre eux, de la difficulté de vivre dans une société technologique qu’ils ne supportent plus. Mais si la tendance générale de cette tribu est au végétarisme, à l’acceptation de l’autre dans toutes ses différences, qu’en est-il de cette parole lorsque les migrants fuyant leur pays en guerre traversent la région en général, et ces terres jusqu’alors protégées dans lesquelles la communauté a bâti son petit coin de paradis ?

À travers ces personnages singuliers, marginaux, Emmanuelle Bayamack-Tam semble aborder plusieurs sujets, mais elle nous interroge sur une seule chose : notre rapport à l’autre dans une société où l’évolution technologique est en accélération constante et où la quantité d’informations qui sature notre quotidien court plus vite que la pensée humaine.
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Arcadie

Farah vit depuis l'âge de 6 ans dans une communauté qui prêche la liberté, l'amour libre, le refus des technologies et le végétarisme. Elle se développe harmonieusement dans ce milieu mais à l'âge de la puberté découvre qu'elle n'est ni vraiment fille ni vraiment garçon et recherche désespérément qui elle est .

Un roman sur la tolérance ; l'amour de l'autre sans condition d'esthétique, d'âge, de sexe ; la liberté ; la nature.

Ce livre peut déranger car il prêche un monde que beaucoup qualifieront de secte ou d'utopie soixante-huitarde mais il est plus large au niveau des idées de tolérance et d'accueil.

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