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Critiques de Emmanuelle Bayamack-Tam (330)
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La treizième heure

Ce roman est un véritable coup de cœur.



J'ai trouvé le début très lent, tellement lent. Les 100 premières pages, je n'ai pas accroché. Cette histoire de secte m'a rebuté. Mais ensuite, je n'ai pas pu décrocher.



J'ai aimé chacun des personnages et leur sensibilité. J'ai apprécié pouvoir connaître leur version des faits et leurs sentiments.



Un récit qui parle de la construction d'un être et de l'identité sexuelle. Un roman d'apprentissage, mais aussi un roman sur la tolérance et la différence.



Un roman bouleversant, que je vais longtemps garder en mémoire.
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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

Kimberley dite Kim, la narratrice, trace le portrait de sa famille, et quelle famille. Ils vivent dans le sud de la France français arrivés en France au moment de la guerre d'Algérie. Il y a la grand-mère Claudette, âme de la famille qui a donné le jour à une fille Gladys, la mère de Kim, qui est un bébé laid et affublé d'un bec de lièvre. Son prénom a été choisi au moment de la naissance : prénom de la sage-femme qui l'a mis au monde. Claudette est mariée à Charlie, dandy et homme effacé au sein de la famille. Le père de Kim, Patrick, tatoueur de son état, est dramatiquement absent au sein du clan

Les enfants : Svetlana, Ludmilla, soeurs ainées et aimées voir adorées par les parents, puis Kim et ses deux petits frères : Lorenzo et Esteban. Les 3 derniers sont complètement oubliés des parents, vivent dans le dénuement le plus complet, dorment dans des placards. Ils forment à eux trois un clan soudé mais en manque d'amour.

Kim est passionné de littérature, de Baudelaire et suit comme elle peut des études.

On sent très vite qu'un drame va se jouer dans la presque indifférence parentale.

Comment ne pas rester insensible à une telle détresse humaine, familiale. La première partie du récit décrit cette famille "hors norme" où les petits sont élevés comme des chats sauvages et font comme ils peuvent.

Ce qui m'a plus gêné c'est la deuxième partie du livre qui part dans la dérive de Kim pour se trouver. Pourquoi la faire basculer dans cette orgie, même si elle est réelle. Pas besoin de tomber tant des descriptifs qui n'apportent rien au récit déjà très éprouvant de ce naufrage familial.
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Arcadie

Décidément, j’aime vraiment cette autrice qui, à mon avis, possède une grande liberté de paroles et de pensées. Au milieu de tous les romans que je peux lire, elle est réellement novatrice, intéressante, subversive, non-conformiste, innovante, libre et idéaliste. J’adore.



Elle dénonce les idées toutes faites, les communautés si bienveillantes soient-elles, l’entre-soi, le manque d’entraide, les hypocrites végétariens, ceux qui « adoreeeee » les animaux, mais pas les gens, l’hypocrisie générale, les gourous à deux balles etc etc la liste est longue… Elle pointe le doigt sur bien des clichés et enfonce le clou là où ça fait mal.



Chacun en prend pour son grade. Elle appelle un chat, un chat, je comprends que certains lecteurs soient choqués mais moi je suis totalement fan. Quant à l'héroïne, Farah est la sagesse absolue, intelligente, pleine d’humour, lucide sur la société humaine et totalement libérée sexuellement.

Le tout écrit dans un style fabuleux.

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La treizième heure

Farah, une adolescente transgenre se pose des questions sur sa mère partie peu après sa naissance. On s'étonne du secret qui plane si tard sur son histoire. Très vite, après une enquête digne d'un détective, elle apprend la vérité. Hind, sa mère supposée est en fait son père biologique, sa mère biologique est une mère porteuse, quant au père supposé il n'est finalement que le père adoptif. Le père adoptif, Lenny, gourou des temps moderne, pétri de qualités, charismatique, inspiré, dirige une secte religieuse christique philanthropique, il semble tenir la route et avoir la tête sur les épaules, on finira par découvrir qu'il est un illuminé.



Hind, la mère-père indigne qui a tout quitté à la naissance de Farah pour aller vivre une vie d'égoïste irresponsable, revient la gueule enfarinée pour se faire pardonner ses erreurs après 17 ans d'absence.



Lenny le père, qui est tout amour et tout philanthropisme et tout pardon pour l'humanité, pourrait reprendre cette femme qui est l'amour de sa vie et couler une vie heureuse avec Hind, mais non, il fait une exception pour pour elle et renonce à lui ouvrir les bras.



Ces personnages compliqués intérieurement et extérieurement m'ont fatigué au fil des pages. Une fille transgenre, une père-mère transgenre indigne et égoïste, un illuminé, une secte, trop c'est trop pour moi. J'ai le sentiment, avec ce genre de scénario invraisemblable, d'être manipulé par l'auteur.



J'ai compris le message de tolérance de l'auteur, l'appel au respect des différences, je loue la démarche entreprise mais pas sous cette forme exagérée telle une loupe grossissante.
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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

J’ai tant aimé « Il est des hommes qui se perdront toujours » que me voilà lancée dans la lecture de l’œuvre d’Emmanuelle Bayamack-Tan, une œuvre qui résonne en moi.

Kimberley est une jeune femme brillante et lucide qui survit avec la poésie de Baudelaire comme compagne de chaque instant. Elle tente d’exister dans une famille éminemment toxique. Une mère infatuée d’elle-même, un père quasi inexistant, un vieux beau comme grand-père et deux sœurs pas très malignes. Seuls ses deux petits frères jumeaux et sa grand-mère sont «aimants». Un terrible drame viendra ponctuer la destinée de Kim déjà pas très reluisante.

De nombreuses thématiques jalonnent l’œuvre de l’autrice : les parents toxiques, le harcèlement, la beauté et la laideur, l’enfer familial, la différence, le sexe, le racisme, la prostitution, le rapport au corps, le manque d’amour … et j’en oublie très certainement.

Habituellement, on retrouve ces thèmes dans de nombreux romans mais ici tout est grossi, caricaturé. Les propos sont dérangeants jusqu’au malaise. Une écriture poétique et crue à la fois

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Arcadie

Liberty House, un Éden illusoire où des vieux friqués fuient la capitale du citron pour une (fin de) vie hédoniste et une fête perpétuelle des sens et du sexe, où quelques rares « jeunesses » apprennent sans complexe la leçon du jouir de tout, nature, culture et confiture, à l'abri du moindre courant d'air susceptible de gripper la petite communauté.

J'avoue honnêtement qu'au kilomètre 150, j'ai failli abandonner. Trop de tout, pleasantville nouvelle formule, nombrilisme et idées arrêtées sur le monde par des post soixante huitards étriqués et décrépis, une Farah de seize ans en voie de mutation sexuelle qui, élevée au lait libertaire, n'a qu'une idée en tête (hors courir la prétentaine et se fabriquer une culture sur mesure), se faire sauter par un Arcady de 30 ans plus vieux à la complaisance illimitée dans tous les domaines et prêt à toutes les hardiesses, à toutes les faiblesses et d'une malhonnêteté à toute épreuve.



Et puis j'ai persévéré (parce que je suis comme ça) c'est dans ma nature de creuser. Et j'ai bien fait. Car, les propos graveleux, les grossièretés assumées, le sabir et le verlan des générations qui slament et qui rappent sont contrebalancées par des analyses jubilatoires et d'une finesse intellectuelle à vous tournebouler l'entendement, un style gouailleur et incisif, bourré d'humour.

A sa manière, Emmanuelle Bayamack-Tam nous dépeint des mondes parallèles qui se côtoient sans se fréquenter, avec d'un côté la bonne conscience des discours creux et bien pensants d'une communauté repliée sur elle même qui s'affranchit de toute implication humanitaire, et de l'autre une société opaque, dangereuse, bouffée par ses excès technologiques, son consumérisme exacerbé, porte ouverte à toutes les intrusions….

Avec comme lien fédérateur la jeune Farah qui, à l'instar d'un monde oublieux des anciens modèles, se cherche une identité et change de sexe au fil des pages….

En bref une histoire « terriblement » humaine.

Allez, pouf ! 5 étoiles (moins un demi pour les gros mots ! ::))

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Arcadie

Impossible d’aller au bout... j’essaie de m’accrocher, Mais décidément ça ne passe pas ! J’arrete à la page 200...
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Je viens

Je viens est un roman à trois voix et à malentendus. Charonne nous parle du haut de ses six et dix-huit ans, du haut de ses fantasmes, de sa pâle noirceur, de son obésité, du haut de son inconvenance et de son rire. Nelly, sa grand-mère, se raconte et se rêve dans un va-et-vient entre sa splendide jeunesse – le ton est alors satisfait et étonné – et les rides de sa vieillesse – dans un étonnement où s’est installée la désillusion. Gladys râle contre l’injustice d’avoir une mère trop belle et égoïste et une fille adoptive trop moche et égoïste, alors qu’elle ne tend qu’à la méditation et au renoncement. Trois générations qui cohabitent dans la solitude et une richesse installée, souvent méprisée mais jalousement gardée.



Je viens est un concentré d’existences ineptes qui s’entrechoquent. Le silence est roi dans la relation, mais la parole ouvre la porte au conte : seule l’imagination paraît s’exprimer, celle du passé, du présent et du futur, accouchant de situations tour à tour légères ou violentes, sans que l’on sache toujours les distinguer. L’incongru est maître-mot.



Je viens aborde tant de sujets qui fâchent que ça pourrait en devenir écœurant, et pourtant, c’est truculent. Entre racisme et reproduction sociale, la vieillesse fait chavirer, la famille ne parvient pas à se déconstruire et l’amour n’a pas d’évidence.



Je viens provoque l’éthique et le rire, donne un nouveau souffle. La malveillance se pare des atours de l’ironie et l’horreur de ceux du fantasme, les préjugés s’épanouissent et tissent l’histoire de vies banalement exceptionnelles. C’est une lecture comme je les aime : qui débarrasse du vernis de la bienséance et creuse, mais en laissant toujours une petite lumière allumée.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Je viens

Reprenons dans le calme la composition de la famille : Nelly et Charlie sont mariés et ont recomposé une famille avec leurs enfants respectifs, Gladys et Régis qui eux-mêmes se sont mariés et ont adopté Charonne. Une sorte de famille recomposée qui se referme sur elle-même. La seule ouverture est l'adoption de Charonne qui débouche sur un échec.



Une fois que cela est dit, je dois dire ma difficulté à parler de ce livre qui m'a tour à tour plu, déçu et agacé voire faché. L'écriture est surprenante, faite de belles phrases usant d'un vocabulaire riche parfois savant ; mais on peut passer aussi à des propos grossiers, insultants et racistes tenus par Charlie notamment. Je ne soupçonne pas l'auteure de racisme ordinaire mais certaines phrases me font bondir : "Je transpire. C'est ce qui arrive fréquemment aux petites filles quand elles sont grosses et noires..." (p.14) -pour moi, aussi con que de dire que tous les noirs courent vite et qu'ils ont le rythme dans la peau-, ou d'autres pires, franchement dégueulasses qui transcrivent les idées de Charlie totalement désinhibé avec l'âge et la maladie ; j'imagine qu'elles sont là pour dénoncer le racisme, mais trop c'est trop, on peut comprendre à moins*. De même l'auteure fait de multiples retours sur des situations par le jeu des différentes narratrices, sans rien y ajouter comme si ses lecteurs étaient atteints d'Alzheimer et qu'il fallait leur ressasser sans cesse. Je préfère un écrivain qui fait confiance à son lectorat. On me reprochera sans doute mon manque d'humour et de second degré face à une auteure qui fait de la provocation et ce dès le tout début de son ouvrage : "L'un des grands avantages de la négligence parentale, c'est qu'elle habitue les enfants à se tenir pour négligeables. Une fois adultes, ils auront pris le pli et seront d'un commerce aisé, faciles à satisfaire, contents d'un rien." (p. 11). Je travaille auprès d'enfants confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance, que ne lisent-ils ces propos, ça me simplifierait mes journées...



Pouf pouf, je me calme et je reprends par ordre d'apparition. Charonne est une jeune fille attachante, un personnage fort et puissant qui sans nul doute réussira sa vie telle qu'elle l'entend. Elle est sans doute à peine crédible, une enfant doublement abandonnée ne le vit pas aussi bien, mais bon chaque individu est différent, alors peut-être sa force de caractère lui permet-elle la résilience. Elle vit bien sa couleur de peau et son surpoids, en joue même. Elle sait qu'elle n'est pas aimée par ses mères biologique et adoptive et se retourne donc vers sa grand-mère, Nelly. Celle-ci a été follement aimée par Fernand son premier mari et le père de Gladys qui, loin d'être un Apollon était un amant prodigieux et également celui qui a fait d'elle une vedette de cinéma. A la mort d'icelui, elle tombe follement amoureuse de Charlie, beau comme un dieu, mais piètre amant. A 88 ans Nelly fait un point final sur sa vie qui ces dernières années a changé grâce à Charonne. Quant à Gladys, elle n'aime personne sauf son mari Régis. Mal-aimée, revancharde, égoïste, c'est une femme qui a toujours souffert.



La jalousie, l'égoïsme, la solitude, l'amour, la mort, les relations mères-filles sont en plein cœur de ce roman dans lequel E. Bayamack-Tam ajoute aussi des personnages virtuels, que chaque femme voit dans le bureau de la maison familiale, des personnages rêvés, des hommes qui leur permettent de vivre, de faire le point sur leur vie, de s'intéresser aux autres. C'est un roman sur une famille qui dysfonctionne, une famille handicapée du lien maternel et paternel.



Je finis mon billet sur ce roman qui ne laisse pas indifférent, qui se répète trop, souffre de longueurs, associe une langue très personnelle à des propos parfois à la limite de l'overdose parce que trop rabâchés, qui met en scène des femmes blessées, fortes et/ou en pleine interrogation sur le sens de leurs vies. Autant de points positifs que de négatifs. Je vous l'avais dit, je ne sais par quel bout prendre ce livre...



Dans un genre différent mais parlant de certains des thèmes évoqués ici, j'ai préféré Reproduction, de Bernardo Carvalho, moins racoleur.



* Cette parole qui se libère en ce moment à la faveur de la montée du FN m'exaspère au plus haut point. Je ne suis pas pour ce qu'on nomme le politiquement correct, mais franchement, certains propos m'énervent comme de dire que les petites filles grosses et noires transpirent et puent... Je vis quotidiennement avec deux garçons noirs qui me rapportent des propos tenus dans les cours d'école qui me sidèrent, du racisme quotidien qui n'a rien à voir avec les petites vacheries entre enfants, c'est beaucoup plus profond que cela ; ou alors ma grande naïveté m'avait jusqu'à maintenant -j'approche quand même de la cinquantaine !- épargné, pourtant il ne me semblait pas avoir vécu dans du coton loin des réalités...
Lien : http://lyvres.fr
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La treizième heure

Décidément, voilà encore un ouvrage primé pour lequel je n'aurais pas voté...

L'écriture est plutôt de qualité mais le récit est très répétitif (500 pages en petits caractères tout de même) et l'histoire franchement alambiquée met un temps fou à "démarrer". Quant aux personnages, ils ne suscitent ni sympathie ni empathie, du moins pour moi.

Cet ouvrage ne m'a vraiment pas séduite et j'aurais tendance à dire que c'est notamment parce que "point trop n'en faut"...
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La treizième heure

Ce roman rappelle « Arcadie » du même auteure. On retrouve les mêmes thèmes.



E. Bayamack-Tam a reçu le Prix Landerneau des lectures 2022 pour 'la 13e heure'. Je faisais partie du jury et je n'ai pas voté pour elle.



L'histoire ne m'a pas passionné autant que d'autres lecteurs-jurés. Malgré quelques longueurs, le livre apporte des réflexions intéressantes intéressantes sur la trans-identité et la place des individus dans notre société.
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La treizième heure

C'est avec une certaine appréhension que j'ai commencé la lecture de LA TREIZIEME HEURE..... Farah, une secte , son gourou , voilà qui me rappelait ARCADIE le précédent roman de Emmanuelle Bayamack-Tam dont je n'avais pas apprécié l'atmosphère .



Ici, pas vraiment de secte, plutôt « une confrérie » dont le message est « peu ou prou celui de Jésus , en plus écologiste, en plus féministe et en plus queer »

De sexe, il en est question, mais sous l'angle de « l'ambiguïté anatomique », du « désordre organique », de la transidentité et de la filiation ( assez compliquée, ici ).

Questions abordées au travers de trois récits complémentaires : celui de Farah, adolescente à la recherche d'une mère « qui s'est volatilisée » peu de temps après sa naissance , de Lenny, qui l'élevée : son père pour l'état civil et non son géniteur, enfin celui de Hing, sa mère d'intention. Il y manque celui de la mère porteuse, mais elle apparaît seulement comme un personnage des deux autres récits .



Certes, le roman présente des longueurs,, mais qui sont liées au contenu de chacun des récits

Celui de Farah est l'enquête que l' adolescente , qui telle un détective, mène sur l'identité de sa mère, n'ayant de cesse de chercher à d'obtenir des indices sur son identité.

Celui de Lenny est une sorte de plaidoyer dans lequel il explique les circonstances de la rencontre avec la mère, la montée du désir d'enfant et les moyens de le mettre en œuvre .

Enfin celui de Hing est une confession , un mea culpa , un acte de contrition.

De plus la question de l'ambiguïté anatomique impose des passages de commentaire médical qui n'ont rien de romanesque .



Mais cela n'a pas suffit à altérer mon plaisir de lecture.

J'ai d'abord apprécié la manière dont l'auteure a su aborder le sujet délicat de la transidentité, avec tact et délicatesse, en nous faisant partager le vécu intérieur de chaque personnage face à sa singuralité .



Mais ce qui , pour moi, a fait de la lecture de ce livre une véritable gourmandise, c'est la récurrence des références à la littérature en général et en particulier à la poésie. S' y ajoutent des références au cinéma, à la chanson et enfin dans les pages 276 à 279, au pouvoir magique du chant d'opéra.

Le roman est régulièrement ponctué d'extraits de poèmes qui s'intègrent parfaitement à la narration en prose, comme si Lenny « vampirisé » dès son enfance par la poésie classique, et dont les prêches étaient ponctués de ses « obsessions lyriques », avait contaminé le discours de sa fille et de sa compagne.

Quel plaisir de retrouver, parfaitement intégrés à la prose, des extraits de poèmes de Hugo, Baudelaire, Rimbaud , Nerval et de bien d'autres dont la liste complète figure en dernière page !

C'est comme un hommage à de grands noms de la littérature qui continuent au travers des siècles à alimenter notre imaginaire .



Tout en étant un roman d'aujourd'hui par son thème central, par son appel à l'acceptation de la différence, c'est aussi une oeuvre qui par ses emprunts au patrimoine littéraire relie le présent au passé .

Emmanuelle Bayamack-Tam a bien mérité du Prix Landerneau des Lecteurs 2022 qui vient de lui être décerné .
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La treizième heure

Ah ! préférons cette chimère

À leur froide moralité

Après Arcadie, l’auteur continue de creuser le sillon de la transsexualité dans La Treizième Heure, et par la fiction elle nous offre l’œil de l’arbitre sur un court de tennis où le troisième joueur attendrait d’entrer dans le jeu pour affronter le gagnant du premier simple.

Dans cette communauté queer et millénariste Farah raconte son parcours, récit auquel Lenny, le père donnera sa version ainsi que Hind sa mère. Raccourci volontaire car les liens de ce trio sont beaucoup plus complexes.

Lenny se nourrit de poésie et le premier acte d’indépendance de Farah est de lire le plus de romans possible.

« Moi qui bois ses paroles et obéis à toutes ses injonctions, je me suis pourtant promis de lire tous les romans, et tant pis si c’est mission impossible : je sens bien qu’il faut que je me gagne un espace de liberté — car l’inconvénient d’avoir un père extraordinaire, c’est qu’il est à la fois omniprésent, insurpassable, et tyrannique à son corps défendant. »

Dans cette communauté on y célèbre la différence, les familles composites et tout ce qui diffère de la sacro-sainte norme.

Farah est aussi fascinante que dans Arcadie mais en même temps elle est plus sombre, sa quête est portée sur ses origines plus que sur son identité, car elle s’assume et finalement cette communauté l’enrichit, elle approfondit et oscille en permanence entre mauvais esprit et lucidité, ce qui met l’accent sur la complexité ou la simplicité à accepter la différence.

L’auteur par la profondeur et l’humour qu’elle met dans ses romans, nous offre une multiplicité de regards et offre une formidable fenêtre sur un monde qui change sans que nous puissions arrêter ce mouvement perpétuel.

Les bouleversements du monde nous pouvons les accompagner ou les rejeter, mais ils se feront.

Cela signifie-t-il la fin du monde ?

Peut-être seulement un monde plus juste s’il intègre la diversité.

C’est aussi un livre qui rend un merveilleux hommage à la littérature :

« Car l’humanité peut bien allée à sa perte, tant que j’aurais mes livres, je m’en soucierai somme toute assez peu. »

Je me suis posé une question qui reste sans réponse à ce jour, le nom de cette communauté est-il un clin d’œil au titre du quatrième volume des mémoires d’Élisabeth de Gramont ?

Je trouve le travail d’Emmanuelle Bayamack-Tam remarquable car elle réussit à mettre en scène des personnages forts avec une somme de connaissances sur le sujet sans lasser, la lecture se fait avec un intérêt soutenu. Impression qui s’est confirmée alors que je pensais que ce n’était pas un sujet pour moi, ma génération.

L’écriture est belle car elle joue sur plusieurs registres, la poésie, l’identité des protagonistes, la culture et l’humour, notamment dans le titre des chapitres.

Faire ressortir la force sans masquer les faiblesses, mettre au jour la multiplicité des êtres dans le monde mais dans aussi la multiplicité dans l’unicité.

Lu dans le cadre du Prix Landerneau 2022.

©Chantal Lafon

https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/10/08/la-treizieme-heure/


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La treizième heure

Que dire ... c'est une lecture complexe qui ne me laisse certes pas indifférente, mais ne me séduit pas totalement non plus. A priori, je suis plutôt ravie à chaque roman choral, c'est pour moi un jeu de pistes psychologique auquel j'adhère volontiers. Ici, les trois chapitres se succèdent, trois protagonistes qui vont pouvoir s'exprimer, dans la suite d'Arcadie, roman déjà bien singulier. Mais, cette histoire de secte qui tire son nom d'un poème de Nerval m'a mise un peu mal à l'aise et m'a gâché le plaisir de lecture. De secrets en confidences, j'ai perdu le fil. Probablement agacée par cette volonté évidente de l'auteure de vouloir à tout prix sortir du cadre.
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La treizième heure

504 pages. Pas un pavé mais tout de même. Trois parties plus une petite dernière. Trois personnages racontant chacun sa vie, sa conception des choses des épisodes communs mais sous des éclairages forcément différents et des divagations qui expliquent la longueur et des longueurs qui ne dérangent pas trop, il suffit de prendre son mal en patience et de lire sans se décourager.



Une fois le livre lu, recherche internet, qui est Emmanuelle Bayamack-Tam, où veut elle en venir et que faire et penser de la treizième heure.

Une interview m'éclaire un peu et le mot fourre-tout me vient à l'esprit.



Trois personnages principaux.

Farah, la fille, 16 ans.

Lenny, le père, fondateur de l'église de la treizième heure.

Hind, la mère et la compagne qui abandonne tout son petit monde, puis revient 16 ans après toute penaude.



Un semblant d'histoire.

Lenny et Hind ont des histoires familiales lamentables. Ils se rencontrent elle dans les 20 ans lui dans les 30 ou plus. Ils s'éprennent l'un de l'autre. Farah naît. Hind part. Lenny frise le suicide, se reprend et crée son église.

Une précision historique.

A l'ère où presque tout se dit, en particulier dans la sphère identitaire, hétéro, homo, bi, trans, pma gpa et ce que j'oublie, ajoutons ici l'hermaphrodisme qui n'a pas eu encore droit de cité du moins via l'écho de mes diverses écoutes médiatiques.



Fourre-tout.

Interview internet, l'auteur a voulu aborder différents thèmes.

- Une histoire d'amour passionnée, ses dérives, ses échecs, ses victoires et tout ce que vous voudrez bien y ajouter.

- une quête identitaire. Entre être l'un ou l'autre ( homme ou femme ), que choisir et a t on le choix.

Idem pour être père ou mère ou les deux. Mauvais choix pour les deux.

- Une photographie angoissée du monde actuel à travers les adeptes angoissés de la treizième heure.

- Une vision négative puisqu'on touche à la fin du monde lorsque sont évoqués le réchauffement climatique, les dérives humaines, pollution, extinction des espèces et autres joyeusetés réductrices de l'évolution humaine.

- Reconstitution christique. Mais non Lenny ne se veut pas un nouveau messie même si ses ouailles le prennent pour un dieu.

- Hommage à la littérature, la poésie et les chansons. Ps. La poésie remplace les prières chez Lenny.



Stop. Point trop n'en faut.



La treizième heure. Un titre qui tend à nous égarer puisqu'il ne s'agit pas que de cela. Une lecture prenante et lassante à la fois. Une variété de thèmes abordés où on pourra ou se perdre ou trouver son compte ou les deux à la fois. Enfin un autrice dont je me demande où elle se situe dans tout cela tout en me disant, quelle importance. Chacun ses goûts, ses choix, ses buts et ses utopies.



Petite dernière.

Soit la petite dernière partie du livre et la parole à l'avenir donc Farah.

Quand mon père reviendra, ce sera trop tard. La résurrection aura lieu pour rien et ne sauvera personne. A moins que dans l'intervalle, je ne me sois moi même lancée dans une carrière de prophétesse et de redresseuse de torts.

Commentaire. Comme si une gamine de 16 ans allait dicter notre passé, pardon, notre avenir.
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La treizième heure

Dès les premières lignes j’ai été captivée et séduite par l’écriture d’Emmanuelle Bayamack Tam. Il s’agit ici d’une famille atypique qui s’exprime sous forme d’un roman choral. Farah, Lenny, Hind, des personnages d’une consistance telle qu’on arrive sans peine à les visualiser, prennent la parole à tour de rôle. Il y est question d’à peu près tout ce qui nous occupe actuellement, de nombreux sujets d’actualité sont balayés, avec humour, émotion et énergie. C’est vivant et lumineux, grâce à la poésie qui prend toute sa place ici, ainsi que la musique. Une très belle découverte pour moi et une auteure que je suivrai de près. Ce roman est en lice pour le Prix Landerneau des Lecteurs 2022.
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La treizième heure

Roman assez similaire à son précédent roman Arcadie.



Le nom du personnage principal : Farah, le lieu de l'intrigue : "une secte ", les caractéristiques sexuelles de Farah : hermaphrodite.





J'ai clairement eu l'impression de me retrouver dans un livre que j'avais déjà lu, avec une jeune fille se cherchant physiquement, psychologiquement et sexuellement.





Cela aurait pu être une suite mais dans Arcadie, Farah avait ses deux parents avec elle. Dans ce roman ci il est question d'un père qui élève seul sa fille et dans lequel la mère est assez floue.



On la découvrir au fil des pages et c'est assez surprenant, mais d'actualité dans la société.









Une histoire de secte, une petite fille en crise identitaire se demandant de quel sexe exactement elle est. Et la quête d'une mère également. 



On pourrait penser sur certains aspects que l'on lit "Arcadie" le précédent livre de l'auteur mais non, je pense que ce sont des sujets de prédilection pour l'auteur et elle les défend bien, seulement cela aurait pu être une suite, cela aurait même été préférable car le nom du personnage principal est le même, mais le contexte et l'histoire de l'enfant changent.



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Rai-de-coeur

Voilà un court roman qui permet d'apprécier l'écriture poignante d'Emmanuelle Bayamack-Tam.

Je trouve qu'elle a un style qui lui est propre et qui m'enchante, bien que je ne sois pas en mesure d'expliquer pourquoi. Elle adopte un certain ton, sans tabou, avec finesse.

C'est donc le nom de l'autrice qui m'a attirée quand j'ai emprunté à la bibliothèque ce livre au drôle de titre. J'ai découvert ce qu'était un "Rai-de-coeur" à cette occasion. Il s'agit d'un motif d'ornement architectural ancien constitué de feuilles en forme de coeur et de fers de lance.

C'est plus original qu'un coeur brisé mais ce roman est bien une histoire d'amour qui commence dans le désert de N'mab en Afrique australe.

Daniel, le narrateur, est à l'heure des bilans et il se souvient de son enfance au Kandjaland où ses parents sont venus s'installer pour gérer un rest-camp. Il s'agit sans doute de l'actuelle Namibie qui n'est pas citée bien que l'on retrouve une description des lieux et de la chaleur pesante du désert qui lui donnent une réalité.

Les deux amis d'enfance de Nello, le surnom de Daniel, vont bouleverser sa vie. Il y a Siri, la jolie et futile petite fille blonde et Kéziah le beau garçon musclé qui doit être servile pour survivre. C'est avec lui que Nello connaîtra sa première étreinte qu'il n'oubliera jamais tant elle était fabuleuse.

Alors quand Keziah veux partir pour la ville de Fenix attiré par une vie meilleure, ses amis ne vont pas le quitter. Pourtant la lumière qui brillait dans les yeux de Daniel vacille quand il se rend compte que son amour n'est pas réciproque.

Tout cela est bien triste, un peu trop sans doute mais j'aurais pu m'en douter avec la première phrase qui est "Je ne savais pas que la vie serait aussi triste". C'est d'autant plus vrai que les parents de Nello ne lui apporteront pas l'amour donc il a besoin, bien au contraire.



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Arcadie

Emmanuelle Bayamack-Tam signe un très beau roman d'apprentissage autour d'une jeune ado, qui va tenter de se construire au sein d'une secte où toutes les différences sont acceptées.

Seulement voilà, même si le principe est l'acceptation des différences et l'amour partagé, Farah cherche non pas le quantitatif mais le qualitatif. Tout le monde s'aime, se respecte certes, mais personne n'est à l'écoute de l'autre et aime avec un grand A.

De même, tous prônent le végétalisme, la protection des animaux mais lorsqu'un migrant entre dans cette secte, il est traité pire qu'un animal puisque ceux-ci sont protégés.



Et Farah qui cherche l'Amour, l'amour de soi, l'amour d'autrui, l'amour pour son prochain ... eh bien sa quête va être semée d'embûche entre son corps qui se transforme en homme plutôt qu'en femme, entre ses compagnons qui privilégie leur bien-être personnel plutôt qu'ai der son prochain.



L'écriture est précise, acerbe, ironique; comme je l'aime !
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Arcadie

Ce livre m'a beaucoup plu parce qu'Emmanuelle Bayamack-Tam appelle à la tolérance, et montre comment chacun peut, bien qu'il s'en défende, avoir des préjugés, et ne pas accepter choses et gens, tout en se disant tolérant. La plus grande leçon est sûrement donnée au lecteur. Fara parle de cette communauté de telle manière que le lecteur l'assimilera forcément à une secte. L'adolescente raconte qu'Arcadie prône l'amour, le plaisir, etc, et il ne se prive pas de coucher avec chacun. Bien sûr, il ne force personne, mais une règle dit quand même que si un membre de la communauté veut faire l'amour avec un autre, celui qui est sollicité devrait accepter. Qu'en est-il de ceux qui ne veulent pas coucher avec n'importe qui? D'autre part, tout en militant pour l'acceptation des différences, Arcadie exhorte sa communauté au végétarianisme.

[...]

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