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Critiques de Emmanuelle Bayamack-Tam (330)
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Arcadie

Une bibliothécaire enthousiaste, le prix Livre inter 2019, voilà comment je me suis plongée dans Arcadie signé par Emmanuelle Bayamack-Tam.

Un univers fort éloigné du mien, une communauté libertaire établie dans une zone non loin de la frontière italienne. Liberty House offre à ses "pensionnaires" un havre de paix en dehors du monde ou presque. Une zone blanche hors de toute antenne-relais, ni téléphone, ni internet , un régime végétarien, une survie en autarcie, la liberté de vivre sa sexualité à sa guise. Voilà le lieu où se sont réfugiées une trentaine de personnes, tous en butte avec une société qui les rejettent sans vergogne. Farah y est arrivée avec ses parents à l'âge de 6 ans. Les années ont passé, elle a grandi et s'est découvert différente.

Ce roman foisonnant aborde une multitude de sujets de société: l'environnement , les nouvelles technologies, leur nocivité, l'intersexuation, les migrants, les sectes et leurs dérives potentielles. ...Quand l'abondance nuit à la perception du propos.

Beaucoup de longueurs, beaucoup de redites, seule Farah et sa métamorphose physique et psychologique m'ont empêché de fermer ce roman avant la fin.













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Arcadie

Jouissif. Ce livre est vraiment jouissif.

Bienvenue à Liberty House, un lieu où vit Farah, une fille de 6 ans quand l'histoire commence, jeune adulte quand le livre se referme, à la fois héroïne et narratrice.

Comme sa mère souffre d'électro sensibilité, ses parents et sa grand-mère décident de rejoindre une communauté quelque part dans l'extrême sud est de la France (on devinera la ville de Menton au fait qu'on est proches de la frontière italienne, ce qui va d'ailleurs être un des ressorts de l'histoire aux deux tiers du récit, mais il est trop tôt pour en parler).

Menée de main de maître par l'animateur de cette communauté (que d'aucuns prendront pour un gourou) nommé Arcady, qui donne son titre à l'ouvrage d'Emmanuelle Bayack Tam, cette communauté réunit une panoplie d'énergumènes – de « freaks » dira Farah - avec toute sorte de handicaps : « les obèses, les dépigmentés, les ¬bipolaires, les électro¬sensibles, les grands dépressifs, les cancéreux, les poly¬toxicomanes et les déments séniles ».

Les deux tiers du livre sont consacrés à la vie en communauté – une communauté totalement libre, notamment sur le plan sexuel, où tout le monde peut avoir des relations sexuelles avec tout le monde. Une sorte de phalanstère moderne, où l'amour sous toutes ces formes est le mot d'ordre général.

Mais la mécanique bien huilée de la communauté va se gripper lorsqu'un grain de sable prenant la forme d'un beau jeune homme « issu de l'immigration » va franchir les frontières du domaine …

Plusieurs thèmes s'entremêlent dans ce roman foisonnant : des questions d'identité (Farah découvre une particularité physique qui peut lui faire douter de son genre féminin), des questions d'accueil ou de refus de ces « migrants » qui nous viennent de Syrie, d'Afghanistan, d'Érythrée ou du Soudan, et des questions plus profondément sociologiques, comme de savoir si la vie dans une communauté où le sexe est possible pour tous, quel que soit son âge, son orientation ou ses handicaps est encore possible aujourd'hui.

L'histoire est fantasque, mais derrière les sourires que provoquent les heurs et malheurs de Farah, pointe une réflexion plus profonde sur notre monde comme il va.

En témoignent cet extrait où Farah découvre la vie à l'extérieur au Collège et au Lycée : « Passons sur le fait que je sois rattrapée tous les matins par la mesquinerie et la grossièreté de mes congénères : s'il ne s'agissait que de supporter mes années collège, je me ferais une raison, d'autant qu'elles touchent à leur fin. Non, ce qui m'inquiète c'est que je ne sens pas plus de gentillesse chez les adultes que chez les enfants – et ne parlons pas des adolescents, chez qui la méchanceté est une seconde nature. En dehors de ma petite confrérie secrète, les gens n'ont pas envie d'être bons, pas plus qu'ils n'envisagent de se grandir, de s'élever, de s'éclairer. Leur ignorance crasse leur convient très bien. Et s'ils ont l'occasion de me tirer dessus, ils le feront. Pas besoin de raison pour ça : la folie suffit. Dans le monde extérieur, c'est tous contre tous et chacun pour soi – non, même pas : chacun procède d'abord à sa propre tuerie intime, parce qu'il faut être mort avant de partir en guerre. »

Jouissif, mais aussi subversif.

Le roman de Emmanuelle Bayamack-Tam dénonce aussi une autre forme de dérive : « En tant que dernière réserve naturelle de désir sans fin et de plaisir gratuit, nous contrevenons à la marche du monde vers les abysses technologiques ; en tant que derniers représentants de l'espèce humaine, nous faisons tache dans la grande parade post humaniste. »

Alors si cette utopie peut paraître farfelue, fantasque et baroque, il n'en reste pas moins qu'elle nous interroge, en nous faisant douter : les habitants de Liberty House ne sont-ils pas les derniers témoins de quelque chose qui est en train de disparaître, à coup de Smartphones et de réseaux sociaux ?

Et si c'était le nous qui disparaissait ? Ce pronom peut-il encore être utilisé avec du sens ?

Pour Farah, ce « nous » correspond à son vécu : « A Liberty House, nous baignons dans l'amour : celui qu'Arcady nous donne et que nous lui rendons bien, mais aussi celui que nous éprouvons les uns pour les autres malgré l'exaspération que suscite immanquablement la vie en communauté. Nous … Je prétends pouvoir le dire sans ridicule, sans que ce pronom renvoie à une structure exsangue et atrophiée comme le couple ou la famille. Je prétends même que mes débuts dans la vie font de moi une spécialiste du nous, contrairement à la plupart des gens qui n'y entravent que dalle et passent toute leur vie sans imaginer qu'on puisse être autre chose que soi. J'ai été nous dès l'enfance : ça aide. »

Arcadie, monde merveilleux et utopique, récit baroque et foisonnant, fait partie de ces livres qui, une fois la dernière page refermée, nous restent encore bien présents à l'esprit. Ce n'est pas le moindre de ses mérites.


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Je viens

On fait d’abord la connaissance de Charonne, petite fille de 6 ans, adoptée par un couple, Régis et Gladys, parents qui décident, au bout d’un an, de rendre leur fille à l’adoption, car ils ne la supportent pas et la négligent. En fait, au sein de cette famille, Charonne détonne complétement. Elle est noire, a les cheveux filandreux et surtout est très grosse. Elle est boulimique. Mais comment ne pas le devenir, lorsque l’on a des parents qui ne vous aiment pas, un grand-père, Charlie, qui vous emmène, lors de ses promenades, dans des cafés où le racisme y est légion et où elle est sans cesse critiquée ?



Charonne vit entourée de vieux, qui ne se gênent pas pour faire part, devant elle, de leurs états d’âme et de leurs problèmes intestinaux, de prostate, j’en passe et des meilleurs. Seule sa grand-mère, Nelly, fait exception. C’est la seule qui semble s’y intéresser un peu et l’aimer à sa façon.



On découvre également que Charonne a appris à lire très vite et ce, grâce à un fantôme qui vient lui rendre visite la nuit, dans le bureau et avec qui elle va lier une relation amicale. C’est l’exutoire qui lui faut pour ne pas sombrer dans la déprime. A travers ce portrait, on connaîtra les sentiments de Charonne qui n’est dupe de rien, qui est à bonne école pour se forger une carapace redoutable, lors de ses pérégrinations avec son grand-père, et de son évolution au sein de cette famille atypique.



C’est certain, elle ne manque de rien, elle n’est pas maltraitée, mais comment survivre à un deuxième abandon, et à un manque total d’amour ?



La deuxième voix est celle de la grand-mère, Nelly. Elle ne supporte pas de vieillir, elle qui était si belle, si adulée par les hommes, jalousée par les femmes. Elle porte un regard sans complaisance sur elle-même et sur le fait de vieillir, également en ce qui concerne Charlie. On connaîtra tout de sa sexualité, à travers ses deux maris. Rien ne nous est caché. Elle raconte également les rapports qu’elle a créés avec sa petite-fille, qu’elle apprend à aimer et qu’elle trouve très belle, malgré son obésité. Elle explique également les relations entre Régis et Gladys, enfants respectifs de la famille recomposée et qui se sont mariés entre eux. D’ailleurs, ceux-ci n’ont pas pardonné à leurs parents leur mariage, et ils font vivre à Nelly et Charlie un vrai calvaire. Ils ne sont satisfaits de rien, alors qu’ils n’ont jamais eu à se battre pour vivre, la famille ayant des biens leur permettant de ne pas travailler.



Le troisième portrait est celui de Gladys, fille de Nelly et du premier mari de celle-ci, Fernand. C’est une fille mal dans sa peau, qui ne trouve pas sa place dans ce monde. Tout est la faute des autres, si cela ne se passe pas bien avec Charonne, c’est elle qui fait tout pour que Gladys ne puisse l’aimer. Sa mère, son père et ensuite son beau-père sont responsables de son désamour d’elle-même, de la vie. Pourtant, elle a tout pour être heureuse. Elle ne manque pas d’argent, elle a un certain talent pour la décoration, mais cela ne suffit pas. Elle fait peser sur sa famille tout son venin. Elle est aigrie, déconfite. Elle ne ressent que du dégout et du mépris pour tout le monde. Elle seule est sincère. Elle part pour de longs voyages avec son mari, revient vivre chez ses parents, mais là non plus, elle n’est pas satisfaite. Tout ce qu’elle fait, elle le fait pour faire du mal à sa mère et à son beau-père, même si c’est à son détriment. Elle passe à côté du bonheur.





Ce roman est atypique, un langage corrosif et caustique, franc du collier, sans concession, aucune, lui donne toute sa force, le tout est très cohérant, on rit à certains passages, bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé !

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La treizième heure

Pardon, mais ça là, sans surprise, c’est complètement ma came. Ma grosse zone de confort en matière de littérature française ; Emmanuelle Bayamack-Tam règne parmi mes autrices préférées depuis Si tout n’a pas péri avec mon innocence. Et ce petit dernier ne risque pas de la déloger de ce super trône sur laquelle je la place !



Pour moi, c’est le point de jonction parfait où se rejoignent Despentes, Palahniuk d’il y’a 20 ans, et le cinéma de Sciamma, avec une préférence pour ses imperfections humaines sublimées, là où la tendance se fait souvent dans l’irréprochable, le bon goût, la bienveillance toxique. Oui, c’est de cette beauté, ce réalisme dégueulasse là que j’aime me délecter.



J’ai tout interprété comme une sainte trinité ; le Père, l’autre Père, et le Garçon (à la naissance). La présence divine est aussi de mise puisqu’on rencontre Farrah, fille de Lenny, gourou d’une secte inclusive et queer et dont la mère transgenre Hind s’est fait la malle en découvrant l’hermaphrodisme de l’enfant.



16 ans plus tard, Farrah, férue de romans et de polars à l’ancienne, mène l’enquête pour découvrir où à bien pu se casser sa mère, sans rien savoir d’elle. Un sacré bordel(le).

En réalité, ce roman est beaucoup plus complexe que ça et on y croise un goût certain pour les recueils de poésie, la chanson standard française, la peur de l’abandon et la quête d’identité.



Je viens de le terminer et je vais savourer le plus longtemps possible ce qu’il m’en reste sur les doigts !

(Un gros kif perso, un autre chouchou de cette rentrée m, pour celleux qui se sentent prêt.es !)
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Arcadie

Arcadie est le livre d’une utopie, nom d’une communauté autarcique qui refuse les nouvelles technologies pour revenir à un mode de vie plus simple. Farah arrive avec sa famille dans cette communauté dont le « gourou » s’appelle Arcady. Le roman raconte la manière dont Farah cherche sa sexualité et sa liberté. Adolescente dans une communauté libertaire, elle n’a en tête que d’être dépucelée par Arcady (lequel couche un peu avec tout ce qui bouge). Il attend néanmoins que Farah ait atteint sa majorité sexuelle pour la satisfaire. Je me suis vite lassée de cette communauté et je n’ai pas été au bout du roman. L’ardent désir de Farah m’ennuyait, sa quête de liberté arrive trop tard dans l’histoire et les 150 premières pages en parlent peu.



Il faut pourtant avouer qu’Emmanuelle Bayamack-Tam a un talent d’auteure indéniable et une écriture addictive. Il n’y a qu’à voir à quel point son roman Les Garçons de l’été, publiée sous un autre nom de plume, Rebecca Lighieri, s’est vendu comme des petits pains à l’été 2018. Néanmoins Arcadie ne m’a pas convaincue, je n’ai pas réussi à entrer dedans et suis restée comme hermétique à l’histoire qui me paraissait vide de sens.



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Arcadie

Dans son nouveau roman Emmanuelle Bayamack-Tam continue à explorer l’adolescence. Cette fois, elle imagine Farah cherchant son identité sexuelle au sein d’une communauté.



C’est un peu comme le paradis sur terre, cette grande propriété entourée de forêts et d’un grand jardin. Farah y débarque à 14 ans avec ses parents et sa grand-mère pour intégrer la communauté libertaire qui a choisi de tourner le dos à la technologie, en particulier aux écrans et aux ondes, pour se consacrer à la nature, à la littérature et à l’amour.

L’adolescente arrive dans cette période où son corps change, où elle devient femme. Sauf que pour elle la chose est loin d’être évidente. Au lieu de seins, ce sont des pectoraux qui se développent et une analyse plus poussée permettent de découvrir qu’elle est atteinte du syndrome de Rokitanski, soit l’absence totale ou partielle d’utérus et de vagin. Voilà qui peut perturber une jeune fille. Mais pour Farah, cette robinetterie défaillante va être l’occasion de mener l’enquête sur le genre, d’essayer de comprendre ce qu’est une femme, ce qu’est un homme.

Emmanuelle Bayamack-Tam, en choisissant une communauté libertaire comme terrain d’observation, nous offre une joyeuse – mais fort intéressante – exploration en offrant à chacun des protagonistes approchés par Farah de donner leur définition, à commencer par Arcady, le «gourou» toujours avide de nouvelles expériences.

À Liberty House, Farah peut quasiment exiger qu’il la déflore. Elle attendra pour cela sa majorité sexuelle, mais aura droit à une initiation qui la rassurera et lui ouvrira de nouveaux horizons.

Et c’est au moment où elle semble goûter pleinement à la seule règle de la communauté, «Omnia vincit amor» ou «L’amour triomphe de tout», qu’elle va en découvrir les limites avec l’arrivée d’un migrant. Le groupe va alors se scinder en deux, entre ceux qui veulent l’accueillir parmi eux et ceux qui jugent sa présence contraire aux exigences de la communauté.

Un épisode qui poussera Farah à prendre ses distances. Et sans dévoiler l’issue du roman, on dira que cette décision s’avèrera des plus sages.

Après Une fille du feu et Je viens qui nous proposaient déjà des portraits de jeunes filles partant à la conquête de leur liberté, on trouvera avec Arcadie une nouvelle variante, allègre et satirique.

En guise de conclusion, disons un mot du style très particulier de cette romancière qui mélange avec bonheur les références classiques et le langage très cru. Une sorte de récit biblique agrémenté de San-Antonio. Là encore, on saluera cette belle liberté.




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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

D’Emmanuelle Bayamack-Tam j’ai lu et beaucoup aimé Les garçons de l’été (publié sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri) et Arcadie, Prix du Livre Inter 2019.



Je me suis lancée avec délice dans la lecture de ce roman au titre empreint de nostalgie.

Eh bien je peux vous dire que sa lecture m’a procuré un joli éventail d’émotions !



Pour commencer, les personnages sont hauts en couleur et l’histoire absolument dingue.



Le personnage principal, Kimberley, a deux grandes soeurs avec qui elle partage peu, et deux petits frères qu’elle aime plus que tout. Qu’elle est à peu près la seule à aimer, car dans cette famille nombreuse où trois générations partagent le même toit, les deux jeunes garçons n’ont droit qu’aux miettes. Un père falot, une mère immature, égoïste, sotte et dévergondée en dépit d’un physique disgracieux, un grand-père fantasque qui ne doute pas de ses charmes et frétille comme un gardon : une curieuse galerie de portraits, adoucie par la présence bienveillante de Claudette, la grand-mère, qui finira pourtant par abandonner le navire.



À 9 ans, Kim décide de prendre son existence en main.

Elle découvre la poésie : Hugo, Rimbaud, Baudelaire deviennent ses maîtres à penser.

Puis l’amour. Les sentiments et le plaisir physique. Qu’elle reçoit et qu’elle donne.

Puis le chagrin, immense, ravageur. Et le poids de la culpabilité.

Les années passent, le garçon manqué se métamorphose en belle plante. Intelligente, sensible, brute et fragile.



Avec sa force et ses faiblesses Kim est terriblement attachante. Si certains passages et la dernière partie du roman m’ont (un peu) déçue, je reste sous le charme de ce récit surprenant, d’une beauté trouble et d’une tristesse effarante, foisonnant de questionnements sur la maternité, le sens de la vie, l’égoïsme et l’altruisme, la responsabilité face à ses actes et ses choix.



La plume de l’auteure mêle poésie et langage cru, générant une atmosphère assez dérangeante.

Je pense que comme pour tous ses romans, « ça passe ou ça casse », on adore ou on déteste.

Je me range dans la première catégorie ! Et vous ?
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Arcadie

Alors là, la claque.

Énorme, monstrueuse, gigantesque.

Arcadie est d'abord un grand livre d'Amour.

Arcadie est un roman incroyable de beauté, de fulgurance, de justesse, de magnificence.

D'une beauté surnaturelle.

Madame Bayamack-Tam, je vous tire mon chapeau.

Ne serait-ce que pour le style.

Le plus sincèrement du monde, pour votre monde imaginé et imaginaire, votre Arcadie miraculeuse.

Arcadie, le pays d'Arcady le syrien, qui embrasse d'un regard amoureux sa communauté de gens cabossés, abîmés, fracturés, mais entiers, ô oui, combien entiers.

Farah, adolescente de presque 15 ans au début du roman, nous narre avec une maturité hallucinante sa communauté, son beau pays d'Arcadie, son Arcadie, et l'amour fou qu'elle porte à son mentor, un amour incroyable, celui de sa vie même.

Puis, l'on est bercé par cette prose si poétique, ce style magnifique, sublime, on en pleurerait presque tant c'est beau.

Elle nous raconte la vie dans cette communauté (non, ce n'est pas une secte !), ces personnages incroyables, ces descriptions de la nature superbe, cette liberté providentielle, et le début de sa vie sexuelle, car, oui, il y a beaucoup d'érotisme dans ce roman, et c'est tant mieux.

La pauvre souffre d'une maladie orpheline, le syndrome de Rokitanski, qui consiste en une aplasie utéro-vaginale. En clair, elle n'a pas l'utérus, mais des ovaires atrophiés, et un vagin de seulement trois centimètres. Malgré cela, elle trouvera son plaisir dans les bras de l'amour de sa vie, Arcady. C'est elle qui le désirera, elle attendra d'ailleurs sa majorité sexuelle pour ce faire.

Peu à peu, elle grandit, et peu à peu, elle se transforme en un 3e sexe comme elle dit ; elle n'est pas une fille totalement, mais pas non plus vraiment un garçon, même si des testicules atrophiés lui poussent peu à peu et que ses seins s'effacent.

Elle n'est ni l'un, ni l'autre, une sorte de monstre finalement. Comme les autres membres de cette communauté nichée dans la campagne niçoise, ils ont tous une tare, ou quelque chose en plus ou en moins. Une chance.

Un jour, Farah les quittera car ils n'accepteront pas d'accueillir un migrant passé pas là.

Puis, à la fin, c'est le drame, et Farah, devenu un garçon, se redressera et se fera la promesse de reconstruire une nouvelle communauté, dont la philosophie sera tout simplement l'Amour.

J'ai été soufflée par la maturité et la conscience incroyable qu'elle a de la vie, de sa vie.

L'immense talent de cette auteure que je ne connaissais pas réside dans le fait pour moi de faire parler et réfléchir Farah en temps réel, avec de plus en plus d'intériorité, et de sagesse et de générosité au fil des pages.

Alors, non ce n'est pas un livre si drôle que ça finalement, car elle en bave Farah, mais avec une telle philosophie de sa vie, de la vie, et de l'amour aussi qu'elle en devient lumineuse.

Pour moi, ce livre est un des plus beaux que j'aie pu lire à ce jour, et je remercie l'auteure pour ce grand moment de lecture, ce grand coup de coeur de la rentrée. Ce livre est un cadeau et un merveilleux conte écrit avec le coeur.

A coup sûr, ce livre obtiendra un prix.

Allez. Faites-le pour Farah, au moins.

Elle le mérite tellement.
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La treizième heure

Je me suis plongée dans ce roman avec toute la confiance aveugle que j'accordais à son autrice sans vraiment vérifier le thème principal de l'histoire. Parce que je vais être d'une franchise crue : les histoires de ielle, de trans, machins dans le genre, ça me dépasse. Ça ne me dérange pas, mais je ne comprends pas. Enfin je devrais plutôt dire je ne comprenais pas.

Maintenant, je comprends un peu mieux. Et ça c'est génial. C'est encore la preuve que la littérature peut nous sortir des certitudes confortables de nos existences bien rangées et privilégiées. Et oui je me sens privilégiée car globalement je me sens libre d'être moi sans que cela soit une bataille de chaque jour. Enfin si. Sinon la vie serait insipide. Mais mes batailles sont moins violentes que celles de certains autres. Et pour cela, ceux qui se battent pour leurs différences ont toute mon admiration. Parce que leurs batailles ne sont pas éclatantes, elles sont ces petites victoires sur les grandes injustices de tous les jours. Et puis que j’ai la certitude ancrée au creux du cœur et chevillée au cerveau que chacun a le droit voire le devoir, de vivre comme il en a envie. Et de laisser les autres vivre comme ils en ont envie.

Partant de là, j’irais bien me prendre un petit verre en terrasse avec Hind trans, Lenny gourou d'une secte poétisante, et Farah leur fille improbable. C'est truculent, plein d'humour, plein d'amour, plein de sexe mais jamais graveleux. Une ode à la vie qu'on s'invente comme on a envie de la vivre. Les personnages sont tous plutôt illuminés, guidés par leur foi, leur envie d'inventer autre chose. Être soi en se libérant de tous ces carcans et ce qu'on attend de nous. La plume est délicieuse, tour à tour poésie ou chanson populaire.

Une ode à la vie, à l'amour, à l'acceptation de l'autre comme il est.

Alors faut-il le lire ? Oui. Qui ose dire qui peut m'apprendre les sentiments ? Laissons entrer le soleil pour vivre pour le meilleur. Let it be…

Vous en voulez encore ? Allez, je vous livre une autre pépite à lire idéale pour les vacances : Les garçons de l'été, roman publié par l'auteure sous le nom de Rebecca Lighieri. Si ça se trouve, c'est le nom de baptême qu'elle s'est choisi pour entrer dans la secte de la Treizième heure…
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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

Adolescente en colère, Kimberly décrit avec rage et cynisme sa famille défaillante, immature, la société humiliante et castratrice.



C'est un roman sur la construction identitaire, entre recherche sexuelle, besoin d'être aimé par sa famille, reconnu par ses pairs. On côtoie des sujets difficiles : le harcèlement scolaire et familial, l'indifférence, le suicide, le deuil, la pression familiale, la perte de repère.



On apprécie vraiment cette écriture poétique, crue, directe, ses personnages haut en couleurs, qu'on adore, qu'on déteste, qu'on aimerait rencontré pour leurs auras qu'ils dégagent.



Ce livre est plein d'esprit oscillant entre Baudelaire et Hugo, tout en écoutant du Patti Smith et Bob Dylan.
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Arcadie

J’ai découvert la plume d’Emmanuelle Bayamack-Tam avec Les garçons de l’été (écrit sous le pseudonyme Rebecca Lighieri) que j'ai beaucoup aimé.

Arcadie, publié en 2018, a remporté le prix du Livre Inter l’année suivante.



Eh bien moi qui aime être surprise, on peut dire que cette deuxième lecture m’a de nouveau gâtée !



Dans l’Antiquité, l’Arcadie désignait un « lieu béni des dieux, un âge d'or perdu. » Dans le roman, Liberty House est le havre bucolique d’une communauté de freaks aux moeurs libertaires. Arcady est leur hôte, mentor et gourou fantasque et charismatique, qui permet à ces exclus de s’épanouir sans tabous physiques ni moraux. Vie champêtre, végétarisme, naturisme et amour libre ; leur devise « Omnia vincit amore » (« L'amour triomphe de tout »).



Malheureusement, la misère va s’inviter dans cet Éden et bousculer ces beaux sentiments.



La narratrice, Farah, est laide et s’interroge sur son identité sexuelle. Elle se sent fille, mais des signes masculins s’affirment, et le syndrome de Rokitanski est médicalement reconnu.



Arcadie n'est pas seulement le roman d'une adolescente qui devient homme, c'est aussi celui d'une héroïne curieuse du monde extérieur, qui questionne avec discernement les principes de ceux qui prônent l’altruisme, mais se cramponnent frileusement à leur « entre-soi » confortable.



Arcadie est une utopie, une ode à l’amour, à la tolérance, à l’acceptation de l’autre et de soi.



Un roman audacieux, subversif, piquant, décapant, sensuel et débridé, drôle et tragique, très contemporain et en même temps intemporel.

C'est aussi un roman sociologique qui aborde avec poésie de graves enjeux écologiques, éducatifs, moraux, sexuels, migratoires et politiques.



Une lecture fascinante, d’une grande originalité. Un coup de coeur !
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La treizième heure

La treizième heure, c'est le nom d'une secte dirigée par Lenny.

Un homme doux, profond charismatique, épris de poésie, et qui élève seule sa fille.



C'est justement elle, Farah, 17 ans, qui commence ce récit, racontant entre autre sa recherche d'informations sur sa mère, évaporée dès sa naissance.

Farah est intersexuée.



Puis Lenny prend le relais, retraçant l'amour fou qui l'a lié à Hind avant qu'elle ne disparaisse de sa vie à la naissance de leur fille.



Vient enfin la version de Hind, transgenre, qui après toutes ces annéees cherche à connaître sa fille et à reconquérir Lenny.



Je ne savais absolument pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre, ayant juste vu que ça parlait d'une secte.

Mais ce n'est pas tant la secte qui a son importance ici, que la recherche d'identité.

C'est un livre vraiment puissant.

Tant dans l'histoire que dans l'écriture.

Tout d'abord un style impeccable.

Et un vocabulaire qui peut passer de la plus grande poésie à la pire trivialité, sans jamais tomber dans la vulgarité.

C'est un hymne à la tolérance de la différence.

Une recherche psychologique puissante.

Étrangement, au début, je ne situais pas ça à notre époque, or tous les sujets traitent bien de notre actualité.

Tous les personnages sont véridiques et ils ne nous laissent pas insensibles

.C'est vraiment un roman qui interpelle, qui bouscule, qui ne laisse absolument pas indifférent.

Un vrai talent d''écrivaine
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Arcadie

Farah a toujours vécu dans le domaine de Liberty House, une secte qui accueille à bras ouverts tous les marginaux de la société : électrosensibles, autistes, toxicomanes, etc. Généreusement financée par quelques vieilles personnes à la fortune confortable, la secte prône l’amour universel, et surtout l’acceptation de tous les corps, loin des diktats du monde moderne. Dans Liberty House, il y a des corps obèses, flasques, vieux, meurtris et personne ne doit s’en préoccuper.



Ce discours est heureux pour Farah. Déjà considérée comme moche à l’enfance, l’adolescence lui joue un nouveau tour. Elle découvre en effet être intersexuée : un vagin de quelques centimètres, et des caractéristiques physiques masculines qui se décident soudainement à se manifester.



Pas facile dans ces conditions de construire son identité, même quand le discours entendu depuis son enfance prône la bienveillance. Bien qu’élevée dans une société hors-normes, pouvoir définir son identité reste important, et les trajectoires compliquées des autres membres du groupe ne lui est que de peu d’utilité. Ses parents ont démissionné de leur rôle depuis longtemps, seul le gourou de la secte tente de la guider. Mais là encore, le passage à l’âge adulte lui fait également prendre conscience des fissures qui se cachaient dans les préceptes d’amour universel défendus par la secte.



Le ton est léger, souvent cru et ne s’embarrasse pas de métaphores. Le livre devrait sans doute convenir parfaitement à un public lycéen : il aborde une foule de thèmes brûlants – la beauté, le genre, la sexualité, l’immigration et l’accueil des réfugiés, les sectes… – sans chercher à donner de leçons. Les protagonistes ont des avis différents, ce qui est une bonne manière de lancer un débat.
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Arcadie

J’ai adoré ce livre…

Le dire ne veut pas dire grand chose , je sais bien, alors parlons du style , de la langue , de l’histoire, des personnages…



Farah est la narratrice de ce roman et pour notre plus grand bonheur, c’est une jeune fille ou un jeune homme , c’est là un des sujets du livre, à l’esprit vif et perçant.

Son intelligence irradie le livre et sa personnalité à un souffle de liberté qui est contagieux.



Arcadie qui est en quelque sorte le gourou auprès duquel Farah a grandit, est un personnage merveilleux d’incandescence, de luminosité, de bonté et de générosité.



C’est un livre incroyable, qui parle de bien des sujets contemporains avec une lumière particulièrement intéressante.



L’auteur nous livre un portrait de l’époque on ne peut plus juste avec une histoire qui ressemble à un conte cruel.



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Arcadie

Voilà un roman que j'ai adoré, qui brille par son originalité. D'ailleurs, "Arcadie" d'Emmanuel Bayamack-Tam s'est fait remarquer en étant sélectionné dans de nombreux prix littéraires cette année. Pour autant, elle n'en n'a pas encore reçu mais j'espère bien qu'un prix lui sera décerné.

Ce livre est sulfureux voire incandescent et montre ce qu'est la vraie littérature. C'est un roman déjanté, cru et ultra moderne sur une adolescente qui se découvre transgenre en même temps que son rapport au monde est bouleversé. L'histoire est un peu difficile à résumer parce qu'elle parle aussi de sexe, d'amour, d'utopie et de politique.



Farah, la narratrice, a une famille un peu bizarre. Une grand-mère naturiste lesbienne qui s'assume, une mère dépressive et d'une grande beauté un père qui se ressource grâce aux fleurs. Cette famille est à la recherche d'une zone blanche pour éviter la nocivité des rayonnements électromagnétiques. Elle va donc s'installer dans une communauté créée par Arcadie qui va vite devenir un modèle pour la petite Farah qui n'a que 6 ans. Il faut dire que Liberty House est un paradis pour les inadaptés sociaux qui peuvent y vivre en autarcie.

Ponctuée d'anecdotes propres à la vie en communauté qui fait penser par moment au mouvement hippie, la vie de Farah va changer quand son corps se transforme à la puberté. Alors qu'elle ressemble de plus en plus à Sylvester Stallone, Arcadie, qui aime autant les filles que les garçons, va lui faire découvrir les plaisirs du sexe. Cela ne l'empêchera pas d'enquêter auprès de ses proches en les questionnant : C'est quoi pour toi être femme ?

Transgenre ou pas, elle tombe amoureuse d'un migrant venu squatter à Liberty House. Mais quand il est découvert, Arcadie va décréter l'état de siège en lieu et place des formules de bienvenue qu'elle attendait. Il est d'ailleurs très intéressant ce parallèle entre une communauté qui prône les vertus du bien vivre ensemble et refuse de s'ouvrir aux migrants.

Alors elle va fuguer et retrouver Maureen. Elle découvrira la vie non protégée et appréciera le bruit et le portable proscrit jusque-là. Pourtant, jamais elle ne lâchera ceux qui lui ont inculqué des valeurs de partages et d'amour.

Un roman entre émotions, réflexions et rires à lire absolument.



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Arcadie

Pourqoi ai je pensé à Georges Brassens et Jean Richepin ,auteur de la Chanson des Gueux avec

« La fine fleur, l’élite du pavé,

Des besogneux, des gueux, des réprouvés,

Des mendiants rivalisant de tares,

Des chevaux de retour, des propre’-à-rien »

Voilà la plupart des habitants de Liberty House, communauté libertaire, végétarienne nudiste, sous la coupe d’un gourou bedonnant bisexuel et obsédé

Maison du jouir. L’amour triomphe de tout On y’a accepte tout les monde même une jeune fille un peu difforme et masculine aux attributs génitaux hors norme.Même quelques vieilles femmes riches , qui se promènent en rêvant à leurs amours anciennes.

Tout cela sent les communautés post soixante huitardes ,l’amour libre ,la partage des biens et des plaisirs , l’utopie réinventée. Rien de nouveau sous le soleil.

Heureusement, le style est enjoué et humoristique comme si tout cela n’était qu’une bonne blague

Insuffisant toutefois pour terminer ce livre

Tout simplement parce que ,malgré les talents évidents de l’auteure , je suis resté indifférent à l’histoire





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Si tout n'a pas péri avec mon innocence

Une formidable énergie de vie se dégage de ce roman, qui parle pourtant de mort, de désamour, d'indifférence! Kimberly a 9 ans quand elle décide de prendre son destin en main. Entre sa mère totalement égocentrique, ses deux soeurs à qui elle ne ressemble en rien, ses deux petits frères qu'elle chérit et appelle ses agneaux, son père inconsistant et ses grand-parents atypiques, elle grandit en beauté et en intelligence, laissant sur place ses ascendants! Elle puise sa force dans la poésie, et dans l'attachement qu'elle porte à sa grand mère, puis à la sage femme qui mit au monde sa propre mère. Quelle découverte!
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La treizième heure





Ce n’est pas la forme, ni le fond d’ailleurs, qui m’ont empêchée d’adhérer pleinement à ce dernier roman, en lice pour le Prix Médicis. Il faut dire que j’avais eu un tel coup de coeur pour Il est des hommes qui se perdront toujours que j’avais placé la barre très haut, et que se passe-t-il lorsque les attentes sont trop grandes ?



La treizième heure est un roman vocal. Trois protagonistes, trois points de vue.



C’est Farah, la fille, qui ouvre le bal.

Enfin, j’écris « la fille », mais la situation est loin d’être aussi simple, avec une identité physique, sexuelle et psychologique aux contours flous.

Car (comme dans Arcadie) le personnage baptisé Farah est une adolescente intersexuée, assez laide mais d’une maturité, d’une curiosité et d’une vivacité exceptionnelles.

Élevée par son père Lenny au sein d’une secte (comme dans Arcadie) après que sa mère les ait abandonnés peu après sa naissance, Farah enquête pour découvrir qui est sa mère et ce qui l’a incitée à quitter le foyer.



Après Farah, c’est Lenny, le père, qui livre sa version des faits.

Enfin, j’écris « le père », mais Lenny est-il vraiment le père de Farah ?



La troisième partie donne la parole à Hind, la mère, beauté flamboyante à la sexualité extravagante.

Enfin, j’écris « la mère », mais qui est vraiment Hind, qui décide un jour de revenir dans leur vie ?



J’aime la plume de l’auteure, son inventivité, son audace, sa façon de bousculer les codes, de célébrer la différence, de prôner tolérance et liberté.

Certains lecteurs seront peut-être choqués, tous seront bousculés par ce récit qui oscille entre vraisemblance et extravagance, lyrisme et prosaïsme, immoralité et poésie.

Avec un roman surprenant et potentiellement dérangeant mais résolument ancré dans son époque, Emmanuelle Bayamack-Tam questionne les modèles de notre société occidentale, le regard porté sur celui ou celle qui déroge à la « norme ».
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Arcadie

Prenez différents thèmes d’actualité : les sectes, le troisième sexe, l’urgence climatique, les LGBTQ+, les migrants. Secouez bien le tout dans un mixeur.

Rajoutez des mots d’esthètes d’hypokhâgne mêlés à ceux de keums de la street.

Parsemez le tout de sexe et d’amour.

Vous obtiendrez un bouquin assez dispensable mais un prix du livre Inter.

Comme quoi parfois les recettes peuvent être simple.

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Arcadie

Alors qu’elle a 6 ans, Farah, ses parents ainsi que sa grand-mère- incapables de survivre dans un monde empreint de technologie et d’ondes électromagnétiques - se réfugient à Liberty House, une sorte d’ashram, une « communauté du jouir », une « confrérie du libre esprit », gérée par le charismatique Arcady.

Là, la fillette découvre émerveillée une nature bienveillante, un havre de paix et de liberté, enfin libérée des angoisses pesantes et mortifères de ses parents. Elle y côtoie des adultes un peu marginaux, vrais paumés ou abîmés de la vie, tous végétariens qui vivent nus pour certains (c’est le cas de Kirsten, la grand-mère) et pratiquent l’amour libre. Handicapés, vieillards ou moches : tous ont droit à être aimés, caressés.

Farah devient une adolescente indépendante, à la vision du monde ouverte sur les différences et acceptant l’Autre dans toutes ses étrangetés. Elle s’accommode des grands écarts qu’elle doit effectuer pour survivre au collège – autre environnement, autres mœurs qui s’apparentent davantage à la jungle – et restée inscrite dans sa communauté.

A l’heure des premiers émois, Farah est irrésistiblement attirée par Arcady dont elle espère qu’il sera le premier à lui faire découvrir l’amour. Encombrée par un physique ingrat, aux attributs masculins, elle lui confie son désarroi et ses attentes. Rassurant, sans pour autant la détromper sur son peu de grâce, il lui promet l’amour à sa majorité sexuelle.

C’est un roman difficile à qualifier. Farah est une narratrice, dont l’intelligence, la finesse et l’humour suscitent l’empathie. Son cheminement interroge avec pertinence la construction identitaire, au-delà de la dimension physiologique, et la façon dont on se défait/se défend de l’influence des adultes. Sa déception à la découverte des écarts entre discours et actes renseigne bien sur la désillusion des plus jeunes.

J’ai été séduite par la plume de l’auteur, poétique, sensuelle et son style ample et délié. Emmanuelle Bayamack-Tam défend une liberté de penser, de vivre qui est parfois un peu dérangeante mais qui a le mérite d’interroger la morale et ses codes, la notion de vivre ensemble et de faire société.



Challenge ABC 2020/2021



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