AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Estelle Faye (383)


Nous sommes tous de la pierre qui saigne.
Commenter  J’apprécie          110
Je crois à ce que j'ai vécu, à la neige, aux orages, aux longues nuits... Je crois au chemin d'étoiles et à la cruauté des hommes. Et je crois à la solitude, à la faim et à l'épuisement qui parfois changent les hommes en monstres. Qui nous dévorent et nous poussent à vouloir assouvir à notre tour des instincts insatiables. J'ignore s'il existe un dieu unique, un grand esprit ou un premier conte. Mais je suis certaine que nous portons en nous nos pires ennemis.
Commenter  J’apprécie          110
Le vieux Rock crachait sur le sol une chique gluante. Ensuite Andersen, le canonnier, prenait la parole. Il nous parlait de son père, qui était harponneur sur un baleinier, du temps où il y avait encore assez de baleines pour assurer un revenu décent à un homme, là-bas dans le pays des Fjords. Il nous parlait du "chant des baleines", cette plainte presque humaine que lui avait décrite son père.
Commenter  J’apprécie          110
Des flocons duveteux volètent sur la plaine, et le blizzard froid siffle entre les créneaux de la Grande Muraille, qui protège le Pays du Centre des Mongols de la steppe. On raconte que les vents, ici, portent les plaintes de tous les ouvriers morts pour réaliser ce colossal dragon de pierres, tous ces pauvres hères enterrés sans cérémonie, dans les fondations mêmes de ce qu'ils ont bâti.
Commenter  J’apprécie          110
Il était, il n'était pas... Certains soirs, à la Vieille Poste, Paul et les Comoriens nous racontaient la fin du monde. Ils n'étaient pas les premiers à faire cela, bien sûr, dans le cours de l'Humanité. Les archives de la Sorbonne ou de Stonehenge, pour n'évoquer qu'elles, ou même les caisses des bouquinistes, regorgent de récit d'Apocalypses. A croire que les anciens humains adoraient rêver de Fin du Monde. Ou alors, c'était une façon de conjurer la nuit.
Commenter  J’apprécie          110
Puis à la fin, au fond de sa sacoche elle ne trouve plus que du fil blanc, immaculé, une profusion de fil neigeux, avec laquelle elle crée des lotus extraordinaires, des centaines de corolles qui s'ouvrent telles des étoiles du matin dans la pénombre du théâtre, chassent les derniers recoins de nuit, transforment le plancher en champ de fleurs.
Commenter  J’apprécie          110
Comment peut-on regretter à ce point un siècle que l'on n'a pas vécu ? Je détourne les yeux, nous la sangle pailletée de ma sandale. Quand je me relève, ma robe longue, en soir grège, retombe sur mes souliers de faux cristal.
J'avale d'un trait mon gin à l'eau. Je trinque à Chris, à tous les morts, à la civilisation défunte et aux grandes voix du jazz que je tente de faire revivre, à mon humble mesure, nuit après nuit. L'alcool me réchauffe alors que je n'en ai pas besoin.
Commenter  J’apprécie          110
La pluie tombait dru sur Andemantunnum, la capitale du nord de la Gaule, la seule rivale de Lugdunum, et la plus puissante cité du Plateau des Ligons. Elevée sur une colline escarpée, dominant l’étendue grise du Plateau, la ville avait déjà repoussé plusieurs invasions barbares. C’était au pied de ces murailles que l’Empereur Constance avait vaincu les Alamans, un siècle plus tôt. Aujourd’hui l’averse lavait à grande eau les remparts de pierre calcaire. Le mauvais temps vidait les rues. Seuls quelques esclaves transis traversaient en courant le cardo, l’axe nord-sud qui partageait en deux la ville, et se confondait ici, avec la Voie Romaine qui menait à Treveris.
Commenter  J’apprécie          110
Pour ses dix ans, son père lui avait offert, non pas un collier ou une fibule, mais des rouleaux de lin couverts de caractères étrusques.
- Ce sont des livres de divination, qui viennent de la famille de ta mère. Tu ne dois les montrer à personne, inutile de le préciser.
Les yeux brillants, la fillette étala sur ses genoux le premier rouleau. Il était couvert de caractères étranges, qui évoquaient de loin l’alphabet grec.
- Merci père, souffla-t-elle sans lever le regard des lignes incompréhensibles.
- Y a-t-il autre chose qui te ferait plaisir ? demanda Gnaeus.
- Un précepteur pour apprendre cette langue, répondit la fillette d’un trait.
Le général sourit.
Commenter  J’apprécie          110
- Le Widjigo, déclara-t-il. C'est le nom que les Algonquins lui donnent. Le monstre qui nous dévore, ou que nous devenons, à force de faim, de solitude...
Commenter  J’apprécie          100
Les bords d'océan se parlaient entre eux, s'échangeaient des mythes et des rêves.
Commenter  J’apprécie          100
Peu à peu, d'une voix fébrile, Pieds-de-cendres se dévoile :
- Je veux que le temps s'arrête pour moi, Xiao. Qu'il s'arrête vraiment, que ce ne soit pas juste un rêve, une illusion née d'un spectacle de cirque. Je veux devenir immortel.
Commenter  J’apprécie          100
Quant à lui, Xiao Lu, il ne modèlera plus l'argile. Il a perdu son bien le plus précieux. Plus précieux que le jade, que le kaolin et toutes les œuvres d'art nées des rêves et de la main de l'homme. Son fils Xiao Chen.
Commenter  J’apprécie          100
- La mère d’Enoch, la sœur de Garimund, était une prêtresse Node. Certains, dans son peuple, prétendaient qu’elle possédait de grands pouvoirs, ceux que lui procurait Nodens, leur dieu. Qu’elle pouvait invoquer la brume et la foudre. C’était une maîtresse femme, elle accompagnait même les guerriers au combat. Elle les soutenait jusqu’au cœur des batailles. Mais après la victoire de Brog, elle a été rejetée par son peuple.
- Pourquoi ? demanda Thya. Parce qu’elle a épousé un Romain ? Pourtant, les Romains et les barbares se mélangent de plus ne plus dans l’Empire !
- Je te rejoins là-dessus, ma belle ! s’exclama Mettius. Et je m’entends bien mieux avec un barbare comme Garimund, qui a combattu à mes côtés, qu’avec un jeune patricien sans courage…
Commenter  J’apprécie          102
"Nous ne pouvons plus changer de passé, nous répétait-il, mais nous pouvons encore modifier l'avenir. Tant que nous sommes en vie. C'est la première leçon que Paul m'ait apprise, celle, selon ses propres mots, qu'il voulait me faire entrer dans le crâne à coups de pioche. Nous sommes encore en vie." (p.94)
Commenter  J’apprécie          90
Les êtres surnaturels, disait le livre, ceux que nous appelons les démons ou les monstres, n'ont jamais cherché à nous asservir. Un vodianoï ou un div peuvent défendre leur territoire, un vurdalak voudra assouvir sa soif de sang et d'âmes. Cependant, seuls les humains perpétuent sur des générations des systèmes fondés sur le servage, l'inégalité, l'esclavage...
Commenter  J’apprécie          90
Oui, un voyageur des temps civilisés trouverait notre époque malpropre, pouilleuse et repoussante. Moi je l’aime telle qu’elle est. Pour Paul, la ville a régressé de six cents ans. Il m’a montré des estampes du dix-septième siècle, conservées dans les Archives. Il m’a lu des textes sur les cris des métiers dans les rues, la crasse des chemins et des gens. Un monde qui ressemble au nôtre. Je lui ai demandé, une fois :
- C’était un siècle agréable ?
Commenter  J’apprécie          92
"L'espoir... La notion était étrangère à Aylus. Son don lui avait montré très tôt que l'avenir, le plus souvent, se bornait à répéter dans des variantes les plus diverses, les erreurs et les tragédies du présent." (P.29)
Commenter  J’apprécie          90
Je n'ai plus de maquillage, plus personne ne me regarde, et j'ai l'impression que mon image, mon visage, se délitent lentement , se dissolvent dans la ville, se perdent dans le petit matin. Une sensation habituelle, pas désagréable, plutôt reposante.
Commenter  J’apprécie          90
Le Temps est un fil infini, lui dirent-ils, constitué de milliards d’autres, une tresse d’une myriade de fils de vie qui se déroule dans un océan de ténèbres. Par endroits l’un de ses fils infimes pointe hors de la tresse, et son extrémité se balance, livrée aux vents de la grande nuit. Chacun de ses accidents est un oracle. Une vie un peu plus libre, un moins liée au Temps que les autres. Et si ce fil est assez fort, assez solide pour qu’on le tire en arrière, alors grâce à lui on peut défaire une part de la tresse, défaire le présent, le passé. Revenir en arrière. Remonter le temps.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Estelle Faye Voir plus

Quiz Voir plus

L'île au manoir (Lou)

Où est enfermée la fille?

dans un hôtel
dans un manoir
dans une maison

9 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : L'île au manoir de Estelle FayeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}