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Citations de Estelle Faye (383)


- Parce que tu es l'être le plus solitaire de cette ville. Aujourd'hui, tous, nous vivons ou survivons en communauté, en famille, en groupe, depuis les faubourgs de Monceau jusqu'aux Renégats de la Bastille, en passant par les Planteurs de Montmartre, les Clercs de Jussieu, les sorbons... Alors que toi, tu traverses ce monde seul, sans attache, sans jamais te livrer complètement à un autre. Te rapprocher vraiment de quelqu'un.
Elle me sert cela comme une évidence. J'ai mal et je refoule aussitôt cette douleur. Je me défends en attaquant. Je ricane :
- Regarde mieux dans ma tête, princesse, par exemple les passages interdits aux mineurs. Tu découvriras qu'en matière de solitude, on a vu plus convaincant.
- Oh, Chet... s'exclame-t-elle avec une commisération très "grande dame". Si tu étais amoureux de ceux avec qui tu couches, ça se saurait...
Je ne vais pas discuter de ma vie sentimentale avec une môme de huit ans. Autant clore cette discussion.
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Puis les flots se calmèrent, les nuages s'écartèrent, un jour doré frôla le turquoise des eaux. La mer se rétrécit en un détroit, surplombé par une ville immense, splendide, comme auréolée de soleil. La vision amena Thya dans ses rues populeuses, sur ses quais bondés de marchandises et de couleurs fortes, de vives lumières, dans un hippodrome où criaient des foules exaltées, sur des forums et dans des palais ornés de mosaïques d'or, d'œuvres d'art venues des quatre coins du monde. Dans les ateliers on travaillait la soie et les pierres précieuses. Les habitants portaient des vêtements amples et chamarrés au col brodé d'argent et d'or, des chlamydes — des manteaux courts d'origine grecque, retenus sur une épaule par des broches bijoux. Les hommes arboraient de fins colliers de barbe et les femmes des diadèmes dans les cheveux. La ville évoquait, par ses bâtiments, par sa structure, les traditionnelles urbs romaines, mais elle était cent fois plus prospère, plus riche, plus belle. Plus neuve aussi, beaucoup plus neuve, comme si pour l'essentiel elle avait été construite depuis moins d'un siècle. C'était comme un fantasme devenu une réalité tangible, un palais des mirages transformé en cité des hommes, le rêve incarné d'un Empereur bien plus fortuné qu'Honorius à Rome.
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Si Enoch avait été là, Thya aurait adoré la Route, de nuit et encore davantage de jour, quand tous les peuples d’Orient se mélangeaient sur la piste, transportant sur la moitié du monde connu la soie, le jade, l’ivoire, l’ambre, les épices, et les bois précieux laqués de rouge sang. Cette opulence chamarrée évoquait les décors des riches tapis persans.
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Salone lui-même passait ses journée hors les murs, à surveille les abords de la Via Agrippa, à pourchasser les latrones qui se multipliaient sur le Plateau, à surveiller les mouvements barbares du côté du Monte Vosego… Tout cela avec si peu d’hommes, que c’en devenait une tâche absurde. Namitius ne comprenait pas pourquoi son père s’acharnait, se ruinait ma santé sur les routes pour poursuivre des chimères. La notion même devoir, cette vieille notion des chimères antérieures à l’Empire, née aux champs obscurs de la République, avait depuis longtemps perdu tout son sens. Ce n’était plus qu’un emblème en loques, dont les dernières couleurs filaient dans la boue du Plateau. Non, décidément, Namitius n’éprouvait plus aucun respect pour son père, si jamais il en avait eu un jour.
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Satisfait, leur guide posa sa lanterne, enleva sa capuche. Son deuxième visage respira mieux. Il étira sa deuxième bouche. Ç’avait été assez désagréable, de dissimuler sa seconde figure sous une chape de tissu épais. Mais il doutait que les trois voyageurs eussent suivi sans regimber un ancien dieu. Enfin, Thya, peut-être. Mais certainement pas Enoch. Celui-là se méfait de la magie plus que la peste antonine. Surprenant, vu son héritage. Et vu ce qu’il portait, sans le savoir, au fond de lui. Culsans s’étira, haussa les épaules. Bah, ce n’était pas à lui de régler tous les problèmes des mortels. Un instant, il plaignit le Dieu des Chrétiens, qui avait lui, selon ses fidèles, la charge de tout l’univers. Lui, Culsans n’était là que pour arpenter le sous-sol et y ouvrir des failles. Et cela l’occupait déjà largement. Il éteignit sa lanterne, il voyait aussi bien sans lumière. Et il s’éloigna d’un pas guilleret dans les souterrains.
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Une fois, durant ces derniers jours, Mettius avait croisé le regard de son chef. Et ce qu’il y avait lu avait quelque chose d’effrayant. Cet homme ne renoncerait jamais. Il ne reculerait devant aucun sacrifice, même les plus terribles, pour atteindre son but. Pour Rome, pour l’Empire. Et parce qu’il voulait être à la hauteur de ses ancêtres. Lors de cette campagne, Gnaeus Sertor était un héros. Mais un héros inhumain.
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- J’ai mal dormi. Des courbatures, à cause du cheval.
- Essaye un brin d’absinthe dans les fesses, c’est souverain, conseilla Enoch. C’est une médecine de Caton l’Ancien.
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[Sybil à propos de Chet] Tu es l’être le plus solitaire de cette ville. Aujourd’hui, tous, nous vivons ou nous survivons en communauté, depuis les faubourgs de Monceau jusqu’aux Renégats de Bastille, en passant par les Planteurs de Montmartre, les Clercs de Jussieu, les sorbons… Alors que toi tu traverses ce monde seul, sans attache, sans jamais de te livrer complètement à un autre. Te rapprocher vraiment de quelqu’un.
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Écoutez... Marie, il y a longtemps que je la connais. Je l'ai vue grandir au castel de Kendroc'h, se détruire à Vorastburg. (…) J'ai toujours su l'amener où je voulais. Certains schémas sont voués à se répéter.
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Dans les restes de son échoppe, les deux limules, dont l'aquarium s'était brisé, se dirigeaient à un rythme lent vers la mer. A l'intérieur de leurs petits corps obstinés, une joie antédiluvienne, secrète et obscure, propre à leur espèce au sang couleur de ciel.
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Des amazones... L'enfant barbare se redressa. Des vraies amazones, l'élite guerrière des clans... (…) Elles évoquaient les banshees, ces hurleuses de légendes, femmes blêmes qui erraient le long des rivages, les yeux injectés de sang. Leur cri annonçait les morts prochaines et elles pouvaient, rien qu'avec leur voix, lacérer les entrailles des hommes. C'étaient les messagères du Sidh, de l'Autre Monde.
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Au fur et à mesure que nous dansons, les lichens pâles se lancent à l'assaut des ronces, enroulent dans leur dentelle végétale les épines acérées. Les lucioles se démultiplient sur la robe de la Première Reine, nappent ses longs jupons de lumière, se tissent à la nuit de son Corsage. La nuit, comme une encre libre, s'etale sur mes vêtements clairs, en volutes mouvantes, vivantes. Nos longues chevelures se tressent ensemble. Quand nous nous embrassons enfin, toutes les lucioles de sa robe s'envolent en même temps...
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Je prends une profonde inspiration. Je me dis que, techniquement, je n'ai pas de raisons d'avoir plus peur d'Odin que de mon prof de maths. Déjà, Odin ne peut pas me faire rester un an de plus au collège. Ensuite, Odin a beaucoup moins de motivations pour me punir que mon prof de maths. Par exemple je n'ai jamais dessiné des elfes et des chevaliers sur mon cahier d'exercices pendant qu'Odin donnait un cours. Et là, je me représente le dieu nordique avec ses vieux vêtements de voyage dans la salle 3B de mon collège, avec ses corbeaux sur l'épaule. Ça serait plutôt sympa, en fait. Un peu effrayant, mais sympa. Ça remet les choses en perspective, quelque part.
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Le temps passe et les les hommes changent, mais le spectacle continue.
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Le monde nouveau se débarrasse des antiques magies, tel un comédien qui, à la fin du spectacle, abandonne un costume trop lourd à porter.
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En l'écoutant, en absorbant ses paroles à l'unisson de l'auditoire, Sigalit comprit qu'il n'y avait pas que la magie, que les golems qui pouvaient abattre les grilles du ghetto. Il n'y avait pas que les chiens de guerre et la poudre qui pouvaient renverser les seigneurs et les maîtres. Il y avait la colère, et il y avait l'espoir.
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Estelle Faye
- Heureusement que c'est toi qui es coincé dans mon crâne, soupira Sainte-Etoile, et pas l'inverse. Tu ferais une moins bonne façade sociale que moi.
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- C’étaient des larvae, de mauvais génie échappés des Enfers. Les anciens gardiens d’En Dessous perdent leurs pouvoirs. En certains lieux, le monde est devenu poreux, comme ici, sur le Plateau. Des abominations se hissent jusqu’à la surface.
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Un printemps précoce recouvrait de vert tendre les forêts de Gaule. En ce début du cinquième siècle après Jésus-Christ, la vie, l’espoir semblaient renaître, après quelques années difficiles qui avaient ébranlé Rome. Après des décennies d’invasion, les Huns avaient été repoussés jusqu’au-delà des lisses, les postes avancés qui marquaient les frontières de l’Empire. Le faune avait vu, enfin, les soldats quitter sa forêt, retourner dans leurs garnisons. Cependant, pour lui, la paix n’apportait ni soulagement, ni repos.
Car son monde à lui continuait de mourir. L’ancienne religion s’éteignait lentement. Les dieux païens, ses dieux, avaient été mis au ban de l’Empire. A Rome même, depuis près d’un siècle, les empereurs étaient chrétiens. Le faune se souvenait avec nostalgie des temps anciens, où des prêtres-loups les priaient en grand pompe, lui et ses semblables, à chaque fin d’hiver. Depuis, il avait vu les sylvains, les naïades, les centaures… tout son peuple surnaturel reculer au fond des forêts, dans les recoins obscurs des cavernes et des combes. Ils avaient laissé les chrétiens prendre le pas sur eux, pénétrer dans les clairières interdites, piétiner les cercles des fées, arracher les arbres et briser les branches des buissons… Des moines en haillons répandaient la nouvelle foi dans tout l’Empire, prônaient un monde sans magie, en prêchant sous les yeux de bronze des statues de Cybèle et Diane.
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Les hommes à l’époque, c’était des nains du Nibelung, minant toujours plus profond dans la terre, jusqu’à la dernière parcelle d’or, quitte à réveiller les dragons de lave. C’était des adolescents-magiciens, inconscients face à la nuit qui monte. Leurs villes se changeaient en palais des mirages, et pendant ce temps des exilés par millions émigraient vers l’intérieur des terres. Les rares endroits préservés. A la fin, seules les capitales survivaient encore. Les réfugiés s’amassaient à leurs portes. Alors les capitales se sont défendues. Voilà comment l’Ancien Monde est mort, dans la violence, dans le Chaos et le sang. Des forêts de pieux ont poussé sur les Terres Vides. Des cadavres empalés pourrissant au soleil.
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