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Critiques de Eugène Guillevic (53)
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Etier

Un étier est un chenal étroit dont la longueur peut atteindre plusieurs kilomètres et contenant de l'eau provenant de la mer...



Lucie Albertini-Guillevic, qui le connaissait mieux que moi , écrit en décembre 2010 :

"Sa langue est simple, dense et c'est dans un lyrisme concentré que son poème déclare sa solidarité envers toute chose et toute vie. Avec le temps, il s'épure jusqu'à devenir « sculpture du silence ». S'exerçant à « tout rendre concret, palpable » dans un univers pour lui sans hiérarchie, Guillevic est habité par la nécessité intérieure non pas de se dire, mais de dire le monde, d'en inscrire l'équation dans un langage qui pénètre et révèle l'instantané insaisissable de l'être au coeur de la matière. Qu'il dialogue avec la pierre, la mer, l'arbre, l'herbe ou l'étoile, Guillevic en renouvelle la visée tout en conjuguant humour et rigueur mathématique afin de mieux cerner l'indéterminé."



C'est bien dit, et je n'ajouterai que mes sensations personnelles :



d'abord, 3 étoiles seulement, car j'ai parfois décroché : tout début de Etier, et fin de Autres... la musique bretonne de Guillevic ne me parlait plus... impressions plaquées, mots "creux"...



Mais, à 80 %, une belle découverte tout de même : par son travail brut, net, épuré au maximum, avec des mots simples, Guillevic parvient à dire beaucoup en peu de mots... les laissant parfois jouer entre eux, ou se répondre un par un... on prend son temps, on observe... point d'envolée lyrique non plus : une poésie concrète, ancrée dans la roche et dans le sel... dans la sueur peut-être aussi, car violente parfois ; et en même temps temps sereine, consciente de l'inéluctable mais aussi de la liberté et du plaisir de sentir, d'observer et de dialoguer avec les choses et les êtres.



Oui, le titre du recueil, Etier, est bien choisi : la rigueur de l'Etier, au flux pas toujours constant, conduit jusqu'à notre âme une eau de mer qui se souvient du roulis des vagues les plus impétueusess...





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Un Brin d'herbe, après tout: Entretiens avec ..

J’ai découvert ce livre en le feuilletant chez un bouquiniste. Et suis tombée en arrêt sur la page 35 si émouvante. Mais curieusement je n’ai pas acheté le livre tout de suite ! Je l’ai d’abord lu grâce à la bibliothèque et là, je me suis dit que j’avais besoin de ce livre à mes côtés. J’ai refait 50 km pour pouvoir l’acheter…Et je me lasse pas de relire son grand rêve au sujet de l’écriture.
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Etier

Relevé, Réseau, Élégie ou encore Herbiers de Bretagne et Dialogues composent Étier, recueil d'Eugène Guillevic publié en 1979. Ces chapitres sont comme autant de confluences qui servent à circonscrire une histoire lointaine, un temps incertain, un paysage fugace, qui sont tous à reconstruire, à réinventer. Dans l'écriture de Guillevic, tout semble dérobé à l'homme, comme un monde sur lequel il n'a plus prise. Pas de lyrisme, peu d'enthousiasme, une poésie souvent muette, menaçante et inquiète. Sous la parole abrupte et le défaut de sens, Eugène Guillevic fait pourtant envisager une part de lumière et d'espoir, un temps, un espace où le possible s'insinue et se recompose. Une poésie au creux des choses et du temps, mais qui ne renonce pas.
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Accorder: Poèmes 1933-1996

A l’écoute des choses et des êtres.





Chez Guillevic, le monde et la vie intérieure sont indissociables ; chacun est à la fois le reflet de l’autre et un vecteur pour le penser. Les deux univers se conjuguent et fusionnent parfois dans des moments d’apaisement mais le plus souvent ils s’animent pour manifester agitation et bouleversement. Amitié et enfance occupent une place importante dans les textes réunis ici.



Lucie Albertinini-Guillevic, compagne du poète, a choisi, pour établir ce recueil posthume, des textes publiés à tirages limités souvent devenus introuvables. Chaque poème est suivi de la date à laquelle il a été écrit car le classement n’en est pas chronologique.



« Accorder » parcoure soixante années d'écriture, depuis les débuts jusqu'à la maturité, révélant une poésie mue par un amour du langage qui se révèle tout particulièrement dans « Lexiquer » et qui s’exprime dans une langue à la fois simple et dense.

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Le matou dépaysé

J'aime beaucoup les publications de la maison d'éditions le temps des cerises alors j'ai été tentée par ce petit livre pour la jeunesse. C'est un poème de Guillevic illustré par Hélène Vincent.

Le poète breton m'a toujours séduite. Pour autant, je ne suis pas particulièrement attirée par les histoires d'animaux et je trouve ce poème "Le matou dépaysé" gentillet. C'est l'histoire d'un chat qui vit à la campagne. Un jour sa maîtresse l'emmène en ville où il n'a jamais été. Comme il est enfermé il n'aime pas beaucoup cela. Alors il tente l'aventure du dehors et découvre l'amour.

Ceci-dit, j'ai eu une très agréablement surprise grâce aux superbes illustrations d'Hélène Vincent. Je ne connaissais pas son travail mais je trouve qu'il est d'une grande qualité. Elle mélange dessin et collage et ses chats sont stylisés et très expressifs.

Je conseille ce livre à tous les amoureux des matous.



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Terraqué



La Feuille Volante n° 1392 – Septembre 2019.

Terraqué - Guillevic - Gallimard.

C'est le premier recueil de poèmes qui a révélé Guillevic (1907-1997). Nous sommes en 1942 et parait, cette même année "Le Parti pris des choses " de Francis Ponge qui procède de la même inspiration. La poésie de Guillevic, qui ne signera toute sa vie littéraire que de son seul nom, comme un pseudonyme, s’intéresse aux choses les plus simples, les plus banales les plus quotidiennes. Ainsi parle-t-il de l'armoire, de la chaise, de la pomme, des rochers, de l'odeur de l'humus, de l'épaisseur des choses, mais des choses de pauvres comme il l'a été dans son enfance... Son titre évoque la terre et l'eau et renvoie à sa Bretagne natale où il est enraciné, où la mer et la lande s'unissent dans le souffle du vent, la bancheur de l'écume, la densité de la terre... Les mots qu'il emploie, la musique qu'on y entend évoquent cette communion. Dans l'art poétique de Guillevic, les mots simples font corps avec l'homme, lui sont indispensables, non seulement pour s'exprimer mais aussi pour exister un peu comme si grâce à eux il s'intégrait au monde, en combattait l’exclusion et, comme si, avec eux, il défiait la mort dans une sorte de voyage initiatique. Il est vraiment le poète à la fois secret et solitaire des paysages qu'il décrit, ce qui n'est pas sans constituer un contraste avec sa carrière au sein de l'administration fiscale. Cela peut paraître un paradoxe mais j'y vois personnellement l'avantage d'avoir été protégé des hasards de l'emploi en même temps que de vivre son écriture comme un refuge.

Jusque là, c'est à dire depuis les années 30, l'écriture était pour lui une activité solitaire qui lui faisait peut-être supporter cette vie qui était devant lui et qui ne l'avait, jusque là, pas beaucoup favorisé. Après cette attente, publier devient pour lui, comme pour tout auteur, un espoir de reconnaissance même si c'est la grande époque du surréalisme, et qu'il ne s'inscrit pas dans ce mouvement créatif. Il sera pourtant accepté par Eluard et critiqué par d'autres mais ne déviera pas de son parti pris poétique et, à partir de ce recueil, il sera reconnu comme un poète et marquera de son empreinte majeure le mouvement poétique du XX° siècle. Ce ne sont pas des poèmes classiques respectant les règles de la prosodie mais au contraire des pièces écrites comme au rythme de l'inspiration qui elle-même procède de la simple vision des choses, et des gens qui l'entourent.

Ce titre évoque aussi, phonétiquement, le mot "traqué" parce nous sommes sous l'Occupation et que sa compagne Colomba à qui sont dédiés quelques poèmes, doit fuir à cause de l'étoile jaune qu'elle porte.

J'aime les livres neufs ou anciens, les toucher, les effeuiller, les sentir. L'édition de ce recueil date de 1942 et c'est la date de publication du livre que je viens de lire. Je ne regrette pas ces temps de guerre que je n'ai, heureusement pas connus, mais à cette époque les brochures neuves n'étaient pas massicotées et pour les lire il fallait en couper les pages avec une lame. Le support était plus brut que maintenant et au terme de cet exercice de découpage, chaque page laissait ainsi un peu d'elle-même sur la suivante, une sorte de barbe de papier, de cicatrice... Ce n'est pas grand chose, ça n'existe plus aujourd'hui, mais j'aime bien cette marque du temps!



©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Sphère - Carnac

Entre terre et mer, un long poème faussement bucolique et un recueil acéré, au cœur de la poésie vertigineuse et toujours combattante de Guillevic.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/03/01/note-de-lecture-sphere-suivi-de-carnac-eugene-guillevic/



Il faut sans doute ici se laisser porter, et accepter d’être saisi, par un flot curieux, un morcellement qui mobilise dans ses métaphores et dans ses immédiatetés aussi bien les chemins creux, les rires échappés de la nature, les expressions animales et les armoires secrètes (on songera certainement alors au Charles Sagalane de « 96 – Bric-à-brac au bord du lac »), que les sables et vases, le ciment, les bouteilles, les flammes et les étoiles. Chez Guillevic, la sphère ne saurait rester éthérée, et les carburants et comburants les plus divers, parfois les plus inattendus, sont mis à contribution, longtemps après les percées surréalistes des amis peintres et écrivains de la jeunesse comme de l’âge mûr, pour provoquer l’étincelle et la fulguration qui doivent habiter la poésie. Et c’est bien ainsi que celle-ci nous transforme, encore et encore, à chaque pas.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Accorder: Poèmes 1933-1996

La Feuille Volante n° 1396– Octobre 2019.

Accorder - Guillevic - Gallimard.

Ce recueil, publié en 2013, c'est à dire 16 ans après le mort du poète, est la suite de "Relier" paru en 2007. Il a été établi par sa veuve, Lucie Albertini-Guillevic qui présente ces textes écrits entre 1933 et 1996 et qui sont ici publiés mais évoque surtout de leur auteur, explique sa sensibilité et sa démarche d'écriture,rappelle que pour lui, la poésie était une "aventure colossale" à laquelle il avait consacré sa vie et donc assurément pas "une chose rassurante mais au contraire une sorte d'obligation à ce point contraignante à laquelle il ne pouvait ni ne voulait se dérober. L'écriture pour lui n'a donc pas été un simple passe-temps, comme ce qu'elle a pu être le cas pour d'autres écrivains, mais quelque chose de vital pour lui. En outre il s'est toujours situé dans l'instant présent, c'est à dire ce qu'il voit et ce qu'il entend, et n'a pas célébré le passé, pourtant inéluctable qui est souvent le moteur de la créativité. le présent dépend certes du passé mais le temps actuel, celui qui est le sien, implique aussi le futur et nous mène inexorablement à la mort face à laquelle l'art ne peut rien. Il est quand même permis de penser que si l'homme est effectivement mortel, la trace qu'il peut éventuellement laisser à travers l'art est susceptible de lui survivre. Ce recueil peut en être la preuve.

Il a lui-même nommé "l'expérience Guillevic" ce qui a été un long combat contre lui-même, inscrit dans le présent, avec le constant désir de communiquer avec les autres et ce tout au long de ces soixante-six années de création. Pour cela sa seule arme était les mots, mais des mots secrets, ce qui ne correspondaient pas à son "état social" de fonctionnaire, parce que ce qu'il portait en lui l'obligeait à écrire, que c'était vital pour lui et qu'il n'était vraiment lui-même que devant la page blanche solitaire. Cela tenait plus de l'obligation que du désir et il est possible de penser que l'écriture pour lui était une sorte de thérapie qui lui permettait de supporter le quotidien. Cette sécurité d'emploi était certes pour lui une garantie de sérénité et de détachement au service de sa liberté d'écrire mais, dans le même temps, son état de poète supposait qu'ils se mît à la disposition de cette force étrange que le contraignait à tracer des mots sur la feuille vierge, à la fois aimant et défi. S'y dérober eût été pour lui une perte définitive de créativité parce que ce qui naît sous la plume dans ces moments d'exception ne revient pas si on néglige de le transcrire, même si pour cela il faut bousculer un peu sa vie, ses habitudes, son confort passager. Cela tient de l'intime et suppose évidemment un certain secret face à une vie sociale incontournable, un "périscope" comme il le disait lui-même qui lui permettait de faire semblant de sortir de ses "labyrinthes" créatifs, d'être un fonctionnaire et un citoyen comme les autres alors que, lorsqu'il était au centre de son jardin secret, il était tout autre. Ces "labyrinthes" étaient, comme il le dit lui-même, le domaine de ces eaux souterraines, de cette mer intérieure dans lesquelles il nageait et qui lui conféraient un rapport passionnel aux choses. le concept du secret s'appliquait non seulement à l'image qu'il donnait de lui, puisque je ne suis pas sûr que la caractéristique de poète ait été véritablement prisée dans le contexte administratif dans lequel il exerçait son activité professionnelle, mais aussi aux poèmes qu'il écrivait. Il devait se protéger lui-même, non seulement en gardant le secret sur sa qualité de poète, pour mieux continuer à vivre "cette épopée" personnelle de créateur, mais ce secret s'exerçait également contre lui dans la mesure où, sous l'emprise de l'inspiration, celui qui tient la plume et se laisse porter par cet élan ne sait pas forcément où il va. En outre, ce concept du secret s'appliquait aussi sans doute à ses poèmes, cette partie de la littérature, pour être un intéressant reflet de son auteur et du monde, n'a que très rarement passionné le grand public en dehors de son illustration dans la chanson et ce d'autant plus que Guillevic a écrit ses textes au plus fort du mouvement surréaliste avec lequel il n'avait rien de commun.

Ce recueil est dans le droit fil d'autres publication parues depuis la mort du poète et qui lui ont rendu hommage. Elles ont parfois associé gravures et peintures aux poèmes dont certains étaient inédits. Les précisions de Lucie Albertini Guillevic me paraissent importantes et éclairent la démarche du poète et de son écriture. ©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Possibles futurs

Ce recueil ou un autre, de Guillevic. En fait, c'est celui que je possède, mais les autres sont de qualité égale, i.e. exceptionnelle...

faisant penser parfois à des haikus...
Lien : http://rozven.hautetfort.com
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Art poétique

C'est une invitation à l'écriture poétique qui m'a donné envie de me plonger dans ce beau recueil de poésies, d'écouter car « comme certaines musiques, le poème fait chanter le silence… »

Dans ma jeunesse, j'ai compris le pouvoir des mots avec Guillevic. J'aime sa concision. Celui qui a écrit « le poème Nous met au monde. » a participé à mon éveil littéraire. Il a aussi écrit « La poésie, c'est le langage pour connaître la vie, pour la toucher, pour la sentir ».

A lire et à laisser traîner sur sa table de chevet…



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Terraqué

En 1942 et 1947, deux recueils fondamentaux de poésie combattante, d’émancipation de l’homme face aux choses mauvaises qui rôdent dans la matière, par la force pensée du langage de l’émotion brute.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/04/10/note-de-lecture-terraque-suivi-de-executoire-guillevic/



1942. Guillevic (qui n’aura volontairement jamais utilisé son prénom, Eugène, pour signer sa littérature) a trente-cinq ans. Employé comme rédacteur principal au ministère des Finances depuis 1935, il vient d’être nommé au contrôle économique… et d’adhérer clandestinement au parti communiste. Ami déjà de longue date de Jean Follain, et désormais de Paul Éluard, auteur d’une première plaquette de poèmes en 1938, il hésite longuement, compte tenu des circonstances guerrières, à publier le travail désormais prêt, longtemps sous le titre provisoire d’« Argile », avant que ne s’impose, nous raconte Amaury Nauroy, l’étrange et tout à fait authentique « Terraqué », soucieux de véhiculer à l’oreille le traqué qui caractérise la Résistance à l’Occupation allemande, mais d’induire aussi en puissance le double ancrage terrien et aqueux duquel le poète est déjà (ou encore) fort soucieux.



Et c’est ainsi que le mot surgit, portant désormais aussi bien les paysages toujours fouillés, entre terre et mer, que signale par deux fois le titre de « Carnac » donné à un poème particulier (le recueil subtil dédié au pays d’origine, sans esprit de clocher, attendra 1961), que les contraintes déjà intériorisées d’un véritable état de siège, psychologique et humain. Mobilisant du chêne, de la faïence, des bouteilles vides, de la pierre, de la viande, du sang, des briques, de l’humus, des meubles, des couverts, de la tourbe, de la sueur ou du goëmon, Guillevic développe patiemment toute une matérialité (très éloignée pourtant de celle du « Parti pris des choses » de Francis Ponge, publié la même année), d’où jaillissent, explosent même, au moment idoine, les morts, les bruits, les hésitations, les pensées, les peurs, les sourires, les délivrances, les tortures, les visions, les réveils, les irritations, les vengeances, les remords, ou les poursuites, toutes les composantes imaginées et revues d’une humanité qui grouille et qui fouille.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Art poétique

Je ne sais comment vous parlez de Guillevic tant je comprends au plus profond de moi ses poèmes, ses interrogations, sa construction, son esprit, sa vision du soi, intime. Ici, Paroi, Art Poétique et Le chant. C'est Art Poétique qui, pour moi, est une grâce ! Je ne citerai que ce cours poème qui fera sans aucun doute écho à tous ceux qui écrivent. Pour ceux qui rêvent d'écrire sans oser peut être alors c'est encourageant, enthousiasmant : "Si je n'écris pas ce matin

Je n'en saurai pas davantage,

Je ne saurai rien

De ce que je peux être." Franchement les amis, ne me dites pas qu'en lisant ces quelques vers vous n'avez pas envie de vous y mettre !

(Parfois ça me fait penser à Bobin... dans le regard porté sur la nature)
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Proses ou boire dans le secret des grottes

Livre trouvé sur un banc.



Petit livre par sa taille (12 x 17cm), par son épaisseur (60 pages à larges marges), mais ample par son sujet. Il évoque le moment, les moments, où l'écrivain décide de quitter la prose pour écrire de la poésie, tout en continuant à écrire de la prose.

Et cela sans cesser d'évoquer l'époque (de 1935 à 1943) dans de courtes lettres poétiques qui vont à l'essentiel : la peur, l'attente, la guerre, la mort.



La quintessence de la poésie en prose d'un auteur qui se sépare de la prose dans des temps troublés.



Demeure l'impression étrange d'avoir lu du "Julien Gracq".
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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Écrits intimes: Carnet, cahier, feuillets 19..

La Feuille Volante n° 1390 – Septembre 2019.

Écrits intimes - Guillevic - L'atelier contemporain.



Tout d'abord je remercie Babelio et l'Atelier contemporain de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Il se présente en trois parties, illustrées par des photos de documents originaux, "Carnet du Val de Grâce"(7 janvier 1929-23 janvier 1930), "Cahiers"(9 août 1935-1°septembre 1935), et "Lieux communs"(1935-1938), édition établie et présentée par M. Michael Brophy, professeur de littérature française à l'University Collège de Dublin et complétée par une note biographique de Mme Lucie Albertini-Guillevic.

L'itinéraire d'Eugène Guillevic (1907-1997) qui toute sa vie d'écrivain poète ne signa que de son seul nom, comme un pseudonyme, est particulier. Sa vie se déroulera entre l'Alsace et la Bretagne qui sera pour lui une grande source d'inspiration. Celui qui est reconnu comme un poète majeur du XX° siècle passa sa vie professionnelle dans les bureaux de l’administration de l'Enregistrement en Alsace puis au ministère parisien des Finances et des Affaires économiques, ce qui lui a sans doute et peut-être paradoxalement, permis d'écrire, détaché des contraintes quotidiennes. Il ne fut vraiment connu qu'à partir de 1942 et la publication de "Terraqué"(ce titre évoque la terre et l'eau, mais aussi peut être compris par sa contraction en "traqué", à cause de la période de l'Occupation). Ici, il s'agit de carnets, de cahiers, de feuilles volantes, une sorte de journal intime rédigé d'une manière discontinue sur une période d'une dizaine d'années où il recueille des ébauches jetées sur le papier (des imprimés administratifs ou un simple cahier d'écolier) de 1929 à 1938 et qui précèdent les poèmes qu'il publiera, alors qu'il n'est encore qu'un inconnu. Ce ne sont pas encore des poèmes (à part quelques-uns et quelques esquisses), ils viendront plus tard, mais des notes très personnelles qui le révèlent comme un écorché vif qui se découvre lui-même et sont le fruit de réflexions intimes et solitaires, parfois inspirées par une humeur changeante, des commentaires sur l'écriture, sur la poésie et sur l'art, des critiques aussi de sa propre créativité, prémices de l’œuvre littéraire qui fera sa notoriété. Ce sont des instantanés ("sous la dictée fuyant de l'instant", comme le dit si joliment Michael Brophy) discontinus d'une grande spontanéité ou la retouche n'a pas sa place, des annotations brutes, des émotions, des réflexions intimes, des prises de conscience, des découvertes de soi-même où la panique le dispute à la lucidité voire à l'humilité, le vertige à la fuite, l'impuissance à l'angoisse, l'espoir au doute. Homme cultivé, il considère la lecture comme une source de méditation et de création, même si ces auteurs n'ont pas sa préférence, se fait critique d'art à propos de la peinture, de la littérature, parle de la prosodie, de l'inspiration, de son écriture, du véritable sens de la poésie selon lui, a même des positions assez tranchées sur certains écrivains, avoue l'influence de Rilke (il se définit lui-même comme un poète "germanique"), de Rimbaud, explicite les fondements de son art poétique personnel et révèle par petites touches sa future voix. Mais il se veut avant tout poète, aspirant certes à la célébrité, mais critique vis à vis de lui-même, solitaire, mais attentif à l'amitié, confesse son amour de Dieu qu'il invoque face à un monde ingrat où il se sent perdu, abandonné mais aussi pour une jeune fille mais ce dernier semble lointain, réservé (il ne nomme même pas l'élue de son cœur), platonique. 1929 semble être une année faste en matière de réflexions et annotations et correspond à une hospitalisation au "Val de Grâce" pendant laquelle il se sent délaissé, ne trouvant son salut que dans la création poétique simple, loin des contraintes classiques, mais nécessaire. ("Il importe seul de créer"), constatant le pouvoir apaisant des mots ("Les mots me font du bien - oui"). Dans "Lieux communs", plus court et ramassé, il formule un certain nombre d'aphorismes qui résultent d'une réflexion intellectuelle enrichie de gloses et d'exemples, sur la poésie, élargit sur le roman et l'art en général. Il se livre à un commentaire selon une logique scientifique, dissertant notamment sur le roman, sa nature par rapport au temps, à sa notion personnelle de l'esthétique, à sa vision de la fiction et même au lecteur.

Guillevic vit au plus fort moment du surréalisme mais ne succombe pas à ses sirènes, il préfère tourner son regard vers les choses simples et modestes, vers la nature qui l'inspireront et incarneront son style si personnel. Cet ouvrage qui publie des pages soigneusement conservées par l'auteur lui-même, montre que loin de naître poète, Guilevic l'est devenu, progressivement à force de maîtrise de soi, de réflexions sur la vie, sur la mort, sur la création artistique et il fera du poème son seul vrai moyen d’expression.

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Euclidiennes

J’ai compris le pouvoir des mots avec Guillevic. J’aime sa concision. Celui qui a écrit « Le poème Nous met au monde. » a participé à mon éveil littéraire. Il a aussi écrit « La poésie, c’est le langage pour connaître la vie, pour la toucher, pour la sentir ». A lire et à laisser traîner sur sa table de chevet…
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Écrits intimes: Carnet, cahier, feuillets 19..

Ce recueil de textes intimes de @Guillevic se présente sous forme de manuscrits, photos, en trois parties : Carnet du Val de grâce, Cahiers, et Lieux communs.



Je connais la poésie de Guillevic et ce que j'en aime est sa simplicité apparente ,discrètement travaillée, dans le sens où on ne se rend pas compte du travail qui a précédé l'écriture.

J'aime dans les poésie de Guillevic ce qui a surgi comme une fraîcheur,les images qui m'en Viennent,des sensations et de la nature évoquées.

Aussi ai-je découvert avec étonnement dans ses carnets et les notes d'Eugène Guillevic à quel point l'auteur avant d'être édité et d'être connu était tellement tourmenté.



Pour une part ça m'a intéressé parce que on découvre ce qui peut construire une carrière d'auteur.



Je ne connaissais pas non plus le côté tourmenté et malade de sa vie dans ses débuts.



Mais pour être tout à fait franche cela ne m'a pas intéressé.



J'aime sa poésie.



Je n'aime pas ce côté tourments, doutes, il y a dans ses confessions sur ses carnets intimes certains excès au niveau de son ego d'artiste, que si j'ai trouvé un moment donné amusant et partiellement intéressant de découvrir, j'ai également assez vite été lassée de cet aspect de l'auteur.



c'est un peu comme si on était déçu par la personne de l'artiste alors qu'on adore l'œuvre.





Il faut avouer que ce livre est arrivé entre mes mains lors d'une masse critique de Babelio.



La présentation a été rapide et il faisait partie de mes choix mais vraiment de mes derniers choix.



Désormais je ne que sur cliquerai plus que pour des livres que j'ai profondément envie de lire lors des masses critiques.





En effet si j'aime lire de la poésie, je ne peux pas dire que j'ai envie de lire des carnets intimes des poètes.



Du moins pas après cet ouvrage,puisque j'ai découvert une personnalité qui était à l'opposée de ce que j'imaginais après la lecture de ses poèmes.



Évidemment cela retrace les premières années avant que Guillevic soit vraiment Guillevic et soit connu pour son travail.



Mis à part pour quelques spécialistes ,et des personnes ayant connu cette époque , ou bien des thésards, je crois bien pour ma part qu'il vaut mieux lire de la poésie directement.





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Du domaine Euclidiennes

Des pensées, des perceptions d’un à six vers, lesquels ne dépassent pas chacun huit syllabes. J’en choisis quelques-unes pour la méditation, parmi les plus courtes : « On ne se couche /Que pour s’avouer son corps ». « Il n’y a pas d’ailleurs /Où guérir d’ici ». « La grande lumière aussi /Fait tâtonner ». « L’horizon /Nous condamne au cercle ».



Je m’emporte contre d’autres où je reste étranger : « Si le cheval devient pigeon, /C’est que le domaine /Sera fermé ». « On voit parfois /Du silence qui gronde. /Il n’aime pas le blanc ». « Est-ce que vraiment /On a besoin du blanc ? ». « Vierge le jour, /Comme soi-même ». « L’herbe aussi /Te dort ». Ils trouveront leur place avec la patience ?



D’autres enfin semblent relever du jeu, mais va savoir ! « Démuni /Comme un oiseau sans bec /Au bord d’un champ ». « Le soleil /Ne sait rien de l’ombre ».



Qui est « elle », qui apparaît page 48 ? M’évadant vers le concret, je constate qu’il n’y a pas de page 49.



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Possibles futurs

Découvert au cours des journées de ressourcements à l'abbaye d'Orval, sous l'égide du Père Bernard-Joseph, ce volume est une source éternelle de méditation.

L'auteur rejoint en cela Émile Verhaeren, mais de manière quelque peu plus ardue et écourtée, dans sa vision intemporelle de la nature qui l'entoure, de sa vision au-delà d'elle même.



Un petit volume qui tient dans la poche, partout où vous irez! Et comme à son habitude Guillevic nous inspire par de petites touches quelques lignes, pratique à lire quand vous serez dans un file, entre deux charrettes du magasinage, ou deux chevaux de fer. 8-
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Possibles futurs

Dernier recueil publié du vivant de Guillevic, « Possibles futurs », malgré quelques fulgurances de très grande classe, peine quelque peu à éviter un sentiment de léger ressassement et d’usure partielle de certaines métaphores.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/31/note-de-lecture-possibles-futurs-guillevic/



Écrits entre 1982 et 1994, les poèmes de Guillevic qui composent « Possibles futurs », paru chez Gallimard en 1996, forment ensemble le dernier recueil publié du vivant de l’auteur, décédé en 1997.



Il est un peu triste d’y constater que, à quelques magnifiques exceptions près, la magie pourtant si coutumière de Guillevic n’opère plus vraiment ici pour moi. Ayant choisi plusieurs « objets » poétiques distincts pour lui servir d’interlocuteurs silencieux et de supports métaphoriques lancinants (« Le matin », « L’oiseau », « Le soir », « Du silence », ou même « Elle »), la puissance de ces adresses scandées semble pâle comparée à celle de l’extraordinaire « Paroi » de 1970, resté difficile à égaler il est vrai dans le déploiement hypnotique de ses coups directs et de ses sous-entendus.



Dans sa belle préface de 2014 pour l’édition de poche, Michaël Brophy souligne à très juste titre, mais peut-être sans en tirer toutes les conséquences, la dynamique traversant le recueil qui, sourdement, orchestre un ultime affrontement feutré entre la persistance d’une promesse émancipatoire dont Guillevic demeure jusqu’au bout un croyant, fût-ce, comme il le dit lui-même, en « naïf », et d’un apaisement – aux légers accents de résignation, pourraient dire les esprits chagrins (dont je fais ici un peu partie) – dans la célébration du « simplement vivre » et de sa beauté, à la fois indéniable et toujours quelque peu paradoxale.



C’est ainsi sans doute dans les variantes mutantes et discrètes de ce conflit de facto, présent ici, que ce recueil, qui ne saurait en effet faire oublier « Terraqué », « Sphère », « Exécutoire », « Carnac » ou « Paroi », trouve sa justesse et sa force secrète, in extremis.
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Du domaine Euclidiennes

Guillevic (1907-1997) est un poète qui fut membre du parti communiste français. Il a reçu le grand prix de poésie de l'Académie française en 1976. Je suis tombé par hasard sur ce recueil, qui ne restera probablement pas dans ma mémoire. Je n'ai pas du tout été sensible au premier texte ("Du domaine"). "Les Euclidiennes" sont parfois plaisantes, mais vraiment sans génie.
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