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Critiques de Faïza Guène (454)
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Les gens du Balto

La littérature est une discipline géniale, et on prend un plaisir fou quand on déniche ce genre de petites merveilles qui ne paie pas de mine, ce style de petit roman qui ne vaudra pas à son auteur une collection à la Pléiade, ni l’honneur d’un Goncourt , certes.

Certes, mais le nouveau roman de Faïza Guène se lit avec allégresse. Oui, n’ayons pas peur des mots : allégresse. Pas de verbiage, de page qu’il faut relire pour comprendre. Ici, on écrit comme on parle, comme on parle dans les endroits comme à joigny les Deux Bouts. L’intrigue, elle est simplissime : un meurtre a eu lieu à Joigny les deux Bouts, petite ville de banlieue, dernier arrêt de la ligne de RER. L’assassiné, c’est Joel Morvier, le patron du Balto, que personne ne va regretter car il cumule tous les défauts : raciste, acariâtre, avare, voleur et même un peu pervers. Tout Joigny les deux Bouts le déteste, mais tout Joigny s’y retrouve car c’est le seul endroit pour se retrouver.





Pour les gendarmes, le meurtrier se trouve parmi les habitués. Tour à tour, Faïza Guène se glisse dans la peau de chacun de ses personnages, et même dans celui de Morvier. et l’on va démèler peu à peu avec eux les fils de l’intrigue.

Il y a Jacquot, le passionné des jeux télévisés, accro aux jeux a gratter, licencié de l’Usine qui était toute sa déprime et toute sa vie. Yéva, sa femme, son autre déprime, la grande gueule que Morvier reluque. Yeznig, leurs fils ainé "dit Bébé ou l'handicapé" qui confond tous les temps, et Tanièl, "dit Tani, Quetur ou bon à rien", le jeune frimeur qui sèche les cours et a le coup de poing facile. Sa meuf, c’est Magalie, qui dit « lol » a la fin de ses phrases et qui fait croire à son keum qu’elle est enceinte, comme ça, juste pour rigoler.. un peu « pétasse » dirait Bégaudeau ;-) Il y a aussi les jumeaux Nadia et Ali qui débarquent tout droit de leur Planète Marseille qui ne s’intègrent pas de la même manière dans cette nouvelle cité…

Tous ces gens du Balto, c’est une certaine France dans laquelle arrive un malheureux faits divers. Au final, cela donne un polar étonnant, souvent très drôle, qui met en lumière les maux d’une frange de la population : chomage, racisme, haine ordinaire.. Un roman plein de vérité, de poésie, de tendresse aussi parfois ; Et si l’on tend un peu l’oreille, on y entendrait presque comme un couplet de Grand Corps Malade…



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Un homme, ça ne pleure pas

Oublions les clichés de Paris (bérets et baguettes) et voici un casting de personnages qui sont des citoyens français noirs et bruns multilingues et multiculturels qui voient leur pays et leurs histoires diasporiques, avec une combinaison gagnante d'affection, d'exaspération et de fierté. Le roman est raconté par Mourad, qui décrit sa mère théâtrale, son père bourru mais aimant et ses sœurs Mina et Dounia avec chaleur et esprit. Lors d'un séminaire de formation d'enseignants, Mourad entend qu''être enseignant est une forme de deuil. Cela signifie dire adieu à votre passion pour la littérature et pleurer la perte de tout ce que l'on a appris à l'université.'



Les observations sur les faiblesses françaises contemporaines sont merveilleuses. Alors que la fratrie fait son chemin dans le monde, Mourad se retrouve rattrapé par la vie de son cousin Miloud, qui joue le beau play boy bronzé » de Liliane.



Le livre traite de manière assez plaisante de tout, du féminisme, des célébrités françaises, de la politique locale en passant par les clichés des films de flics parisiens : "qui brûlent tous les feux de circulation… en chemin, ils se souviennent d'appeler à la maison, pour vérifier que leurs fils (ou filles) sont bien rentrés de l'école et qu'il font leurs devoirs de sciences ».



C'est sympathique et divertissant,

on est, cependant bien loin, vraiment très loin... des grands romans...

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Un homme, ça ne pleure pas

Faïza Guène a l'art de parler des autres avec humour et bienveillance.

Son roman respire, malgré tous les sujets sensibles qu'il soulève:

Difficultés d'intégration, avec la Mère qui accepte mal les traditions européennes, et qui se plaint continuellement de son rôle de femme à la maison, alors qu'elle souhaite que ses filles suivent le même chemin.

Difficultés d'accéder à la culture, pour le papa qui ne sait pas lire.

Difficultés d'aller de l'avant pour la fille aînée qui rêve de vivre à la capitale, de ne plus suivre les traditions.

Difficultés de communiquer pour le narrateur, ce fils timide devenant prof en banlieue parisienne.

C'est un roman facile à lire mais qui interroge, et qui amène le lecteur à réfléchir sur l'immigration, et, beaucoup plus largement, sur la force des traditions et les marques familiales que l'on porte en soi.

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La Discrétion

Voici l'histoire de la famille Taleb, et surtout celle de Yamina, soixante-dix ans, née à Msirda Fouaga, dans le massif des Trara, au nord-ouest de l'Algérie. Yamina s'est mariée, la trentaine passée, à un homme de dix ans plus âgé et l'a rejoint à Aubervilliers pour y vivre le reste de son existence.

Faïza Guène s'est inspirée des siens pour bâtir ce récit entremêlant histoire familiale et chronique contemporaine de la vie en banlieue. Ses chapitres courts exposent une vision presque cinématographique : l'époque, le cadre, une scène qui donne à voir un personnage central entouré de personnages secondaires. Ainsi, nous passons de l'appartement-cocon de Yamina à la ferme misérable de son enfance, d'une laverie automatique à un jardin ouvrier, d'un appartement d'Oran à une villa en Charente. Une écriture rapide, parfois clinique dans sa sécheresse, mais d'un humour ravageur, brosse à grands traits les situations où se débattent les personnages, marqués par une fracture générationnelle béante, source de malaise pour les enfants Taleb. La conduite des parents est forgée par le courage, le respect – voire la sujétion – face aux traditions du pays, un stoïcisme quotidien dans leur condition d'immigrés. À l'opposé, Malika, Hannah, Imane et Omar donnent le sentiment d'avoir une boussole qui indique deux fois le nord, peinant à conjuguer leur double culture, algérienne et française.

L'écrivaine oppose la discrétion qui gouverne toute l'attitude de Yamina à la colère qui brûle sa cadette, Hannah, et qui déferle à la moindre occasion. Pour cette dernière, tout est humiliation et manifestation de mépris : la manière dont s'adresse une employée de la Préfecture à sa mère, le chien de la voisine de palier qui renifle le bas de sa robe, la réserve d'une propriétaire accueillant les vacanciers… « Mais la colère, même enfouie, ne disparaît pas. La colère se transmet, l'air de rien. » Hannah a hérité d'une violence avec laquelle elle se débat jusque dans le cabinet de la psychologue qu'elle consulte.

Faïza Guène ne croit pas aux vertus de l'universalisme pas plus qu'à celles de la méritocratie. Malika était une brillante élève, mais occupe un poste subalterne dans une administration. Omar peine à gagner sa vie en tant que chauffeur de VTC et Imane est vendeuse dans un magasin de jouets. Travailleurs, consciencieux, compétents, leurs rêves d'ascension sociale butent sur un simulacre d'intégration sociale et un pouvoir d'achat limité. L'écrivaine explore l'univers des marques pour en décrypter les faux-semblants (les contrefaçons made in Thailand), l'échantillonnage social qui en découle (aux uns les marques de luxe, aux autres les produits d'enseignes bon marché) et le prestige hors de portée (le coûteux verre au bar de l'hôtel Lutétia). Elle voit le modèle économique brandi par la société comme un miroir aux alouettes proposé aux plus pauvres, porté par l'ubérisation de la société et la consommation bas de gamme.

Cependant, Faïza Guène se garde bien d'enfermer ses personnages dans un avenir sans espoir. Que l'émancipation passe par une thérapie, un studio loué, un amour inattendu, des vacances partagées ou le refus de se teindre les cheveux, chacun peut trouver sur sa trajectoire des raisons de croire en soi, s'il ne croit pas aux miracles du modèle républicain.

Une lecture qui m'a emmenée, souvent amusée, parfois agacée et, au final, procuré matière à réflexion par la justesse de son constat et le brio de sa démonstration.
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La Discrétion

Faïza GUENE. La discrétion.



Un beau roman intimiste qui nous plonge dans la vie privée, familiale d’une famille d’origine algérienne, exilée en France, dans la banlieue parisienne. Cette famille s’est implantée à Aubervilliers ; les enfants, issus de l’union de Yamina, l’héroïne de ce récit, et de Brahim, son époux, sont tous nés en France et ont vécu leur adolescence et leur jeunesse en France, mêlés aux adolescents autochtones.



Yamina, 70 ans nous narre sa vie, naît en Algérie, fille aînée, elle doit cesser d’étudier pour aider aux travaux de la ferme et ses frères poursuivront leurs études, 5 deviendront professeurs et un assureur. Une belle réussite pour la famille. Toujours effacée, discrète, Yamina suivra son époux en France, là où le travail l’appelle. Toujours aussi réservée, pudique, elle éduquera du mieux ses enfants…. Ces derniers bénéficieront des deux cultures et feront leur vie dans ce pays qui les a accueilli.



Une belle saga familiale qui oscille entre l’Algérie et la banlieue de Paris, qui couvre les années 1949 jusqu’à 2020. Ce récit simple, mais vrai témoigne de l’amour que Faïza porte à notre pays et nous conte son histoire personnelle, avec beaucoup de pudeur. Les chapitres sont très courts, alternance balancée entre la vie en France, et la vie vécue en Algérie. Une page d’histoire, de l’Afrique du Nord avec la fin de la guerre en 1962, l’implantation en France, la vie de tous les jours, menée par notre héroïne, et le futur offert à ses enfants qui rêvent d’indépendance…. Ce roman est très facile à lire et nous apprend beaucoup sur l’accueil de ces populations transplantées chez nous et qui se sont mêlées, ont eu des enfants d’où une culture plus riche au contact des uns aux autres… Tout en discrétion, sans faire de vagues.



Merci Faïza de nous dévoiler la vie de vos ancêtres. A lire, en priorité parmi les nouveautés. Souvenez-vous du premier roman de cette auteure « Kiffe, Kiffe demain », publié à 19 ans et plein de tendresse , de vérité, de pudeur. Vous pouvez également lire « Un homme, ça ne pleure pas », un autre petit bijou de Faïza. Je vais , pour ma part lire « Millénium Blues » qui est la seule publication que je n’ai pas encore lu. Bonne journée à tous et n’hésitez pas à saisir et lire ce beau livre.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Hot Dog : Chroniques dystopiques du grand d..

Et si pour éviter le grand remplacement dont on entend tant parler, on instaurait l'apartheid en France. On pourrait aussi décider que les personnes non racialement pures soient parquées derrière de grands murs ou dans des zoos...

Non, ce n'est pas le nouveau programme d'un parti politique, ce sont des sujets présents dans ce recueil de nouvelles.

Les textes courts sont très bien écrit et c'est un vrai plaisir que de se plonger dans ce petit opus.

En tournant les pages, on est pris par le texte, on rit, mais surtout on réfléchit à l'absurdité de ces idées nauséabondes qui se répandent parfois dans les médias et dans la société.



Un grand merci à mon libraire de L'invité à lire (10e, Paris), d'avoir mis ce livre sur son comptoir.

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La Discrétion

La discrétion est un témoignage poignant racontant la vie de Yamina, algérienne qui va déménager en banlieue parisienne à Aubervilliers.

Nous suivons Yamina sur deux périodes, son enfance et sa vie adulte et nous découvrons par la même occasion les traditions en Algérie, le symbole de la famille, l'amitié, les traditions, la religion. J'ai beaucoup aimé ce récit et l'ai trouvé très touchant. Le fait de suivre Yamina à deux époques de sa vie nous fait nous attacher à ce personnage. Cette femme forte qui a vécu beaucoup, qui a un lien puissant avec sa famille et qui a su se servir de son passé pour apprécier la femme qu'elle est aujourd'hui. La plume de l'autrice est très belle, le récit se lit facilement il est très court mais laisse une trace dans le cœur de ses lecteurs. J'avais repéré ce livre dès sa sortie en grand format mais j'ai pu enfin le découvrir grâce à pocket et je ne le regrette absolument pas.
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La Discrétion

C'est doux. C'est tendre. C'est émouvant. C'est drôle aussi parfois. C'est piquant et fort intelligent. Faïza Guène signe ici un roman d'une remarquable finesse et d'une grande humanité. Et c'est elle que je retiens.



Il y a dans ses personnages une humilité, une générosité qui émeut. Il y a, chez eux, une blessure qui attendrit. Je les vois et je pense à tous mes voisins d'origine algérienne. C'est eux que je lis, que je vois et perçois à travers les mots de Faïza Guène. Et je m'interroge alors sur leurs histoires, sur leur propre discrétion. D'où viennent-ils exactement ? Qu'ont-ils vécu et connu? Pourquoi et comment sont-ils arrivés en France, pays colonisateur de l'Algérie ? Et comment vivent-ils en France avec ce lourd passé?



Faïza Guène ouvre légèrement la porte pour que l'on puisse voir un peu le coeur de ces visages voilés par la discrétion et la pudeur. Elle porte la lumière sur ces gens qui ont mille histoires à raconter mais personne pour les écouter. On ne les écoute pas, en effet. Alors ils se taisent, s'effacent, tentent de se faire oublier de ce mépris historique encore aujourd'hui affiché ; un mépris si ancré que les préjugés à l'origine du racisme continuent d'être véhiculés, faisant souffrir leurs enfants qui demandent simplement à être considérés en tant que Français.



Dans ce récit émouvant, je pose un bémol. Petit, tout petit. J'aurais aimé, apprécié que l'auteure aille moins vite dans son histoire. Il m'a semblé qu'elle était lancée dans un train à grande vitesse et que je n'avais pas le temps d'apprécier le paysage. J'aurais voulu passer plus de temps avec la famille de Yamina. J'aurais voulu siroter un peu.
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La Discrétion

Faïza Guene. Depuis longtemps, ses livres me faisaient de l’œil et d’ailleurs, quelques-uns attendaient depuis un moment dans ma bibliothèque, sur la pile des “ prochains à lire” que je me décide à en ouvrir un.

C’est enfin chose faite suite au conseil avisé de mon amie Astrid qui m’a chaudement recommandé celui-ci.

Et elle a bien fait car j’ai beaucoup aimé.



Faïza Guene nous embarque ici au côté d’une famille franco-algérienne que nous allons suivre depuis la fin des années 40 jusqu’à aujourd’hui.

Il s’agit de la famille Taleb, dont la mère, Yamina, est le personnage principal de ce livre.

Les autres personnages quant à eux, gravitent autour d’elle, comme les planètes autour du soleil.

Car Yamina est un soleil.

Elle s’efface quand elle le juge nécessaire pour réapparaître plus lumineuse. C’est une femme forte, une mère “kangourou “, elle couve, protège, materne notamment le petit dernier de 30 ans, Omar, a qui elle continue de préparer les céréales dans son bol du matin.

Yamina est née en Algérie en 1949 dans le petit village de Msirda Fouaga, à l’époque colonisé par les soldats français.

Elle est une enfant de la ferme et aidera ses parents au labeur jusqu’en 1981, l’année où son père décide de la marier à Brahim, de 10 ans son aîné et qu’elle ne connaît pas.

Mais par chance, Brahim est un homme tendre et réussi à faire naître de l’amour dans les yeux de Yamina.

Elle quitte alors son Algérie natale pour venir s’installer avec lui, en France oú il travaille ,dans le cadre du regroupement familial.

Ensemble, ils auront 4 enfants:

Imane, Omar, Malika et Hannah.



J’ai beaucoup aimé l’écriture de Faïza Guene.

Elle nous sert ici un joli roman sur l’exil, la double culture, la double identité, la descrimination, la difficulté à trouver sa place dans un pays où le terrorisme frappe depuis quelques années et dans lequel les musulmans pacifistes doivent sans cesse se justifier de ne pas adhérer aux mouvements extrémistes.

Yamina fait partie de ceux là. Elle veut se faire discrète, ne surtout pas faire de vague afin de se fondre dans la masse.

De ce fait, le titre de ce livre résume parfaitement bien l’état d’esprit de Yamina tout au long de sa vie.

J’ai beaucoup apprécié la construction de ce roman qui nous fait naviguer entre deux époques et nous projète dans divers lieux.

Et même si au début, j’ai eu le sentiment d’une construction un peu décousue, j’ai rapidement compris où voulait en venir l’auteur et je ne me suis jamais ennuyée.

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre et ce, de la première à la dernière page. Jusqu’au tout dernier chapitre qui vient clore ce roman par un épilogue chatoyant.

Vous l’avez compris, j’ai beaucoup aimé ce livre et c’est avec regret que j’ai dû quitter Yamina et sa famille.
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La Discrétion

Un roman bouleversant qui nous entraîne entre l’Algerie et La France ... une vie d’immigration comme aime les écrire Faiza Guene ... c’est un portrait de femme qui nous est dépeint: une femme de 70 ans en France qui tente de se faire oublier, tout en discrétion, toute en retenue ... Celle la même qui beaucoup plus jeune a agi, a rétorqué, a été quelqu’un d’autre ... et ses enfants le savent bien ... une belle écriture, qui résonne bien et qui nous laisse en pleine réflexion ... L.auteur est coutumière du fait ....à lire sans modération.
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La Discrétion

Il est parfois des livres qui viennent à vous sans que vous ne puissiez rien y faire...et tant mieux !

J'ai découvert Faïza Guène lors d'une émission de télé, la Grande Librairie pour ne pas la citer, et je me suis dit qu'il fallait que je lise cette autrice que je ne connaissais pas, et notamment Kiffe kiffe demain qu'elle a écrit à l'âge de dix-neuf ans. Une jeune femme née en banlieue, cette même banlieue d'où je viens également, et nous avons bien d'autres points communs... beaucoup de choses m'attirent chez cette femme.

Le week-end suivant, en séjour à Lille, mon mari découvre par hasard dans une boite à livres ce livre, la discrétion de Faïza Guène, et me le propose ... n'est-ce pas une drôle de coïncidence ?!



Et là, dès les premières pages je comprends que je vais aimer l'écriture de cette femme, que le sujet va me parler, me toucher, et parfois me faire grincer des dents, mais pour la bonne cause. Pour nous permettre de bien remettre les pendules à l'heure quand parfois elles se dérèglent. Et il en faut des Faïza Guène dans ce monde bourré d'intolérance !



Elle y raconte l'histoire de sa mère, Yamina, qui a dû faire preuve d'un sacré courage tout au long de sa vie pour faire face à toutes les épreuves qu'elle a rencontrées. Elle est née en Algérie, pays qu'elle a dans son coeur, et qu'elle a dû quitté contre son gré. C'est un très bel hommage à toutes les Yamina et à tous leurs enfants nés la-bas et ici !



Merci pour cette belle histoire ! J'ai très envie de lire tous les autres livres de l'autrice !
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Un homme, ça ne pleure pas

Ce livre est l’histoire de deux sœurs et un frère, Dounia, Mina et Mourad, de leur mère et de leur père, surnommé le padre. Précision liminaire importante parce que la quatrième de couverture insinue que le personnage principal est Mourad, ce qui est discutable. Dounia et le padre sont aussi importants.

Toujours en rapport avec cette présentation contestable (Faïza Guène a-t-il eu son mot à dire ?), une autre remarque est indispensable : ce livre est plein d’humour mais pas seulement. La tendresse est aussi une donnée essentielle de cet ouvrage dans la droite ligne des Ritals de Cavanna. Un simple coup d’œil aux nombreuses citations relevées par les babéliotes vous permettra de vérifier par vous-mêmes. Et puis, même si le livre a près de 10 ans, les réflexions sur le voile, sur la double culture, sur « c’est quoi être intégré, c’est quoi être assimilé ? » sont posées avec intelligence, avec mesure.

Déformation professionnelle oblige, les passages où Mourad découvre les arcanes de son métier de professeur certifié dans un collège du 93 m’ont permis de me fendre la poire. J’ai moins apprécié certains personnages secondaires trop « cliché » : la bimbo de l’avion, le cousin gigolo ou le ministre bobo.

J’attendais gentiment la fin en redoutant de finir par m’ennuyer des aventures de cette famille et puis, la fin, mes amis. Splendide, puissante, inoubliable… Je le jure sur la tête de Sim, Oualaradime !

J’ai beaucoup d’affection pour ce récit parce qu’il est un hommage pudique à des gens qui ont décidé un jour de quitter leur pays pour gagner leur vie, ou pour étudier, ou par amour, ou par curiosité. Ils sont restés, ont eu des enfants, des petits-enfants qui ressemblent à certains de mes amis, à beaucoup de mes anciens élèves, à certains de mes anciens collègues..

Si la France est aussi belle, elle ne le doit pas seulement à ses racines judéo-chrétiennes mais à ses influences multiples, qui depuis toujours, l’ont façonnée. Que demain, peut-être, elle puisse être dirigée par un parti qui a toujours vomi l’altérité, continue d’alimenter mes cauchemars. Hors-sujet ? Non ! Je ne crois pas. Ou du moins j’assume complètement mon universalisme.

En tout cas, ce livre m’a rappelé les très beaux mots de Roman Kacew, dit Romain Gary, dit Emile Ajar : « « Je n'ai pas une goutte de sang français mais la France coule dans mes veines…» 
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Les gens du Balto

Joigny-Les-deux-Bouts, c'est:

Un café tabac tenu par Joël

Des familles fréquentant le bar, ou pas

Des ados lycéens ou pas, mais à la recherche de leurs rêves

Yéva, Jacquot, Yeznig, Tanièl, Ali, Magalie...

Tous gravitent autour du Balto, de près ou de loin.

Mais un beau jour, ou plutôt une sale journée, Joël est retrouvé baignant dans le sang, mort.

Un drame? Faïza Guene met en scène tour à tour des personnages vivants, forts en gueule, bien campés avant de ne révéler la vérité qu'en toutes dernières pages.

Un roman dont toutes les images demanderaient à être filmées.

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La Discrétion

Ma note est peut-être un peu sévère; j'ai pourtant aimé cette Yamina, la discrète, celle dont la colère n'explose pas. Sa vie difficile: la guerre, les privations et l'exil et son combat pour que ses enfants ne manquent de rien.

J'ai aimé Omar et le Lutétia (le hasard veut que mon repas de noces se soit fait là car en août, ma belle-mère n'a rien trouvé d'autre) J'ai aimé chacun des personnages avec leur psychologie sensible.

Alors? Je crois que je suis toujours dérangée quand il faut s'accrocher aux dates de début de chapitres pour s'y retrouver. Là, en plus des dates, il y a la diversité des lieux.
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La Discrétion

Yamina a 70 ans . Elle vit dans une HLM de banlieue avec son mari Brahim et ses quatre enfants: 3 filles, et 1 fils, sa fierté ( " Il n'a jamais été en garde à vue!").

Elle se souvient de sa vie en Algérie, de son exil pour rejoindre son époux, elle se veut discrète, ne veut pas se faire remarquer.

C'est un beau récit emprunt de douceur malgré les évocations terrifiantes de la cruauté des hommes lors de la guerre.

L'écriture de Faïza Guène est simple, précise, avec de nombreuses allusions aux objets, au prix des choses. Car l'argent ne coule pas à flot dans cette famille et l'auteure ne juge pas, mais analyse avec beaucoup de pudeur la difficulté d'être en exil.

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Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain est un petit roman qui se lit d'une traite. Son rythme est vif, tonique à la manière de notre héroïne Doria 15 ans, qui grandit comme elle peut, depuis que son père est parti la laissant avec une mère humiliée et désormais seule.

Le roman est découpé en une multitude de séquences de vie, pas forcément liées entre elles, mais qui permettent de voir progresser Doria, dans sa vie de galère.



Doria est triste, voit tout en noir, ne se projette pas dans la vie; elle n'en a pas envie, elle est en colère après son père, après cette vie pleine d'injustices.

Sera t'elle capable de saisir les mains tendues? Pourra t'elle accepter de l'aide?



Le récit est enlevé avec des rebondissements. J'ai beaucoup aimé la manière dont Doria raconte ce qu'elle voit et comment elle s'exprime. Son jugement est plein de justesse.

C'est un beau coup de projecteur sur une jeune fille de banlieue, sa vie, ses espoirs et ses difficultés.
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Un homme, ça ne pleure pas

A Nice, où il vit avec ses parents, Mourad Chennoun apprend la vie et découvre le monde dans une famille algérienne aux parents qui confinent à la caricature, mais tellement attachants qu’on a envie de les connaître. Son père est cordonnier. Bien qu’il ne sache ni lire ni écrire il s’intéresse à la vie, aux nouvelles du pays, demandant à son fils de lui faire la lecture avec « l’accent d’un journaliste », lui qui porte au revers de sa poche de chemise des stylos Bic avec capuchon, pour faire sérieux, comme il l’a vu faire par son médecin. Et surtout celui qui dit à son fils que « un homme ça ne pleure pas » ! Sa mère, débordant d’amour pour ses enfants, envahissante, aucune fille ne sera assez bien pour son fils, aucun avenir pour ses filles en dehors d’un bon mariage, aucun petit plat mieux fait que par ses soins, elle qui est capable de remplir la valise de son fils de nourriture, même lorsqu’il partira pour Paris. Ses sœurs, Dounia, rebelle, elle a soif de liberté, de s’instruire, et de pouvoir décider de sa vie sans rentrer dans le cadre que lui a dessiné sa mère, mari, enfants, cuisine. Ses conflits avec les parents lui feront quitter définitivement le domicile. Sans espoir de retour. Enfin il y a Mina, la plus jeune sœur, celle qui reste près des parents, femme au foyer, mère raisonnable, proche de sa mère tyrannique et aimante.

Mourad a soif aussi de vivre, même si l’idée de se retrouver loin est terriblement stressante. Ses études lui permettent de partir sans que la rupture soit définitive, bien au contraire puisqu’il est l’homme de la famille, celui qui porte tous les espoirs. Il va alors découvrir la liberté en même temps que la tyrannie de sa mère, qui menace de mourir s’il ne lui téléphone pas chaque jour. Ah, ces parents envahissants qui ne comprennent pas que leur enfants sont étouffés par ces débordements d’amour, que d’ailleurs ils ne seront ni capables ni enclins à rendre, alors que bien souvent les parents attendent tellement en retour.

C’est alors pour Mourad la découverte de la vie à Paris, des écoles en zone difficile, des relations parents profs, et entre collègues, des retrouvailles inattendues avec un cousin éloigné qui s’en sort plutôt bien. C’est un nouveau monde qui s’ouvre, et Mourad n’a plus vraiment envie de revenir. Mais quand le « padre » tombe malade, tous les murs infranchissables qui avaient été élevés pour renier Doumia vont tomber. Mourad sera là pour la famille, celle qui envahi, celle qui aime, celle qui protège, celle qui pardonne. Les personnages sont presque tous caricaturaux, mais pourtant tous terriblement attachants !

J’ai vraiment adoré ce roman, rempli d’humour, de tendresse bourrue, de clichés sans doute, mais tellement fin, agréable à lire, débordant d’optimiste même lorsqu’il aborde la maladie. C’est un régal de lecture à savourer intensément.

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La Discrétion

Un roman d’une grande sobriété et d’une grande humilité sur une famille française dont les parents sont des immigrés algériens. Toutes les thématiques associées sont traitées de façon assez subtile, sans lourdeur, chaque personnage des frère et sœurs permettant une personnalité et une problématique, de même que le passé des parents et de leur famille.

Pour moi, ce roman a valeur de témoignage historique autant que sociétal, sur une famille d’immigrés algériens, sur les enfants d’immigrés (l’écartèlement entre deux cultures, entre deux pays), sur la société française (actuelle et passée), sur les valeurs et la construction d’une famille.

Je l’ai trouvé touchant et juste.
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Un homme, ça ne pleure pas

L'écriture de Faïza Guène est vive et enjouée, ça fait un livre sympathique. Malheureusement, pour moi l'histoire de cette famille algérienne en France avec l'amour d'une mère qui fait des dégâts vire au catalogue de personnages et situations stéréotypés, certes "sociologiquement réalistes" mais juste effleurés. D'après la 4e de couverture, pour François Busnel ce roman en dit beaucoup sur la vie. Pour moi, ça manque des nuances qui en font toute la profondeur, j'aurais aimé que le roman aille plus fouiller les cœurs...
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Un homme, ça ne pleure pas

Roman découvert dans la petite – mais bien fournie – bibliothèque de notre hôte à La Réunion. Mourad, le narrateur, grandit à Nice, dans une famille d’origine algérienne. Il est le benjamin d’une fratrie de trois qu’il compose avec Mina et Dounia. Une mère exagérément aimante et envahissante (les manifestations de cette affection sont particulièrement savoureuses mais légèrement oppressantes aussi), un père discret et bienveillant : la famille vit un quotidien apaisé jusqu’à ce que Dounia entre en adolescence et, par là-même occasion, en crise. Elle rejette progressivement les valeurs et les traditions de ses parents qui assistent, impuissants, à un éloignement qui finira par une rupture et un départ brutal du foyer, alors que la jeune femme a réussi le barreau

Alors que Mina se marie et trouve un emploi, Mourad, lui, trouve refuge dans la littérature et les études et obtient le Capes : c’est le départ pour un premier poste d’enseignant de français en banlieue parisienne.

L’auteur aborde de façon intéressante le thème de l’identité, de sa construction, de l’attachement aux racines et aux valeurs familiales. Faïza Guène met en scène des personnages qui font des choix différents, qui essaient d’exister, de cheminer, pris entre des modèles qui s’articulent parfois dans la douleur. L’acculturation ne se fait pas sans perte, sans souffrance. Elle semble un pari impossible pour la plupart des protagonistes qui se débattent au quotidien, quel que soit leur positionnement.

Le roman n’est pas sans parti pris, ce qui conduit parfois à « charger » certains personnages ou à caricaturer certaines situations. A part cette petite réserve, on sourit souvent, on est ému quelquefois et on se prend d’affection pour cette famille, on suit avec un certain plaisir l’entrée de Mourad dans sa vie d’adulte, puis de son métier d’enseignant.

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