AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de George Steiner (235)


Ma propre conscience se sent envahie par les vagues de barbarie qui s'étendent sur l'Europe moderne ; par les massacres de millions de Juifs et par la destruction, sous l'égide du nazisme et du stalinisme, de ce que j'ai tenté de définir dans quelques-uns de ces essais comme le génie propre à "l'humanisme du centre européen". Au nom de cette abomination, je ne réclame aucun privilège particulier, mais c'est cette crise de l'espérance humaine et rationnelle qui a façonné ma propre vie et qui me concerne de la façon la plus directe.
Sa noirceur ne nous vient pas du désert de Gobi ou des forêts pluvieuses de l'Amazonie. Elle monte de l'intérieur et du plus profond de la civilisation européenne.
Commenter  J’apprécie          30
- DEBOUT ET MARCHE. J’ai un mandat d’arrêt. Né le 20 avril 1889. Au nom de l’humanité. Pour les crimes ici dénoncés. A la face de Dieu. DEBOUT. Nous partons. Nous partons sur-le-champ. Pour vous rendre au monde, Herr Hitler.
Commenter  J’apprécie          30
Le langage essentiel du poème, du morceau de musique, du tableau et de la sculpture est le langage de la survie. (p.72)
Commenter  J’apprécie          30
Les grandes oeuvres d'art nous traversent comme un vent de tempête, elles ouvrent d'un coup les portes de la perception, se ruent de toutes leurs forces sur l'édifice de nos croyances. Nous cherchons à stabiliser l'effet du choc, à mettre dans son ordre nouveau notre maison ébranlée. Quelque primordial instinct de communion nous pousse à révéler aux autres la qualité et la force de notre expérience. Nous voudrions les persuader de s'y ouvrir à leur tour.
Commenter  J’apprécie          20
George Steiner
Aucun système n'a de contrat avec l'éternel.

Magazine littéraire, 2004
Commenter  J’apprécie          20
Que la sémantique de la “trahison” et celle de la “traduction” ne soient pas totalement éloignées de celle de la “tradition” n’est sans doute pas un hasard. Ces vibrations de sens et d’intention sont à leur tour à l’œuvre au cœur du concept, lui-même constamment provocant, de “traduction” (translatio).
Commenter  J’apprécie          20
La "profession" du "professeur" - mot lui-même un peu opaque - recouvre toutes les nuances concevables, du gagne-pain routinier et désenchanté au sentiment exalté de sa vocation. Elle comprend maintes typologies, du pédagogue qui détruit l'âme au maître charismatique.
Commenter  J’apprécie          20
On estime que quelque quatre-vingt pour cent d'adolescents américains sont incapables de lire sans un accompagnement musical en arrière fond, la place de la lecture dans la civilisation européenne est appelée à diminuer .
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui rend subversive toute grande littérature, c'est celle qui dit non à la barbarie, à la stupidité a cette éthique capitaliste, dégradée, de consommation de masse, qui dévalorise notre travail et nos vies, cela a toujours poussé en réaction sur le terreau de la censure et de l'oppression.
.
Commenter  J’apprécie          20
Il y a cependant des exécutions plus lentes et moins flamboyantes. La censure est aussi vieille et omniprésente que l'écriture elle-même.
Commenter  J’apprécie          20
Jonas peut-il nous procurer autre chose que du plaisir ? Du plaisir à cause de son humour - qui ne surabonde pas dans la Bible hébraïque -, de sa finesse psychologique, de la richesse de sa "fabuleuse" brièveté (une étude monographique des premières interprétations médiévales de Jonas couvre deux forts volumes). Il s'agit moins de prophétie à proprement parler, que de légende d'un prophète. Dans cette légende, on retrouve les éléments d'un Midrach, d'un commentaire de textes bibliques antérieurs tirés de l'Exode, des Nombres et d'Ezéchiel. Les questions abordées sont des plus graves : la miséricorde doit-elle triompher de la justice ? Dieu, en un sens, peut-il se repentir d'une décision antérieure, donc éternelle ? Son ordonnance de rétribution et de pardon peut-elle s'étendre, au-delà d'Israël, jusqu'à Ninive ? Mais, d'un ton railleur et sans détours, un maître de la narration et du dialogue pose ces énigmes théologiques, juridiques et éthiques dans un cadre où alternent terreur et ironie joyeuse.

(p.107)
Commenter  J’apprécie          20
Trois très grands moments dans la littérature : le moment grec avec Homère, le moment Shakespearien et le moment russe
Commenter  J’apprécie          20
Un ouvrage très intéressant sur la transmission du maître à l'élève. Il souligne l'importance du savoir et met en valeur toute la sensibilité, toute l'intelligence, toute la passion nécessaires au sachant pour transmettre un savoir vers des apprenants en particulier lorsque ceux-ci ne sont pas forcément dans des conditions favorables sur le plan de l'environnement et de la réceptivité.
Il s'agit, dans cet ouvrage très court, d'un dialogue entre deux "sachant". Dialogue riche, aux termes choisis, empreint de la passion de l'Autre, persuadé du potentiel de création de chacun pour peu que l'enseignant sache faire raisonner le savoir à transmettre. Très loin du nivellement par le bas que connaissent nos établissements d'enseignement depuis 1968. Immanence d'un savoir qu'il appartient à l'humanité de savoir conserver à travers le temps et de léguer aux générations présentes et futures.
Bien que reposant sur un style fluide, cet ouvrage de par la nature de son propos et la qualité de ses démonstrations reste réservé à un public averti. Initié.
Commenter  J’apprécie          20
Notre métier d’enseignant , quel qu’en soit le niveau peut être épuisant , décevant . Il peut donner une terrible aigreur , mais il y a une récompense suprême , qui est de rencontrer l’élève beaucoup plus doué que soi - même , qui va avancer bien au - delà de soi - même , qui va peut - être créer l’œuvre qu’un prochain enseignant va enseigner .
Commenter  J’apprécie          20
Le déclin catastrophique du «par cœur» dans notre système d’éducation moderne, ses conséquences chez les adultes, sont un des symptômes déterminants, encore que mal élucidés, d’une après-culture.
Commenter  J’apprécie          20
Mais le mystère fait peur. Pour le conjurer, notre époque a cru trouver une parade : il suffit que la critique humilie le texte, que le commentaire le réduise à un pré-texte.
Commenter  J’apprécie          20
Il y a une ignorance d'Antigone qui est à la fois philosophique, philologique,critique et historique . le fait est d'autant plus grave qu'en littérature Antigone est devenue impénitente bavarde . D'Eschyle et Sophocle à Anouilh et Cocteau, en passant par Garnier, Racine, Alfieri ,Marmontel, Hegel, Hölderlin, on ne compte plus les restitutions, les adaptations ou les interprétations .On ne doit plus parler d'Antigone mais desAntigones .
Née des oeuvres incestueuses d'Oedipe et de Jocaste, Antigone bravera les ordres de Créon pour inhumer son frère, Polynice . Elle sera enterrée vive .Pamphlet contre la loi humaine et pour la loi divine ou, au contraire, apologie de la raison d'Etat, les générations se sont succédé, incapables de trancher . Au fil des pages, l'on découvre, cependant, que la loi divine invoquée par Antigone --- enterrer les morts--- n'est pas moins humaine, et que défendre l'Etat est aussi une loi divine, tandis que la pièce met aussi en scène l'affrontement de deux amours : celui d'une soeur pour son frère et celui d'un homme pour la cité et son pouvoir .Les hésitations du choeur sont là pour souligner les incertitudes ou les ambiguïtés du devoir que dictent l'amour et le droit .
L'enjeu philologique se double d'un enjeu politique qui ressort très clairement des analyses de Döblin ou de Ch.Maurras . Cette pluralité des sens et cette irréductibilité des interprétations, suggère l'auteur de "La Culture contre l'homme", sont partie intégrante de la culture occidentale . Le conflit Antigone-Créon est désormais, semble-t-il, une dimension "a priori" de la conscience intellectuelle et politique de nos démocraties . Comment expliquer autrement que ces légendes grecques antiques continuent à inspirer et à déterminer tant de nos réflexes culturels les plus fondamentaux ?
Dans cet essai, que l'auteur lui-même considère comme un exercice de poétique et de philosophie de la lecture,George Steiner apporte ainsi un commencement de réponse à l'injonction nietzschéenne :
SAVOIR NUIRE A LA SOTTISE .

Quatrième de couverture .
Commenter  J’apprécie          20
Ce serait une école où l’enfant aurait le droit de commettre cette grande erreur qu’est l’espoir. Notre métier d’enseignant, quel qu’en soit le niveau, peut être épuisant, décevant. Il peut donner une terrible aigreur, mais il y a une récompense suprême, qui est de rencontrer l’élève beaucoup plus doué que soi-même, qui va avancer bien au-delà de soi-même, qui va peut-être créer l’œuvre qu’un prochain enseignant va enseigner. Ça m’est arrivé quatre fois dans ma vie.
C’est une vocation absolue d’être professeur. Il ne faut jamais oublier que j’appartiens à un passé, à une culture où le mot rabbin, rabonim, ne veut pas dire «prêtre» ou «homme sacré ».
C’est le mot le plus modeste pour dire « professeur ». Un rabonim, c’est tout simplement un professeur, et c’est peut-être la profession la plus orgueilleuse et, en même temps, la plus humble qui soit.
Commenter  J’apprécie          20
... explorer le problème central du judaïsme de Simone Weil et son rejet du judaïsme... A bien des égards, le problème est éminemment déplaisant, voire repoussant. Il faudrait la pénétration psychologique d'un Dostoïevski et la caritas d'un saint pour considérer équitablement un être humain qui, à l'heure où son peuple était voué à une extinction bestiale, refusa le baptême parce que "le catholicisme romain était encore trop juif". Ou dont les méditations prolixes sur la crise de la culture européenne et les programmes nécessaires à sa résurrection n'avaient rien à dire, pour autant que je sache, sur l'Holocauste en cours. A-t-on jamais vu penseur et philosophe de l'amour, à des profondeurs souvent saisissantes et séminales, plus dénué d'amour ?

"Sainte Simone : Simone Weil", p. 121.
Commenter  J’apprécie          20
On ne se moquera pas impunément de l'hypothèse de Dieu.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de George Steiner (445)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz qui n'est pas littéraire

Parmi ces trois métaux, lequel se trouve à l’état liquide dans les conditions ambiantes ?

le manganèse
le mercure
le béryllium

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}