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Critiques de Georges Perros (31)
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Une vie ordinaire

Pas encore de critique ici pour ce « roman poème » dont « la préface est à l'intérieur » et qui, bien qu'édité chez Gallimard, rend un drôle d'hommage à Larousse (p. 171). En effet c'est un livre qu'on lit et relit comme des tranches de vie entre deux lichettes de pain.

Dans son avant-propos, Lorand Gaspard, qui a connu personnellement le poète (quelle chance d'en avoir été l'ami !), reprend un extrait de correspondance (tracée au crayon ?) par Georges Perros : « Je voudrais que ce soit la bonté la poésie. J'ai bonne mine ». Et solide, en couleur et bien taillée, ajouterais-je.
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Oeuvres

FAIRE OEUVRE DANS L'IMPOSSIBILITÉ D'UNE OEUVRE.



Impossible, en quelques lignes bien maladroites, de résumer les seize cents page de cette "somme" nullement assommante et qui permettra au lecteur attentif, souvent passionné, de découvrir ou de redécouvrir cette parole ouverte et offerte, une parole sans tricherie ni faux-semblants, rugueuse parfois, tendre souvent, sans concession assurément !



Que l'on apprécie ces poèmes au rythme chaloupé, d'une construction d'apparence simple, empruntant bien souvent l'octosyllabe, immédiatement lisible, si proche de la crudité d'une existence simple et de la vérité musicale des mots ; qu'on leur préfère ces déroutants mais tellement insinuants Papiers Collés, emprunts d'une pensée du renoncement volontaire, de la difficulté d'écrire malgré l'impossibilité de faire autrement, rédigés au hasard des impressions, des ressentis, de l'urgence au cours d'une vie quasi monacale, cette réclusion recherchée au bout du bout de l'ouest, dans cette petite ville de pêche qu'est Douarnenez ; que l'on cherche une pensée complice, stimulante mais à l'écart de toutes les modes, de toutes les facilités du temps à travers la lecture de ses notes ; que l'on savoure la pertinence des analyses de fin et infatigable grand lecteur qu'il était : on appréciera particulièrement les lignes consacrées à ses maîtres, Jean Grenier, Brice Parain, Jean Paulhan. N'oublions pas le philosophe danois Sören Kierkegaard, le poète et écrivain Paul Valéry, ou encore Jean-Paul Sartre qu'il préférait à Albert Camus. Impossible enfin de citer les innombrables amis écrivains que sa plume précise savait si bien disséquer ; quelle que soit la nature de ses propres préférences, il y a toujours quelque chose à trouver, à recevoir des réflexions, pensées, étincelles rédigées au siècle dernier par cet «homme de parole(s)» ainsi que le surnomme Thierry Gillyboeuf en intitulé de son avant-lire.



Après une longue et belle introduction de Thierry Gillyboeuf, dont il faut ici admirer le travail patient, acharné, méticuleux, pour ainsi dire amoureux et bien certainement passionné - Thierry Gillyboeuf a déjà préfacé plusieurs inédits ou rééditions d'oeuvres, de poèmes et de correspondances du finistérien d'adoption, ainsi qu'une très convaincante monographie aux éditions La Part Commune, sobrement titrée "Georges Perros" -, suit une copieuse bio-bibliographie intelligemment et agréablement illustrée de documents, photographies, annotations diverses. Enfin, le corps de l'ouvrage donne ou redonne à découvrir les textes de Perros, in extenso et par date de publication en revue, en volume ou dans des carnets et cahiers retrouvés et patiemment décryptés par Thierry Gillyboeuf. On y trouvera aussi retranscrites les interventions radiophoniques et autres entretiens de l'auteur des Papiers Collés. Quelques textes non-datés ainsi que des inédits retrouvés tandis que l'ouvrage était déjà presque composé achèvent ce corpus.

On retrouvera enfin un index de personnes et revues citées ainsi qu'une bibliographie complète en annexe.



Voici, pour achever cette inachevable présentation de cette manière de non-oeuvre polymorphe et foisonnante, tellement éloignée, en intention, en réalisation comme en destinée de ce que devient trop souvent la norme en "littérature", ce que Perros voyait venir, où ces textes sont alors d'autant plus importants à lire ou à relire qu'ils peuvent sans doute aucun accompagner toute une vie de lecture et de lecteur, voici, annoncions-nous, les premiers mots de cette savante, cette nourrissante introduction de Thierry Gillyboeuf, qui feront ainsi office de conclusion à la présente présentation générale, maladroite et tellement incomplète :



«Je me suis fait un non» : plus qu'un renoncement, cette phrase dont Perros aurait pu faire sa devise tant elle a servi de colonne vertébrale à sa vie comme à son oeuvre, exprime une cohérence. Il y a chez lui une esthétique du refus, qu semble remonter à son étonnement originel d'être là. Car il fût très tôt hanté par un taciturne goût de vivre, par ce que Miguel de Unamuno appelait "le sentiment tragique de la vie", formule qui résumait, pour Jean Grenier, la condition humaine. Perros n'a cessé d'écrire sa difficulté d'écrire, son impuissance face au roman ou au théâtre, la simplicité pauvre de ses poèmes, la légèreté gratuite de ses notes griffonnées dans ses carnets sous le coup d'une idée qui, tel un poisson, traverse les eaux vives de la pensée avant de disparaître. de ces notes, de ses poèmes, de quelques articles ou préfaces de commande, il ne cherchera pas à composer une oeuvre. il fuit, se déporte pour ne pas totalement se déserter, lui qui se dit «pris dans une fente de liberté exacerbée.»



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La suite - et quelle ! - est a découvrir dans ce dernier envoi de cette belle, indispensable collection Quarto aux éditions Gallimard. Un ouvrage qui fera assurément date, tant par le sérieux de sa composition que par l'incroyable densité de la parole perrossienne. Da viken !*







* Pour toujours, en breton.
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Correspondance (1946-1978) : Georges Perros..

Une correspondance inscrite depuis un long moment dans mon interminable liste de « textes à découvrir ». J’ai enfin eu l’opportunité de savourer ces lettres entre Georges Perros et son grand ami, Gérard Philippe, puis après sa disparition, avec son épouse, Anne Philippe. Ouvrage que j’ai emprunté à ma médiathèque. J’en profite pour saluer et exprimer toute ma reconnaissance aux éditions Finitude, pour la qualité de leurs publications ; Un catalogue qui regorge de trésors et d’inédits.



Une correspondance bouleversante où on perçoit si fort à la fois, la peine de l’Ami et le chagrin infini de l’épouse, Anne Philippe ; la continuité de leur amitié et de leur correspondance les aidera , l’un et l’autre, d’une certaine façon à « supporter l’insupportable », en nommant « l’Absent », et en évoquant les moments, souvenirs heureux vécus tous ensemble…



Cette correspondance, en sus de cette très belle histoire d’amitié, qui se poursuit au fil du temps. [Anne Philippe aidera, soutiendra du mieux possible Georges Perros, lorsqu’il sera gravement malade (cancer de la gorge) et ceci jusqu’à la fin…] m’a fait découvrir un peu de la personnalité et de l’œuvre de Georges Perros, pour laquelle j’ai, cette fois, une furieuse impatience à lire sa prose et ses aphorismes…Un style, une poésie incisive se dévoilent déjà abondamment dans ces lettres. Un poète-écrivain singulier, hors de toutes les modes.



« [13 mai 1960] Cher Georges,

(...)

J'ai lu votre livre [ à propos de "Papiers collés] le jour même où je l'ai reçu. Il m'était familier, tout à fait familier.

J'aime vos aphorismes qui vont à l'essentiel. Ils atteignent souvent- pour moi il en est qui me touchent plus que d'autres-le coeur ou l'esprit comme un petit poignard cruel ou tendre, ou simplement vrai. (p.87) »



Cette correspondance, 125 lettres inédites sont accompagnées de photos de famille, est présentée par Jérôme Garcin (époux d’Anne-Marie Philippe)



Une lecture sensationnelle qui nous fait croiser trois destins uniques : ceux de Gérard Philippe, de Georges Perros et d’Anne Philippe, sans oublier la fille , Anne-Marie Philippe, comédienne, qui a choisi le chemin paternel. Au fil de certaines lettres d’Anne Philippe, nous prenons connaissance de son travail d’éditrice chez Julliard, sa découverte enthousiaste de Pierrette Fleutiaux, mais également de son difficile travail personnel d’écriture, pour lequel elle exprime de fréquents doutes.



« Dimanche 17 octobre 1976- Cher Georges, (…)

Je suis abrutie de lecture de manuscrits, aussi médiocres que ceux que vous lisiez pour Vilar. Et toujours l’espoir, la carotte. Ce qui est terrible c’est quand on se trouve devant la personne-ce qui m’arrive le plus souvent, on veut me voir, m’expliquer et je ne me sens pas le droit de refuser : j’ai lu, c’est mauvais, je suis désarmée car chaque manuscrit-sauf s’il vient d’un fumiste-représente tant de travail, d’espoir, un tel désir-besoin de communication » (p.127)

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Je suis toujours ce que je vais devenir

Commande Librairie Périple2- Boulogne- octobre 2022- Relecture -26 mars 2024



Petit trésor pour faire connaissance avec la personnalité de ce poète si discret et atypique, G.Perros...



Un écrivain- poète que je souhaite lire depuis bien longtemps, dont ses fameux " Papiers collés" que plusieurs amis- grands lecteurs m'ont conseillé à plusieurs reprises.



Par un heureux hasard, j'ai pris connaissance de cette publication, réédition d'un ouvrage qui fut publié la première fois, en 1983, immortalisant un entretien réalisé avec Michel Kerninon, en mai 1973 à Douarnenez.(** mort de Georges Perros, en janvier 1978)



Les éditions Dialogues nous offrent une réédition très attractive "esthétiquement", petit format rectangulaire, texte très aéré, avec de larges marges et surtout accompagné des belles illustrations de Georges Perros...



L'écrivain nous parle de la vie, de son enfance, de son amour pour la Bretagne, de son plaisir de partager des moments de complicité avec ses amis pêcheurs et autres, de son besoin d'écrire...de son refus de cases et de rails définis...



Ce qui frappe dans ces échanges c'est la modestie extrême de Perros, son refus de toute gloriole, sa bienveillance et son goût des autres...avec, en plus une malice, un humour irrésistibles !



Un poète- peintre de talent , soucieux des autres, mais se refusant à toute classification ou volonté de changer " autrui" !



J'achève par extrait qui explicite bien son goût pour la Liberté: la sienne et celle des autres !



"Tout de même, on vient vous voir, vous êtes connu, on vous écoute, on vous lit même, c'est une manière d'être très présent...



Quand on est dans le lieu social absolument nul dans lequel je suis...Mais puisque je suis content comme ça, qu'est-ce que vous voulez ?

Faut pas l'oublier.C'est une espèce de sensibilité à l'autre quand même assez importante et qui peut être jugée un peu romantique, mais je connais assez de pêcheurs ici pour savoir qu'entre une condition sociale plus assurée,c'est-à-dire plus privilégiée, et leur vie qui est d'aller en mer, ils choisissent la mer, à tous les coups.Ça, c'est la société, elle est pas facile à manier.On ne peut pas enlever aux hommes le goût d'exister.On à tendance à l'oublier.C'est pour ça que je n'aime pas la sociologie et ces trucs, parce qu'on voudrait que les gens soient heureux mais pas toujours comme ils souhaitent de l'être. C'est un problème insoluble."



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Poèmes bleus

Dans les Poèmes bleus, comme dans l'essentiel de son oeuvre, Georges Perros se révèle de manière très singulière, dans une écriture tout à fait à part.



Comédien durant quelques années à la Comédie-Française puis au Théâtre National Populaire avec Jean Vilar, il est plus tard rédacteur à la Nrf. C'est fin 1958 qu'il décide, avec épouse et enfants, de quitter Paris pour s'installer dans une région qu'il affectionne particulièrement : la Bretagne. Ce sera le Finistère et Douarnenez. Cette région qu'il connaît depuis son enfance lui est précieuse (il changera son nom de Georges Poulot en Georges Perros, en souvenir de Perros-Guirec, endroit où il venait souvent en vacances enfant). C'est sur cette terre d'adoption qu'il décide de se consacrer à l'écriture. En 1962, paraissent les Poèmes bleus.



"[...] J'allais une fois encore vers cette Bretagne

Qui m'a très jeune fasciné

Qui m'est aimant quand j'en suis loin

Qui m'est douleur quand de trop près

j'en subis la loi inflexible

de pierres de ciels d'horizons […]"



Dans la poésie de Georges Perros, il n'y a pas de quatrains, pas de sonnets, d'alexandrins, de rimes, pas d'abstraction, de travail sur la sonorité des mots, pas d'incantation,… Dans de longs poèmes, comme saisies dans l'instant, l'auteur rend compte de choses vécues, livre les impressions qui sont nées d'elles.

On y trouve beaucoup d'attachement, de tendresse portés à la nature, à l'océan, aux paysages bretons, aux habitants de Douarnenez mais aussi un certain désenchantement, un sentiment assez indéfinissable de ne pas être assez, de ne pas posséder assez de vie, comme si l'auteur se trouvait en bordure des choses, à l'extrême limite de son expression.



Georges Perros écrivait que " le poète est un homme qui nous donne envie d'aller vivre chez lui, mais chez lui n'est nulle part ". Ce propos résume assez cette proximité, cette affinité ,que l'on peut éprouver en lisant Perros mais aussi une fragilité, un sentiment d'éloignement. Une subversion tente de se faire entendre, mais elle reste suggérée, mesurée, comme dans un acte désespéré.



L'oeuvre de Perros n'a d'autre ambition que de rendre compte de l'instant, de n'être qu'une accumulation de riens, de choses très ordinaires : " On n'écrit que ce qu'on peut, le reste étant, très exactement, littérature ". Il y a chez Georges Perros, une simplicité, une manière de se tenir en retrait du temps qui touche au coeur.
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J'habite près de mon silence

Publié en 2006 aux Éditions Finitude, J'habite près de mon silence, est un court recueil regroupant des poèmes qui ont été publiés dans diverses revues (la plupart dans le Cahier des chemins, publication de Gallimard aujourd'hui disparue) ou autres (programme de…la Fête des mouettes de Douarnenez), ou extraits de correspondance (avec Michel Butor notamment).



Dans ce recueil, je retrouve avec plaisir l'écriture de Georges Perros, un style qui m'avait beaucoup plu dans les Poèmes bleus, dans La vie ordinaire ou encore dans Papiers collés, ses oeuvres les plus connues.



L'attachement à la Bretagne, aux marins, au visage de la femme, cette belle inconnue,… Il y a toujours cette impression très personnelle chez Perros d'être au bord de quelque part et au bord de nulle part, d'approcher quelque chose de particulier qui finalement se dérobe, disparaît, comme un désir qui s'en va dès qu'on avance la main pour le toucher.

Seul moyen pour retenir ce désir, ce rêve prêt de s'évanouir : l'écriture.







« Pour remplacer tous les amours

Que je n'aurai jamais

Et ceux que je pourrais avoir

J'écris

Pour endiguer le flux reflux

D'un temps que sillonne l'absence

Et que mon corps ne peut tromper

J'écris

Pour graver en mémoire courte

Ce que fait mes jours et nuits »

Rêve réel, rêve rêvé

J'écris… »







Fragmentaires, ses écrits conservent une démarche, une cohérence dans le style, dans la manière aussi de s'emparer de la vie ordinaire pour en restituer la part secrète et prégnante. Georges Perros n'a rien d'un moraliste maîtrisant l'aphorisme et le discours édifiant, il est un libre poète (pour ne pas dire penseur) sensible, fraternel, ironique, quelque peu désenchanté par l'époque mais toujours occupé par le temps qu'il reste à vivre… et à écrire.





« Je ne suis pas Robert Desnos

ni vous Stéphane Mallarmé

mais en moi l'hiver boit l'été

mais je sens l'os jouer avec l'os.

Il m'arrive d'avoir envie

de chanter de dire à l'oiseau

que je suis comme lui, trop tôt

trop tard né dans l'humble euphorie.

Alors j'écris sur ce papier

ces choses que j'envoie aux hommes

je me dis: flamme sans pitié

va prends mon corps pour une gomme

où t'effacer où te détruire

je finirai sans plus rien dire. »





.
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Georges Perros : Venezia et retour

Cet art poétique induit ou reproduit un art de vivre en marge de la société. " J'avais vingt-cinq ans et je me préparais une vie d'ascète. [...] A vingt-huit ans, aujourd'hui, je suis devenu ce que j'avais rêvé d'être, c'est-à-dire à peu près rien. " ["Papiers collés" ](p. 43)

[La marge chez Georges Perros par Marie-Françoise Séjourné ]



Un camarade écrivain- bouquiniste , Christian Estèbe, m'a expédié un ancien numéro de La Termitière; un numéro spécial "Georges Perros" . Surprise reçue ce lundi 18 novembre 2019 !



Le numéro débute par des poèmes de Perros, "Venezia et retour" concerne son voyage -éclair en Italie, en compagnie de Jean Roudaut et Michel Butor, en janvier 1969. Ce voyage, et surtout sa visite-express de la Capitale des Doges, lui inspirera en 1975, un ensemble de poèmes...

Poèmes suivis de textes critiques, analytiques de plusieurs contributeurs , nous commentant l'oeuvre et de la personnalité de Georges Perros, dont un très bref hommage de Christian Estèbe, le camarade écrivain- libraire au poète. Appris ainsi que Perros enseigna la littérature...fut un professeur aussi apprécié qu'atypique... !



"Après Douarnenez, il y a Tréboul. C'est là, dans le cimetière marin qu'est

enterré Georges Perros. J'ai vu sa tombe. (...)

On a beaucoup écrit sur Perros et c'est une bonne chose. Il avait de grands

amis, une compagne, des enfants, il aimait la vie. Des étudiants à Brest

n'ont jamais pu oublier ses quelques cours de littérature qu'il appelait

des "cours d'ignorance". " (p. 63)



Ce numéro spécial perrossien me rappelle quelques unes de mes lacunes à

combler dont les célèbres "Papiers collés"...toujours en attente !! .



Perros, le poète de la Marge !!

Il était si fasciné par la Bretagne, qu'il décida de s'installer dans le Finistère ... Marqué par le texte de Roger Grenier, "Les Iles"...ce fut le déclic qui lui

confirma son envie d'ECRIRE !...Les marges de ce bout de Bretagne , des

mondes insulaires , marges qui habitent intensément ses textes...!









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Je suis toujours ce que je vais devenir

Je fais connaissance avec Georges Poulot ou Perros son nom "de plume" par ce joli ouvrage , offert par une amie. Titi des Batignolles ,G.Perros suit ses parents dans plusieurs régions de France, revient à Paris,fait des études d'art dramatique, devient comédien, écrivain,lecteur pour le TNP. La poésie est son univers. Ce riche parcours l'amène à fréquenter le beau monde du milieu artistique et littéraire, notamment Gérard Philipe pour lequel il a une amitié particulière,mais c'est dans un humble penty à Douarnenez qu'il choisit de se poser et de finir ses jours. Sur la base d'un entretien mené par M.Kerminon c'est un peu un autoportrait patchwork que nous propose ce petit album, chaque question amenant G.Perros à livrer un morceau de lui même et de son regard sur le monde. Pour autant,je n'ai pas réellement réussi à cerner ce personnage et c'est certainement à son honneur car il est à la fois complexe,ne peut se définir derrière une étiquette et prend grand soin de ne rien affirmer,le temps conduit au changement....et à la fois simple car c'est le quotidien et " les autre" qui m'intéressent. Il dit:"J'écris comme un autre fait une chaise. Et si je n'écris pas comme ça, c'est parceque j'écris mal. Si on trouve que j'écris d'une autre manière, c'est que ce n'est pas encore au point."

Des peintures de G.Perros illustrent l'ouvrage ce qui augmente leplaisir de la lecture. Il me reste désormais à découvrir ses poèmes...
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J'habite près de mon silence

Georges Perros est de ces auteurs rares - trop rares, peut-être - dont on peut jamais dire qu'il n'a jamais réellement construit une "oeuvre", tandis que, pour autant, cette oeuvre existe, vit, s'exprime réellement, et même bien après sa mort - des suites d'un cancer de la gorge - en janvier 1978. Une oeuvre d'une force pénétrante.



Bien sur, le lecteur attentif ne peut méconnaître les Papiers collés, publiés au fil du temps en trois volumes chez Gallimard. Pourtant, rien de moins fabriqués, d'anticipés que ces textes plus ou moins brefs, d'aucuns ressemblant bien plus à des aphorismes plutôt qu'à des réflexions construites, faites à dessein et pour "prouver" quelque chose.



Bien sur, il y a ce profond recueil, Une vie ordinaire, manière d'autobiographie poétique sans fioriture ni facilités stylistiques superflue ou gratuitement esthétiques, malgré l’utilisation stricte d'une versification en octosyllabes et dans un même temps, d'une immense liberté de construction interne.



On se souviendra aussi des beaux Poèmes bleus. Mais Perros fut si négligent de son oeuvre - et plus encore de cette chose si futile nommée postérité - qu'une immense part de ses textes ne furent, ne sont encore, découvert qu'après sa disparition bien trop rapide.



Ainsi en est-il de ces quelques vingt-huit poèmes proposés par l'excellente petite maison d'édition bordelaise, Finitude, dans ce volume reprenant l'entame d'un des textes retrouvés et proposés pour l'occasion "J'habite près de mon silence".



Le silence, celui de sa voix légèrement haute et très posée, très chaude en même temps, ce silence imposé par la maladie, Georges Perros en fut le compagnon sans doute malheureux, malgré L'ardoise magique. Mais ce silence, c'est aussi celui qu'il alla trouver au bout du bout du monde, en Douarnenez - Douar an enez, du breton, la terre de l'île. Presque un programme - loin, si loin des rumeurs parisiennes où il fit ses premières armes, où il prit conscience de la fin probable de l'occident, et voulu s'en éloigner.



C'est le silence de la Mer et de ses marins laborieux, des taiseux mais des hommes. C'est encore le silence envahi des mouettes et des goélands en un jeu calligraphique presque enfantin et tendrement émerveillé à la fois. C'est encore le silence complice des vieux amants, face à la vie passée, face à la mort inexorable mais sans crainte. C'est le silence impossible des mots qui disent - ou s'essayent à dire par leur trop d'excès :



On ne dit que ce qu'il faut dire

mais le mot qui reste est le pire

tout seul il fait mille petits

les psychiatres, quel appétits !



C'est le silence absolu, définitif, et qui blesse, par l'oubli, par le vide d'amour.



Une poésie tellement vitale que celle de Georges Poulot dit Georges Perros. Vitale, essentielle, d'un humanisme vrai, sans circonlocution, sans faux semblant. Abrupte même, mais le vrai chemin du cœur, le chemin vers soi ou vers l'autre ne peut se satisfaire de mensonge, ni du silence des mots.



Écoutons encore un peu cette voix si profonde, cruciale, sombre aussi. Une voix irréparable :



J'habite près de mon silence

à deux pas du puits et les mots

morts d'amour doutant que je pense

y viennent boire en gros sabots

comme fantômes de l'automne

mais toute la mèche est à vendre

il est tari le puits, tari.
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Poèmes bleus

Premier contact avec l’auteur d’une poésie fluide, ample, fidèle dans ce recueil à une forme classique. Longs récits où les octosyllabes dominent, souvent rimés (Ken Avo, Marines), puis série de sonnets dont un seul possède un titre, « L’âme », le plus obscur, exactement rimé.



Récits d’un homme qui change lucidement de monde, migrant vers le mariage, vers la Bretagne, non sans doute ni tristesse, poursuivi par sa « salope de solitude », un sentiment d’inanité et des tentations suicidaires, qui s’exhorte à la vie simple dans « l’irréductible présent ». Thèmes graves, ton méditatif. Le bleu est celui du jazz. La pudeur et l’attention aux autres évitent les écueils d’un romantisme noir.

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Gardavu

[C]omme il vient de m'arriver une histoire dont l'extrême banalité ne vous échappera certainement pas, je me suis dit qu'il ne serait pas mauvais de vous en conter la très simple péripétie ». Cela a dû arriver à plus d'un : en pensant bien faire, se retrouver victime au lieu de sauveur. La confession de Perros mérite, quand on la trouve encore en bibliothèque, d'être lue. « J'ai traité de brute un flic qui houspillait un peu fort un pauvre type. Évidemment, ça n'a pas été tout seul.[...] » (quatrième de couverture : extrait d'une lettre à Michel Butor, 1961).

C'est dans une autre lettre, à Jean Paulhan, que Perros explique sa démarche : « Merci d'en avoir mis si peu — des gants — à propos de ce texte prolixe. Je ne savais pas comment m'y prendre pour décharger ma bile. Et, tout de même, ce que j'ai vu n'est guère réjouissant. Ne parlons plus de Gardavu. On ne devrait jamais écrire quand on est... contrarié, mais c'est généralement le moment qu'on choisit pour se raccrocher à l'écriture, qui se venge. » À noter que ce témoignage, une quarantaine de pages, petit format, n'a été imprimé (1983) qu'à quelques centaines d'exemplaires seulement. Les temps ont bien changé !
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Oeuvres

Un pavé de 1600 pages à la typo serrée, j'ai rarement mis autant de temps à lire un bouquin; ce n'est pas un roman mais un recueil des écrits de Georges Perros (Poulot) que je ne connaissais même pas. Gagné à lecteurs.com.

Cela commençait mal: je n'ai rien compris au "lettrisme".

J'ai pris plaisir à lire ses commentaires féroces sur les manuscrits de théâtre: il était "lecteur" pour Jean Vilar.

Je me suis un peu ennuyée avec les articles pour les Dictionnaires, les préfaces etc. Certains textes m'ont plus notamment Gardavu et l'Occupation.

Il parle peu de sa compagne Tania et de ses enfants et pourtant, c'est pour les nourrir qu'il accepte enfin d'être publié!

Il aime ses chiens: Zita, Golo (il écrit un texte sur lui) et Jos qu'il évoquera aussi.

Il aime la Bretagne et s'installe à Douarnenez (voir le beau et long poème Ken Avo). Il porte une grande admiration à r Paul Valéry; quand il était comédien, il s'est lié d'une grande amitié pour Gérard Philip; ses mentors sont entre autres J. Grenier et Paulhan. Il a une grande amitié pour Michel Butor. Sa culture classique est vaste mais il connaît bien aussi ses contemporains. Il préfère Sartre à Camus, l'Homme fatigué. Ses poèmes sont clairs, octosyllabiques, vers libres...ils parlent du quotidien, de la solitude qu'il aime, de la mort qu'il ne craint pas, souhaite même parfois tout en condamnant le suicide.

Il me semble que c'est la poésie que j'ai le plus appréciée

parmi tous ses écrits variés.

Nous partageons l'attrait pour Queneau et le peu d'intérêt pour Sollers et Robbe-Grillet (en toute modestie!)

ps: j'ai découvert que mon beau-père, Yvon Belaval, avait écrit un article sur Perros en 1980 mais je ne le possède pas.



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Une vie ordinaire

Jusqu'ici j'ignorais tout de Georges Perros (1923-1978) qui a eu deux vies, la première comme comédien basé à Paris, la seconde comme poète en Bretagne. Il a laissé une oeuvre importante (dont une partie posthume). Une vie ordinaire est un recueil dont il a commenté l'achèvement en 1965 par ces mots: « J'ai fini de chier mes octosyllabiques. Il était temps. Ça fait un petit paquet, que j'ai peur d'aller voir. Plein d'âneries, sûrement ». En fait, ce sont des fragments de l'autobiographie d'un homme modeste, écrits sobrement et avec une pointe d'autodérision. Le livre, facile à lire, me semble empreint d'authenticité. Il constitue pour moi une heureuse surprise . Je mets en citation trois de ces poésies.
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Gardavu

C'est la lecture d'un livre de Virginie Troussier qui m'a incitée à lire Georges Perros puisqu'elle en fait une référence de la littérature française, à juste titre.

J'ai trouvé ce petit livre à la Bibliothèque, intitulé "Gardavu" en un seul mot dont la phonétique indique très vite qu'il s'agit d'un pamphlet.

On reste un peu frustré par la brièveté du texte qui raconte un fait-divers comme l'annonce l'auteur en s'adressant à un public imaginaire. Il a été arrêté pour avoir traité un flic de brute comme il l'écrit dans une lettre à son ami Michel Butor en 1961 qui se trouve en quatrième de couverture.

C'est un jour et une nuit complète qu'il passe enfermé et cela va l'inciter à écrire pour cracher sa bile d'avoir à subir le zèle d'un commissaire nouvellement nommé.

Perros choisi l'humour et la dérision en montrant à quel point les flics sont attentionnés envers sa personne en l'enfermant dans une cage pour le protéger et plus encore…

Pour autant, il s'est passé des choses beaucoup plus graves dans les commissariats en ce genre de circonstances mais ce n'est pas le sujet.

Après cette découverte, je dois dire que c’est l'écriture de George Perros qui m'incite à le lire pour mieux le connaître.





Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022



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Oeuvres

Il est peut-être imprudent de qualifier de "complètes" les oeuvres réunies en ce volume, de la simple note marginale au livre construit et publié. Les auteurs ont tout rassemblé en une édition chronologique prudemment intitulée "Oeuvres" (non "Oeuvres complètes"). Ce gros livre réunit les écrits d'un auteur paradoxal, et sa démarche chronologique, critiquée parfois dans la presse (on ne retrouve pas facilement, à croire les critiques, dans le foisonnement des écrits, ce qui a été collecté, mis en forme et publié) - sa forme chronologique permet au lecteur de voyager tout au long d'une vie, mais aussi (et surtout) tout au long d'une vie littéraire, des années 50 à la mort de l'auteur en 1978. Le milieu littéraire y apparaît sous la forme de critiques de livres (exercice auquel l'auteur s'est adonné toute sa vie), d'essais (Sartre, Butor, Paul Valéry). L'époque est celle de l'existentialisme, du Nouveau Roman et de ce qui a suivi. Perros, au rebours de ses contemporains, ne fait pas une grande place à l'actualité politique. Le lecteur, une fois entré dans le livre par cette porte, pourra se familiariser avec la prose ou avec la poésie de Perros, dont je n'ai pas encore une idée précise. Il aura accès à la pensée de l'auteur, formulée sous forme générale, pensées, aphorismes, notes, qui touchent aussi bien la vie quotidienne que la vie intérieure. On peut feuilleter cette vie, en parcourant ce volume de et en choisissant, à sa convenance, le type d'entrée que l'on préfèrera.
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Papiers collés

Comment et pourquoi avoir lu cet auteur? Parce que mon chanteur chouchou ( c'est à dire Miossec... pour ceux et celles qui l'ignorent encore) s’en inspire pour écrire certaines de ses chansons. Lors de ses concerts, il fait souvent référence à cet auteur venu s’installer à Douarnenez. Papiers collés ce sont ce sont autant de réflexions, de pensées sur l’homme, l’amour, la vie… Autant vous dire tout de suite que j’ai aimé ! Cette écriture m’a séduite et le contenu m’a comblée!

Saisir l’instant présent et l’écrire, Georges Perros l’a fait avec brio. Ce qui donne cette précision dans la concision des mots. J'ai picoré ces petites phrases couchées au gré des humeurs, alchimie qui donne toute une originalité à ce livre. Du sérieux au gai, de l’ironie à l’amour. On y réfléchit à ces mots griffonnés qui interpellent ou qui font sourire ! Que demander de plus ? Le deuxième et le troisième volume de ces papiers collés…tout simplement.
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Oeuvres

4ème de couverture



Ce volume contient la totalité de l'œuvre de Georges Perros ainsi que de nombreux inédits. Elle est ici établie par ordre chronologique pour Papiers collés, Poèmes bleus, Une vie ordinaire, Papiers collés II, Échancrures, L'Ardoise magique et Papiers collés III, et par ordre d'écriture pour les inédits, les textes non repris en volume ou ceux réunis après sa mort.



Attiré par la scène et l'envers du décor, sa première vocation fut le théâtre – une déception. Restent la force des mots, le phrasé. Glissement de l'oral à l'écrit. Sans revenus fixes, il assuma son dénuement volontaire, acharné à noircir ses petits carnets, ses agendas, seulement riche d'une moto.

Ses amis, peu nombreux mais présents, le guidèrent. Gérard Philipe le recommande à Jean Vilar. Son métier? Lecteur pour le T.N .P. Vilar s'est-il amusé autant que nous à lire ses comptes rendus? Ils tiennent en peu de mots : l'intrigue, la meilleure réplique, son jugement. Pas de bavardage, ni de laconisme, c'est impitoyablement drôle – l'élégance de l'humour assassin.

Georges Poulot (1923-1978) devient Georges Perros, l'homme inclassable de la littérature, le lecteur insatiable, le critique avisé, le touche-à-tout. Sa rencontre avec Jean Grenier amorce un tournant. Il consent à lui montrer quelques textes. Grenier les aime, s'empresse de les donner à lire à Paulhan, la N.R.F. les publie. Le ton est donné, la pensée entière, vive, l'écriture acérée et précise.

C'est à son corps défendant qu'il réunit et publie Papiers collés – et les ouvrages suivants –, parce que la vie matérielle, avec toute une famille, l'a rattrapé et qu'il faut vivre. Il place si haut la littérature qu'il se juge toujours indigne d'un tel sacerdoce. Loin de Paris, à l'écart de tout «milieu», à Douarnenez, il officie de notes, de lectures, de poèmes. L'homme parle, malgré lui. Et lorsque le verbe le fuit, il dessine, peint, pour retrouver la seule écriture qui vaille : celle du quotidien, ces instants sans importance, l'anecdotique, où se niche l'essentielle vérité. Comment la poésie peut-elle enchanter notre réalité? Comment transcender la douleur? Aimer, se pardonner? Comment vivre?
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Poèmes bleus

"La musique des doigts de l'eau

Qui se font les ongles en silence

Au contact rugueux des galets

De ces galets que l'on ramasse

Que l'on caresse de la paume

Que l'on regarde sur la table

Quand on est loin de leur pays

Ils font se lever la mémoire

Comme un spectre de bon aloi.

Qui dit que la mer est à boire ?

Elle est trop salée

Mais l'homme a toujours besoin d'elle

Besoin de la savoir présente

Irréductible au pas humain."





Elle a récité cet extrait qui évoque tellement notre pays, notre enfance, notre vie, sa vie.

C'était la dernière fois.

Et nous avons pleuré.



Adieu maman.
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Gardavu

Petit livre de Georges Perros peu amène à l'égard de la maréchaussée. Un humour parfois un peu lourd mais indéniablement de bons moments...
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Papiers collés

Alliage d’humour, parfois noir et ravageur, de réflexions profondes, d’aphorismes et témoignages d’une vaste culture. Un vrai régal.
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