Une correspondance inscrite depuis un long moment dans mon interminable liste de « textes à découvrir ». J'ai enfin eu l'opportunité de savourer ces lettres entre
Georges Perros et son grand ami, Gérard Philippe, puis après sa disparition, avec son épouse, Anne Philippe. Ouvrage que j'ai emprunté à ma médiathèque. J'en profite pour saluer et exprimer toute ma reconnaissance aux éditions Finitude, pour la qualité de leurs publications ; Un catalogue qui regorge de trésors et d'inédits.
Une correspondance bouleversante où on perçoit si fort à la fois, la peine de l'Ami et le chagrin infini de l'épouse, Anne Philippe ; la continuité de leur amitié et de leur correspondance les aidera , l'un et l'autre, d'une certaine façon à « supporter l'insupportable », en nommant « l'Absent », et en évoquant les moments, souvenirs heureux vécus tous ensemble…
Cette correspondance, en sus de cette très belle histoire d'amitié, qui se poursuit au fil du temps. [Anne Philippe aidera, soutiendra du mieux possible
Georges Perros, lorsqu'il sera gravement malade (cancer de la gorge) et ceci jusqu'à la fin…] m'a fait découvrir un peu de la personnalité et de l'oeuvre de
Georges Perros, pour laquelle j'ai, cette fois, une furieuse impatience à lire sa prose et ses aphorismes…Un style, une poésie incisive se dévoilent déjà abondamment dans ces lettres. Un poète-écrivain singulier, hors de toutes les modes.
« [13 mai 1960] Cher Georges,
(...)
J'ai lu votre livre [ à propos de "
Papiers collés] le jour même où je l'ai reçu. Il m'était familier, tout à fait familier.
J'aime vos aphorismes qui vont à l'essentiel. Ils atteignent souvent- pour moi il en est qui me touchent plus que d'autres-le coeur ou l'esprit comme un petit poignard cruel ou tendre, ou simplement vrai. (p.87) »
Cette correspondance, 125 lettres inédites sont accompagnées de photos de famille, est présentée par
Jérôme Garcin (époux d'
Anne-Marie Philippe)
Une
lecture sensationnelle qui nous fait croiser trois destins uniques : ceux de Gérard Philippe, de
Georges Perros et d'Anne Philippe, sans oublier la fille ,
Anne-Marie Philippe, comédienne, qui a choisi le chemin paternel. Au fil de certaines lettres d'Anne Philippe, nous prenons connaissance de son travail d'éditrice chez Julliard, sa découverte enthousiaste de
Pierrette Fleutiaux, mais également de son difficile travail personnel d'écriture, pour lequel elle exprime de fréquents doutes.
« Dimanche 17 octobre 1976- Cher Georges, (…)
Je suis abrutie de lecture de manuscrits, aussi médiocres que ceux que vous lisiez pour Vilar. Et toujours l'espoir, la carotte. Ce qui est terrible c'est quand on se trouve devant la personne-ce qui m'arrive le plus souvent, on veut me voir, m'expliquer et je ne me sens pas le droit de refuser : j'ai lu, c'est mauvais, je suis désarmée car chaque manuscrit-sauf s'il vient d'un fumiste-représente tant de travail, d'espoir, un tel désir-besoin de communication » (p.127)