AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jérôme Garcin (Préfacier, etc.)Anne-Marie Philipe (Éditeur scientifique)Thierry Boizet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782912667571
166 pages
Finitude (16/10/2008)
4.5/5   4 notes
Résumé :

Georges Perros et Gérard Philipe se sont rencontrés au Conservatoire en 1944. Perros est l'ami, le confident auquel tente de se raccrocher Gérard Philipe quand le succès lui fait parfois perdre pied. Georges Perros, lui, n'aime pas le métier d'acteur et il abandonne bien vite la Comédie-Française pour se colleter à l'écriture. Commencent alors de longues périodes de vache maigre durant lesquelles il trouve... >Voir plus
Que lire après Correspondance (1946-1978) : Georges Perros / Anne & Gérard PhilipeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une correspondance inscrite depuis un long moment dans mon interminable liste de « textes à découvrir ». J'ai enfin eu l'opportunité de savourer ces lettres entre Georges Perros et son grand ami, Gérard Philippe, puis après sa disparition, avec son épouse, Anne Philippe. Ouvrage que j'ai emprunté à ma médiathèque. J'en profite pour saluer et exprimer toute ma reconnaissance aux éditions Finitude, pour la qualité de leurs publications ; Un catalogue qui regorge de trésors et d'inédits.

Une correspondance bouleversante où on perçoit si fort à la fois, la peine de l'Ami et le chagrin infini de l'épouse, Anne Philippe ; la continuité de leur amitié et de leur correspondance les aidera , l'un et l'autre, d'une certaine façon à « supporter l'insupportable », en nommant « l'Absent », et en évoquant les moments, souvenirs heureux vécus tous ensemble…

Cette correspondance, en sus de cette très belle histoire d'amitié, qui se poursuit au fil du temps. [Anne Philippe aidera, soutiendra du mieux possible Georges Perros, lorsqu'il sera gravement malade (cancer de la gorge) et ceci jusqu'à la fin…] m'a fait découvrir un peu de la personnalité et de l'oeuvre de Georges Perros, pour laquelle j'ai, cette fois, une furieuse impatience à lire sa prose et ses aphorismes…Un style, une poésie incisive se dévoilent déjà abondamment dans ces lettres. Un poète-écrivain singulier, hors de toutes les modes.

« [13 mai 1960] Cher Georges,
(...)
J'ai lu votre livre [ à propos de "Papiers collés] le jour même où je l'ai reçu. Il m'était familier, tout à fait familier.
J'aime vos aphorismes qui vont à l'essentiel. Ils atteignent souvent- pour moi il en est qui me touchent plus que d'autres-le coeur ou l'esprit comme un petit poignard cruel ou tendre, ou simplement vrai. (p.87) »

Cette correspondance, 125 lettres inédites sont accompagnées de photos de famille, est présentée par Jérôme Garcin (époux d'Anne-Marie Philippe)

Une lecture sensationnelle qui nous fait croiser trois destins uniques : ceux de Gérard Philippe, de Georges Perros et d'Anne Philippe, sans oublier la fille , Anne-Marie Philippe, comédienne, qui a choisi le chemin paternel. Au fil de certaines lettres d'Anne Philippe, nous prenons connaissance de son travail d'éditrice chez Julliard, sa découverte enthousiaste de Pierrette Fleutiaux, mais également de son difficile travail personnel d'écriture, pour lequel elle exprime de fréquents doutes.

« Dimanche 17 octobre 1976- Cher Georges, (…)
Je suis abrutie de lecture de manuscrits, aussi médiocres que ceux que vous lisiez pour Vilar. Et toujours l'espoir, la carotte. Ce qui est terrible c'est quand on se trouve devant la personne-ce qui m'arrive le plus souvent, on veut me voir, m'expliquer et je ne me sens pas le droit de refuser : j'ai lu, c'est mauvais, je suis désarmée car chaque manuscrit-sauf s'il vient d'un fumiste-représente tant de travail, d'espoir, un tel désir-besoin de communication » (p.127)
Commenter  J’apprécie          362

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Sur scène, Gérard a la grâce, mais il ne le sait pas; Georges n'a pas de génie, et il le sait. Le premier, efflanqué, est promis au soleil de la gloire, le second, trapu à son ombre. L'un s'emballe tandis que que l'autre ronge son frein. Leurs chemins auraient dû se séparer, ils se sont au contraire rejoints jusqu'à, parfois, se confondre. Georges, dont le jumeau est mort à la naissance, a trouvé en Gérard un frère de substitution qui, par son rayonnement, offre un perpétuel démenti à sa résignation, un antidote à son "goût effréné de l'échec et de la mort", à son pessimisme, à cette aigreur que certains lui reprochent, à son mal d'être-" je ne parlerai pas de moi, parce que moi n'existe pas", lui assène-t-il en 1947. Et Gérard que le succès entraîne déjà dans un tourbillon vertigineux, se raccroche à Georges comme à un rocher de haute mer, abrasif et dur. Ils ont besoin l'un de l'autre. Ils marchent la nuit dans Paris, soudés, rieurs et bavards tels "deux ivrognes". Ils se complètent et s'augmentent. [Préface de Jérôme Garcin, p.8].
Commenter  J’apprécie          84
[20 janvier 1959. Cergy]

Mon cher Gérard,
Je n'ai trouvé ta lettre qu'hier. Comme tu le dis, c'est un peu long. Mais j'existe encore, ce n'est pas Dieu merci, c'est comme ça. Je pense souvent à toi. A nous. Il me semble parfois que nous avons été très près l'un de l'autre, aussi près que deux hommes peuvent espérer de l'être, en temps de guerre pacifique. Je nous croyais fâchés, terme absurde dans une société aussi frivole. Je veux dire que je pensais que tu pouvais très bien te passer de mon affection, de mon attention, bref, de ma présence. Et je trouvais ça très naturel. Tant mieux s'il n'en est rien. (....)
Georges
(p.68)
Commenter  J’apprécie          130
« Dimanche 17 octobre 1976- Cher Georges, (…)
Je suis abrutie de lecture de manuscrits, aussi médiocres que ceux que vous lisiez pour Vilar. Et toujours l’espoir, la carotte. Ce qui est terrible c’est quand on se trouve devant la personne-ce qui m’arrive le plus souvent, on veut me voir, m’expliquer et je ne me sens pas le droit de refuser : j’ai lu, c’est mauvais, je suis désarmée car chaque manuscrit-sauf s’il vient d’un fumiste-représente tant de travail, d’espoir, un tel désir-besoin de communication » (p.127)
Commenter  J’apprécie          130
Georges Perros [janvier 1953]

Je vous écris de mon petit café provincial. Tous les ouvriers du coin y viennent parler du monde et de leur ménage. Je m'y sens bien, dans l'état idéal, très à l'aise avec ma " nature" qui n'aime pas qu'on l'aime, c.a.d qu'on la sollicite trop visiblement. Je ne parle pas de ma sensibilité, qui fait des noeuds.Quel beau tricot j'aurais à offrir aux anges de ma mort !

( p.48)
Commenter  J’apprécie          130
Georges Perros- [Eté 1949]

Mon petit Gérard, j'aurais aimé te voir avant de partir. Mais comment le faire dans d'heureuses conditions ? Tu sais que je mets du prix aux choses du ...coeur, et que tu figures, malgré ton prestige, au premier rang de ceux que j'aime. Je ne saurais connaître ce qu'on nomme amitié autrement que passionnément, et cela fait partie de mes sens. Aussi bien, puis-je compter sur les doigts d'une main les hommes qui jusqu'ici m'ont fait résonner, c'est-à-dire déraisonner, car que de concessions ! (p.31)
Commenter  J’apprécie          80

Video de Gérard Philipe (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Philipe
Gérard Philipe lit "Le Petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupéry.
autres livres classés : correspondanceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Gérard Philipe (1) Voir plus

Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3667 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}