Dans Si l’on me tend l’oreille, nous suivons une troupe de personnages unis par leur passion du voyage aux autre coins du royaume. L’événement qui va causer leur rencontre va surtout perturber leur vie à jamais : le prince régnant, désireux de marquer l’histoire, décide de révolutionner leur mode de vie en leur imposant la sédentarité. Les nomades sont donc condamnés à s’installer là où on l’exige. La plupart sont séparés de leur famille, d’autres finissent ruinés. Mais certains refusent de se laisser abattre. Une flamme indomptable continue de brûler dans leur poitrine, envers et contre tout.
Chaque personnage a le droit à son portrait. Parmi eux nous trouvons Grouzna, cette fille étrange, discrète, dotée d’une force douce et inébranlable. Il y aussi Albert, un jeune homme un peu naïf et rêveur qui s’est trouvé une famille dans les animaux en bois de son manège. Il y a Julio Cartel, un troubadour au sang chaud, La Vieille une coiffeuse au coeur tendre, et puis encore tant d’autres… Les liens qui se forment entre eux sont pour moi le trésor de ce roman. Ces gens qui ne se connaissaient pas se rencontrent comme une évidence et nouent ensemble une relation de confiance venant à bout de toutes épreuves. Seuls face au pouvoir, ces nomades en fuite, obligés de se cacher du monde, écrivent une magnifique histoire d’amitié.
C’est ce lien si fort qui les pousse à continuer de l’avant. Ils se battent sans jamais prendre les armes. Ils se battent en restant unis, en refusant d’abandonner qui ils sont. Souvent, ils doivent se cacher, mentir, s’adapter pour survivre. Mais à travers ces épreuves, ils chantent une véritable ode à la liberté. Souvent, j’avais l’impression d’être avec eux sur le bord de la route, démunie mais plus libre que jamais.
Ce récit est sublimé par la plume d’Hélène Vignal. Simple, douce, parfois mélancolique, elle dessine un monde semblable au nôtre tout en étant teinté de merveilles d’un autre temps. C’est à la fois un dépaysement et un retour à la maison, vers une paix intérieure. Car c’est bien cela, la vie de ces nomades : leur véritable demeure n’est pas fixe. C’est celle qu’ils bâtissent rencontre après rencontre sur les chemins des Trois Provinces.
Avertissement Scène sensible :
Je tiens à préciser que ce roman commence par une scène de viol (dans le chapitre 2). Elle n’est pas explicitement décrite, mais elle n’est pas passée sous silence. Ce genre de scène peut choquer certaines personnes, donc je préfère prévenir.
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