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Critiques de Hiromi Kawakami (337)
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Le temps qui va, le temps qui vient

« Déidamie, c'est quoi cette tenue ?



-Chouette, hein ? Comme on va critiquer un texte qui se passe au Japon, j'ai sorti mes oreilles pointues et j'ai une queue touffue *se retourne, remue la queue* comme la déesse renard dans cet animé dont le nom m'échappe. « Cosplay », ça s'appelle.



-Bonjour les clichés…



-Mais non, on dit : Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un roman japonais intitulé le temps qui va, le temps qui vient, signé Hiromi Kawakami et lu en duo avec Horizon du plomb, que je salue et remercie d'avoir accepté cette lecture commune.



Or donc… euh…



-Ouiiii ?



-C'est l'histoire de… plusieurs gens… qui…



-Quiiiii ?



-Beeeeen… arrête de sourire méchamment comme ça, tu me bloques et je perds tous mes moyens !



-Rhôôôh, Déidamie. Ne serait-ce pas plutôt la désolante platitude de cet ouvrage qui t'empêche de parler ?



-Pas du tout ! C'était très bien !



-Vraiment ? Alors de quoi ça parle ?



-…



-Voilà. Tu ne peux rien dire.



-Mais c'est très bien écrit !



-Hé bien, ça n'a pas suffi !



Le temps qui va, le temps qui vient est un texte hybride, à la fois recueil de nouvelles et roman choral… d'un certain point de vue. Chaque chapitre reste clos sur la perception, les pensées et la vie d'un personnage faisant partie du cercle fréquentant de près ou de loin une poissonnerie.



-Et je tiens à dire que c'est très bien écrit ! Chaque personnage possède une voix, un ton propre et plausible. le travail sur les différents caractères, les différentes problématiques est très réussi. On y croit, à tous ces gens.



-Ah oui ? Qui, par exemple ?



-Euuuh… Tae-chan ?



-La première, ça ne compte pas. Et qui d'autre ?



-Le gars à l'histoire d'amour, là… le cuisinier…



-Son prénom ?



-… Rhâââh, je sais plus ! Mais c'est normal, c'est lui qui raconte, il s'appelle pas !



-Déidamie, sois un peu honnête ! Tu ne t'en souviens pas parce que tu t'es ennuyée comme un husky qui attend huit heures son maître dans son 16-m2 !



-Tu exagères…



-Dans ce cas, pourquoi tu n'arrêtes pas de tourner en rond en te mordant la queue ? Arrête tout de suite, ce ne sont pas des façons ! Respecte un peu les gens !



-Cha… ça démange…



-Je vais te dire, moi, ce qui te démange. C'est l'impression d'avoir lu un roman plein de vide. Les interrogations des personnages, leurs malaises, leurs angoisses ont glissé sur toi sans rien imprimer de durable au fond de ton petit coeur.



Tout t'a paru lointain, distant, alors que tu aurais dû te sentir imprégnée des sentiments des différents protagonistes avec leurs récits à la première personne.



-J'ai envie de manger un truc. On a quoi dans le placard ?



-Le grignotage ! Encore un symptôme de l'ennui. Tu t'attendais à découvrir de nouveaux aspects inconnus de la culture japonaise, mais rien. Et pour couronner le tout, les chapitres s'achèvent en te laissant une sensation déplaisante d'inachevé. Bon ! on met donc une étoile…



-Ah non. Non, on n'en met pas qu'une. On met deux et demi.



-La moyenne ? Mais pourquoi ?



-Parce que le texte n'est pas mauvais. L'autrice possède une belle plume, un regard intéressant, ses personnages vivent. Ses portraits de vie et de caractères m'ont convaincue.



Oui, tu as raison, je l'admets : je me suis ennuyée, mais « bien ennuyée », non dans le sens où l'ennui fut copieux et insurmontable, mais dans le sens où je n'ai pas eu envie de renoncer à la lecture, parce que le texte possède de belles qualités. Il est fluide, efficace. J'ai apprécié le travail d'écriture.



-Hélas, le travail ne suffit pas. Et cette lecture s'est finie avec le sentiment… de n'avoir rien lu. »
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La brocante Nakano

Dans un quartier tranquille de Tokyo, la brocante Nakano tient son nom de son propriétaire, Haruo Nakano. On n'y trouve pas des pièces anciennes, précieuses et coûteuses, mais des objets du quotidien et quelques bibelots originaux. Pour l'aider à tenir sa boutique, le patron peut compter sur sa sœur, une artiste qui crée des poupées, sa vendeuse, Hitomi, et son employé Takéo, chargé de récupérer les marchandises chez les particuliers. Ensemble, ces quatre-là partagent travail, repas et confidences.



Autour d'un objet ou d'un client, Hiromi Kawakami raconte le quotidien d'une petite brocante sans prétention. Haruo, le patron coureur de jupons, sa sœur Masayo ''l'aaartiste'' de la famille, Takéo, le taiseux et Hitomi la narratrice tissent des liens au fil des repas partagés dans l'arrière-boutique et des journées de travail. Hitomi et Takéo se rapprochent et s'éloignent, s'aiment sans se l'avouer...

Pas d'action frénétique ni de rebondissements mais la prose d'une auteure qui sait comme personne évoquer les petits riens, le temps qui passe, les sentiments qui affleurent. Pudique, tendre et nostalgique, son roman nous immerge dans cette boutique dont on adopte le rythme lent et les personnages, tous attachants. La brocante Nakano est une bulle chaleureuse et amicale dont on a toutes les difficultés du monde à sortir. Le lecteur voudrait rester encore un peu avec Haruo, Masayo, Takéo et Hiromi mais eux-mêmes devront quitter leur doux cocon, pour s'émanciper, grandir et mieux se retrouver.

Comme toujours un beau moment de lecture, serein et hors du temps, grâce à Hiromi Kawakami.
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Les Années douces

Kawakami Hiromi est une véritable magicienne littéraire. Avec elle, le temps s'allonge jusqu'à perdre de sa texture. Les Années douces s'inscrivent dans cette conception temporelle.



L'héroïne Tsukiko, trentenaire célibataire, retrouve par hasard son ancien professeur. De rencontres en rencontres, ils vont tisser une intimité toute en retenue et qui se passe de paroles. Ils se rencontrent autour d'une bouteille de saké dans les izakaya de la ville, Tsukiko découvre avec le professeur les marchés du dimanche ou la cueillette de champignons en automne, asssiste à la contemplation des cerisiers, ... Autant de périodes phares de l'année japonaise mais qui, ici, semblent s'inscrire dans un rythme plus lent.



L'écriture se fait souvent mélancolique, un peu douce-amère sans pour autant sombrer dans la tristesse. Une fois ouvert ce roman, difficile de le refermer sans avoir atteint la dernière page. Et il a la délicatesse de laisser dans l'esprit du lecteur une douce lumière apaisante.
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Les Années douces

J'ai lu ce livre par intermittence. Et toujours, je retrouvais le fil.

Tsukiko tisse lentement un lien avec son professeur de japonais. Elle n'était qu'une élève médiocre et peu assidue dans cette matière. L'ascendant du maître sur l'élève est évident. Est-ce que des sentiments indépendants de cette subordination peuvent se glisser dans les interstices de vies routinières ?

L'auteur se contente de nous décrire une rencontre dont l'intimité paraît formelle, mais peu à peu le temps passe et construit une histoire ineffable : la leur.

Le charme opère, étonnamment, discrètement.
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Les Années douces

Il est des moments magiques ! "Les Années  douces" font partie de ces lectures qui vous enchantent, vous transportent dans un monde de douceur, de légèreté et de poésie à couper le souffle.

Dans ce couple insolite de Tsukiko 37 ans et du Maître, son professeur septuagénaire tout parait simple, limpide, évident et pourtant ! Ces deux-là  se rencontrent souvent, soit-disant,  toujours par le fruit du hasard ! Pourtant, dans l'atmosphère feutrée et tamisée des bars à  Saké où en silence, ils sirotent et dégustent de petits plats, il se passe beaucoup de choses. Lentement se crée une relation évoluant vers un sentiment amoureux.

Hiromi Kawakami nous décrit cette relation dans une atmosphère bien particulière : des gestes furtifs, des regards tendres et pudiques où   sans cesse affleurent l'harmonie et  un subtil érotisme.

C'est un plaisir  que de lire ce petit trésor de littérature un roman curieusement intense et tendu où le raffinement  vous enveloppe.

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Manazuru

Kei, la narratrice, se rend à Manazuru, une station balnéaire. Tandis qu'elle marche vers le cap, elle sent qu'elle n'est pas seule. Kei habite à Tokyo avec sa mère et Momo, sa fille adolescente. Elle a un amant Seiji et elle vit de ses écrits. Son mari Rei a disparu depuis douze ans sans laisser de traces. Kei éprouve la nécessité de se rendre à Manazuru, plusieurs fois. Essaie-t-elle de le trouver ou bien de l'oublier ? Quelle est cette présence à côté d'elle ?



Le roman alterne avec justesse les scènes réalistes, ancrées dans le quotidien japonais et les scènes d'introspection étranges. Kei a des difficultés à communiquer avec Momo qui se détache d'elle. Kei s' était accrochée à sa petite fille comme à une bouée quand Rei a disparu. Elle a des difficultés à communiquer avec sa mère qui détestait son mari et puis aussi avec Seiji, jaloux du disparu. A Manazuru, Kei se souvient de sa rencontre avec Rei, du temps des fiançailles et puis de bribes de souvenirs plus douloureux et profondément enfouis qui prennent des formes évanescentes. Celles-ci la suivent dans son quotidien, quand elle fait les courses par exemple, d'abord indistinctes mais peu à peu une forme féminine se détache du lot puis une voix avec laquelle elle dialogue.

Ce roman m'a plu même si je l'ai trouvé un peu long.



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Les Années douces

Ecole de douceur

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Sakés solitaires

Mélancolie des baguettes

Apprivoisé le renard









Domo Arrigato (*)

Professeur Matsumoto













Simplement superbe !







(*) merci beaucoup en japonais

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Les Années douces

Roman trouvé par hasard sur l'étagère d'un bar à vin - librairie. L'autre personne présente avec moi dans le bar me voit prendre le livre, s'approche de moi, et me dit seulement "c'est un très bon choix".

Effectivement. Par coïncidence, le roman tourne autour de cette même idée de petits riens du quotidien qui tissent des liens entre les gens. Et la plume de Hiromi Kawakami y ajoute une telle poésie qu'on ressent cette 'douceur' du titre pendant toute la lecture.

Ce roman m'a fait découvrir qu'on pouvait captiver le lecteur sans qu'il ne se passe rien de particulier dans l'histoire. Comme si on s'asseyait sur un banc public, pendant la période des cerisiers en fleurs, et qu'on regardait passer les gens et la vie autour de soi, qu'on observait ces minces interactions, gestes, regards, expressions, qui font le sel de la vie.
Lien : http://toccacieli.wordpress...
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Soudain, j'ai entendu la voix de l'eau

Très proches durant l'enfance, Miyako et Ryô se sont perdus de vue à l'âge adulte, jusqu'à ce que, à la mort de leur mère, ils décident de réinvestir la maison familiale. Avec l'installation reviennent les souvenirs du passé, de cette enfance qui surgit dans chaque pièce de la maison. La cuisine où leur mère préparait de savoureux repas, la chambre qu'ils partageaient, tapissées de leurs dessins, la pièce de vie où la famille se réunissait, leur mère volubile, leur père amoureux, leur ''oncle'', un ami de la famille dont ils étaient très proches. Tant de petits moments qui, mis bout à bout, font une vie.



Beaucoup de tendresse, de douceur et de poésie pour raconter une étrange famille, comme toutes les autres en apparences mais qui cache des secrets bien gardés. Le talent d'Hiromi Kawakami est de faire accepter l'inacceptable comme une chose naturelle qui coule de source. Grâce à sa sublime plume, elle peut aborder la guerre, l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo ou les amours interdites avec la même délicatesse que lorsqu'elle parle des odeurs de l'enfance, de la saveur d'un plat ou de l'amour d'une mère.

Pourtant, c'est un roman dérangeant qui interroge les liens familiaux et la transmission de façon inhabituelle. Alors qu'on se laisse bercer par l'évocation des souvenirs d'enfance et la nostalgie de Miyako, l'auteure surprend son monde en instillant, d'abord un doute, puis la certitude que, dans cette famille, des limites ont été franchies. Miyako et son frère ont-ils fait un choix librement consenti ou sont-ils le fruit des agissements et des non-dits de leurs parents ? La question peut se poser au fur et à mesure que le frère et la sœur découvrent la vérité sur leurs origines. Mais encore une fois, ce qui pourrait être choquant est ici sublimé par la poésie, la pudeur et la délicatesse toute japonaises d'Hiromi Kawakami.

Un beau roman, mais qui pourra heurter la sensibilité de certains.
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Manazuru

Manazuru est une petite ville portuaire vers laquelle Kei se sent attirée, dix ans après la disparition de son mari. Elle y retourne donc, sur les traces de leur passé, laissant sa mère et sa fille maintenant adolescente à Tokyo, et plonge dans les embruns de cette ville mystérieuse... des ombres l'entourent, la suivent, jusqu'à ce que l'une d'elle prenne forme humaine et la mène dans les méandres d'un monde entre morts et vivants.

Kei se souvient... de son mari Rei, de ses comportements, des jours qui ont précédé sa disparition, et elle tente de comprendre.

C'est un beau roman mystérieux, onirique, dans lequel il vaut mieux s'abandonner plutôt que d'essayer de tout comprendre. Hiromi Kawakami a une écriture très particulière, qui semble errer d'un temps et d'un espace à un autre sans qu'il n'y ait de rupture.

Le récit porte sur la difficulté du deuil quand il n'y a pas de mort officielle mais d'une manière très douce et presque légère, vaporeuse pourrait-on dire. C'est une belle découverte que je dois à mon libraire.
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Les Années douces

Omachi Tsukiko, trente-sept ans, presque trente huit, retrouve par hasard, dans un petit troquet près de la gare, son ancien professeur de japonais, Matsumoto Harutsuna, de trente ans son aîné, qu'elle désigne sous le nom de "maître".

Au gré de leurs rencontres fortuites ou non, au troquet, au marché, ou lors de la cueillette des champignons, se nouent des relations très fortes, qui dureront le temps des "années douces", que Tsukiko décrit comme des "jours d'une douceur vaporeuse". L'évolution des sentiments qu'éprouvent l'un pour l'autre Tsukiko et son ancien professeur est dépeinte avec une infinie délicatesse.



J'ai beaucoup aimé ce petit roman de Kawakami Hiromi, où la poésie et la culture japonaise sont particulièrement bien mises en valeur.





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Les Années douces

J'ai adoré ce livre, très rapidement, dès le début, sans même savoir pourquoi. J'ai trouvé l'histoire longue à démarrer et pourtant cela m'a plut. En lisant ce livre, j'ai vraiment eu l'impression de me balader sur un chemin: la destination importait peu, j'avais juste envie de profiter du paysage.

Le style est très agréable à lire, très doux, poétique, parfois un peu étrange, tout en étant simple; il m'a fait l'effet d'un texte délicatement ciselé où la complexité de la technique est cachée par la simplicité et le dépouillement apparent.

Je ne lis généralement pas ce type de livre mais celui-ci m'a conquise et profondément émue.

Un très beau roman, très doux, délicat, sensible.
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Le temps qui va, le temps qui vient

Le temps qui va… Flânant flegmatiquement dans un quartier populaire de Tokyo, je croise quelques dames en kimono, une serveuse, une prof d’anglais, un poissonnier. Je découvre leurs destins parfois croisés où certains sont héros d’une histoire et deviennent personnages secondaires dans d’autres. Je perçois cette humanité qui reste et habite encore cette rue populaire décrite par Hiromi Kawakami. L’odeur du poisson frais sur son étal se mélange à celle des yakitoris, j’hésite entre une bière et un saké, mais je prends le temps. J'ai bien envie d'une Kirin pour me désaltérer, mais le saké me réchauffera mon âme...



Le temps qui vient… Une ballade pour prendre le temps, sentir les choses, découvrir des plaisirs simples, rencontrer les gens, de tout âge et de tout sexe, et leurs âmes amoureuses ou solitaires. Un monde poétique où les destins se croisent au fil des nouvelles, où je peux encore avoir confiance en mon poissonnier, où une serveuse d’un autre âge peut encore me faire du gringue lorsque je m’assois au comptoir l’esprit ailleurs… Je lui commande d'ailleurs une Kirin, j'ai trop soif...



Le temps qui va, le temps qui vient… Cela faisait quelques temps que l’envie de découvrir la plume de Hiromi Kawakami me titiller l’esprit. Je sentais qu’avec elle, j’allais partir à la rencontre de gens simples, oublier tracas et violences du quotidien pour ne retenir que poésie et petits bonheurs simples. Simple et poétique, c’est justement mon ressentiment à propos de la plume de l’auteure. Une réflexion sur la banalité même de la vie… Mais je réfléchis trop, ma Kirin est en train de se réchauffer...
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Les Années douces

J'ai complètement fondu à la lecture de ce superbe roman. Il y est question de la rencontre fort improbable, dans un bar à saké, de deux êtres à l'allure si différente. Elle, c'est une femme japonaise atypique, qui à quarante ans travaille encore sans avoir jamais goûté au mariage. Elle redoute tant de se retrouver enchaînée qu'il lui est arrivé maintes fois de saborder une relation qui commençait à compter pour elle.

Lui semble un homme d'une autre époque: de trente ans son aîné, il est passionné de littérature, qu'il a enseignée, et fait preuve d'un sens prononcé du raffinement, tant par sa sensibilité que par sa gestuelle.

Pourtant le passé les relie: il a été son professeur de japonais, au lycée.

Les rencontres "de hasard" se succèdent, dans le bar a saké, leur permettant de célébrer ensemble leur goût pour les plaisirs de bouche, et de se découvrir diverses affinités.

Délicatement, telle une rivière timide, se noue entre eux une complicité croissante, au fil des bonheurs partagés. Elle évolue si insensiblement que l'on se sent un instant surpris (avant de se laisser emporter) de découvrir l'intensité de la passion amoureuse qui finit par éclater entre ces deux êtres.

Superbe!
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Les 10 amours de Nishino

Une mère au foyer, une lycéenne réservée, une employée dans une grande boîte, une étudiante en économie et quelques autres ont un point en commun : elles sont tombées sous le charme de Nishino Yukihiko à un moment ou à un autre. À travers les dix nouvelles qui composent ce bouquin (qui, à cause de ce thème qu'elles partagent, pourrait constituer un roman à voix multiples), elles racontent cette tranche de vie pendant laquelle elles étaient amoureuses du jeune homme.



Je l'écris d'emblée : l'idée est originale, son traitement est correct et l'écriture, pareillement, mais il manquait ce petit oumf qui m'aurait intéressé pleinement. Passé les trois premières nouvelles, j'avais déjà une bonne idée de comment ça allait finir. Donc, pour moi, Les 10 amours de Nishino est un roman joli, sans plus.



Pourquoi ? D'abord, plusieurs de ces amours sont assez ordinaires. Certains diront que, justement, en ce sens, l'auteure Hiromi Kawakami est proche de la réalité et qu'elle vaut la peine d'être écrite. Peut-être. Mais les femmes aussi semblaient peu sortir du lot, comme si elles avaient toutes (ou presque) le même caractère, la même personnalité.



Toutefois, la principale raison qui a fait en sorte que je n'ai pas accroché est le personnage central, resté une énigme. Tout le long du recueil, il n'est vu qu'à travers les yeux de ses amoureuses. Et ce point de vue ne peut qu'être biaisé. Il aurait été vraiment génial de lui faire narrer un de ses propres amours. Par exemple, laquelle des dix femmes il a vraiment aimé ? (Je devrais peut-être dire neuf parce que l'une d'entre elles s'était entichée de lui mais ce n'était pas réciproque.) Ou, pire, aucune d'entre elles : l'amour de sa vie aurait pu être une onzième ?



Mais non, Hiromi Kawakami, avec son style traditionnel qui, en d'autres occasions m'a charmé, me semblait ordinaire, peu audacieux à se confiner dans ses terrains connus. Des amourettes de lycée ou du milieu de travail, , en passant par l'université, ou bien par l'entremise d'amis communs. Déjà lus !



D'autant que Nishino se semble pas si intéressant. Je veux dire, je peux comprendre qu'une lycéenne inexpérimentée puisse succomber à l'air cool d'un garçon au-dessus de ses affaires. Mais, quand je le rencontre un peu plus âgé, je me demande ce que ces femmes lui trouvent. Qu'a-t-il de si spécial ? Il me paraît ingrat, profiteur, plutôt Don Juan, presque antipathique. Comment, par la suite, croire et m'intéresser à des femmes qui l'aiment ? Mais bon, «l'amour, qu'est-ce que c'est au fond.»
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Les 10 amours de Nishino

Nishino: une énigme... Même après avoir lu les dix points de vue féminins sur cet être , il restera insaisissable , mystérieux, c'est là son charme. Mais cela crée aussi un certain agacement chez le lecteur, qui ressent de la frustration et aurait aimé mieux définir les contours de ce personnage, justement, c'est pour cela que mon avis reste mitigé .



Nishino apparaît et disparaît, papillon éphémère ayant croisé le chemin de ces femmes qui essaient de raconter ce qu'elles en ont perçu, car pour elles aussi, il demeure énigmatique. L'une d'entre elles écrit:" Etions-nous amoureux l'un de l'autre? Est-ce que je l'aimais? Un homme du nom de Nishino a-t-il vraiment existé ? Je ne savais plus."



La mélancolie plane souvent, au cours de ces confidences. La poésie aussi. Et plus surprenant, l'humour. J'ai trouvé particulièrement amusant le parallèle établi par une des " conquêtes" de Nishino entre la disparition de celui qu'elle aimait et celle de son chat, Maou ( on pense à " La femme du boulanger") . Elle mélange les deux, si bien qu'on ne sait plus qui lui manque vraiment!



Un livre plaisant à lire, joliment déroutant , fantasque mais pour moi un peu décevant car manquant de profondeur.



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Les Années douces

Décidément la littérature japonaise ne cessera jamais de m'étonner... dans le bon sens du terme !

Ce petit travail d'orfèvre - qui ne paie pas de mine de prime abord - nous décrit la rencontre un peu par hasard (encore une oeuvre du destin à coup sûr) entre une jeune femme appréciant sa vie de célibataire et son ancien professeur de japonais, ainsi que la relation qui va naître et se développer entre ces deux êtres solitaires qui vont redécouvrir les petits bonheurs partagés à deux.



Banale histoire déjà écrite moultes fois me direz-vous. Et vous aurez mille fois raison ! Je peux par ailleurs également comprendre les lecteurs qui n'ont pas été sensibles à la relative 'fadeur' du récit où il ne se passe rien, ou si peu... Mais c'est justement cette apparente banalité de l'histoire que l'auteur se plait à mettre en relief par ces petits détails auxquels la plupart d'entre nous ne prêtons même plus attention; un peu à l'image d'une peintre peaufinant sa toile avec des petits coups de pinceaux discrets ça et là donnant son cachet final à son oeuvre.



Chez Hiromi Kawakami, les évocations véhiculent plus d'émotion que les mots prononcés et les décors participent autant à l'ambiance de la scène que les personnages.



Une très bonne découverte pour moi donc, par laquelle je vous conseille ardemment de vous laisser tenter, à lire tant en hiver enmitouflé sous un gros plaid ou à l'ombre d'un cerisier en fleurs durant la saison ... douce ;-).





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Les Années douces

J'ai dû attendre une journée ,que la " pression redescende" pour vous écrire mon ressenti.

Un seul écrivain m'a fait couler autant de larmes ,c'est Ernest Wiechert ,mais là j'ai fait un voyage tout en tendresse,en douceur,avec la sensation d'une petite bruine qui vous enveloppe un matin d'été lors d'une promenade, avant que le soleil ne " tape trop fort" .

C'est d'une légèreté incroyable mais en peu de mots, car c'est une histoire si simple et pourtant.....

Tsukiko, tous les soirs ,après son travail,se rend dans un café pour y boire un verre et se détendre.Un soir,elle y rencontre à sa grande surprise,son ancien professeur de Japonais : Harutsuma,qu'elle ne nommera que :Le maître tout au long du récit.

20 ans les sépare. Au hasard de leur rencontre du soir,non programmées, un lien ,si tenu ,si fragile,et là est toute la beauté du roman, va se tisser entre eux.Pendant deux ans ,ils se retrouveront pour différentes sorties : La fête des cerisiers en fleurs,la cueillette des champignons,les poussins achetés au marché etc etc...

Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, on voit le changement d'attitude de Tsukiko,réticente au début ,par rapport à la différence d'âge ,lui aussi ,en est conscient et de façon très subtile lui fait comprendre,jusqu'au jour ou, elle ne doute plus de ses sentiments et " saute enfin le pas".

Les mots me semblent si fades pour vraiment exprimer tout le ressenti de ce roman.

Nous pourrions dire : bon ,eh bien ce n'est qu'une histoire d'amour ,mais le style, les mots employés nous embarquent dans une telle palette d'émotions,qu'à la fin j'ai pleuré même à présent, en y repensant les larmes me montent aux yeux.

Si comme moi,vous avez une sensibilité " à fleur de peau",je vous recommande ce " magnifique petit bijou "

Un grand merci à la traductrice :Elisabeth Suetsugu pour nous avoir retranscrit de façon si juste la progression de cette histoire d'amitié au début et qui petit à petit se transformera en un amour pur.⭐⭐⭐⭐⭐
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Soudain, j'ai entendu la voix de l'eau

Autour d'un frère et d'une sœur revenus vivre ensemble après la mort de leur mère, Kawakami nous invite à ressentir avec les personnages les souvenirs remontés de l'enfance à travers des sensations simples : l'odeur d'un plat, le crissement d'un drap, un simple souffle qui suggère une histoire passée.

Dans un récit d'une infinie douceur, caractéristique de l'auteur, on voyage dans un temps révolu qui apaise les personnages tout en leur offrant les clés de leur présent.

Un moment agréable, comme un temps suspendu.
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La brocante Nakano

« Quand il m’a remis de l’argent en trop, je le lui ai dit avec exactitude. Vous êtes vraiment honnête, ma petite Hitomi ! Cette franchise doit vous donner bien du fil à retordre, m’a dit M. Nakano d’une vois bizarre en s’emparant d’un geste magnanime des trois mille cinq cents yens que je lui tendais. ».



Autour du bric-à-brac de M. Nakano gravitent essentiellement trois autres personnages. D’abord ses deux employés, Hitomi, une jeune femme réservée et Takeo, un jeune homme lui aussi peu disert, qui lui sert d’homme à tout faire. Et puis il y a aussi la sœur de M. Nakano, Masayo, artiste qui passe néanmoins beaucoup de temps dans le magasin.



Le point commun entre frère et sœur, tous deux d’âge mûr, c’est la complication de leurs vies sentimentales. M. Nakano, un homme un peu pingre et original, en est à sa troisième épouse mais a aussi des liaisons avec d’autres femmes. Masayo va de déception en déception, avec des hommes peu fiables.



En contrepoint le jeune couple que forment Hitomi et Takeo brille par sa gaucherie… Ils ont vraiment des difficultés à se parler et plus encore à se comprendre. Une liaison s’ébauchera pourtant.



En apparence, peu de choses se passent dans ce roman, construit autour de différents objets qui arrivent ou partent de ce magasin. Je me suis toutefois attaché aux personnages, suffisamment pour aller sans problèmes au bout ce cette histoire douce-amère. Le rythme est placide, ce qui n’est pas désagréable. J’ai eu l’impression moi aussi de passer du temps dans ce magasin, à guetter par la fenêtre l’arrivés de clients potentiels ou bien les saisons qui passent…

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