AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hubert Nyssen (34)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'éditeur et son double

Lu peu après sa parution, en 1989----Relecture avril avril 2019



Cela faisait déjà quelques années que j'avais débuté mon métier de libraire... j'ai suivi la naissance de cette maison d'édition avec un bonheur sans égal: tant par l'originalité du format et des couvertures que par les traductions de pays, peu représentés dans le paysage éditorial français....à l'époque !!





"Après tout, se fût-elle faite, cette Europe, les miens seraient peut-être morts un peu plus vieux, un peu moins tristes.



Alors j'ai décidé, un beau matin, de me la faire, cette Europe qu'on ne me faisait pas. Et, dans cette maison décentralisée (comme on dit avec si peu d'élégance), je me suis mis à accueillir des textes allemands, scandinaves, italiens, espagnols, russes, grecs, autrichiens, belges, d'autres encore. Et aujourd'hui elle est là, sensible, vivante et vraie, mon Europe communautaire : dans ces livres publiés, dans ces textes, dans ces pages qui m'emmènent aux quatre vents, dans cette ineffable communion du regard et de la mémoire." (p. 18)



Ces carnets nous offrent des instantanés du métier d'éditeur, de

multiples anecdotes, les rencontres d'Hubert Nyssen avec d'autres

écrivains, ses choix éditoriaux, ses différentes facettes d'éditeur, d'écrivain, de traducteur, ses voyages dont celui très mouvementé à la Havane autour d'un colloque littéraire, sous haute surveillance des "bons révolutionnaires, communistes"... jusqu'à l'extrême difficulté de l'éditeur pour aller se recueillir sur la sépulture d'Alejo Carpentier !



"[Arles, 19 octobre 1983 ]



En Afrique du Sud, ils ont pendu le poète Benjamin Moloise. A Paris, le Pen, à la télévision, lave plus blanc que blanc et poursuit sa mussolinienne offensive en faveur de l'ordre moral. Au Nicaragua ils ont supprimé les libertés individuelles au nom de la sécurité démocratique...Et dire qu'on trouve encore des gens pour demander quelle nécessité il y a d'éditer des livres ! "(p. 137)





Tour à tour amusant, cocasse, grave et bouleversant de revisiter cette extraordinaire aventure éditoriale...l'histoire des écrivains qu'Hubert Nyssen a fait découvrir aux lecteurs français... dont Paul Auster, Jean Hugo, Nina Berberova, et tant d'autres , son indépendance qu'il a toujours vaillamment préservée...!



Hubert Nyssen aborde tous les aspects, toutes les contraintes auxquelles un éditeur est confronté, dont l'argent, qui reste le "nerf de la guerre" !!



"Nombre de nouveaux éditeurs, comme on les appelle, se sont cassé la figure pour avoir méprisé l'argent. D'autres ont disparu pour n'avoir pensé qu'à ça. Et de vénérables maisons ont terni leur image en montrant que du côté de l'argent elles plaçaient désormais leur absolu. (...)

On sait cela : il faut de l'argent pour acquérir des oeuvres, de l'argent pour

fabriquer des livres, de l'argent pour les diffuser, de l'argent pour convaincre, et de l'argent pour obtenir de l'argent." (p. 82)



Je redis mon admiration pour le catalogue exceptionnel des éditions Actes Sud, et pour la continuité réussie et assumée par Françoise Nyssen, la fille de son fondateur !...

Commenter  J’apprécie          474
La Sagesse de l'Éditeur

Un court essai-témoignage très intéressant pour qui veut approcher la passion qui anime un éditeur, et pas n’importe lequel, Hubert Nyssen, le fondateur en 1978 des éditions Actes Sud, une des plus belles maisons d’édition de littérature actuelles selon moi grâce à un fonds, des nouveautés et une diversité qui comptent souvent dans mes choix personnels de lectrice.



Paru dans la collection Sagesse d’un métier, l’auteur revient sur son parcours et ses moments décisifs, et tente de dégager les éléments-clés du « métier ».

En vrac, je retiens surtout qu’il faut : un zeste de folie, des rencontres déterminantes, un talent de découvreur, un goût immodéré et sans limite pour la lecture ET l’écriture…une détermination sans faille - les obstacles sont nombreux - pour accomplir cet artisanat de passeur de mots, d'histoires et d’émotions.



Un témoignage qui ne veut surtout pas être une recette du succès, mais plutôt une réflexion d’un homme passionné qui écrit que « S’il est une " sagesse de l'éditeur ", elle est non seulement dans la folie qui le pousse à rompre avec les idées reçues et les contraintes autant qu'avec les mirages mercantiles, mais qu'elle est aussi - qu'elle est d'abord - dans son propre accomplissement, ou si l'on préfère : son épanouissement. »

Pour le plus grand plaisir du lecteur, finalement.

Commenter  J’apprécie          454
Les belles infidèles

Hubert Nyssen (1925-2011) n'était vraiment pas n'importe qui : un Belge qui s'était installé en Avignon, le fondateur des Éditions Actes Sud et le père de l'actuelle ministre française de la Culture, Françoise Nyssen. Et subsidiairement : membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et docteur honoris causa de l'université de Liège. Pour situer le personnage, je cite l'écrivain argentin, Alberto Manguel, qui lui a rendu hommage en ces termes : "Ce qui était toujours déconcertant chez Nyssen, c'était sa capacité de rassembler un groupe de gens divers sans jamais se placer au centre, telle une force gravitationnelle invisible qui prête mouvement et grâce aux autres corps..." (source : Wiképedia).



Comme néerlandophone, je lui dois une fière chandelle pour tous les auteurs qui ont écrit en néerlandais - Hollandais comme Flamands - que sa maison d'édition, sous son impulsion, a fait connaître en France et dans le monde francophone, en publiant leur oeuvre en version française.

Ce fut le cas de Hugo Claus, Harry Mulisch, Hella S. Haasse, Anna Enquist, Cees Nooteboom ... et tant d'autres écrivains et poètes.



Que ce romancier, poète ("Eros in Trutina") et essayiste (entre autres sur l'Algérie, Albert Cohen, Pierre Alechinsky etc.), se lançait également, à ses heures, dans les thrillers a sûrement de quoi surprendre et c'est cependant exactement ce qu'est : "Les belles infidèles", paru dans la collection Polar Sud, en 1991.



En linguistique, l'expression "belles infidèles" est réservée pour les libertés prises dans la traduction d'un texte.



La fille unique du riche et puissant promoteur Gaston Charmasson, Ludivine, 28 ans et ethnologue, épouse Ivan Jalabert, coopérant en Afrique, et qui manque à la cérémonie de mariage à l'hôtel de ville d'Avignon ? Justement... Le père Gaston !

Louis Renoir, commissaire de la P.J. de Lyon à la retraite et témoin de Jalabert s'étonne, mais ne s'inquiète pas trop et essaie de rassurer l'épouse Carmen, qui elle panique. Il est vrai que Gaston mène une vie des plus actives : il y a ses affaires commerciales et extra-conjugales, entre autres avec sa "vamp" de secrétaire, Geneviève Brunetti.

Il est vrai également qu'à Louis Renoir les enquêtes policières ne l'emballent pas des masses. L'unique violon d'Ingres de ce veuf sans enfants est la traduction des livres. En passionné, il se procure des oeuvres traduites plusieurs fois et s'amuse à en faire des lectures comparatives.



Gaston, un prédateur qui adore le rouge-pourpre des lupanars, a surpris son futur gendre, dont il ne raffole pas du tout, le matin même du mariage à son hôtel pour avoir avec lui une conversation plutôt insolite. C'est du moins, ce que raconte Jalabert à Ludivine et Renoir. En réalité, il y a eu entre les 2 une altercation et une empoignade dans la boîte de nuit de Gaston "Apocalypse Now", qui ont forcé Pavel, un gorille à double colonne vertébrale et gardien des lieux, ainsi que Hassan Moktar, l'homme à tout faire de Gaston, à intervenir pour les séparer.

Renoir, le parrain de Jalabert, se sent obligé de mener sa petite enquête, bientôt rejoint, officiellement, par l'inspecteur avignonnais, Raoul Dutry, baptisé "le Capucin", à cause de sa coiffure.

Entretemps, le corps de Gaston est découvert dans sa bagnole : tué à coups de couteau dans le ventre.

Le duo Dutry et Renoir ont déjà 3 suspects : Jalabert, Pavel et Hassan. Auxquels il faut ajouter l'associé de Gaston, Luigi Rinaudi de Milan, qui a investi dans ses affaires, qui lui a prêté de l'argent et qu'il avait souhaité que Ludivine épouse.



Si vous croyez qu'il s'agit d'une simple énigme policière, vous vous trompez. C'est mal connaître les vastes connaissances littéraires de l'auteur et dans ce bref polar, Hubert Nyssen se montre digne de la citation d'Alberto Manguel. Non pas qu'il affiche ses connaissances à la façon d'un Yannick Haenel dans "Tiens ferme ta couronne" par exemple, mais au contraire avec modération et sagesse. Ainsi, l'inspecteur Dutry est un fanatique des syllogismes de Lewis Carroll dans "La chasse au Snark" et surtout "Alice au pays des merveilles", tandis que Renoir passe par Valery Larbaud et le seul Nobel belge, Maurice Maeterlinck.



Pour tout vous dire, j'avais choisi ce livre en hommage à Hubert Nyssen en reconnaissance de ses efforts pour notre littérature et j'ai été captivé par l'intrigue policière, la richesse littéraire, le style et l'humour. Un exemple de ce style : à Ludivine qui parle de son séjour en Sierra Leone, Renoir murmure, en passant, "À (Joseph) Conrad je préfère (Claude) Lévi-Strauss."

Mon dernier mot est pour Avignon, dont Mérimée a écrit : "En arrivant à Avignon, il me sembla que je venais de quitter la France." Indépendamment de la boutade de notre Prosper, j'espère pouvoir y retourner cet été.

Commenter  J’apprécie          3910
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Dans une longue lettre, Hubert Nyssen répond aux questions de Mademoiselle Esperluette. Le livre, la lecture et l’écriture sont au cœur de ses réflexions. « C’est pourquoi il me paraît urgent de vous rappeler que livre et lecture sont en quelque sorte les amants rivaux d’une belle capricieuse qui se nomme écriture. » (p. 31) Il commence par s’interroger sur ce qui fait la valeur d’un livre, à savoir prophétiser sur sa gloire éternelle ou jouir du bonheur immédiat qu’il procure. Hubert Nyssen n’a pas peur de la crise du livre, il la trouve même salutaire en ce qu’elle secoue l’objet, sa pratique et ses pratiquants, les empêchant de se scléroser. « Une chose est de se demander où va le livre, une autre où va la lecture. » (p. 21) En fait, Hubert Nyssen n’a peur de rien, même pas du grand méchant ebook. Au détour d’une démonstration, il rappelle à sa jeune interlocutrice que la crise du livre n’est qu’une mise en abyme de la crise qui secoue la société. Il clôt son propos en faisant l’éloge du livre au travers des lecteurs, le premier ne pouvant vivre sans les seconds, l’inverse étant probablement tout aussi vrai.



Dès les premières lignes, cette correspondance unilatérale m’a rappelée les relations épistolières des Lumières, comme celle qui unissait Diderot et Sophie Volland. L’homme, souvent plus âgé, abordait moult sujets avec sa jeune amie qui, de disciple, devenait égale dans le débat d’idées. Hélas, rien de tel ici. Le ton de l’auteur reste dogmatique, professoral et pontifiant quand il ne verse pas dans le paternaliste douteux, le tout dissimulé sous une bonhommie de mauvais aloi. Mademoiselle Esperluette n’est finalement qu’une jeune lectrice naïve, une oie blanche qu’il faut rassurer et parfois flatter. Piètre image de la femme lectrice… Hubert Nyssen est un homme qui sait ses lettres et qui ne se gêne pas pour l’étaler. La pirouette finale est tellement prévisible qu’elle est en presque risible, mais elle rattrape un peu le tout : on peut tout pardonner à un homme qui parle à un fantasme.



Une esperluette, c’est un signe topographique qui fait office de conjonction de coordination. Et la lettre d’Hubert Nyssen remplit cet office. Même si la forme m’a souverainement agacée, le fond est plein de bon sens. Il s’agit de montrer au lecteur qu’il n’est pas seul, même si l’acte de lecture silencieuse est éminemment solitaire. Hubert Nyssen fait de l’acte de lire un véritablement engagement. « De toute manière, le temps, et en particulier, le temps de lire, dites-vous bien qu’on ne le trouve pas, on ne le trouve jamais qui, tout à coup disponible, vous attendrait. Le temps, ça se prend ou ça se perd ! Si vous voulez en disposer, vous ne pouvez que l’attraper, le choper, le ravir. C’est un choix à faire dans les priorités que vous vous donnez. » (p. 98 & 99)



Je termine ce billet en demi-teinte par deux citations que je vous laisse méditer.



« Car il ne suffit pas de savoir lire pour pouvoir lire. » (p. 64)



« Bien lire n’est pas trop lire, c’est encore moins lire par force. » (p. 82)

Commenter  J’apprécie          350
Neuf causeries promenades

Il n'est jamais trop tard... Je viens de retrouver une note écrite sur une lecture, faite, il y a déjà près d'une année, en décembre 2015...;



L'éditeur, et célèbre fondateur des éditions Actes Sud [Véritable caverne d'Ali-Baba en littérature de tous pays], Hubert Nyssen nous livre,dans ce petit volume, neuf causeries, dont une, passionnante sur les écrits

politiques et l'oeuvre du Grand Hugo...



"Mais, comme écrivain et comme éditeur, ce qui m'a le plus fasciné dans cette œuvre considérable et dans les accomplissements de cet homme, c'est la constante résolution qu'il eut de hisser son idéal révolutionnaire

vers l'absolu sans s'écarter des évidences ni des réalités. Il s'agissait pour lui, en somme, de ne jamais séparer les actes et le langage car seul le langage peut porter la résonance des actes au-delà de la sphère de

l'entendement immédiat. Dans chacun des textes de Hugo on sent vibrer cette force transcendantale qui est capable de se jouer de la perfidie des idées reçues, de l'immobilisme des préjugés, des barrages dressés par

des intérêts particuliers." (p. 34)



Une autre, causerie poétique sur son amour des arbres et de l'écriture, lié à une grand-mère qui le mena très tôt sur les chemins de la lecture, pour notre plus grand bonheur, aujourd'hui !

Mais cet amour des arbres se faufila dans tous les interstices de l'existence de "notre éditeur" passionné, dont le récit émouvant d'une rencontre avec l'architecte, Fernand Pouillon. Je ne peux résister à en transcrire un extrait...



"Le second souvenir est celui d'une mémorable rencontre avec Fernand Pouillon, l'architecte qui fut aussi l'auteur des -Pierres sauvages-, ce fort beau roman qui raconte l'édification de l'abbaye du Thoronet. Avant de me faire visiter ses constructions algériennes d'inspiration traditionnelle, Pouillon me fit contempler un palmier et voir que toute l'architecture était là présente, avec le tronc dont le bois sert aux charpentes, avec les palmes qui ont inspiré la courbe des arcatures et avec ces feuilles pennées frémissant au gré du vent qui ont suggéré le grillage des moucharabiehs destinés à voir sans être vu.



Des souvenirs comme ceux-là, j'en ramasse à la pelle dans ma mémoire et je ne peux davantage vous en accabler. Mais je ne peux non plus me taire sur un rapport à l'arbre qui est présent depuis longtemps sinon depuis toujours dans ma vie d'écrivain et d'éditeur. Je veux parler du papier dont l'arbre est le fournisseur. (p. 114)



Une très agréable lecture qui illustre magnifiquement la passion absolue d'Hubert Nyssen pour l'écriture, la lecture et pour son métier d'éditeur-découvreur !!





Commenter  J’apprécie          290
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Lira bien qui lira le dernier est un petit texte qui sort de l’ordinaire – comme c’est souvent le cas lorsque c’est signé Hubert Nyssen. S’adressant à une lectrice imaginaire qui s’inquiète de l’avenir de la lecture, l’éditeur lui répond par une longue lettre (libertine) voulant apaiser ses inquiétudes. Avec humour, et un brin d’énervement parfois face au chaos du monde, Nyssen décortique les sentences quotidiennes annonçant la mort du livre.



« Pourquoi renonceriez-vous à l’émotion de l’inattendu, à la surprise de la découverte ? Vous avez encore accès aux livres, profitez-en ! La lecture est une passion, et que vaudrait une passion sans mystères ? Lira bien qui lira le dernier. »



Tel un vent de panique, l’apostrophe « c’est la crise », « où va le livre », ressurgit régulièrement. Or Nyssen s’interroge : le livre n’a t-il pas toujours été en crise ? Autodafés, démolitions, interdiction, les livres – et souvent les bibliothèques qui les hébergeaient – ont été la cible des autorités ou de révolutionnaires durant toute l’histoire de l’humanité.



Mais l’éditeur souligne habilement qu’ici, c’est le support papier qui est en crise, pas le texte lui-même, pas la lecture … Deux interrogations, deux angoisses distinctes, à distinguer à tout prix.



En ce qui concerne le support, il souligne que les gros lecteurs aiment toujours autant entasser les livres, aiment leur présence, leur présence physique.



En ce qui concerne le texte, il souligne que l’écriture se modifie à mesure que le livre évolue et que son lectorat se transfigure. C’est là une réflexion intéressante car c’est un mouvement à double sens : l’écrivain s’adapte à son public, son public s’adapte à l’écrivain qui s’adapte à son public. De là à envisager l’éventualité que la bonne littérature se perd à cause d’un mauvais public, il n’y a qu’un pas. Que je ne franchirai pas ici.



Pourtant, la rage d’écrire existe toujours « Rage d’écrire par rage d’exister, un besoin de donner de la voix dans le tumulte où l’on pourrait n’être pas entendu. »



Il réaffirme également « l’exception culturelle » qu’est le livre : « La question n’est pas d’avoir le meilleur produit au meilleur prix ni de subordonner par principe la sauvegarde d’une œuvre à celle de la trésorerie, mais d’empêcher la création littéraire d’être laminée ou remplacée ou ensevelie par des livres complaisants et services, dans les lieux mêmes où elle était jusque-là présente. » Attention aux éditeurs qui verraient le livre comme un produit marchant comme les autres …



Avec raison, il remarque que de tout temps, la portion des lecteurs a été faible. Il faut avoir été « éduqué » pour savoir lire, non pas être allé à l’école mais avoir été habitué à se concentrer, se délecter des mots, se laisser porter par une histoire. Ce que les enfants d’aujourd’hui se savent pas toujours faire … Ceux qui déplorent que les gens ne lisent pas assez aujourd’hui sont trop souvent des négociants pour qui la qualité littéraire compte moins que celle d’un « lectorat considéré comme un marché qu’il importe d’affourcher et d’exploiter ».



En creux du discours de Nyssen, se dessine donc la figure du « vrai » lecteur, qui choisit ses lectures selon ses goûts, sans pression, ne se dépêche pas de les lire, n’est pas « asservi », donc heureux.



Épinglant les épiciers éditoriaux, dénonçant les prix littéraires, vilipendant les pseudo-écrivains pris d’angoisse s’ils ne publient pas un livre tous les deux, Nyssen n’a pas la langue dans sa poche, et c’est un plaisir de lire enfin quelqu’un qui a vécu pour ses idées et ne le cache pas.



Sa conclusion est pourtant tatillonne – mais la seule vraie position à avoir – à savoir qu’avec de tels bouleversements à la fois du support, du texte, de l’écrivain, du lecteur, de l’éditeur : qui peut prévoir l’avenir du livre ?



Avec en prime une belle écriture, et des anecdotes sur son métier d’éditeur, ce texte est un petit bijou !



Pour finir, une phrase qui répond à la question récurrente qui revient sur ce blog ou dans la vie réelle : comment trouves-tu le temps de lire autant ?



« Le temps, ça se prend ou ça se perd ! Si vous voulez en disposer, vous ne pouvez que l’attraper, le choper, le ravir. C’est un choix à faire dans les priorités que vous vous donnez. » La lecture n’est pas une activité quand on a « rien d’autre à faire » …



D’ailleurs, la fin de cet article décousu approchant, je m’en vais lire …



« La littérature est un luxe; la fiction, une nécessité. » (G.K. Chesterton)
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          270
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Cher Monsieur Nyssen,



A travers cette longue lettre, qui n'est au final pas si libertine que cela, et dans laquelle vous vous adressez à une demoiselle imaginaire, Esperluette de son nom, vous dressez un état des lieux du livre, de la lecture, que vous décrivez fort judicieusement comme amants : "C'est pourquoi il me paraît urgent de vous rappeler que livre et lecture sont en quelque sorte les amants rivaux d'une belle capricieuse qui se nomme écriture.", et par la même occasion du lecteur.

Force m'est de constater qu'énoncer il y a déjà quelques années de cela, votre point de vue est toujours ô combien d'actualité.

Oui, il est toujours question que la fin du livre soit pour demain, oui, il m'arrive parfois d'entendre une voix étonnée me dire : "Quoi ? Tu lis encore des livres papier ?", voire pire : "Les livres ? La lecture ? Ca ne sert à rien.".

Je pourrais alors me lancer dans un discours enflammé pour défendre ardemment le livre, le plaisir que revêt la découverte d'un auteur, de quelques heures passées en compagnie de personnages qu'il est très difficile de quitter, mais je préfère ne rien dire et laisser cette personne dans son ignorance d'un plaisir si simple et si enrichissant à la fois.

Mais tout ça, c'était avant de lire votre livre, et aujourd'hui je serai donc en mesure de rétorquer à toutes ces personnes : "Lira bien qui lira le dernier".

Vous le dites très justement : "Le livre n'est que le support actuel de la chose écrite, il n'est rien d'autre que l'outil utilisé dans un moment de l'histoire dont nous sommes encore les acteurs.", ainsi aujourd'hui le livre vit toujours dans sa version papier, mais il se développe aussi dans une version électronique et qui sait si demain il ne sera pas appris par coeur et raconté oralement comme le font les personnages de "Fahrenheit 451".

Je vous avoue que c'est avec curiosité que j'ai commencé à lire votre ouvrage, puis très rapidement par intérêt.

Je me suis reconnue dans beaucoup de vos propos et votre livre a eu le mérite de pousser un peu plus loin ma réflexion sur la lecture, les rôles à la fois du livre et du lecteur.

C'est un aspect que j'aime dans la lecture, lorsque ce qui est écrit me pousse dans mes retranchements et m'ouvre les yeux sur des aspects jusque là ignorés, ou qui étaient tellement évidents que je ne me posais aucune question.

La curiosité, surtout littéraire, n'est décidément pas un vilain défaut.

Et puis, cela a un côté rassurant de ne pas se savoir seule par rapport à ce que l'on pense, mais aussi dans l'état de fébrilité que peut nous mettre la lecture.

Vous ne laissez rien de côté et vous abordez tous les aspects de la question, n'hésitant pas à dire des vérités qui ne sont pas toujours bonnes ni plaisantes à entendre, notamment celles concernant les Prix Littéraires : "Après tout, mademoiselle Esperluette, il vaut mieux vous dire qu'un prix littéraire, ça ne fait pas plus le talent qu'une hirondelle ne fait le printemps.".

Votre expérience est d'autant plus intéressante que vous avez eu à la fois la casquette d'éditeur mais également celle d'écrivain, et que c'est fort de vos expériences personnelles que vous avez mené vos réflexions.

Quant à votre plume, elle est tout simplement savoureuse et délectable à lire et j'aime à dire que j'ai passé un agréable moment en votre compagnie.

Malheureusement, vous êtes de ces personnes que je ne pourrai pas rencontrer ici-bas afin de pouvoir prolonger la discussion sur votre ouvrage et plus généralement sur l'avenir de la lecture, et vous dire tout le bien que je pense de votre livre et des réflexions que vous y avez couchées sur papier.

Il me reste la consolation de savoir qu'il y a en chacun des lecteurs/trices de ce livre un peu de votre demoiselle Esperluette et que le dernier lecteur n'est pas encore né.



Une modeste lectrice.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
Commenter  J’apprécie          200
Les déchirements

Hubert Nyssen, né en 1925 était écrivain, essayiste, poète et éditeur. Il est le créateur des éditions « Actes Sud » que j'affectionne particulièrement.En 2005, il est décoré de la légion d'honneur et en 2011 est fait Chevalier de l'Ordre du Mérite Wallon.

Son roman « Les déchirements » sort en 2008.

La famille Cordonnier compte trois fils dont le prénom débute communément par la même lettre « V ». Victor est l'ainé, Valentin le second et Vincent le cadet. A l'âge adulte, les frères ont peu de contact. C'est à la mort de Victor survenue dans un accident de voiture que Valentin éprouve le besoin de comprendre pourquoi cette distance s'est installée et ce qui a meublé la vie de Victor qui lui échappe. Il se rapproche de sa veuve Colette qu'il connait à peine afin qu'elle l'éclaire sur ses lacunes.Leurs multiples rencontres les installent dans un huis clos où Colette conte des séquences de la vie de Victor et notamment la présence du spectre de Julie Devos entre elle et son époux. Ce dernier a été éperdument amoureux de Julie, jeune enseignante alors qu'il était encore étudiant. Malheureusement le destin de Julie s'achève dans un camp de concentration où elle déportée en ce temps de guerre.Victor aura des liaisons avec d'autres femmes après la perte de Julie mais aucune, même pas Colette, ne réussira à dissiper les contours enveloppants de la toile tissée autour de son âme par le spectre de Julie. Valentin décide d'écrire le récit de Colette autour de son frère, de sa famille qu'elle connait dans des détails qui lui ont échappé. Entre eux, soi-disant aucune ambiguïté n'existe puisque Valentin est homosexuel, néanmoins le trouble le gagne face à cette femme désirable. Valentin comprendra pourquoi son frère ne s'est jamais remis de son amour impossible pour Julie en rencontrant Barbara à Genève qui apportera la pièce manquante au puzzle entrepris par Colette. Ce qui nous laissera entrevoir la symbolique quant au choix du titre de ce roman envoutant « Les déchirements ».

Une très belle écriture transmet parfaitement l'ambiance du huis clos ainsi que le malaise présent en constante toile de fond, ce qui nous empêche de reposer ces pages à découvrir avec lenteur.
Commenter  J’apprécie          190
L'éditeur et son double Tome 3 : 1989-1996

J'aime bien associer un livre marquant à un cap symbolique, en l'occurrence, ma 550ième chronique sur Babelio.

Mon regard a élu le troisième volume des carnets d'Hubert Nyssen, fondateur de la maison Actes Sud, en Provence. Où sont passés les deux premiers tomes ? Mystère.

Je me souviens d'une rencontre avec l'éditeur, décédé en 2011, belge de naissance, à la librairie Point-Virgule (Namur). L'homme était affable, pétillant, l'oeil souvent malicieux. J'ai acheté ses "mémoires" après cette rencontre mémorable.

En commençant ce texte, je vois que les souvenirs d'un homme de lettres n'a séduit que trois personnes et n'a aucune citation. Quel dommage !

J'ai lu à l'époque (2002 ou 2003) 516 pages délicieuses, avec plaisir et admiration. Hubert Nyssen raconte simplement l'ordinaire d'une vie extraordinaire, faite de découvertes, d'amitiés, d'excitation, de petits et grands noms, de doute aussi. La narration fluide va de pair avec la qualité littéraire, inattendue chez un écrivain occasionnel, avant tout homme de goût.

Une de mes connaissances avait eu le culot de lui remettre un de ses textes lors de sa venue à Namur. Hubert Nyssen a réagi quelques jours plus tard. Sa note commençait ainsi : Que de mots... Vous les aimez un peu trop...

Je suis heureux de rendre hommage à l'artisan. Je me demande ce qu'il penserait de l'évolution de sa "maison", devenue conglomérat aux assises incertaines, si l'on en croit la presse.









Commenter  J’apprécie          133
A l'ombre de mes propos : Journal de l'année ..

Cet petit recueil m’a été ramené directement de la librairie Actes Sud en Arles. A une époque, je me suis beaucoup intéressée à Hubert Nyssen, car ce fut le mentor de Sabine Wespieser dont il est inutile de répéter ici encore que c’est une de mes maisons d’édition préférée. C’est de Nyssen et de sa belle maison d’édition que Sabine Wespieser s’est en effet inspirée pour construire la sienne, après avoir fait ses armes à Actes Sud. Par la suite, j’ai découvert le très bon « La Sagesse de l’Editeur » aux éditions J.C. Béhar par ce même Nyssen, qui y creuse ce qui fait un bon éditeur, et surtout un bon passeur de littérature, lui qui a publié Paul Auster, Nina Berberova, Nancy Huston, entre tant d’autres. En tant que future bibliothécaire, son petit texte m’avait beaucoup parlé, et beaucoup apporté.



Enfin, lorsqu’il est décédé en novembre 2011, je m’étais replongée dans sa vie. Je savais qu’un documentaire avait été tourné en 2009, et qu’il devait repasser sur Arte en 2011, en hommage, mais je l’ai raté.



Quand j’ai ouvert ce recueil, qui retrace l’année 2009 du point de vue de Nyssen, jour après jour, j’ai tout de suite fait le lien avec tout ça : c’est cette année justement que fut tourné le documentaire ! Après l’avoir refermé, j’ai donc sérieusement cherché ce film, et je l’ai trouvé ! Ce fut comme si j’avais un aperçu des carnets en image : la Provence, Actes Sud, ses premières armes, ses collaborateurs, toutes ces images étaient éclairées par les propres phrases d’Hubert Nyssen, que je venais de lire :



« On ne laisse plus aux idées le temps d’aller au bout de leur croissance, de leur efflorescence. Nous nous faisons illusion par quelques-unes que nous disposons, telles des fleurs coupées, dans un vase sur la table du salon. »



Parsemé de bouts de vie commune avec la traductrice Christine Le Boeuf (qui a en particulier traduit tout Paul Auster, Alberto Manguel et bien d’autres); de morceaux ensoleillés de Provence; de déjeuners entre amis (plus ou moins connus) sur la terrasse au son des cigales; et de souvenirs de ses combats éditoriaux, ce petit carnet se dévore et permet de dévoiler une face intime mais essentielle de cet homme intelligent, sensible mais si serein.



A chaque phrase, une citation littéraire, une réflexion, une contemplation des paysages, transposés par sa langue poétique. A chaque phrase, je me précipitais sur mon ordinateur pour comprendre de qui il parlait, ou de quel ouvrage. A chaque phrase, une douce nostalgie se dégageait, mais nul regret. Car tout comme Colette – qu’il cite – il est resté jeune, et c’est ce qui lui importe : « N’allez pas vous plaindre de ce que la soixantaine me trouve encore étonnée. S’étonner est un des plus sûrs moyens de ne pas vieillir trop vite. »



Ces carnets sont donc une merveilleuse manière de nous projeter directement dans son monde. Je ne résiste pas à l’envie de vous copier une citation de son dernier carnet, datant de janvier 2011 :



« Mon dernier livre, À l’ombre de mes propos, est arrivé hier ou avant-hier par la poste. Douce illusion que la fin n’est pas pour demain. Nous ne sommes encore qu’à la mi-janvier et je griffonne devant la fenêtre ouverte, conversant avec la ramure du platane dont les bourgeons imprudemment se gonflent. »



J’espère que je vous ai donné envie d’en savoir plus à votre tour … Vous pouvez lire l’intégralité de ses carnets sur son site, de 2004 à 2011 : http://www.hubertnyssen.com/carnets.php#



De mon côté, il me reste maintenant à découvrir les propres œuvres de Nyssen (16 romans et autant d’essais, des poèmes, du théâtre, souvent couronnés par de grand prix littéraires), pour compléter mon parcours et connaître encore mieux ce grand homme …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          130
Le monologue de la concubine

Un monologue que j'ai vraiment aimé dès les premiers mots, les premières phrases. Les mots sont crus, nets et précis. Les phrases sont captivante on croirait entendre la voix de plus d'un personnage. Une pièce de théâtre très vivante avec un langage de femme déchirée qui clame sa révolte contre un amour mortel. L'amour d'un homme qui a chamboulé sa vie entière.

Elle s'appelle Irma, elle crie des tas de merdes sur cet homme déjà mort, Bruno Bonopéra. Celui là qui, trente plutôt lui ramène sur pieds sa Juliette de son Roméo à lui, ensuite lui informe qu'il est mariée avec deux enfants et qu'elles devraient se rappliquer. Celui-là qui, après la mort de sa femme Fernande, au lieu de l'épouser elle, puisqu'il est redevenu célibataire. Non il décide d'épouser Paulina, une veuve dont il a été très épris dans sa jeunesse...

Irma en a beaucoup à cracher r!!! Par la voix de Irma, on croirait entendre la voix de toutes les femmes duper en amour. Et s'il faut aller au delà on dira de l'homme tout court c'est-à-dire la voix d'Irma est la voix de tous les désespérés en amour.
Commenter  J’apprécie          120
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Voilà ici un livre qui est très intéressant et qui fait réfléchir, et en plus cultive par ses références littéraires !



Il s’agit ici d’une réponse faite aux inquiétudes d’une lectrice imaginaire, Madame Esperluette, inquiétudes visant le devenir de la lecture et du livre. Hubert Nyssen met au clair avant tout le fait qu’il ne souhaite pas se poser en prévisionniste « Je ne suis ni lointain disciple de Nostradamus ni adepte de Madame Elisabeth Tessier ». Il relève le fait que depuis toujours on se trouve en pleine crise du livre, et pourtant il est toujours là malgré les tentatives de destructions, commençant par les bibliothèques.



Pour lui livre et lecture sont bien distincts, le livre n’étant qu’un support. Il s’inquiète tout de même quant à la disparition possible du plaisir du livre papier comme on le connait, « une sensualité’ qui risque de s’éteindre, « un désir ». Il est attaché à tout ce qui fait un livre, son format, ses caractères, son poids etc. Il reconnait pourtant que bien que la technologie puisse faire peur, elle a toujours apporté un plus qu’on n’avait sans elle auparavant « l’habileté de nos trouveurs et les progrès de la nanotechnologie peuvent nous valoir un jour prochain un in-dix-huit, vierge d’apparence, sur les pages duquel, comme s’ils étaient imprimés à l’encre sympathique, les textes apparaîtraient et s’éclipserait à la demande, un livre ainsi capable de nous permettre de choisir en un tournemain nos lectures dans toute la littérature du monde ».



Non, lui ce qui l’inquiète le plus dans tout ce monde de la littérature c’est l’importance de l’aspect mercantile, la mise en avant d’un livre non pas pour ses valeurs littéraires mais pour ses possibles valeurs en terme de bénéfice. De plus en plus de livres sont créés en rapport, par exemple, à l’actualité et dans le seul but d’avoir un retour marchand exceptionnel. Il remet en cause les prix littéraires qui pour lui sont plus basés sur des intérêts économiques que sur de réels jugements littéraires : « Après tout, Madame Esperluettes, il vaut mieux vous dire qu’un prix littéraire, ça nef ait pas plus le talent qu’une hirondelle ne fait le printemps ». Il déplore aussi les émissions culturelles tardives, qui sont reléguées à divertir les rares insomniaques pour laisser place « à des divertissements plus conformes aux exigences des publicitaires« .



Le vrai déclin que lui voit, c’est celui du vrai livre, de la littérature, face à tous ces livres nés pour le profit, mis en foucade pour l’amour de l’argent et non de la littérature. Alors son point de vue pourrait paraître prétentieux pour certains parfois car il défend fermement la « vraie » littérature, mais pour un passionné et face à des manipulations envers le lecteur pour le profit, et l’édition de tout et n’importe quoi, cela peut se comprendre. Il prétend que cela ne peut que perdre le lecteur et le détourner, au pire des cas, de la lecture, et aussi faire perdre la vraie valeur littéraire. Il a remarqué aussi l’arrivée de futurs éditeurs qui ne lisaient même pas de livre « l’on ne peut parler de la lecture et promouvoir le livre si l’on n’est soi-même lecteur ». Je pense que c’est d’une évidence implacable selon moi.



La représentation des femmes en tant que lectrices est de plus en plus évidente. D’après lui si quelqu’un devait sauver la lecture ce serait les femmes. Et même en tant qu’écrivains, elles ont une place qui prend de l’ampleur. La lecture est donc loin de voir sa fin pondre. Il est cependant inquiet de la perte de la richesse du langage qui fait ce qu’est la littérature, de l’appauvrissement du vocabulaire qui est forcément l’ennemi des livres et de la lecture (par exemple le Globish utilisé pour les négociations commerciales).



Ce qui m’a beaucoup marqué dans ce livre c’est lorsqu’il a parlé des histoires racontées, de quelles façons elles peuvent donner l’envie et le goût de la lecture : « en racontant ce qu’il y a dans les livres on peut donner envie de les lire ». Cela m’a fait retomber en enfance, avec ma mère qui me lisait des histoires le soir. Et je me dis aussi que si à l’école on avait pu me raconter comme cela des histoires j’aurais surement aimer les livres bien plus tôt, ou disons plutôt que je ne m’en serais pas écartée un temps. Il parle de cela aussi dans ce livre, l’importance de ne pas seulement faire lire, mais apprendre à lire, donc apprendre à aimer lire.



Mais ils parlent de bien d’autres choses aussi…



J’ai aimé ce livre, car il soulève diverses points de réflexion quant à la lecture, aux livres, tout cela avec humour, légèreté mais avec discernement et expérience, point de vue d’un amoureux de la lecture et d’un éditeur. C’est important de lire un livre de ce type je pense. Il n’est pas gros (127 pages) mais il en dit long, et ce sur des choses essentielles pour faire perdurer la lecture et les livres.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
Commenter  J’apprécie          104
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Écrite durant quinze jours, cette lettre aborde la lecture sous des aspects différents, mais à la fois du point de vue du lecteur et de l’éditeur, double casquette que revêt Hubert Nyssen : le temps ou non de lire ; le vrai lecteur ; les critiques ; les émissions littéraires ; les prix littéraires ; la quatrième de couverture etc. Mais le thème qui revient le plus fréquemment sur le sujet de la lecture reste l’influence néfaste que prend, de plus en plus, l’aspect publicitaire et mercantile de l’édition
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
Commenter  J’apprécie          90
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Mademoiselle Esperluette (une lectrice anonyme québecoise) demanda un jour à Hubert Nyssen : "à quel triste destin (lui) me paraissaient promis, dans les turbulences de notre époque, l'attrait du livre et le plaisir de la lecture que nous sommes encore quelques-uns à partager."

C'est par le biais d'une longue épître titrée "Lira qui lira bien le dernier, lettre libertine sur la lecture" que l'auteur choisit de lui répondre.



Enjouées et désenchantées, résolues et légères, amusantes et graves, les réflexions de l'auteur sont toutes pleines d'intérêt. Abordant de nombreux sujets comme le travail de l'écrivain, le monde de l'édition (deux métiers qu'exerça Hubert Nyssen, il a été le fondateur des éditions Actes sud), la profusion de livres publiés aujourd'hui et les enjeux (mercantiles) qui la soutiennent, l'influence des académies littéraires qui font tout le succès d'un auteur et de son livre, les nouvelles technologies, le plaisir de lire, l'avenir du livre et de sa diffusion, etc. Ces sujets sont tous agrémentés par de savoureuses anecdotes qui rendent ce petit livre (96 pages) vraiment plaisant à lire.



C'est toujours un plaisir de lire des essais ou des réflexions sur la lecture et le lecteur comme celui d'Hubert Nyssen. C'est prendre un peu de distance sur une activité qui semble (ici sur Babelio) « aller de soi ». Mais le livre, la lecture a son histoire. La découvrir, c'est s'inscrire dans une filiation (proche ou lointaine) de l'écrit, de la lecture. Une raison supplémentaire de mieux éprouver sa passion.



"Lira bien qui lira le dernier, lettre libertine sur la lecture" est un livre en tout point passionnant. Avec Hubert Nyssen, s'instruire rime avec plaisir. Dès lors, pourquoi s'en priver ?
Commenter  J’apprécie          50
L'Etrange guerre des fourmis

Les fourmis vertes et les fourmis bleues coexistaient sans aucun souci jusqu'à ce qu'une fée un peu stupide s'en mêle.



Avec ce court roman, Hubert Nyssen nous montre l'importance des mots et de leur utilisation. L'interprétation est propre à chacun et si l'impulsivité s'en mêle, bonjour les dégâts. Évidemment, la couleur des fourmis va aussi jouer un rôle dans le conflit naissant et la différence va aussi être un thème abordé.

J'avoue que je n'ai pas été spécialement enthousiaste face à cette histoire et face à l'écriture de l'auteur mais les thèmes abordés amènent à une réflexion utile. C'est déjà pas mal.
Commenter  J’apprécie          40
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

Dans cette lettre, Hubert Nyssen nous démontre que, bien qu’ils soient étroitement liés, le livre et la lecture ne sont pas indissociables et que la lecture a existé bien avant l’apparition du livre et qu’elle lui survivra sans doute. Toujours est-il que, comme beaucoup d’auteurs et d’éditeurs, il s’interroge sur ce qu’il adviendra de cet objet, support de notre culture littéraire actuelle. Cependant, il est loin d’être négatif quant à ce que nous réserve cette évolution. Pour expliquer son point de vue, il prend l’exemple du DVD, nouveau support des films d’aujourd’hui (oui, je sais, depuis il y a eu le Blue-Ray) et qui, loin d’avoir éloigné le public des salles de cinéma, lui permet de découvrir de nouvelles informations sur le film visionné qu’il ne pouvait pas se procurer (ou très difficilement) auparavant : la possibilité de voir le film en plusieurs langues avec différents sous-titres, les bonus, les versions longues, etc. Pour lui, les e-books devraient nous permettre de connaître les mêmes bénéfices (NDLR : ce livre a été écrit en 2004, à ce moment-là, ce n’était pas aussi courant qu’aujourd’hui).



Non, ce qui inquiète réellement Hubert Nyssen, c’est l’avenir de la lecture et de l’édition en tant que telle. Pourquoi ? Tout simplement parce que le monde éditorial sombre peu à peu dans cette quête insatiable du profit à tout prix. Qu’un livre ne vaut plus par sa qualité littéraire mais par le nombre de ventes qu’il pourrait rapporter aux nouveaux actionnaires qui, peu à peu, s’accaparent des parts dans toutes les grandes maisons d’édition. Suivant cette logique, combien de petits écrivains talentueux vont-il passer à la trappe parce qu’ils ne sont pas suffisamment connus du grand public ou parce qu’ils ne passent pas suffisamment bien à la télévision ? Voilà ce qui tourmente Hubert Nyssen.



D’autant plus que, si l’on suit cette logique où ce qui compte dans le livre, c’est la propension de son auteur à se vendre, que va-t-il advenir de la qualité de ces ouvrages ? Quand les Twilight, les Fifty Shades of Grey (là, ce sont des exemples personnels) vont tellement phagocyter le marché qu’il n’y aura plus de place dans les rayonnages des librairies pour la vraie littérature. Quand le lecteur s’habituera à une si piètre qualité qu’il deviendra trop fainéant pour rechercher mieux. Il perdra alors l’habitude de lire vraiment, d’apprendre par les livres. Alors, à ce moment-là, la lecture telle que nous la connaissons aujourd’hui pourrait périr.



Heureusement, cet ouvrage est loin d’être pessimiste et Hubert Nyssen a foi en ses lecteurs et surtout, en ses lectrices. C’est ce qu’il tente de démontrer à Mademoiselle Esperluette. Il souhaite la convaincre du pouvoir qu’ont encore les lecteurs d’aujourd’hui et du rôle qu’ils ont à jouer dans la préservation de la littérature.



Alors, cette crise du livre en est-elle réellement une ? Ou est-ce seulement un nouveau tournant que prend le monde de l’édition aujourd’hui comme il en a déjà tellement pris lors des siècles précédents ?



Ce livre d’Hubert Nyssen est un véritable bijou, un hommage au lecteur qui mérite largement d’être lu ! Il est empli d’anecdotes datant de l’époque où il était éditeur mais aussi de références à des auteurs ou des historiens de la lecture qu’il me tarde de lire ! De plus, n’oublions pas qu’Hubert Nyssen n’est pas qu’un éditeur ou un lecteur, c’est également un auteur talentueux dont la plume érudite n’a rien à envier aux auteurs dont il fait l’apologie !



Si je ne vous ai pas encore convaincu, sachez qu’avec cette lettre ouverte, vous améliorerez également votre vocabulaire ! Savez-vous ce qu’est un ratiocineur ou un prolégomènes ? Non ? Alors, courez le lire !
Lien : http://maghily.wordpress.com..
Commenter  J’apprécie          40
Lira bien qui lira le dernier : Lettre libe..

De cet homme, j’ai déjà lu La sagesse de l’éditeur, petit essai sur l’édition qui m’avait beaucoup plu. Donc quand George l’a proposé au prix du Club des Lectrices, j’ai été ravie d’avoir à le lire.





C’est bien simple : voici une petite image du livre lui-même et du nombre de post-it que j’y ai insérer. je ne compte pas parler de tout, mais voici en gros ce que j’ai retenu de cette lettre ouverte et ce que j’en ai pensé :



Tout d’abord, et il insiste beaucoup sur ce point (et je suis tout à fait d’accord avec lui), il faut vraiment faire une bonne fois pour tous la différence entre la lecture et le livre (tout comme le déploiement de la lecture ne peut être comparé à l’alphabétisation, cela n’a rien à voir !)





Le livre c’est le format. La lecture, c’est l’acte de lire. La forme change et a toujours changer. On continue et on continuera à lire que cela soit sur du papyrus, un manuscrit, un livre ou une tablette!



Il faut arrêter de confondre et de tout mettre dans le même sac, ce qu’on fait beaucoup trop souvent. C’est le livre qui risque de disparaître et non la lecture qui est plus essentielle que jamais, puisque tout sur l’ordinateur se fait par lecture. Tu ne sais pas lire, tu ne peux pas te servir de l’informatique.



Ayant été éditeur très longtemps, il a beaucoup d’anecdotes très intéressantes sur le changement des œuvres et des écrivains. Et il nous prévient contre le voyeurisme, en nous faisant remarquer qu’avant les auteurs se disaient : qu’est-ce que je vais pouvoir écrire et comment? Alors que la question posée à présent est plutôt : comment est-ce que je vais apparaître et qu’est-ce que les gens veulent? Et nous, les lecteurs, on se pose plus la question de «C’est qui ?» que «C’est quoi?».





Autre point abordé : les prix littéraires trop nombreux. Là encore, je suis d’accord avec lui. Il y en a tellement (et surtout ce sont toujours les mêmes maisons d’éditions qui gagnent depuis plusieurs années) que la notion de prix et de découverte littéraire ne veut plus dire grand-chose :C’est devenue une vraie compétition économique. Le lectorat est devenu un marché qu’il convient d’exploiter au mieux.





On ne laisse donc que peu de chances aux nouveaux auteurs qui ont à faire leurs preuves très vite sinon ils sont hors-jeu.

La question du profit est devenue trop importante et c’est triste On passe peut-être à coté de chefs d’œuvres qui ont besoin de plus d’un mois dans une librairie pour se faire connaitre. Avec toujours les mêmes best-sellers partout, on voit toujours la même chose dans les librairies et je suis sûre que je passe à côté de petites merveilles… C’est dommage.



Et il faut comprendre que les livres et la lecture ne sont pas pour toutes les personnes. C’est comme ça, il faut faire son deuil de l’idée de faire du monde entier une belle et grande famille de lecteurs. Certains ne peuvent pas lire de poésie, ou de romans ou ne lisent pas tout court. C’est ainsi, ils font autre chose et ils ne leur manquent rien. Vouloir les amener à la lecture à tout prix sous prétexte ne va pas les amener à devenir des grands lecteurs.







Ce que j’ai retenu surtout de cet essai ce fut un petit conseil que je compte essayer de suivre (et que je pense, je suis déjà d’une certaine manière) : il faut, très égoïstement, arrêter de vouloir freiner le progrès, qui viendra de toute façon et arrêter de ses poser 20 000 questions en ayant peur et…faire tout simplement ce qu’on souhaite. On veut lire sur une liseuse ? On lit sur une liseuse sans avoir à se justifier pendant des heures auprès des puristes indignés. On préfère les livres? Et bien on lit sur des livres et on envoie promener ceux qui veulent à tout prix vous convaincre qu’il faut vivre avec son temps. On veut des livres neufs ou bien d’occasion ou encore ceux de la bibliothèque ? On souhaite lire des livres compliqués ou jugés trop populaires ? On fait ce qu’on souhaite point final.



Bon mon plus grand problème avec ce livre a été la forme en fait. J’ai vraiment eu du mal avec la lettre ouverte et surtout le ton libertin…cela m’a vraiment mise mal à l’aise ses « ma belle » et tous les autres petits mots…





——————————–



Une lecture donc très instructive et plutôt agréable (à part pour une partie minime de la forme),je le conseille vivement aux personnes qui veulent en savoir plus sur la crise du livre sans lire un essai de 500 pages indigestes!



Merci à George pour cette découverte!
Lien : http://writeifyouplease.word..
Commenter  J’apprécie          40
La femme du botaniste

« Mourir, dormir,



Dormir, et pourquoi pas rêver » (Hamlet, III, I, exergue de La Femme du Botaniste)



La Femme du Botaniste est une histoire de conquête amoureuse, racontée avec poésie et panache, un conte époustouflant qui commence par une interrogation sur le temps qui passe, ou qui ne passe pas selon que Shéhérazade saura ou non le retenir.
Lien : http://salon-litteraire.lint..
Commenter  J’apprécie          30
Éloge de la lecture - Lecture d'Albert Cohen

"Éloge de la lecture" est l'édition d'une conférence qu'a donné Hubert Nyssen, successivement à la Bibliothèque nationale de France à Paris en mai 1995 et à la Villa Médicis à Rome en février de l'année suivante.



Le propos de l'auteur est émaillé de souvenirs d'enfance (la présence bienveillante de sa grand-mère tourangelle qui lui fit aimer la toute première la lecture), de savantes et plaisantes digressions et de belles citations d'écrivains, toutes sur la lecture et sur le liseur.



Entre autres propos argumentés, j'ai apprécié celui précisant que pour donner pleine vie au livre, il devait, à la part d'écriture réalisée par l'écrivain, s'y ajouter celle des lecteurs.

Ainsi, dans l'acte même de lire, les lecteurs se font co-auteurs du livre, ils donnent substance à l'oeuvre littéraire en soi. Cette multiplicité de regards, de manières de lire, d'appréhender le roman, le poème, la pièce de théâtre etc. donnent à l'oeuvre non pas une mais plusieurs vies.



La chose paraît-elle si évidente qu'elle ne vaille pas la peine que l'on s'y arrête un peu ? Ici, Hubert Nyssen défait l'évidence et instruit avec bonheur.

Je conseille vraiment cette intéressante lecture.





Je n'ai pas pris soin d'évoquer la seconde conférence retranscrite dans ce petit volume, celle dédiée à la lecture d'Albert Cohen. Non qu'elle ne présente pas d'intérêt en soi (c'est tout le contraire) mais j'ai choisi de privilégier ici la seule partie consacrée à l'éloge de la lecture.
Commenter  J’apprécie          30
La Sagesse de l'Éditeur

[...]Hubert Nyssen est, pour moi, l’un des rois de l’édition. Sa sensibilité, son goût du risque ont fait des éditions Actes Sud un bijou sans pareil de la littérature mondiale.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hubert Nyssen (175)Voir plus

Quiz Voir plus

Le Petit Nicolas

Quel est le sport que le Petit Nicolas « aime le plus après maman et papa » ?

le basket
le golf
le football
le handball

10 questions
51 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature jeunesse , roman , enfanceCréer un quiz sur cet auteur

{* *}