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Citations de Jacqueline Kelen (297)


Mais là-bas, dans la ville brillante, bruyante, on se laisse tenter, on s'amuse, on se leurre et un jour l'âme se retrouve sur la paille.
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P 187 – ceux qui ne l’ont pas goutée revêtent volontiers la solitude des haillons de l’ascétisme et quand ils ne qualifient pas cette vie d’égoïste, ils ne s’en imaginent que le dénuement. Mais les vrais solitaires y savourent des moments d’exaltation intérieure et de multiples joies, des bonheurs infimes à longue résonance. Dans le jardin bruissant de la solitude, sans cesse on est porté à la caresse parce que l’attention aux choses en est le maitre mot : la fleur que l’on contemple et que l’on frôle, le baiser envoyé aux nuages, le salut aux oiseaux. (…) le solitaire fraternise avec tout le monde du vivant au lieu de se limiter aux hommes.
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Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire "l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."

Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.

Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un".
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En opérant son premier miracle lors des noces de Cana, Jésus indique clairement l’accord qu’il donne au couple, à l’union de l’homme et de la femme, et ceci dans la joie.
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L'aventure spirituelle commence lorsqu'on prend conscience que l'homme terrestre n'est pas construit, achevé, et aussi qu'à tout moment il risque d'être entamé par des forces négatives. Aussi l'attention doit-elle redoubler, se portant à la fois sur le chantier à mener à bonne fin et sur le combat à livrer pour défendre l'édifice intérieur.
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La raison, mon enfant, n'est pas le privilège de l'âge. C'est une belle faculté humaine qui ne se moque pas de la foi, qui n'exclut pas la ferveur. Et, sauf chez les gens pleins d'amertume, elle demande à s'allier à la tendre espérance.
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L’art d’aimer et de courtiser qui se nomme fin’amor apparaît sur les terres d’Oc dès la fin du XIe siècle, sous influence platonicienne et soufie : amour pur, c’est-à-dire unique et entier, précieux comme l’or, parfait. Il représente une mystique autant qu’une érotique, exigeant noble cœur, manières et langage raffinés.
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Le bien-être est en train de tuer l'être.
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Aussi faut-il tendre l'oreille parce que la voix des fleurs est fluette et que les pierres chuchotent en secret... Tout est animé par le souffle de l'Esprit et baigne dans la lumière indicible. Sous des formes multiples se cache et se révèle une unique présence.
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Voici l'enseignement qu'on […] peut tirer aujourd'hui [de l'amour courtois] : sans respect, sans estime réciproque, l'amour ne saurait exister, le plus bel amour et le plus durable étant indissociable de l'admiration. Un amour où l'on se sent captif ou bien humilié est mortifère et faux. (Pour les troubadours un « amour dégradant » est un barbarisme.) Enfin un amour qui ne fait pas chanter, créer apparaît comme un triste simulacre et la seule attitude noble consiste à fuir ou à briser cette néfaste relation. La fin' amor nous rappelle les vertus d'honneur et d'admiration indispensables à toute relation digne.
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La virilité, c'est aussi ne pas faillir à son destin, ne pas esquiver les grandes rencontres, les grandes épreuves. De même qu'il n'y a pas de virilité sans vertu, il n'y a pas de héros sans éros.
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La légende de Mélusine et du seigneur de Lusignan est riche, voire foisonnante. Elle interroge chacun sur le sens de la vie conjugale – est-ce tout se dire, tout mettre en commun ? –, sur la dimension sacrée de l’amour humain, sur la fidélité qui est foi gardée, et sur la noblesse possible lors d’une séparation. Elle offre de nombreux autres thèmes de méditation concernant le désir, le secret, la féminité, la solitude heureuse, la transmission, la faute et la rédemption.
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Ce droit de féerie, quiconque peut le payer de bonne grâce, parce qu’il rend l’âme légère.
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Être vigilant, c'est d'abord être présent à soi même ; ne pas agir ni parler inconsidérément, sous le coup d'une colère, d'une distraction ; c'est être attentif à la vie et aux autres, rester à l'écoute sans se lasser ; c'est enfin demeurer sensible à l'invisible et à ses signes, respecter le mystère qui émane de toutes choses.
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La blessure d’autrui, qu’elle affecte un homme ou une divinité, recèle un pouvoir caché ; elle met à l’épreuve notre capacité d’amour. Elle n’est donc pas moins terrible pour celui qui la rencontre que pour celui qui l’a reçue.
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La fraternité n’est pas une loi extérieure, c’est un sentiment profond auquel un être humain peut accéder, et un homme brisé davantage susceptible d’éveiller en l’autre ce noble sentiment qu’un homme en parfaite santé, qui jouit des richesses et du bonheur.
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La société qu’on a appelée de consommation est dangereuse pour l’âme, pour la liberté, parce qu’elle nie ou étouffe le désir, l’espérance, parce qu’elle a réponse à tout, remède à tout, par ce que l’idée de manque la terrifie. C’est pourquoi elle refuse la fragilité, la vieillesse, le nomadisme et la précarité, l’inquiétude, le trouble et l’insomnie, c’est pourquoi ses citoyens veulent du bonheur, de l’argent, de la sécurité.
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Si l’amour fou, si la joie s’avèrent si précieux, c’est parce que sur eux rien ni personne n’ont de prise, parce que nulle raison, nul obstacle ne les font renoncer ; en un mot, parce qu’ils sont infiniment libres. En comparaison avec ces états proprement divins, combien chétifs paraissent nos sentiments, combien fragiles nos plaisirs, et comme les humains cherchent à se protéger de tout au lieu de se libérer de tout !
Dans un parcours spirituel, l’amour, la liberté, la joie l’emportent irréversiblement sur toute douleur, sur tout ressentiment. Etty Hillesum note, en mars 1941 : « Mille liens qui m’oppressaient sont rompus. Je respire librement, je me sens forte et je porte sur toutes choses un regard radieux. Et maintenant que je ne veux plus rien posséder, maintenant que je suis libre, tout m’appartient désormais et ma richesse intérieure est immense. »
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Celui qui désire avancer sur la voie intérieure n’a pas besoin de se tourner vers un maître, comme on le fait accroire de nos jours où l’Occident, oublieux de se propres richesses, copie le modèle spirituel de l’Orient suivant lequel les disciples dépendent d’un guru, d’un swami, d’un lama. Selon la tradition occidentale – où convergent Athènes, Jérusalem et Rome –, la précellence est donnée à la liberté de la personne humaine et la démarche philosophique ou spirituelle s’apparente à un compagnonnage, à une relation d’amitié entre des personnes partageant une même quête, et non pas à un lien d’obéissance et de dépendance entre quelqu'un qui sait et les autres qui ont tout à apprendre de lui. La vision occidentale de l’être humain est celle d’une personne unique et irremplaçable, douée de libre arbitre, de mémoire et de volonté, et capable d’exercer son propre jugement. Ainsi Socrate, loin de se poser en maître, se déclare accoucheur d’âmes et converse librement avec les gens qu’il rencontre autant qu’avec ses amis. Ainsi Jésus chemine sur les routes en compagnie d’hommes et de femmes, les interroge au lieu de les embrigader, et désigne ses apôtres par le beau qualificatif d’amis.
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Si la femme peut être insultée, avilie, la Dame ne peut jamais être souillée ni atteinte de blessures parce qu’elle figure l’éternelle, l’immuable dimension de l’Esprit. Et en toute créature féminine il y a, souveraine, une Dame qui surmonte et sanctifie les blessures faites à la femme. Ainsi la Dame oint et referme les plaies de la femme offensée en son corps, en son cœur ou en sa dimension sacrée.
Jamais la Dame ne peut être détruite ni endommagée, mais elle endure de terribles souffrances à se sentir si éloignée, si peu recherchée des mortels. Ainsi, Raymond Lulle met en scène, dès le prologue de L’Arbre de la Philosophie d’Amour, une belle jeune femme qu’il rencontre « dans un beau pré, au milieu duquel il y avait un grand arbre et une belle fontaine ». La dame est gracieuse et richement parée mais se répand en pleurs déchirants. S’approchant d’elle, le narrateur la salue humblement, il lui demande son nom et la raison de son chagrin. La dame se présente comme Philosophie d’Amour, dont la sœur Philosophie de Savoir reçoit tous les suffrages des hommes qui préfèrent les « sciences de l’entendement et de la vérité à celles de l’amour et de la bonté ». Ainsi parle la belle dame désolée : « Ce ne sont pas la jalousie ni l’orgueil qui me font gémir ; je pleure parce que la plupart des hommes ne savent pas aimer ; s’ils savaient aimer aussi bien qu’ils savent comprendre, grâce à moi et à ma sœur le monde entier serait dans un ordre parfait. »
Depuis le mois d’octobre 1298, date à laquelle Raymond Lulle termina, près de Paris, son magnifique ouvrage, on ne peut guère avancer que les choses aient changé dans le cœur des hommes. Philosophie d’Amour demeure inconsolée.
Voilà pourquoi toute femme au cœur libre et aimant a mal à l’Amour en ce monde, pourquoi les mystiques au cœur transpercé souffrent des blessures réitérées que les mortels portent à l’Amour en l’ignorant ou en le rabaissant à leur misérable niveau. La Dame d’Amour déroule sa longue plainte dans le silence des cœurs fermés. Didon, Héloïse, la religieuse portugaise, et toutes celles que Rilke nomme les « grandes amoureuses » parce qu’elles ouvrent à l’homme l’espace illimité de l’Amour au lieu de restreindre celui-ci au cercle clos de leurs bras.

pp. 291-292
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