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Citations de Jacques Ellul (211)


En France en particulier, l’installation de la religion du Coran s’est effectuée à petits pas et silencieusement. C’est tout récemment que les Français ont compris brusquement qu’elle posait un problème fort grave, puisqu’il s’agit, à terme, de la naissance sur leur territoire d’un autre pays, d’une autre civilisation.
(page 10)
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9. « […] La situation est aujourd'hui beaucoup plus neuve qu'on ne l'imagine, et le lien entre individu et la démocratie beaucoup plus fort et profond. Car, d'un même mouvement et dans la même orientation, les grands faits nouveaux, la technicisation du monde, la propagande et les techniques psychologiques, la systématisation des institutions attaquent en même temps l'homme et la démocratie : l'homme, pour le conformiser, le ramener à n'être qu'une pièce du système ; la démocratie, pour la muter en un système mythique tout en détruisant sa réalité. Nous en sommes venus aujourd'hui à appeler n'importe quoi de ce terme, et à chercher de subtiles définitions de science politique ou sociologique pour éviter la simple évidence de ce que comporte ce mot, qui n'a aucun contenu sans la présupposition de la plus totale liberté individuelle. » (p. 315)
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Je pense que dans un dialogue, avec quelqu'un de différent, si on veut être honnête, il faut rester pleinement soi-même, et ni se voiler, se dissimuler, ni abandonner ce qu'il pense.
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[...] tout homme qui réfléchit, sait la somme extraordinaire d'efforts, de volonté, de jugement nécessaires pour rester vraiment maître des machines usuelles qui nous envahissent, pour ne pas nous livrer à elles, et ne pas suivre le courant de leur facilité. Il est impossible de demander à chaque homme cet effort, il est impensable que chaque homme puisse y accéder. Jamais l'ensemble des hommes n'a pu être soumis à une vraie ascèse. Aujourd'hui moins que jamais !
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Lénine demande avant tout
aux prolétaires la docilité devant le parti communiste alors qu'ils ne sont déjà que trop formés à la docilité par l'Etat bourgeois.
Tandis que dans la pensée de Marx le prolétariat doit devenir le maître, l'action de Lénine aboutirait en fait à scléroser le mouvement communiste en lui enlevant l'initiative des décisions.

(page 147)
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L’homme n’est pas du tout passionné par la liberté, comme il le prétend. La liberté n’est pas un besoin inhérent à la personne. Beaucoup plus constants et profonds sont les besoins de sécurité, de conformité, d’adaptation, de bonheur, d’économie des efforts... et l’homme est prêt à sacrifier sa liberté pour satisfaire ces besoins.
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Si imparfaite soit-elle, notre société occidentale et américaine est déjà infiniment trop rationnelle. L’homme y est soumis à trop de règlements, de contraintes, d’exercices de discipline collective et de ce fait il réagit contre l’excessive rationalité. Et plus la société se veut rationnelle, plus l’homme exprime des poussées d’irrationalités. Mais c’est bien ici que réside le grand dessein dont il a été question plus haut : comment, sans contrainte externe ni violence, amener cet homme à vivre bien et heureux dans l’air raréfié de la rationalité ? (page 316)
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A l'époque de l'ordinateur et de la synthèse des sciences de l'homme qui débute, il ne peut plus être question de fascisme : celui-ci paraît merveilleusement démodé en Grèce 1970 ou au Brésil 1975. Mais la dictature technicienne abstraite et bienfaitrice sera beaucoup plus totalitaire que les précédentes […]
En effet cette totalisation de la Technique, il ne faut pas oublier qu'elle recouvre en fait tous les éléments composants du corps social et que progressivement toutes les expressions de la vie humaine deviennent techniques : ceci veut dire que la technique a, envers la société et l'existence humaine un double effet : d'une part elle désintègre et tend peu à peu à éliminer tout ce qui n'est pas technicisable (c'est ce qui est si durement ressenti par exemple au niveau de la fête, de l'amour, de la souffrance, de la joie, etc.) et elle tend à reconstituer, un tout de cette société comme de cette existence à partir de la totalisation technicienne. C'est non pas la subordination de l'homme à la technique, etc., mais bien plus profondément une nouvelle totalité qui se constitue : c'est le processus qui provoque un si grand malaise chez l'homme et un si vif sentiment de frustration. Tous les éléments de la vie même sont associés à la technique (dans la mesure même où elle est devenue un milieu) et sa Totalisation produit une véritable intégration de type nouveau de tous les facteurs humains, sociaux, économiques, politiques, etc. Ainsi cette société, cet homme qui ne deviennent assurément pas des objets techniques, robots, etc., reçoivent désormais leur unité de la technique totalisante. Mais celle-ci ne peut donner un sens : c'est sa grande lacune. La totalité reconstituée est vide de signification.
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La médiatisation par la Technique est fondamentale pour comprendre la société moderne. Non seulement elle est médiatrice entre l'homme et le milieu naturel, puis médiatrice au second degré entre l'homme et le milieu technicien, mais elle est aussi médiatrice entre les hommes : ceux-ci entrent de plus en plus en contact les uns avec les autres au moyen d'instruments techniques (téléphone), de techniques psychologiques (pédagogie, relations humaines, dynamique de groupes) mais bien plus, chacun entre en contact avec l'humanité, l'ensemble des hommes au travers de ces moyens techniques (T.V., radio, etc.) instituant le règne de ce que l'on a appelé les relations longues, qui sont qualitativement différentes des relations courtes, non médiatisées (ou médiatisées par des approches culturelles traditionnelles très peu efficaces. Cette médiatisation technique de la relation humaine produit le phénomène sur lequel on ne cesse de s'étonner, le sentiment croissant de solitude individuelle dans un monde de communications généralisées). Devenue un Universum de moyens, la Technique est en fait le milieu de l'homme. Ces médiations se sont tellement généralisées, étendues, multipliées qu'elles ont fini par constituer un nouvel univers, on a vu apparaître le « milieu technicien ». Cela veut dire que l'homme a cessé d'être dans le milieu « naturel » (constitué par ce que l'on appelle vulgairement la « nature », campagne, bois, montagnes, mer, etc.) au premier chef, pour se situer maintenant dans un nouveau milieu artificiel. Il ne vit plus au contact avec les réalités de la terre et de l'eau mais avec celles des instruments et objets qui forment la totalité de son environnement.
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Mais si nous vivons dans une telle société virtuelle si notre attention est ainsi distraite, accaparée - si d'un autre côté, tout ce qui autrefois constituait la société est intégré comme facteurs séparés dans le système technicien en même temps qu'induit par la Technique, ne sommes-nous pas dès lors passés au stade de la Mégamachine ? Notre société n'est-elle pas déjà elle-même une machine pure et simple […]
Ce système trouvera sa plus parfaite expression grâce à l'aide de la technologie moderne, dans l'avenir de la société technologique. Certains auteurs pensent que la Mégamachine s'accomplit grâce à l'ordinateur « le diabolisme de la machine n'est rien auprès du conformisme de la société », dit Elgozy. Cette Mégamachine fonctionne implacablement - et le sens même de la liberté individuelle y a disparu. Elle a la froideur, l'indifférence, l'anonymat de la machine. Elle ne cherche assurément pas à brimer ou aliéner l'homme : elle le fait simplement pour être. Et plus l'ordre, dans la Mégamachine devient essentiel à son fonctionnement, plus il faut d'ordre supplémentaire, l'ordre engendre l'ordre, et le plus petit désordre devient intolérable. Grâce aux moyens d'information et de communication, cette Mégamachine présente en outre certains des caractères d'une société primaire : chacun est connu dans sa totalité (totalité enregistrée dans l'ordinateur national). L'ordinateur rassemble sur chaque individu un faisceau d'information jusqu'ici dispersées, ce que rendrait intolérable le contrôle de la société, d'autant plus que ce contrôle ne sera pas exercé par des « autorités » mais aussi bien par le public, par les Autres, par l'Opinion puisque tout ce qui concerne chacun peut être diffusé, mis sous les yeux de tous par la voie des télécommunications. Ainsi la Mégamachine à la fois fonctionne abstraitement en tant que machine sociale et de façon totalitaire en dépouillant les pièces de la machine de leur identité. Dans ce caractère primaire nous retrouvons l'idée de Mac Luhan quand il dit que le monde va devenir grâce à la T.V. un village planétaire. Le fait est encore plus accentué s'il ne s'agit pas seulement de cette ubiquité permise par la T.V., de la façon de penser mythique renaissante mais du contrôle de chacun par tous grâce à l'information.
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Ce sont les jeunes, les gauchistes, les écologistes qui paraissent de dangereux idéalistes, livrés à des croyances irrationnelles, et celui qui les accuse, réaliste, les pieds sur terre, n'étant pas un homme livré aux passions et aux croyances. Or, je prétends qu'il en est exactement le contraire. Ce sont les gauchistes, écologistes, tiers-mondistes, féministes qui sont réalistes, qui voient le réel tel qu'il est, qui détectent les menaces, les mettent au jour, et avertissent justement de la nouveauté des questions. Alors que ceux qui les accusent sont de dangereux idéalistes, des fabulateurs parce qu'ils croient, mais croient seulement, détenir des solutions qui n'en sont pas.
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C'est seulement en fonction du travail, non vocation mais contrainte, que la vocation incarnée dans une oeuvre gratuite prend son sens.
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Il existe une relation simple et directe entre les caractères constatés dans la bourgeoisie, inoculés par elle à la société bourgeoise, et les manifestations de l'idéologie du néant que nous relevions.Que les idées, les modes, les formes esthétiques passent vite, s'usent se démonétisent qu'il y ait un usage extravagant de tout ce qui s'invente, mais usage dicté par la nécessité de l'apparence à fournir, nous le savons. L'usure aussi rapide tient, avons-nous dit, au fait de l'apparence: tout est créé, consommé pour l'apparence, élément décisif de notre néant. Mais nous n'avons ici rien de plus ni d'autre que l'importance attribuée par le bourgeois au spectacle et aux apparences même.
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(...) le Dieu biblique, qui ouvre la liberté à l'homme, qui laisse l'homme faire son histoire, qui accompagne cet homme dans les aventures plus ou moins inouïes qu'il invente. Un Dieu qui n'est pas une "providence" (jamais ce terme n'est biblique), jamais cause déterminante, jamais l'irreductible conducteur. Le Dieu biblique est celui qui sans cesse rétablit la liberté de l'homme qui retombe toujours dans des esclavages, et sans cesse entre en dialogue avec lui, mais seulement dialogue pour l'avertir de ce qui est bien, pour le mettre en garde, pour l'associer à sa volonté, jamais pour le contraindre.
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Mais ce que l'homme de la rue ne sait pas, ne vit pas consciemment, il en ressent l'effet, il en éprouve le malaise. Ici encore, c'est la perte de points fixes et de repères stables. Les mots ne sont plus les mots. Assailli de déluges écrits ou verbaux, il sent bien la dévaluation de cette matière trop abondante. Et de plus en plus il préfère se référer à l'image.
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Plus encore que dans d'autres études sur la Technique, nous rejoindrons Debord dans sa remarquable saisie de la société du spectacle. L'art est un des aspects fondamentaux de la société du spectacle, elle-même en partie définie par la Technique.
Le spectacle caractéristique de notre monde n'est pas un produit automatique, quasi naturel, du développement technique, mais c'est parce que cette société est une société du spectacle qu'elle se choisit son propre contenu technique.
(page 33)
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Tu réclames la justice ? Comment la limiterais-tu à ce qui t’est dû ? Ne faut-il pas aussi réfléchir à ce que tu dois ? [...] Es-tu donc réellement certain, cher ange, de vouloir payer ta dette ?
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[...] notre civilisation est devenue bien plus totalitaire qu'il y a un siècle, et tous les hommes sont engagés dans un processus d'évolution commun. Ils appartiennent à l'élaboration du monde technicien avant d'appartenir à une classe, ils appartiennent au risque atomique ou démographique avant d'être un peuple socialiste ou capitaliste, ils appartiennent au travail et au bonheur avant d'être pauvres ou riches. Notre monde est devenu total dans ses oeuvres et ses expressions, et cette unité dépasse de loin toutes les cissions fussent-elles aussi graves que la classe ou la nation.
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Et aujourd'hui les hypocrites sont justement ceux qui dénoncent les valeurs d'hier, les lieux communs d'hier, et qui se parent de faux courage (car il ne leur en coûte rien) et de fausse lucidité (car le travail a déjà été fait, il se bornent à en tirer du profit et à le mettre au goût du jour).
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La seule valeur que la bourgeoisie récuse, c'est la violence. La seule valeur éthique que le prolétariat peut adopter, c'est la violence qui permet de construire un modèle éthique différent du modèle bourgeois.

[selon Georges Sorel ; 1848-1922]
(page 69)
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