Citations de Jacques Lacan (1014)
Quand, dans l'amour, je demande un regard, ce qu'il y a de foncièrement insatisfaisant et de toujours manqué, c'est que - Jamais tu ne me regardes là où je te vois.
Inversement, ce que je regarde n'est jamais ce que je veux voir.
Quelque chose auquel on ne comprend rien, c’est tout l’espoir, c’est le signe qu’on en est affecté. Heureusement qu’on n’a rien compris, parce qu’on ne peut jamais comprendre que ce qu’on a déjà dans la tête.
La place du réel, qui va du trauma au fantasme - en tant que le fantasme n'est jamais que l'écran qui dissimule quelque chose de tout à fait premier.
Le père n’a été qu’un surmoi, c’est-à-dire une loi sans paroles, pour autant que ceci est constitutif de la névrose […].
On ne peut dire de la lettre volée qu’il faille qu’à l’instar des autres objets, elle soit ou ne soit pas quelque part, mais bien qu’à leur différence, elle sera et ne sera pas là où elle est, où qu’elle aille.
Le vrai athéisme, ce n'est pas que Dieu est mort. C'est dans la reconnaissance que Dieu est inconscient.
- Ne vois-tu pas, père, que je brûle ? De quoi brûle [l’enfant] ? –sinon de ce que nous voyons se dessiner en d’autres points désignés par la topologie freudienne –du poids des péchés du père, que porte le fantôme dans le mythe d’Hamlet dont Freud a doublé le mythe d’Œdipe. Le père, le Nom-du-Père, soutient la structure du désir avec celle de la loi –mais l’héritage du père, c’est celui que nous désigne Kierkegaard, c’est son péché.
Entre le rapport imaginaire et le rapport symbolique, il y a toute la distance qu’il y a dans la culpabilité.
Le phallus, en mettant l’accent sur un organe, ne désigne nullement l’organe dit pénis avec sa physiologie, ni même la fonction qu’on peut, ma foi, lui attribuer avec quelque vraisemblance comme étant celle de la copulation. […] Il vise de la façon la moins ambigüe son rapport à la jouissance.
A la vérité, je ne sais pas ce que c’est, une pensée primitive. Une chose beaucoup plus concrète que nous avons à notre portée, c’est ce qu’on appelle le sous-développement. Mais ça, le sous-développement, ce n’est pas archaïque, c’est produit, comme chacun sait, par l’extension du règne capitaliste.
La vérité a la structure d'une fiction.
l'homme ne peut viser à être entier, dès lors que le jeu de déplacement et de condensation où il est voué dans l'exercice de ses fonctions, marque sa relation de sujet au signifiant.
Le phallus est le signifiant privilégié de cette marque où la part du logos se conjoint à l'avènement du désir.
Chacun sait que Freud était un grossier matérialiste. D’où vient alors qu’il n’ait pas su résoudre le problème, pourtant si facile, de l’instance morale par le recours classique de l’utilitarisme ?
Ce recours, c’est, en somme, l’habitude dans la conduite, recommandable pour le bien-être du groupe. C’est si simple, et en plus, c’est vrai. L’attrait de l’utilité est irrésistible, au point que l’on voit des gens se damner pour le plaisir de donner leurs commodités à ceux dont ils se sont mis en tête qu’ils ne pourraient vivre sans leur secours. […]
Il n’y a qu’une chose qui fait difficulté, c’est que, quels que soient le bienfait de l’utilité et l’extension de son règne, cela n’a strictement rien à faire avec la morale, qui consiste primordialement – comme Freud l’a vu, articulé et n’en a jamais varié, au contraire de bien des moralistes classiques, voire traditionalistes, voire socialistes – dans la frustration d’une jouissance, posée en loi apparemment avide.
Si nous portons maintenant notre regard à l’autre extrême l’expérience psychanalytique, – dans son histoire, dans sa casuistique, dans le procès de la cure –, nous trouverons à opposer à l’analyse du hic et nunc la valeur de l’anamnèse comme indice et comme ressort du progrès thérapeutique, à l’intra-subjectivité obsessionnelle l’intersubjectivité hystérique, à l’analyse de la résistance l’interprétation symbolique. Ici commence la réalisation de la parole pleine.
Etre psychanalyste, c'est simplement ouvrir les yeux sur cette évidence qu'il n'y a rien de plus cafouilleux que la réalité humaine.
L’invocation n’est pas une formule inerte. C’est ce par quoi je fais passer en l’autre la foi qui est la mienne. […] C’est [aux signifiants] que l’invocation s’adresse, et c’est pourquoi je pense que le terme d'invocation est propre à désigner la forme la plus élevée de la phrase, où tous les mots que je prononce sont de vrais mots, des voix évocatrices auxquelles chacune de ces phrases doit répondre, l’enseigne de l’autre véritable.
Tout ce qui est condition devient perdition. Et c’est pourquoi, là, ne pas dire devient le dire-non.
A l’obsessionnel il ne faut pas lui donner ça d’encouragement, de déculpabilisation, voire de commentaire interprétatif qui s’avance un peu trop. Si vous le faites, alors vous devrez aller beaucoup plus loin, et vous vous trouverez accéder, et céder pour votre plus grand dam, à ce mécanisme précisément par quoi il veut vous faire manger, si je puis dire, son propre être comme une merde.
Leur délire, ils l’aiment, les psychotiques, comme ils s’aiment eux-mêmes.
Est-ce qu’il n’y a pas dans le discours analytique de quoi nous introduire à ceci que toute subsistance, toute persistance du monde comme tel doit être abandonnée ?