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Citations de Jacques Lacarrière (282)


Du haut de la Chora, la capitale, l'île étend sous les yeux son blason de lumières intenses et d'ombres nues : taches ocres des cultures en terrasse, lignes plus claires des murets de pierres sèches, coupoles immaculées des chapelles, bouquets verts des oliviers, alignement ténu des tamaris, indentations des eaux dans le profond des terres, multiples promontoires figés par le grand trident du soleil.
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Crépuscule
poèmes pour Cavafis



Tu la connais cette heure du crépuscule d’été
dans la chambre close ; le reflet rose infime
en travers des planches du plafond ; le poème
inachevé sur la table – deux vers, pas plus
une promesse non tenue de voyage parfait,
d’un peu de liberté, d’indépendance, et d’une
(relative, bien sûr) immortalité.

Dehors dans la rue déjà, l’appel de la nuit,
les ombres légères de dieux, d’humains, de bicyclettes
quand les chantiers s’arrêtent, que les jeunes ouvriers
avec leurs outils, leurs cheveux mouillés, vigoureux
et quelques taches de chaux sur leurs habits usés
s’effacent dans l’apothéose des vapeurs du soir.

Huit coups décisifs à la pendule, en haut de l’escalier,
tout au long du couloir – coups sans pitié
d’un marteau impétueux, caché derrière le verre
dans l’ombre ; et en même temps le bruit éternel
de ces clefs dont jamais il n’est parvenu
à savoir si elles ouvrent ou ferment.


//Yannis Ritsos (1909 – 1990)

/Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Les cultures sont à la nature de l'homme ce que le vent est à la mer, une force extérieure qui la meut et l'émeut en surface sans modifier ses profondeurs ni son essence.
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Le désert tremble toujours à l'instant de rencontrer l'aube comme s'il devait, juste avant l'élan du soleil, se délivrer des lourds aveux de la rosée. Et l'horizon frissonne de cette fièvre fraîche, de cette heure égrotante, habitée par l'indécision des buissons. (p.99)
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On y croisait des campements de nomades, on y trouvait des chemins nettement tracés et même, à mi-distance, un « han », un « karwan säraj », un caravansérail. Un mot que j'ai aimé d'emblée quand je le découvris, adolescent, dans un roman de Jules Verne car il était fait de deux termes magiques, résumant à eux seuls l'image que j'avais de l'Orient : sérail et caravane. Le premier surtout m'attirait car le second évoquait un univers masculin, un monde de chameliers, de cavaliers enturbannés, de propos d'hommes le soir autour du feu. Sérail, lui, évoquait au contraire le monde clos des femmes dans les grands palais des sultans, l'alcôve discrète des odalisques, des concubines, un monde entièrement féminin où, en place de braiments d'ânes ou de blatèrements de chameaux, on surprenait les accords nonchalants d'un luth, le battement feutré des tambours rythmant la danse d'une esclave, mille rires, chuchotements, soupirs et autres cris plus intimes encore !
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je reprends ma citation, interrompue par un caprice de mon ordi :
" Mais je n'envisage pas pour autant de proposer ici une philosophie herbacée de la vie . Bien que l'herbe ait beaucoup de choses à nous dire . Sans elle toute vie terrestre et animale eût été impossible . Elle est la cellule de base du grand parti des herbivores . Sans elle, pas de carnivores, pas d'évolution, ni d'histoire naturelle ni d'aventure humaine . Herbe et Histoire sont les deux et irrécusables témoins du cheminement hominien . Nulle transcendance en nous sans sa dérisoire ascension . Nulle permanence sans sa précarité . Et nulle méditation sans sa verte assomption . Herbivores, carnivores, ruminants, digérants, nomades, sédentaires, nous sommes tous des enfants de l'herbe ."
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En cas de peine ou de misère,
allez trouver la boulangère.

p222
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Ne fût-ce qu'à l'égard de soi-même, une telle entreprise est donc édifiante et même nécessaire. Affronter l'imprévu quotidien des rencontres, c'est rechercher une autre image de soi chez les autres, briser les cadres et les routines des mondes familiers, c'est se faire autre et, d'une certaine façon, renaître.

p189
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Les livres et les routes demeurent mais les rencontres, les paroles, elles, sont éphémères. Et c'est cet éphémère que je venais chercher dans la pérennité géologique des chemins ou la mouvance des visages. Cet éphémère égrené dans le fil des jours et qui se mue ainsi en petites éternités, à chaque instant recommencées.

p147
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[...] que si une femme veut être bien aimée de son mari ou de son ami, elle doit lui faire manger de l'herbe à chat ; et il deviendra si amoureux d'elle qu'il n'aura de repos qu'auprès d'elle.
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Il ne faut pas confondre les livres qu'on lit en voyage et ceux qui font voyager. (Jacques Lacarrière citant André Breton)
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Connais-toi toi-même.
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Delphes était vide abandonné, livré à tous les fantômes de l’histoire
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Ainsi, il lui avait fallu venir jusqu'ici, en ce lieu de la steppe où jamais jusqu'alors il ne s'était aventuré, pour comprendre la portée et le sens de ses propres chants. Venir jusqu'à cette tente, ancrée entre rêve et réel, jusqu'à cette aube où ses mots l'avaient rattrapé, où découvrant le pouvoir insoupçonné de ses images, il était arrivé à la rencontre de lui-même. Ici, donc, s'achevait son errance et ici prenait corps le seuil de sa seconde vie.
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Elle frissonnait de froid. Ses bras, engourdis par des heures d'immobilité, commençaient seulement à reprendre vie. Elle haletait là dans le noir sans pouvoir s'endormir, appuyée de toutes ses forces contre le sol pour y meurtrir son corps. Son ventre lui faisait mal, un mal complexe, car il était fait d'un violent désir de se plaquer contre la terre pour y sentir son sexe éraflé par les pierres et d'un désir tout aussi violent de clore ce sexe à jamais, de l'obturer, de le séquestrer en sa propre chair. Et se séquestrer elle aussi, à l'infini.
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Telles sont les contradictions et, partant les richesses de la gnose : elle satisfait toutes les exigences de l'esprit par la lucidité et la radicalité de son attitude, tout en décevant parfois la ferveur des sympathisants par les étranges conséquences qu'elle en tira dans la vie quotidienne. On ne joue pas impunément avec le feu du ciel ou l'étincelle de la psyché, et beaucoup de gnostiques durent, tel Phaéton, se brûler aux brasiers qu'ils avaient consciemment attisés.
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LICHEN VIII



          Les Lichens se développent habituellement
          là où les autres plantes ne peuvent les concurrencer,
          ce sont des plantes pionnières


Mon désir n'a pas de nom. Il est cette avant-garde de
l'infime, sentinelle des nuits minuscules où tu puises la
rumeur des souches, gardien des abîmes fragiles où tu
guettes l'évangile des sources. Parcimonie. Patience. Par-
turience des arbres morts. Ossements des saisons. Sque-
lettes de l'oubli. Tu es le résistant du temps. Je suis le
récitant du vent. Demain, tu veilleras devant les sèves
closes. Demain, je rêverai sur la parole enclose. Pionnier
que j'effrite en ma paume. Mon désir n'a plus de nom.
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Pour commencer il frappa à la porte d'Antoine pendant trois jours et trois nuits en attendant que le saint vienne l'ouvrir !" À la suite de quoi, Antoine le prit près de lui pour l'instruire et l'approuver en lui imposant les travaux les plus pénibles et les ordres les plus farfelus : tresser des nattes en plein soleil , faire un panier, le défaire, le refaire, le redefaire, casser un pot de miel et ramasser le miel sur le sol avec un coquillage sans qu il y ait de poussière."
A l époque où j écrivais ce livre, j ai tenté de reproduire cette épreuve : ramasser du miel sur du sable sans en prendre un seul grain. On imagine mal à quel point une activité aussi futile mobilise toute la tension et toute l'attention du corps et de l esprit au point de se sentir entièrement "vide" au bout d'une heure. C est ce vide _ et comme ce retrait total de tout sentiment autre que l'attention _ qui prépare l'ascète à d autres exercices.
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Toutes les illusions, les fantasmagorie qui abondent dans les Vies d'ermites, ces formes fantastiques, ces anges et ces démons, ces créatures surnaturelles qui apparaissent et disparaissent à tout instant font du désert un véritable théâtre des ombres où l'ascete ne perçoit d'abord de Dieu que ses reflets: ses anges et les visions dont il le gratifie. Mais tôt ou tard, il peut accéder à la vision de la réalité suprême, où plus rien ne s'interposer entre l'ascete et Dieu. Le séjour au désert exprime le même symbole que la caverne de Platon _ celui d'un séjour passager dans le monde des illusions _ et ce symbole, Antoine le vivra effectivement au sens propre.
Où ira-t-il en quittant l'ancien de Qmran? Où s enfermera-t-il pour vivre des qu'il aura gagné le désert? Dans le lieu même de l'ombre et des fantômes : dans un tombeau
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Il y a dans le monde deux sortes d’humains : ceux qui frappent à une porte et s’en vont parce qu’elle ne s’ouvre pas et ceux qui frappent à une porte et restent justement parce qu’elle ne s’ouvre pas.
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