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Citations de James Lovegrove (147)


— « C’est une véritable guerre de tranchées, qui risque de dégénérer à tout moment. De nombreux clients ont fait les frais des échanges incessants d’insultes et de menaces… Il serait dommageable… accident mortel… Violence, sabotage…, etc. » Quelqu’un a-t-il déjà entendu parler de cette histoire ? demande-t-il en jetant un regard circulaire à ses frères.
Tout le monde secoue la tête en signe de négation.
— Apparemment, cela dure depuis plus d’un an, reprend-il. Depuis que nous avons permis au rayon Informatique de s’agrandir aux dépens du rayon Livres.
— Décision parfaitement logique et justifiée, l’interrompt Sato. La rotation des marchandises se fait beaucoup plus rapidement en Informatique, et il faut de la place pour cela. Le rayon Livres, lui, tourne à perte depuis toujours. Il paraissait donc tout à fait légitime de l’amputer d’une partie de son territoire au profit de son voisin immédiat. Une partie infime, vous noterez. Un mètre de large, dix mètres de long. Dix mètres carrés, donc.
— Et cela n’a pas plu aux Rats de bibliothèque, commente Wensley. Mais nous avons pris notre décision, et ils se doivent de la respecter.
— Eh bien justement, le coupe Thurston. Ils ne la respectent pas. Dès que les gars de l’Informatique installent leurs marchandises sur ces dix mètres carrés, les Rats de bibliothèque – c’est en effet comme cela qu’ils se font appeler – envoient un commando les remplacer par des bouquins. Alors les types d’en face…
— Les Technoïdes. Ils se font appeler les Technoïdes, intervient Chas, heureux de dispenser à tout le monde ses connaissances du jargon des vendeurs.
— Les Technoïdes, reprend Thurston en prononçant ce surnom avec un certain dégoût, ne se sont pas laissé faire. Des bagarres ont éclaté, et il y a eu des blessés dans les deux camps. « Dernièrement, trois vendeurs ont dû être hospitalisés après une escarmouche particulièrement sanglante. L’escalade menace. Une intervention du conseil est nécessaire pour régler définitivement ce conflit absurde. »
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Les vêtements l'aident. Car, contrairement au proverbe, l'habit fait le moine. Vêtu ainsi de ce que le rayon Habillement pour homme a de mieux à offrir, Frank se sent exister. Littéralement. La coupe parfaite de son costume semble se dessiner d'elle même. La cravate, la chemise et les chaussures complètent le tableau. Sa tête, son cou et ses mains apparaissent en dernier, car ils sont plus difficiles à percevoir. Grand Dieu, parfois, il n'arrive même pas à se rappeler son visage. Lorsqu'ils renaissent dans le miroir, ses traits lui semblent à chaque fois si familiers qu'il se maudit de s'être donné tant de mal à les reconstituer. Mais, les mauvais jours, il lutte en vain pour se souvenir d'une simple courbe de son visage, et craint d'être en train de » sombrer dans la non-existence, dans les limbes, de devenir un véritable le fantôme, en plus d'en être un professionnellement parlant.
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De plus en plus, les gens font leur éducation via les médias électroniques, les écrans et les moniteurs remplaçant le théâtre de l'esprit et l'arène de l'imagination. A la rigueur, elle est capable de le comprendre, parce qu'il est bien plus aisé de ragarder passivement des images que d'en synthétiser soi-même avec pour seule matière première des mots imprimés sur du papier. Pourtant, les images évoquées par la prose d'un écrivain de talent sont infiniment plus intenses et mémorables que de simples graphismes numériques.
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Un à un, sans un mot, les yeux baissés, les Fantômes pénètrent dans la pièce, où les attendent dix rangées de chaises en plastique faisant face à une estrade. Sagement, ils prennent place en occupant d'abord les sièges du milieu, de manière à éviter à quiconque le désagrèment de se voir marcher sur les pieds, et donc d'entrer en contact physique avec un collègue. Ils ne cherchent pas à savoir près de qui ils sont assis. Entre Fantômes, il n'y a pas d'amitié, pas de favoritisme. Tous sont égaux dans leur manque absolu d'individualité.
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...le ciel ressemble...à une page d'écritures gommées.
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Sous les étoiles glacées et la lune rieuse, Fen ne s’était jamais senti aussi seul et vulnérable. Il avait l’impression d’être piégé dans un cauchemar ; pas le sien, mais celui de l’Angleterre, celui d’une nation qui se croyait à l’abri de tout. Une nation qui, comme un ploutocrate vieillissant et contant de soi, pensait que son avenir ne serait que confort, satisfaction, politesse et approbation de ses pairs. Une nation qui n’aurait jamais pu prévoir la pénurie, la haine et l’isolement dont elle souffrait aujourd’hui. L’Angleterre dormait et faisait un cauchemar, et Fen avait hâte que sonne l’heure du réveil.
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Le Lascar, manifestement lassé d’essuyer des provocations et préférant faire usage de son arme plutôt que de la rengainer, allait poignarder le vieil homme.
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e suis un vieil homme. Un vieil homme fatigué et effrayé. J’ai vécu longtemps, fait bien des choses, vu bien des choses. Désormais, ma vue faiblit, mon corps est frêle et ratatiné, et je sens la vie me quitter un peu plus chaque jour. Je suis médecin diplômé. Je reconnais la sénescence quand je la vois, et le miroir me la donne à contempler dans toute sa gloire grisonnante et pourrissante, toujours plus floue, plus affligeante.
Et encore est-ce quand j’arrive à supporter ce que je vois. Car les reflets dans les miroirs ne révèlent pas que l’implacable effondrement corporel. Ils peuvent aussi dévoiler des choses cachées dans les coins, tapies à la périphérie de notre vision ; des choses qui, dès qu’on les remarque, se mettent à glousser ou à chuchoter, ou parfois, se contentent d’observer en silence.
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En réalité, cela faisait de moi le cousin au centième degré environ de H.P. Lovecraft, dont j’avais dévoré les histoires à l’adolescence. Une nouvelle que je trouvai assez excitante, je peux vous le dire. Lovecraft avait un talent incomparable pour évoquer l’étrange et communiquer une impression de peur insidieuse, tout en les ancrant au moyen d’une écriture froide et cérébrale de type reportage/mémoire/journal intime, et de fugitives touches d’humour noir. J’ignorais tout de ses traits de personnalité moins sains – en particulier son racisme, le dégoût pour les cultures non anglo-saxonnes qui s’exprimait souvent dans ses articles et sa correspondance privée – à l’époque où je découvrais son œuvre. Désormais, le fait de savoir tout cela gâche quelque peu cette dernière, tout comme l’imprécision occasionnelle et le côté réchauffé et inélégant de son style, ces dernières caractéristiques m’apparaissant plus nettement à l’âge mûr, maintenant que je suis moi-même écrivain et – j’aime à le penser – davantage conscient de ce qui fait et défait un bon style."
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je savais qu'il ne pouvait s'agir que de lui. Cthulhu.
Il y avait ce front plat; là, au niveau de la bouche, l'anneau d'un tentacule; la, le bord festonné d'une aile de chauve-souris.
J'imaginai même distinguer un léger mouvement de respiration à l'endroit où devait se trouver son poitrail. Cthulhu respirait lentement, régulièrement. Cthulhu dormait.
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Pouvez-vous deviner ce qui est alors arrivé ?
Holmes secoua la tête.
-Je n'ai pas pour habitude de deviner quoi que ce soit. Les spéculations sans fondements sont une pratique qu'il vaut mieux laisser aux diseuses de bonne aventure et aux commérages.
Je dissimulai une sourire. Si une phrase avait jamais résumé le tempérament et la philosophie de Sherlock Holmes, c'était celle-là.


Page 135.
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Il s’était mis à dos la plus inflexible et tempétueuse des forces de la Nature : l’Anglais qui a dépassé son point de rupture et n’a rien à perdre. Contre cet homme-là, il ne pouvait tout simplement pas gagner.
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L’humour est une chimère qui s’impose parfois à nous contre notre volonté. On ne rit pas parce qu’on est heureux, mais parce qu’on espère l’être ou parce qu’on attend de nous que nous le soyons.
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À cette heure de la matinée, lorsqu’il ne fait plus vraiment nuit mais que
le jour n’est pas encore levé, le ciel ressemble à un amas gris cotonneux, à
une page d’écritures gommées. Dans les rues désertes de la ville se fait
alors entendre une sorte de froufrou, un soupir toujours présent, mais
audible uniquement lorsque les autres bruits cessent. À cette heure de
l’aube, les lampadaires clignotent, puis s’éteignent un à un comme des têtes
vidées de leurs rêves, et les pigeons au plumage gris fumé ouvrent
lentement les yeux. C’est le moment choisi par le soleil pour émerger de
derrière la ligne des toits et éclairer le monde de ses rayons argentés, qui
ornent chaque bâtiment d’une longue queue en éventail, d’une traîne
déroulée à l’ouest
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- Ai-je le choix ?
- Je ne suis pas votre maître. Vous êtes parfaitement libre d'aller où bon vous semble.
- Mais si je pars de mon côté, je risque de rater une partie de l'enquête.
- Ne pourrais-je être tout simplement pris d'une fantaisie ?
- Je vous connais, Holmes. Vous agissez rarement par fantaisie. En fait, vous êtes la personne la moins fantaisiste que j'aie jamais rencontrée.
- Ah diantre. Je crains de ne plus être une énigme pour vous.
- Au contraire. Vous demeurez diablement énigmatique. Mais j'ai appris certaines de vos manies les plus évidentes.
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Beaucoup de ces ouvrages sont considérés comme dangereux. Pour leur contenu. Pour certains, il ne s'agit pas de simples livres, mais de portails donnant sur un savoir jugé comme interdit, voire impie ;  un savoir capable de changer à jamais notre perception du monde. Évidemment, beaucoup prendraient cette affirmation avec des pincettes. Mais la fragilité d'esprit de certaines personnes ne se discute pas. Il est sans doute préférable que les gens sensibles, sujets aux névroses et à la dépression ou dotés d'une imagination excessive, ne s'en approchent pas. Les illustrations, surtout dans les textes médiévaux, frisent souvent le macabre.
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— Cet homme ne m’inspire pas confiance.
— Jamais déclaration plus justifiée ne fut prononcée.
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— Si deux personnes peuvent être décrites comme les deux faces opposées d’une même pièce, c’est bien Mycroft et moi, répliqua Holmes. Il en a toujours été ainsi, même quand nous étions enfants. Notre père descendait d’une longue lignée de soldats et traitait tout ce qu’il faisait avec une discipline martiale. Notre mère était différente. C’était la nièce d’Horace Vernet, le peintre français, et elle était d’un naturel beaucoup plus bohème. Mycroft et moi, nous tirons nos caractéristiques des deux généalogies, mais à des degrés extrêmement différents. Il aime manger ; je considère la nourriture comme un simple carburant pour le corps et l’esprit. Il désire la cohérence et la systématisation ; je suis attiré par le chaos créatif.
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Il y avait des opiomanes partout ; des hommes et des femmes réduits à une loqueteuse indigence, qui vendaient tout ce qu’ils avaient, jusqu’à leurs enfants, afin de nourrir leur dépendance au narcotique.

Il n’y avait que deux classes de gens qui en bénéficiaient : les représentants de la Compagnie Britannique des Indes Orientales qui cultivaient le pavot aux Indes et envoyaient la drogue en Chine, et les intermédiaires locaux qui la vendaient aux Chinois.

Par ce moyen, la Compagnie parvenait à récupérer une grande partie de l’argent dont la Grande-Bretagne abreuvait la Chine depuis la moitié du XVIIe siècle, moment où le pays avait ouvert son marché pour vendre ses produits – principalement de la soie, de la porcelaine et du thé – dans le monde entier.

Le commerce de l’opium relevait de l’impérialisme sournois ; c’était une façon de soumettre une nation sans tirer un seul coup de fusil.
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— Je ne suis pas obligé de vous dire quoi que ce soit. Vous êtes jeune, M. Holmes ; il n’y a que les jeunes pour jeter de la boue autour d’eux en attendant de voir si elle colle.
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