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Critiques de Jean-Baptiste Maudet (75)
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Des humains sur fond blanc

Après avoir lu Matador Yankee, Prix Orange 2019, premier roman de Jean-Baptiste Maudet, je n’avais qu’une hâte : découvrir le deuxième Des humains sur fond blanc !

Je dois dire que je n’ai pas été déçue, car celui-ci est bien à la hauteur du premier, si ce n’est un cran au-dessus.

L’action se situe en ex-URSS. Les derniers relevés qui viennent de Yakoutie indiquent une teneur en césium 137 très supérieure au seuil autorisé et des rennes contaminés par la radioactivité, qui viendraient de l’ancien sovkhoze 400, se dispersent dans le Grand Nord. Tatiana Vlekova, scientifique moscovite, reléguée à cause de sa résistance aux hommes et son impertinence est alors envoyée en urgence, en Sibérie, Sibérie qu’elle déteste non pas pour le froid, l’immensité, les forêts, les steppes ou les lacs, mais pour ce que l’on en a fait.

Elle s’envole donc pour Yakoutsk, d’où un certain Hannibal, un pilote un peu foutraque, retraité de l’armée soviétique doit la conduire à bord d’un vieil avion Antonov jusqu’à Nerkhoïansk, devenue une cité minière. Ils prendront alors à bord Neva, une jeune fille, brillante patineuse, qui fait partie de la minorité Younets, qui viendrait d’une famille de la toundra et qui leur servira donc d’interprète.

Avec l’hiver qui vient et des conditions de vol très difficiles, Hannibal sera contraint à un atterrissage forcé, endommageant fortement l’appareil. Leur vie ne tiendra plus, alors qu’à la flamme d’une bougie …

C’est un roman d’aventure, certes, une belle aventure sibérienne, baroque que nous conte Jean-Baptiste Maudet, mais également une quête existentielle. Le roman est bref mais a une réelle et intense force d’évocation. Si l’écrivain a délaissé le Mexique pour nous plonger en Sibérie, il a maintenu cette même puissance à nous y entraîner avec lui. Les scènes décrites sont tellement parlantes et évocatrices qu’il nous semble être aux côtés de nos trois personnages. On est presque dans un périple survivaliste.

L’atmosphère dans laquelle sont plongés nos héros est magnifiquement rendue et il est compréhensible que les voix du passé, les voix disparues reviennent les hanter.

Les trois personnages principaux sont superbement campés, aussi bien du côté physique que moral et toujours avec beaucoup d’humour mais aussi beaucoup de tendresse et de poésie. Difficile dans ce pays encore bien sous domination masculine, pour ces femmes d’exister !

L’auteur ne se contente pas de nous embarquer dans un voyage dépaysant en pleine taïga sibérienne, il nous amène, en outre, à réfléchir à des thèmes moins poétiques et moins cocasses, tels que les retombées nucléaires, les minorités ethniques et leur assimilation, avec peu à peu la disparition du nomadisme, la corruption quasi omniprésente, le machisme, le braconnage, l’alcoolisme, l’exploitation incontrôlée des mines, la quasi extermination des rennes sans oublier le réchauffement climatique.

Ne prenez pas peur car l’aventure et le dépaysement garanti ne vous laisseront pas une minute de répit, Des humains sur fond blanc est un livre qui se lit d’une traite, avec beaucoup de plaisir.


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Tropicale tristesse

Quel plaisir de retrouver la si belle plume de Jean-Baptiste Maudet avec son troisième ouvrage Tropicale tristesse !

Même si elle a la vague impression qu’elle est en train de faire n’importe quoi, Jeanne Beaulieu, qui va sur ses quarante ans, a pris un vol pour le Brésil, avec le désir de se rendre en Amazonie. Elle entreprend ce voyage à la suite d’un reportage sur la déforestation aux confins de cette vaste région, au cours duquel elle a aperçu un indien. Elle a alors décidé de tout plaquer et de partir pour le retrouver.

Lors de sa halte à Sáo Paulo, elle passe chez un bouquiniste et ressort avec Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss sous le bras, même si elle vu, en le feuilletant de nombreuses phrases soulignées et accompagnées d’une quantité incroyable d’annotations et qu’elle déteste ça.

Bien vite, elle va découvrir dans ce qu’elle appelle les gribouillis des autres, comment ces deux étudiants Paul Martin et Claudia Ambrosio se sont rencontrés à Séville, en 1992, l’année de l’exposition universelle et sont tombés follement amoureux l’un de l’autre.

En laissant dans cet exemplaire le témoignage de leur histoire, Paul et Claudia offrent à Jeanne « ce qui chez moi s’est évanoui trop vite ou n’a jamais existé, un amour évident, ridicule, éblouissant. »

Cette histoire fait renaître en elle l’espoir d’une tendresse et d’une responsabilité.

Au Brésil ou en remontant l’Amazone, Jeanne est bien sûr partie à l’aventure, mais elle est surtout partie s’aventurer à la recherche d’elle-même et c’est bien un véritable voyage intérieur qu’elle va effectuer.

J’ai profité avec Jeanne de la beauté du fleuve, prenant un immense plaisir à découvrir cette nature luxuriante. Cependant, comme elle, et comme Claude Lévi-Strauss, impossible de ne pas être désespérée par l’humanité…

J’ai beaucoup aimé assister au questionnement que se fait cette jeune femme, à sa transformation au fil du voyage accompagnée dans cette quête existentielle par le récit de l’ethnologue et cette histoire d’amour inachevée entre Paul et Claudia.

Jean-Baptiste Maudet dresse une galerie de portraits de personnages marquants dont celui magnifique de cette femme tellement naturelle dans ses pensées affichant sereinement son autodérision.

Beaucoup d’émotion, de subtilité, de poésie et de sensibilité également dans ce roman !

Impossible de ne pas tomber sous le charme avec Jeanne quand elle voit les yeux d’une tortue entourés d’ailes de papillons et qu’elle apprend que ces derniers ayant besoin de sel, de sodium et que, n’en trouvant pas assez dans la forêt, alors ils boivent les larmes des tortues !

Même si le thème principal de Tropicale tristesse n’est pas l’écologie, je n’ai pu m’empêcher à sa lecture de penser à la déforestation galopante, en cours dans cette Amazonie, considérée pourtant comme « le poumon de la terre » en raison de sa capacité à séquestrer du dioxyde de carbone (CO2). Qu’adviendra-t-il si Jair Bolsonaro est réélu ?

Ce voyage est pour Jeanne un cheminement lent, plein d’interrogations, sur ses parents, ses rencontres et qui ranime en elle parfois des blessures comme cette souffrance chronique relative au suicide de son père. C’est aussi l’esquisse de ses désirs, celui surtout d’être une femme libre !

Tropicale tristesse ne peut guère se lire sans amener le lecteur, à exhumer Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss, avec cette fameuse photo de couverture prise par celui-ci, d’un adolescent de la tribu Yanomami et l’inviter à se replonger dedans, ce que j’ai fait.

Après Matador Yankee, entre Texas et Mexique, Prix Orange du livre 2019, puis, Des humains sur fond blanc, dans le grand nord sibérien, Prix Brise-Lame 2021, Jean-Baptiste Maudet, en nous emmenant en Amazonie avec Jeanne en quête d’elle-même et sur les pas de Claude Lévi-Strauss, signe à mon sens un roman encore plus abouti et que je ne suis pas prête d’oublier !

Je remercie bien sincèrement Babelio et les Éditions Le Passage pour m'avoir permis ces excellents moments de lecture.
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Matador yankee

Chapeau bas à Jean-Baptiste Maudet, écrivain, géographe, qui dès son premier roman Matador Yankee, se voit décerner le Prix Orange 2019 ! Prix, à mon avis, bien mérité.

Harper, mèches blondes et yeux bleus a grandi à la frontière du Mexique et des États-Unis et se fait appeler soit Juan, soit John, selon le côté où il se trouve. Sa mère, mexicaine qui vit en Californie, n'a jamais voulu lui parler de son père parti après sa naissance. Pas vraiment cow-boy, il aurait aimé devenir un grand torero. Mais les combats menés dans des arènes mexicaines de second plan et les rodéos ont eu raison de sa jeunesse et lui ont surtout laissé bosses, cicatrices et douleurs.

Pour rembourser une dette de jeu contractée auprès d'une mère maquerelle, une seule solution va s'offrir à lui : retrouver Magdalena, la fille du maire de ce village de la Sierra Madre, perdue dans les bas-fonds de Tijuana. Notre matador yankee ou gringo torero va donc tout tenter pour la ramener à ses parents.

Un roman coloré, pittoresque et original à souhait que Matador yankee ! Jean-Baptiste Maudet fait preuve d'une belle imagination tout au long du livre. J'ai beaucoup apprécié la description des trois vaches qu'affronte Harper dans une ambiance survoltée et notamment l'analyse psychologique dont celui-ci fait preuve vis-à-vis d'elles. Ne remarque-t-il pas, en effet que l'une d'entre elles doit souffrir de strabisme et " ...s'approcha de la vache et se fit bousculer volontairement pour qu'elle le renifle à défaut de le voir." Mais que dire ensuite, lorsqu'il va partir avec Miguel, frère du maire et qu'ils vont embarquer avec eux Adela et son grand-père pour rechercher la belle Magdalena dans Tijuana !

Nous assistons à un road-movie riche en références cinématographiques où les péripéties s'enchaînent. Les scènes peuvent être burlesques, tendres, souvent démesurées mais tellement visuelles. Que cela n'empêche pas de penser qu'il s'agit d'un roman noir, où selon que l'on naît d'un côté de la frontière ou de l'autre, la vie n'est pas la même. Ce récit situé autour de cette frontière entre Mexique et États-Unis, nous connecte à l'actualité. Il serait un scénario tout prêt pour un beau film, Harper, ne se prétend-il pas d'ailleurs être le fils de Robert Redford ?

Après cette lecture, je n'ai qu'une hâte, celle de découvrir le deuxième roman de Jean-Baptiste Maudet : Des humains sur fond blanc qui vient de paraître en ce début d'année !


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Matador yankee

La carrière autrefois prometteuse du matador américain John Harper s’est effilochée dans la poussière des arènes mexicaines, entre alcool, dettes de jeu et fréquentations douteuses. L’une d’elles va l’entraîner bien plus loin qu’escompté, à la recherche d’une fille perdue dans les bas-fonds de Tijuana.





S’amusant à entrelacer les pastiches cinématographiques en une étonnante combinaison aussi nostalgique que burlesque, l’auteur nous entraîne dans un récit d’aventure où se mêlent les codes du western, du road trip et du film d’action : images et ambiances y sont soigneusement étudiées, et, restituées avec un grand souci visuel et filmique, prennent clairement le pas sur le réalisme, somme toute assez souvent fantaisiste, de l’histoire.





Mélange des genres, le récit se construit aussi sur la confrontation de deux mondes, cristallisée en la personne de Harper : tantôt Juan, tantôt John, cet Américain blond né aux Etats-Unis de mère immigrée mexicaine, a choisi un métier bien plus prisé au sud qu’au nord de la frontière. Pendant que sa mère trime la peur au ventre pour parvenir à s’incruster en Californie, lui n’est au Mexique que « Mr Gringo Torero » qui, à chaque corrida, risque sa vie pour un public dont le coeur bat presque plus pour ses vaches que pour lui.





L’écriture est agréable et bien tournée, pourtant, il m’a manqué juste assez de plaisir de lecture pour ne pas parvenir à m’y absorber totalement : faute de partager la même fascination pour le cinéma hollywoodien, je ne me suis sentie que secondairement intéressée par le jeu des pastiches et suis restée sur ma faim d’une histoire plus réaliste, dans un Mexique par ailleurs admirablement rendu. Quoi qu’il en soit, ce premier roman démontre le talent littéraire de Jean-Baptiste Maudet, dont j’attendrai avec curiosité le prochain ouvrage.


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Matador yankee

Je sors de la lecture de ce roman avec une impression mitigée. Pourtant, Jean-Baptiste Maudet m’a emmené sur les pas de John Harper, mi- torero, mi- cow-boy, qui vit une aventure complètement folle dans ce Mexique où la violence et la mort rôdent à chaque carrefour.



Matador yankee est le premier roman d’un auteur qui est géographe. Sa description très réaliste de la frontière américano-mexicaine me rappelle cette exposition, à la Fondation Carzou de Manosque où Bernard Plossu détaillait ses photos prises côté étasunien comme du côté mexicain, chaque fois mises en parallèle. Seulement, ces photos ont été prises entre 1965 et 1985. Or, tout a bien changé depuis et pas en bien !

Ce que décrit Jean-Baptiste Maudet est beaucoup plus actuel, même s’il ne donne pas de date. Il y a un mur, des réfugiés qui s’agglutinent à Tijuana pour tenter de passer la frontière, des hélicoptères US qui rôdent et John Harper, né à Los Angeles, blond aux yeux bleus, doué pour la tauromachie mais dont la vie est un échec complet.

L’auteur m’a plongé dans cette misère où l’argent et la drogue attirent ces hommes noyant leurs échecs dans l’alcool. Tout part de cette ville de Tijuana où Antonio est le gardien d’arènes à l’abandon. Son ami, Harper ne torée plus car la corrida a perdu son attractivité et ce n’est pas moi qui m’en plaindrai ! Les conquistadors espagnols avaient dû imposer cette coutume barbare, un des nombreux cadeaux faits aux autochtones avec les maladies…

Pour qu’Antonio lui éponge une énorme dette, Harper accepte d’aller toréer dans un village perdu dans la montagne, village dont le maire est le père de Magdalena qu’Antonio veut épouser. Les parents de la fille ne veulent pas de lui pour gendre mais Harper est chargé de leur remettre un cadeau de la part du prétendant…

Difficile d’en dire plus car tout va dégénérer et se transformer en une aventure de plus en plus rocambolesque avec d’autres protagonistes comme Miguel, le frère du maire, Adela et son grand-père, sans oublier la terrible Roberta qui tient un établissement plutôt louche où Harper a perdu beaucoup d’argent au jeu.

J’ai bien aimé l’aventure, les situations et les descriptions de la vie mexicaines, toujours par petites touches mais je suis resté sur ma faim à plusieurs reprises car j’espérais mieux. L’amour aussi est présent, révélant quelques surprises et un espoir fou.

Pour finir, l’auteur rappelle la fin de Butch Cassidy et de Sundance Kid poursuivis par les sbires de l’agence Pinkerton mais, pour cela, je conseille vraiment de lire Les Mémoires de Butch Cassidy, Mort ou Vif, de Roger Martin (éditions Dagorno).



Malgré tout, je reconnais que Jean-Baptiste Maudet trouve là une manière élégante, pleine de mélancolie, pour terminer l’odyssée de son Matador yankee, John Harper, qui pense être le fils caché de Robert Redford. D’ailleurs, les allusions au cinéma jalonnent ce roman qui a créé la surprise en décrochant le Prix Orange du Livre 2009, un bel encouragement pour l’auteur.
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Matador yankee

A moins qu'il ne s'agisse que d'un hasard chanceux, il est plutôt malin d'écrire un livre dont l'un des thèmes enflamme l'actualité internationale. Tout au long de Matador yankee, l'auteur, dont c'est le premier roman, explore la question de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Tout oppose ceux qui naissent en deçà et au-delà de la ligne : l'identité, l'histoire, les traditions, les psychoses… Jusqu'aux spectacles ludiques d'affrontement de l'homme et du taureau — ou du toro —, une passion largement partagée, mais déclinée d'un côté en corrida, de l'autre en rodéo.



Le personnage principal est bien placé pour le savoir. Il se fait appeler Harper, un patronyme américain. Selon le côté de la frontière où il se trouve, il dit se prénommer John ou Juan. Sa mère, une Mexicaine installée depuis longtemps en Californie, n'a jamais rien voulu lui dire sur son père, envolé quelques mois après sa naissance. Avec ses mèches blondes et ses yeux bleus, Harper se trouve une ressemblance avec Robert Redford, ce qui l'autorise à penser et même à prétendre qu'il pourrait en être le fils.



En dépit d'une éducation typiquement américaine nourrie au western, Harper a toujours rêvé de devenir un grand torero. Sa jeunesse s'est perdue entre quelques combats menés dans des arènes mexicaines de second plan et des rodéos de kermesse au Nevada ou au Colorado, vécus en compagnie de soiffards jouant aux cow-boys. Côté mexicain, les coups de corne lui ont laissé des cicatrices spectaculaires ; côté américain, les plaies et bosses récoltées lors des chutes l'ont quelque peu déglingué. Des douleurs qu'il s'efforce d'oublier dans l'alcool, comme le souci que lui inspire une dette importante accumulée auprès d'une mère maquerelle au regard et à la férocité de panthère.



A partir de là, les péripéties vont s'enchaîner, implacables… le synopsis rappelle étonnamment celui du dernier roman de Michael Farris Smith, le Pays des oubliés, que j'ai lu et critiqué tout récemment. Une coïncidence, en fait. Comme si les paumés du deep south étaient tous voués à la même malédiction !



Les références de l'auteur, Jean-Baptiste Maudet, sont plutôt cinématographiques. Elles sont nombreuses, Hollywood n'étant pas loin. Un faux médecin porte une moustache triste qui le fait ressembler à un acteur de cinéma muet. Les paysages de la Sierra Madre et un trésor mystérieux pourraient ressusciter Humphrey Bogart. Des béquilles et des bandages de blessures évoquent la guerre de Sécession vue par Sergio Leone. Un vieux type armé d'un colt de western et dont les cheveux sont serrés par un bandana à la manière de Geronimo, flingue un à un, comme dans Tarantino, des tueurs à la poursuite de Harper. Et ce dernier lui-même pourrait choisir une fin heureuse auprès de la très belle star féminine de l'histoire. Mais peut-être préférera-t-il prolonger indéfiniment son road-trip à travers le continent. A moins que tout ne s'achève par un sacrifice expiatoire à la Butch Cassidy et le Kid… Redford for ever !



A moins encore qu'il ne soit attaché à son identité de poor lonesome cow-boy. Chacun ses références !



A l'instar d'Harper, qualifié de matador yankee ou de gringo torero, tous les personnages du livre sont un peu « barrés ». Matador yankee est un roman noir, dans le genre burlesque. Les intrigues sont surprenantes, certaines péripéties bouffonnes ou démesurées, à la limite du vraisemblable.



Le livre recèle des qualités littéraires peu apparentes à la première lecture. L'auteur a adopté un mode de narration complexe, comme un puzzle dont deux ou trois pièces ne seraient pas données en même temps que les autres et qui ne viendraient éclairer certains épisodes restés obscurs que plusieurs dizaines de pages plus loin. La lecture exige donc de prendre son temps. Il n'est pas inutile de relire certains chapitres avec du recul. C'est aussi l'occasion de découvrir des traits d'humour inattendus et décapants qui avaient pu échapper d'entrée.


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Des humains sur fond blanc

Perdus au cœur de la Sibérie



Pour son second roman Jean-Baptiste Maudet passe du chaud au froid. Après les passes du «Matador Yankee» il nous entraîne en Sibérie, sur les traces d’un trio improbable «dont la vie ne tient plus qu’à la flamme d’une bougie».



Le jury du Prix Orange du livre 2019, dont j'ai eu l'honneur de faire partie, a couronné Matador Yankee, le premier roman de Jean-Baptiste Maudet. Durant la belle soirée qui suivi la remise du prix, l'auteur m’a révélé qu'il mettait déjà la dernière main à son second livre. Voici donc ce roman de la confirmation (que je trouve pour ma part encore meilleur que le premier). Des humains sur fond blanc nous permet de retrouver le goût de l'auteur pour les contrées exotiques, mais cette fois la Basse Californie et le Mexique sont remplacés par le froid sibérien.

Nous sommes dans la cité minière de Nerkhoïansk, où la «neige n'est jamais blanche» et où vit Neva. La jeune fille essaie de gagner son indépendance en remplissant les rayons du supermarché, même si en échange de ce boulot, elle doit accepter de «se laisser tripoter dans la remise par son employeur».

À l'image de la météo dans cette région, ses relations sont plutôt froides, y compris avec ses parents. Ils ne disent rien des ancêtres glorieux qui ont jadis peuplé la région, préférant murer leur rancœur dans le silence et s’abrutir dans un quotidien qui n’a rien d’exaltant.

À des milliers de kilomètres de là, dans un bureau moscovite, on s'interroge sur les rapports qui viennent d’arriver et semblent indiquer que des troupeaux de rennes errant dans le Grand Nord seraient porteurs de taux de radioactivité anormalement élevés. Et comme on ne semble pas à l’abri d’une nouvelle catastrophe, il vaut mieux vérifier. D’autant que ce rapport est l'occasion pour un fonctionnaire frustré de s’offrir une petite vengeance. Il va envoyer Tatiana, la rouquine qui se refuse à lui, en Sibérie. Pour ce voyage, elle va devoir se coltiner Hannibal, un retraité de l'armée à la carrure impressionnante, qui va lui servir de pilote.

Arrivés à Nerkhoïansk, on ne peut pas vraiment dire qu’ils aient réussis à briser la glace, pas plus que dans le local où ils font la connaissance de Neva autour d’une vodka. Et comme cette dernière parle la langue des tribus autochtones, Tatiana l’engage comme d'interprète. Le vol vers le Grand Nord de ce trio improbable va s’achever brutalement. Hannibal parvient tout juste à se poser dans la plaine sibérienne, mais occasionne de gros dégâts à l’appareil. Dès lors, c’est le combat pour la survie qui va s’engager, avec quelques épisodes croustillants que je vous laisse découvrir.

Jean-Baptiste Maudet réussit cette fois encore à dépeindre une atmosphère avec une économie de mots, mais avec une réelle force d’évocation. Comme avec Matador Yankee, on se croit dans un film et on vit les scènes avec intensité. Il ne m’étonnerait pas qu’à un moment de votre lecture, vous ayez froid! Vous avez dit blizzard?


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Tropicale tristesse

Jeanne Beaulieu aussi hait les voyages, du moins les voyages en avion. Sans doute parce que son père lui a faussé compagnie en passant par la fenêtre (fenêtre fort éloignée du sol), elle hait aussi les explorateurs. À moins que ce ne soit parce qu'ils ont tous le même guide touristique et qu'on risque fort de rencontrer son voisin de bureau dans un café de Sao Paulo.

La première partie de ce roman prend héroïquement le contre-pied du voyage bien balisé, fût-il littéraire. Jeanne est au Brésil, hantée par l'image d'un Indien improbable entraperçu dans un documentaire télévisuel tandis que Paul et Claudia se quittent après s'être aimés dans les marges de "Tristes Tropiques". Le lecteur perd ses repères, ça tombe bien (contrairement au père), il se laisse aller au charme de la pérégrination, ravi de ne pas tout comprendre. À la sempiternelle question "Voyage-t-on mieux en tournant les pages ou les talons?", Jean-Baptiste Maudet donne la seule réponse qui vaille: on ne voyage bien qu'en remettant ses pieds sur les traces d'un livre admiré et décevant. "Pourquoi lirais-je encore un livre que j'ai déjà lu si je n'étais pas persuadée qu'une fin différente soit possible?"

Tandis que Paul cherche à retrouver sa Claudia, Jeanne relit Claude Lévi-Strauss et son voyage est sa manière d'annoter "Tristes tropiques" (même quand elle pense à sa belle-soeur: "Quant à Françoise, je suis un peu négative à son sujet, mais la rancoeur entre belles-soeurs est anthropologiquement structurante, je suppose.")

Hélas, même si Jeanne se sent plus extrapoleuse qu'exploratrice, le livre perd petit à petit ses méandres. Et voici que la quête existentielle tourne à l'enquête policière. Jeanne, Paul et Claudia finissent par se rencontrer, les méchants sont décidément bien méchants, l'amour a le dernier mot et Jeanne se réconcilie avec Françoise à l'enterrement de Lévi-Strauss.

Bref, ce voyage commencé sans boussole possède en réalité un début, une fin, des étapes identifiées et un sens, ce qui m'a bien déçue. Mais pouvais-je espérer qu'une tropicale tristesse allait accoucher d'une glorieuse épiphanie sans que je ne sois obligée de m'envoler à mon tour pour l'Amazone, pour réécrire ce roman en marchant sur ses traces?

Et puis, Jeanne, jusqu'à la fin, continue de baguenauder aux lisières hasardeuses du tragique et du sourire: "Une étoile filante traverse le ciel. Je plaisante, c'est un avion qui prend feu."
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Tropicale tristesse

Jeanne, Claudia, Paul et les autres



Avec ce roman, clin d’œil à Claude Lévi-Strauss, car il mêle aussi souvenirs de voyage et pensées philosophiques, Jean-Baptiste Maudet confirme son talent à nous faire voyager avec des histoires épatantes. N’hésitez pas à la suivre au Brésil !



Nous faisons d'abord la connaissance de Jeanne Baulieu au moment où elle s'apprête à atterrir à Sao Paulo. C'est après avoir suivi un documentaire sur la forêt amazonienne que la quadragénaire a décidé de partir pour le Brésil, faisant fi de sa peur de l'avion. Avec de maigres indices, elle s'est mise sur la piste d'un homme, un Indien qui l'a fascinée.

Puis nous découvrons Paul, errant dans les rues de Séville. Il cherche l'université où il est censé suivre des cours, même s'il préfère l'ambiance des cafés. Inscrit en anthropologie, il ne semble guère motivé.

Jeanne de son côté continue sur la voie qu'elle s'est tracée. Après un rendez-vous chez le producteur du documentaire, qui ne lui a cependant laissé que peu d'espoir sur ses chances de retrouver son homme, elle choisit de rejoindre les berges de l'Amazone en bus.

Entretemps nous aurons fait la connaissance de Claudia, belle jeune femme qui se prélasse au bord de la piscine d'une luxueuse villa dans la banlieue sévillane.

Jeanne est maintenant prête à tuer les heures de bus pour rejoindre Santarem. Chez un bouquiniste, elle a trouvé une vieille édition de «Tristes tropiques» de Claude Lévi-Strauss et se réjouit de relire ce classique, même si les nombreuses annotations qui figurent dans son exemplaire d’occasion la rebutent un peu.

En Andalousie, Paul a trouvé une colocation et prend un verre sur le toit-terrasse de son nouveau domicile lorsqu'il est attiré par la beauté d'une nouvelle venue. Mais Claudia n'est pas seule et l'homme qui l'accompagne la serre d'un peu trop près pour une tentative d'approche. Mais comme les dieux de l'anthropologie sont avec lui, il la retrouvera un peu plus tard sur les bancs de l'université où elle suit un cursus identique au sien. Leur histoire d'amour peut commencer.

Une histoire d'amour que Jeanne suit à distance, aidée en cela par son livre d’occasion annoté par les deux étudiants. L'occasion pour elle de se poser quelques questions et d’égrener quelques souvenirs: «Que sont devenus Paul Martin et Claudia Ambrosio pour que ce livre échoue chez un bouquiniste de São Paulo? L'ont-ils perdu par accident? L'ont-ils jeté par désamour? Si en 1992 ils étaient étudiants à Séville, j'ai à peu près le même âge qu'eux. Cette année-là, moi aussi comme des millions de touristes j'étais venue visiter l'Exposition universelle. Avec mon petit ami de l’époque, on avait traversé l'Espagne en voiture dans la fournaise.» Du coup, le livre a désormais un double intérêt. Il n'est sans doute pas étranger non plus à son attitude plus ouverte durant le voyage, au plaisir qu'elle prend à échanger avec Big James l'homme qui a pris place à ses côtés sur le bateau qui les mène à Manaus.

«L’histoire de Paul et de Claudia fait renaître en moi l’espoir d’une tendresse et d'une responsabilité. La tendresse, je crois l'avoir toujours fuie et je me suis tenue à bonne distance de la responsabilité, endossant souvent celle de mes fantômes pour faire diversion.»

En même temps qu'il rend hommage à Lévi-Strauss, Jean-Baptiste Maudet construit un roman savoureux autour de ce double scénario. Il relit et commente les travaux de l'anthropologue, les confronte aux réalités d'aujourd'hui. Et alors qu'il se laisse aller à la nostalgie, pimente le tout de quêtes improbables. Sauf que le romancier a plus d'un tour dans son sac. En cherchant son «indien» Jeanne va découvrir la famille d'Ambrosio et remonter jusqu'aux origines de la vie de la belle Claudia.

Sa rencontre avec Big James lui permettra aussi, en s'enfonçant dans la jungle amazonienne, de constater l'évolution du poumon vert de la planète depuis la visite de Lévi-Strauss, les dégâts de la corruption et de l'exploitation irraisonnée des ressources.

Le tout servi avec cette pointe d'humour qui avait séduit le jury du Prix Orange du livre en 2018 qui avait couronné son premier roman, Matador Yankee. C'est ce même style qui lui avait permis de brillamment confirmer son talent avec Des humains sur fond blanc dans ans plus tard qui nous entraînait cette fois en Sibérie. Avec ce troisième opus, il s'inscrit durablement dans la veine de ces écrivains qui nous font voyager, réfléchir, rêver sans se prendre tout à fait au sérieux. On en redemande!




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Matador yankee

C’est bien hors des sentiers battus que nous entraîne Jean-Baptiste Maudet dans son premier roman. «Matador Yankee» raconte le périple d’un torero américain entre Mexique et États-Unis, entre habit de lumière et misère noire.



L’histoire ne le dit pas, mais ils ne doivent pas être très nombreux les Américains toréadors. Harper est l’un des derniers représentants de cette profession qui ne nourrit plus vraiment son homme. Aujourd’hui, il rend dans un petit village mexicain où la fête annuelle ne saurait se passer sans un spectacle dans les arènes.

Dans un bus brinqueballant et le long de routes poussiéreuses, il a le temps de réfléchir à ses rêves de gloire, au souvenir des heures de gloire qui drainaient le tout Hollywood de ce côté de la frontière. «Son père avait connu Orson Welles, Rita Hayworth, Ava Gardner, Frank Sinatra et collectionnait les photos des vedettes qui aimaient se montraient aux arènes en compagnie des grands toréros de l’époque.»

Aujourd’hui quelques retraités nostalgiques, «obèses ou rabougris», viennent grossier les rangs des autochtones pour des corridas la confrontant à des vaches fatiguées plutôt qu’à des taureaux aux naseaux rageurs et lui rapportant à peine de quoi faire bouillir sa marmite. «Cette situation n’était pas inconfortable, elle permettait de ménager de grands moments d’indifférence au monde et de liberté, sans qu’aucun fil ne le rattache à une autre existence.»

À moins qu’il ne se berce d’illusions, car la vie ne l’a pas ménagé, comme en témoigne les cicatrices sur tout son corps. Frôlé par la mort à plusieurs reprises, il ressemble à ses cow-boys qui ont fait la gloire d’Hollywood. Sa gueule de malfrat en fait le candidat idéal pour une mission risquée, retrouver la fille du maire du village du côté de Tijuana, essayant de grappiller quelques dollars pour rembourser une dette de jeu.

Jean-Baptiste Maudet fait appel à tous les ingrédients du road-trip pour construire sa chronique d’un monde en voie de disparition. La pègre, les dettes d’honneur, le sang et la mort, un trésor de guerre et, bien entendu, la femme qu’il faut essayer d’extirper d’une spirale infernale. Il y a du Thelma et Louise dans la virée de Harper et Magdalena, mais il y a aussi l’émergence d’un monde plus dur, plus violent. Au bout de la route, le géographe qu’est Jean-Baptiste Maudet nous aura dépeint le paysage d’une autre Amérique, de celle de Trump qui fait la chasse à toutes sortes de marginaux et dans laquelle un Gringo Torero n’a quasi aucune chance de survivre.




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Tropicale tristesse

Une lecture déroutante, surprenante, à laquelle je n'ai pas adhéré et que j'ai terminée à contre-coeur. Car j'ai respecté mon engagement en tant que jurée du prix Summer : lire les livres jusqu'au bout.

L'auteur nous raconte trois histoires enchevêtrées :

* Celle de Jeanne Beaulieu, phobique des avions, célibataire, partie à la recherche improbable d'un Indien en Amazonie. Je ne me suis pas du tout attachée à elle. Elle m'agaçait plutôt.

* Celle de Claude Levi-Strauss, auteur bien connu de "Tristes tropiques", d'où le titre "Tropicale tristesse". Jeanne use et abuse, car son récit est à la première personne, de citations de cet auteur. C'est lassant, même si je le respecte infiniment.

* Celle de Paul et Claudia que Jeanne s'efforce de deviner à travers les lignes. Leur histoire ne m'a pas fait frémir.

Alors, pourquoi quand même 3* ?

Et bien, heureusement, quelques descriptions exotiques m'ont touchées, entre autres le chapitre 13 - Les larmes des tortues dont j'ai mis une partie en citation.

Maintenant, ce n'est que mon ressenti. A vous de vous faire une opinion, si vous en avez envie.
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Matador yankee

John Harper, le matador yankee, l'américain aux cheveux blonds, est un solitaire. Depuis des années il va et vient, son territoire s'étend de Los Angeles où il est né d'une mère mexicaine au Mexique où il va où on l'appelle. Torero, cow-boy, qu'importe !

Et puis un jour il se retrouve en Sierra Madre, il faut bien honorer ses dettes de jeu mais le combat va prendre une autre tournure ..

Surprenant roman que celui-ci. La plume de Jean-Baptiste Maudet entraine le lecteur dans une ronde sans fin où chacun semble vivre dans son propre monde, la frontière est là toute proche, les rêves les plus fous sont à portée de main mais inaccessibles. Le mur est là et bien là. Les images défilent sous nos yeux..

Roman noir, la route est longue et semble sans fin jusqu'à la rencontre finale.



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Des humains sur fond blanc

Jean-Baptiste Maudet m'avait promis un voyage en Sibérie, tentant, non ?

Certes je connais des régions du monde plus chaleureuses et accueillantes, mais pourquoi pas ?

Et puis, Des humains sur fond blanc, j'adore ce titre.

Donc, je m'équipe chaudement et... en route pour l'aventure.

D'abord il m'a présenté Tatiana, une scientifique moscovite qu'on envoie en mission dans le Grand Nord.

Il paraît qu'on a repéré là des troupeaux de rennes contaminés par radioactivité à un taux jamais atteint.

On ne va pas dire qu'elle est enthousiaste à l'idée du voyage, d'autant qu'à la base elle est en vacances au soleil, mais elle n'est pas vraiment surprise d'être l'heureuse élue.

Il faut dire qu'elle a malencontreusement "tamponné" son supérieur un peu trop entreprenant et que celui-ci semble avoir la rancune tenace.

J'étais curieux.

Moi qui n'y connais rien en Sibérie, en rennes, pas plus qu'en radioactivité, Maudet allait m'en apprendre des choses.

Mais voilà, le bougre m'a leurré.

Déjà, quand j'ai vu l'état de l'avion dans lequel nous allions voyager, j'ai douté et ça ne s'est pas arrangé quand j'ai vu le pilote...

Croyant en ma bonne étoile j'embarquais...

La suite ?

Il faut lire ce roman pour la connaître.

Comme je l'ai dit, l'auteur ne vous emmène pas tout à fait là où vous pensiez qu'il vous conduisait au départ.

Les rencontres qu'il vous invite à faire sont bien différentes.

Je trouve qu'il y a deux parties dans ce livre, si la première est pleine de promesse, la seconde m'a laissé un peu sur ma faim, c'est peut-être le fait que l'histoire soit condensée qui m'a le plus embarrassé. Un peu plus de développement n'aurait pas nuit au récit, au contraire.

Je suis gourmand, j'avoue.

Ce roman reste un p'tit plaisir de 150 pages à découvrir.

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Des humains sur fond blanc

J’ai eu la chance de rencontrer Jean-Baptiste Maudet lors de la remise du Prix Orange du Livre 2019. En effet, je faisais partie du jury et son premier roman « Matador Yankee » venait de remporter la récompense. J’ai échangé quelques mots avec ce nouvel auteur, très sympa, qui m’a affirmé être déjà en train de mettre un point final à son second opus. Après la réussite, le plus dur est de confirmer. J’étais donc intrigué de savoir s’il avait transformé l’essai.



Le changement le plus radical entre les deux livres concerne la géographie. Alors que le précédent se déroulait dans les contrées ensablées et fortement ensoleillées du Mexique, celui-ci place son action aux antipodes, en Sibérie, où la température chute nettement et le décor se recouvre de neige. L’ambiance n’est alors pas du tout la même, mais le talent de l’auteur pour le retranscrire fait encore merveille. Il maîtrise l’art de la description des paysages et de l’atmosphère. Le lecteur est ainsi transporté sur les lieux, aux côtés des protagonistes, à subir les assauts de la rude météo.



L’aventure est une nouvelle fois au rendez-vous. Menée par un trio d’acteurs de haut vol, elle nous entraîne dans des péripéties rocambolesques. Le récit ne s’endort jamais sur ses lauriers et n’est jamais avare de surprises. Il enchaîne les scènes d’action pure avec des scènes de réflexion existentielle pour nous livrer une épopée rythmée, déjantée mais surtout divertissante.



L’auteur a trouvé son style et on se régale à la lecture de ses expéditions aux quatre coins du monde. Si vous êtes à la recherche de lectures distrayantes, avec des personnages loufoques et un scénario imprévisible, je ne peux que vous orienter vers ses histoires. Avec cette confirmation, Jean-Baptiste Maudet valide son statut d’écrivain. Après la tequila, la vodka, je salive de savoir quel sera le programme la prochaine fois !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Béarn

Non, ce n'est pas seulement un livre de plus sur la région mais bien un beau livre de photographe, avec des textes intelligents écrits par Jean-Baptiste Maudet, et qui nous transportent bien au delà de ce Béarn si bien représenté par les photos d'Adrien Basse-Cathalinat.



Faut-il être béarnais pour parler de cette région? Bien évidemment non. Mais il faut assurément l'aimer, la connaître ou en avoir envie, l'arpenter en toutes saisons, et vouloir la partager pour la faire découvrir au plus grand nombre.



Surprise et de prime abord un peu déçue par le grain du papier utilisé et la définition choisie, j'ai aimé ces photos d'où émerge une lumière différente de celles que l'on représente habituellement. Adrien Basse-Cathalinat nous fait découvrir une région parfois sombre d'où émergent des lueurs de petit matin, des éclairs de lumière, des trouées de soleil, des étendues de neige aux blancs différents, à regarder sous toutes les lumières possibles. Avec sa façon singulière de voir hommes, bêtes, paysages ou bâtiments anciens qui me plaît.



Bref, vous l'aurez compris ce livre se regarde, se feuillette, se lit, se pose, se reprend à l'envie, surtout à laisser au coin d'une table, au salon, pour que chacun en profite et l'apprécie.
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Matador yankee

John Harper est le fils d'une immigrée mexicaine et de....Il ne connait pas son père. Sa tignasse blonde lui laisse penser qu'il est le fils de Robert Redford. Suite à une dette de jeu conséquente, le voilà qui torée des vaches. Or au Mexique, il n'y a pas que les rencontres bovines qui peuvent s'avérer dangereuses. Quand John est envoyé dans les bas-fonds de Tijuana pour aller retrouver la fille du maire qui a disparu, on se demande alors ce qui va bien se passer.



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J'ai trouvé que cette lecture avait deux versants. Le premier où l'on découvre les personnages, John m'est apparu plutôt effacé que ce soit aux côtés d'Antonio ou lors de ses rencontres avec Miguel et Don Armando. La description de ce qu'il vivait ne me passionnait pas plus que cela. J'avais surtout besoin de plus de poussière, de chaleur, de sueur. Puis lorsque John a pour mission de ramener Magdalena, le second versant apparait et m'aspire. Dès que je suis montée en voiture avec ces deux magnifiques et touchants personnages que furent ce grand-père et sa petite-fille, j'ai été touchée ; émue par cette fragilité liée à la vieillesse, par le fort caractère d'Adela qui cache peut-être quelque chose, par Miguel qui ose enfin s'affirmer loin d'un frère qui prend toute la place. Les décisions prises par John et qui n'auraient pas été les miennes n'ont eu finalement aucune incidence sur la beauté des derniers instants vécus ensemble ou seul par chacun d'eux.
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Matador yankee

Premier roman de jean baptiste maudet prix orange 2019.

Un roman original assaisonné d'une sauce mexico américaine.

John Harper est toreo orphelin de père, sa maman mexicaine ayant exilé aux états-unis unis. Sa vie est un fiasco même s'il excelle dans son art mais il croule sous les dettes de jeu.

L'aventure cette fois ci le mène dans un village au mexique où un tas d'événement burlesques vont se produire.

Si vous aimez le monde des cowboy, des torrero, ce roman est pour vous.
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Matador yankee

Corrida et rodéo, Mexique et Etats-Unis, la frontière est poreuse entre ces deux pays, entre ces deux cultures.

John Harper, presque toréro presque cow-boy, presque mexicain presque américain, aussi blond que Robert Redford, totalement perdu et endetté jusqu’au cou, part remplir un contrat de "matador de toros" dans la Sierra Madre au nord du Mexique. Il part se donner en spectacle «chez les fous» car il n'a pas vraiment le choix. C’est le seul moyen pour ce torero raté de rembourser une importante dette de jeu. Rien ne va se passer comme prévu et tout va s’enchainer. Direction Tijuana pour retrouver la fille du maire.

A l’image de son héros, le roman de Jean-Baptiste Maudet navigue entre littérature sud-américaine et littérature US. Une histoire métissée, exubérante et grise. Ça sent le sable chaud des arènes, la bouffe épicée, la tequila. Un formidable premier roman au rythme haletant tout en étant imprégné d’une certaine mélancolie. A découvrir
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Matador yankee

Wahhh, quel voyage ! Enfin un vrai roman dépaysant ! Un road movie sinuant entre deux mondes: la sphère hispanique: de Séville et ses arènes mythiques à Panama, et la sphère américaine, celle des pionniers russes traversant le Détroit de Béring, des Apaches et des rodéos. On y rencontre Geronimo, Robert Redford et tous les grands toreros dont Harper B. Lee. Si vous méprisez la ruralité, la montagne, les vaches, les ivrognes et avez les corridas en horreur, passez votre chemin. C'est l'histoire de John/Juan, mi torero mi cow-boy très abîmé, qui doit aller toréer dans un bled paumé du Mexique pour éponger une dette de jeu. Il se retrouve bien malgré lui entraîné dans une aventure de maquerelle mafieuse, de mariage impossible et de frontière, partout, tout le temps. Matador Yankee n'est peut-être pas un chef d'oeuvre mais c'est un vrai coup de cœur.
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Des humains sur fond blanc

C’est grâce à son premier roman "Matador Yankee" que j’ai découvert la plume de Jean-Baptiste Maudet. J’avais beaucoup aimé son écriture. Le plaisir fut encore une fois au rendez-vous avec son deuxième ouvrage "Des humains sur fond blanc".



C’est un véritable roman d’aventure auquel nous convie l’auteur. D’abord le décor blanc de la Sibérie aux confins de la Yacoutie : de la neige, de la neige, encore de la neige et même des mammouths enfouis sous la glace, et aussi de drôles de tigres. Puis les personnages hauts en couleurs, étonnants, attachants : Tatiana, ingénieure moscovite, plutôt rétive, en délicatesse avec sa hiérarchie. Elle doit interrompre ses vacances au bord de la mer noire pour se rendre dans le grand nord. Des rennes y seraient apparemment victimes d’une teneur en césium 137 très supérieure au seuil autorisé. Hannibal, aviateur retraité de l’armée soviétique, foutraque, à moitié sourd et totalement alcoolique choisi pour l’amener sur les lieux à bord de son "Antonov Zondirovanie Atmosfery", aussi vieux et déglingué que lui. Et puis, la jeune Neva de la tribu des Younets, belle sans le savoir, brillante patineuse et voix de diva dans le rôle de l’interprète, puisqu'elle parle aussi le russe.



L'écriture est, encore une fois fort belle, aussi éblouissante que les reflets de la neige. Descriptive, imagée, elle brosse à merveille lieux et personnages. Elle décuple l’intérêt de cette histoire qui outre l’équipée parle de l’existence, une sorte de vagabondage où chacun va se trouver, accepter d’aimer et de s’aimer aussi. C’est dur, c’est tendre, c’est parfois drôle. Et l’on retrouve dans cet ouvrage, comme dans le premier, la patte du géographe, précis dans ses images, clair dans ses détails.



Jean-Baptiste Maudet signe là un deuxième roman très réussi, dépaysant et addictif. Je le verrais bien adapté au cinéma.


Lien : https://memo-emoi.fr
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