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Citations de Jean-Christophe Rufin (2782)


Je suis né en médecine, comme d’autre voient le jour au bord de la mer, au flanc d’une montagne ou dans les champs.
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Nous vivions les derniers moments d’une époque : une sagesse venue du fond des âges était encore transmise et exprimable sans susciter l’indignation. Comme le faisait avec naturel mon vieux collègue, elle nous disait simplement qu’il fallait respecter la mort. Une des noblesses du médecin était d’évaluer les combats perdus et de ne pas les livrer.
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Ces deux pays qui se sont jetés l'un sur l'autre....pour faire l'amour.
Comment se termine, l'antchilite à votre avis?...Mal, répondit-il puis, s'inclinant respectueusement, il recula dans son jardin et referma la porte.
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Tu parlais de l'amour avec l'expérience de plusieurs milliers de pages.
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C'est difficile à comprendre pour ceux qui viennent d'un continent.Le vide, pour nous,c'est la nature,la richesse et la vie.Le plein,c'est l'épuisement de tout,l'appauvrissement et la mort.
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Cette histoire m'a beaucoup troublée. Jusqu'ou une femme amoureuse peut aller pour garder l'homme qu'elle aime alors que tout les sépare: âge,milieu social; culture,pays.
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Les tragédies d 'hier ne nous ont pas rendus quittes de celles d'aujourd'hui.La mémoire ne vaut que si elle éclaire le présent et l'avenir.
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la vérité n’est pas pour les hommes. Quand même ils prétendent la découvrir ou la préserver, elle ne leur appartient jamais. Ils peuvent être son esclave. Ils la subissent, la répètent, s’en affligent et finalement s’y résignent.
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En effet. ils n'auraient pas survécus là-bas. Dans les campagnes, il existe un équilibre entre le nombre d'êtres humains et les ressources de la terre. Quand la limite des ressources est atteinte, le nombre des hommes stagne ou diminue. C'est la loi de Malthus. Mais ici, il n'y a plus de loi. Le gouvernement ne peut pas se permettre d'affamer les villes. Alors il les nourrit. Plus rien n'arrête la prolifération des pauvres. Leur taux de fécondité reste énorme.
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“AÏssatou était une Soninké. Cette ethnie de la région du fleuve Sénégal s’honore de constituer la descendance du Grand Empire du Ghana, qui connût son apogée au VIIIéme siècle. Ce sont des musulmans très stricts, encadrés par des rites fortement enracinés. Ils ont préservés leurs traditions et l’autorité des chefs de clans et des marabouts. Aïssatou trouva un matin l’occasion d’expliquer à Dimitri que cet islam ancien était beaucoup plus modéré.”
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“Un camp de combattants islamistes, qu’on appelle Katiba en Afrique du Nord, change sans cesse de lieu et d’effectifs. En dehors des actions terroristes qu’elle mène, une Katiba sert à l’entraînement de nouveaux maquisards, recrutés dans toute l’Afrique de l’Ouest. La plupart espèrent repartir dans leur pays, à l’issue de leur séjour, pour mener le Jihad.”
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On leur avait donné une maison qui dominait un lac aussi grand qu'une mer. On leur avait offert une voiture et des objets de toutes sortes. Chaque matin, son aïeul était invité à se rendre dans une espèce de temple gigantesque où il accomplissait des gestes rituels.
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(Les premières pages du livre)
Prologue
Une dispute ne manque jamais d’éclater, à l’agence Providence, chaque fois que quelqu’un entreprend de raconter cette histoire. Il se trouve toujours un parti pour affirmer qu’elle ne débute pas en mer de Chine méridionale, où elle se déroule pour l’essentiel, mais dans l’océan Pacifique, au large du Pérou.
Il est vrai que cette aventure aurait suivi un autre cours si Flora, ce jour-là, n’avait pas rencontré un requin-baleine.
À bord du navire de croisière Prairial, cette blonde de trente-deux ans avait autant d’importance que le capitaine, même si elle était payée trois fois moins que lui. C’était sur elle que reposait toute l’escroquerie intellectuelle qui avait fait la fortune de la compagnie. Grâce à la présence de cette ancienne championne de plongée, une croisière de retraités arthritiques, intéressés par la bonne chère et gâtés par un personnel aux petits soins, pouvait s’intituler « navigation d’aventure ».
Cette réputation flatteuse était d’abord due aux conférences quotidiennes de Flora, consacrées à la faune marine. Elles étaient illustrées par des diapos colorées mais Flora ne se faisait aucune illusion. Pour l’essentiel, l’assistance était composée d’hommes seuls qui portaient moins leur attention sur les anémones de mer que sur ses formes harmonieuses de sportive. Le responsable du personnel avait été clair avant le départ. N’hésitez pas à vous habiller court. Le client est roi.
Mais la principale contribution de Flora au programme sportif du bateau était les sorties en mer et ce que le catalogue appelait pompeusement les « plongées découvertes ».
Ces épreuves étaient réservées à un groupe d’élite, cinq ou six passagers tout au plus sur deux cents, qui pouvaient se prévaloir de la forme physique et de l’intrépidité nécessaires pour aller barboter une heure dans les eaux chaudes des tropiques.
Les jours où se déroulaient ces sorties, les participants, le torse bombé tels des gladiateurs, traversaient le navire et se rendaient au pont 3 pour enfiler leur combinaison personnelle. Il n’était pas toujours facile de rapprocher les bords en caoutchouc pour parvenir à remonter la fermeture Éclair ventrale. Flora feignait de considérer les bourrelets de graisse comme des signes flatteurs de maturité et même, sans insister, de virilité.
Elle était en mer depuis six mois et enchaînait les croisières. Ce travail l’avait bien dépannée quand elle s’était retrouvée sans ressources l’année précédente. Sur le CV qu’elle avait transmis à la compagnie, elle n’avait mentionné que sa première place aux championnats d’Europe de plongée libre. Bien que son titre remontât à dix ans, la responsable DRH ne lui avait posé aucune question sur ce qu’elle avait fait depuis. C’était tant mieux. Si elle avait dû tout raconter, il est plus que probable qu’ils ne l’auraient pas engagée.
À bord, Flora était logée à l’étage du personnel, au ras de l’eau, juste à côté du secteur des officiers. Mais faute de place, elle devait partager sa cabine avec une autre femme. Pendant quatre mois, elle avait cohabité avec une danseuse australienne. Cette Judy assurait les activités de réveil musculaire des passagers et faisait partie de la troupe qui donnait chaque soir des spectacles dans le grand salon. Flora l’aimait beaucoup. Malheureusement, Judy entretenait un flirt avec un officier mécanicien et ils avaient décidé de quitter le navire à l’escale de Valparaiso.
Elle avait été remplacée par Marika, une Polonaise mal soignée qui fumait en cachette près du hublot. Cette promiscuité mettait constamment Flora sur la défensive, d’autant plus qu’elle soupçonnait Marika de fouiller ses affaires quand elle ne les surveillait pas. Elle dormait mal et se montrait de plus en plus sujette à des réactions agressives. Un soir qu’elle arpentait les coursives, elle avait sèchement rembarré un passager du pont 6, celui des cabines de luxe qui donnaient droit à tous les égards. L’homme chauve et ventripotent lui avait fait une remarque à peine plus appuyée que celles auxquelles les femmes du bord étaient habituées.
Flora était trop irritable pour se contenir. Les mots « gros porc » avaient été rapportés au directeur de croisière et lui avaient valu un premier avertissement.
Elle abordait la session de plongée aux Galápagos avec une sourde inquiétude.
La sortie se présentait pourtant sous les meilleurs auspices. Le temps était magnifique, la mer translucide et chaude, étale et sans houle.
Les cinq intrépides du jour embarquèrent dans le Zodiac sous les encouragements bruyants des autres passagers, alignés le long du bastingage.
La plongée commença à moins d’un mille nautique, sur le rebord d’un plateau sous-marin. Retrouver l’eau produisait toujours un effet intense sur Flora. Elle se sentait envahie par un calme voluptueux et regagnait d’un coup l’aisance, la grâce dans les gestes, la puissance de concentration et de mouvement qui lui faisaient défaut dans l’atmosphère sèche et violente du monde aérien.
Malgré l’envie qu’elle en avait, elle ne pouvait s’abandonner complètement à cette jouissance. Il lui fallait surveiller sa petite troupe de plongeurs, car, en dépit des exploits qu’ils s’attribuaient dans les conversations de table, ils manquaient d’expérience et de technique. Ils palmaient lentement, tripotaient anxieusement le bouton de réglage du débit d’oxygène et prenaient garde à ne pas descendre trop en profondeur.
Sur les pentes sous-marines, le fond rocheux dessinait des reliefs spectaculaires dans lesquels s’abritaient quantité d’espèces de poissons et de mollusques. Ce décor somptueux et débonnaire parut calmer les angoisses du groupe. Les gestes se firent moins précipités, les trajectoires plus harmonieuses.
Apaisés par cette entrée en matière rassurante, les plongeurs n’en ressentirent que plus brutalement le choc.
En tournant l’angle d’une sorte de crête sous-marine, ils virent apparaître tout à coup une énorme masse pâle, rose et blanc. Ils crurent d’abord être tombés sur la coque d’un navire. Mais ils se trouvaient déjà trop loin de la surface pour que ce fût vraisemblable. Rapidement, la forme ne leur laissa plus aucun doute. Par un mouvement brusque de sa nageoire caudale, elle leur présenta son flanc. C’était un gigantesque être vivant. Une bête.
Elle devait peser plusieurs tonnes. Sa masse était encore agrandie par l’effet de loupe du milieu aquatique. Même les moins expérimentés comprirent qu’il ne s’agissait pas d’un mammifère. Quand l’animal tourna la tête, ils reconnurent, béante et sombre, la gueule d’un monstrueux requin.
La panique s’empara du groupe, déclenchant des réactions incohérentes. Un des plongeurs, en faisant brutalement volte-face, perdit son masque. Un autre s’enfuit si vite qu’une de ses palmes se détacha de son pied. Un autre encore nagea en fermant les yeux de terreur et se heurta de plein fouet à l’hélice heureusement arrêtée du Zodiac, qui lui déchira néanmoins la joue.
Flora observa cette débandade sans réagir. Elle avait conscience que son devoir était d’intervenir, de porter secours au groupe qui lui était confié. Elle savait ce qu’il lui en coûterait de ne pas assumer ses responsabilités. En même temps, une force irrésistible l’immobilisait.
Le plus étonnant était que cette force, loin de l’accabler, avait une vertu libératrice. Elle sentait en elle une forme de soulagement et même de revanche à voir disparaître ces gens qui lui gâchaient son plaisir.
Elle resta seule avec le requin-baleine, une espèce inoffensive et rare, impressionnante de puissance et de calme, d’une beauté stupéfiante. Dans ces eaux cristallines, des pinceaux de lumière posaient des touches colorées sur la peau soyeuse du poisson géant. Flora se tenait devant lui et le regardait. Il lui sembla remarquer dans son œil un éclat de connivence et elle s’approcha. Lorsqu’elle arriva à moins d’un mètre du requin, il fit demi-tour et Flora sentit contre son visage les remous qu’avaient provoqués les nageoires.
En quelques battements de palmes, elle alla se placer sur le dos de l’animal et posa la main sur lui.
Doucement, il se mit à nager, entraînant sa cavalière. Il lui fit faire de longues voltes dans l’eau, plongea et remonta, tandis que Flora, comme dans une fête foraine, riait de ces jeux, criait d’émotion quand il accélérait.
Elle aurait voulu rester toujours ainsi, que cet instant n’eût pas de fin. Elle se voyait entreprendre un long voyage sur sa monture ondoyante. Peut-être eût-il mieux valu pour elle qu’elle y parvînt.
Mais son destin était autre. Le requin, comme s’il avait finalement saisi à quel monde elle appartenait, la déposa près du Zodiac où gisaient les rescapés gémissants. Leurs yeux étaient pleins de haine pour celle qui les avait abandonnés. Flora lâcha le requin et nagea vers le bateau.
Elle ignorait encore de quel prix elle allait payer ces inoubliables moments de bonheur.

1
Lorsqu’on s’apprête à rencontrer un des hommes les plus riches du monde, il est vivement conseillé de se composer une attitude digne et même conquérante, surtout si on vient de sortir de prison.
Ronald Daume savait qu’il pouvait compter sur sa cinquantaine élégante, sa haute taille et ses cheveux poivre et sel, coupés court. À tout cela s’ajoutait une carrure d’athlète, car il n’avait rien eu d’autre à faire les mois précédents que de soulever des haltères en ciment entre quatre murs.
Il se tenait immobile au milieu de l’immense salon désert où il avait été introduit par deux gardes du corps, à peine plus baraqués que lui. Un subtil parfum d’intérieur, sur des notes de cuir et de vétiver, emplissait l’espace.
La lumière du couchant déclinait sur le Pacifique. Les collines de Los Angeles s’assombrissaient, mais un dernier rayon soulignait d’ocre jaune la ligne régulière de la baie. Les grues de port vibraient dans les lointains et des voiliers blancs se pressaient de regagner la côte, griffant d’écume le violet presque noir de l’océan.
Ronald regardait l’horizon à travers la
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Le mot Fraiseur était un de ces fossiles polis par le temps. Sa carcasse fragile, d'où le premier être avait depuis long temps disparu, s'était durcie au point de devenir le totem indestructible d'une tribu, qui en ignorait le sens.
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C'est ça l'incroyable avec toi : tu vois tout et tu ne sais rien.
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Le retour d'un être n'est pas seulement l'incarnation du souvenir qu'on avait de lui. C'est sa vie tout entière qui revient, son parfum, sa mimique, le son particulier de sa voix. Celui qui apparaît rapporte d'un coup tout ce qu'il est, ce dont nous nous rappelions et ce que nous avions oublié. À la révérence de la mémoire, il substitue l'insolence de l'inachevé.
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[...] C'est cela une société démocratique : tu es libre de tout mais tu es coupable de tout. Et, pour finir, tu es victime de tout.
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Toute personne qui occupe un emploi aime dire qu’elle n’est pas indispensable. Pourtant au fond, personne n’y croit tout à fait et une déception naît toujours à l’heure où l’on prend conscience que son absence n’entrave en rien le fonctionnement du groupe.
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« les rares personnages qu'elle croisait appartenaient à deux mondes en apparence incompatibles: d'un côté étaient les hommes de condition, éduqués, polis, pleins de leur importance et raides, précieux, incapables d'un geste ordinaire, surtout s'il était utile. De l'autre, ceux du peuple, qui faisaient tout mais n'étaient rien et qui avaient, cuisiniers, cochers, gardes, la rudesse de leur habileté, au point qu'on préférait qu'ils se taisent et qu'ils vivent comme des ombres. Le jeune homme qu'elle avait devant les yeux mêlait troublement les traits de ces deux castes: il avait la silhouette d'un maître et l'aisance d'un valet. »
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Il était cependant accablé et ne pouvait que s’incliner. Il n’avait d’autre choix que de laisser le processus arriver à son terme.
— Fais-nous confiance, dit Ronald avec la voix du vendeur qui, sur une publicité, propose un régime miracle pour perdre dix kilos par semaine, tout en mangeant comme un cochon.
Confiance ! Je ne demande que ça.
C’était évidemment une antiphrase qui signifiait : « Je regrette amèrement de l’avoir fait. » Ronald feignit de le prendre au pied de la lettre.
— Je te remercie sincèrement. Tu ne le regretteras pas.
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