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Citations de Jean-Claude Pirotte (411)


Je t'ai quittée par amour, il y a si longtemps. Il y a si longtemps que je traîne d'un pays à l'autre, scrutant les ciels du soir afin d'y traquer les raisons paradoxales d'encore t'aimer le lendemain, la courbe déhanchée d'un nuage, la frange de couchant rose frotté d'ombre bleue comme tes lèvres secrètes, et le passage silencieux et souverain d'un rapace nocturne.
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- Tu es propriétaire d'un château?
Je n'épouse pas en dessous de mille hectares, et encore.Bâtis
Avec des bistrots, des bocsons, des temples infernaux, des bains turcs, des tapis francs, des petits et grands séminaires ( bonne clientèle), des casinos, des champs de course, et des bibliothèques érotiques.Un lycée d'initiation à la paresse, une école d'application pour les apprentis délinquants, et une faculté de droit financée par le produit des stages de vol à la tire, à la roulotte et autres menus larcins.Bref, une cité résolument moderne.

( Le Cherche- Midi, 1999, p.105)
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Nous sommes au monde sans voir le monde.Rien n'est donné, il faut pouvoir prendre, s'approprier l'instant, les choses, le paysage. À moi, je pense que tout échappe.

(...) Aucune vie possible sans école buissonnière.

( Le Cherche-Midi, 1999, p.123)
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l’univers est universel
  
  
  
  
l’univers est universel
un peu comme l’eau de vaisselle
et le monde est mondial
on dirait la fin du bal

quant à la terre elle est terrestre
et de moins en moins intime
les océans sont maritimes
on consomme ce qu’on y verse

les marins dans le cambouis
pourront bientôt marcher sur l’eau
les terriens regardent les flots
inonder leur dernier boui-boui
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Ne fallait-il pas convoquer le médecin, ce bon Dick, jeune hollandais réfugié et entré dans la Résistance avant de s'installer définitivement dans la ville ?
Mais Dick, un beau jour, a manifesté de la colère, lui si calme et si souriant d'habitude : laissez- le vivre à sa guise. Il n'est pas malade, la solitude lui convient, et elle est très peuplée.
L' appui de Dick avait illuminé la fin de l'enfance, pour peu que l'enfance- la sienne- ait une fin.

( p.91)
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Fichez- moi la paix, je suis mort.Il ajoutait : je suis ailleurs où vous ne pouvez m'atteindre. Et c'était d'abord cela pour lui la mort: un état inaccessible à son entourage. (p.97)
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Que l'on débouche un clavelin de château-chalon plus que centenaire, que lentement on verse dans la carafe l'or liquide, sans jamais en épuiser les parfums (les "insondables" parfums, dirait le pédant que je suis un peu), et que se répande dans la chambre doucement durant des heures d'attente le mystère odorant de ce miel qu'aucun souffle n'évapore, on est saisi par le sentiment de percevoir un miracle, non pas celui d'une jeunesse incongrue, ni d'une étrange longévité, mais bien une espèce de permanence ou d'entêtement d'un réel palpable, et c'est comme si, d'une boucle à l'autre de l'oméga, on venait de transvaser l'infini.
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j’avais décidé de n’écrire…



j’avais décidé de n’écrire
qu’à mon amie dont le sourire
est plus précieux que l’or du temps
mais quel regret si les autans

volent mes feuillets en partant
à l’aventure en ce grand ciel
et mon amie aux yeux de miel
lira ce qui est important

dans une autre vie que la mienne
certes je ne veux la quitter
mais de la mort je suis hanté
si je n’ai pas peur de la sienne

elle est vivante au pied levé
mais moi je serai décavé
quand le brancard viendra chercher
le reste d’une vie hachée
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j’écris au courant de la plume…



j’écris au courant de la plume
je le répète c’est un ru
dont la source ne se tarit
que si j’avance dans la rue


avec ma canne ou mes béquilles
au demeurant je ne sors plus
je suis à l’abri des intrus
qui ne me voient pas dans la rue

pourtant je me tiens à l’affût
de la moindre combinaison
du ciel et de ses illusions
qui ne m’inspirent que chansons
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Tenir un journal, quand on est plus ou moins un vagabond sans avenir ni passé, voilà qui est absolument dénué de sens. Lorsque j'ai voulu examiner les papillons, ils se sont évanouis sous mes doigts en une poudre subtile aux reflets moirés. Mon haleine seule, peut-être, aura suffi à les désincarner. Rien d'extraordinaire, sans doute. J'ai cependant éprouvé une crispation du cœur, comme si c'était la poussière de mon propre squelette qui m'était apparue en rêve.
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Nous ne saurons jamais qui nous sommes
qui nous aurons été c'est ainsi
nous portons d'étranges lunettes
qui ne peuvent même pas nous aider
à voir venir la mort à reconnaître
l'amour lorsqu'il passe à portée
de nos mains la beauté qui menace
tant de regards éteints nous marchons
un peu de travers comme les vieux chiens
qui se retournent parce qu'ils se croient
poursuivis alors que le danger vient
inexorablement d'en face

p.65
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(p. 319)

Un pré, trois arbres
vieux et penchés
un cheval blanc, près
de la maison blanche

que la vigne vierge rougit
à droite un long toit rouille
surmonté d’un clocheton

dans l’air immobile on devine
le profil du mont Terri
frangé de brume grise
et d’autres arbres, des maisons
des lucarnes, des volets verts

et le couple de pies
habillées en dimanche
pour les jours de semaine
et la joie de l’instant.
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A force de chercher la rime
et de compter sur les doigts
les syllabes patibulaires
on n'invente rien on erre

et s'imaginer qu'on doit
se prêter à ce vieux jeu
qui consiste à dire je
quand on pense à plutôt faire

un petit tour au jardin
comme on dit c'est la galère
et puis on devient radin
on pèse les mots plutôt

que de les jeter aux chiens
on se ligote au poteau
pour illustrer son calvaire
on fait des pieds et des mains

dans l'espoir qu'après demain
quelque foutu comédien
lira de vous un quatrain
sous la pluie, au cimetière
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j’écris dans la cuisine…


Extrait 1

j’écris dans la cuisine
de ce logement triste
que j’occupe depuis
deux ans et demi presque

au bord du vieux canal
quelquefois je promène
ma solitude en laisse
et je vois dériver
sur un reflet de ciel
la barge des années

dans un pays voisin
des juges délirants
m’ont voué à l’exil
et depuis lors je traîne
sans le sou sans métier
ma belle oisiveté

on dit : c’est un brigand
méfiez-vous du bohême
je ne sors pas souvent
je mange quand je peux
et je surveille un peu
la cuisson des poèmes
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nous nous égarons dans les soirs
heureux de nous perdre ravis
de rencontrer la luciole
incertaine comme la vie

nous marchons ici rien ne presse
et la lune est encore blanche
car ici nous sommes ailleurs
dans le noir entrelacs des branches

c'est l'automne reverrons-nous
le triangle animé des grues
la vapeur montant des vallées
et les lueurs de l'inconnu
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Le soleil a disparu
derrière les encres
on ne voit pas non plus
de bateaux à l'ancre
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la poésie…


la poésie je sais bien
fichtre que c'est autre chose
mais ce soir ne suis enclin
qu'à l'élégie grise et rose

rythme impair et pauvre rime
de-ci de-là moins que rien
sous les mots et pour la frime
la fleur bleue le joli brin

l'heure est grave et je dépose
néanmoins mes légers riens
céans (mignonne, la rose...)
est-ce mal ou est ce bien?

à toi seule écrire j'ose
où es-tu ? reviens reviens
ma soif ma joie mon armoise
ma vigne ma faim mon vin

cette chanson plus morose
qu’il y paraît je la tiens
de la nuit qui dit les choses
aux pitoyables vieux chiens
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Ce pays, je n'y suis pas né. Je me l'approprie, j'en épouse les formes, les accidents, les surprises. Je pourrais le désigner comme une terre natale, mais je suis né si souvent déjà, dans le Tyrol, en Gueldre, à Florence, en Sologne. Il fallait que je naisse en cavale aussi, dans la solitude étrangleuse et la misère éblouie. Pourvu que je me souvienne, je pressens bien d'autres naissances, après d'étranges agonies
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« Je ne l’ai jamais rencontrée, mais je la connais. Elle est l’héritière du principe d’incertitude. » (p. 18)
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Il me reste cette chose à accomplir: user la parole.Me confondre avec elle dans l'épuisement des journées.Ecrire.Arracher le dernier été,m'amputer de lui,que je ne vivrai pas.Ecrire pour rien.
Je me mets à écrire,et le premier paragraphe,n'est-ce pas est essentiel.La tête de cuvée,en somme.La suite est affaire de patience,de temps,et sans doute n'aurai-je que juste le temps.L'été n'a pas d'avenir.C'est affirmé dans le premier paragraphe.Ensuite,je voudrais faire entendre le clapotis inharmonieux d'une pluie de juin sur les dalles de béton qui forment un chemin dans mon âme.un chemin comme un autre,avec une grille grinçante et de larges fissures qu'érode et creuse la pluie.Un chemin gris et crayeusement romantique.
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