Ce thriller captivant du maître islandais Arnaldur Indridason est le dernier volet de la trilogie des Ombres se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Veilleurs
(Gaston Chaissac)
il n’y avait pas un chat
sur la route de Montaigu
le soleil dardait un œil
vers le bocage à droite
et le bocage à gauche
(en été le soleil louche)
les chemineaux s’endorment
et meurent l’eau à la bouche
la duchesse de Bourgogne
était attendue comme une
réclame de confiture
et le tour de France allume
des rêves chez les loupiots
quand la caravane passe
et que les chiens gémissent
et que Chaissac se glisse
dans un troupeau d’oies blanches.
A force de chercher la rime
et de compter sur les doigts
les syllabes patibulaires
on n'invente rien on erre
et s'imaginer qu'on doit
se prêter à ce vieux jeu
qui consiste à dire je
quand on pense à plutôt faire
un petit tour au jardin
comme on dit c'est la galère
et puis on devient radin
on pèse les mots plutôt
que de les jeter aux chiens
on se ligote au poteau
pour illustrer son calvaire
on fait des pieds et des mains
dans l'espoir qu'après demain
quelque foutu comédien
lira de vous un quatrain
sous la pluie, au cimetière
Veilleurs
tu ne sauras jamais qui je suis
dit l’enfant je passe mon chemin
je vais vers les prairies lointaines,
où l’herbe chante à minuit près des saules
qui pleurent car c’est ainsi
que s’ouvre à mon cœur la musique fidèle
et que le monde enfin commence à vivre
et que je commence à mourir
tu ne me verras pas vieillir
ni ne reconnaîtras mon ombre
adossée au talus là où le sentier noir
se perd dans un fouillis d’épines
et les étoiles des compagnons blancs
tu as beau regarder sans cesse derrière
toi comme si tu craignais l’orage
et que tu te hâtais poursuivi par l’éclair
jamais tu ne surprendras mon sourire
tendrement cruel comme celui d’un tueur triste
les images de l'enfance
ont traversé les campagnes
le vent les poursuit et la pluie
vient ternir les couleurs
parfois une aile de lumière
les frôle et redonne vie
quelque détail ignoré
dans un lointain silence
; l'instant des oiseaux s'envolent
de la mémoire et de l'oubli
vers les ombres et les mirages
que le souffle du soir efface
Ce que nous enseigne le vent
vers les parages de la mer
c'est le secret du mouvement
des ombres c'est le passage
d'un automne liquide et sombre
et si lumineux cependant
un automne trop émouvant
nous ne savons guère qu'attendre
son retour et qu'il nous enchante
encore aux fenêtres des chambres
où nous guettons des signes vagues
parmi les grands arbres qui tremblent
et le miroitement des vagues.
p. 25 (extrait de "Des poèmes à la mer")
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin.
[…]
Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible.
Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […]
Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant
de la jeunesse oubliée
et des souvenirs perdus »
[…] » (Jean-Claude Pirotte)
« […] Des paroles dans le vent
en espérant que le vent
est poète à ses heures
et nous prêtant sa voix
harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches
avec mille feuilles que l'air du large
fera parler peut-être un jour
où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait
qu'on n'écoute jamais
et qu'on ne sache pas
qui parle et qui se tait.
[…] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon
2:00 - Attente
3:30 - En passant (II)
4:50 - La preuve
5:30 - L'inconnu
6:15 - Splendeur (II)
6:46 - Générique
Référence bibliographique :
André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration :
https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars
Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site :
https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
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