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Citations de Jean-Patrick Manchette (374)


— T’es une drôle de fille, dit Épaulard.
— Et toi, tu es un vieux con, déclara Cash. Je t’ai attendu pendant une heure cette nuit, dans ma chambre, figure-toi. Pourquoi est-ce que tu n’es pas venu ?
Épaulard s’étrangla avec son pain beurré, histoire de gagner du temps.
— À vrai dire, fit-il, l’idée m’était venue…
— J’espère bien ! cria Cash.
— Mais, poursuivit Épaulard, j’hésitais… Enfin je me posais la question. Et… et pendant que je me posais la question, eh bien merde, quoi, je me suis endormi.
Il regarda Cash qui luttait contre le fou rire.
— Je suis désolé, ajouta-t-il.
— Quel homme viril ! s’exclama la fille. Il s’endort en se posant la question, et il est désolé. C’est ridicule. Tu as envie de faire l’amour avec moi, oui ?
— Oui.
— Bon. Ce soir. Bois ton café.
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La femme de l’ambassadeur se trouvait à son côté, elle était grande avec un cou décharné et des dents de cheval, on s’accordait à la trouver belle et racée dans le milieu des peine-à-jouir. Elle s’ennuyait beaucoup tout le temps mais n’en avait plus conscience depuis plus de quarante ans. Ils formaient un couple distingué. Ils faisaient chambre à part. Ils faisaient caca une fois par jour.
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Il entendit une explosion assourdissante et supposa que Coco se décidait à ouvrir le feu. Des morceaux de matière plastique voltigèrent au-dessus d’un étalage. Un tumulte énorme monta du magasin. C’est excitant, je suis excité, songea Thompson en crachant la bile sur le sol. De plus en plus de gens s’étaient couchés par terre, se tassaient contre la base des étalages. Les mères mettaient leurs enfants sous elles pour les protéger de leurs corps. Tout ce monde braillait. Thompson riait comme un bossu.
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Treuffais était dans un état semi-comateux. Un des officier de police lui donnait sans conviction des coups de pied. L'autre fouillait l'appartement. Assis dans le fauteuil du père, Goèmond considérait avec agacement son prisonnier couché par terre et qui ne réagissait plus au coups. Il se leva et passa dans la cuisine, rejoignant celui de ses subordonnés qui achevait une perquisition sommaire.
- il ne dit toujours rien? demanda l'homme. Goèmond secoua la tête.
- Vous avez essayé de lui tordre les couilles?
- Ce serait torturer dit Goèmond. Chez nous on ne torture pas.
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L'eau est précieuse, notamment lorsqu'il faut aller la chercher à quelque distance et faire le trajet de retour avec cinquante litres sur l'épaule. Les animaux ne la transportent pas. Les primitifs non plus, s"ils ont près d'eux un cours d'eau où boire et se baigner. Ivy remit le blue-jean et la même chemise que la veille. Elle faisait sa lessive tous les huit ou dix jours, portant deux ou trois jours de suite la même chemise, et une ou deux semaines le même blue-jean. Selon les critères de propreté et de fraîcheur corporelle qui s'imposaient aux Etats-Unis en 1956 et qui étaient en passe d'envahir l'Europe par le truchement des magazines et dans l'intérêt des lessiviers, des parfumeurs et des chimistes, Ivy était un brin cradingue, dans la Maestra.
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J’ai secoué la tête pour m’éclaircir les idées. Vivre dans le rêve, je ne sais pas si c’était à cause du manque de nourriture ou du manque de sommeil, mais ça commençait à être mon activité principale. Et la réalité des choses n’arrangeait rien. Bien sûr qu’elle ne tenait pas debout, son histoire, à Memphis Charles ; mais qu’est-ce qui tient debout, de nos jours ? Des mômes de vingt ans attaquent les commissariats avec des bouteilles d’essence, et moi, j’avais tué, d’une grenade en pleine figure, un gamin qui lançait des pavés. Le monde est fou. J’aurais dû me tirer chez maman, comme j’avais prévu.
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Max se pencha par la vitre

- Laissez bronzer les cadavres ! cria-t-il gaîment

Les deux gendarmes sur la route, et les deux autres dans la voiture, le regardèrent d'un air offusqué. Sur une vingtaine de mètres, des paysans discutaient. Au hameau, un arriéré jouait avec son chien. Il était monté voir la cause de toute cette agitation. La profusion d'uniformes le ravissait. Il bavait de plaisir. (...)

- Fous le camp, on n'a pas besoin de toi ici.

L'idiot du village sourit au brigadier.

- Vous avez besoin de mon chien ! claironna-t-il. Vous avez besoin de mon chien ! C'est un chien policier ! Vous voyez pas qu'il a le révolver sous le ventre !
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Pour Folle à tuer, j'ai travaillé avec Mocky, avant que Boisset soit finalement choisi comme réalisateur. Il n'y a rien à dire, sinon que Mocky est laid, stupide, et devrait utiliser un déodorant corporel, et se faire les ongles. Quant au casting, l'accord de Marlène Jobert a été utile au financement du film. Lonsdale est un plaisir, comme toujours. Le reste est sans intérêt et je m'en fous.
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- Pauvres cons !
- Pauvre con toi-même, eh nazillon !
- Sales flics !
- Débiles mentaux !
- Intellectuels de gauche !
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Et Gerfaut stupéfait fondit en larmes. Il replia ses bras sur la table en formica, posa son front sur ses avant-bras et sanglota nerveusement. Ses larmes s'arrêtèrent tout de suite mais il demeura plusieurs minutes à frémir et à aspirer et expirer l'air avec un bruit d'instrument de musique brésilienne.
Sans tendresse, Gassowitz lui tapota l'épaule.
- Buvez un coup.
Gerfaut se redressa, empoigna le verre à moutarde qu'on lui tendait et vida les six centilitres de Ricard pur. Ça lui brûla la glotte et il sentit l'alcool descendre très lentement, comme un petit œuf rauque et chaud, dans son œsophage contracté.
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- Georges, dit Alphonsine en décachetant une bouteille de whisky Isle of Jura. Quel horrible prénom !
- Tout le monde ne peut pas s'appeler Alphonsine. Call me Jojo.
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C'est misérable. La situation des jeux en France est misérable. Mais moins que l'an dernier. Les cadres français, soucieux de paraître intelligents, jouent de plus en plus. Michel Rocard s'est fait photographier devant un jeu de Go. Séchez vos larmes, le bout du tunnel est au coin de la rue. Je descends acheter de l'aspirine au coin de la rue, je remonte île mois prochaine et on cause de tout ça sans s'énerver.
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Jean-Patrick Manchette
« Le bon roman noir est un roman social, un roman de critique sociale, qui prend pour anecdote des histoires de crimes »
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J'en étais arrivé à ce point de fatigue où le haut et le bas, le bien et le mal, le beau et le moche et plusieurs autres choses cessent d'être perçus contradictoirement. En outre j'aime pas qu'on me pullule sur le seuil. J'ai donc trouvé un endroit tranquille où j'ai dormi 14 heures de rang.
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Samuel Farakhan avait une calme aversion pour la musique de jazz et pour le cinéma. Lorsqu'il en parlait, il comparait l'une et l'autre choses aux médiocres marchandises en matière plastique que la mode et l'industrie de masse lançaient sur les foules américaines, et qui commençaient à se répandre en Europe Occidentale. Le goût de Lajos pour le Coca-Cola, les westerns et Charlie Parker le navrait, de même que l'appétit d'Ivy pour la même musique et le même cinéma, et pour les romans américains hard boiled. Samuel Farakhan tenait que l'américanisation du monde était une descente dans l'imbécilité et la barbarie, à peine moins redoutable que les totalitarismes nazi et stalinien.
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Il s’était redressé, s’étonnant de n’être pas mort. Au vrai il n’était pas étonné. Les événements de ces derniers jours, venant après une enfance confortable et une première jeunesse marquée par une ascension sociale réussie, l’avaient plus ou moins persuadé qu’il était indestructible. Mais dans la situation si improbable à quoi il avait accédé à force de rebondissements tellement aventureux, il lui paraissait convenable et exaltant de s’étonner d’être encore en vie. L’image qu’il avait de lui-même s’inspirait d’un roman policier lu dix ans auparavant, et d’un petit western baroque et métaphysique vu l’automne précédent au cinéma Olympic. Il en avait oublié les titres.
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Tais-toi, répéta-t-elle. Finis ton scotch. Va prendre une douche. Et viens baiser.

Gerfaut se tut, vida son whisky, alla prendre une douche, revint et baisa. Mais entre-temps il se cogna l’épaule au chambranle de la porte de la salle de bains, dans la baignoire il glissa et faillit tomber et se rompre le cou pendant qu’il se douchait, et il lâcha deux fois sa brosse à dents dans le lavabo et manqua casser son vaporisateur de désodorisant Habit Rouge. De deux choses l’une : ou bien il était ivre après deux verres, ou bien quoi ?
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[…] Elle prit le journal qu’elle avait acheté la veille, y découpa l’article qui faisait allusion à la mort de Roucart, et rangea la coupure avec d’autres qui relataient d’autres morts : celle d’un industriel bordelais, asphyxié par un radiateur défectueux, cinq mois auparavant ; celle d’un médecin parisien noyé à La Baule au début de l’été ; plusieurs autres.
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[…] Elle était toute dépeignée. Ses cheveux blonds poissés de sueur lui collaient au crâne et pendaient sur son front et sa nuque en mèches humides, comme il arrive aux dames qui font l’amour pendant des heures d’affilée et de façon forcenée.
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Je l'ai vu s'amener, le camarade N'Gustro. Je l'ai vu qui s'amenait à pied, comme un grand, les dents bien blanches et derrière lui, le jouxtant, la môme Ghislaine, la mère Doudou, faut croire qu'elles le suivaient partout.
Il descendait, s'apportant dans le sens Etoile-Nation, quand à quelques mètres du Claridge deux gabardines l'ont colloqué. Deux mecs aux tronches insignifiantes, l'air fonctionnaire et des chapeaux, l'air bien poli, mains dans les poches. Causette, un exhibe un insigne, une carte ou foutre quoi, N'Gustro hochant, toujours poli, sourire un peu rétréci mais présent encore. Concertation du groupe, puis les deux morues d'un côté s'écartent, regardent N'Gustro qui s'en va avec les deux imperméables, ils grimpent en 403 toute noire, l'auto s'enfuit paisiblement.
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