Citations de Jean-Patrick Manchette (373)
Le commissaire Goémond est sur le paillasson.
- Je suis venu en voisin, il dit.
- Diarrhée, dis-je. Merderie. Policier. Mal blanc. Chiotte. Goguenot. Salope. Trouduc.
Il comprend que je lui suis plutôt hostile.
Vivre un peu , ajouta -t- il encore . Vivre enfin , quoi , merde , je vais pas attendre la troisième guerre mondiale . Demain il sera trop tard ! beugla-t-il.
Thompson eut une grimace étrange et essaya de lever sa carabine, mais il perdit l'équilibre et dut s'appuyer sur son arme comme sur une béquille. Il demeura un instant ainsi plié en deux, la crosse sous l'aisselle, le manche du couteau frémissant dans son dos.
Il faut imaginer quelle espèce de compost langagier peut être excrété par les scribes d'Etat qui, à partir de nombreuses fiches informatisées ou non, rédigent les ouvrages signés par les ministres, ou bien d'autres politiciens, et encore par divers néophilosophes médiatiques.
Plastiquement, c’était fort romantique. Du point de vue de Gerfaut c’était la merde totale.
- Qu'est-ce tu veux au juste ?
- Des camarades et moi, on aurait besoin d'un expert.
- Expert en quoi ? Je suis expert en des tas de choses.
- Les camarades en question et moi, on va se payer l'ambassadeur des États-Unis.
La politique contemporaine présente plus que jamais l'apparence du désordre et de l'incohérence, parce qu'elle ne peut présenter que son apparence.
Au train ou allaient les choses, je m'attendait à tout. J'ai ouvert une boite de dragées et j'ai sorti mon P35, un Browning sous License Belge fabriqué par des Polonais sous l'occupation Allemande. Un Poème.
La principale armée anar est celle de Nestor Makhno, la Makhnovstchina ; les conducteurs des voitures à ressort sont donc des makhnovstchinistes, mot qui, étant assez difficile à prononcer, surtout après qu'on a pris les caves du Palais d'Hiver, évoluera pour donner, par simplification, la forme moderne : machiniste, pour désigner le conducteur de tels véhicules.
Métal hurlant N°42 Bis Juillet 79 (Spécial guerre), p. 88-89
C'est ainsi que je me suis retrouvé roulant dans la Matra canari, le week-end suivant, le samedi, au côté d'un gros Nègre tout noir, avec des petits carreaux fumés et une moustache comac ; il ressemblait un peu à Arthur Taylor, le batteur, en plus enveloppé, moins bien sapé.
J'aime l'appartement de Jacquie. Il y a des meubles modernes et des vieilles choses campagnardes mélangées. C'est harmonieux. C'est pas comme chez moi, tout Henri II et compagnie, avec des patins. Là, il y a des trucs exotiques, et tout s'intègre. Vous avez un lézard des sables empaillé, cadeau d'un fellhaga, il semble se trouver comme chez lui, posé sur le couvercle d'un moulin normand à grains, lequel révèle, si on l'ouvre, des livres de Léon Trotsky, reliés en veau. Et il y a beaucoup de bon café.
Voulant sans doute imiter les maîtres américains, j'ai non seulement écrit un peu plus de romans que Raymond Chandler, mais encore j'ai tâché de boire autant que lui. Je n'ai évidemment pas son talent, et à présent il m'est apparu que je n'ai pas non plus son foie. J'ai du subir une sérieuse intervention chirurgicale.
[...] on apporta une tasse et une cafetière, et du sucre taché de café dans un sucrier de matière plastique imitant le cristal.
Meyer avait envie de se flinguer ou simplement de retourner travailler, c'est difficile à dire. Il consulta sa montre. 14H45. Il avait juste le temps de partir s'il voulait être à l'heure.
La disparition de \textit{Charlie hebdo} est donc une bonne chose. Les gens ont commencé de se désintéresser du bavardage inepte. Les lecteurs se sont supprimés, sachant qu'ils ont maintenant autre chose à faire que lire des conneries. Cette suppression commence par les plus intelligents. Les lecteurs de Charlie hebdo étaient des cons plutôt moins cons que d'autres ; ils l'ont prouvé justement en cessant de lire ce journal.
Notez toute fois que l'intérêt suscité par Godard ne tient pas seulement à l'analphabétisme apoplectique du cinéaste et de ses zélateurs, mais aussi au fait qu'il souffre réellement, ce type, et qu'il se démène beaucoup à triturer l'image. Malheureusement, croire qu'il faut triturer l'image est une erreur.
Tout le journalisme et les autres moyens d'information modernes ont pour but la dissimulation de la vérité parfois par le mensonge pur et simple, et généralement par le bavardage inepte. (page 490)
Dans les entrées d'immeuble, dans les cafés, sur les trottoirs les putes étaient fidèles au poste, shorts de cuir, jupettes de tennis, sourires de craie, et sur la chaussée les voitures débouchaient de la Porte St Martin comme un lâcher de tatous et puis restaient là, épaule contre épaule, à vibrer dans un nuage de gaz bleu
Je suis revenu à moi et j'ai rigolé. mes sensations vaguaient. J' étais aboulique. j'avais la langue saburrale comme une wassingue sale et le front halitueux. Mes perceptions étaient laciniées et il me semblait que je baignait dans du galipiot. J’étais vachement labile et quand Charlotte m'a eu fait lever, ce n'"était ni le pied ni les oaristys, de sorte que j'ai méchamment jaboté et même crié raca sur elle en titubant comme un ophite. Bref vous voyez le tableau, et que j’étais calmé comme un bœuf
On s’est calmé et on s’est expliqué. Je lui ai dit que je cherchais une dénommée Luce Minetta. Elle m’a dit que je n’étais pas le seul. A voir l’état de son œil et celui de la chambre, je l’ai crue sans peine.