Citations de Jean-Patrick Manchette (374)
J'envie les gens qui se donnent sans arrêt des preuves de leur intelligence.
Alonso et Elias vivaient comme des coqs en pâte. Et ils étaient intouchables. Car s'il n'y avait pas la guerre étrangère à Saint-Domingue comme dans beaucoup d'endroits, il y avait comme partout la guerre sociale, et la fonction principale de l'armée dominicaine était comme partout de gagner la guerre sociale chaque fois que le besoin s'en faisait sentir.
Dans la vie, le prince charmant se tire toujours avec la mauvaise princesse.
Un cadre commercial, pourtant, c'est normalement très facile à tuer.
1969
Il est beau le cahier offert spécialement par Mélissa pour que je prenne les notes !
"attention ! vos écrits vous trahissent..."
Foutez-vous vous-même un coup de poing dans la figure et tombez morts. (p. 127)
Jeudi 28 décembre 1967
Le terrorisme de l'apparence n'a pas l'apparence d'un terrorisme.
Au même moment, le trust Gaumont, ayant vaguement compris que les reprises ont du bon, nous offre une série d'inepties récentes, et notamment une reprise de Star Wars. Pour la première fois dans l'histoire du cinéma, un film est volontairement et scientifiquement planifié pour qu'il n'y ait dedans ni sexe, ni violence, ni sentiments d'aucune sorte. C'est une date. L'ennemi a maintenant peur même de nos rêves. Il n'ose plus nous vendre qu'un sommeil de plomb. Et vous voudriez que je vous parle de films nouveaux ? Allons, tout de même, la prochaine fois, c'est promis, j'essaierai.
Et est-ce que tu penses que le jazz peut encore progresser ? Moi personnellement j'ai des doutes […] quand je vois à quoi aboutissent des mecs qui semblaient prometteurs, comme Marion Brown ou plus près de nous Chico Freeman. Entre le néant et le chagrin, j'aime mieux le lard, comme disent les Auvergnats.
"En cherchant à s'évader, le prisonnier fait son métier" a dit le ministre de la police...
Un rude métier, s'il en fut, qui exige du courage, de l'imagination, de l'énergie, de la santé et de la chance.
Quand toutes ses conditions sont réunies, la réalité peut dépasser la fiction ainsi que le prouvent les évasions célèbres que nous conte Pierre Duchesne.
Il s'agit d'une véritable anthologie des exploits que des hommes accomplirent en des temps et des lieux différents pour reconquérir leur liberté.
Les aventures de Latude, de Casanova, de Beaufort, de Lavalette et de bien d'autres champions de "la belle", ont pris aujourd'hui les dimensions d'un mythe.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "Presses Pocket" en 1972)
-Arrête tes conneries, Félix, murmura distraitement Anne.
Qu’est-ce que tu aimes, toi ? demanda Félix à Terrier, d’un air goguenard et il jeta un coup d’œil à Anne et ramena son regard sur Terrier perplexe et précisa : Comme musique, par exemple ?
Terrier haussa les épaules. Félix porta son verre à ses lèvres et voulut le vider d’un trait.
Maria Callas, dit Terrier.
- Êtes-vous de la S.N.C.F. ? demanda-t-il.
Le type ne réagit pas et continua de regarder en riant ou bien c'était l'expression normale de son viage au repos. Gerfaut pensa répéter la question en criant, car le bruit du train toujours en marche avait peut-être empêché le type d'entendre. Mais non, ce n'était pas vraisemblable ; et Gerfaut se sentait faible ; il demeura silencieux. Brusquement il se mit à chercher dans ses poches. Sa main brûlée lui fiasait mal. Ses mouvements devinrent frénétiques tandis qu'il continuait à fouiller ses poches. Il regarda le trimardeur avec une expression offusquée, d'incrédulité et de haine. Il fit un mouvement pour se lever. Le trimardeur se dressa dans le même instant , écarta un pan de sa capote de toile cirée et frappa Gerfaut sur le côté de la tête avec un marteau.
J'aime que mes livres soient distrayants, qu'ils soient lisibles avec plaisir par des fanatiques de James Hadley Chase que je tiens personnellement pour des primates, mais aussi que des lecteurs plus cultivés et plus studieux y prennent davantage d'intérêt, parce qu'ils peuvent découvrir des couches successives de texte et d'images. La fameuse structure en oignon des ouvrages, dont il faut peler toutes les couches successives pour tout découvrir, j'essaie qu'elle soit totale, au point que, dans certains de mes romans, je crois qu'il n'y a que moi qui puisse peler totalement l'ouvrage.
Elle cherchait du feu et j'ai parié qu'elle allait produire un Ronson gainé de lézard, mais j'ai perdu.
sale juif, m'a dit Gérard Sergent,ce qui était absurde car je suis de l'Allier...
- L'île du Jura, dit-il en tournant son regard vers la bouteille de whisky. C'est dans les Hébrides. George Orwell avait une petite ferme là-bas. Il voulait y organiser son existence, mais il n'a pas vraiment eu le temps, il est mort de la tuberculose.
- Dis donc, tu es vraiment gai, toi ! il est vraiment gai, ce mec ! C'est qui, d'abord, George Orwell ?
Gerfaut ne répondit pas à la question. Il se tapa cul-sec sa tasse de whisky Isle of Jura .
Leur premier coup d'éclat : enlever l'ambassadeur américain, en visite discrète dans une maison close parisienne.
Le commissaire Goémond avait une expression de plus en plus lugubre, ce qui chez lui n'indiquait pas la tristesse. Il contemplait la chambre de Buenaventura Diaz. Il en fit précautionneusement le tour, se pencha pour déchiffrer les titres, sur la tranche de deux ou trois livres posés près du lit. Ses adjoints tournaient en sens inverse dans la pièce, humant l'air.
- Tenez, dit l'un d'eux, voilà une brochure anarchiste. Noir et Rouge..Ça dit bien ce que ça veut dire !
- Vous êtes idiot, mon vieux, dit Goémond. C'est un roman de Stendhal.
Griffu se trouve embarqué dans une sombre histoire de magouille immobilière.
- Porte ce message à M. Cox, lui dit Terrier en lui tirant une balle dans le coeur.
C'était l'hiver et il faisait nuit. arrivant directement de l'Arctique, un vent glacé s'engouffrait dans la mer d'Irlande, balayait Liverpool, filait à travers la plaine du Cheshire (...) et, par-delà la glace baissée, venait frapper les yeux de l'homme assis dans le petit fourgon Bedford. L'homme ne cillait pas.