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Critiques de Jean-Philippe Toussaint (580)
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La Clé USB

Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail très menaçant : si je n'envoyais pas une somme (une quantité?) assez élevée de « bitcoins », des photos compromettantes seraient révélées à l'humanité tout entière (qui n'attend que cela, évidemment !…) Avec la vie trépidante que je mène, je n'avais pas trop de soucis à me faire sur l'éventuelle divulgation de photos embarrassantes me concernant !!! En revanche, ce qui, dans ce message, a retenu toute mon attention, c'est cette histoire de « bitcoins »…. Quèsaco ? Autant dire que je n'avais jamais entendu parler de cette bête-là (on ne paye pas avec ça à l'épicerie de mon village…) Je me suis donc renseignée auprès de mes chers collègues scientifiques, nettement plus à la pointe de la modernité que moi (ce n'est pas difficile!) et j'avoue que… je n'ai pas compris grand-chose sinon que… (je me concentre) ce serait une monnaie qui permettrait de régler des transactions en ligne, sans avoir recours à un organisme bancaire (qui nous pique des sous), le tout dans un cadre très sécurisé... Et pour garantir cette sécurité tant recherchée, des particuliers (appelés des mineurs -on n'est pas dans Zola mais presque-) équipés d'ordinateurs ultra-puissants surveillent et valident les transactions… Ces dernières sont enregistrées sur une chaîne de blocs -blockchain- (espèce de grand livre public de comptes) : chaque bloc vérifiant en cascade l'état du système et surtout l'origine de la transaction. Ne m'en demandez pas plus, j'ai déjà transpiré sang et eau pour vous fournir ce modeste résumé. Ça dépasse largement mes très insignifiantes compétences (quasi nulles dans le domaine économico-informatico-mathématique…)

Bref, tout ça pour dire que j'ai commencé le dernier roman de Jean-Philippe Toussaint en n'en menant pas large… Et à vrai dire, je pensais ne pas dépasser la cinquantième page…

Eh bien messieurs-dames, je vous le déclare haut et fort : j'ai été littéralement happée par ce récit qui tient beaucoup du roman d'espionnage (le suspense marche à fond la caisse) mais pas seulement, et autant vous le dire tout de suite, j'ai ADORÉ ce texte et je vous explique pourquoi.

Un narrateur (dont j'ai oublié le nom… appelons-le X si vous le voulez bien) qui travaille à la Commission Européenne dans le domaine de la prospective se voit aborder un jour par des lobbyistes. Effectivement (et là, on n'est pas dans la fiction), figurez-vous qu'à Bruxelles des gens sont payés pour prévoir l'avenir (si si, je vous jure) : ils s'interrogent sur « de quoi demain sera fait » dans des domaines divers et variés comme l'alimentation, l'agriculture, l'énergie, la démographie, les ressources etc, etc… Bien entendu, ils doivent bosser en toute indépendance (bien entendu!!!) Or notre narrateur X (mais quel est son nom???) se voit un jour abordé par deux hommes qui aimeraient bien qu'il vienne faire un petit tour en Chine pour découvrir leur entreprise (et plus si affinités…) X résiste, allant jusqu'à régler lui-même son café lorsqu'il les rencontre. Et il se trouve que l'un des deux lobbyistes va, lors d'une rencontre, perdre sa clé USB : accident ? acte volontaire ? Point d'interrogation… En tout cas, X s'en empare et ce qu'il va découvrir n'est pas piqué des vers…

Comme je vous le disais, moi qui ne suis pas DU TOUT roman d'espionnage (je n'y comprends jamais rien), j'ai été complètement prise par ce roman lu quasiment d'une traite une semaine où j'étais crevée (c'est vous dire!) Je crois que cela tient au fait que l'on sent très vite que Toussaint cache autre chose derrière l'aspect espionnage et cette « autre chose », c'est la dimension humaine.

X (son nom!!!) n'a RIEN d'un super-héros. S'il évolue dans un monde moderne, technique, scientifique, ses réactions échappent COMPLÈTEMENT à la logique (ça c'est génial!) Souvent, il ne comprend pas pourquoi il a agi de telle ou telle façon, pourquoi il a pris telle ou telle décision, il a a du mal à contrôler ses émotions et se retrouve à plusieurs reprises dans des postures assez ridicules. Et je trouve ça très rassurant l'idée que l'on a beau entrer dans une ère algorithmique, logique, mathématique, finalement, l'humain, d'une certaine façon, échappe à toute cette technique, lui fait un pied de nez, lui dit merde, quoi !

Parce que l'homme n'est pas UNE MACHINE, il ne pourra jamais être contrôlé, prévu, emprisonné dans un système parce que, précisément, ce qui fait l'être humain, c'est l'inattendu, l'étonnant, le paradoxal, l'imprévu. Et leurs histoires de conjectures, d'hypothèses, de probabilités, ils peuvent, à mon sens, toujours courir...

Ah, la prospective a du boulot sur la planche (et du souci à se faire) avec un sujet d'étude comme l'être humain et ses activités… Et, ça, c'est plutôt rassurant, non ?

Bon, allez, je ne vous en dévoile pas plus… Vous verrez, la fin est superbe… Vous allez vous régaler !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Faire l'amour

« Combien de fois avons-nous fait l'amour ensemble pour la dernière fois ? Je ne sais pas, souvent. »



Une secousse tellurique liant définitivement deux êtres dans la dissolution. La force des éléments naturels, la déchirure d'un couple, une explosion de matière présentée sous différentes formes.

C'est exactement ce que j'ai ressenti au travers du style d'écriture. Un effet amplifiant cette dissolution avec ces robes de voiles qui s'enroule autour du corps de Marie, ces crêpes aériens emmêlés autour des corps qui s'abandonnent. Ça oscille, ça vibre, ça vacille, ça tremble... « un grondement de détresse de la matière » pour mieux faire ressentir celles de ces êtres.. Bluffée par l'écriture.



Et ce visage de Marie dans la bouche du narrateur, magnifié par les mots colorés et cristallins de Toussaint pour exprimer la souffrance sous la lumière des néons qui recouvraient « les murs d'un halo de clarté rouge indécise qui faisait briller sur le visage de Marie de pures larmes infrarouges, translucides et abstraites. »



Très beau. Très triste. Très touchée.



« Les larmes coulaient de façon irrépressible sur les joues de Marie, avec la nécessité d'un phénomène naturel, comme monte une marée ou survient une pluie fine, et elle ne faisait rien pur les retenir, elle les laissait couler sur ses joues, les affichait, sans ostentation, ni pudeur. »



Tokyo – Kyoto : je confond ces villes, un simple petit changement dans le placement des lettres, une infime différence et pourtant... Un passé qui ressurgit, un train de nuit, un narrateur qui fuit.
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L'instant précis où Monet entre dans l'atelier



1916. Monet travaille sans relâche sur les Nymphéas dans son atelier de Giverny.

Jean-Philippe Toussaint veut nous entraîner à la suite du peintre chaque jour, à «L’ instant précis où Monet entre dans son atelier ». Il imagine ce qui a pu se passer chaque jour dans cet atelier à la fin de la vie du peintre. Même si le texte est bien écrit, tout ceci ne m’a pas émue.

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La Salle de Bain

C'est un très court roman. Très déroutant. Dès les premières lignes, on se demande où l'auteur veut en venir, avec cet homme qui s'est réfugié dans sa baignoire et n'en sort que par obligation pour aussitôt y revenir. La relation qu'il entretient avec sa compagne est tout aussi intrigante. Il ne semble pas y avoir vraiment d'affects entre eux. Pourtant, peu à peu, on sent un malaise plus profond, quelque chose de plus en plus pathologique. Une phobie sociale grandissante. Un besoin de s'échapper aux autres, à soi-même. Même à Venise, l'homme sortira peu de sa chambre et limitera ses interactions sociales au minimum. La ville ne l'intéresse pas. D'ailleurs, rien ne semble l'intéresser. Il traverse les lieux sans les voir. Toujours réfugié en lui-même. Comme une vie en gestation, en suspend. Puisque à la toute fin… l'homme semble se décider à sortir de sa chrysalide.

Les phrases sont courtes. Les descriptions portent sur des objets ou des actions insignifiantes. Les sentiments n'existent pas. Du moins pas de la part du narrateur. C'est une ambiance très étrange, qui peut en déconcerter certains. Je ne peux m'empêcher d'y voir une allusion à la difficulté croissante de vivre dans une société de plus en plus déshumanisante où les affects doivent être calibrés de manière à rentrer dans des cases pré-établies. Le culte de l'individu porté à l'extrême.

Un grand petit premier roman !
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L'instant précis où Monet entre dans l'atelier

Voilà un tout petit livre de 30 pages à peine de Jean-Philippe Toussaint, un auteur qu’on aime bien.



Ici il est question de Monet et de ces Nymphéas (ils ne s’appellent pas encore comme cela) en cours d’élaboration. Nous sommes pendant la Première Guerre mondiale, mais comment peindre sans penser à tous ces gens qui souffrent et meurent sur le champ de bataille ?



Une phrase revient comme un refrain, une litanie « Je veux saisir Monet, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier... ». Jean-Philippe Toussaint décrit l’atelier dans la pénombre, au petit matin, avant que la lumière ne pénètre dans l’atelier de Giverny que le peintre a fait construire pour travailler ses toiles.



Il est question de Clémenceau, le vieux tigre, son meilleur ami, de passage à l’atelier et qui veut le convaincre de donner l’ensemble à l’Etat.



Quand il débute la série des Nymphéas, Monet avait déjà travaillé, depuis 1889, sur le principe de séries de peintures sur un même sujet, où seule la lumière varie, nous apprend Wikipédia. Dans la série « les Matinées », Monet a pu explorer tout le potentiel que pouvaient apporter les reflets aquatiques dans la construction des perspectives. Les Nymphéas de Monet font l’objet d’une étrange circulation des influences entre l’Occident et le Japon, apprend encore dans la célèbre encyclopédie.



Huit compositions de même hauteur.

Des combinaisons que Monet ne cesse d’interroger. L’ensemble forme une surface d’environ 200 m2 qui en fait une des réalisations les plus monumentales du siècle. Monet a peint ces compositions pour qu'elles soient suspendues en cercle, comme si une journée ou les quatre saisons s'écoulaient devant les yeux du spectateur, nous dit encore.



Mais « Peindre, c’est oublier ses tourments intérieurs, c’est tenir à l’écart le passage au néant dont il sent l’imminence » écrit Jean-Philippe Toussaint. Finir les Nymphéas, c’est accepter la mort, c’est consentir à disparaître ; mais ça il n’en est pas question. Il ne lâchera pas, il ne consentira pas reconnaître que son œuvre est « achevée » et il ne peut pas laisser ces panneaux partir pour l’Orangerie.



Et il ne cessera de reprendre et de s’obstiner face à ses toiles. « Il pose délicatement une touche sur la toile, il nuance, il accentue. Il n’est pas satisfait, il efface, il insiste, il recommence. (..) Monet s’obstine, il reprend, il retouche ». Et il en sera ainsi jusqu’à la fin.



J’ai vu récemment un documentaire intitulé « Clémenceau dans le jardin de Monet » sur ARTE et c’est bien ce même moment des Nymphéas incessamment repris que l’émission retrace.



De Jean-Philippe Toussaint j’ai lu « la clé USB », « la vérité sur Marie », ou encore « Fuir » et j’aime bien son style contemporain et son art poétique.

Avec « l’instant précis où Monet entre dans l’atelier », c’est à une invitation à retourner à l’Orangerie que l’auteur se livre, pour nous inciter à plonger dans les bleus, violets, verts et autres couleurs sublimes de reflets aquatiques que le monde entier vient regarder – une peinture intemporelle qui n’a pas fini de nous fasciner.

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La Salle de Bain

1 ) Il a perdu l’envie de se sociabiliser. Neurasthénie, agoraphobie ? Il s'installe dans sa salle de bain, passe son temps dans la baignoire, pleine ou vide, peu importe.



2 ) C’est un livre que j’ai lu à sa sortie en 1985, je me souviens de l'avoir aimé, pas de risque de lire un livre qui ne me plait pas.



3 ) Il ne s’y passe rien, un gars reste dans sa baignoire, puis il va à Venise, mais ne sort pas de sa chambre d’hôtel où il joue aux fléchettes.



4 ) Le récit est morne et lent, le ton neutre, et pourtant on rit.



5 ) Est-t-on plus ahuri de ce personnage dégingandé, innocent et perdu dans son monde, ou de la vacuité du monde qui l’entoure, qui s’agite, qui se met en scène, qui brasse de l’air.



6 ) Déconnexion de la communication, de la société, je m’entends dire “Je ne veux pas que tu devienne comme ça !” Pas de risque, je préfère mon canapé… “Tu sais très bien de quoi je veux parler !”. Je fais l’innocent…



7 ) Je me suis reconnu, ça n’est pas flatteur, heureusement, je ne joue pas aux fléchettes.



8 ) Je décide de sortir de mon canapé.
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La vérité sur Marie

Cycle « Marie Marguerite Madeleine de Montalte », épisode 3. Nous retrouvons notre narrateur anonyme dans un récit en trois temps placé sous le signe de l'amour et de la mort. Trois scènes dramatiques d'une grande intensité se succèdent : une crise cardiaque, l'échappée d'un Pur Sang, un incendie de forêt. Elles se déroulent l'été, de nuit et sous une météo déchainée : sous un orage, une pluie battante ou un vent violent. Trois scènes, trois décors : un appartement parisien, l'aéroport de Tokyo, une résidence secondaire sur l'île d'Elbe.



Le roman débute par cette phrase : « nous avions fait l'amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. » Le narrateur décrit des événements tragiques auxquels il n'a pas assisté ; son absence étant consécutive à la séparation évoquée dans les romans précédents. Le récit est reconstitué par l'esprit du narrateur qui mêle sa connaissance instinctive de l'être aimé à diverses bribes d'informations recueillies a posteriori. Le tout forme une réalité imprécise mais malgré tout évidente.



Il est question de passion amoureuse, de jalousie, de désir, de prise de conscience d'une séparation. La description de ces états d'esprit est d'une grande justesse. Le récit n'est pas linéaire et il s'entremêle subtilement avec les épisodes précédent du cycle.



Une nouvelle fois, Jean-Philippe Toussaint m'impressionne par sa maîtrise. Un roman d'une intensité continue, imprégné d'un érotisme sauvage, d'une sensualité électrique. Un texte ambitieux qui subjugue par sa beauté et sa violence. Un style magnifique qui envoûte. De la belle littérature.
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L'échiquier

Quatrième de couverture : Je voudrais que ce livre soit l'échiquier de ma mémoire.

Le livre : 64 chapitres comme les 64 cases de l'échiquier.

Sur l'échiquier un pion atypique : le cavalier. Celui ne se déplace pas en ligne droite. Il navigue sur l'échiquier et ne repasse jamais sur la même case. Il visite donc les 64 cases de l'échiquier.

La case 1 ou premier chapitre de Jean Philippe Toussaint est très court , une phrase : "j'attendais la vieillesse, j'ai eu le confinement "

Nous sommes en 2020 à Bruxelles au début du printemps, le premier confinement a été mis en place depuis peu.

Jean Philippe Toussaint va profiter de cette période pour mettre en place une triple activité : la traduction de la nouvelle de Stefan Zweig "l'échiquier", l'écriture d'un essai sur la traduction et enfin la mise en place d'un texte en 64 chapitres.

Rapidement il ne restera qu'une double activité. Jean Philippe Toussaint laissant tomber l'essai sur la traduction.

Ce livre tient du journal et de l'autobiographie.

Tout cela donne un livre fin et intelligent qui nous parle de littérature, de création et surtout des échecs.

L'émotion vient nous cueillir à la fin du livre, une sorte d'échec et mat.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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L'échiquier

Le livre en train de s’écrire



C’est durant le confinement que Jean-Philippe Toussaint a écrit son livre le plus intime, où il évoque ses souvenirs d’enfance, son père, ses amis à son œuvre littéraire. Le tout en 64 chapitres, comme autant de case de L’échiquier.



«Les échecs — leur symbolique, leur romantisme, leur abstraction rassurante — ont toujours été intimement mêlés pour moi à l’écriture. Ils sont le sujet de mon premier roman, Échecs. Et, depuis que j’ai donné ce même titre, Échecs, à ma traduction de la nouvelle de Zweig, les deux textes se rejoignent dans mon esprit dans une boucle temporelle vertigineuse. Je commence ainsi à prendre conscience que, si je continue à tirer sur ce fil — le fil du jeu d’échecs —, c’est toute la pelote de ma vie qui pourrait se dévider, se débobiner et se dérouler dans ces pages.» Et voilà comment, durant les journées de confinement Jean-Philippe Toussaint décide de meubler son temps en divisant sa journée en deux, la traduction de Échecs de Stefan Zweig d’une part et l’écriture de réflexions autour de sa passion pour ce jeu d’autre part. C’est cette seconde partie qui a donné ce livre riche de souvenirs et qui va bien au-delà du projet initial. Car effectivement, très vite la pelote de sa vie s’est dévidée… Une pelote que l’on voit se dérouler au fur et à mesure dans ce livre en train de s’écrire.

Son point de départ pourrait se trouver dans un hall d’école, pavé alternativement en plaques blanches et noires. Des cases sur lesquelles les pièces seraient constituées des membres de la famille, des amis d’enfance, des auteurs qui ont accompagné l’auteur de La salle de bain. À la place du roi et de la reine, on placera son père Yvon, «directeur du Soir de Bruxelles, une personnalité reconnue, bien introduite auprès de la classe politique et habituée des plateaux de télévision» et avec lequel il jouera longtemps aux échecs. Jusqu’à ce qu’il soit plus fort que lui et qu’il mette fin à ces échanges, se refusant à perdre. Un père qui aura la lucidité de voir en son fils un futur écrivain. Sur sa mère, qui tenait une librairie-galerie, il est plus discret, mais aussi plus tendre, tout comme pour ses deux grands-mères et pour Madeleine, celle qui deviendra son épouse.

S’inspirant de Georges Perec – il s’agit d’aller d’une case à l’autre sans jamais y revenir – le romancier passe de la famille aux amis, les Bonhomme, Garrec, Caratini, Lehrer. Ou encore Dominique D. un camarade de classe fantasque dont il apprendra la mort tragique. Un drame qui frappera aussi Gilles Andruet, le champion d’échecs qui le fera progresser et dont il ne voudra pas croire qu’il a été assassiné.

Hommage émouvant aux amis disparus, ce livre évoque aussi les grands maîtres, Fischer et Spassky, Karpov et Kasparov, Youssoupov ou encore Kortchnoï que l’auteur a failli pousser au nul, sans doute l’une de ses réussites majeures.

Bien entendu, la littérature échiquéenne ne pouvait manquer dans ce livre. Zweig, cela va de soi, tout comme Perec, mais aussi Nabokov et sa Défense Loujine, Borges et même Lewis Carroll.

Dans cette vraie-fausse autobiographie, Jean-Philippe Toussaint joue beaucoup et propose au lecteur de jouer avec lui. Avant de finir sur une note plus grave, comme il l’a confié à Livres-Hebdo : «Dans le jeu d'échecs le rapport à la mort est évident, il faut tuer le roi, le temps se réduit comme peau de chagrin, le temps de la partie c'est le temps de la vie. Il y a de même dans le travail d'écriture cette acuité au temps qui passe. Je crois qu'il faut être hypersensible à la mort pour bien écrire.» Est-il utile d’ajouter que ce livre est très bien écrit ?




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Fuir

Fuir transporte en Chine le lecteur avec un narrateur qui ouvre le bal par une interrogation « Serait-ce jamais fini avec Marie ? » Une question en suspens qui donne le ton. Une histoire d'amour contrariée. Il arrive en Chine à la demande de Marie et rencontre un homme énigmatique ainsi qu'une femme féline. Tous deux chinois, lui français, il se sent perdu, d'autant que la Chine bouillonne. Les rues étroites, les lumières aux néons agressifs et aux couleurs vertes ou mauves lui donnent le tournis. Plombé par la chaleur étouffante, il découvre une fourmilière en pleine activité, des buildings se construisent, les rues sont en travaux, l'avancée du futur contre la perte de l'ancien. Inquiet, il écoute et suit ce qu'on lui dit de faire. Une virée de Shanghai à Pékin ? D'accord. Un retour à cent à l'heure en moto, les sirène et feux rouges des gyrophares de la police aux fesses ? Il suit, sa main dans celle de Li Qi. Une entrée fracassante dans une brasserie, une partie de bowling, un enjeu fiévreux ? Pareil.. Il s'accroche. Puis un appel. Un appel qui sent la mort. Marie à Paris. Lui entre deux villes dans un train de nuit en Chine. Il l'écoute. Elle se perd. Elle se cogne dans le Louvre en cherchant sa respiration et la sortie, et lui trébuche dans le wagon et fixe son regard sur une porte vitrée fracassée où du sang commence à sécher. Il réalise. Temps de rentrer. Le sachet caché. Marie seule. Il rentre. Mais pas en France. Non. Dans un havre de soleil où le calme sonne le repos. Celui de la mort et celui du ralentit. Il retrouve Marie sur l'île d'Elbe. Fuis encore une fois. Mais de l'église Marie va le chercher et le retrouver !

Un roman à l'ambiance bien marquée. On entre pleinement dans les terres de Chine tout comme dans celles d'Italie. L'écriture est fine, sensuelle, chaude et emporte le lecteur avec une aisance incroyable dans un tourbillon pour le suspendre dans un temps mort. C'est beau et limpide, tout en émotion. Les décrochages entre la vitesse chinoise et le calme italien sont très bien rendus. Je ne connaissais pas Jean-Philippe Toussaint et j'ai adoré.
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Fuir

Fascinant univers que celui-ci!. Un homme, le ,narrateur, atterrit à Shanghai. Il est accueilli à l'aéroport par Zhang Xiangzhi le contact chinois de sa compagne Marie, un personnage énigmatique, taiseux, parlant peu et très mal anglais. Première surprise, premier cadeau un téléphone portable ! Pourquoi ? ...

Bientôt apparait Li Qi une ravissante jeune femme ..et un départ inopiné pour Pékin. Pékin où tout peut arriver !

Je découvre avec Fuir Jean-Philippe Toussaint, Cet auteur est aussi cinéaste et cela se ressent dans le rythme et le phrasé de ses phrases, la lumière est omniprésente et les images sont là tangibles à chaque page.

Une plongée dans la Chine contemporaine bien loin des images "carte-postales" habituelles, une fuite éperdue dans les rues de Pékin , la chaleur lourde, humide , poussiéreuse et polluée contre-balancée par la chaleur sèche et odorante d'un paysage méditerranéen ...

Une belle découverte vraiment.
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Faire l'amour

C'est un gars qui se promène à Kyoto. Il ne va nulle part. Il décrit la ville, téléphone doucement avec Marie.

Sa vie de couple ne va nulle part. Il vient de rompre avec la styliste Marie. Puis ils ont fait l'amour et se sont promenés dans Tokyo en grosses chaussettes sous la pluie et la neige en abandonnant sur le trottoir le parapluie transparent qu'ils venaient d'acheter.



Moi j'allais furieusement quelque part, vers la fin du livre, sautant allégrement les interminables descriptions, incapable d'éprouver la moindre empathie.



Jean-Philippe Toussaint écrit un roman bien typé mais j'adhère pas trop.
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Autoportrait (à l'étranger)

Le peintre est un nombrilisme du pinceau: il se plait à se peindre. Offre des autoportraits avec oreille coupée (ou pas). L'écrivain, lui, hypocritement égocentrique, se plaît à se raconter, l'air de rien. Il publie des autofictions en appuyant sur la seconde partie du terme. Toussaint, lui, ne trompe pas ses lecteurs. Il brosse un portrait narquois de l'écrivain qu'il est, dans ses déplacements payés au titre de conférencier. En retenant à sa plume la drôlerie d'anecdotes exotiques.



Contribuable pas rancunière pour un sou, je suis ravie d'apprendre avoir financé une séance de travail à Hanoï où Jean-Philippe (le caritatif crée des liens. Je me sens proche du Belge soudain), Olivier Rolin et Tahar Ben Jelloun échangent gravement en se gavant (on mange beaucoup dans la réunion de travail) avec quatre écrivains vietnamiens, (un par génération) prompts à se réveiller lors de l'arrivée surréaliste d'une Jane Birkin que l'on presse de chanter.

Surtout que j'aime beaucoup Jane. D'autant plus qu'elle entonne, devant un représentant du ministère: "Et quand tu as plongé dans la lagune, Nous étions tous deux nus".



J'ai un mouvement de sympathie spontanée pour le diplomate français qui a convié Jean-Phil à Sfax, afin de contenter une assemblée de neufs personnes ("peut-être dix avec l'organisateur"). Attentives, ill est vrai. Mais neuf personnes, tout de même, même très attentives ou très très attentives, c'est peu … Neuf en comptant les deux archéologues dépannées sur le trajet entre Tunis et Sfax (9 - 2, reste 7)! Bon, après tout, je milite pour que jamais la culture ne soit soumise à une quelconque rentabilité.

Ce qui est heureux pour une lectrice de Jean-Philippe; lequel ironise sur la "matière très ténue" de ses livres.



Ténue, certes mais à l'auto-dérision délectable. En terre corse, pétanquiste patenté, vacancier et non plus conférencier, Monsieur Toussaint se brocarde (tandis que je reprends de respectueuses distances - mes impôts n'ayant pas contribué au championnat de boules local). Un portrait en deux temps: physique puis vestimentaire. Allez donc aux pages 39 et 40.Pour la jubilation.

Si l'on pioche du côté de Berlin, l'aristocrate "très prince de Savoie", Jean-Phil, laisse percer un mesquin pinailleur. Qui a raison de la germanique et désagréable charcutière. Et de Berlin, on ne saura rien. Pas plus que de Carthage où il n'y a rien à voir. Ou de Tokyo. Ou de Kyoto.

Sauf que le retour à Kyoto confronte l'écrivain à une gare désaffectée.En deux ans, la ville a plus changé que le conférencier. Jean-Philippe Toussaint, le railleur nonchalant, devient Jean-Philippe le mélancolique qui donne sens à l'acte d'écrire: "(…) écrire était en quelque sorte une façon de résister au courant qui m'emportait, une manière de m'inscrire dans le temps, de marquer des repères dans l'immatérialité de son cours, des incisions, des égratignures".



Au prochain passage de mon percepteur, je garde le sourire.
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Made in China

Toussaint Lassiture?

Lost in translation ?

La possibilité d'une autofiction ?

Contemplation écrivante du nombril d'un work in progress ?

J'accumulerais volontiers les faux-titres comme impressions, à la fin d'un livre qui m'a déçu.

Au début je me suis demandé si Jean-Philippe Toussaint n'avait pas publié ce roman juste pour faire plaisir à son éditeur chinois, dont il fait le portrait. Le personnage est certes étonnant, mais il ne me semblait pas que leur amitié fût bien profonde, vu le peu de temps que le chinois semble disposé à accorder au belge, et la maigreur de leurs connaissances dans la langue de l'autre (et sans la ressource de l'anglais).

Jean-Philippe Toussaint décrit le tournage* d'un court-métrage tiré d'une scène (improbable, impossible, infilmable mais étonnante) d'un de ses romans, au milieu d'un ballet complexe de personnages secondaires pas tout-à-fait interchangeables, décrits superficiellement. Il y a quelques moments drôles, mais juste de quoi remplir quelques dizaines de pages. Alors il nous joue le jeu de la presque autofiction, voyez comme c'est intéressant de broder sans en avoir l'air. Rajoutons aussi quelques scènes similaires d'un précédent tournage. C'est toujours un peu court (jeune homme) (oups, mes sales manies gavarneuses me reprennent)... ah oui, je sais, je peux glisser dedans mon projet d'essai sur le hasard (Proust a bien introduit dans son grand-œuvre des morceaux d'autres projets). Et jouons un peu avec le processus d'écriture et sa temporalité spécifique.Voyons : 180 pages, ça devrait le faire, avec les pages de titre, de copyright et la liste des œuvres, ouf.



Malgré le style Toussaint reconnaissable, quelques belles images et quelques pages humoristiques, c'est pour moi le Toussaint de trop ; déjà Football avait été difficile à avaler, trop éloigné de mes préoccupations. L'auteur aime la Chine autant que le football, mais ça ne suffit pas à mon bonheur. Et au vôtre ? Et la réflexion sur l'Auteur en train d'auteurer, ça m'a intéressé, mais peu de temps ; il me semble qu'il jouait déjà à ça dans Football et je n'ai plus envie d'aller vérifier.



*D'ailleurs : pourquoi en Chine ? Aucune justification n'apparaît, je suppose que c'est pour le prix de revient. L'argument économique serait une intéressante justification du titre Made in China.
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Les Emotions

« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a connu deux grands cycles. Un cycle qu’on pourrait dire progressiste, dans le domaine des mœurs et des droits humains, jusqu’à la fin des années 1970, et un cycle libéral, qui a duré peu ou prou jusqu’à la crise financière de 2008. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, avec le Brexit, nous venons d’entrer dans un troisième cycle, un cycle populiste, qui se traduit par une défiance nouvelle envers les élites et la démocratie représentative. »

En regard de cette analyse des 70 dernières années par Jean-Philippe Toussaint, le titre de son roman Les émotions prend une connotation négative : ces émotions sont en effet celles, incontrôlables, qui régissent le monde dans le cycle populiste, à l’heure des fake news, de la manipulation 2.0 et ses périls pour la démocratie. De fait, l’élection de Trump et le Brexit affectent fortement le narrateur et héros du roman, Jean Destrez, un haut fonctionnaire européen élevé dans le culte du projet de construction européenne – un projet se voulant reposer sur l’intelligence, la raison et la culture européenne, (références, d’Erasme à Zweig, à l’appui) : bref, l’opposé de ces émotions irréfléchies et leurs dangereux excès.

Mais ce narrateur et héros incarne lui-même assez mal ce beau projet européen : certes, en tant que fonctionnaire, il fait de son mieux son travail, mais l’Europe qu’il nous fait connaître à travers son expérience n’est pas tant celle d’Erasme ou de Zweig ; et c’est plutôt à Kafka que l’on pense, tant pendant la visite des méandres du chantier de rénovation du bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne, qu’en découvrant le fonctionnement bruxellois : toute la troisième partie du roman, c’est Le château en version accélérée ! – et au moins K avait-il le loisir de son temps…

Même à titre personnel, Jean Destrez incarne mal l’homme de modération et de maîtrise de soi : hanté par ses deux divorces, par la figure imposante de son père (ou encore par la place qu’a su prendre son frère, architecte de renom), c’est un homme que l’on sent affectivement fragile, en proie à ses propres émotions… Mais celles-ci ne sont, du reste, pas toutes négatives : c’est, dans la première partie du livre, l’émotion charmante et douce d’une rencontre – elle ne tient pas toutes ses promesses, mais qu’importe, une rencontre peut en cacher une autre (on apprécie au passage tout l’humour de JP Toussaint)… Ce sont, dans la deuxième partie du roman, de singulières décompensations que Jean Detrez est amené à vivre avec ses première et seconde femmes (on retrouve alors le Toussaint conteur des situations étranges que l’on a aimé dans L’appareil photo). C’est enfin, dans la troisième partie, l’émotion collective de la crise aérienne de 2010, vécue dans toute sa fièvre parce qu’il est au cœur des cellules de crise…

Où Toussaint veut-il nous mener, dans ce nouveau cycle engagé avec La clé USB ? Le second opus intitulé Les émotions ne nous le laisse pas encore discerner très clairement, mais à tout le moins on y retrouve avec plaisir la délicatesse de JP Toussaint à saisir les instants fugaces, moments magiques ou situations insolites…
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Les Emotions

Je suis décidément partagée par ce livre d'où les 3 étoiles malgré une belle écriture, un style que j'apprécie chez cet écrivain.

Commençons par ce qui m'a plu. Deuxième cycle romanesque de Jean-Philippe Toussaint, "les Émotions" suit La clé USB. Nous retrouvons Jean Detrez, fonctionnaire européen spécialiste de la prospective. Il est plaisant de voir l'antagonisme entre la rigueur quasi scientifique avec laquelle le narrateur travaille sur l'avenir et l'imprévisibilité de sa vie personnelle, voire professionnelle. L'imprévu advient avec le référendum sur le Brexit, l'élection de Trump, les séparations d'avec ses deux femmes, la mort de son père, l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll en 2010 et le summum : cette incroyable et sensuelle nuit passée avec une inconnue.

Et pourtant...pourtant je sais qu'une fois le livre terminé, dans quelques semaines, quelques mois, cette histoire se sera estompée dans mon esprit. Je le sens. Ce livre ne m'a pas marqué au point d'y penser régulièrement comme peuvent le faire ces livres devenus mes compagnons...Serait-ce la volonté, marquée je trouve, de montrer la Commission européenne plus humaine que nous la ressentons ? Ai-je trouvé la description de ses rouages un peu pesante ? Peut-être.

En tout cas, il fait bien écho au livre précédent et c'est sans doute tout le cycle romanesque dans son ensemble que je vais devoir considérer et non le livre seul. Hâte de lire la suite et de me faire une idée plus globale !
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La Mélancolie de Zidane

Jean-Philippe Toussaint aime le football.

Le soir du 9 juillet 2006, il était dans le stade de Berlin lors de la finale de la coupe du monde.

Stupéfait, il assiste, avec tous les autres spectateurs au coup de tête de Zidane sur Materazzi.

Ou plutôt, comme tout le monde, il n'a rien vu en direct. Seulement la confusion qui a suivi puis l'expulsion dont chacun se souvient.

Il revient sur ces faits dans un très court texte qui m'a laissée sur ma faim.

Ce n'est pas sa brièveté qui m'a dérangée, des livres très brefs peuvent être lumineux.

C'est l'interprétation que l'auteur fait de ce geste tristement célèbre. Je la trouve tirée par les cheveux, et peu crédible.

De plus, l'ensemble manque de vie, comme si Jean-Philippe Toussaint avait manqué d'inspiration.

C'est vraiment dommage, parce que le sujet était riche.

Pour qui aime le football, cette finale de 2006 présente un véritable intérêt théâtral : les personnages, l'action, l'intensité dramatique.

J'ai profité de cette lecture pour revoir Le moment du match en vidéo, et j'ai trouvé que le commentateur, en direct, avait mis de la vie dans ses réactions.

Tout d'abord, avec le ton qui monte : "Oh, Zinedine ! Pas ça, Zinedine ! Oh, non ! Pas ça ! Pas aujourd'hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait !"

Puis, tandis que Zidane sort du terrain : "Et c'est la dernière fois ! Il nous a fait tant rêver, il nous a donné tant de bonheur !"

Si un journaliste sportif a pu, à chaud, exprimer ainsi toute sa tristesse de fan effondré devant l'image de l'idole déchue, je me disais qu'un écrivain ayant pris le temps de la réflexion saurait tirer de ce fait de jeu quelque chose de percutant.

J'ai été déçue.

J'attendais nettement mieux de la part de celui qui avait écrit un texte bien plus intéressant dans la publication collective Football de légendes dans laquelle trente écrivains racontaient trente footballeurs européens légendaires.

Devinez qui Jean-Philippe Toussaint avait choisi... Zidane !

Voici ce qu'il en disait :



"Le soir de la finale de 1998, Zidane va marquer deux fois de la tête, et vous n'allez pas me dire que vous ne savez pas où vous étiez à ce moment-là. Tout le monde s'en souvient. C'est le sommet de la carrière de Zidane, il est adulé par la France entière, on n'a pas connu un tel enthousiasme depuis Voltaire. C'est le couronnement de Zidane à Saint-Denis ! Les vers de triomphe adressés à Voltaire à la Comédie-Française en 1778 s'appliquent d'ailleurs parfaitement à Zidane au Stade de France en 1998. Je ne change pas un mot. Je remplace simplement, poste pour poste, Voltaire par Zidane :



Aux yeux de Paris enchanté,

Reçois en ce jour un hommage que confirmera d'âge en âge

La sévère postérité.

Non, tu n'as pas besoin d'atteindre au noir rivage

Pour jouir de l'honneur de l'immortalité.

Zidane, reçois la couronne

Que l'on vient te présenter ;

Il est beau de la mériter,

Quand c'est la France qui la donne."



Ça a de l'allure, non ?

D'où ma déception.
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Monsieur

Nouveau roman de l'ennui??? Ce texte s'il est bien rédigé ne raconte rien, strictement rien, et le héros "Monsieur" est d'un ennui mortel. Heureusement le livre est mince, car ce n'est pas du tout ce que j'aime lire.
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La vérité sur Marie

Bien bien après faire l'amour, il me restait un bouquin reçu en cadeau à lire de cet auteur. C'est chose faite, moins pénible que le premier, une scène surréaliste réussie d'un cheval fougueux sur le tarmac d'un aéroport , pour le reste bof, ça pourrait être bien et puis il y a des phrases inutiles du genre : Marie avait un pull xxl sous ces jambes en Z, ou un beau poncif "nous n'avions jamais été aussi unis que depuis que nous étions séparés " sinon rien de nouveau l'homme et la femme s'aiment ils encore ? Vont ils recoucher ensemble ? Je ne parle pas des métaphores à la truelle que sont la fougue d'un pur-sang, la puissance évocatrice d'un incendie, un infarctus oui oui le cœur brisé. Les personnages sont de beaux clichés qui ne feraient pas honte à un photomaton, un bel aristocrate du milieu équestre, Marie (j'en peux plus de ce prénom à la fin du bouquin) belle jeune et jolie femme, un peu boudeuse, racée, élégante, et l'autre cœur brisé toujours en train de chialer sur sa nana, il a du succès auprès des femmes mais c'est Marie qu'il aime etc... Le prochain épisode on nous racontera une éruption volcanique, il y aura un train qui rentre dans un tunnel . En fait les histoires d'amour des autres m'emmerdent, surtout si c'est pas écrit à mon goût.

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Faire l'amour

C'est l'histoire d'un amour qui s'épuise, où nul ne trouve plus à se projeter dans le couple, essayant bon an mal an d'y croire encore pourtant. Un baiser qu'on peut donner, mais qu'on ne donnera pas. Des gestes tendres suspendus, parfois partagés, mais avec cette impression amère que c'est la dernière fois. L'envie d'être seul quand on est ensemble, l'envie d'être ensemble quand on est séparé et que les souvenirs font croire à ce qui manque. Ce je ne sais quoi d'inconfortable qui s'installe, comme une usure du temps, à l'image de cette humidité omniprésente qui pèse sur Tokyo.Le roman de J.P. Toussaint raconte tout cela à travers des personnages sensibles placés au coeur d'une lente et douloureuse prise de conscience. J'ai apprécié l'atmosphère lourde et silencieuse, les hésitations, l'observation fine des impulsions du désamour. Faire l'amour et le défaire semblent finalement mus par une même tension intérieure qui ronge jusqu'à consumer. Une belle analyse psychologique portée par un style toujours aussi clair, rythmé, fluide à la lecture.
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