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Critiques de Jean Raspail (206)
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Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscul..

Un pays, jadis fier et florissant, vidé de son âme et de son sang. Des foules hurlantes et sanguinaires qui tuent et massacrent avant de disparaître à jamais. Quelques survivants qui rasent les murs. Un Margrave, dernier d’une longue lignée, qui ne gouverne plus rien ni personne, et règne sur un peuple de fantômes. Une religion en train d’agoniser. Des hommes sans destinée et l’espérance qui fuit…

Sur ordre du Margrave, « sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était plus gardée… ».

Leur mission est de s’enfoncer dans les terres, d’aller le plus loin possible, afin d’y retrouver la vie, de comprendre la signification de cet effondrement soudain, de ce désastre. S’il y en a encore une !

L’aventure commence. Nos sept cavaliers iront aux confins du royaume pour ne rencontrer que ruines, haine, dégout. Un long voyage dans le néant… Une longue errance au milieu d’un désert d’hommes… Le regard d’une femme, un rêve qui se dérobe, une prière oubliée, quelques poèmes de Wilhelm Kostroswitzky (patronyme de Guillaume Apollinaire) récités au crépuscule autour d’un feu improvisé… Le constat désabusé de la fin de leur monde…

Et ces sept cavaliers paradant sur leurs beaux chevaux, emmitouflés dans leurs longues capes, qui accompagnent, fiers et dignes, tenaillés par un reste d’espérance, leur monde devenu trop vieux, trop fatigué, inutile, dans la longue nuit…

Un livre envoutant et d’une terrifiante actualité…



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La hache des steppes

La mort de Jean Raspail m’a incité à relire ce titre paru en 1973, que l’auteur m’avait dédicacé, que j’ai prêté et donc égaré …



Je désespérais le retrouver mais mon libraire a eu la délicatesse de m’orienter sur sa réédition par Via Romana en 2016 et je me suis replongé dans ce passionnant voyage qui emmène le lecteur autour du monde avec des étapes en Sibérie, au Japon, dans les Andes, mais aussi à Troyes et Amiens et nous promène à travers les siècles avec un auteur sans doute moins ethnologue que romancier surtout quand il croise Jacques Perret.



Obsédé par le manque de mémoire temporelle de ses contemporains et donc par l’oubli de leurs racines, Raspail part sur la piste des derniers survivants des peuples en voie d’extinction ou d’assimilation. Pèlerinage aux étapes contrastées arrivant sur une conclusion désespérante car « la hache des steppes ne porte pas bonheur ».

A noter que plusieurs des vingt chapitres figurent (avec quelques variantes) dans « Le Son des tambours sur la neige et autres nouvelles d'ailleurs » et que je suggérerai à un lecteur découvrant Raspail de préférer le son des tambours à la hache des steppes … mais cet avis n’engage que moi.



Cette relecture permet de mesurer le chemin parcouru par l’auteur dans sa réflexion politique et religieuse au fil de sa longue vie. Au début des années 70, ces pages sont celles d’un chrétien déboussolé par le Concile et d’un jeune aux tendances anarchistes ; au terme de son parcours Sire et L’anneau du Pécheur, par exemple, illustrent son évolution vers le monarchisme et l’Eglise. Evolution vers Via Romana … alors que la Hache des Steppes n’a vraiment rien de catholique … au contraire !
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Les Royaumes de Borée

Chaque relecture des Royaumes de Borée permet de découvrir une nouvelle facette de ce joyau de notre littérature qui est à la fois une fresque historique évoquant la branche nordique des Pikkendorff servant la principauté de Valduzia durant plus de trois siècles (cf. la critique de NewHorizon), un superbe voyage aux confins septentrionaux de l’Europe, aux lisières de la Finlande, de la Suède et de la Russie (cf. la critique de Bviallet) et une belle illustration du devoir de mémoire et de transmission aux générations futures.



Le Professeur Kleinkrutzwald-Meyerhof, ethnologue réputé, victime d’un cancer en stade terminal, est l’un des derniers « petit homme ». Ses parents ont péri le 11 avril 1945 en fuyant l’armée rouge ; il a été sauvé et adopté par un couple allemand échappé à bord du Marienburg, commandé par Paulus von Pikkendorf. En 1972 il a épousé Amelia fille d’ouvriers de Rostock et ont eu une fille Anna qui n’a jamais eu la curiosité d’interroger son géniteur sur leurs ancêtres … Anna a épousé un basketteur et donné le jour à Hans … tout aussi peu préoccupé de ses racines.



Le Professeur a passé sa vie à reconstituer l’histoire des « petits hommes » et de la foret de Borée.



Avec l’aide d’une famille juive, les Chapack, jadis victime d’un progrom, et d’une famille américaine d’ascendance valduzienne, les Souzda, il veut transmettre aux générations futures l’histoire des Royaumes de Borée, la maladie lui laissera t elle le temps nécessaire à cette mission ?

Ou va-t-il emporter avec lui cette mémoire ?



Dernier chapitre bouleversant … âmes sensibles abstenez vous !



Une très grande histoire, dans laquelle s’inscrit un peu de l’histoire personnelle de chaque lecteur au fil des événements historiques ayant bouleversé l’Europe ou des « progrès » technologiques ayant saccagé la nature.
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Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie

L'inconvénient d'une biographie, voire d'un roman biographique, c'est d'asservir le rédacteur au personnage, contrairement à la fiction qui donne le rôle de créateur à l'écrivain. Avouons qu'Antoine TOUNENS est un piètre personnage dont la mythomanie, l'impuissance, la veulerie ne suffisent pas à occulter la nullité et que commettre sa biographie est un exercice difficile. Ce constat explique pourquoi cet ouvrage est plutôt décevant et, à mes yeux, inférieurs aux oeuvres de pure fiction de Jean RASPAIL



Un « héros » aussi antipathique et inintéressant dévalue une oeuvre dans laquelle l'auteur fait revivre l'époque du second empire en France et au Chili. Evocation intéressante mais caricaturale et dégradante quand sont évoqués les Araucans et les Patagons, décrits comme un ramassis de primitifs abrutis par l'alcool qui donnent une vision infernale de la Patagonie.



Certains pourraient voir dans cet avoué commettant lois, discours et manifestes une caricature de Don Quichotte ou l'ancètre de nos modernes technocrates pondant des lois aussi inappliquées qu'inapplicables … oubliant que ce Roi de Patagonie est naturellement incapable de se reproduire.



La magnifique plume de Jean RASPAIL ne suffit pas à hisser ce livre au niveau de ses autres oeuvres, d'où ma relative déception.



PS : publié vingt ans après, "Adios Tierra de Fuego", décape la légende et fait oeuvre d'histoire.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le Camp des saints

Un livre intelligent et prémonitoire. Les hommes du Gange ont décidé de se lancer à l'assaut de l'Europe, et plus particulièrement de la France, au sein d'une armada de bateaux. Ils sont des millions à fuir la misère à bord de centaines de navires et font cap vers un monde opulent. Ils sont prêts à tout pour parvenir à leur fin. En France, les politiques ne savent comment réagir tandis que les médias et les intellectuels mettent tout en oeuvre pour faire pencher le débat vers l'accueil des migrants.



Jean Raspail a publié ce livre en 1973. Il décrit fort bien, avec anticipation, la société française actuelle (et plus largement la société occidentale) :

- Les politiques, qui n'agissent que par intérêt carriériste et qui ont un double langage, optant pour celui qui les arrange au moment opportun.

- L'Eglise, qui par charité chrétienne est prête à accueillir tous les malheureux du tiers monde au détriment des populations autochtones, au nom de la fin de la misère humaine et du Christ.

- Les associations humanitaires qui sont prêtes à vendre et à voir disparaitre une civilisation, leur propre civilisation, pour favoriser celle des autres.

- Les médias qui sont largement des éléments de diffusion de la propagande bien-pensante et qui oeuvrent au délitement des consciences des peuples européens.

- L'éducation nationale, qui poursuit le même but que les médias, mais cette fois d'une façon plus vicieuse encore : en s'acharnant directement à inculquer aux enfants (en misant sur l'avenir donc) les fondements nécessaires au délitement d'une identité millénaire.

- Les intellectuels, convaincus ou non, faisant leur business au nom de l'humanisme et de l'universalité de l'Homme, prônant un « Homme nouveau » dont l'immigrant sera l'avant-garde.

- le couple français prolétaire typique, représenté par Marcel et Josiane qui, une fois le boulot terminé, se prélasse toute la soirée devant la télévision, absorbant tous les messages diffusés nécessaires à leur abrutissement et au cautionnement des idées dominantes.

- le militant d'extrême gauche, pour qui seul le métissage à l'échelle mondiale permettra de mettre tout le monde à égalité.

- Enfin, la censure des opinions dissidentes, c'est-à-dire celles qui ont le souci de la préservation d'un peuple.



Tout y est. Nous y sommes.



Dès le début du roman, nous savons que l'invasion de ces hommes sur le continent est inéluctable. La faiblesse des dirigeants et leur idéologie mortifère les empêcheront d'agir. Confrontés au problème, les bien-pensants vont vite se rendre compte de leur erreur et de leur incompatibilité avec l'étranger. Certains mourront, des femmes seront violées, les plus aisés partiront vers la Suisse… Finalement, les autochtones deviendront l'étranger, ils deviendront l'Autre.



Le livre est souvent organisé dans une sorte d'arguments / contre-arguments. On lit ainsi le discours bien connu de la pensée de masse via certains personnages, message distillé par ce que Raspail appelle « la Bête ». Mais l'on retrouve toujours des hommes qui ont gardé une partie de leur conscience identitaire pour leur répondre.



C'est un livre pessimiste et prémonitoire. C'est aussi un livre terrible, parce que la situation actuelle est encore pire. Jean Raspail n'avait pas vu venir l'Union Européenne, la fin de la souveraineté et le président de la République de son roman est aussi bien différent…



Concernant l'écriture, c'est du Jean Raspail, c'est-à-dire excellent. L'édition comporte quelques coquilles mais rien de dramatique. La préface « Big Other » est magistrale. Un livre à lire absolument.

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Adios, Tierra del Fuego

Après « Terre de feu » en 1952, « Le jeu du Roi » en 1976, « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » en 1981, Le Président en 1985, Jean Raspail est retourné en 1999 sur « ses » terres dire « Adios, Tierra del Fuego » !



Merveilleux voyage à travers les siècles et les civilisations ce livre couronne son oeuvre patagone et nous mène sur les traces de Magellan, du Pasteur Williams et des évangélistes anglo saxons, évoque avec nostalgie de drame de Mayerling, l’épopée du croiseur Dresden et les missions du Capitaine Pagels, puis les proscrits du III Reich avec Saint Loup.



Jean Raspail met un point final à la légende d’Antoine Tounens, qu’il a largement contribué à faire connaitre, et admet que celui ci n’est même pas inhumé dans le mausolée financé par la générosité d’André Maurois.

A Toutoirac, les rejetons ne rêvent plus, mais la mémoire des Peuples nomades de Terre de Feu n’a pas fini de nous hanter, et le mythe Patagon de faire rêver.



Un testament incontournable, un chef d’oeuvre qui ramène « Le jeu du Roi » et « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » au rang d’ébauches …



Peut être le livre le plus abouti de Jean Raspail ?
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Qui se souvient des hommes...

L’ethnie des Kawésqars, soit des « Hommes », encore appelés Alakalufs, a aujourd’hui disparu. Installé sur la Terre de Feu depuis plus de six mille ans, ce peuple nomade de la mer vivait sur des canots le long du versant pacifique des Andes méridionales, dans un redoutable labyrinthe de chenaux et de fjords reliant une multitude d’îles et de presqu’îles inhospitalières, sous un climat instable et glacial, réputé pour la violence de ses tempêtes et la permanence de ses intempéries. Lorsque Magellan « découvre » cette région en 1520, le choc culturel est une déflagration pour ces Amérindiens restés à l’âge de pierre dans un complet isolement. La colonisation de leur territoire ne commence réellement qu’au cours de la seconde moitié du 19e siècle, mais entre les maladies, les persécutions et l’incompatibilité des deux mondes qui se rencontrent, leur population est quasiment anéantie en quelques décennies seulement. Elle finit par s’éteindre inexorablement au cours du 20e siècle.





Sensibilisé par ses voyages au sort de ces diverses populations que la modernité voue à la disparition, l’auteur n’a jamais pu oublier le canot kawésqar et ses misérables occupants, croisés en Terre de Feu en 1951. Ses explorations de témoignages historiques l’ayant choqué par leur manque total d’empathie envers ces êtres trop primitifs pour demeurer humains aux yeux de leurs observateurs, il entreprend ici de leur rendre hommage dans un récit romanesque, construit à partir des connaissances de l’ethnologue José Empéraire mais aussi de ses propres recherches et réflexions, et destiné à nous faire imaginer et ressentir le point de vue de ces hommes et de ces femmes, jetés directement du paléolithique à l’ère moderne.





Si la somme de leur ahurissement et des incompréhensions mutuelles prêtent parfois à rire, l’histoire de leur confrontation à nous, les hommes modernes, est une tragédie accablante qu’on ne peut lire qu’étreints d’un mélange d’effroi, de tristesse et de honte. Pourtant longtemps et dramatiquement éprouvés par l‘environnement naturel dantesque où les Kawésqars évoluaient à leur aise, les colons ont, là comme ailleurs, tiré parti sans vergogne du déséquilibre des forces en leur faveur. Mais, entre les indigènes et les Pektchévés – les étrangers -, c’est surtout l’irrémédiable incapacité à communiquer et à se comprendre que Jean Raspail met en évidence, au fil d’épisodes tous plus confondants les uns que les autres. Souvent cruelle comme lorsqu’elle transforme en bêtes de foire les individus qu’elle emmène en Europe sans se préoccuper de leur terreur si loin de leurs repères, ou encore stupide quand elle déplore leur sur-mortalité sans se sentir responsable des épidémies qu’elle leur inflige, naïve aussi dans ses tentatives d’évangélisation et d’éducation à l’emporte-pièce, la « civilisation évoluée » se montre incapable de sortir de ses référentiels, de faire preuve d’empathie, et tout simplement, d’humanité.





Aussi passionnante que consternante, cette étonnante confrontation entre deux mondes séparés par plusieurs millénaires d’évolution a de quoi faire réfléchir. Ferions-nous mieux aujourd’hui ? On peut en douter. Mieux vaut sans doute que notre route ne croise jamais celle d’éventuels extra-terrestres, à moins que ces derniers n’aient quelque avance sur nous en matière d’humanité et d’empathie… Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La miséricorde

Commencé en 1966 sous le titre « la Croix de Bief » et poursuivi jusqu’en 2003 sous le titre « Dieu, cellule 25 », « La miséricorde » a été publié en 2019, inachevé, car interrompu à la page 167.



Ce court ouvrage est un très grand roman du niveau de « La puissance et la gloire » mais ici Raspail nous plonge dans l’impuissance du reclus et la déchéance du condamné.



En 2001, Jérôme des Aulnais, gloire du barreau parisien, en vadrouille du coté de Périgueux, découvre dans une petite église un confesseur dont la voix lui rappelle celle d’un client, cinquante ans plus tôt : le curé de Bief condamné à mort pour avoir assassiné et dépecé sa maitresse enceinte de ses oeuvres. Alors assistant du bâtonnier, le jeune avocat contribua à la grâce du condamné … enfermé à perpétuité.



L’Abbé Charlébègue, détenu cellule 25, attire l’attention en 1960 du nouvel Evêque de Nivoise, Monseigneur Anselmos, et celui ci, à l’image du Monseigneur Myriel des Misérables va progressivement ré-humaniser le pécheur ce qui nous offre des pages d’une grande charité et d’une bienveillance exemplaire.



Mis en liberté conditionnelle après des décennies d’internement, l’abbé s’enferme dans l’anonymat d’un confessionnal et consacre ses derniers instants à entendre et absoudre des chrétiens souvent éloignés depuis des années du sacrement de réconciliation.

Le prêtre et l’avocat se retrouvent…



Au lecteur de conclure puisque Raspail s’est jugé indigne de poursuivre ce bouleversant dialogue, qui devient un dialogue entre le lecteur et Dieu…. « Domine, non sum dignus »



Magnifique ouvrage, dont la publication est providentielle en notre époque où des prêtres (et tant d’autres) scandalisent leurs ouailles et l’opinion par leurs débauches.



Témoignage d’espérance en la rédemption, de foi en Dieu et de charité pour tout homme même le plus indigne, « La miséricorde » apparait être le testament de Jean Raspail.
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L'Ile Bleue

Juin 1940, mois funeste s’il en fut, est le temps où Jean Raspail nous mêne vers « L’île bleue », en Touraine.



Atypique dans l’oeuvre du romancier, cet ouvrage débute comme un « club des cinq », avec des jeux enfantins en 1939, puis, la puberté arrivant, avec des comédies adolescentes au printemps 1940. L’auteur s’y incarne aux cotés de Bertrand, Pierre, Zigomar, Maïté et Zazanne et nous promène de gentilhommières en propriétés dans l’univers paisible et insouciant de la bourgeoise provinciale régie par des « tantes » bon enfant. Décor qui fut celui de l’enfance de notre Jean dans ses années de scoutisme.



Arrive la débâcle qui nous projette dans une autre ambiance avec l’exode vers les châteaux tourangeaux du gouvernement, de ses fonctionnaires et de leurs dossiers. « Un gouvernement qui fout le camp dans un relent du jupon, un chef d’Etat qui ment, qui se débine, un peuple qui se débine, qui fuit, qui n’est plus qu’un chaos… ». Atmosphère que Roger Peyrefitte avait fort bien décrit dans « la fin des ambassades » en 1953 et que Raspail prolonge avec, par exemple, cette évocation « visiteur de haute taille et d’allure assez prétentieuse , coiffé d’un extravagant chapeau de feutre blafard dans le jour naissant, entouré d’une camarilla tourbillonnante de petits secrétaires excités comme des puces et de chauffeurs bien découplés débarquant d’énormes valises de luxe sur le perron, et qui lui déclara se nommer Alexis Saint Léger Léger, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères venu prendre possession, sans même éprouver le besoin de s’excuser, du château réquisitionné pour y installer ses services. » et cette claque de la mère de Maïté, « Vous avez sans doute vos raisons Monsieur, mais c’est quand même un peu léger de votre part ».



La tragédie arrive, peu après que la délégation d’armistice, conduite par le Général Hutzinger, soit passée quand Bertrand, réincarnation mythique du Connétable, sauve l’honneur.

Le lieutenant Franz von Pikkendorff récupère les drapeaux impériaux conquis en 1918 des mains du Général Dentz, gouverneur des Invalides, puis poursuit sa progression vers le sud. Le 21 juin, ses blindés passent l’île bleue et le 29 juin, « c’est fait »…



J’avoue que cette fin me navre car la « collaboration » qu’elle initie entre le soldat et la comédienne, la lâcheté quasi générale des personnages, manque pour le moins de panache et s’écarte de la droite ligne incarnée d’ordinaire par les héros de Jean Raspail.

Ce roman méritait, à mes yeux, une conclusion plus noble. Mais, après tout, cette oeuvre est peut être plus biographique que romanesque et toute confession sincère mérite absolution.
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Le Son des tambours sur la neige et autres ..

Quel régal de lire ou relire l’une de ces six nouvelles écrites dans les années 1970 à 1990 et rééditées en 2002 :



• « La passation du pouvoir » dépeint l’arrivée d’un nouveau locataire à l’Elysée. Les deux Présidents (le partant et l’entrant) s’enferment pour se transmettre les codes nucléaires et les dossiers secrets. L’un des deux ne survit pas à ce rite républicain … du pur Raspail au meilleur de son talent qui offre une peinture au Karcher de la caste politico médiatique. Je confesse apprécier ces pages politiquement incorrectes qui n’ont pas pris une ride au fil des quinquennats. Un régal … prémonitoire, hélas, de la république en marche vers son effondrement ?



• « Tombeau d'un garde suisse » nous mène au Comtat Venaissin aux cotés du « mouvement du 19 janvier » en lutte pour le rattachement du Comtat aux Etats pontificaux… la nostalgie romantique d’une cause perdue où Raspail marche sur les traces de Lord Byron luttant pour l’Indépendance grecque.



• « Le son des tambours sur la neige », qui donne son titre au recueil, évoque les Oumiates, ce peuple que l’on retrouve dans son roman « Septentrion » … Raspail sur les traces des peuples disparus ou Raspail prophète de la marche du monde vers sa fin ?



• « Les hussards de Katlinka » réunit les combattants de la LVF retraitant lors de l’hiver 1941/1942 dans la région de Smolensk et les descendants des hussards napoléoniens qui 129 ans ans plus tôt ont fait souche à Katlinka. Raspail cherche leurs descendants et les trouve près d’Amiens à la fin du XX siècle … le temps et l’amnésie ont gommé toute trace de ces ancêtres.



• « Une étrange exploration dans la forêt africaine en l'an 2110… », permet à des explorateurs mandatés par l'ONU de retrouver une tribu perdue au coeur de l'Afrique Wallonne des années 1950. Une histoire belge cruelle pour les technocrates de l'ONU et qui peut heurter un lecteur dévot du « vivre ensemble ». Ce récit se trouve également dans « Le tam-tam de Jonathan » et « Boulevard Raspail »



• « Athaulf le Wisigoth », dans le trésor personnel de Jean Raspail, figure une hache de pierre noire, qui vient du fond des temps, du fond des steppes. Objet transmis de père en fils (?) depuis des siècles qui rattache la génération présente à ses ancêtres et la projette vers les générations suivantes. Chaque homme est un héritier qui doit tout ou presque aux générations antérieures et doit transmettre le monde aux générations futures … Raspail, attentif au devoir de mémoire, honore nos racines et plaide pour une éducation qui transmette nos valeurs civilisatrices. Cette nouvelle de 24 pages justifierait à elle seule l’acquisition de ce recueil !



En conclusion, ces brèves nouvelles fournissent au lecteur matière à réflexion au fil de pages intrigantes et superbement rédigées qui peuvent être une bonne porte d’entrée à l’univers littéraire de l’un de nos plus grands romanciers.
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Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscul..

Formidable hommage à Guillaume Apollinaire (ressuscité sous son patronyme Wilhelm Kostroswitzky) et à ses Cosaques Zaporogues, un peu oubliés de nos jours, qui défendent l’empire Russe sur ses frontières toujours fluctuantes car non dessinées par la géographie, j’aime relire régulièrement les « Sept cavaliers » et j’avoue me retrouver dans le personnage de Maxime Bazin du Bourg lisant Alcools d’Apollinaire encensant Rome et diabolisant le sultan de Constantinople « plus criminel que Barrabas ».



Lecture idéale, notamment pour les voyageurs du RER, ce roman se distingue profondément de Septentrion, autre oeuvre de Jean Raspail et se rapproche plutôt du Camp des Saints par son évocation de la chute d’une civilisation et de l’ensauvagement qui résulte du désordre consécutif à l’abdication d’un pouvoir doutant de sa légitimité. Publié en 1993, il apparait prémonitoire, hélas, à plus d’un titre en décrivant la violence découlant de ces périodes anarchiques où la loi du plus fort s’impose pour le plus grand malheur des femmes, des enfants et des vieillards. Raspail était visionnaire en devinant que les tchétchènes l’emporteront finalement … comme ils l’ont montré cet été à Dijon.



D’autres auteurs, comme Jean Rolin dans « les événements », reprennent ce thème de l’effondrement de l’état et du grand remplacement pour nous rappeler que les civilisations sont mortelles et que la démographie initie toujours les migrations.



Raspail, dans la lignée d’Apollinaire, espére qu’il n’est pas trop tard et proclame n’ayons pas peur de renouer avec nos racines culturelles et la vocation de nos nations.
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Septentrion

Jean Rudeau, alias Jean Raspail, nous emmène vers les froids du grand nord avec trente quatre compagnons en quête de liberté.



Raspail reprend l’un de ses thèmes de prédilection : quand l’espoir n’est plus envisageable, l’espérance prend le relais.



Un magnifique conte philosophique.
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Le roi au-delà de la mer

Dans le prolongement de Thierry Ardisson et son « Louis XX : Contre-enquête sur la Monarchie », publié à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, Jean Raspail interpelle les prétendants au Trône.



Trois évocations hantent cet ouvrage et justifient sa lecture par leur souffle épique :

- la profanation des sépultures dans la basilique de Saint Denis en 1793, au coeur de la Terreur.

- la défaite des Jacobites en 1746 à la bataille de Culloden et l'extermination des insurgés écossais par le duc Cumberland et ses mercenaires allemands.

- la tentative de la duchesse de Berry en 1832 et le sursaut des vendéens.



Nostalgie nourrie d'histoire, avivée par le spectacle offert par notre république incarnée par des présidents rendus impuissants par le quinquennat et le poids des médias, cet ouvrage ne m'a pas convaincu et je doute qu'une restauration monarchique soit possible et soit aujourd'hui souhaitable.



Le rétablissement de la royauté en Espagne est-il, par exemple, un modèle enviable ?



Un ouvrage qui incite à la réflexion mais ne laisse un souvenir impérissable contrairement à l'inoubliable « Sire ».
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Le tam-tam de Jonathan

Depuis 1971, je lis et relis régulièrement les cinq nouvelles qui constituent ce livre, aujourd’hui quasi introuvable, dans lequel Jean RASPAIL restitue les anecdotes glanées en vingt ans de voyages à travers le monde. « J'ai éprouvé un instant l'irrésistible désir d'aller porter ma jeune existence au‑delà de l'horizon, là où l'espace et le vent offrent à l'homme une dimension que je voyais comme une éternité palpable...» (in Le Président).



En 1949, en canoë, il vogue de Québec à La Nouvelle-Orléans en traversant ce qui fut l’Amérique Française. En 1951-1952 il rallie la Terre de Feu à l’Alaska en voiture. En 1954 il dirige une expédition scientifique sur la trace des incas et publie chez Julliard  « TERRE DE FEU-ALASKA » et "TERRES ET PEUPLES INCAS ». En 1956 il vit un an au Japon puis découvre les Caraïbes et débute sa carrière de romancier à la fin des années soixante.



Ces cinq excursions sont dans l’ordre :



« L’ascenseur du Président Césette », inspirée par la dynastie DUVALIER, glorifie un liftier haïtien qui gère l’ascenseur de l’hotel national sans assistance étrangère. Cocasse, dramatique et terriblement vrai …



« La lettre du Papou », narre le canular d’un diplomate normand se faisant passer pour un chef papou qui rédige une missive à l’ONU pour rejeter l’annexion par l’Indonésie. Panique dans le machin … c’est ma préférée … (A soixante ans, quel heureux homme ! Une fille fraîche et souriante, qui prépare d'aussi bons petits déjeuners, qui fait l'amour et puis se tient à sa place, et l'épistolier sauvage, Josué-Gaston Akata le Papou, pour rire tout seul, quand on s'ennuie…) … cette lettre figure également dans le recueil « Boulevard Raspail ».



« Sur la ligne n° 7bis ( Louis-Blanc - Pré Saint-Gervais ) Noirs sont les tunnels du métro », durant le mois d’aout, en l’absence de la hiérarchie partie en vacances, des employés noirs africanisent une ligne RATP. Un délire rythmé par le Tam-Tam de Jonathan. Une farce qui vire à la tragédie. Une lecture savoureuse et épicée pour les assujettis au métro.



« Une étrange exploration dans la forêt africaine en l'an 2110… », permet à des explorateurs mandatés par l’ONU de retrouver une tribu perdue au coeur de l’Afrique Wallonne des années 1950. Une histoire belge cruelle pour les technocrates de l’ONU et qui peut heurter un lecteur dévot du « vivre ensemble ». Ce récit titré « un territoire inconnu » est également inséré dans « Boulevard Raspail » .



« Suis au coeur du combat dans Japon Païen et lubrique - Stop - Christ vaincra - Stop - Angelica. », où comment une évangéliste américaine crédule et généreuse se fait plumer par des hindous puis déplumer par des japonais. Ce n’est pas ma préférée car la chute est déconcertante.



L’ensemble est du pur Raspail reconnaissable à son style, à l’altitude d’où il observe le monde, à son amour des civilisations dans leurs originalités et leurs fidélités à leurs vocations. Conservateur adversaire du cosmopolitisme, de l’uniformisation, du nivellement. Convaincu que « lorsque le peuple n’existe plus, il n’y a plus que des individus », proies faciles à tous les asservissements car déracinés de leurs cultures.
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En canot sur les chemins d'eau du Roi : Une..

Jean Raspail nous a quitté aujourd’hui 13 juin 2020.

Je l’avais revu en décembre dernier, lors d’un salon du livre où avec son attention et sa gentillesse habituelle, il confiait une anecdote à chacun et m’avait avoué sa fatigue.



Depuis « Le Tam-Tam de Jonathan » en 1971, j’ai lu et apprécié son oeuvre immense et cette après midi je souhaiterais vous emmener en sa compagnie naviguer « En canot sur les chemins d’eau du Roi ».



En 1949, âgé de 23 ans, Jean et trois amis scouts pagayent pendant 200 jours, sur 4500 kilomètres du Canada à La Nouvelle Orléans en empruntant les cours d’eau, ou plutôt les chemins d’eau, qui mènent du Saint-Laurent au Mississippi, et traversent ce qui fut l’Amérique française de 1673 à 1763, époque ou le Royaume de France était la première puissance mondiale.



En 2005, Jean Raspail rouvre ses carnets de notes de l’époque et publie ce témoignage, distingué par la Société de Géographie, qui apparait être une synthèse de sa vie, de son oeuvre et son testament spirituel. Le lecteur y lit sa nostalgie de la France civilisatrice et sa piété pour celles et ceux qui ont bâti notre empire au cours des siècles et son espérance que notre pays saura retrouver sa vocation. (thème de son chef d’oeuvre « Sire »)



Un message plus optimiste que celui transmis par « Le camp des saints », son ouvrage le plus célèbre, prophétie terriblement pessimiste sur l’avenir de l’occident noyé sous la vague migratoire.



« En canot sur les chemins d’eau du Roi » respire la joie de vivre et c’est ce souvenir que je conserverai de Jean Raspail.
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Pêcheur de lunes

Ce n'est pas la suite de "Qui se souvient des hommes..." mais c'est de la même veine. Toujours l'écriture évocatrice de Jean Raspail, cette fois sur la piste d nombreux peuples disparus, comme les Indiens Algonquins, les Mohicans, les Arawaks, les Oumiates et bien d'autres.



Cette recherche des peuples premiers réalisée par l'auteur ne peut lasser un lecteur tant elle est forgée de curiosité et d »émotions devant la découvertes du quotidien de ces civilisations disparues ou presque pour certaines.



La quête de Jean Raspail au long de ce livre déroule une succession de pistes dont certaines s'effacent avant la moindre découverte, mais elle est opiniâtre et prenante pour celui qui la suit.



Jean raspail évoque aussi le mal causé à ces peuples par les colons, les militaires, même les missionnaires qui auraient dû d'abord les écouter plutôt que de vouloir leur imposer une foi qu'ils ne pouvaient comprendre et qui existait assurément en eux sous une autre forme.



Jean Raspail a souvent été contesté pour ses positions dites extrêmes, il était royaliste, pourquoi pas, mais sûrement pas fasciste car il aimait trop le genre humain.



Un beau livre que cette recherche des Pêcheurs de lunes.

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Qui se souvient des hommes...

Lire Jean Raspail est déjà un privilège. Bien sûr, tout un chacun peut se saisir d'un de ses livres et il découvrira, au-delà d'une écriture très riche, la force du témoignage d'un homme qui aime le voyage et l'humain. Mais Jean Raspail sort des sentiers convenus du roman et livre, me semble-t-il, autre chose : une empreinte d'humanité et de poésie, tragique pour celui-ci, mais si prenante.



Son texte est court, mesuré, ciselé, il emmène immédiatement le lecteur à bord d'une pirogue où les ultimes survivants d'un peuple se serrent les uns contre les autres, emportés vers une destinée inexorable, celle de la mort et de la disparition de leur peuple.



Ces Hommes, les Alakalufs, qui vécurent aux confins de la Patagonie, à l'extrémité de la Terre de Feu, sont confrontés à toutes les puissances dévastatrices de la nature, violence de l'océan et de ses tempêtes, froid glacial de ces contrées extrêmes, pénurie alimentaire, bref une survie de chaque jour qui mène peu à peu vers la fin inéluctable de leur peuple.



Jean Raspail, par son écriture flamboyante, grave dans nos mémoires le destin de Lafko et des siens. Ainsi, si on a lu ce livre bouleversant par moments et même dans son ensemble, on se souviendra de cette lecture et des Hommes. Et on pourra dire à Jean : merci de m'avoir fait connaître les Alakalufs, je m'en souviendrai.

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Le Camp des saints

Une flotte d'immigrés indiens fait cap vers la côte d'Azur française. Ces gens charmants sont typiques de tout immigré c'est-à-dire dirigés par un être difforme, puants la merde à dix kilomètres, copulant pendant tout le voyage, adultes, adolescents et enfants mélangés et parfois s'épouillant.



En France, deux camps s'opposent : le camp majoritaire est ravi de cette occasion inespérée de prouver sa solidarité ; il applaudit des deux mains quand les Indiens tuent un blanc, ravis de pouvoir expier leurs crimes passés ; ils pleurent de joie à l'idée que l'héritage de leurs ancêtres va bientôt être mis à sac. Le camp minoritaire, prépare la défense, conscient d'être le dernier rempart de la race blanche et de l’Église catholique face aux envahisseurs.



La justice immanente est, pour une fois, imminente : les patrons qui ont préféré embaucher des immigrés plutôt que des bons français finiront écorchés par leurs ouvriers, les hommes qui ont milité pour la cause des immigrés verront leurs femmes et leurs filles violées par ceux-là même qu'ils défendaient. Les clandestins tapis dans les sous-sols refont surface pour achever le massacre. La race blanche va-t-elle disparaître, ainsi que ses innombrables qualités héréditaires ?



En bref, une « bonne grosse daube d'extrême-droite », pour reprendre la qualification d'une autre critique. Aucune subtilité dans le propos, l'auteur se contente d'empiler les clichés grotesques les uns sur les autres avec une persévérance qui fait plaisir à voir. Le seul intérêt de ce livre doit consister dans les « 87 motifs d'éventuelles poursuites judiciaires » sur le fondement des lois antiracistes dont se targue l'auteur, qui doit être le seul gage de qualité littéraire qu'attend son lectorat.
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Qui se souvient des hommes...

J'ai lu plusieurs livres de Jean Raspail ( Le Président, L'anneau du pêcheur, Le camp des saints ). Ce livre est celui que je préfère, et de loin . C'est une parabole de la condition humaine, les Alakalufs c'est nous, jetés sur cette coque de noix perdue dans l'Univers qu'est notre petite planète que nous nous acharnons à détruire. Ce livre m'a mis des images magnifiques dans la tête, les paysages austères, grandioses, glacials de la Terre de feu et les malheureux indiens nus condamnés par un Dieu indifférent à y vivre et à y mourir petit à petit jusqu'au dernier, jusqu'à ce que leur souvenir lui même disparaisse de la mémoire des autres hommes, de toute façon eux aussi condamnés à disparaître dans un hiver nucléaire ou la canicule fatale du réchauffement climatique.

On a dit parfois que Le camp des saints était un livre prophétique, je pense plutôt que le vrai livre prophétique de Raspail c'est celui-ci.

Un cinéaste pourrait faire un grand film à partir de cette oeuvre magnifique et inspirée (mais j'imagine mal un producteur assez fou pour tenter de financer une telle adaptation !)

"Le ciel se brise en pluie d'étoiles dans un vacarme d'épouvante. La nuit resplendit d'éclairs rouges et de lueurs de feu. Les glaciers fondent. Les montagnes se fendent. Réfugié au bord de sa grève, sur le dernier coin de sable encore sec, Lafko voit passer des vagues énormes charriant des carcasses de navires comme si une tempête formidable avait arraché du fond des mers toutes les épaves des temps anciens.

[ ... ]

Tout est calme désormais. Lafko marche sur des nuages, environné de silhouettes blanches qui lui font escorte par milliers et dont le ciel est entièrement peuplé. Enfin, une voix lui dit :

" Te voilà. Sois le bienvenu chez toi, Lafko. C'est vrai que tu es petit et laid, que tu as l'intelligence misérable, que tu sens mauvais, que tu es sale.

" Mais voit comme tu me ressembles ".

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Le Camp des saints

Le Camp des saints a été publié en 1973. Il décrit les conséquences d’une immigration aussi massive que brutale en France. Un million de miséreux indiens embarquent sur des cargos branlants et, au terme d’une expédition marine dévastatrice, parviennent sur les plages de la Côte d’Azur. Durant les 6 mois que dure la traversée, les pays occidentaux aux aguets passent de la bienveillance humaniste à la panique totale. Car ces pauvres sont plus déterminés que jamais et ne font aucun cas des discours humanitaires. Grand bien leur fasse car au moment de leur arrivée, cela fait longtemps que ces derniers sont dépassés.Toutes les tensions ressurgissent : extrême-droite, droite, gauche; riches, pauvres; ouvriers, employés; tous prennent parti. Mais tous finiront par fuir pareillement.



Ce roman a déclenché beaucoup de polémiques en France. Tout en s’accordant sur la qualité littéraire de ce long texte, de nombreux passages ont été dénoncés comme étant franchement racistes. Il est vrai que Jean Raspail utilise un langage très cru, volontairement violent et extrême. Il énonce ainsi un discours très anti-conventionnel, dénonciateur, sans concession, envers l’hypocrisie des sociétés occidentales.



Sans adhérer à la plupart de ses propos, je me dis qu’il y a une part de vérité dans ce constat d’un gouffre entre les discours et la réalité. Il est facile de déployer de grands mots et les plus belles valeurs, mais ça ne permet pas de régler les problèmes.



Dans son extrémisme, le mérite de Raspail est de nous faire réfléchir vis-à-vis de nos propres réactions, de nos propres hypocrisies et de nous remettre en question. Il ne s’agit pas de prendre ses propos à la lettre, puisqu’il s’agit bien sûr d’un texte allégorique, mais bien de prendre du recul sur des mouvements, des changements dans la société actuelle. Dans sa préface de la nouvelle édition, parue en 2011, Raspail réactualise son texte, le remettant dans le contexte de la France d’aujourd’hui, les tensions liées à la montée de l’islam et les problèmes d’immigration.



Cependant, la qualité littéraire et la démarche de réflexion impliquée dans ce texte n’excusent pas certaines accusations, certains raisonnement typiquement d’extrême droite qui jouent sur nos peurs les plus profondes, sans finesse. D’ailleurs, Raspail a lui-même compté 87 passages qui pourraient être l’occasion de poursuites pour incitation à la haine raciale.



A prendre avec précaution : un roman à ne pas mettre entre toutes les mains.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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