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Critiques de Jean d` Ormesson (960)
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Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

Trois grandes parties : « Tout passe », « Rien ne change » et « Il y a au dessus de nous quelque chose de sacré »

Difficile de voir un lien entre elles ; pourtant Jean d’Ormesson s’y faufile et nous convie à le suivre, en semant des petits cailloux blancs, vers l’idée de Dieu ; vers son idée de ce qu’est son Dieu.

Insidieusement il nous rappelle notre réalité d’être mortel que nous oublions si facilement, que nous n’assimilons pas du tout même lorsqu’une mort très proche nous touche ; il nous rappelle encore la fugacité de l’univers

Il s’agit là d’une remarquable prouesse que d’introduire cette idée obscure de Dieu, idée abstraite s’il en est, en s’appuyant sur des réalités scientifiques des plus concrètes, plus particulièrement sur l’infini et surtout sur le temps. - Nous sommes de la poussière d’étoiles, affinée par le temps -, nous rappelle-t-il.

A travers un style léger mais très maîtrisé l’auteur fait naître en nous, alternativement ,joie, espoir, tristesse et désespoir pour finalement nous laisser un sentiment ; le sentiment, au-delà du temps qui passe, de l’éternité de l’amour, et au-delà encore, le sentiment de l’Eternité totale, le sentiment diffus et fugace de Dieu.

Le temps, l’éternité, seraient-ils l’expression de Dieu ?

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Histoire du Juif errant

Contrairement à Marie, j'ai peu été séduit par Simon, ce juif vénitien se plaisant à étaler sa culture, à nous égarer dans des anecdotes historiques racontées par petits bouts et dans le désordre, entrecoupées de réflexions philosophiques sur l'origine du monde, l'amour, la mort, le temps, l'Histoire...



Avec plus ou moins de talent, il romance Jésus, François d'Assise, Christophe Colomb, le Khan, Néron, la citoyenne Laborde, le vicomte de Chateaubriand, siège de Ravenne, Tombeau d'Allaric, les chutes de Rome, la prise de Massada, le quatrième Boudha, les Vikings, le courrier de Napoléon, le zéro arabe...



J'en ressors tout aussi ignorant, retenant juste que l'Histoire n'a pas de sens, et que le seul sens de notre vie est la mort, ce que tente de nous faire oublier l'amour.

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Et moi, je vis toujours

Quelle aventure ! Je n’avais pas lu la quatrième et je m’attendais pas du tout à cela, je pensais plus un livre d’adieu, sur sa vie, sa carrière, un flash back. Mais loin de moi d’imaginer, courir toute une histoire, celle de l’humanité.

J’ai beaucoup appris, peut être moins retenu car c’est dense, riche, j’ai découvert des pans d’histoire qu’on survole voire passe carrément à l’école, et j’ai retrouvé avec plaisir des personnages haut en couleur qui me donne l’envie de les relire comme Voltaire, Molière.

C’est l’histoire donc plus des lieux, des personnes illustres que nous offre l’auteur. C’est très intéressant pour ceux qui aiment l’histoire ou la découverte de petites anecdotes sur telle ou telle époque, ou fait historique.

Sans compter bien sûr la plume savoureuse de Jean D’Ormesson. Franchement il tire sa révérence par un bel ouvrage comme si il avait mis sa pierre à l’édifice de la grande Histoire, et gravé de son nom son œuvre auprès des grands de la littérature, et il peut bien, c’est grandement mérité.
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Guide des égarés

Livre rédigé sous la forme de pensées ayant pour questionnement central notre place dans l’univers, le dernier essai de Jean D’Ormesson n’est pas un manuel de philosophie. Même si on se sent proche d’un Discours de la méthode dans le sens où chaque paradigme découle du précédent.

Articulé en chapitres aux thèmes divers et variés : amour, Mort, Vie, pensée, réalité…, ce court livre d’une centaine de pages m’a un peu dérouté. Je ne m’attendais pas à ça. Je lis Jean D’Ormesson depuis de nombreuses années et le lecteur aura plaisir à retrouver les thèmes si chers à l’auteur. Cependant, cet essai m’a laissé sur ma faim. Il y manque quelque chose. Je n’ai pas retrouvé la chaleur des précédentes parutions. C’est admirablement bien écrit. Les références, intelligentes et drôles, ajoutent de la couleur au propos. Mais cet étalage thématique manque pour moi d’aboutissement. On est tenté de dire : Oui, mais après ? À quelle conclusion aboutissez-vous ? Le dernier chapitre consacré à Dieu, répond partiellement à cette question mais l’auteur ne va pas plus avant dans sa démonstration et refuse presque de nous dire le fond de sa pensée. L’aboutissement de sa réflexion profonde. Et c’est un peu dommage.
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Un hosanna sans fin

C'est « un appel à Dieu », cet hosanna. L'auteur se sent proche de la mort. Il revient donc sur sur ce qui peut donner un sens à la/sa vie. Sur ce qu'est la vie. Il retrace brièvement l'évolution de l'Homme. Il réfléchit sur la formation de l'univers, le big bang, la naissance de la vie sur terre, la place de l'homme dans l'univers, le rôle de la science, de la religion, de Dieu… Il sait qu'il n'y a pas de réponse. Il sait aussi que la technique née de la science va de plus en plus encombrer nos vie.

C'est un livre témoignage. Très court. Mais qui pose les bonnes questions. Il ne semble pas prendre partie, se prononcer sur les faits. La marche du monde est ce qu'elle est. L'homme est ce qu'il est. La où je le suis un peu moins, c'est dans son apologie de l'être humain. « Devenir un homme ou une femme quand vous êtes un primate est une tâche longue et semée d'embûches » peut-on lire p 74 de l'édition de poche. Certes, nous pensons. La révolution cognitive avec l'émergence de la pensée symbolique et abstraite nous a différencié de nos cousins. Pourtant la structure de notre cerveau est la même que la leur. Nous faisons partie de l'ensemble du vivant. Nous sommes toujours des primates.

Ce livre me fait un peu penser, au livre d'Edgar Morin «Leçons d'un siècle de vie ». La vieillesse et l'approche de la mort nous fait porter un regard sur le passé et nos croyances. Des livres qui nous apportent une réflexion nécessaire et salutaire sur le sens de la vie.
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La gloire de l'Empire

Chronique d'un empire imaginaire plusieurs siècles avant Jésus Christ, La gloire de l'empire nous raconte le destin d'Alexis, héritier du faste de ses ancêtres.

De sa jeunesse que l'on qualifierait aujourd'hui de dorée, aux intrigues de cour et de palais, Jean d'Ormesson nous fait vivre l'histoire avec un grand H.

Bien sûr, il s'agit d'un faux mais d'un faux sublime. Inutile de gloser sur les qualités d'écrivain de l'auteur, tout a été dit : c'est magnifique. D'Ormesson porte la langue française avec talent et c'est un régal pour les yeux et les oreilles.

L'histoire en elle-même est magnifiquement construite. Nous louons l'érudition du propos : philosophie, politique, littérature, culture antique et religieuse, tout les grands thèmes qui font une civilisation sont présents dans cette description d'un empire rêvé.

On se plaira à décrypter les références à des faits réels qui émaillent le récit. Nous reconnaîtrons sans peine les heurts et gloires des grands conquérants (Alexandre et César en tête) mais également les drames les plus cruels de l'histoire tel la chute de Rome.

Se faisant le héraut d'une époque révolue, Homère des temps modernes, Jean d'Ormesson nous chante un passé magnifié, où il fait bon s'immerger.
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C'était bien

De « Que vais-je faire de ma vie » à « Qu’ai-je fait de ma vie », l’auteur repasse le film de sa vie.

Sa passion pour les livres, les voyages.

C’est un optimiste de nature, amoureux de la vie, malgré ses doutes, malgré ses questions sans réponses, en particulier sur l’univers.

Une petite pointe de mélancolie transparaît cependant.

Je suis un peu déçue quand même par cette lecture, même si j’ai beaucoup de sympathie pour Jean d’Ormesson.

Ce livre, écrit en 2003 devait s’appeler « Adieu ». Dix ans après il a publié « Je ne vous ai pas encore tout dit ». Je me demande ce qu’il a oublié de dire, mais je ne m’attends pas à des nouvelles fracassantes, et, à vrai dire, celui-ci ne me donne pas vraiment envie de me précipiter pour le lire.

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Au plaisir de Dieu

Quel plaisir de lecture!Et dire que certains pensent que ce livre est une saga familiale type feuilleton d'été,ce qu'il a d'ailleurs été aussi.Mais avant il me faut dire un mot de Papy Jean d'Ormesson.Nous sommes très liés,je l'appelle Papy,il aime pas ça,ce séducteur patenté très tenté.A la télé on voit beaucoup de cabotins.Certains pensent que Jean d'Ormesson en est un exemple.Et ils ont raison.Seulement voilà,il arrive que les cabotins aient un grand talent et c'est bien son cas.Les yeux qui pétillent,sur un plateau on voit qu'il "attend son tour".Il a même fait récemment ses débuts au cinéma dans le rôle d'un autre cabotin notoire,non sans talent non plus.Jean d'O.,c'est avant tout un homme d'une culture étonnante,assez classique mais il y a longtemps que la culture classique est par sa rareté même devenue avant-gardesque.Ce débat nous entraînerait trop loin et il me faut revenir à ce remarquable roman qu'est Au plaisir de Dieu que Valentyne a partagé avec moi.A l'heure où j'écris je n'ai encore aucune idée de sa réaction.



Formidable conteur,et d'un humour assez caustique qui a l'élégance de s'exercer en premier lieu aux dépens de sa propre famille,Jean d'Ormesson fait précéder son roman,du moins dans l'édition que j'ai lue,d'un arbre génalogique,très utile,car la lignée est touffue,mais aussi fantasque,arrogante,émouvante,et surtout tout aussi querelleuse que dans d'autres milieux.L'aristocratie m'a toujours passionné,surtout celle qui,tout en ayant l'air de s'isoler dans ses bastides,en l'occurence son château sarthois de Plessis-lez-Vaudreuil,lutte,enrage et participe à la vie d'un pays,la France.La France est aussi l'héroïne d'Au plaisir de Dieu et tous les membres de cette famille en ont une conception parfois très différente.Ancêtres bourbonophiles ou bonapartistes,dreyfusards ou antisémites,pétainistes ou résistants,parfois cela dépendait de la semaine.



Courant jusqu'aux barricades de mai l'histoire de cette famille somme toute comme les autres est toujours emballante. L'humour d'Ormesson n'exclut nullement l'émotion,parfois picaresque, parfois un peu artificielle et gonflée.Les rapports entre maîtres et serviteurs sont particulièrement fins.On se prend à aimer Plessis-lez-Vaudreuil,nef invraisemblable,trouée et battue des quatre vents. Dame, c'est que,très souvent,les châtelains ne roulent pas sur l'or,et que fortune est volatile.Enfin de son grand talent le malicieux écrivain nous dépeint une telle galerie du genre humain,dans le sillage de la figure centrale,le grand-père Sosthène, charnière du récit.Presque prêtre gaulliste,héros de la Grande Guerre, presque star de Hollywood,partisan de Vichy et de l'O.A.S., etc...On les aime tous,y compris Dieu,qui semble guetter ça de toute son insolence.Ils font tellement partie de notre histoire,contée par un narrateur qui ressemble tant à un académicien précieux d'un vert bien peu académique...

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La conversation

Si je devais rajouter un sous-titre à ce livre, ce serait : comment Bonaparte devient Napoléon raconté aux enfants. Le texte, présenté comme une pièce de théâtre avec les répliques de Bonaparte à Cambacérès et vice-versa (notez l'économie d'acteurs...), est clair, simple, agréable à lire et bien documenté, et en plus il est agrémenté de ces commérages historiques (que d'aucuns appellent la petite histoire) et dont -j'avoue en rougissant- je raffole. Contexte, hommes politiques, citations, phrases qui font mouche (et seront d'excellentes citations pour Babelio...), tout y est intéressant.

Cependant j'ai trouvé la fin un peu abrupte, par rapport à l'inflation de compliments, disons carrément de flagorneries, dont les deux personnages font preuve l'un vis-à vis de l'autre ; le rideau tombe comme un couperet et, à défaut de la tête, ça m'a coupé la chique.

En guise de conclusion je n'ajouterai qu'une phrase :

"Au livre ! citoyens !..."
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Histoire du Juif errant

Cela fait bien longtemps que je l'ai lu et il faudrait que je le relise un jour ou j'aurais lu tous les livres qui n'ont pas encore été lus et qui attendent dans mon étagère. Je me souviens avoir adoré ce livre pour son attrait historique, fantastique (immortalité), et pour le nombre de phrases intéressantes sur l'immortalité et tout ce qui tourne autour (le temps, la mort, les hommes qui ne font que passer sur la terre). C'était mon premier Ormesson et pour le moment c'est le seul d'Ormesson que j'apprécie pleinement (je ne les ai pas tous lu mais si l'histoire du juif errant m'a donné envie de lire Ormesson les deux livres que j'ai testés ensuite m'en ont dissuadée).



C'est un livre que je conseille vivement car il fait réfléchir sur ce que nous sommes tout en nous baladant dans des époques différentes...



La vie du juif errant est un mélange de beaucoup de bien mais aussi de beaucoup de mal, il y a un équilibre entre les deux. Le juif errant raconte ses bonheurs, malheurs, amours et cruautés qui nous montrent qu’en un homme se cachent toujours le bien mais aussi le mal.



J’aimais le fait que le style change parfois, on retrouve des chapitres élaborés comme des pièces de théâtre, certains chapitres étaient mis à la première personne alors que d’autres étaient à la troisième personne comme si parfois le narrateur était le juif errant et que d’autres fois c’était le jeune homme qui l'écoute. On peut également penser que c’est le juif errant qui parle de lui à la troisième personne parce qu’il parle de lui comme étant une autre personne avec un autre nom, une autre nationalité, une autre vie.



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Odeur du temps

Cet amoureux de la vie et des gens en général et des livres en particulier nous livre ses réflexions dans ce recueil qui rassemble une partie de ses écrits. Si l'homme est un érudit et un passionné, en d'autres termes un "Sage", il n'est cependant pas toujours aisé à lire ... mais quel plaisir cependant de le voir philosopher et encore plus décrire ce plaidoyer pour la lecture et l'imagination qu'elle procure. Le tout avec un style et une verve incomparables.



Il s'agissait avec "Odeur du temps" de ma première lecture d'un de ses (très nombreux) ouvrages. J'ai été émerveillé par ses écrits, parfois perdu dans ses tirades lyriques ... J'ai toujours en souvenir son allocution plus que touchante lors de l'intronisation de Simone Veil à l'Académie Française, qui m'a personnellement ému.



Malgré tout, j'ai pu découvrir des auteurs inconnus (Borges) ou pour les classiques (Chateaubriand notamment), un autre aspect de leur personnalité.
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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Une poésie étourdissante traverse cet essai d'un homme qui sait qu'il va mourir et qui laisse les meilleurs sentiments qui emplissent son âme et la submerge guider sa plume. On aurait tant aimé voir se prolonger à l'infini ces douces et âpres réminiscences qu'il nous raconte pour notre plus grand plaisir avec une impression de vie exceptionnelle, mais n'est-ce pas le meilleur de lui-même qu'il nous livre là avec cette tonalité unique qui précède la mort. Il s'arrange avec elle pour n'en point paraître ; j'y vois comme chez Le Clézio dans Sa Chanson bretonne cette idée de se défendre là d'écrire de la nostalgie, ici des mémoires ou des souvenirs d'enfance et de jeunesse, cette suprême élégance qui les trahit comme le dernier baroud d'honneur auquel se livre Stefan Zweig dans Le Monde d'hier dont parle d'ailleurs Jean d'Ormesson. Il fait même plus que d'en parler puisqu'il semble emporter avec lui ce monde d'avant pour lequel il a la modestie de penser qu'une mort inéluctable qui se rapproche renvoie tout simplement aux souvenirs de la vie avec l'illusion que le monde qu'on laisse fut mieux. Il est bien vrai qu'il nous invite à le penser.



Il a dû bien rigoler le jour où il reçut le prix Rousseau pour ce livre, lui que les jurys de prix littéraires avaient boudé toute sa vie durant alors qu'il fut un des grands esprits contemporains à défendre la littérature. On peut y voir même du cynisme quand dans le même temps les plumitifs se répartissaient les honneurs et les rôles indûment. Il est certain qu'avec lui, on y voit le monde d'avant dans ce livre remarquable quand le monde de demain nous prépare a du produit industriel pasteurisé , quand le noble effort de l'homme se transforme en jambonneau reconstitué !..



Je n'ai franchement pas envie de faire le pitch de ce livre, écume d'une vie passionnée, est-il possible de le faire d'ailleurs, c'est typiquement le genre de choses qui ne passe pas au laminoir ? J'ai plutôt envie de le citer, alors voici :

"Il y a des rôles magnifiques et de grands acteurs. Et il y a des utilités. Tous les acteurs sont égaux. Mais il y a des vedettes dont on se souvient longtemps. Des acteurs comme Homère, Platon, Alexandre le Grand, Gengis Khan, Rembrandt, Shakespeare, Goethe, Napoléon Bonaparte, Chateaubriand, Tolstoï, Proust, Churchill, Staline ne sont pas oubliés. Nous avons en mémoire leurs gestes et leurs répliques. Leur talent. Leur génie.." (Page 432)



".. Avec des séjours brefs et très doux, malgré la dureté des temps, au lycée Blaise-Pascal et au lycée Masséna. L'hypokhâgne, puis le khâgne du lycée Henri IV, c'était autre chose : une sorte de paradis et, en même temps, d'enfer. A Munich, à Bucarest, à Rio, au cours Hattemer par courriers interposés, à l'école Bossuet, à Clermont-Ferrand, à Nice j'étais presque toujours premier ou deuxième - sauf en cosmologie..- sans me donner trop de mal. A Henry IV, tout à coup, au milieu de petits génies venus d'un peu partout avec de grandes espérances, je me retrouvais, stupeur et désespoir, parmi les derniers. Je souffrais beaucoup. Je serrais les dents. Je commençais à me demander ce que je faisais là. J'ai lu récemment je ne sais plus où qu'une jeune fille brillante, habituée en hypokhâgne à être toujours première et tombée en khâgne au rang de deuxième, avait tenté de se donner la mort. J'aurais pu la comprendre. Attisé par un monde en feu dont nous ne savions pas grand chose, le chagrin se mêlait à l'exaltation.." (Page 133).



Perso, c'est un prof de philo, un homme d'esprit, qui a basculé dans le privé, devenu mon directeur, qui un jour lisait "Jean qui grogne, et Jean qui rit, alors que j'en concevais une vue assez détachée. Il le lisait n'importe où, entre la poire et le fromage, etc, qu'il finit par me donner le goût de lire d'Ormesson. Il n'eut besoin de m'en dire juste deux mots et de l'ouvrir à la page qu'il lisait, son influence m'était tellement grande .. Mon cher Jacques, qui a rejoint le paradis blanc, D'Ormesson est notre trait d'union ..
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Et moi, je vis toujours

Je commence la lecture, des mots m'enchaînent à l'instant, des courtes phrases, saisissantes, alléchantes m'empoignent d'un seul coup. Et cette solitude qui cristallise l'enfance, et qu'on en parle avec pincement au coeur, ça m'a beaucoup éblouit. Mais quand j'avance juste un peu dans ma lecture, je me perds, je me dis que le vieux dérape ou quoi, après ce moment de brouille passé j'ai compris que le vieux voulait simplement me dire que tout peut passer mais seule l'histoire reste...Et lui, il a fait son histoire, il nous le raconte tout en retraçant avec ingéniosité l'histoire du monde!
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Oeuvres, tome 1

Jean d'Ormesson n'est ni Proust ni Céline, mais il a écrit de bons livres : je recommande l'Histoire du Juif errant, voyage à travers l'histoire grâce au mythique personnage, qui nous vaut des morceaux de bravoure comme ce banquet entre deux clans barbares, occasion pour l'un d'exterminer l'autre (George RR Martin n'a rien inventé).

Il n'est pas digne de la Pléiade ? Peut-être, mais grâce aux ventes du délicieux D Ormesson dans cette collection, Gallimard va pouvoir financer des volumes au public plus restreint.

Jean d'Ormesson ? Un bienfaiteur de l'humanité, vous dis-je.
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Au plaisir de Dieu

Au plaisir de Dieu, c'est le récit d'une famille et le récit de sa mort, mais aussi le récit du dernier siècle qui par ses transformations a accéléré cette fin. Au plaisir de Dieu, c'est aussi très difficile à résumer tant il s'agit d'une oeuvre riche que j'ai trouvé passionnante. Il y a de l'ironie, de la grandeur et de la petitesse, de la douleur et de l'orgueil. Il y a une certaine forme de tragédie aussi. L'avouerai-je? A trois reprises, j'ai pleuré, mais je ne vous dirais pas où!

La famille du narrateur a participé à l'épopée de la France bien avant que celle-ci trouve sa forme moderne. Ils mourraient pour Dieu et le Roi, ils étaient grands parfois, terribles souvent, ils étaient catholiques ou de la Réforme, ils s'étaient réinventés dans des branches aux quatre coins de l'Europe, ils étaient plein de panache souvent, mais bien rarement de génie. Mais surtout ils étaient une famille et leur nom était leur bien le plus précieux. Leur nom, et puis Plessis Les Vaudreuil, le domaine familial où on revenait mourir, ou plutôt s'endormir dans le giron de la sainte mère Église.

Seulement le monde a changé et il n'est plus question de nos jours de mourir pour le Roi et pour Dieu. Le Roi de toute façon....Un Orléans, pouah!!

Quant à Dieu, il semble bien décidé après avoir été leur devise pendant des siècles, à les abandonner. Au sein même de la famille, les dissensions commencent, tandis que la politique et l'histoire les rattrapent. Et si avant on mourrait pour la France par habitude, même la France Républicaine, voici que les fils de la famille se retrouvent dans des camps opposés dans la guerre d'Espagne...



Arrêtons nous là pour le récit: on ne résume de toute façon pas une telle oeuvre. Pour un homme qui aime tant les digressions, d'Ormesson a un étonnant talent à ne pas dire trop. Jamais ses personnages ne sont décrits et pourtant ils prennent vie et on les aime. Pour leur aveuglement, leur douleur, pour cette lente agonie de ce monde qui n'en finit plus de mourir.La partie où peu à peu, ils vendent, vendent, vendent, dans l'espoir fou de sauver au moins la maison....

Le Roi est mort et ses fidèles ont commis l'erreur de lui survivre : rattrapés par le siècle, ils se cherchent un destin. Ceux qui tombent en Ardenne sont finalement les plus heureux: rien de plus terrible que ce pauvre grand-père qui survit à son monde. Que reste-il quand tout ce qui constituait votre être a disparu, et pire; se trouve brocardé?

Ce roman est aussi celui de l'histoire moderne de France, tout du moins du siècle dernier: à se chercher, les membres de la famille en viennent à aimer tous les partis, les uns ou les autres, ou les uns après les autres, et c'est une promenade historique par le petit bout de la lorgnette, parfois finalement les promenades les plus instructives.

Un grand roman.
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Un amour pour rien

Oui j'ai aimé, un excellent d'Ormesson, un style agréable fluide, chaque phrase est une mignardise qui se croque, se déguste. Une belle histoire où les tourments de l'âme face à l'amour sont cernés, décortiqués. L'amour désinvolte qui se transforme en passion impossible dès l'instant où l'absence se fait irrémédiable. La souffrance d'aimer "ce qu'on a pas", l'espoir dérisoire entretenu par des chimères, et une volonté absurde de se dire "qu'elle va revenir". Une plongée dans les turpitudes de l'esprit face à ce qui reste finalement incomprhensible et divin, l'amour! il la veut puis la laisse partir et finalement tente de la récupérer, en vain! une histoire banale racontée avec brio, on sent vibrer la détresse du "héros", et filer l'amour de sa vie, ou de ce qu'il pense lêtre. Puis sa reconstruction, à force d'oubli apparait...Un très bon livre...
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Une fête en larmes

Un d’Ormesson par an, c’est mon rythme. Plus, j’ai peur que ça fasse trop.

Le sujet de ce livre : une journaliste interviewe un écrivain.

« Pédantisme et topographie historique », tels sont les mots de ce dernier, et ils résument assez bien ce livre

Défini comme un roman,. c’est en fait un déferlement des souvenirs et des pensées, certainement de Jean d’Ormesson lui-même.

Rien de bien nouveau donc. Ses livres suivants continuent sur cette lancée.

Mais on retrouve toujours cette courtoisie désuète, cet amour des mots, de la belle langue, de la littérature, de l’histoire, et franchement, c’est plutôt agréable.

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Comme un chant d'espérance

Ce livre est une épure, un songe du réel, une lueur qui dessine un chemin au petit matin dans le brouillard et nous entraîne vers la lumière, un reflet de nuages dans l'étang qui donne envie de regarder le ciel, bref une méditation sur la création, sur le monde et sur la vie dans une simplicité qui donnerait envie d'aller serrer la main de Dieu comme si nous le connaissions depuis toujours. Ou pas. Car rien n'est plus incertain que le peu de connaissances que nous pourrions avoir de Lui et le rien n'est rien que parce que probablement il est tout.... Pour parler comme l'auteur... J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Une autre histoire de la littérature française,..

Jean d'Ormesson écrit une sorte d'anthologie des grands auteurs français. Ce volume (tome 1) trouvé sur l'étal d'un bouquiniste, comprend la partie consacrée aux auteurs du XIX° siècle dont Denis3 a donné son impression et de beaux aperçus, mi-mai.



A la page 40 de mon exemplaire, d'Ormesson raconte à propos de Montaigne :

« … il écrit « à sauts et à gambades ». Tout le charme de la langue de Montaigne est qu'elle est brisée et dansante. Il aime l'art « léger, volage et démoniaque ». Il faut le lire comme il écrit : avec une extrême liberté ».



Alors voilà : dans cette citation, je remplace « Montaigne » par « Jean d'Ormesson », et mon billet est fait ! Plutôt pas mal, je trouve.

« A sauts et à gambades ». L'expression est de Montaigne lui-même. J'adore !



Il faut quand même ajouter que la voltige ormessonienne, élégante, aérienne, spirituelle, décolle d'un sol parfaitement érudit, et le plus étonnant est que la somme des connaissances que Jean d'Ormesson partage avec le lecteur, n'alourdisse jamais son exercice qui brille d'étincelles, de paillettes et de pépites.

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C’est une chose étrange à la fin que le monde

1ere phrase

Un beau matin de juillet, sous un soleil qui tapait fort, je me suis demandé d’où nous venions, où nous allions et ce que nous faisions sur cette Terre.



Pour une fois, je commence par la première phrase car elle se trouve expliquer le contenu de ce roman.



Dans la première partie, intitulée « Que la lumière soit ! », le rêve du Vieux (suivant votre inclinaison, vos croyances il aura un nom différent) et le fil du labyrinthe s’entrelace pour raconter la création du monde… ou du moins des versions évolutives de cette création. C’est assez fascinant. On y voit l’évolution du monde et la montée en puissance de la science qui peu à peu permet d’expliquer certains phénomènes. En parallèle le Vieux observe et commente. C’est un bon rappel de l’évolution des sciences et de la philosophie. C’est tendre et ironique. C’est bien écrit.



Néanmoins, c’est très occidentalisé, quid des autres visions du monde et de leurs connaissances scientifiques. C’est certes intéressant de revoir les différentes théories scientifiques et les doutes des hommes tels que Darwin. Mais est ce nécessaire pour la démonstration d’étaler les chiffres et les données, mais pourquoi ne pas parler de toutes les tracasseries subies par ces hommes de science du fait de la religion. Il y ait fait une vague mention des US mais c’est très rapide comparé à la définition d’une année lumière, de la vitesse de cette lumière (8 mn pour venir du soleil à la Terre)… Je regrette ce choix très politiquement correct. Je trouve que cela aurait donné plus de force à sa démonstration. Enfin voyons ce que nous réservent les autres partis avant de tirer une conclusion sur ce roman.



Quelques phrases de cette première partie.



D’où nous venons ? De très loin. Derrière moi ; il y avait des fleuves de sperme et de sang, des montagnes de cadavres, un rêve collectif et étrange qui trainait sous des cranes, dans des inscriptions sur des pierres ou du marbre, dans des livres, depuis peu dans des machines – et que nous appelons le passé. Et des torrents, des déserts, des océans d’oubli.



La science d’aujourd’hui détruit l’ignorance d’hier et elle fera figure d’ignorance au regard de la science de demain. Dans le cœurs des hommes, il y a un élan vers autre chose qu’un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé sécrète est ailleurs.



La seconde partie (pourquoi il y a-t-il quelque chose au lieu de rien ?) est dédiée à la genèse de ce livre. Il y est question de la nature du temps, de la mort, du mur de Planck (mini espace avant le big bang). L’auteur nous livre ses gouts, ses questionnements à l’origine de ce livre. Il nous fait part de ses doutes sur l’existence d’un dieu mais en même temps sur son espérance que peut être quelqu’un ou quelque chose existe car le monde en perdant la foi aurait aussi perdu l’espérance. C’est sans doute réducteur puisque l’auteur ne parle pas de l’impact des religions même s’il ne nie pas les aspects négatifs de ces religions. Il parle d’un point de vue macro et on peut être d’accord sur la disparition de l’espérance mais attendre un lendemain qui n’existe pas. Est-ce la seule solution ? Et puis si cela finit par signifier qu’il ne faut rien changer et tout subir…



In fine, un livre intéressant qui révèle beaucoup de l’auteur. C’est le livre d’un homme qui a été gâté par la vie. Peut être est ce aussi les questionnements d’un homme et de ses pensées à la fin d’une vie aisée. C’est un mélange de savoirs sur l’évolution de la science, de ses tâtonnements et de ses éclaircissements. Il y est aussi question de philosophie.



Par contre je regrette que ce livre soit autant focalisé sur l’occident. Je trouve vraiment réducteur de ne voir le monde de ce seul coté.

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Thème : Jean d' OrmessonCréer un quiz sur cet auteur

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