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Critiques de Jean d` Ormesson (960)
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Qu'ai-je donc fait ?

Qu’ai-je donc fait ? Eh bien, je viens de lire avec beaucoup d’intérêt et de plaisir le livre de Jean d’Ormesson : « Qu’ai-je donc fait ? »...



Je dis « le livre » car c’est assez difficile à classer :

Ce n’est pas un roman, c’est plutôt une biographie, mais pas très détaillée, pas très centrée sur les faits vécus par l’auteur. Il donne plutôt ses impressions, ses valeurs, ses manières de se comporter face aux joies et aux vicissitudes. Il narre avec humour et sincérité son éducation aristocratique (« Mon grand-père maternel avait une sœur : Mme de La Faulotte. C’était une vieille sorcière qui nous faisait grand-peur et que nous comparions volontiers, mon frère et moi, à Mme Fichini ou à Mme Popofski dans les romans de la comtesse de Ségur. Elle était, comme son frère, à la tête d’une fortune qui ne prêtait pas à rire »), sa jeunesse insouciante et paresseuse (« La paresse, rien de plus clair, est la mère des chefs-d’œuvre »), et ose parler de son grand amour qui est à la fois sa grande honte due à son comportement lâche et irresponsable (« Cette page que vous êtes en train de tourner et que vous vous apprêtez maintenant à lire, je dois l’arracher à moi-même avec beaucoup d’efforts et de peine. J’aimais C. Non seulement j’ai fait tout ce que je pouvais pour lui plaire, mais je n’avais dès le départ, pas la moindre intention de faire ma vie avec elle. Voilà que nous glissons, je le crains, dans les pires poncifs de la littérature au niveau le plus bas. Je l’ai détruite, j’ai détruit tout un pan de cette famille à laquelle j’étais attaché et je me suis détruit moi-même. Puisque je l’aimais, je n’avais qu’à partir avec elle, à m’établir ailleurs à ses côtés, à construire ensemble quelque chose de durable. Je suis parti. Avec elle. Et je suis revenu. Chez mes parents, abreuvés de larmes et changés en personnages de Greuze devant un vase cassé. »)



C’est plutôt aussi un essai, une exposition de ses idées principales sur la Vie, qui est pour lui la littérature : « D’une façon ou d’une autre, pour le meilleur ou pour le pire, succès ou échec, j’étais entré en littérature. », mais aussi, en vrac, sur l’argent, la politique, le fait de suivre la mode, les valeurs, anciennes et nouvelles, la Science, la Philosophie, l’Histoire (« La question est de savoir si le monde n’a pas toujours été en train de se découdre et de se défaire. Depuis les temps reculés, chaque génération a eu le sentiment que ses valeurs disparaissaient et que l’avenir était lourd de menaces. A plusieurs reprises, la crise de découragement et de méfiance à l’égard de l’avenir semble avoir été aussi forte qu’aujourd’hui »)...



Et une interrogation surtout sur le sens de la vie. D’où venons-nous ? Que faisons-nous sur Terre ? Qu’est-ce que le Temps ? Qu’y a-t-il après la mort ? Dieu existe-t-il ? (« Je n’aime pas tellement ceux qui savent qu’il existe et qui en profitent pour me donner des leçons. J’aime encore moins ces esprits soi-disant libres qui savent avec certitude et qui répètent à tout vent qu’il n’existe pas. Tout ce qu’on peut faire avec Dieu, ce n’est pas de le connaître ni d’accumuler des arguments pour ou contre son existence. Ce n’est même pas de parler de lui. C’est d’espérer qu’il existe. »)



Et finalement, il en ressort un optimisme fondamental : Jean d’Ormesson aime la vie plus que tout et lui rend grâce, et c’est pour cela qu’il me plait. Je termine donc par cette ultime citation, parce que je me rends compte avec effroi que je ne parviens pas à clore ce billet, tellement il y aurait des choses à dire, tellement d’Ormesson a suscité en moi bien des acquiescements, bien des interrogations aussi, et quelquefois quelques agacements :



« J’ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J’ai eu de la chance. Merci. J’ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Le monde est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu’il m’a donné – comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté - ce qu’il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d’un homme parmi les autres. »

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Tant que vous penserez à moi

De l’avis général, Jean d’Ormesson n’est jamais aussi bon que lorsqu’il parle de lui-même.

Voilà un petit recueil de conversations avec Emmanuel Berl qui semble prouver que Jean d’Ormesson sait aussi faire parler les personnes qui ont des choses à dire.



Emmanuel Berl, que je découvre ici, fait bien partie de ces gens dont la vie inspire le respect et qui ont bien des choses à dire : Juif laïque, combattant dans les tranchées de 14/18, il rédigera les premières prises de parole du Maréchal Pétain ; contemporain de Maurras, en politique, il fréquentera tout le gotha de la littérature. Proust qui lui enverra ses pantoufles à la figure ; Cocteau, son voisin de palier ; Breton et Aragon, qui ne réussirent pas à le capturer dans le surréalisme ; Péguy, Gide, Claudel, Valéry… autant de fréquentations non sans intérêt.

Il faut la malice d’un Jean d’Ormesson pour amener un pareil homme à la confidence ; la malice et l’érudition. On ne prétend pas amener un homme comme Emmanuel Berl dans ses retranchements, lui qui fréquenta Drieu La Rochelle, Pétain, Malraux et d’autres sans renier sa religion. Un homme complexe qui ne s’embarrassa pas d’idéologies ni de religion pour mener sa vie comme il la voyait…



Un homme étonnant cet Emmanuel Berl qui fréquenta les écrivains le plus important du début du XX ème siècle et qui épousa, e 1937 Mireille du « Petit conservatoire de la chanson ». Complexe, définitivement complexe…

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Casimir mène la grande vie

Jean d'O fait partie de mes favoris !

Trouvant ce livre en classant les ouvrages de ma femme, je me jette dessus, sachant la qualité d'écriture de l'auteur.

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Nous sommes à Paris environ dans les années 1960. Casimir, lycéen, est sous la tutelle de son grand-père, un irascible vieillard, ancien légionnaire à la coupe en brosse, grognon, mais avec un cœur gros comme ça !

Petit-à-petit se forme "Le Groupe" de six personnes qui trouvent que certains s'enrichissent aux dépends des pauvres.

Il y a Casimir, le vieillard irascible, le Membre (de diverses académies ), Eric le trotskiste et son amie Leila, kabyle aux yeux verts qui descend des Vandales, étudiants tous les deux, qui ont été acceptés par le grand-père malgré leurs opinions politiques opposées, et Adeline, la championne du veau marengo, embarquée malgré elle dans l'aventure.

Aventure, car Le Groupe, pétri de valeurs morales, ne fait pas que causer ; il a décidé d'agir !

Et quelles actions !

C'est Robin des Bois, Zorro le vengeur masqué, le casse place Vendôme...

Mais les tontons flingueurs de la morale passent au niveau supérieur en importance, en nombre de "combattants", et en "protections" ministérielles : le but devient le renversement des gouvernements pourris d'Afrique ou autre avec des barbouzes du style de Bob Denard, mais toujours pour servir Le Bien.

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Pour moi, c'est un conte philosophique, avec une bonne dose d'humour, car chacun des membres du Groupe a une opinion sur l'évolution de la société, mais aussi sur l'imbrication étroite du Bien et du Mal ;

et je pense que Jean D'Ormesson voudrait, comme Thomas More, ou Jean-Jacques Rousseau une société d'où le Mal serait éradiqué, mais que ces deux-là (Mal et Bien ) sont trop liés pour qu'on puisse, depuis deux mille ans que certains essayent, les séparer !

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La Douane de mer

C'est beau et c'est original.

Lire un Jean d'Ormesson c'est contempler la voûte étoilée, on se sent tout petit face à tant de connaissances, à un tel amour de la vie.
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Une autre histoire de la littérature française,..

Comme toujours, un travail très soigné de Jean d'Ormesson. Le vingtième siècle en une dizaine d'auteurs ( Malraux, Yourcenar, Sartre, Camus, Simenon,...), chacun bénéficiant de deux ou trois pages de commentaires, d'un extrait, de fiches biographiques et bibliographiques.



Une excellente mise en jambes, qui laisse, bien entendu, sur sa faim.

Percer le secret d'un auteur ...On peut rêver...

On peut s'imaginer, dans l'au-delà, l'auteur et son lecteur, assis, face à face.

- J'ai lu vos oeuvres, mais je n'ai pas compris. Oh, j'ai compris des choses ! Mais je n'ai pas le sentiment d'avoir compris, ce qu'au bout du compte, vous vouliez dire...

( de vagues bruits de cour de récréation ... sans doute des auteurs d'Avostrophes qui fêtent un record de ventes ...)

- Vous n'avez pas compris... et moi, je n'ai pas saisi ...

( ils se regardent).

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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Même si une biographie n'est pas mon sujet de prédilection, la langue excise de Jean d'Ormesson m’a rendu ce récit captivant et presque hypnotique.



J’ai vu dans cet ouvrage trois parties distinctes :



La première, sous forme d’un procès que l’auteur intente à lui-même par le jeu d’un dédoublement surprenant et subtil.

L’auteur nous conte en détails remplis d'anecdotes croustillantes, les méandres de sa vie et nous fait croiser une foule de personnages historiques ou contemporains.



Est-ce son talent ou beaucoup de chance qui ont conduit cet insouciant à croiser tant de monstres sacrés ? Son humilité le pousse à nous faire croire que seule sa naissance en est la cause. C’est possible mais ce n’est pas suffisant.

Je suis stupéfait par les conséquences de la pratique de l'entre-soi : un tel connaît un autre, un autre encore est père ou fils ou gendre de tel autre encore....et tous sont talentueux. C'est admirable....

Le lexique des noms de famille cités donne le tournis...





Dans la seconde partie, au milieu du livre, Jean d'Ormesson, avoue ses bassesses. C'est très curieux, courageux et humble. Mais son regard pétillant, que l'on imagine, nous aide à les pardonner. On dirait un enfant étonné de découvrir le monde. C'est sans doute cet étonnement qui lui a permis de traverser la vie avec tant d'enthousiasme et de fraîcheur.



Dans la troisième, enfin et bien sûr, Jean d’Ormesson va nous plonger dans sa vision mystique du monde et cela me ravi comme à l’accoutumé.

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Comme un chant d'espérance

Vous reprendrez bien un petit Jean D’Ormesson ? Un format court de cent-vingt pages, en caractères assez gros. Une heure de lecture agréable, à écouter l’académicien vous faire la conversation de son ton léger et primesautier sur… rien !

Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de parler de tout et de rien, comme vous et moi réussissons généralement à le faire assez bien. Il s’agit de : «L’idée, chère à Flaubert, d’un roman sur rien (qui) m’a longtemps travaillé en silence… Pour préparer deux de mes livres récents, je me suis intéressé en néophyte à un domaine qui m’était étranger et qui fait depuis cent ans des progrès fascinants : la physique mathématique et la cosmologie. »

Dieu, l’univers, le néant, le temps, la pensée, Darwin, le hasard, le soleil et la lumière défilent dans une conversation fluide, agréable, accessible, souvent convaincante même si, au bout du compte, votre perplexité resurgit au détour d’une phrase :

« Dieu est le néant d’où surgit notre tout. Il n’existe pas au sens où existent les choses et les êtres plongés dans l’espace et le temps. Il est de toute éternité puisqu’il est à la fois le rien et le tout, l’être et le néant. »

Vous refermez ce petit livre élégant, toujours aussi peu avancé sur ce problème diabolique qui vous taraude un peu depuis que vous avez compris qu’il y a une fin au grand film de votre petite vie. Pour tenter d’apaiser le vertige causé par ces angoissantes questions, vous vous retranchez derrière la dernière opinion que vous aviez adoptée sur le sujet. En ce qui me concerne, je doute fortement qu’un quelconque dieu puisse, une fois que j’aurai cessé de vivre, s’intéresser à un être aussi insignifiant, que ce soit pour lui demander des comptes ou l’affecter à un nouveau rôle. Si Dieu existe, je reste persuadé qu’il n’aura que faire de moi, ce qui m’inciterait plutôt à ne pas plus me soucier de lui que ce que j’imagine qu’il se soucie de moi.

Je repose le livre, une dernière pensée à l’auteur, pas plus immortel que ne l’étaient les membres de la garde prétorienne de Xerxès affublés pourtant du même qualificatif que nos académiciens, et je me fais la réflexion passe-partout de sortie de cimetière : « il a bien vécu ». Notez qu’il le dit bien mieux que moi : « J’ai aimé la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous. Je chanterai maintenant la beauté de ce monde qui est notre tout fragile, passager, fluctuant et qui est notre seul trésor pour nous autres, pauvres hommes, aveuglés par l’orgueil, condamnés à l’éphémère, emportés dans le temps et dans ce présent éternel qui finira bien, un jour ou l’autre, par s’écrouler à jamais dans le néant de Dieu et dans sa gloire cachée. »

Quant à moi, merci c’était pas mal, je ne regrette pas d’être passé sur terre, je serais bien resté un peu plus, et voilà tout…

Pas tout à fait, finalement, car une autre idée vient de surgir, une image plutôt : de quelque part, je ne sais pas d’où, de nulle part ou d’ailleurs, l’écrivain au regard bleu, ou son avatar, m’observe en train de refermer son livre… et je distingue parfaitement son sourire ironique, celui de celui qui sait et ne dira rien…

Pfff… ou bien alors, ce sourire ne dissimule qu’un bluff et il n’en sait toujours pas plus que moi !

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Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

J'ai eu envie de lire Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d'Ormesson pour plusieurs raisons :

- son beau titre,

- les critiques de la presse,

- un extrait dans le magazine Lire de septembre 2013

- et la note de l'éditeur sur Babelio.

J'en ai profité pour l'inclure dans mon challenge ABC.



Ce livre ( je ne sais comment le qualifier) s'articule autour de trois parties : Tout passe, Rien ne change, Il y a au-dessus de nous quelque chose de sacré. Intéressant et prometteur. Et de bonnes conditions pour démarrer ma lecture.



Que se passe-t-il ? Je m'aperçois vers la page 80 que je n'ai toujours pas compris ce que je lis ( une histoire de famille, un château etc et alors? ). Je ne fais que me demander dans combien de phrases ( une ou deux en général) je vais retomber sur une LONGUE énumération car j'ai enfin saisi ce qui me dérange, c'est l'utilisation abusive des virgules et des juxtapositions.

J'ai lu, j'ai tourné les pages, j'ai fini. Qu'en reste-t-il ? Rien. Non c'est faux , vous pouvez trouver page 138 une réflexion intéressante sur le travail d'écrivain, et page 180 une jolie allusion à Wodehouse. Un bel étalage d'érudition également. J'oubliais , page 160 : " nous ferions mieux de nous taire, de renoncer à toute action, de ne jamais rien écrire, de n'avoir aucun sentiment et aucune opinion" .



Ma première lecture de Jean d'Ormesson . j'ai fait fausse route. Ce n'est pas pour moi.
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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Me voilà bien ennuyée. Que dire sur ce bavard Jean d’Ormesson ? Il a déjà tout raconté sur lui-même, sur ses relations avec des gens illustres, sur ses études, sur ses savoirs…



Je voulais un peu de réflexion profonde, j’ai lu un ramassis de souvenirs de toutes sortes, des premiers voyages durant l’enfance sous l’égide d’un père diplomate aux diners mondains, en passant par les démêlés journalistiques, les conversations avec (toujours) des personnes importantes, les amis cinéastes, les directeurs de ci et de ça et j’arrête.



Ah oui, il a eu une vie bien remplie, ce Jean d’Ormesson dont j’aimais quelques-uns de ses ouvrages. Mais ici, il se raconte, trop. Et il raconte, trop, le fait qu’il connait beaucoup de choses, beaucoup d’évènements, depuis les origines du monde jusqu’à aujourd’hui.

La forme ? Un « dialogue » entre le moi et le sur-moi, qui lui intente un procès et qu’il ne cesse d’interpeller sous une forme artificielle et qui à la longue devient lassant : « Sur-Moi des fleurs et des forêts », « vermisseau des marécages », « imposteur flamboyant » etc.



Bref, l’individu m’a horripilée, même si l’humour est présent dans beaucoup d’anecdotes.

Il se rachète quand même en exposant, dans la toute dernière partie de son ouvrage, son idée sur le Temps et l’Eternité, à en donner le tournis.



Alors, oui, je comprends qu’il proclame, à la suite d’Aragon, que « cette vie fut belle », car il a eu une existence privilégiée. Mais c’est dommage de laisser dans l’ombre tous ces êtres ordinaires qui font le monde, malgré tout. Parce qu’à le lire, on dirait que ce sont les autres, les vrais humains : les directeurs, les journalistes, les politiciens, les écrivains, les faiseurs d’Histoire.

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La Douane de mer

Que de bavardages !



L’âme de O, un homme tout juste mort, rencontre A, un esprit « pur » venu d’une galaxie lointaine, au-dessus de la Douane de Mer, et se propose de lui servir d’ambassadeur, de super-représentant de l’Humanité.



O se lance aussi sec dans de longs monologues où il explique les événements importants, selon lui, de l’histoire (occidentale, blanche, bourgeoise et catholique) des hommes. C’est l’occasion pour d’Ormesson de faire étalage de sa grande culture (bien sûr il n’est question ici que de la culture dominante).



J’ai trouvé tout ce déballage … ridicule ! Oui, Madame. Quoi, Jean d’Ormesson, ce grand homme, en dépit de sa culture, de son intelligence, de son expérience, n’avait-il rien de plus essentiel à transmettre que cette accumulation de connaissances ? La vie se résume-t-elle à accumuler du savoir ? Non bien sûr.



Je m’étais délectée des paroles du Juif errant et il faut bien reconnaitre de nombreuses similitudes entre les deux romans. Mais autant le Juif me touchait, avec ses émotions, ses ambivalences, ses imperfections, autant ici je suis restée insensible devant ce bavardage intellectuel et futile.



J’oublierai sûrement très vite cette brique, dont le seul atout de nous poser ces questions : comment décririons-nous le monde et les hommes à un esprit « pur » venu d’ailleurs ? Qu’est-ce qui nous semble essentiel sur ce vieux caillou ? Qu’est-ce qui donne à la vie toute sa saveur ? Ma réponse est bien sûr très différente de celle du sieur d’Ormesson. Plus modeste mais ô combien plus précieuse !

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Un hosanna sans fin

Un très court texte, l’ultime de Jean d’Ormesson, qui me laisse un arrière coût un peu triste.

Sa fille et éditrice le présente comme le testament de son père. C’est bien le cas. Comme si l’auteur sentait qu’il n’y en aurait plus ensuite.



Ce qui s’était amorcé dans l’opus précédent, « Et moi je vis toujours », se poursuit : la langue toujours aussi belle et concise, perd de sa joie, de sa croustillance.

Les doutes l’envahissent : La vie, la mort nous sont données, nous sont imposées – la vie plus encore - pourquoi vivons-nous ? Où étions-nous avant notre naissance, où serons nous après notre mort ?

Il voudrait croire mais il n’est pas sûr d’y arriver. Et d’ailleurs qu’est-ce-que croire ?



L’homme est un animal comme les autres, mais un animal pensant et c’est là toute sa souffrance.

Son ego le pousse vers l’angoisse constante autour de laquelle tout tourne incessamment durant sa vie.

La science, si elle explique beaucoup, butte invariablement sur deux murs : Le mur de Planck pour les origines, le mur du non retour pour la fin.



L’angoisse jamais ne s’éteint. L’homme peut s’assourdir de la superficialité des petits plaisirs, s’abrutir de remplissage stérile de cerveau, elle reste là qui le ronge.



Alors il reste la croyance en Dieu, la croyance plus forte que toute connaissance, la croyance à laquelle il faut s’abandonner pour ne plus souffrir.

Mais comme le rappelle l’auteur : croire n’est pas chose si simple….



« Je ne fus jamais touché par la foi, mais », nous dit-il, « Ce que j’aimerais par-dessus tout c’est que Dieu existât ».

Evoluant dans cette gamme de raffiné et de finesse où il excellait, cet ouvrage est bien le testament spirituel de Jean d’Ormesson.

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Un hosanna sans fin

Au terme de sa vie, Jean d’Ormesson nous gratifie d’une trilogie existentielle débutée par « Comme un chant d’espérance » et poursuivie par un « guide des égarés » ; et qui se clôt avec cet « Un hosanna sans fin ».

Un hosanna sans fin ! Voilà une formule qui sied bien comme point final à la carrière littéraire de Jean d’Ormesson. Notre homme n’a-t-il pas déclaré à maintes reprises avoir adoré la vie ?



« Un hosanna sans fin », un petit opus où l’on sent irrémédiablement l’homme qui va partir et qui ne voudrait pas le faire sans revenir sur certaines notions – certes maintes fois par lui commentées, débattues… − qui ont fait de sa vie un questionnement.

Oui, le premier tiers du livre ne se passe pas sans le mot « mort » à chaque page ; mais à mesure que les pages se tournent, vient se substituer celui d’espérance…

Et Dieu dans tout ça ?

Notre homme est clair : « Je ne sais pas si Dieu existe. Je suis agnostique » ou encore : « Ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est que, sous une forme ou sous une autre, j’hésite beaucoup sur ce point, Dieu existât. »



Un petit opus à peine achevé de corriger avant l’arrivée de « la faucheuse », publié en l’état, nous indique sa fille et éditrice, en avertissement, en s’excusant presque de « quelques répétitions et imprécisions qu’il aurait sans nulle doute, rectifiées ou gommées. »

Qu’importe. Un texte émouvant, qui, dans son style si particulier, nous permet de clore ce chapitre de la littérature française par un hosanna ; et à moi par le truchement de ce modeste billet de dire à l’auteur que j’ai suivi en littérature autant qu’en radio et en télévision : Adieu l’artiste !

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Face à l'univers

Enfin ! Après plus de deux semaines sans lire autre chose que des textes professionnels techniques et juridiques, j'ai réussi à trouver une fenêtre de lecture, tandis que le manque se faisait sentir trop durement. Pour ce retour à une alimentation plus naturelle, j'ai repris en douceur en choisissant un ouvrage d'une centaine de pages de Trinh Xuan Thuan, brillant astrophysicien qui enseigne aux États-Unis, mais vulgarise dans la langue de Molière à laquelle il manifeste un attachement viscéral. Adepte de la philosophie bouddhiste, il aborde dans ce livre, l'univers et ses mystères qu'il rend accessibles au néophyte et nous entraîne dans son questionnement par le truchement d'entretiens avec d'éminents personnages qui marquent leur époque dans des domaines aussi divers que la peinture, la littérature, la biologie, la science, l'agriculture et la philosophie. Ces grands noms partagent leurs interrogations devant l'immensité du vide de nos connaissances, qui mêlent dernières découvertes scientifiques et concepts théophilosophiques. Face à l'univers, je me sens aussi ignorant et humble qu'eux. Comment ne pas l'être lorsque 95% de sa composition (énergie noire et matière noire) demeure au-delà de l'état actuel de la compréhension humaine ? Je ne regrette pas ce moment passionnant et me suis pris à espérer que de mon vivant, le mur de Planck serait franchi, et que l'on pourrait remonter plus près du Big Bang et voir peut-être, "Le visage de Dieu", titre du livre des frères Bogdanov.
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La Création du monde

Sous forme d’une mise en abîme, Jean d'Ormesson nous parle de Dieu.

Comme il le fera encore par la suite, mais moins subtilement, à mon sens.

Il repasse ici les coups de crayons de l’esquisse dessinée dans « le rapport Gabriel » et qu’il mettra en couleurs éclatantes dans ses œuvres ultérieures.

Le ton est affirmatif et prosélyte. Les "évidences" divines manquent de la finesse qu'elles acquerront par la suite.

Mais la langue est superbe, agréable à lire, gratifiante.

Oui, gratifiante ; car elle nous pousse à réfléchir autrement sur nos interrogations existentielles. Elle nous y pousse avec délicatesse comme si l’idée surgissait de nous, comme une évidence d’après coup.



Les poncifs de l'auteur sont tous présents : Le néant, le big-bang, l’espace, le temps, la lumière, la mathématique, la géométrie, la beauté, la vie

Mais là apparaît l'orgueil de L'Homme, l'orgueil qui tue Dieu et qui emportera l'Homme.



Un texte plein de vérités profondes qui, quoiqu’indicibles, naissent de la magie subtile des mots distillés par l’auteur.
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Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

Premier livre de Jean d'Ormesson que je lis, je l'avoue.

Ici, d'accord, sur la couverture, je lis, roman.

Je situerais cet ouvrage entre roman et essai.

Bien sûr, on suit son parcours mais ses réflexions sur la vie après 88 ans d'existence au moment de la parution du livre , sa formation de philosophe et son érudition nous dirigent vers l'essai.

J'ai nettement préféré ses réflexions à son parcours de vie.

Aristocrate et fier de l'être, il ne nous épargne pas les détails et les énumérations de ses ancêtres.

Même cas de figure quand il nous cite tous les grands écrivains morts alors que lui est bien vivant, j'ai effectué un grand saut de long paragraphe.

Ceci étant dit, c'est bien intéressant d'avoir le regard d'un écrivain aussi érudit sur une vie, sur sa vie, sur le monde tel qu'il le perçoit sans pour cela se laisser endoctriner, loin de là.

L'écriture est très stylée, elle ne me rentrait pas facilement dans l'oreille. Et pour cause, l'auteur et moi n'appartenons pas au même monde.

Il aborde les sujets avec beaucoup d'humour.

Le seul reproche que je lui fais, c'est de se raccrocher à ses valeurs et de ne pas assez faire confiance aux générations futures mais c'est très subjectif. Il le fait peut-être dans ses parutions ultérieures.

Deux essais que j'apprécie sur le thème de l'avenir sont "Aimer quand même le XXIème siècle" de Jean-louis Servan-Schreiber ou"Petite Poucette" de Michel Serres.

Là, pas de nostalgie, pas de nombrilisme, on avance.

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Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un..

Ah j'allais oublier ! En fait non, c'est déjà aux trois quart fait. Acheté en une minute à l'étal d'une solderie pensant à un roman, il m'aura fallu près d'un an pour lire cette sélection de chroniques et éditoriaux de Jean d'Ormeson parus dans le figaro. Les apparences sont souvent trompeuses. Un an ! C'est long. Et c'est court si l'on considère que ces 161 articles courent de 1981 à 2015 soit trente quatre ans. Des flashs nostalgiques, souvenirs épars de péripéties ayant en leur temps enflammé l'opinion.





Je le dis tout à trac, perso je préfère de loin l'écrivain et plus encore le philosophe au journaliste polémique. Les journalistes font du papier n'est-il pas ? Cet exercice de compression est donc parfois bien cruel, avec une impression de radotage à cause de cette redondance à travers des articles publiés différents jours mais ici accolés les uns aux autres. D'où mon choix de saucissonner cette lecture. Nonobstant quelle dépense d'énergie, quelle agitation... Les chiens aboient, la caravane passe. Et Dieu dans toutes ces affaires ? A moins qu'une référence à Mitterrand. J'ai comme un doute.





Je m'en vais vous donner une impression d'outre-Quièvrain et tenter une réponse à cette question qui occupe toute la première partie soit 107 articles sur plus de 400 pages "Comment va la France Môssieur ?". Pour ce faire je n'hésiterai pas à faire appel au Belge Iliya Prigogine prix nobel de chimie qui m'a fait comprendre que si le chaos se cachait derrière l'ordre apparent, un autre ordre existait derrière ce chaos. Ainsi ces chroniques ordonnées font apparaître l'agitation permanente et en tous sens des (grands ?) hommes d'état français et que dissimule ce tumulte politique si ce n'est un roman digne d'une tragédie grecque ? Le rêve d'Itaque. Une France qui n'est pas et n'a jamais été ce qu'elle rêve être.





L'auteur n'échappe pas ici à ce mal franco-français d'un nombrilisme exacerbé. Bien sûr ce constat cinglant risque de provoquer le déni et pourtant faut-il une autre preuve que cette répartition disproportionnée d'un petit tiers soit 54 chroniques et 200 pages réservées au reste du monde et L'histoire que nous vivons ? Vanité tout n'est que vanité.



Néanmoins quelle verve !
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Au plaisir de Dieu

Jean d'Ormesson prend la plume d'un narrateur afin de nous faire vivre les grandes heures de l'Histoire à travers une famille bourgeoise française.

Le grand père, clé de voûte de ce roman, fidèle au Passé, réfractaire au Progrès et aux changements vit dans son château de Plessiz Les Vaudreuil.

Cette chronique familiale est tantôt gaie, tantôt amère, souvent réaliste. Les références à la table en pierre du jardin, où bon nombre de conciliabules, de discussions, de disputes ont vu le jour sont nombreuses.

Ce roman nous décrit la déchéance d'une famille qui n'a pas su suivre l'évolution de la Société.



Dans un style magnifique digne de Chateaubriand, son idole à qui il fait penser, Jean D'Ormesson écrit des lignes riches, d'un souffle, d'un rythme et d'une amplitude rare.
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Une autre histoire de la littérature française,..





C'est un livre d'à peine 150 pages, où Jean d'Ormesson donne sa vue des grands romanciers du XIXième siècle : Stendhal, Balzac, Dumas, Mérimée, Sand, Flaubert, Zola, Maupassant et Jules Renard. Chaque auteur recoit quatre à cinq pages descriptives, une biographie, une bibliographie et un extrait de trois à quatre pages d'une de ses oeuvres.



C'est court, mais c'est fait avec érudition, avec humour, et parfois avec tendresse. Des tapas littéraires...C'est excellent si on a une petite faim.
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Et moi, je vis toujours

Jean d'Ormesson fut, Jean d'Ormesson n'est plus...



"Et moi, je vis toujours" son dernier roman, où quand l'Histoire nous livre son autobiographie.

Sous divers personnages, l'histoire prend corps depuis les temps les plus reculées jusqu'aux plus proches...



C'est un réel plaisir que d'enfourcher sur la plume de Jean d'Ormesson pour traverser les temps, les âges et les espaces. Une démarche un peu similaire que vient d'entreprendre E.E. Schmitt en huit volumes...

Mais là, le temps presse, la faucheuse est en route. On le ressent d'ailleurs sur certains chapitres qui semblent un peu bâclés quand on connait la faculté de l'auteur à développer subtilement les détails.

Qu'importe. Le style "classique" si élégant de l'auteur m'embarque, encore une fois, une dernière fois ; son érudition me subjugue ; ses choix, ses prises de position...

Bref, depuis bien longtemps amateur de la prose de Jean d'Ormesson, je n'ai plus que la ressource de me tourner vers les quelques ouvrages attente dans ma PAL pour assouvir le besoin que j'éprouve de temps à autre de me replonger dans cette prose sublime, apte à faire sentir la musique des mots jusque dans les énumérations de lieux et de personnages exotiques.



L'Histoire se raconte. Et si Jean d'Ormesson s'était pris pour l'histoire, lui qui sent "le vent du soir" se lever ? On sait pour l'avoir entendu le déclarer : "Pour ce qui est de la modestie, je ne crains personne."

Alors ?

Adieu l'artiste.
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Guide des égarés

Pour l'avoir développé souvent ici, je dirai encore que Jean d'Ormesson n'est jamais aussi bon que lorsqu'il parle de lui… Dans ce « Guide des égarés », il se livre un peu plus : un petit manuel qui n'a rien de philosophique, nous dit-il… mais qui en est largement empreint, incorrigible D Ormesson, pour notre plus grand plaisir.

Tous les thèmes ressassés depuis dix ans sont présents : la science, ou les sciences, la beauté, la justice, l'histoire, l'amour … et pour finir : Dieu, façon manuel. C'est court, à peine cent vingt pages, mais c'est de l'essence au sens floral du terme ; et cette magnifique prose, élégante, presque précieuse, qui nous fait entendre sans y penser la voix si particulière de l'auteur…

Quand Jean d'Ormesson se fait concis comme ici pour revenir comme en résumé sur les thèmes de réflexion dominants dans son oeuvre me réjouit. Je sais qu'il a le don d'en agacer certains… Et alors ?

Et puis après D Ormesson qui cite « Les tontons Flingueurs » : « il y a de la pomme – mais il n'y a pas que de la pomme … » … j'ai envie de dire qu'ici « Il y a de la philosophie – mais il n'y a pas que de la philosophie… » Il y a D Ormesson !

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