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Critiques de Jirô Taniguchi (2161)
Mon année, Tome 1 : Printemps

L’idée de cette bande dessinée est simple : chaque tome devait raconter un mois dans la vie d’une jeune enfant trisomique dont la particularité est que son handicap se voit peu physiquement. Ce premier tome se concentre donc sur le printemps, et nous avions la promesse de trois tomes à venir, qui ne sera malheureusement jamais tenue. C’est d’autant plus dommage que ce premier tome met en place la famille et les éléments qu’elle vit avec talent, donnant envie de voir comment les diverses situations évoluent.



Avant d’aborder la BD à proprement parler, petit retour sur sa genèse. Cette bande dessinée est le fruit de l’envie de Dargaud et Kana de proposer une collaboration entre un auteur franco-belge et un mangaka japonais. Jiro Taniguchi étant déjà en contact avec l’éditeur, et souhaitant travailler sur une BD au format européen, le rapprochement s’est fait naturellement. Morvan, de son côté, vivant entre la France et le Japon, était très bien placé pour écrire une histoire à destination d’un mangaka japonais. Ainsi, un vrai échange s’est amorcé entre les deux artistes, Taniguchi venant en France effectuer des repérages (qui s’avèrent payants si je me base sur le passage se déroulant à Lille, où l’on reconnait sans peine la gare Lille Europe), et Morvan lui envoyant des photos de moments de vie ordinaires dans un cadre français. De plus, le scénariste français est allé dans l’IME de Soissons rencontrer des enfants en situation de handicap afin de mieux saisir leurs émotions et la façon dont ils vivent.



Pour finir sur le contexte, il est intéressant de signaler que Morvan travaillait déjà auparavant sur des passerelles entre BD européenne et japonaise, puisqu’il avait signé des collaborations avec Toru Terada pour Le Petit Monde, et avait signé une version manga de Spirou, sans parler de quelques scénarios de son cru directement adaptés en manga.



Ceci étant posé, qu’en est-il de cette bande dessinée ? Nous suivons donc Capucine, jeune enfant trisomique qui fête ses huit ans. Pour cette occasion, un repas de famille est organisé durant lequel son père lui offre un chiot, qu’elle nomme Garçon (car c’est un « garçon »). Nous suivrons pendant ce tome le chemin de toute la famille et verrons les problématiques liées au fait d’élever une enfant handicapée. On constate que le couple est fragilisé par le fait de devoir organiser toute sa vie en fonction de ce handicap qui prend beaucoup de place. La pauvre Capucine comprend bien que ses parents ne sont pas bien, mais n’arrive pas à savoir pourquoi… Mais au cours du tome, une évolution est amorcée : le père de Capucine, surement le personnage le plus mis en avant avec la fillette, se rend compte qu’il se repose trop sur sa femme pour l’éducation de leur fille. De son côté, son rapport à son chien fait énormément de bien à Capucine et semble amorcer le début d’une évolution chez elle, qui souhaite laisser de côté son Doudou imaginaire pour être présente pour l’animal.



Je passe certains éléments qui pourraient relever du spoil, mais sachez que tous les éléments sont très bien développés, rendant cette famille attachante et donnant envie de les voir évoluer au mieux. Mais c’est ici que le projet trouve sa limite, puisque nous n’en saurons jamais plus malheureusement, alors que ce premier tome est porteur de belles promesses. Il faudra donc faire avec une fin ouverte des plus frustrantes…



Au-delà de l’écriture, l’esthétique est également très travaillée, comme on pouvait s’y attendre avec Taniguchi. Le fait que l’on soit dans une BD française implique un grand format qui diffère de ses travaux habituels, et surtout, des couleurs ! Et en l’occurrence, le travail sur les couleurs est vraiment de toute beauté, rendant chaque scène très vivante et palpable. Taniguchi a toujours eu un talent fou pour nous rapprocher des personnages et créer des ambiances, et cela se ressent particulièrement dans ce volume. Une fois encore, rien n’est donc plus frustrant de se dire qu’on n’en verra pas la suite.



Avant de conclure, un petit mot sur la disponibilité de l’ouvrage. Personnellement, je l’ai emprunté en médiathèque, et j’ai constaté qu’il était difficile à trouver en librairie, voire même introuvable. Je pense que beaucoup de versions d’occasion doivent circuler, mais c’est tout. Ça me gène un peu de parler d’une BD compliquée à trouver, puisque cela empêchera peut-être des personnes intéressées de se la procurer, mais j’avais quand même envie de l’évoquer, car c’est un projet assez original et très intéressant, bien que frustrant de par sa nature d’œuvre inachevée. De plus, j’imagine mal une réédition compte tenu du fait qu’elle restera sans suite.



En résumé, Mon Année est un très beau projet dans l’idée, sur un sujet fort traité avec talent et intelligence, qui ne connaitra malheureusement jamais d’aboutissement. Il est de plus compliqué à trouver aujourd’hui du fait qu’il ne soit plus édité, mais c’est malgré tout une BD que je recommande si vous le trouvez en médiathèque ou d’occasion à petit prix. Une belle œuvre, qui aurait vraiment mérité d’aller à son terme.
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Les Gardiens du Louvre

J’adore les albums de Taniguchi mais cette fois je n’ai pas adhéré aux rêves et hallucinations du jeune japonais qui visite Paris et plus particulièrement le Louvre et ses peintures (De Corot et Van Gogh). Les illustrations sont comme toujours magnifiques mais cela n’a pas suffit à me faire pénétrer dans la magie. Bref. Je me suis plutôt ennuyée donc celui ci je ne le recommanderai pas.
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Elle s'appelait Tomoji

Histoire vraie de Tomoji Uchida, une jeune femme qui a vécu au Japon dans les années 1920. Personnage fort, volontaire et courageux. Elle vit dans la campagne rurale japonaise, pauvre mais attachée à ses traditions (sens de la famille, du travail, respect des anciens, une forme de résignation active sans se plaindre). Elle surmonte grâce à cette force les épreuves tristes de son enfance. Elle sera à l'origine de la construction avec son mari d'un temple à Tokyo.

Comme toujours avec Jirô Taniguchi, très poétique et très touchant. J'ai beaucoup aimé, en particulier car ce ne sont pas des nouvelles mais une seule histoire et car elle concerne une femme.
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La forêt millénaire

Ce livre de Taniguchi m'a un peu moins plu dans le sens qu'il est plutôt adapté pour des jeunes enfants car très court (et pour cause, il n'a pu le terminer), en couleur et d'une morale simple. Faire confiance à la nature, nous lui appartenons, retrouver ses sources, son énergie dans la nature et en particulier la forêt et les grands arbres.

Toujours aussi poétique, mais je suis un peu restée sur ma faim.
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Quartier lointain - Intégrale

Le livre se passe au Japon (Japon avec ses traditions fortes). C'est un livre sensible et émouvant.



Un homme de 48 ans marié père de deux grandes filles a vécu à 14 ans la disparition de son père et depuis il ne cesse de se reprocher de n'avoir rien vu venir, de n'avoir pu empêcher ce départ et ainsi de ne pas avoir réussi à protéger sa mère (morte à 48 ans). Le jour de ses 48 ans, il se trouve projeté "définitivement" dans son enfance à 14 ans et tente d'éviter la disparition de son père.



Ce livre ressemble à un livre d'aventure mais au second degré il est surtout psychologique :



Relativement au père disparu, se pose le questionnement sur notre chemin de vie que nous choisissons ou subissons? Prenons nous le temps de vivre la vie comme nous le voulons et non comme les évènements nous contraignent à la vivre!



Relativement à l'enfant devenu adulte, se pose la question du poids des tourments de l'enfance, de la culpabilisation, des regrets quand aux possibilités de changer le cours des évènements. Et résoudre ces questions semble être l'unique moyen pour l'adulte de se construire.



whaouh... ce qui est sûr c'est que ce livre est bouleversant, très beau, à lire absolument.
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Le promeneur

Un livre qui n'est pas resté très longtemps dans ma PAL. Je suis assez attiré la le graphisme de Jiro Taniguchi et je ne m'en lasse pas .

Nous sommes emportés par la flânerie du personnage aux gré des pages qui malheureusement passent trop vite !

Je conseil pour les fan de bande dessinée européenne et japonnnaise.
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Quartier lointain, tome 1

Le premier tome d’une très jolie histoire, un classique du manga.



Je ferai une critique plus complète après avoir lu le second tome.
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Un ciel radieux

Un ciel radieux est un roman graphique écrit et illustré par le japonais Jiro Taniguchi. Je l’ai découvert à la médiathèque et le résumé m’avait donné envie de le lire :



" Une nuit d’été, un terrible accident a lieu dans une rue de la banlieue de Tokyo, entre un motard et une fourgonnette. 10 jours plus tard, le conducteur de la fourgonnette, Kazuhiro Kubota, 42 ans, meurt sans avoir repris connaissance. Au même instant, l’encéphalogramme du motard, Takuya Onodera, 17 ans, en état de mort cérébrale, montre à nouveau des signes d’activité. En une vingtaine de jours, il a repris connaissance et semble en voie de guérison totale : un vrai miracle.



Mais celui qui se réveille dans le corps de Takuya, c’est Kazuhiro. Après un instant de surprise, il admet ce qui lui arrive et comprend qu’une deuxième chance lui a été donnée. Mais cette chance est temporaire : en effet, la mémoire du vrai Takuya lui revient petit à petit. Avant de rendre le corps de Takuya à son légitime propriétaire, Kubota décide de transmettre coûte que coûte à sa femme et sa petite fille de 8 ans qu’il les aime et qu’il regrette de les avoir trop souvent négligées jusqu’à sa mort. Mais qui pourra croire son histoire ? "



Le récit se déroule de nos jours, au Japon. Tout commence avec l’accident impliquant Kazuhiro Kubota, un employé quadragénaire surmené, et Takuya Onodera, un lycéen de dix-sept ans. L’élément fantastique introduit par l’auteur, et qui donne tout le sel à ce roman graphique, c’est qu’après son décès, l’esprit de Kubota va occuper la corps de Takuya.



Sur trois-cent pages environ, Jiro Taniguchi va alors nous faire rencontrer les familles respectives, de Kazuhiro Kubota et Takuya Onodera. La « cohabitation » entre le jeune lycéen et le quadragénaire n’est pas de tout repos, ni pour eux ni pour leurs proches, qui ont du mal à comprendre la situation. Nous assistons alors à un joli récit sur la famille et le deuil, avec par ailleurs un discours social sur le monde du travail et ses conséquences sur la santé.



Les dessins est jolis, clairs, sans éclat particulier mais parfaitement adaptés. J’ai bien aimé ce style sobre qui colle parfaitement au ton du récit.



De façon générale, Un ciel radieux est un roman graphique très réussi, à la fois sobre sur la forme et riche sur le fond.
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Enemigo

je suis toujours épatée par la "finition", le détail des scènes de bagarre et/ou bataille, ce manga me le rappelle. l'histoire de ce frère qui va tirer son cadet d'une situation d'otage où on ne sait jamais trop quel est l'ennemi le plus dangereux m'a bien intéressée. ça nous ramène quelques années en arrière, en Amérique latine, dans un Etat imaginaire. comme il est expliqué dans les post-face, les codes du genre sont respectés. il n'y a plus qu'à se laisser emmener...
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Les années douces, tome 1

J'ai emprunté cette BD par hasard, intriguée par le résumé. J'ai lu en une soirée, en empathie totale avec Tsukiko qui vit seule dans son monde intérieur, se demande souvent ce qu'elle fait là, respecte les silences et adore commander des plats étranges dans le troquet près de chez elle. Finalement, la relation d'amitié / admiration / amour (?) avec cet ancien professeur qu'elle renvoie par hasard et appelle "le maître" est presque secondaire. Ce qui fascine dans cette histoire douce, contemplative mais puissante à la fois, c'est cette jeune femme placide qui ignore le qu'en dira-t-on et n'a de cesse que de suivre sa voix intérieure. J'ai été bien inspirée d'emprunter le deuxième tome avec le premier !
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La montagne magique

Pur style Tanigushi. Entre onirisme et quête initiatique. Court mais avec l'essentiel de cet auteur
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Quartier lointain - Intégrale

Jirô Taniguchi offre une nouvelle histoire riche en émotions ! Quartier lointain se déguste au fil des pages. Que du plaisir !
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Venice

Magnifique ! Mais il faut avouer que je suis partielle parce que grande fan de Taniguchi.

Je ne savais pas qu'il avait un tel talent d'aquarelliste, ni que son grand-père était peintre et que sa mère était née à Venise. De superbe peintures illustrent ce livre avec un petit récit en demi-teinte sur la recherche des origines de l'auteur.
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Le sommet des Dieux, tome 1

Même si je n'y connais pas grand chose au milieu de la montagne, j'ai bien aimé ces descriptions de courses/escalades en montagne mêlées à une intrigue autour d'un vieil appareil photo et d'un mystérieux montagnard.

En revanche le côté outrancier du manga m'a fortement déplu : je n'ai pas aimé les textes écrits en très gros et très gras pour asséner des phrases "pleines de mystères" (ironie) et cliffhanger, je n'ai pas aimé qu'il y ait des gros "pwuuuh" (ou équivalent) et des traits plein les dessins pour m'expliquer que le vent souffle très fort, de manière générale je n'ai pas aimé les onomatopées très (trop) visibles, je n'ai pas aimé le côté too much du dessin pour expliquer combien Habu Jôji est secret et tourmenté...

J'ai trouvé tout cela un tantinet ridicule alors même que l'histoire en elle-même est prenante.

Je vais déminer tout de suite les éventuels commentaires et critiques des mangaficionados : je suis bien consciente que je n'ai surement pas beaucoup de culture manga et que cela m'empêche peut-être d'apprécier cette bd à la valeur que vous trouvez juste mais ce n'est pas parce que vous m'affirmerez et m’assénerez que Jirô Taniguchi est reconnu comme le meilleur que vous me ferez apprécier le style. ;-)
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La forêt millénaire

Cet album est inachevé. Il s’agit de la dernière œuvre sur laquelle travaillait Jirô Taniguchi (décédé en février 2017). Cette histoire, qui semble classique, était prévue pour être déployée sur plusieurs volumes et malheureusement, elle ne sera jamais terminée. Même la fin de ce premier tome est abrupte. Il faut donc se plonger dans cette œuvre en connaissance de cause, car il y a une petite déception, lorsque la dernière page arrive (trop rapidement), alors que l’histoire vient à peine de commencer. Ce début est assez contemplatif et nous laisse sur notre faim.

[...]

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La forêt millénaire

En lisant cette BD, on ne peut oublier qu’il s’agit de la dernière œuvre de Taniguchi. Ainsi le ton mélancolique, la poésie tragique en sortent renforcés. Dans cette histoire, le grand auteur met en scène un adolescent qui contient toute sa tristesse, toute sa fragilité par pudeur et par peur. Face à lui, une forêt dont Taniguchi développe toute la puissance, toute la beauté et les secrets. Mais celle-ci est également fragile et ces deux univers se rencontrant forment l’axe narratif de cette BD. Avec un rien, des non-dits et un temps suspendu, Taniguchi installe un univers allégorique. Cette œuvre, par ce qu’elle est la dernière, contient toutes les autres. Chaque page fait penser aux précédentes histoires, aux personnages perdus et recueillis par la nature et au salut que chacun a obtenu. ici, il s’acquiert dans cette forêt, territoire sacrifié, meurtri, terrain de jeux et de défis. Le dessin est fin et délicat faisant de la forêt un univers sans limite aux couleurs éblouissantes.

Cette BD inachevée est complétée par un texte sur les racines du projet. Une belle manière de comprendre et de connaître le travail de ce grand auteur, en partant de l’idée de départ jusqu’au format (à l’italienne) de la BD. Un livre émouvant sur l’oeuvre et le travail d’un grand artiste.
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Le gourmet solitaire

mon "premier" Taniguchi. ensuite? j'ai lu tous les autres, sauf la série "montagne", certainement très belle mais le sujet ne m'a pas attirée.
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Le sommet des dieux, tome 5

Avec ce cinquième tome, la grande aventure du Sommet des dieux, le roman fleuve consacré à l'alpinisme de Yumemakura Baku adapté par Taniguchi Jirô, touche à sa fin. Ce copieux récit héroïque a connu des hauts et des bas, sans doute – je situerais l’essentiel des hauts dans le tome 2, je crois, tout entier dédié à la figure charismatique de Habu Jôji, et à sa rivalité contre Hase Tsuneo ; c’est ici que la bande dessinée, passé l’astucieuse introduction focalisée sur le héros/narrateur Fukamachi et sa redécouverte de l’appareil photo de Mallory, avait véritablement atteint… des sommets, au travers d’une vision romantique et en même temps très crue de l’héroïsme irrationnel et agaçant autant que fascinant des grands alpinistes, ces « conquérants de l’inutile ».







Tandis que l’essentiel des bas se situait dans un tome 3 où l’alpinisme était devenu secondaire, centré qu’il était sur les sous-intrigues d’un pseudo-thriller mollasson… Une déception assez marquée, qui m’avait fait craindre le pire pour la suite des opérations. Pourtant, le tome 4 avait su renouveler l’intérêt de la BD, en retournant à son essence même : ces hommes engagés dans une relation passionnelle avec la montagne – et d’autant plus redoutable. Or l’obsession de réaliser des « premières » de toutes sortes et en permanence, on l’a clairement vu à ce stade, relève d’un comportement hautement morbide, où l’arrogance a certes sa part, mais tout autant, après une vie trop riche de drames, un poignant sentiment de culpabilité, celui qui étreint toujours les survivants.







C’est la carte jouée par ce cinquième et dernier tome, et avec un brio admirable : en termes de qualité, on revient ici au niveau des deux premiers volumes. Nous retrouvons notre personnage point de vue Fukamachi sur les pentes de l’Everest, alors qu’il doit enfin rester en arrière et laisser Habu Jôji à son sort, dans cette tentative absurde de vaincre « le sommet des Dieux » dans les pires conditions. Je ne révèle sans doute rien en confessant que le photographe perd alors la trace de son fascinant héros… Le voilà plongé dans une prétendue incertitude qui s’avère bien vite, de manière moins hypocrite, la certitude absolue de ce que l’alpiniste chevronné ne s’en est pas sorti… Ce qui devrait revenir à dire qu’il a échoué ? Un point qui se discute chez nos ambitieux héros – la situation de Habu Jôji, pour le coup, rappelle tout naturellement celle de Mallory, qui a fourni son prétexte à la série : sans doute est-il mort… Mais, avant cela, a-t-il triomphé de l’Everest, et arpenté son sommet ? Tous ces personnages sont persuadés de ce que pareille absurdité compte, que c’est ce qui importe vraiment…







Et sans doute Fukamachi lui-même en vient-il à partager ce point de vue. Dès lors, lui, l’homme en retrait, celui qui se contente de prendre les photographies de ceux qui vainquent la montagne, ou qui périssent dans leur folle entreprise, se doit à son tour de combattre l’Everest.







Parce qu’il se sent coupable, à tort ou à raison – mais très probablement à tort. La disparition de Habu Jôji, son échec probable ? C’est sa faute ! C’est forcément sa faute ! Il a interféré, il n’aurait pas dû… Dès lors, il y trouve un prétexte pour justifier sa propre tentative – dont le caractère morbide est marqué, à la limite en fait du suicide qui ne dit pas son nom. Et ceci quand bien même il a à ses côtés, tout d’abord, le fidèle ami, le sherpa Ang Tshering… mais aussi Ryôko, l’ancienne compagne de Habu Jôji et désormais la sienne – une femme d’alpiniste comme on est femme de marin…







Mais la quête de Fukamachi est ambiguë – et, en définitive, à la pulsion de mort ainsi brusquée répond un désir de vaincre relevant davantage du dépassement de soi, et qui implique, chez un homme tel que Fukamachi, à la différence de ses modèles trop grands pour lui, à la fois d’atteindre le sommet… et d’en revenir. Car le retour, à tout prendre, est partie intégrante du voyage, ce que les amateurs de fantasy savent bien.







Le dépassement de soi ? Je ne m’en suis jamais caché, cette éthique spirituelle de l’héroïsme, associée ici au sport (un genre de manga à part entière, ce qui me laisse perplexe) davantage qu’à la découverte ou l'exploration, car il s'agit de repousser ses limites bien plutôt que de faire reculer les frontières, est totalement aux antipodes de mes propres préoccupations. Je n’y suis de manière générale pas le moins du monde sensible, je ne peux tout simplement pas envisager le monde sous cet angle. Et pourtant, ici, cela ne me laisse pas indifférent – parce que le récit est admirablement bien conçu, sans doute dès son premier état romanesque, mais aussi au travers de son adaptation par Taniguchi, très fine, et dont le rythme posé, méticuleux, s’avère superbement adapté à l’exploration de la psyché de Fukamachi comme à l’expression de ses sentiments les plus forts et tout à la fois les plus troubles – désir d’en finir, désir de vaincre, désir de revenir pour témoigner. Car, en définitive, c’est bien d’un récit qu’il s’agit. Un récit aux consonances mythologiques.







Et, cela va de pair, un récit qui a ses acteurs également mythologiques – aux vieilles gloires de l'âge dit héroïque répondent les héros très concrets mais peut-être plus absurdes encore de l’ici et maintenant, tandis que les fantômes cessent parfois de se contenter de rôder hors-champ pour apparaître au détour d’un glacier ; le froid préserve les corps, même s’il ne s’agit que d’un pathétique simulacre de vie – qu'importe : au sommet, finalement une sorte de Walhalla des alpinistes, peuvent se retrouver les vainqueurs, engagés  dans le perpétuel dialogue muet de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Des scènes sublimes…







Et portées par un dessin sublime. À cet égard, ce cinquième et dernier tome de la série est peut-être bien le plus convaincant de tous. De la majesté de la montagne à l’expression discrète mais saisissante de la vie intérieure des personnages, il se montre absolument parfait – manière de confirmer en dernier recours que Le Sommet des Dieux méritait bien son prix du dessin à Angoulême. Irréprochable, et mieux que ça : très fort, toujours pertinent, toujours habile enfin dans son jeu sensible et délicat sur les contrastes.







Je n’irai pas jusqu’à parler de chef-d’œuvre, ni pour ce volume précisément, ni pour la série dans son ensemble – et je maintiens qu’elle connaît un triste passage à vide dans le tome 3, qui affecte toujours le tome 4, même autrement plus convainquant. Mais, avec ce dernier volume, on retrouve sans l’ombre d’un doute la force des deux premiers. On ne pouvait donc espérer meilleure conclusion – et qu’importe si cet « héroïsme » me dépasse totalement ; la beauté du sport, dit-on ? On peut en étendre le champ : la séduction de ce qui est absurde, et grand.
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La forêt millénaire

Un album sur lequel je suis tombée un peu par hasard à la bibliothèque de mon village et comme c'est un auteur que j'aime bien, je l'ai emprunté. De plus, c'est le dernier de l'auteur, donc j'ai été ravie de le découvrir rapidement...



L'histoire est celle d'un petit village qui a survécu à un séisme, qui a laissé place à une nouvelle forêt. Quelques années plus tard, Wataru est accueilli par ses grand-parents suite au divorce de ses parents et à la maladie de sa mère. Il va devoir alors s'intégrer dans un nouvel environnement, dans une nouvelle école...



Alors par rapport aux autres œuvres de Jirô Taniguchi, je n'ai pas trop aimé. Je n'ai pas vraiment retrouvé l'entrain que j'avais en lisant ses autres histoires. Je l'ai trouvé un peu plate, un peu sans vraiment d’événements. Alors oui, l'histoire est posée et amène certaines réflexions, mais je n'ai pas réussi à vraiment rentrer dans l'histoire, à m'attacher aux personnages...



A la fin de l'album, j'ai trouvé intéressant de savoir d'où vient ce projet. D'ailleurs, j'ai beaucoup cette grosse partie, avec les carnets de l'auteur.



Wataru est un enfant de dix ans, qui arrive dans le village de ses grand-parents, suite au divorce de ses parents et à l'hospitalisation de sa mère. Il vient de Tokio, donc n'a pas l'habitude de la nature. Il va devoir s'adapter à ce nouvel environnement, qui semble vouloir lui faire voir, entendre des choses. J'ai bien aimé ce personnage, qui semble attachant. Mais je n'ai pas réussi à le comprendre complétement... Du coup, je ne sais pas trop où l'auteur veut en venir avec ce personnage.



Les dessins sont toujours aussi magnifiques. J'adore le coup de crayon de Jirô Taniguchi. Je pense découvrir les derniers mangas de cet auteur.



En général, un album avec de magnifiques dessins, mais une histoire un peu trop plate.
Lien : http://www.fifty-shades-dark..
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La forêt millénaire

Malheureusement nous ne lirons jamais la suite. Jiro Taniguchi est mort avant d'achever ce qui aurait dû être une série de plusieurs tomes. On retrouve les thèmes préférés de l'auteur : l'enfance, la nature, l'écologie.

Magnifiques dessins, envoûtants, dégageant une grande douceur mais également une force (celles de la nature).

Dommage, pas de suite.....
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