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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1133)
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Entre ciel et terre

‘Entre ciel et terre’ est un roman profondément triste et humain. Il raconte l’histoire d’un « gamin », dont on ne connaît pas le prénom, qui cherche un sens à la vie, après avoir perdu son seul ami et compagnon de route en pleine mer.



Pas fait pour la mer et son froid mortel, ce gamin est fait pour les livres, la poésie et les mots. Ces mots qui sont aptes à changer le monde, qui ont le pouvoir de consoler et de sécher les larmes ou ceux qui sont des balles de fusil ou des notes de violon, comme le dit très poétiquement l’auteur.



La plume de Stefánsson est originale et très efficace pour décrire une atmosphère. Ses métaphores et sa prose puissante invitent le lecteur au cœur d’une Islande hostile et sauvage, belle mais inhospitalière.
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Stefansson est un grand écrivain, et pourtant c'est l'écrivain de l'infiniment petit, de l'invisible.



Encore un grand livre, une saga, épopée familiale à travers les époques dans l'Islande qu'on apprend à connaître à travers son regard.

Et pourtant le plaisir de cette lecture réside dans le talent de l'auteur à écrire, décrire, faire vivre des instants fragiles, invisibles, ténus.



Vraiment, je trouve qu'il arrive avec une grande justesse à décrire les moments cruciaux d'une vie où parfois rien ne se passe et tout change, la puissance d'un regard, d'un équilibre, d'un ressenti, du silence, de l'émotion à l'écoute d'une chanson. Bref stefansson écrit vraiment bien tous les petits rien qui font une vie, des gestes manqués et des différences entre les vécus des personnes d'une même situation.



"Qu'est ce qu'il raconte ton bouquin ? Le titre est marrant, je connais pas" eh bien rien et en fait tout. Ce livre nous parle d'une famille en Islande, d'un mec qui est passé à côté de pas mal de chose dans sa vie, comme tout le monde. On vit à travers ses yeux et les yeux de ses ancêtres, cousins. Il se passe rien et pourtant on se laisse emporter dans ce bateau sans vraiment chercher à connaître la destination ou l'époque d'arrivée.



Une chevauchée livresque comme dans un rêve. J'ai fermé le livre, cette paranthese de vie, ce tumulte de personnages s'éteint. Cela laisse une sensation d'infinie mélancolie mais aussi une lueur vers les possibles futurs à écrire.
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Ásta

Lire un livre de Jòn Kalmann Stefansson est toujours un voyage merveilleux dans les brumes du nord, sa langue est poétique et dépouillée, on s'attache à ses personnages qui font de leur mieux de leur vie pour le temps sur Terre qui leur est accordé, l'alcool aide beaucoup les Islandais à tenir le coup ,l'amour aussi. Les scènes d'amour sont tout simplement exceptionnelles.
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Ton absence n'est que ténèbres

ALERTE SPOIL

Juste pour ceux qui, comme moi, ont été obligés de lire et relire des passages entiers pour s'y retrouver:

Aldis F venue de Reykjavik pour les beaux yeux d’Haraldur qu’elle avait croisé alors qu’elle était avec son fiancé Johannes : ont eu 2 filles

-Soley qui tient l’hôtel et a eu une liaison avec le narrateur

- Runa : sa soeur (1er personnage de l’histoire) a une brebis qui lui sert de chien



Eirikur H à des borders collies 3 chiens écrasés et à tiré sur un camion. Il fait de la guitare et habite la ferme de Botn. Arrière arrière petit fils de Gudridur. Fils de Svana F et Halldor M. petit fils d’Hafrun F et Skuli M.

svana est tombée enceinte d’Eirikur alors qu’elle était déjà mariée et mère de 2 enfants. A abandonné son fils à ses beaux parents quand il avait 3 mois et leur a demandé de dire qu’elle était morte.



Halldor M: musicien. Rentre l’été voir son fils Eirikur qui est élevé pas ses parents

Pall M: son frère. Prof d’histoire et philo. Avait trouvé une veuve avec 3 enfants mais ça n’avait pas fonctionné. À repris la ferme de Nés.



Petur le pasteur qui est tombé amoureux d’une inconnue (Gudridur F) qui a écrit un article sur les lombrics

Halla F femme du pasteur, sage femme



Gudridur F est mariée à Gisli H: a des moutons et part pêcher 10 semaines par an. Ils ont 3 filles. Son père s’appelait Eirikur est mort en voulant nager jusqu’en 🇫🇷 (et l’autre Eirikur est son arrière arrière petit fils).

Gisli À un frère croqué mort qui vit au Canada

Bjorgvin est le père de Gisli (beau père de Gudridur). steinunn F est la mère de Gisli. Le vieux couple a une ferme de moutons très riche. Ils prennent chez eux leur petite fille aînée Bjorj pour qu’elle aille à l’école



Sigrun est une fille de ferme de chez Bjorgvin qui va aider chez Gisli



Asi / Asmundur H ancien éleveur de moutons devenu exploitant forestier. (. Est marié à Gunna. Il est obsédé sexuel



Ola : a un fusil.



Mundi H: poète qui vient dans une maison d’été. Vend des pales de réacteurs



Gusti H (travaille maintenant dans les entrepôts frigorifiques à Reykjavik) a quitté sa femme DIsa et sa ferme. Ils ont une fille Vedis. Disa a gardé l’exploitation et sa vieille belle mère Luna 70 ans (qui a un chéri de 90 ans: Kari de la ferme de Botn)



Omar H: amoureux/mari de Soley?



Wislawa et Oleana: 2 sœurs venues de Syrie qui cuisinent dans l’hôtel de Soley



Elias M: a un chat malade en voiture



Kari M qui fume des cigarillos c’est marié à Margret qui s’y connaît en taureaux. Elle est morte et lui est très vieux et perd ses lunetttes (et conduit à 2 à l’heure). Apprend l’anglais sur ses vieux jours



Luna F vieille amie de margret



Skuli M a perdu son père très jeune. Le postier l’a déposé à Botn. Il sera adopté par les parents de Kari. Plus tard il reprendra la ferme d’Oddi avec Hafrun (F).

Il est de fils de Jon ( fils de Gudridur) et de Hulda F. Son père est mort saoul. Sa mère de la tuberculose. Sa petite sœur Agnes est morte aussi.



Hafrun F est la mère d’Halldor M.



F= féminin

M= masculin H=homme

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Entre ciel et terre

Amélie Nothomb disait il y a quelques semaines à la Grande Librairie que la beauté d'un roman tenait à une musicalité, à un style. Qu'un roman rentrait dans la littérature quand le style l'emporte sur les faits racontés.

Si on s'en tient à cette définition en effet, ce roman coche toutes les cases.

Même si c'est plutôt l'univers et la poésie de l'écriture qu'on retient, il y a tout de même des faits.



On suit ce gamin qui a grandi trop vite et dont l'univers vient une fois de plus de s'effondrer.

On sent le tiraillement entre l'abandon complet au désespoir mais dans un coin l'espoir de s'accrocher pour explorer un univers littéraire qui le tente.

Comme pour la plupart des romans islandais, l'entrée dans la lecture est peu aisée mais une fois qu'on a trouvé la pulsation, on s'y laisse bercer.
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Ton absence n'est que ténèbres

PREMIÈRE LECTURE MARS 2022 :

Ce roman m'a perdue page 87 !

Un homme a perdu la mémoire, il se retrouve dans un fjord isolé d'Islande, où tout le monde semble le connaître, bien qu'il y soit apparemment de retour après de nombreuses années d'absence.

Sans qu'il demande quoi que ce soit et qu'il ne parle de son amnésie à personne, ses interlocuteurs lui racontent l'histoire de sa famille, des habitants.

Tout cela me semble confus, décousu et m'a déconcertée.

J'aurais aimé voir développer la merveilleuse histoire d'amour de ses ancêtres, d'Aldís jeune bachelière de Reykjavik et du paysan Haraldur.

Volontairement non noté.



DEUXIEME LECTURE, SEPTEMBRE 2023 :

Je ne me souvenais absolument pas l'avoir commencé et abandonné lorsque ma chère fille me l'a chaudement recommandé.

C'est en l'inscrivant dans la rubrique "en train de lire" sur Babelio que j'ai fait le rapprochement.

Bon...

Alors je l'ai repris et j'ai adoré !

Certes c'est complexe, les vies commencent à être racontées, abandonnées puis reprises, les relations entre chacun ne sont pas toujours claires, il faut se reporter 120 ans plus tôt pour comprendre le pourquoi du comment et avoir un peu de patience.

Mais que ces petites histoires de ces petites gens aux noms imprononçables dans ce fjord perdu d'Islande sont passionnantes, comme elles sont émouvantes et comme on partage les scrupules qui les enferment dans leurs petites vies.

Sait-on ce que devient le narrateur, retrouve-t-il la mémoire ?

Au fur et à mesure de la lecture, ce n'était plus le sujet, il tient lieu de messager, de lien.

Comme quoi, reprendre un livre peut réserver d'excellentes surprises !

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Ton absence n'est que ténèbres

J'ai abandonnée, ça doit être que le second livre où je me retrouve à faire ça.



C'est long, ça me parait pompeux à vouloir être poétique ou autre.



J'ai résisté mais lire ne doit pas être une corvée et là ça l'été.



Les chapitres sont lent et longs.



Ce n'est pas pour moi.
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Ton absence n'est que ténèbres

Je n’ai pas du tout aimé cette œuvre, trop verbeuse à mon goût, un rythme extrêmement lent, des répétitions, tout cela m’a profondément ennuyée. J’aime la littérature, j’adore Proust, la lenteur, les descriptions ne me rebutent pas nécessairement mais ici aucune magie pour moi..
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Ton absence n'est que ténèbres

Glisser sur une mélancolie douce, parfois teintée d’un désespoir qui se taira, suivre cet amnésique dans son écriture - réécriture d’un passé, de son passé ?, suivre cet amnésique, qui nous désigne tous ces chemins délaissés car d’autres chemins ont été pris. Vertige de cet amnésique qui est tout à la fois, le personnage, et celui qui invente les personnages. Puzzle de ces histoires d’amour qui se cherchent, s’évitent, se valsent. Puzzle de ces rencontres qui se jouent dans un espace rude mais chaud de ces regards qui se donnent, même si c’est pour partir. Puzzle de ces rencontres dans un temps qui se plie sur lui-même pour dire les histoires, l’histoire.
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Ton absence n'est que ténèbres

Je ne pense pas que ce soit un mauvais roman. C'est juste une rencontre qui n'a pas eu lieu entre lui et moi.



J'ai laissé tomber au bout de 200 pages. Décidemment l'exercice semblait trop absurde : un homme qui ne sait pas qui il est, qui parle à des gens qui savent qui il est, mais qui ne se rendent pas compte qu'il ne sait pas qui il est, donc qui ne l'aident pas à savoir qui il est.

Raymond Devos où te caches-tu ????

Non sans rire, parce que ce n'est même pas drôle, je suis restée complètement à côté.

En plus on mélange les époques, les familles. A ne rien y comprendre.

C'est dommage. L'ambiance islandaise était délicieusement exotique et rafraichissante. Comme une douche froide après un bon sauna.

Pourtant l'écriture est belle, fluide. Les images de ce paysage lointain vous deviennent vite familière, avec cet espèce de filtre poétique que l'auteur parvient à leur donner.

Mais la magie n'a pas opérée. Navrée.

Alors, faut-il le lire ? Tentez si vous voulez. Moi je l'ai mis dans une boite à livres. Espérant qu'un autre lecteur l'adopte et se laisse adopter.
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Le cœur de l'homme

« Où résident le bonheur et la plénitude, si ce n’est dans les livres, la poésie et la connaissance ? » Voilà que je termine - à regret - cette saisissante trilogie. Malgré certaines longueurs, ce roman, car il s'agit bien d'un seul roman en 3 tomes, est bouleversant. L'histoire d'un gamin pêcheur dont l'existence change radicalement à cause d'un poème qui provoque la mort de son compagnon de bateau.

Après le magnifique "Entre ciel et terre", le très beau (mais un peu long) "La Tristesse des anges", Jón Kalman Stefánsson conclut sa trilogie avec l'émouvant (mais trop long) "Le cœur de l’homme". Si les deux premiers volumes s'attardent beaucoup sur les magnifiques paysages de l'Islande, le dernier volet se penche sur les cœurs, et c'est ce qui fait parfois sa faiblesse. Dénonçant les injustices faites aux faibles, notamment aux femmes, aux artistes et aux pauvres, il donne la parole aux opprimés qui n'ont que la poésie et l'amour pour affronter la violence, l'égoïsme, les rumeurs, le pouvoir et la cupidité. Trop de longueurs, trop de grandes phrases, trop de personnages secondaires et parfois caricaturaux. Mais ne boudons pas notre plaisir. La fin du roman est intense et grandiose, et renoue avec l'émotion du premier volume. La trilogie déploie la sublime et mélancolique beauté des paysages islandais au fil des saisons, paysages de glace et de neige, de montagnes et de fjords vertigineux, de mer nourricière et impitoyable. Elle nous conte des destins difficiles, des personnages rugueux mais attachants, confrontés à une nature violente. Comment vivre dans cette île aux hivers longs et obscurs, entrainant à sa suite famines et épidémies, et aux étés tellement courts que l'on dirait parfois qu'ils n'existent pas ? Un roman âpre et beau, qui parle de mort, de douleur, de deuil, de l'absence, mais aussi d'amour, de désir et d'espoir. Jón Kalman Stefánsson touche l'universel dans chaque vie humaine, son univers est fragile et souvent tragique mais riche, vivant et généreux. Il nous parle aussi de la difficulté à dire et partager ses émotions, et de l’envie impérieuse de transfigurer tout cela par les mots.



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Lumière d'été, puis vient la nuit

Tout est dans le titre. Jon Kalman Stefansson évoque quelques destins singuliers, quelques vies banales et insignifiantes, et il nous plonge ainsi au cœur de l’âme humaine, au cœur de la vie.

J’ai retrouvé avec bonheur son écriture profonde et poétique.

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Ton absence n'est que ténèbres

Quelle lecture étrange et passionnante !

Etrange autant dans le style que dans la construction du récit.

Bon, j'avoue avoir été perdu parfois dans les personnages et les époques, mais en fait ce n'est pas si grave, le récit continue, on passe d'une scène à une autre, pour y revenir plus tard et avoir (peut-être) un dénouement.

Vous pouvez créer l’arbre généalogique à mesure mais veillez à commencer au milieu de la feuille car ça part dans le passé et le futur, sans aucune chronologie.

En fil conducteur, ça parle de la vie, de l’amour, de la connaissance, de Dieu, de la mort, mais sans grandiloquence par petites touches. Le ton est franchement drôle au début, puis s'assombrit sur la fin.

J'ai adoré le style littéraire, à nul autre pareil, on passe de la première personne à la troisième, on saute d'un personnage à l'autre, les images sont fortes et percutantes, la désolation de ce coin de l'Islande est particulièrement bien rendue.

En revanche, j'ai moins accroché sur les citations musicales, permanentes tout le long du récit...
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Entre ciel et terre

Une trilogie islandaise.



Dans ces trois romans - Entre ciel et terre, La tristesse de l’ange et Le cœur de l’homme- Jón Kalman Stefánsson nous conte le parcours d’un jeune homme « le gamin », amoureux de poésie, au contact de la dure vie islandaise du siècle dernier. Sa sensibilité le pousse à rêver à une autre vie que celle de pêcheur qui lui est destinée, une vie passant par la beauté des mots.



Cette prose poétique est une réflexion sur le sens de la vie, sur les mots qui peuvent nous sauver et ceux qui peuvent nous faire mourir de froid. Entre ciel et terre, c’est l’écart entre la douceur des mots et la rudesse de la vie en Islande, entre la vie et la mort, le rêve et le labeur, le chaud et le froid. C’est dans cet entre-deux que se trouve toute la pensée poétique de l’auteur.



Les mots et la nature sont intimement liés, comme faisant parti d’un tout. Les éléments sont des personnages à part entière. On sent la force immobile des montagnes, la puissance sans pitié de l’océan, la morsure du froid arctique, le souffle implacable du vent dans les fjords islandais. Les personnages qui évoluent dans ce décor sont touchants et authentiques.



Les mots de Jón Kalman Stefánsson vous emportent et vous envoûtent, on lit et relit ses phrases tant elles sont belles et touchent au coeur. C’est une apologie de la poésie. La littérature est ici à son apogée, on touche au sublime.
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Ton absence n'est que ténèbres

Il m'a fallu quelque temps et beaucoup de pages pour me laisser convaincre par cette intrigue décousue, doublée d'une narration déconcertante. Au fil des chapitres, on ne peut toutefois que se laisser charmer par ce long roman qui dépeint l'Islande à travers les époques avec beaucoup de justesse. Jón Kalman Stefánsson a ce don rare pour résumer en quelques mots le paradoxe de la vie, mettant en lumière la responsabilité de l'auteur sur le destin de ses personnages tout en invitant le lecteur à s'interroger sur la portée de ses choix à l'aune de sa vie. Je regrette simplement certains passages et des erreurs d'impression qui nuisent à la beauté de l'oeuvre.
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Ton absence n'est que ténèbres

Dans quelle catégorie classer ce livre ? Récit ou roman philosophique ? C'est avant tout une expérience de lecture et la trame est géniale. Tous les dialogues se glissent dans la narration. A chaque page, il y a au moins une considération philosophique sur la vie et c'est à méditer. A relire et à souligner.
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Ásta

« Ásta - Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde »



Ce n’est pas le premier roman de Jón Kalman Stefánsson que je lis. Non, mais c’est celui dont je sais que je ne vais pas sortir de suite.

Pas sortir indemne de toute façon.

Bon, pour l’instant je suis totalement vidé.

Vidé de tout sentiment, vidé de toute substance.

C’est parfois ainsi lorsqu’on termine un roman. C’est quasiment toujours ainsi lorsqu’on referme un roman de cet auteur.

Je ne vais certainement pas tenter de vous raconter l’histoire, il vous appartient de la découvrir.

Par contre je peux sans le déflorer vous dire que le livre commence lorsque Sigvaldi, peintre de son état, tombe d’une échelle. Depuis le trottoir sur lequel il vient de tomber, cette certitude au moment de faire le bilan : il n’aura donc pas assez aimé.

Pourtant Sigvaldi et Helga se sont aimés et Ásta est née de cet amour.

À une lettre près, le prénom d’Ásta signifie d’ailleurs « amour » en islandais (ást) ainsi prénommée d'après un personnage de Halldór Laxness, l’écrivain islandais prix Nobel.

C’est dire si ses parents ont voulu placer leur fille sous les meilleurs augures.

Et puis, je n’en dirai pas plus sur le déroulement de cette histoire.

D’ailleurs ce serait difficile tant Jón Kalman Stefánsson s’évertue à brouiller la chronologie, les décennies et dépeint les personnages avec tellement de passion que c’est tout ce qui importe.

« Il est impossible de raconter une histoire sans s’égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, non seulement une fois, mais au moins trois — car nous vivons en même temps à toutes les époques »

La seule façon de lire dans Ásta, c’est de se laisser envahir, de ne pas lutter, de se laisser emporter par le talent de conteur de Jón Kalman Stefánsson (il faut y associer le talent du traducteur Eric Boury).



Tous les destins ici contés ne parlent que de vies ordinaires, de passion, d’amour dans toutes ses déclinaisons, et aussi d’échecs, de défaites.

Souvent on ne découvre les liens, les causes, les carrefours de la vie que quelques chapitres plus loin, voire carrément à la fin.

L’histoire d’Ásta et des siens nous est en partie racontée par le biais des souvenirs désordonnés de Sigvaldi, son père.

L’auteur est aussi présent dans cette narration, comme une voix « off » et pourtant si impliquée.

Et peut-être au centre de tout cela une Ásta âgée de 15 ans envoyée dans les fjords de l’ouest de l’Islande chez un fermier taiseux bourru et solitaire, et sa mère atteinte d’une forme de démence proche de l’Alzheimer, habitués à accueillir des adolescents à remettre dans le droit chemin.

Un jour, l’amoureux d’Ásta lui a écrit un poème, où il dit :

« Que faire

Si tout ce que je touche

Se change en manque de toi

Et où aller

Où se réfugier

Quand aucun chemin ne mène hors du monde ? »



Cette histoire me laisse totalement vidé disais-je, foudroyé serait plus juste.

Je suis littéralement subjugué, par l’écriture sensuelle et lyrique de Jón Kalman Stefánsson

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À la mesure de l'univers

Ce livre nous apprend à vivre , parce que comment pourrions nous traverser la vie sans cela?

Comment pourrions nous aller du bonheur à la douleur ? comment pourrions nous naviguer entre deux ? comment pourrions nous naviguer sur cette autre mer qu'est la vie , aussi imprévisible que l'océan des mers ?
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Entre ciel et terre

Les mots peuvent sauver ou faire périr. « Il est mort de froid parce qu’il a lu un poème », en Islande, ce pays au froid très rigoureux. Récit à la teneur pascalienne d’une poignée d’hommes, vivants entre ciel et terre, entre le rien et le tout, entre la vie et la mort. Soucieux de manger pour survivre et de mots pour vivre, des hommes qui ne dénigrent rien de leur humanité.

Entre la vie et la mort, entre la terre et le ciel : c’est un livre de l’entre-deux. De cet entre-deux mots, ceux qui donnent la vie et ceux donnent la mort, pour Bárður, mort en mer parce qu’il fut plus soucieux de mémoriser un vers du poète Milton avant de partir en mer que de prendre sa vareuse.

Ecriture unique certes, se rapprochant parfois de Péguy ou de Woolf. Ecriture musicale, où les grandes questions vont et viennent, comme la vagues, comme une fugue de Bach. Récit poétique, majestueux et tragique à la foi.

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Entre ciel et terre

Entre ciel et terre...entre vie et trépas... entre paradis et enfer. Premier opus d'une trilogie, " ciel et terre" nous transporte en terre d'Islande, en ce tout début du 20e siècle, dans le monde dantesque et fabuleux des pêcheurs d'Islande. Chemin initiatique pour ce jeune pêcheur, pour qui les mots, le monde des livres sont sa demeure. Les images sont impressionnantes pour la mémoire du lecteur. Les mots se font échos.

Traduction de l'islandais par Éric Boury.



Astrid Shriqui Garain

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