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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1133)
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Ton absence n'est que ténèbres

Jòn Kalman Stefansson excelle dans l'analyse des sentiments, l'amour, la tristesse, la peine liée à la perte d'êtres aimés. Il révèle toute l'étendue de la nature humaine. Il entraîne le lecteur dans les paysages grandioses du bout du monde, dans les fjords d'Islande. On est fasciné par sa poésie, par sa virtuosité à jongler avec les mots. A chaque page se sont des passions amoureuses, sensuelles, où filiales, parfois douloureuses, tristes. C'est de l'émotion permanente sur presque 600 pages. Dans un fjord « au nord du monde », un homme arrive dans un village, il a perdu la tête, les gens qu'il rencontre, le connaissent et vont à l'aide de récits, lui conter l'histoire d'une famille depuis le milieu du 19ème siècle jusqu'à nos jours. Il est entré dans l'hôtel tenu par Soley, c'est elle qui lui apprendra une multitude de vies. Aldis qui meurt dans un accident de voiture causé par sa fille. Gudridur qui vit avec Gisli son mari et ses filles dans une ferme isolée, elle a écrit un article sur le lombric qu'elle nomme « le poète de la glèbe », elle l'envoie au magazine local, l'article a un gros succès et va changer sa vie. Le pasteur qui correspond avec un poète allemand disparu. Le postier qui fait un long trajet pour apporter 3 livres. Ah ! Les livres ils sont partout dans les romans de Jon Kalman Stefansson. Dans celui-ci en plus de la littérature, la musique est omniprésente, d'Edith Piaf aux rappeurs, en passant par Bob Dylan, les Beatles, Bruce Springsteen et tant d'autres. Dans ce foisonnement de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, j'ai été bouleversé par le couple Hafrum et Skuli, au décès de l'une devant la peine de l'autre. J'ai été ému par les rapports entre Halldor et son fils Erikur, qu'un lourd secret a éloignés. Il est difficile de tisser la trame de ce roman car ces vies et ces disparitions qui sont contées à l'homme qui a perdu la mémoire ne suivent pas un ordre chronologique, elles sont autant « d'absences qui ne sont que ténèbres ». Le roman n'est pas triste, il est poétiquement émouvant. L'homme qui a perdu la mémoire, n'est-il pas l'auteur, parfois un personnage, s'adresse à lui pour lui dire «  mais c'est toi qui a écrit ça » ? Enfin, après avoir lu ce livre, plus jamais on ne verra un ver de terre, un lombric, sans se dire tiens voilà un « poète de la glèbe ».
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Ásta

La narration est originale, le fait que cela se déroule en Islande est très intéressant, d'un point de vue culturel. Cependant le style n'est pas très agréable, plutôt vulgaire, et l'ensemble du roman est emprunt de misogynie : les femmes sont des objets sexuels, capricieux, impétueux. Une femme qui désire plus qu'élever ses enfants est une ingrate difficile.
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Ton absence n'est que ténèbres

Étrange et fascinant. Surréaliste et poétique.

Confus et simple à la fois. Ce livre est vraiment interpellant. On est confiné dans un coin désertique d Islande où se croise des personnages rudes et riches à la fois. L'écriture est parfois déroutant. Parfois lumineuse et d'une poésie inventive. C'est un livre que je relirai comme un précis de philosophie.
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Entre ciel et terre

Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson transporte le lecteur au cœur de la beauté austère de l’Islande, de ses montagnes, de sa mer parfois déchaînée et de ses paysages à couper le souffle. Il s’agit, en quelque sorte, d’un bildungsroman, car le protagoniste, jeune homme en quête du sens de la vie, profondément meurtri par de nombreuses pertes, devient adulte et prend le chemin d’une nouvelle vie.

« Le gamin suit le regard de son ami et soupire également. Il veut accomplir quelque chose dans cette vie, apprendre les langues étrangères, parcourir le monde, lire un millier de livres, il veut atteindre l’essentiel, quel qu’il soit, il voudrait découvrir si l’essentiel existe, mais il est parfois difficile de réfléchir et de lire quand on est vermoulu après une journée épuisante passée à ramer, mouillé et transi après douze heures passées dans les champs, alors, ses pensées peuvent être tellement lourdes qu’il parvient à peine à les soulever, alors il est à ces lieues de l’essentiel. »

« […] il rêve d’accomplir de grandes choses car sinon, pourquoi diable vivons-nous ? »

Comme dans tous ses romans, l’écriture de Jón Kalman Stefánsson est très poétique, onirique et philosophique. Je tiens d’ailleurs à saluer la traduction d’Éric Boury.



Les personnages, profondément humains, explorent l’amour, la perte (eux aussi) et l’identité. Entre ciel et terre est une méditation, une réflexion sur la vie et l’âme humaine, sur la langue et la littérature.

« Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. »

Un grand auteur islandais, à découvrir si ce n’est déjà fait.

« Ils rament et leurs cœurs pompent le sang, distillant en eux le doute sur le poisson et sur la vie, mais aucunement sur Dieu, non, car sinon, ils oseraient à peine monter sur cette coquille de noix, ce cercueil ouvert, posé à la surface de la mer, bleue en surface mais noire comme le charbon en dessous. »

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Ásta

Lire Joan Kalman Stefansson est une gourmandise. Toujours.

Pas une pâtisserie industrielle lourde, trop sucrée. Pas un de ces trucs commerciaux qui, après avoir été lu, ne laisse aucune trace.

Ce n’est pas un de ces romans que vous achèterez une seconde fois après avoir totalement oublié que vous l’aviez lu.

C’est aérien, doux et amer à la fois.

Ça se déguste à petites bouchées.

Pas question ici d’une lecture rapide. Il faut cheminer tout doucement en redoutant la dernière page qui va clore l’expérience.

Ce sont des romans qui se savourent, qui ont la tendresse d’un baiser et l’amertume de la perte.

Ici encore la magie opère et c’est diablement beau parce que c’est le même chemin qui mène au bonheur ou au joli malheur.









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Ásta

C’est le sixième livre de Jon Kalman Stefansson que je lis, et, pour la première fois, j’ai été déçue. J’ai même été tentée d’abandonner la lecture, mais c’est un auteur que j’ai tellement aimé jusqu’à présent que j’ai tenu bon, sans beaucoup de plaisir.

Alors, pourquoi ce livre ne m’a-t-il pas emballée ? Oui, la narration est décousue, mais Stefansson m’a habituée à cela, ce n’est pas un problème. En fait, je n’ai pas ressenti d’empathie vis-à-vis des personnages, j’ai observé ce qui leur arrivait sans vraiment arriver à m’y intéresser. Et pourtant, il y a de belles descriptions, mais je n’ai pas trouvé ici la profondeur que j’ai tant aimé chez cet auteur, jusqu’à présent.

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Ton absence n'est que ténèbres

Un Stefansson trop bavard, trop éclaté, trop philosophique, trop ... Trop de références musicales, trop d'amours contrariées, trop d'enfants en butte avec leur ascendance compliquée, trop de réflexions sur le sens de la vie, trop de longueurs. Un puzzle romanesque dont on peine à rassembler toutes pièces, et une fois la chose faite, le résultat semble creux et vain. L'histoire manque de souffle, les personnages de consistance. Quel dommage.
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Ton absence n'est que ténèbres

Roman dense et dont la lecture peut être exigeante mais quel régal quand on décide de se laisser porter par l'histoire (les histoires) et par l'écriture. C'est un style très particulier, un narrateur amnésique nous livre par bribes et par des allers retours entre passé et présent, l'histoire de nombreux personnages, saga familiale courant sur 120 ans. Cela ressemble à un puzzle. Les thèmes abordés sont très nombreux dont le destin, les choix, l'amour, les regrets, la sexualité, la société islandaise notamment à travers le regard des femmes. Et cette nature implacable, ce fjord si bien décrit.
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Ton absence n'est que ténèbres

Roman récompensé, je m'attendais à une oeuvre atypique et brillante. le début est intéressant dans cette ambiance très islandaise : un personnage narrateur mystérieux et amnésique qui émerge d'un cimetière, on peut espérer un peu de surnaturel (un spectre qui revient sur les lieux de sa vie ?)



Patatra ! (avec le son c'est mieux) : le roman accumule ensuite une série de personnages en vrac dont on ne sait jamais s'ils connaissent ou pas le narrateur et inversement si celui-ci sait qui il est et qui sont ses interlocuteurs.



Le lecteur est perdu dans ce fjord où s'entremêlent des personnages sans intérêt (le bucheron qui raconte ses émois d'ado est d'un pénible non pas seulement pour les autres personnages mais pour le lecteur aussi), avec des grandes phrases existentielles balancées par les personnages et le narrateur, et après on ne sait pas quoi en faire...



Le lecteur espère encore connaître une révélation sur un narrateur qui serait un esprit et non un être de chair avec des personnages qui ont des visions de lui mais ne s'en rendent pas compte (oui j'essaie d'améliorer le livre)... He bien non : tant de personnages inintéressants avec leurs petites histoires et leurs grandes phrases existentielles (sur fond de Covid_19, le présentisme dans le roman est quand même horrible), ce qui finit pas convaincre le lecteur d'aller voir la fin et là c'est la déception (alerte spoiler, mais bon le suspens n'est pas vraiment là) : le narrateur va se boire des bières et faire la fête...



Roman très décevant, à moitié lu en conséquence dont la fin confirme la crainte du lecteur devant cette saga islandaise ennuyeuse à souhait (faut-il aimer l'ennui pour attribuer le prix du meilleur roman étranger ?...).
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Entre ciel et terre

Je suis un peu perplexe en finissant ce livre.

J'ai beaucoup aimé la musique des mot, le rythme. J'ai beaucoup aimé les ambiances, froides voire glaciales mais où les personnages semblent être brulants de vie.

Mais je ne suis pas convaincue d'avoir compris ce que j'ai lu.

La première partie semble pourtant assez simple, assez linéaire, et après vérification, totalement résumé par la 4ème de couv' ; j'ai aimé découvrir la rudesse de la vie de ces pêcheurs sous une forme littéraire.

Par contre, je ne suis pas convaincue par la suite. Tout d'abord je me suis vite perdue au milieu de ces personnages, je ne savais plus qui était qui ou qui avait vécu quoi, dans le village.

Et donc je n'arrive pas à percevoir l'objectif de l'histoire, où cela est il sensé aller ? qu'est ce que cela doit me faire découvrir ?
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Ásta

Ásta — Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? est un livre envoûtant grâce à son écriture qui compense la difficulté à entrer dans l’histoire, un voyage magique en Islande sur plusieurs décennies.



Le roman commence à la conception d’Ásta qui porte ce prénom que ses parents ont trouvé dans un livre de l’écrivain islandais Halldór Laxness, Gens indépendants. À une lettre près, Ásta signifie amour en Islandais.



Le roman raconte la vie d’Ásta, mais pas seulement, celle de son père, Sigvaldi, et de sa mère, Helga. Il parle d’amour, de littérature islandaise et de musique.



L’histoire est racontée sous forme de puzzle, avec des sauts dans le temps ou dans l’espace. Ce n’est qu’à la fin que le tableau est complet. Il faut donc s’accrocher pour entrer dans le livre. J’ai été captivée par certaines histoires et hop, l’auteur passe à autre chose. L’émotion, en ce qui me concerne, est arrivée à la fin du livre, quand le puzzle est achevé, une émotion forte qui avait fait défaut jusque-là. Il y avait pourtant d’autres évènements dramatiques. Les passages prenants sont nombreux : la rencontre de Josef et Ásta dans le Strönd, la mort de Sigvaldi, mais ils sont entrecoupés de fragments que j’avais du mal à situer dans le temps.


Lien : https://dequoilire.com/asta-..
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Le cœur de l'homme

À la fois étrange et fascinant, ce dernier roman de sa trilogie est, encore et toujours, inclassable pour moi.



Le récit raconte toujours l'évolution du "gamin" qui fut pour moi un personnage rafraîchissant et émouvant de naïveté et d'authenticité par sa quête incessante à vouloir comprendre le monde, la vie et la mort. Toutefois, c'est peut-être ce roman parmi les trois que j'ai trouvé plus long que les autres mais la fin m'a émue au point de verser quelques larmes. Ce fut vraiment une belle aventure pour moi de suivre les réflexions profondes et intimes de ce gamin.
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Ton absence n'est que ténèbres

C'est la 1ère fois que je lis un livre de Jon Kalman Stefanson et je dois dire que je n'ai pas vraiment adhéré.

Nous sommes été 2020, un homme se retrouve dans une petite église en Islande du Nord, l'Islande des fjords. Il ne sait plus qui il est ni ce qu'il fait ici. Par contre les gens qu'il rencontre semblent le connaître. Il tait son amnésie Grâce aux rencontres qu'il fait, il marche vers ses souvenirs et il remonte jusqu'à 120 ans en arrière, véritable saga familiale

Mais il est vraiment très difficile de se retrouver, sans cesse des allers et retours sans prévenir. Ce n'est qu'à la moitié du livre que je l'ai trouvé intéressant. Certaines histoires de vie sont agréables à lire.

De plus , nous avons une vision de l'Islande avec des paysages très beaux . Description d'une vie simple , très dure et très isolée

Globalement je l'ai trouvé bien compliqué à suivre
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Le cœur de l'homme

Dernier tome d'une trilogie islandaise. Une écriture bien poétique et bien traduite. Comme les tomes précédents, il est question de la dureté de la vie pour des gens qui vivent sur cette île et qui demeurent dans des villages isolés. Les deux tomes précédents se déroulait dans le froid et l'hiver. Même si ce dernier se situe en été, les habitants ne sont pas épargné face aux forces de la nature. Un roman qui nous rappelle notre fragilité. Aussi un grand hommage à la littérature.
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Entre ciel et terre

Cela commençait bien. Cela commençait même TRÈS bien : j'étais embarquée, je trouvais l'écriture à la fois plaisante et poétique ; les paysages, l'ambiance, tout me convenait. Et puis...



Et puis, peu à peu, j'ai eu le sentiment de m'enliser. Page après page, l'expérience devenait moins plaisante, des atermoiements, une impression vague d'être dans une barque, de ramer et de rester toujours à la même place, de ne m'approcher de rien.



Et puis, à la fin de la première moitié du roman, la disparition du personnage qui paraissait le plus intéressant, le plus prometteur est venue mettre un coup d'arrêt très net à mon plaisir. La suite devint ennui, puis effort et finalement, je me trouve très contente d'en finir, car aller plus loin m'eût été pénible.



C'est dommage, très dommage, car j'ai vraiment le sentiment que Jón Kalman Stefánsson avait les moyens de me faire vivre une très grande expérience littéraire et, tout bien considéré, une fois le livre achevé, mon impression confine plus à la déception qu'à l'extase.



Pourquoi ? En littérature, selon moi, il y a deux types de héros : l'archétype, c'est-à-dire un héros qui n'est pas forcément amené à changer, mais dont les manières et le type sont tellement bien trempés, bien campés, qu'ils en font un personnage très marquant. Don Quichotte en est un, Cyrano de Bergerac (le fictif) en est un autre ou bien encore le fameux Sherlock Holmes.



L'autre type de héros — selon moi le plus intéressant — est constitué par l'évolution qu'il subit en étant confronté aux événements. Il partait d'un état initial A, il subit x, y, z situations auxquelles il doit faire face, ce qui le modifie et le fait parvenir à un état final B. C'est cette transformation, ce passage de A à B qui intéresse le lecteur, en tout cas qui m'intéresse, moi. Elizabeth Bennet en est une, Candide ou Eugénie Grandet en sont d'autres, s'il faut donner des exemples.



Or, dans Entre ciel et terre, qu'en est-il ? le personnage à tendance archétypale était Bárđur : rude marin islandais et pourtant lettré et poète. C'était intéressant, on avait envie de savoir ce que LUI ferait devant telle ou telle alternative que la vie lui offrirait. Or, il meurt bêtement au beau milieu de l'ouvrage, sans qu'on ait bien eu le temps de couvrir, de parcourir l'ensemble de l'archétype qu'il représentait.



Qui nous reste-t-il ? le personnage du gamin. Lui semble plutôt être un personnage dont on prendra plaisir à mesurer les évolutions. On se dit qu'il est un peu comme un genre d'Adso auprès de l'archétype Guillaume de Baskerville. Et puis... et puis lui aussi se consume avant que d'avoir brillé. FLOUF ! Plus rien, c'est déjà fini.



À un moment, j'ai cru que son destin allait prendre un tour intéressant au contact de la troublante autant qu'énigmatique Geirƥrúđur, mais là encore, PFOUIT ! rien du tout, c'est déjà fini.



Donc premier problème, selon moi, le manque de héros véritable. Alors, se dit-on, l'intérêt résiderait dans le fait de dépeindre une assemblée, une ambiance, de nous plonger dans un monde révolu, celui des villages de pêcheurs islandais de la fin du XIXème siècle.



Mais là encore c'est bancal : un alignement de personnages, comme autant de coquilles vides, n'a jamais fait une atmosphère. Pour s'en faire une opinion à pareille époque, autant lire Pêcheur d'Islande de Pierre Loti. Afin d'argumenter ce point précis, je m'en vais convoquer une citation d'Edith Wharton dans son ouvrage, Les Règles de la fiction :



« On produit un effet bien plus profond en se livrant à l'étude pénétrante de quelques personnages, au lieu de multiplier les silhouettes vaguement dessinées. Ni le romancier ni le dramaturge ne devrait s'aventurer à créer un personnage sans le suivre jusqu'au bout de l'action, et sans être sûr que cette dernière serait appauvrie par son absence. Les personnages dont la fonction n'a pas été précisément définie à l'avance risquent de devenir aussi déplacés que des intrus. »



Enfin, ce qui fut pire encore, pour moi, à la lecture, ce sont les moments où l'auteur plaque des réflexions ou des manières de penser contemporaines sur des actions passées, censées relever de la fin du XIXème siècle. Il crée ainsi un anachronisme qui a eu pour effet de me décoller de son histoire, de m'y sentir extérieure, c'est-à-dire l'inverse de ce qui serait souhaitable, de mon point de vue, à savoir, l'immersion du lecteur dans l'histoire ou dans l'ambiance donnée.



Bref, pour moi, toujours pas le premier grand roman du XXIème siècle : ce fut une puissante et stimulante eau à la bouche, presqu'immédiatement suivie par une vilaine amertume, d'où cette appréciation finale fort mitigée. Mais, comme à chaque fois, je vous invite à consulter d'autres opinions à propos de cette même lecture — qui semble avoir eu des effets tout autres sur quantité d'autres lecteurs —, car cet avis ne représente, somme toute, que l'expression de mon avis, c'est-à-dire, une mince parcelle de subjectivité coincée entre ciel et terre, autant dire, vraiment pas grand-chose.
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Ton absence n'est que ténèbres



Dès les premières pages, j'ai compris que ce livre n'était pas pour moi. Un peu comme quand on essaye une veste dans une boutique de mode, et qu'à peine enfilée on se dit : "non ça ne me va pas". Combien de pages vais-je tenir? Il faut que j'aille au moins aussi loin que chuutjelis40 qui a abandonné après 100 pages!

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La narration est fouillis. Les dialogues intégrés au texte, difficiles à suivre. A moins que ce ne soient des pensées? Les allers-retours temporels sont mal signalés. Il y a trop de mots. Trop de phrases qui n'apportent rien. Trop de répétitions. Trop de digressions. On perd le fil de l'histoire. Il faut s'accrocher. Mais pourquoi continuer? Pour suivre la quête existentielle du héros. Pour rencontrer des personnages variés, le temps de quelques pages. Et pour analyser des réflexions d'une philosophie de bazar comme : "Ce qui disparait de votre vue semble ne plus exister", ou : "Lui, qui a jadis été si jeune", ou bien encore : "Le destin est vieux comme le monde". Est-ce poétique? Pas franchement. Est-ce émouvant? Non, pas du tout. Par contre c'est un peu fou. Les morts parlent et sont "conviés à la fête". Quant au lombric, "il reflète la pensée divine". L'homme qui n'a plus de mémoire conduit une Volvo qui est peut-être la sienne. Comment peut-il conduire? Pourquoi n'a-t-il pas demandé de l'aide? (1) Je suis trop rationnel.

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Pourquoi ai-je acheté ce livre? Parce que je n'avais rien lu de cet auteur et que je souhaitais le découvrir. Au moins j'ai appris qu'il existe des lecteurs qui adorent ce roman. Il en faut pour tous les goûts me dis-je. Bon, comme j'ai beaucoup d'autres romans qui m'attendent, j'arrête la lecture à la page 102. Jón Kalman Stefansson (auteur islandais, multirécompensé) rejoint ainsi Jón Fosse (auteur norvégien, prix Nobel) tout en bas de mon classement des auteurs scandinaves (plus de 150 auteurs scandinaves lus à ce jour).

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(1) Je comprends en lisant une critique qu'il s'agit d'un rêve. Mais alors un rêve long et ennuyeux!



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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Chaque livre de Jòn Kalmann Stefansson est une pépite, on est emporté pendant 465 pages dans un récit d'une journée où tous les thèmes de l'auteur sont présents : la vie, la.mort, et surtout l'amour. " Le plus douloureux dans la vie est sans doute de n'avoir pas assez aimé ". Sans oublier la musique indispensable à nos vies : les Beatles, Pink Floyd et Bach. Cet auteur Islandais est simplement celui qui me touche le plus !
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Ton absence n'est que ténèbres

Un très beau titre.

Mais qu’en est-il du roman ?

Ça commence très fort : Le narrateur se retrouve dans une église, entourée de moutons et de sternes, il ne sait pas s’il rêve. Au fond de l’église, quelqu’un. Un pasteur défroqué-chauffeur de bus. Dehors, dans le cimetière, une femme.

L’homme (qui semble avoir perdu la mémoire) et la femme (qui manifestement a connu cet homme) boivent un verre de vin sur une tombe sur laquelle est écrit cette phrase « Ton souvenir est lumière et ton absence est ténèbres » Juste à côté, une autre tombe en forme de rocher sur lequel est écrit une phrase de Kierkegaard. « L’éternel oubli guette ta mémoire. Où trouver dans ce cas une consolation ? »

Diantre, on va voler très haut. Mais va-t-on tout comprendre ?

Je pourrai faire, dès à présent un catalogue des habitants du fjord (oui, j’ai oublié de dire qu’on était en Islande, loin de Reykjavik) il y a des fermes avec des familles dessus, tout le monde s’entend bien, ils font des fêtes ensemble. On est en 2020, juste après le confinement, on parle beaucoup de musiques (des seventies à nos jours ou presque) ces fermiers sont aussi docteurs en philosophie ou littérature, ils sont trilingues, tous (et surtout) les vieux ont une « très grande soif de connaissance », ce ne sont pas les péquenots qu’on dit, et cette grande soif de connaissance est un personnage important.

Le vif du sujet c’est l’amour. La mort aussi bien sûr. Parce qu’on va plonger dans l’histoire d’au moins quatre générations et qu’il y aura des morts, naturellement.

« Les défunts perdent-ils leurs noms si nous ne racontons pas leur histoire ? »

Le vif du sujet commence à la page 197. Il fallait bien tout ce temps-là pour y plonger. Et pour relire le début. Mais c’est une vraie jouissance de relire un livre, en tous cas un livre comme celui-ci, car on comprend tout ce qui avait été obscur. Je peux maintenant faire rentrer les noms dans les cases.

On retrouve ce fameux pasteur défroqué-chauffeur de bus-cuisinier qui prend toute son importance, c’est lui qui est le maître du temps et de l’espace. C’est le passeur, une espèce de Faust.

C’est lui qui nous raconte l’histoire de Petur et de Gudridur. Et ça devient passionnant. Petur et Gudridur vivent au temps de Zola et de l’affaire Dreyfus. (1898). Ils discutent de tout ça, de Stuart Mill aussi, de l’assujettissement des femmes… Ils ont une grande soif de connaissance.

A travers les siècles, le sujet c’est toujours l’amour. "L’amour n’est pas un chien qui obéit". L’amour accompli, mais aussi l’amour blessé, l’amour tué dans l’œuf par le devoir. « Personne n’a le droit d’assassiner l’amour. » Il y a quelque chose de désespéré dans la récurrence des histoires d’amour raté dans chaque génération.

La chronologie est éclatée, les années, les siècles se télescopent, il n’y a pas de linéarité, l’auteur (ou le passeur) pioche dans le sac de billes et en sort une de temps en temps, peu importe la bille, ce sont toutes les mêmes, des personnes qui aiment, qui pensent, qui meurent.

Le style est original, avec des redites, des répétitions volontaires, presque des leitmotivs repris dans les inserts, les titres, sous forme d’aphorismes, de maximes, de petites morales, de clins d’œil.

Ce livre est très déroutant. On a l’impression d’être sur un échafaudage branlant. Les histoires s’imbriquent d’une manière aléatoire, ça commence par une belle histoire d’amour improbable (laquelle donne son titre au livre), puis on abandonne ce couple pour sauter les siècles et les espaces.

Mais, paradoxalement, on s’accroche, ou on s’attache. J’aime ce pasteur fou qui écrit des lettres enflammées à Hölderlin. Et à propos d’Hölderlin, j’aime la culture melting pot de Jon Kalman.

J’aime l’atmosphère du roman. Ces terres sauvages où seuls les moutons prospèrent.

Ah j’oubliais, il y a quand même beaucoup d’humour…

En revanche, il m’a semblé qu’il y a des digressions pesantes, des personnages secondaires superflus qui alourdissent un peu plus le récit déjà compliqué. Je n’ai pas bien cerné le personnage d’Errikur, pourtant central dans le récit, ses tribulations auraient mérité d’être raccourcies, je ne le sens pas. Mais il est vrai que le sujet était le poids de la généalogie dans l’histoire individuelle. En ce sens, on a bien compris. Et malgré ces lourdeurs assez légères, ce livre me reste dans la tête, comme ces musiques de nos vingt ans perdus.

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Ásta

En 2017, l'auteur islandais Jón Kalman Stefánsson publie Ásta, une histoire familiale où les voix s'enchevêtrent pour faire jaillir les secrets et les peines.

Ásta, c'est le nom que donnent à leur fille Helga et Sigvaldi, parce que dans ce mot se cache celui de l'amour. Le roman commence par une scène de sexe passionnée entre eux deux, moment que se remémore le vieux Sigvaldi tombé d'une échelle alors qu'il est au travail. Les quelques secondes qui le séparent de la mort sont le contenu du roman : il se souvient de son amour pour Helga, qui était si belle mais qui l'a abandonné en même temps que ses deux filles. La voix d'Ásta nous fait parcourir aussi les époques de la vie, de son adolescence à aujourd'hui, d'une manière jamais linéaire : Jón Kalman Stefánsson a vraiment une façon bien à lui de mener les récits, de nous perdre, de nous faire nous interroger jusqu'au dévoilement des réponses.

Les vies sont faites, chez lui, de renoncements, d'absences, de silences, d'amour qu'on aurait voulu voir durer ou naître. Comme dans Ton absence n'est que ténèbres, l'auteur a le goût de la formule, souvent mise en exergue pour débuter les chapitres ; la musique, sous forme de chansons de variété, est aussi présente dans la vie de ses personnages. Il nous conduit dans les fjords de l'Ouest, crée des personnages que l'existence brime ou qui, sous des airs simples, cachent certains secrets.



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Lumière d'été, puis vient la nuit

Huit histoires se déroulent dans un village, dans une communauté de 400 personnes, en Islande. Les personnages des histoires reviennent dans les huit histoires, tout en donnant une image générale de la façon dont les 400 personnes vivent dans cet endroit lointain, dans le froid et l'obscurité des longs hivers.





Le style

Le style est typiquement nordique : monotone, lent, ennuyeux même, et le seul humour est une sorte de gloussement discret. L'auteur est également poète, et bien qu'il soit difficile de traduire la littérature poétique, celle-ci transparait dans la traduction de ces récits magnifiquement écrits.





D'abord ce qui est négatif - mais continuez la critique, car il y a aussi du positif

Ceux qui n'aiment pas le style typiquement nordique ne devraient pas commencer ce livre, car le livre présente également des inconvénients majeurs.

- L'auteur truffe ses récits de semi-philosophies totalement inintéressantes et parfois même démodées. le livre a été écrit en 2006, et pourtant l'un des aspects dont il parle était déjà passé, le déclin de l'Occident. Toutes les autres semi-philosophies sont tout aussi ineptes. de plus, après chaque histoire, l'auteur écrit un article sur ses propres réflexions - ces philosophies n'ont pas de fin, elles sont ennuyeuses et insignifiantes.

- Au bout d'un moment, l'auteur devient répétitif. Les histoires et les philosophies deviennent répétitives. C'est alors que cela devient vraiment ennuyeux. Heureusement, la situation s'améliore vers la fin. Mais il était encore difficile de terminer le livre, car à partir d'un certain point, on a l'impression d'avoir lu tout ce que l'auteur a à raconter.





Positif

La vie dans un village islandais

Ce qui était agréable et intéressant, c'était de lire comment les gens vivent dans le froid de l'Islande, dans une petite communauté isolée. Avec le froid, la neige, l'obscurité qui dure des mois. Dans le silence et l'ennui. Nous avons un véritable aperçu de la vie de ces gens (il est surprenant de constater à quel point elle ne diffère pas de la nôtre, à quel point elle est banale).

Les aspects agréables d'une telle existence apparaissent, ainsi que les aspects désagréables (et les outils pour y faire face : alcool, sexe, somnifères, suicide).

Je vis moi-même dans une communauté rurale (mais pas dans le froid !) et je reconnais beaucoup de ces aspects. Souvent, c'est comme si la vie ici était décrite. Bien qu'il y ait de réelles différences avec l'Islande, bien sûr (à commencer par le nombre de suicides).

En tant que lecteur, on ressent également la paix, le calme qui règne là-bas (et ici), et qui est stocké dans les belles phrases de l'auteur.





Les femmes

Les femmes des pays nordiques sont beaucoup plus émancipées qu'ici. Il y a une grande égalité entre les hommes et les femmes. Et même si les histoires se déroulent dans un village réactionnaire, ce n'est pas différent là-bas. Les femmes sont fortes. Et le sexe ? Les hommes aiment le sexe, mais les femmes ne sont pas différentes. Cet aspect de l'égalité des sexes dans le livre - et dans les pays du Nord - est vraiment quelque chose dont nous pouvons nous inspirer.





Conclusion

Difficile de donner une conclusion positive ou négative. Le style est poétique, mais traine en longueur ou le contenu est inintéressant. Lire sur la vie dans le village nordique m'a ravie, les philosophies de l'auteur m'ennuyaient.

Un livre qui a du très bon et du pas bon en même temps, mais duquel je retiens surtout le positif.

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