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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1133)
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Ton absence n'est que ténèbres

Après toutes ces critiques de plusieurs pages, ça met un peu la pression de donner son avis!

Je serai beaucoup plus sobre: malgré la longueur du roman, on ne voit pas le temps passer. Les personnages sont attachants, le style est à la fois poétique et profondément lié à la terre. On sent que l'auteur aime tellement son pays, que ça donne envie d'aller soi-même courir dans un champ de lave de la péninsule de Snaefellsnes.

Pourtant, le récit saute d'une histoire à l'autre, digresse, nous perd et nous laisse sur notre faim... On ne peut pas dire qu'il se passe beaucoup de choses non plus, et pourtant, on se prend au jeu.

J'avais peur de commencer, et finalement j'ai beaucoup aimé.
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Après quelques années loin de chez lui, Ari revient sur les terres âpres de l'Islande, là où il a grandit. Son père est mourant et Ari espère peut-être enfin poser les mots sur leurs silences. Ecrivain et éditeur, il n'a jamais su parler à cet homme froid, que l'alcool imbibait et qui gardait les souvenirs secrets d'une mère partie trop tôt. Ari revient à Keflavik, ce petit port de pêche... et c'est aussi son histoire qu'il retrouve..



D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds de Jon Kalman Stefansson n'a pas été une lecture facile et linéaire.



Les premières pages sont rudes, lentes, emmêlées. Peut-être à l'image de ce pays aux vents impitoyables et au froid glacial.

On comprend vite qu'il existe plusieurs dimensions dans ce roman. Ari, qui n'est que solitude, regrets et nostalgie, nous plonge dans l'histoire familiale.



C'est avec ses grands-parents, Oddur et Magrèt, que j'ai pris le plus de plaisir à parcourir les terres noires du pays. Ce petit port de pêche, qui ne possède que trois points cardinaux, le vent, la mer et l'éternité, n'offre rien d'une vie tranquille. Les hommes appartiennent à la mer, sont absents pendant de longs mois, et les femmes sont alors seules à gérer la vie sur terre, la famille, l'éducation des enfants.



L'Islande est un pays où le climat façonne la vie. C'est une terre de poèmes, de musiques, du temps qui passe. Les mots de Jon Kalman Stefansson résonnent à travers une mer qui se déchaine, les usines de poissons et cet avenir incertain. Si je ne peux pas dire que j'ai eu un coup de foudre pour l'histoire, c'est un coup de cœur pour ce pays et toute la poésie qu'il dégage...
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Dans ce roman, le centre du monde c’est Keflavìk, une petite ville côtière du sud-ouest de l’#Islande , au climat hostile, aux paysages âpres. C’est là que le personnage principal du roman, Ari, éditeur et écrivain, se rend, au chevet de son père malade, peut-être mourant.



Ce retour, dans la ville où il a grandi, sert de prétexte à l'écrivain #Stefànsson pour voyager dans le passé d’Ari et de sa famille : ce sont aussi bien des souvenirs de la jeunesse du personnage, de ses parents, que l’histoire de ses grands-parents paternels qui se mêlent au récit de ce voyage à Keflavìk,



Avec la nostalgie et la poésie qui caractérisent l’écriture de Stefànsson, le roman alterne ces trois périodes dans une oscillation continue. Si j’ai d'abord eu quelques difficultés à suivre le rythme imposé par la narration, j’ai fini par accorder mes impressions sur la fréquence du texte et en définitive, j’ai beaucoup aimé ce roman.



Les thèmes chers à l'auteur sont toujours aussi prégnants - le passage du temps, la mélancolie, l'angoisse de la mort, l'importance de la musique et de l'écriture - mais j'ai surtout apprécié dans ce texte l'ancrage historique de la narration ( il y a de nombreuses références à l'indépendance de l'Islande ou à la présence militaires des Américains sur le sol islandais) et le récit des mutations profondes traversées par l'île au XXè siècle.



Du côté des personnages, ce sont les passages consacrés à la génération des grands-parents, Margrèt et Oddur, qui m'ont le plus séduite, eux qui fondent la légende familiale : Oddur, le pêcheur intrépide dont les poings serrés ont tant à dire, Margrèt, femme libre et fantasque, qui semble dépérir dans son rôle de mère et de femme au foyer. D'ailleurs, ce sont les femmes qui revendiquent le plus fort dans ce roman, pour avoir le droit de prendre leur place, d'être respectés dans leur corps et dans leurs émotions. Stefànsson parvient à restituer avec beaucoup de pudeur et d'émotion ce qui les meut.



Finalement, le roman se termine sans apporter toutes les réponses espérées, mais dans un souffle romanesque que l'on n'osait plus attendre, le début du récit ayant pâti selon moi de quelques lourdeurs dans le style.



Bon, je n'ai pas eu le coup de cœur espéré après avoir adoré "Ton absence n'est que ténèbres " mais je lirai avec plaisir le tome 2 de cette chronique familiale : "A la mesure de l'univers".
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Ton absence n'est que ténèbres

Le titre de ce livre m’avait interpelée, les retours que j’en avais lus étaient dithyrambiques et je n’oubliais pas que mon ancienne libraire était une fan absolue de cet auteur islandais (et même si D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds ne m’a pas laissé un souvenir impérissable). Bref, ce pavé du grand Nord m’attendait et c’est à l’occasion d’une lecture commune que je me suis lancée en très bonne compagnie.



C’est avec une délectation non feinte que je me suis perdue dans les méandres de fjord islandais. Notre narrateur a perdu la mémoire, mais des bribes de souvenirs lui reviennent en pagaille, en désordre sur ceux qui ont marqué cette lande reculée. On passe d’une famille à une autre, d’une époque à la suivante. On ne saisit pas tout immédiatement mais un fait demeure, immuable tout au long de ces six cents pages, le véritable fil conducteur de ce roman inoubliable : sa poésie. La beauté de cette langue !!



J’ai, à un moment donné, été tentée de dresser un arbre généalogique de ces personnages et puis, très naturellement, je me suis laissée emporter par la délicatesse de l’écriture, comme envoutée par les mots de cet auteur. Un crayon à la main, je soulignais les passages qui me marquaient, m’émouvaient, m’éblouissaient. Ces mots qui disent l’amour, la transmission, le partage, l’entraide mais aussi les paysages, les rudes conditions de vie au fond de ce fjord isolé de tout.



Une fois la dernière page tournée, la nostalgie nous rattrape. Il nous reste les citations soulignées et une playlist incroyable (disponible sur Spotify !) et une nouvelle idée de voyage.



Bref, un coup de cœur !
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Mon sous-marin jaune

Découvert avec son précédent roman, j'ai trouvé que celui-ci était nettement plus accessible, plus simple, mais très intéressant quand même. On y retrouve la musique, les changements d'époque, la touche de fantastique (pourquoi ne parlerait-on ou ne verrait-on pas les morts ?). Sans doute très autobiographique, Mon sous-marin jaune touche aussi du doigt la créativité. Faut-il avoir vu les Beatles dans un car islandais ou avoir parlé à des morts pour devenir un écrivain de talent ?
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Le cœur de l'homme

Merci beaucoup à Éric Boury pour sa traduction



Ainsi se clôt cette sublime trilogie commencée avec « entre ciel et terre » et poursuivie avec « la tristesse des anges ».

Dans ce dernier opus le printemps de juin et sa lumière succèdent aux rigueurs d’un hiver glacial qui semblait ne jamais finir.



Simplicité et puissance de l’écriture, profondeur des sentiments, non linéarité du récit, tout est surprise dans ce texte si proche de l’humain dans toutes ses composantes. Où les différents protagonistes, plus nombreux que dans la tristesse des anges, dévoilent plus intimement des dissonances relationnelles.



Et comme les fulgurances du climat de cette Islande que nous découvrons sous la plume de J K Stefansson, celles de sa prose ne cessent de nous envoûter.



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La tristesse des anges

Merci au traducteur Éric Boury



Lorsqu’on est dans ces contrées âpres, rudes, entre mer glaciale et montagnes qui peuvent chanter, on ne peut qu’aller lentement. S’imprégner du temps, de l’instant, de la rugosité des éléments et penser, penser, en silence ou en essayant de mettre des mots. C’est ce que nous offre J K Stefansson de façon magistrale de la vie dans les Landes hautes d’Islande au XIXème siècle où l’hiver n’en finit plus, où la mort flirte à tout instant avec la vie.



Cette tristesse des anges, la neige, et ce qu’elle développe, enveloppe, accompagnée de blizzard, réussit ce tour de force de mettre en mots pendant 200 pages le combat de deux hommes face à une tempête que nous préférons lire que vivre.



Un immense moment de littérature, cette trilogie d’ »entre ciel et terre » jusqu’au « cœur de l’homme ».
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Ásta

Je continue mon exploration de l’univers de Jón Kalman Stefánsson, avec délectation, par la lecture de ce sixième roman traduit en français, Ásta. Mon envoutement pour cet auteur est toujours aussi puissant.



Je commence à saisir son leitmotiv. Des histoires familiales puissantes avec des personnages masculins taiseux mais sensibles qui communiquent par des non-dits. Des femmes dans toute leur complexité, fortes et fragiles à la fois, changeantes, parfois résignées mais assumant leurs désirs. Une nature islandaise omniprésente et des personnages aux prénoms imprononçables. Une bande-son en écho à leurs états d’âmes. Une écriture poétique et magnétique avec un mélange savoureux des temporalités.

« Il est impossible de raconter une histoire sans s'égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, non seulement une fois, mais au moins trois - car nous vivons en même temps à toutes les époques. »



Peu importe l’histoire, tout est dans le voyage. Avec Jón Kalman Stefánsson on n’explore pas le monde mais les époques. Et ce voyage, en parcourant des univers poétiques, va droit au coeur.
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Ton absence n'est que ténèbres

Incipit : Le plus important, les choses qui vous marquent durablement, grands sentiments, expériences difficiles, chocs, bonheurs intenses (épreuves ou violences qui viennent secouer la société ou votre existence) peuvent laisser en vous des traces si profondes qu'elles s'impriment dans votre patrimoine génétique, lequel se transmet ensuite de génération en génération, façonnant les individus qui naîtront après vous. C'est une loi fondamentale. Vos gènes charrient vos émotions, souvenirs, expériences et traumatismes d'une vie à une autre, et dans ce sens, certains d'entre nous sont vivants longtemps après leur disparition, y compris lorsqu'ils ont sombré dans l'oubli. Nous portons perpétuellement en nous le passé, continent invisible et mystérieux qui affleure parfois, quelque part entre le sommeil et la veille. Un continent dont les montagnes et les océans influent en permanence sur les couleurs du temps et les chatoiements de lumière que nous abritons.



J'aime la plume de cet auteur que j'ai decouverte à la lecture de ce roman, dans lequel je me suis totalement immergé. Je me suis laissée emmener par toutes ces vies d'un siècle à l'autre. Comme une invitation à découvrir de quoi elles s'étaient nourries pour exister, pour transmettre et pour aimer.

L'incipit exprime littéralement ce en quoi je crois profondément. C'est certainement pour cela que je ne voulais pas que ce roman se termine.

Une lecture qui se révèle etre un fabuleux voyage émotionnel, livresque et musical et un merveilleux coup de coeur.







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Mon sous-marin jaune

J’avoue que La Trabant jaune sur un passage piéton qui orne la couverture m’a fait de l’œil car je ne connaissais pas l’auteur et ce clin d’œil aux Beatles était réjouissant.

Dans cette biographie déjantée, Jón Kalman Stefánsson nous entraîne dans ses souvenirs d’enfance.

Lorsque sa mère meurt et que son père vient le chercher dans sa Trabant, il dit à son fils :

« Je crains que ta mère ne soit morte.

Il toussote une quatrième fois, hoche la tête et ajoute : Oui, c’est la réalité, je crains que ce ne soit la réalité. »



Cette autobiographie pleine de fantaisie pourrait être simplement amusante s’il ne venait s’y mêler tout un tas de personnages irréels ou disparus qui nous emmêlent un tantinet les pinceaux ! Ainsi le narrateur enfant dialogue avec les morts du cimetière, ou bien avec Dieu et la Bible dont il fait une réinterprétation pleine de fantaisie. Mais le personnage récurrent qui a l’admiration du garçon, c’est John Lennon. Régulièrement, il fait irruption dans le récit et la vie de l’enfant, parfois ce sont les Beatles au complet qui sont là, à se chamailler et le narrateur imagine une réconciliation.

En vacances dans les fjords sauvages de l’ouest, il découvre la nature et la vie rude des fermiers. Solitaire, il s’imagine tout une ribambelle d’amis, à commencer par les morts du cimetière avec lesquels il échange en toute simplicité.

Avec un père lointain et taciturne et une belle-mère silencieuse et froide, l’enfant va chercher tendresse et réconfort chez un vieux couple qui habite dans le même immeuble. Auprès d’eux, il peut se laisser aller à son imagination fertile.



Pas facile de suivre une telle loufoquerie, car le récit se perd souvent dans des digressions assez longues qui perdent le lecteur.

Si j’ai été touchée par l’enfant devenu orphelin, solitaire et en manque d’affection, j’ai trouvé que ces irruptions trop répétées de personnages fictifs finissent par submerger l’histoire.

Cette lecture, dont j’attendais beaucoup, me laisse sur ma faim.





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Ton absence n'est que ténèbres

Peut-être que si je parlais islandais, je vous écrirais directement pour vous dire que ce livre est de ceux qui nous secouent. Ces destins qui se mêlent et s’entremêlent, sur plusieurs générations, dont les passions, les morts, les choix, les absences de choix, ont de telles répercussions sur les uns et sur les autres, pour le meilleur comme pour le pire, ne peuvent que nous interroger sur notre propre destinée. Il faut avoir beaucoup aimé et aussi beaucoup souffert pour coucher ces mots, écrire un tel récit qui vomit les tièdes, exhale et broie en même temps les amours impossibles, recueille les orphelins, embrasse les âmes blessées, le tout dans un symphonie humaine qui trouve son écho dans les paroles de chansons de Bob Dylan, Miles Davies, Elvis, Fitzgerald, Léonard Cohen, les Beattles, David Bowie, et tant d’autres de la même trempe.
Lien : http://alarecherchedutempspr..
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Lumière d'été, puis vient la nuit

Ce livre peut être perçu comme une méditation sur notre peur du noir: "nous sommes bien loin d'avoir surmonté notre peur de la nuit" (p.217; cf. p.183). Avec ce style propre, ce livre mêle des questions existentielles avec la vie la plus banale d'un petit village islandais, pour montrer sans doute que cette banalité n'est qu'apparente.

Avec un bémol: l'intrigue est si peu construite que ce petit livre peut paraître long à ne faire qu'égrener les événements de la vie de ce village. Mais c'est dans cette vie de village que le latin s'invite, que le souci de l'univers effleure la discussion. Car ce qui paraissait dépassé et démodé redevient vital et même intriguant, précisément parce que "l'inutile est nécessaire". (p.47)
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Ton absence n'est que ténèbres

De Jon Kalman Stefansson, j'avais déjà lu "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied", "Entre ciel et terre" et "Asta", et j'avais été subjuguée dès les premières pages par la beauté de son écriture. Avec "Ton absence n'est que ténèbres", il a encore dépassé mes attentes et signe là, selon moi, son meilleur roman (mais je n'ai pas encore lu son dernier paru début 2024). Il tisse ici les fils de plusieurs vies se déroulant de la fin du XIXème siècle jusqu'à nos jours, dans la région de Keflavik, dans ce fjord "qui ressemble à une étreinte". Sont convoqués les vivants et les morts (et il arrive que même les défunts sourient), dans une alternance entre présent et passé ("mais peut-être vit-on toutes les époques en même temps") ou par une suspension du temps que permet l'écriture : pendant que la voiture de Kari est à l'arrêt sur le pont, nous aurons exploré quelques dizaines d'années. Car Jon Kalman Steffanson nous donne à voir le travail d'écriture en train de se faire. Le narrateur, amnésique, ayant perdu toute trace de son identité, hormis le fait qu'il sait qu'il a aimé et qu'il a été aimé, noircit ses pages format A5 et écrit la mémoire des autres, celle de Gudridur et de Petrur, de Hafrun et Skuli, de Halldor et Palli leurs fils, celle d'Erikur, leur petit fils, d'Aldis, la citadine de Reikjavik tombée amoureuse de Haraldur, alors qu'il écoute Bob Dylan sur son tracteur. Parfois ce narrateur lève son stylo, alors l'horloge reprend son mouvement. Il doit faire face à un personnage - pasteur ou chauffeur de bus qui les emmène tous vers l'enfer ? - qui semble le retenir prisonnier jusqu'à ce qu'il termine sa tâche. "Ecrivez. Parce que la mort n'est qu'un simple synonyme de l'oubli." "Oubliez, c'est trahir la vie." Le grand thème de Stefansson est l'amour. Est-ce courage ou lâcheté que de se résoudre à son destin, peut-on suivre la boussole de son coeur et tromper pour être fidèle à l'amour ? Le roman est parsemé de titres et paroles de chansons, de "The Train Song" de Nick Cave, à "I'follow the sun" des Beatles, en passant par "Yesterday Is Here" de Tom Waits ou "Just Say I Love Him" de Nina Simone (une compilation, la playlist de la Camarde, est donnée en fin de volume). Les romans de Stefansson sont empreints de mélancolie, mélancolie qui est "notre souvenir des bonheurs disparus", dans ce paysage islandais où le ciel semble plus proche de la terre. "Même en plein soleil, nous abritons des vallées de ténèbres". Pour Stefansson, le paradoxe est constitutif de la vie; trouver la lumière exige de traverser l'obscurité, de la même façon que les étoiles ne sont visibles que dans la nuit noire. Mais son travail d'écriture terminé, le narrateur pourra enfin rejoindre la fête, annoncée dès le début du roman et donnée en l'honneur d'Elvis et de Palli. "La compilation de la Camarde est fin prête. Il ne nous reste plus qu'à vivre."

PS : j'aurais bien envie d'envoyer à Jon Kalman Steffanson un titre à ajouter à sa compilation de la Camarde : "What he wrote" de Laura Marling.

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Mon sous-marin jaune

Après "Ton absence n'est que ténèbres" qui m'a enthousiasmé, j'ai enchainé avec le dernier roman de Jon Kalman Stefansson. Si celui-ci n'atteint pas les sommets du précédent, j'ai encore eu beaucoup de plaisir à retrouver la prose magnifique et poétique de l'auteur. Ce roman a certainement une place à part dans l'oeuvre de l'écrivain, dans le sens où c'est celui qui contient le plus d'éléments autobiographiques. Alors que dans "Ton absence n'est que ténèbres", l'auteur avait recours à un narrateur amnésique en charge de mettre sur papier la mémoire des autres et que la perte de son identité propre était une condition nécessaire à son travail d'écrivain, ici, Jon Kalman Stefansson prend le contre-pied de cette position. C'est bien à partir de ses propres souvenirs qu'il construit "Mon sous-marin jaune". Mais il y mêle une fantaisie qui nous dit que les souvenirs se rapprochent aussi beaucoup des rêves, cette fantaisie qui s'accorde très bien à celle du film d'animation " de George Dunning "Yellow submarine" sorti en 1969, à l'esthétique psychédélique. Les Beatles se retrouvent ainsi dans un bus un été avec notre jeune narrateur, en partance pour les territoires du nord de l'Islande. Mais les collisions temporelles réuniront aussi le narrateur, âgé de soixante ans et Paul McCartney dans un parc londonien...avec une vieille Traban jaune. Cette fantaisie se retrouve aussi dans les titres des sous-chapitres (dont nous avons l'habitude dans tous les romans de Stefansson) qui ont souvent un effet comique. Cette fantaisie est inextricablement liée au deuil, à la douleur de l'absence (thèmes centraux de toute l'oeuvre de Stefansson), et à l'incommunicabilité avec le père. Jon Kalman Steffanson réussit donc à créer un roman lumineux, comme le jaune de son sous-marin, même si "la tristesse est cette braise en nos coeurs".



"Les chansons "Things We Said Today" et "Yellow Submarine", la seconde interprétée par Ringo Starr, étaient mes titres préférés des Beatles à la fin de l'année 1969 et au début de la suivante. Il est inutile d'expliquer pourquoi j'aimais tant le premier, mais il n'en va pas de même de "Yellow Submarine", que peu de gens considèrent comme un chef d'oeuvre. Ma mère a essayé de m'apprendre à le jouer à l'harmonica que sa soeur nous avait envoyé de l'étranger, en me disant que le texte parle de notre désir à la fois douloureux et puéril de trouver un havre de paix, un lieu où l'on est en sécurité, un univers parallèle où les contraintes et les mauvais coups du monde ne nous atteignent pas.

Puis elle est morte. Elle a sombré dans les ténèbres, s'est évanouie dans le silence, où elle s'est changée en douleur muette, devenant le sommet plus haut de l'Islande. Quelques mois plus tard, la vie et les profiteurs ont semé la discorde parmi les Beatles. Le groupe s'est séparé, dissous dans l'hostilité, le monde a commencé à se disloquer et l'être humain à se perdre."

"Nous vieillissons, notre passé prend toujours plus de place en nous, la vie se change en deuil de ceux qui sont partis, elle n'est plus que le souvenir des cimetières que chaque jour nous visitons- et la tristesse est cette braise en nos coeurs."

"La traban avance lentement. Nous sommes dans la seconde quinzaine d'octobre 1969. Elle est sur la route de Keflavik, et un long voyage l'attend. Elle va aussi vite qu'un chien mélancolique, pourtant elle finira par atteindre sa destination. Elle vogue, entêtée, à travers les années, à travers les décennies...

Elle est morte, je crains qu'elle ne soit partie, c'est la réalité. Il s'agrippait au volant parce que chacune de ces syllabes était aussi lourde qu'un sac de ciment."

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Ton absence n'est que ténèbres

Il y a des pépites d'or disséminées dans les pages de ce bouquin. J'en ai récupéré quelques-unes pour les mettre sous mon oreiller, elles disperseront leurs poussières nébuleuses dans mes songes.



L'air est poétique du côté des fjords islandais, le narrateur, amnésique, se réveille sur les bancs d'une église. Derrière lui, se trouve un étrange personnage, pasteur barbu, où chauffeur d'autocar, cet homme changera constamment de tee-shirt au gré des histoires racontées. Si au départ, on avance à tâtons dans le brouillard de cette narration, la brume va peu à peu se dissiper pour nous faire rentrer entièrement dans le récit.



À la manière des Parques qui s'amusent à emmêler, couper les fils du destin des hommes, Stefánsson nous décrit, nous imprègne de l'histoire d'une famille sur plusieurs générations. C'est un charivari de poésie, de musique, de désir, d'amour, et de lombrics, ce fameux poète aveugle de la glèbe.



Ce roman est de ceux qui donnent envie de recommencer sa vie des dizaines de fois pour ne rien avoir à regretter.
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Mon sous-marin jaune

Livre étrange et que j’ai eu beaucoup de mal à finir d’un grand écrivain islandais Jón Kalman Stefánson. C’est l’histoire d’un homme qui s’assoit dans un jardin public à côté de Paul McCartney qui va fêter ses 80 ans. Cet homme était autrefois, un petit garçon de 7 ans qui lisait l’ancien testament dont le Dieu lui apparaît cruel et colérique, un petit garçon qui était persuadé qu’il existait un autre grand livre de la Bible e avec un Dieu bon.

On navigue donc entre 1970 et 2022.

En 1970, en Isalande, le petit garçon a 6 ans. En 2022, à Londres, l’homme adulte âgé de 59 ans.

Pas facile à lire et à suivre.

Je retiens que ce roman donne envie de réécouter les Beatles.
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Mon sous-marin jaune

Plongée dans les méandres de l’âme humaine, ce livre une odyssée poétique, une exploration intime de l’existence à travers les yeux d’un narrateur qui se confond avec l’auteur lui-même. 🫧



Dans cette épopée littéraire, les frontières du temps et de l’espace s’effacent, laissant place à un voyage déconcertant entre passé et présent, entre l’Islande austère de l’enfance et le Londres brumeux de l’âge adulte. 🤿



Au cœur de ce périple, la rencontre improbable entre un écrivain en quête de rédemption et l’icône musicale légendaire, Paul McCartney. 🎶



Mais derrière cette apparente fantaisie se cache une méditation profonde sur la vie, la mort, la foi et la quête de sens. 🎵



À travers les yeux du narrateur, nous sommes témoins de son cheminement intérieur, de ses luttes avec les démons du passé et les mystères de l’existence. 😌



Stefansson nous entraîne dans un tourbillon d’émotions, jonglant habilement entre l’humour et la mélancolie, la folie et la sagesse. 🪽



Son écriture, aussi envoûtante qu’impétueuse, nous transporte au cœur même de l’âme humaine, là où se mêlent la lumière et l’ombre, la joie et la douleur. ☁️



À travers des personnages hauts en couleur et des situations aussi cocasses que touchantes, l’auteur nous offre un regard tendre et lucide sur la condition humaine, sur ses espoirs et ses désillusions, sur ses rêves brisés et ses amours perdus. 💫



Un roman qui ne laisse pas indifférent, qui nous fait rire autant qu’il nous émeut, qui nous surprend autant qu’il nous fait réfléchir. 🤔



C’est une œuvre d’une profondeur inouïe, d’une richesse insoupçonnée, qui résonne en nous bien après avoir refermé ses pages. 📑
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Entre ciel et terre

Excellent roman hors du commun, très émouvant.



Nous sommes dans les terres d'Islande, dans un village de pêcheurs au pied des montagnes hirsutes et à quelques pas de la mer glaciale. Ici, on cotoie la mort de près, on est reconnaissant de la vie qui semble si miraculeuse car tellement fragile. On médite sur le mystère de la vie et de la mort, sur le sens de notre existence, avec en toile de fond la dure vie de marin et la culture islandaise.



Une ode à la poésie, des mots profonds, une écriture poétique. Cette très belle écriture m'a beaucoup émue et me donne très envie de découvrir davantage l'oeuvre de Jon Stefansson.
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Mon sous-marin jaune

2022 Assis sur un banc à Londres, le narrateur découvre Paul McCartney à côté de lui. En cherchant comment l'aborder, il remonte le cours de ses souvenirs. Se superposent alors les années de son enfance où il essaie de comprendre le décès de sa mère en se plongeant dans la Bible, les étés avec sa belle-mère dans les Strandir où les éleveurs sont particulièrement taiseux et les premières années de l'âge adulte où il découvre le silence et la solitude de la lecture et de l'écriture.

Ce qui se dessine en filigrane dans ces souvenirs, c'est la relation du narrateur avec son père, toujours accompagné de Dieu et d'une bouteille de vodka, faite de silences accumulés sur une incompréhension originelle. Entre loufoque et nostalgie, ses réflexions métaphysiques amènent à porter un regard nouveau sur l'Ancien Testament auquel il ne peut que manquer le premier livre.

Par ce prisme du narrateur qui empile les époques et ses souvenirs, c'est aussi un roman sur les liens de famille et d'amitié, sur la genèse et la création littéraire, sur la musique et la poésie qui demeurent de l'enfance dans le regard de l'adulte.
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Mon sous-marin jaune





Je ne vais pas résumer ou raconter ce livre...

qui nous emporte dans les souvenirs de Jon, de Gilgamesh – «cette poésie écrite, datant de l'aube des temps, en Mésopotamie quand des poètes défunts m'ont apostrophé» - à Paul Celan,

souvenirs accompagnés d'une bande son des Beatles à Nick Cave,

dans l'Islande des Strandir ou de Keflavik,

au milieu des tombes d'un cimetière au bord de l'océan, ou dans le sous-sol d'une bibliothèque. Aussi parmi les vivants, de ceux qui «font du monde un lieu plus habitable», comme ces deux vieillards qui habitent au troisième étage de l'immeuble où Jon ne vit plus qu'avec son père,

ou son ami Örn, l'ami inoublié, que l'on avait déjà rencontré dans Asta quand il s'appelait Josef... toujours terminant sa vie dans l'océan.

Il y a aussi une camarade de classe dans l'immeuble où il habite, une petite fille «si belle que le ciel soupire chaque fois qu'elle sort de l'immeuble ...qui est si belle que le monde frissonne»,

ce monde du froid, l'Islande toujours recouvert «d'un manteau de neige si épais que le temps lui-même peine à la traverser.»

Le temps, parlons en du temps,

«Le temps s'est suspendu» pendant que Jon Kalmann Stefansson continue à se promener dans sa mémoire comme un Marcel Islandais qui remplace les madeleines ou le pavé disjoint de la cour des Guermantes par une tresse de cheveux de Guðmundur, ou la trabant de son père blanche et rouge...

et nous nous retrouvons avec Hamlet sur la terrasse du chateau

“The time is out of joint:–O cursed spite,

That ever I was born to set it right!–“

Le temps est disjoint, le temps est détraqué, les temps se chevauchent, se complètent, se pénètrent...

Les temps de cet islandais qui habite au bord du petit étang du centre de Reykavik,

des temps qu'il nous offre et qui deviennent comme nos souvenirs...

Hélas, le dernier mot arrive,

Il m'a rejoint, et … ne reste que le souvenir des nostalgies de Jon Kalman Stefansson que j'ignorais avoir en moi, .

Roman? si les souvenirs sont un roman, alors oui,

peu importe la catégorie éditoriale dans laquelle on le met...

S'Il faut absolument le classer quelque part, alors ce sera dans le rayon très peu fourni

des livres exceptionnels.





© Mermed 6 Avril 2024
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