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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1133)
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Mon sous-marin jaune

L’écriture comme thérapie ?

On dit toujours qu’il y a beaucoup de l’écrivain dans les livres. Écrire c’est faire sortir les démons, c’est coucher sur le papier des pensées jamais vraiment oubliées.



Je suis loin d’avoir lu l’intégralité de l’œuvre de Stefánsson, je viens tout juste de le découvrir et pourtant, j’ai le sentiment que « Mon sous-marin jaune » est très certainement l’un de ses écrits les plus intime.



Outre la démonstration d’un amour incommensurable pour le plus grand groupe de musique de tous les temps, nous nous demandons si ce fil rouge n’est pas un prétexte pour nous conter sa propre histoire. Quelle est la part de vrai ?



Lire Stefánsson, c’est surtout avoir le sentiment de se balader. Dans les contrées islandaises, dans les fjords où rien ne se passe vraiment, où même les silences ont une signification.

Ici encore, nous sommes entre deux temporalités. En août 2022, à Londres un homme qui ressemble très fortement à notre auteur remarque la présence de Paul McCartney dans un parc. Inimaginable.

Impossible de ne pas aller lui parler. Mais pour lui dire quoi ? Comment s’adresse-t-on à la plus grande star mondiale ?



Notre homme va longuement rassembler ses souvenirs. Parce que les Beatles, c’est toute sa vie. Il va remonter à sa petite enfance, dans les années 70 et lier chaque moment à une chanson ou un événement concernant le groupe.



Un écrit ultra poétique où même les digressions comptent. Un enfant dont la mère est partie trop tôt laissant un vide impossible a combler. Un père bancal, alcoolique qui ne prendra jamais son fils dans ses bras. Notre enfant a une chance : sa belle-mère.

Elle va lui faire voir du pays, rencontrer des personnes qui comptent. Dans cette campagne où les journées sont longues, notre petit vague à la mélancolie, devient ami avec un chien, parle aux défunts, cherche l’Eternel dont lui a tant parlé son père, et surtout, se gave de musique. Plus tard il étudiera, on lui prédit un avenir loin d’ici, il écrira et dans chacun de ses livres, il fera vivre un ami parti trop tôt.



Nul doute que Stefànsson est un véritable fan. Sa chronologie est tellement bonne qu’elle nous pousse à réécouter les albums phares d’un groupe à la renommée éternelle.

Un livre comme une lettre d’amour à la musique, une ode à la vie, à l'innocence de l’enfance, aux écorchés, aux incompris, aux rêveurs surtout.
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Mon sous-marin jaune

Il est là, assis sur une couverture, à l'ombre d'un vieil arbre dans ce parc de Londres. Paul McCartney a sorti un roman de son sac et tourne ainsi quelques pages en tendant l'oreille par moment sur la musique des oiseaux. Quel roman cela pourrait être, se demande l'auteur. Un roman islandais, peut-être. Un roman de lui-même ? La claque... Paul, le héros de sa jeunesse, il l'a accompagné tout au long de sa vie, qui lit un de ses livres. Mais comment oser l’aborder après ça ? Il a croisé souvent le regard de Paul, dans les étapes clés de sa construction d’écrivain, comme dans ce bus qui l’a emmené dans le Nord de l’île pour des vacances d’été, la bande des quatre assis au fond en train de composer de nouvelles musiques, une foire pas possible.



Mais il n’y a pas que Paul ou Ringo dans ce sous-marin jaune… Quand il était dans la voiture de son père, il se retournait souvent pour voir Dieu l’Éternel et Johnny Cash assis sur la banquette arrière de la Trabant en train de boire des bouteilles de vodka à même le goulot. Dieu et Johnny furent très complices pendant des années, faut dire que descendre des bouteilles de vodka ensemble, ça forge des liens solides. Puis un jour, Johnny a disparu. Et à l’arrière de la Trabant, à côté de Dieu l’Eternel, étaient assis Simon & Garfunkel. Toujours la vodka qui passe de main en main, fini les chansons de marins à tue-tête avec des femmes dans chaque port, the sound of silence sonne en guise de refrain. Où diable est donc Johnny Cash, pendant qu’une baleine semble souffler aux larges des côtes nordiques. Et puis un autre jour, c’est Rod Stewart qui est venu s’asseoir à côté de l’Eternel. Lui, était plus whisky. Et il parlait tout le temps de cette nana avec des jambes, longues, longues et belles, belles, hot legs, elle est chaude chaude et a l’œil qui pétille à chaque fois qu’il en cause à Dieu l’Eternel. Moi aussi.



Bref, c’est un roman musical, un roman d’initiation qui voit ce gamin errer dans l’adolescence sur cette île, entre souvenirs de campagne et de catéchisme. Et d’une telle vie, loufoque et solitaire, naîtra probablement un grand écrivain, si grand que ses romans seront traduits de l’islandais en anglais, et seront même lus par Sir Paul McCartney, c’est dire la qualité de l’écrivain qui m’a encore une fois embarqué dans son histoire, qui pour une fois fut nettement plus solaire que le crépuscule auquel l’auteur m’avait habitué. Un voyage dans le temps entre la Mésopotamie de 5000 av. J.C. et la ville de Keflavik dans les années 1980 où Ringo Starr serait devenu un évêque et à tout moment décapité… Heureusement les sternes arctiques continuent de voler dans le bas ciel, les gâteaux locaux sont préparés à base d’œufs de goéland, « … et je deviens aussi triste que la commissure des lèvres de Ringo Starr. »
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Mon sous-marin jaune

Dans ce récit aux accents autobiographiques, l'auteur raconte son enfance façonnée par la mort de sa mère, son obsession pour les Beatles, ses entrevues avec les défunts, ses cours de catéchisme et sa crainte de celui qu'il appelle l’Éternel, vieil homme colérique qu'il assimile à son père. Aussi tendre que décalé, fantaisiste que mélancolique, ce livre est tissé d'une sagesse candide aussi verdoyante et apaisante que les landes islandaises (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/02/19/mon-sous-marin-jaune-jon-kalman-stefansson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Entre ciel et terre

Un ouvrage qui s'approche curieusement des histoires relevant du monde breton avec les quelques thématiques récurrentes dans la narration: la pénibilité de la vie, la mer, la mort et la pêche...

Islande et Bretagne se rejoignent dans ce roman. C'est constant sur toute l'histoire. Les prénoms eux restent complètement Islandais!
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Mon sous-marin jaune

“Il faut que j’aie une conversation importante avec Paul McCartney.” Oui, mais pas tout de suite. L’ancien Beatles de quatre-vingts ans est tout proche, adossé à un vieux chêne, un livre à la main, dans un parc à Londres en août 2022. Avant d’aborder cette légende, cette presque divinité, le narrateur a besoin de temps, de courage et de poésie ancienne.



“J’ai l’impression qu’il regarde dans ma direction, mais je n’en suis pas certain, et je n’ai pas le temps d’y réfléchir parce que nous sommes à la fin septembre 1970 et que je pars à l’école.” Au milieu d’une seule et même phrase, on est là puis ailleurs, maintenant et avant, c’est stupéfiant. Le récit sillonne la vie et la mort, le silence et la tristesse, le passé et le présent, le monde avec les Beatles et le monde sans.



Il semble plus facile pour notre narrateur de converser avec les morts qu’avec les vivants ou qu’avec Paul McCartney. Il s’adresse à Dieu, qui n’est qu’un père qui boit trop. À Jésus, tellement formidable qu’il pourrait être le cinquième membre du groupe. Aux défunts d’un cimetière tout au nord du monde. Il entasse toutes ces ouailles à l’arrière de la Trabant de son père. Cette voiture qui traverse, entêtée, les années, les décennies, les parcs londoniens et les routes islandaises.



Ce livre contient la mémoire des mondes enfouis qui, presque pleine, “déborde, se mélange et se confond avec les journées qui continuent de s’écouler jusqu’à ce que nous cessions de faire la différence, jusqu’à ce que nous doutions de l’époque dans laquelle nous vivons.”



Tout se télescope dans ce roman : le silence d’un petit garçon qui cherche la voix de sa mère, les battements d’un coeur tambourinant comme la batterie de Ringo Starr, un rayon de soleil aussi éclatant qu’un sous-marin jaune, un rire sous un vieux chêne. Tout s’enchevêtre pour former une harmonie qui tend vers l’infini. Pour affronter la mort et la vie.
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Ásta

difficile de faire une critique sur un livre si ce n'est poétique mais qui m'a perdu... 60 pages a tenir bon puis comme une amertume a ne plus vraiment comprendre ou l'auteur veut nous mener...



Comprendre l'histoire d 'amour d'un couple fusionnel qui donne la vie a une fille au doux prénom de l'amour... Alors je dis oui .... puis non car les fils joliment tissés finissent en pelote...

Retenir la poésie de l'Islande de l'auteur qui semble grand je dois cependant l'avouer... Que lire de lui pour me faire réellement adhérer et me convaincre ? ...
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Mon sous-marin jaune

Il ne faut pas se mentir, les Beatles ont accompagné beaucoup d’entre nous au cours de notre vie. Enfin je dis « nous », je veux dire vous parce qu’en ce qui me concerne, je n’étais pas née quand ils se sont séparés ! Ce qui n’est pas le cas de notre personnage (peut-être l’auteur ?), qui lui était déjà de ce monde à leur séparation, mais pas à leur création.

Bref, le fait est que, vous l’aurez deviné , il est question des Beatles dans ce roman, mais pas que d’eux. Ils sont les compagnons de vie d’un petit garçon islandais rêveur qui a bien grandi et qui cinquante ans plus tard retrouve Paul Mc Cartney dans un parc londonien pour lui donner un exemplaire de L’Épopée de Gilgamesh, qui est à ce jour, une des œuvres les plus anciennes de l’humanité.

Basé sur le style d’écriture de Asta du même auteur, il part de cette scène, qu’il place en point d’ancrage. Tous ces souvenirs passés se fondent dans ce présent presque figé. Tout n’est que dualité : présent et passé, vivants et morts, réalité et imagination et cependant ils se fondent dans une grande cohérence.

Mon sous-marin jaune ressemble à un voyage méditatif et philosophique au cœur du temps qui passe ; les années s’écoulant, il est temps de faire le point. Les souvenirs remontent, les personnes disparues reviennent nous parler, peut être pour nous préparer à les rejoindre ? Les questions se posent sur Dieu et sur ses intentions.

Ce roman qui peut paraître superficiel dans les premières pages devient de plus en plus profond et laisse deviner une grande sensibilité.
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Ton absence n'est que ténèbres

J’ai eu beaucoup d’intérêt au début du livre, le style me plait et l’histoire d’amour sur plusieurs générations m’a fortement captivé. Mais ensuite, autour de la 200e page cela traîne beaucoup, j’ai eu du mal à garder le rythme, les histoires ne sont plus cohérentes entre elles, cela devient pénible pour moi de suivre. J’abandonne page 400.
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À la mesure de l'univers

Avez-vous déjà eu les larmes aux yeux en lisant un livre, non pas par ce qu’il est triste ou émouvant, mais uniquement parce que l’écriture est sublime ? Jón Kalman Stefánsson écrit directement à mon coeur et à mon âme. C’est une écriture qui se savoure, lentement, en prenant le temps de lire encore et encore chaque phrase pour s’imprégner de leur beauté.



Ce diptyque raconte l’histoire de Ari, qui revient en Islande après quelques années d’absence et une rupture familiale qui n’a laissé que des remords. Les souvenirs surgissent, et c’est l’histoire de trois générations qui vont s’entremêler à travers ces romans.



La construction de la narration est unique, sans temporalité ou logique linéaire, dans une éternité permettant de ressusciter les morts. Jón Kalman Stefánsson mélange les époques et les lieux, et j’ai navigué avec lui dans les méandres de ce puzzle romanesque, comme sur un bateau au large des côtes de l’Islande, voguant dans un monde poétique souvent sombre, parfois lumineux, toujours enthousiasmant. Son cœur est en Islande, mais il décrit des sentiments humains universels avec simplicité et pudeur. J’admire son traducteur français, Eric Boury, qui réussit magnifiquement à traduire toutes les subtilités de sa pensée poétique.
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Avez-vous déjà eu les larmes aux yeux en lisant un livre, non pas par ce qu’il est triste ou émouvant, mais uniquement parce que l’écriture est sublime ? Jón Kalman Stefánsson écrit directement à mon coeur et à mon âme. C’est une écriture qui se savoure, lentement, en prenant le temps de lire encore et encore chaque phrase pour s’imprégner de leur beauté.



Ce diptyque raconte l’histoire de Ari, qui revient en Islande après quelques années d’absence et une rupture familiale qui n’a laissé que des remords. Les souvenirs surgissent, et c’est l’histoire de trois générations qui vont s’entremêler à travers ces romans.



La construction de la narration est unique, sans temporalité ou logique linéaire, dans une éternité permettant de ressusciter les morts. Jón Kalman Stefánsson mélange les époques et les lieux, et j’ai navigué avec lui dans les méandres de ce puzzle romanesque, comme sur un bateau au large des côtes de l’Islande, voguant dans un monde poétique souvent sombre, parfois lumineux, toujours enthousiasmant. Son cœur est en Islande, mais il décrit des sentiments humains universels avec simplicité et pudeur. J’admire son traducteur français, Eric Boury, qui réussit magnifiquement à traduire toutes les subtilités de sa pensée poétique.
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Entre ciel et terre

J'ai été une passionnée de "pêcheurs d'Islande" de Pierre Loti. C'est ce qui m'a fait choisir ce livre. Ceux qui aiment les longues descriptions (belles descriptions) seront aux anges. A mon goût, il y en a trop mais ce n'est qu'une histoire de point de vue.

L'écriture est belle, l'histoire émouvante, les personnages profonds.
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Mon sous-marin jaune

J’étais au volant de ma voiture lorsque j’ai appris à la radio que le dernier roman de Jón Kalman Stefánsson venait de paraître.

À la seconde même où l’information a égratigné la croûte de ma conscience, j’ai bifurqué: direction la librairie la plus proche.



Chaque nouvelle parution de l’auteur islandais constitue pour moi une véritable joie. Des papillons s’agitent dans ma poitrine à l’idée même de mettre sous mes yeux les mots d’un des plus grands poètes que la terre islandaise porte.

Mais une fois le livre entre les mains, je constatais (avec une certaine déception) le changement d’éditeur de la traduction française. Si j’aimais infiniment les couvertures toutes en poésie des Editions Grasset, je trouvais à celle choisie par Christian Bourgeois - bien que fort à propos - quelque chose de trop littéral.



Et voilà ce, qu’au dos, je voyais figurer:

Un écrivain qui ressemble beaucoup à Jón Kalman Stefánsson aperçoit Paul McCartney dans un parc londonien, en août 2022. L’ancien Beatles est le héros de sa jeunesse, et le narrateur rêve de lui parler. Mais il lui faut d’abord préparer cette conversation, trier ses souvenirs, mettre de l’ordre dans l’écheveau d’émotions et de récits de toute sorte qu’il aimerait partager avec son idole.

C’est donc à ce voyage dans le temps que nous invite Mon sous-marin jaune. À commencer par l’histoire d’un jeune garçon qui apprend au détour d’une phrase que sa mère vient de mourir. Quelque mois plus tard, il passe l’été dans la famille de sa nouvelle belle-mère. La beauté sauvage des fjords de l’Ouest sera un puissant antidote contre la solitude, le chagrin et le silence pesant de son père. L’enseignement biblique, au contraire, le met en colère et lui fait comprendre qu’il devrait chercher les réponses ailleurs. Beaucoup plus tard, ce sera grâce aux livres piochés à la bibliothèque municipale qu’il se mettra à comprendre dans quelle direction il voudrait diriger sa vie.

Dans un récit où les lieux et les temporalités cohabitent, nous croisons un chauffeur de taxi fou, un moniteur d’auto-école au cœur fragile, ou encore Ringo Starr transformé en évêque médiéval, et c’est seulement la folie créatrice du romancier qui permet d’en faire son livre le plus audacieux et sans aucun doute le plus ouvertement autobiographique. Ce nouveau roman, ajoute l’éditeur, nous offre l’occasion de saisir la quintessence de toute son œuvre.



*



Oh non, me suis-je dit en regagnant ma voiture, il y est question de musique ! Et même si c’est relativement fréquent dans les textes de l’auteur islandais, sa place prépondérante dans Mon sous-marin jaune me chagrinait. Car pour une raison que j’ignore encore, je n’arrive pas à faire mien les romans entre les pages desquels la musique est reine et protagoniste. Comme si j’étais incapable de parler leur langue. Qu’à la poésie de leurs mots ne pouvait s’ajouter celle de mélodies.

Pourtant, laissant derrière moi ce deuxième apriori, je m’empressais de terminer les deux livres que j’avais en cours (Un si gros ventre de Camille Froidevaux-Metterie et Les sœurs d’Hippocrate de Jean-Noël Fabiani - excellents tous les deux, soit dit en passant), pour m’atteler au dernier né de Jón Kalman Stefánsson.



Mais j’avoue de pas avoir retrouvé la magie dont ses romans précédents (que j’ai tous lus, sans exception!) étaient revêtus. Si la langue était toujours aussi belle, intrigante et recherchée, j’avais le sentiment de quelque chose de beaucoup plus « extirpé ». Comme si les mots couchés sur le papier résultaient d’une immense douleur doublée d’un regard incessant sur ce qu’ils signifiaient. J’y voyais une forme d’acharnement, quelque chose de moins sensible (malgré le caractère éminemment personnel de ce dernier roman) que dans ses précédents textes, de plus terne et de moins libre. Comme si cette fois, et peut-être à cause de ce côté autobiographique, l’auteur s’était regardé écrire.



Pourtant, je n’ai pu m’empêcher de m’émerveiller, tout au long de ma lecture, des centaines de phrases dont l’auteur islandais a le secret: spirituelles, sensibles, capables de faire voler en éclat une vie, et transpercer un destin. Nombreuses sont encore celles que je garde contre mon cœur, gravées dans la chair de ma mémoire et le terreau de mes pensées.

Ce sont des phrases qui aident à vivre, car après tout, « C’est en nous que demeure ce qui commande la vie ».
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Entre ciel et terre

J'ai connu un emballement avec les premières pages, puis mon intérêt s'est peu à peu évaporé, j'ai été content que le roman fut court. J'ai le sentiment que les personnages et l'histoire n'étaient qu'un prétexte pour faire l'étalage d'une prose poétique. le personnage principal n'a même pas de nom, le traumatisme vécu par la perte de son ami l'affecte en profondeur, mais aucune évolution, aucun devenir concret n'est amorcé. le contexte social et l'environnement décrit ne sont rien d'autre qu'une toile de fond, un décor bien dessiné traversé par des fantômes aux contours flous. En lisant le roman j'ai pensé à ces films à la mise en scène soignée mais dans lesquels rien au final ne prend véritablement forme, l'émotion affleure à peine. L'auteur a peut-être cru pouvoir de suite toucher le centre névralgique des lecteurs sans s'embarrasser de créer un monde et des personnages complexes, comme si l'épure et la sobriété avaient le pouvoir de mieux révéler le fond cacher des choses pour intensifier l'émotion. Enfin de compte, pour créer de l'émotion avec des personnages en racontant une histoire il faut aussi au préalable donner au lecteur l'illusion d'une réalité palpable, créer des personnages plus vrais que nature. L'auteur a peut-être voulu atteindre une forme d'universalité. Je ne pense pas que le roman puisse nourrir un tel projet : je veux dire avoir pour contenu, pour idée directrice, l'universel de la condition humaine en tant que tel. Son intérêt est justement de montrer comment cet universel se diffracte dans des vécus singuliers et donne lieu à des expériences uniques ancrées dans des situation sociologiques et historiques spécifiques. Si l'auteur veut d'emblée atteindre le fond des choses, sans se décarcasser à élaborer des personnages, il ferait mieux d'assumer pleinement sa subjectivité, ne dire que ce qu'il pense et sent personnellement, en utilisant à la rigueur un personnage médiateur qui serait son alter ego. Si lui, l'auteur, est partout, dans chaque mot, chaque phrase, sans se cacher, un personnage est bien présent, il n'a pas besoin d'en créer, le lecteur sent la présence de quelqu'un, le livre qu'il tient dans les mains n'est pas désincarné.

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Mon sous-marin jaune

Voici un excellent roman, bien sûr, puisqu'il 'agit du grand Jon Kalman Stefansson ! Plus déroutant encore que ses précédents opus : plus déjanté, embrouillé, délirant, mélangeant époques, personnages et sentiments. De longues digressions, des répétitions fréquentes. Il faut je pense appréhender ce livre un peu comme une mélopée, un conte, une odyssée. Se laisser aller. Surtout ne chercher aucune logique ! Enormément de tristesse, de regrets, de mélancolie. Parfois trop à mes yeux, ou de façon vraiment trop répétitive. Des moments désopilants - surtout dans le premier tiers - que m'ont fait hurler de rire... même si cela a été plutôt rare. J'ai donc beaucoup aimé, moins cependant que certains de ses précédents romans, comme "Ton absence n'est que ténèbres" ou "Entre ciel et terre" . Si vous n'avez jamais lu cet auteur, il me semble préférable de l'aborder par ceux-là, celui-ci étant plus atypique.
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Mon sous-marin jaune

"Mon sous-marin jaune" est une formidable ode au pouvoir des mots et au rôle sans pareil de la littérature.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Mon sous-marin jaune

De Paul McCartney, croisé dans un parc londonien en 2022, à une enfance dans les fjords, l'auteur islandais, sexagénaire, se raconte via un double.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Ton absence n'est que ténèbres

Voici un livre qui, je pense, peut traverser les époques et se faire une place dans ce que l’on appelle la « Littérature ». Il rend grâce à cette dernière en lui donnant un rôle à part entière avec un narrateur-écrivain amnésique qui rédige, justement et magnifiquement, Ton absence n’est que ténèbres. 



Les personnages, quant à eux, sont profonds, intenses et existent dans toute leur humanité. Leurs défauts, leurs qualités, leurs pêchés et leurs moments de grâce sont contés et créent une fresque familiale et romanesque gigantesque. Le lecteur est ainsi plongé et égaré dans les abysses du genre humain. Certaines scènes sont sublimes, d’autres sont terribles. Quoi qu’il en soit, elles poussent le narrateur comme le lecteur à s’interroger : qu’est-ce que l’humanité ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la mort ? Et surtout qu’est-ce que la vie avant celle-ci ? Ce sont ces questionnements et l’exploration des sentiments humains, notamment de l’amour sous toutes ses formes, qui sont l’essence de livre. 



Bien que magnifique, ce livre est très complexe et je pense qu’il n’est pas accessible à tous. Les récits et les époques sont enchâssés, les personnages sont nombreux et il est parfois difficile de se situer dans le livre. Le narrateur est perdu alors l’auteur perd volontairement son lecteur et même si les changements de temporalité sont réalisés avec brio et finesse, le roman est vraiment déroutant. 



Pour résumer et conclure mon propos, je conseille cet ouvrage aux amoureux de la littérature, des analyses littéraires et des questionnements autour de l’Humanité. Malgré sa complexité, il est un fabuleux voyage et est une véritable ouverture à la réflexion. Ce livre, il faut être prêt pour sa lecture et prendre le temps de le lire sinon vous risquez bien de le fermer au bout d’une centaine de pages et cela serait dommage car il rend grâce à la littérature et au genre humain en en faisant son cœur.



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Mon sous-marin jaune

Ça parlerait de quoi le dernier roman de Jon Kalman Stefansson ? Peut-être qu'il serait vain de chercher à le savoir, ça parlerait de tout et de rien, ça entremêlerait les époques et les strates, l'imagination et le réel, les lignes du temps s'y superposeraient entre vivants et défunts au dessous du cosmos, Johny Cash, le père et l'Éternel ou les Beatles, les sternes arctiques et les phoques, la mort d'une maman et l'arrivée d'une belle-mère. Ça parlerait en filigrane d'un merveilleux conteur à qui tout semblerait permis, sa baguette d'immunité de poète en défricheur de vie, allant de détails en digressions, de délocalisations en situations. Mieux que de la TNT pour tout exploser, le JKS agirait comme de la pure dynamite à narration, toute en festival poétique.

Ça parlerait surtout d'un livre de vies presque sans histoires mais qui serait l'histoire de la vie, un livre sous forme de littérature englobante adepte du grand tout et surtout de condition humaine, qui défocalise et débusque, titille les astres comme les aspérités d'une existence, une littérature envoûtante et débridée à l'affut de tant de choses surprenantes en ce monde, que « celui qui prétend le comprendre est soit un idiot soit un menteur».

Mais ça parlerait aussi d'une rengaine sous forme de rencontre en août 2022 de l'auteur avec Paul McCartney dans un parc londonien, avec la Trabant de son père en sous-marin et de son projet de redonner voix aux défunts et à sa mère, de sa jeunesse, de son copain Örn apostrophé par de vieux poètes de Mésopotamie, de tant de choses et encore d'autres, parfois drôles, même si la nostalgie est souvent là avec sa tristesse comme « une braise en nos coeurs ».

On croyait tout savoir de Jon Kalman Stafansson et ses méthodes de narration débridée, mais sans doute que l'on n'en savait rien ou pas grand chose tant la surprise et le plaisir à s'embarquer dans ce sous-marin jaune restent intacts, peut-être même qu'il nous livre ici son roman le plus personnel, traumatique et émouvant. Et magnifique.



« Et peut-être la littérature est-elle en fin de compte le lieu qui nous permet de nous rapprocher un peu plus de la compréhension de l'existence ou d'en appréhender quelques éléments, en grande partie parce qu'elle abolit toutes les limites. Ou plutôt parce qu'elle ignore les frontières que l'homme est bien le seul à comprendre, il les éparpille autour de lui et les souligne avec tant de force qu'on peut aller jusqu'à dire qu'elles sont le principe selon lequel se définissent son existence et son univers. 

Même si lesdites frontières n'ont d'existence qu'à l'intérieur de sa tête. »





Un grand merci à Babélio masse critique et aux Éditions Christian Bourgois !
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

https://www.lespaulus.fr/2023/08/13/decouvrez-les-poissons-nont-pas-de-pied-de-jon-kalman-stefanson/

Retrouvez vers ce lien mon dernier podcast sur le livre incroyablement addictif de Stefanson ! Ari la cinquantaine a pété les plombs. Sa femme l'a quittée après avoir découvert qu'il la trompait. Laissant ainsi toute une vie, avec trois enfants. Éditeur et traducteur, Ari avait tout pour être heureux. L'auteur nous amène dans une fine introspection à travers les paysages islandais hors du temps. Le style très particulier de l'auteur nous révèle en poésie le pouvoir des générations. Sur ce que l'on hérite, sur ce que l'on tait, ce que l'on dit. L'intimité des personnages est passée au crible : chaque mot est savamment trouvé et pesé pour nous porter au plus profond de nous même. La forme du livre avec ses inter titres nous invitent à la réflexion sur notre place en ce monde. Les mots sont si bien choisis que je me suis surprise à les relire à haute voix. Il propose également tout au long du livre des références musicales nous invitant au rêve et à la quiétude. Une belle invitation douce, poétique et lumineuse islandaise...
Lien : https://www.lespaulus.fr/202..
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Ton absence n'est que ténèbres

Ton absence n'est que ténèbres - Jon Kalman Stefansson



Début de la 4e de couverture.

Egaré dans les fjords loin de Reykjavik, un homme a perdu la mémoire. Dans le village où il s’est arrêté, tous semblent pourtant le connaître. Petit à petit, les récits qui lui sont faits le plongent dans la grande histoire d’une famille. Du XIXe siècle à aujourd’hui, chaque destin est comme une tentative d’échapper à l’immuabilité de la vie islandaise…



Egaré je l’ai été à travers des différentes histoires en une. Le temps, l’absence, l’amour, la religion, le bonheur, le malheur restent ce que l’auteur affectionne.



Néanmoins, je conseillerai sa trilogie à ce livre. Il reprend d’ailleurs les mêmes thèmes. L’écriture poétique, toujours aussi belle, nous perd dans le dédale d’une invisibilité d’une histoire qui nous questionne sur la vie. La forme y est sans doute pour quelque chose ! Ou alors l’essentiel est invisible pour les yeux, si vous voyez ce que je veux dire, et il convient de le lire avec le cœur. Ce qui est sûr, c’est que l’auteur porte à notre connaissance que le malheur, sa ligne de conduite, est ce qui fait écrire, car le bonheur on le vit ! Le souvenir de la nostalgie alimente un feu qui nous consume avant que nous disparitions.

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