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Critiques de Joseph Kessel (1415)
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Le lion

"Le lion"est un roman de Joseph Kessel paru en 1958. Ce roman a connu à sa sortie un grand succès en librairie avec des ventes records de plus d 'un million d'exemplaires. On note aussi le nombre important plus de deux cents critiques élogieuses .

L'auteur, Joseph Kessel, est non seulement un romancier mais il est aussi un pilote. Il a visité plusieurs pays d'Afrique dont le Kenya qui sert de cadre au récit.

le lion relate l'histoire d'un grand amour entre une petite fille, Patricia, et un lion dénommé King .La jeune fille a fait du parc son royaume où elle évolue sans aucune crainte parmi les bêtes féroces .Patricia voue un grand amour pour la nature. Elle est solitaire car la nature et les animaux sont ses seuls amis. Mais sa grande amitié avec King éclipse les autres. Celle qui parle le langage du lion et fait de lui son ami est à la fois respectée et redoutée.

On admire aussi la description de la nature où la flore est superbe dans ses diverses variétés tels les arbres et les plantes.

Une belle amitié entre un lion et une fillette. Une nature luxuriante qui laisse le lecteur rêveur. Mais la fin de roman est dramatique .



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Le lion

On se fait parfois de fausses idées sur les classiques : J'ai toujours cru qu'il était trop question de nature pour moi dans ce roman. Alors qu'en fait, le propos est vraiment centré sur les personnages dont l'auteur brosse d'efficaces portraits, puis sur la relation homme animal, puis enfin sur la nature qui entoure et contient tout cela. Ce n'est l'histoire du roi de la savane qu'au travers de l'histoire des hommes qui vont malheureusement (pour qui ?) croiser son chemin et avoir une action sur sa nature. C'est surtout l'histoire de Patricia, enfant blanche née en Afrique d'une pure citadine (la bien nommée Sybil) et d'un chasseur de bêtes sauvages, Bullit, reconverti en Directeur du parc royal. En tant que tel, il est désormais chargé de protéger les animaux des hommes au sein de la réserve, mais aussi les hommes des animaux - et d'eux-mêmes, qui veulent parfois s'approcher d'une nature qu'ils ne maîtrisent pas.





Bullit a bâti sa réputation et son charisme sur sa connaissance et sa maîtrise des fauves. Et les chiens ne faisant pas des chats, ni les lions des gazelles, il a transmis cette dangereuse fascination à sa fille depuis toute petite. C'est donc naturellement qu'ils recueillent King le lionceau lorsqu'il devient orphelin, l'élevant au biberon et aux jeux comme un membre de la famille - qu'il n'est pas, comme se tue à le rappeler la mère, qui devra imposer de le réhabiliter à la vie sauvage avant qu'il ne dévore sa fille en grandissant. Car Sybil, plus que Bullit qui pense avoir la maîtrise, et contrairement à Patricia qui, comme une enfant, croit tout savoir mieux que les adultes, est consciente du danger de jouer avec une nature plus forte que soi, elle qui l'a expérimenté au côté de son mari chasseur.





Cependant, comme le révèlera Patricia au narrateur (parce qu'elle voit en lui un spectateur assez conscient du danger pour l'admirer) elle continue de fréquenter King. On pourrait croire qu'elle aime le fait de « posséder » un lion comme d'autres enfants des jouets, ou comme elle croit « posséder » un domestique (« il est à moi » dira-t-elle). Mais très vite elle avoue que posséder des peluches vivantes ne lui suffit pas : sa gazelle et son singe apprivoisés ne l'intéressent pas, qui se laissent aimer par tout le monde. Ce qu'aime Patricia, c'est non seulement dominer et contrôler ces animaux dangereux, mais encore gagner ce mérite pour susciter l'admiration… de son père qui, en tant que chasseur, encense le pouvoir de sa fille, l'encourageant par-là à continuer malgré les reproches et inquiétudes de la mère.





Mais Patricia est une enfant. Et cette soif de pouvoir qu'elle a, frêle créature, sur des carnivores immenses, c'est certes un moyen d'attirer l'attention de son père, et de s'assurer de sa presque dévotion, d'exercer un pouvoir sur cet homme (« elle agrippait de la même façon la crinière de King ») ; Mais c'est aussi une provocation, un test de limites, un jeu auquel elle aime jouer parce qu'elle y excelle, et qu'elle pense avoir compris comment tout cela fonctionne. Comme son père qui, à un degré moindre, provoquait habilement les animaux féroces avec sa jeep en pleine brousse et « sortait rafraîchi de ces dangers que son audace avait voulus et son adresse dominés ».

Un jeu permanent de pouvoir, comme en usent et en abusent tous les enfants de manière plus conventionnelle en des lieux plus conventionnels. Sauf que sans limites, le jeu va de plus en plus loin. le narrateur s'en aperçoit lorsqu'elle lui présente King sur son territoire - moment magnifique du livre - et qu'elle feint de le faire dévorer juste pour lui montrer qu'elle seule est parfaitement maîtresse de sa puissance.

Ou encore lorsqu'il demande si King a une famille à lui désormais, et que Patricia se renferme… Est-ce que leur relation enfant-animal empêche le lion de posséder sa propre famille ? Est-ce que Patricia lui interdit d'une manière ou d'une autre ? Ou plus probablement en a-t-il une, mais qui attiserait une sorte d'étrange jalousie de la part de cette fille unique, qui semble avoir l'impression de posséder l'univers à ses pieds et d'en contrôler (presque) tous les pions…? Comme une sorte de défi suprême : soumettre à sa volonté le plus impressionnant.





En cela, elle ressemble à ces moranes, jeunes chasseurs de la tribu Masaï que tout le monde craint et qui, en d'autres temps, devaient chasser un lion pour prouver leur valeur et leur courage. Elle est d'ailleurs fascinée par l'un d'entre eux, et ce n'est pas un hasard si elle le fascinera à son tour. Mais elle ne s'intéresse qu'au plus puissant… Ainsi, tout au fil du roman, la tension monte. On craint comme la mère que tout cela ne finisse mal. « C'est tout ensemble. C'est la tension, la passion de l'enfant. C'est le climat, la nature, l'entourage. Cela ne peut pas durer. Cela doit mal finir. »

Alors, on pense avec le narrateur : « Il faut que j'assiste au dénouement (…) Pourquoi un dénouement ? Et lequel ? M'attendais-je à voir Kihoro tirer sur Oriounga ? Ou le morane percer de son javelot le vieux pisteur borgne ? Ou un rhinocéros éventrer Bullit ? Ou King, oubliant tout à coup les règles du jeu, déchirer Patricia ? Ou Sybil devenir folle ? Toutes ces pensées étaient odieuses et absurdes à la fois. J'étais en train de perdre tout sens commun. (…) Mais je sentis que je resterais dans le Parc royal jusqu'au dénouement car - et c'était une inexplicable certitude - il y aurait un dénouement »…





… Et l'on quitte à regret ce roman puissant et sublime, où règne en maître mot l'équilibre : parfois évident, parfois difficile. Entre une famille où l'une se sacrifie par amour (« il n'y a rien à faire quand les gens s'aiment trop pour pouvoir vivre l'un sans l'autre, mais qu'ils ne sont pas faits de manière à pouvoir vivre la même vie, et que ce n'est la faute de personne ») ; équilibre entre les peuples, la faune, la flore. A l'image de ce combat-jeu entre le père et le lion : chacun debout, torse gonflé, pattes avant contre bras en un semblant de rapport de force respectueux. Bien sûr, King peut tout faire s'effondrer. Mais il ne le veut pas. Il veut pouvoir continuer à jouer avec cet homme comme nous voulons continuer à profiter de la nature qui nous entoure.

A nous de ne pas trop jouer avec, en pensant tout contrôler.





Un roman rondement mené, au rythme des tambours de la brousse, dans un décor de jungle et de savane, sanguine tapisserie où les ombres chinoises sauvages se meuvent sur le soleil couchant. Une parfaite leçon d'équilibre et d'humanité… Donnée par un lion. Dommage que l'homme et son besoin de tout soumettre vienne, une fois encore, tout gâcher.

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L'Armée des ombres

En ouvrant L'armée des ombres, je pensais indépassables les images profondément imprimées sur ma rétine du visage de Lino Ventura refusant de courir dans le tunnel et celui de Simone Signoret attendant la balle mortelle.

Erreur : le témoignage à vif, plus ample, plus âpre, plus noir encore de Kessel est d'autant plus bouleversant que rédigé, sans le recul de l'Histoire, dans un style froid, factuel, qui donne véritablement à vivre au plus près le quotidien de résistants, fait de danger permanent et de privations douloureuses, à affronter sans possibilité de relâche ce que l'âme de l'homme recèle de plus noir.

Même remis en perspective soixante dix ans plus tard, ce récit oppressant garde toute sa force et l'on ne peut que s'incliner face aux valeurs de courage et d'abnégation exaltées par ce texte indispensable.
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Les cavaliers

Un très grand coup de coeur pour ce livre où les espaces sont tour à tour immenses (la steppe) et exigus (la traversée finale entre deux montagnes), les personnages complexes (pas de bons ou de mauvais, juste des êtres humains dépassés par leurs passions)

Ce livre est époustouflant tant par la complexité des personnages que par l'action en elle même. Les rapports père-fils, sont abordés de façon intéressante : Toursène envie son fils, l'aime, le déteste, l'admire. Ouroz déteste son père pour son emprise sur sa vie, son indifférence, la répudiation de sa mère devenue stérile.

Les rapports à l'argent sont également finement analysés (Ouroz dilapide son argent, la petite Zéré est prête à tout pour sortir de sa misère). Enfin l'amour est présent, celui pur de Mokkhi pour Zéré et intéressée de sa part à elle.

Mais le véritable héros de cette incroyable épopée reste Jehol, le courageux et vaillant étalon qui prouvera à plusieurs reprises à quel point il concentre à lui seul bien plus de qualités humaines que tous les personnages du livre réunis. Il comprend la situation, défend son maître contre les tentatives d'assassinats.

Bref, on est envoûté et emporté par ce souffle épique d’une force incroyable. Les descriptions sont grandioses servies par une plume magnifique et poétique. Joseph Kessel immerge le lecteur dans l’ambiance par des détails sur les coutumes, traditions, légendes, superstitions, sur la culture, la cuisine, le mode de vie afghans. Il en décrit toute la richesse, la diversité, toute la subtilité. Il dépeint ses personnages avec force, nous livre leurs introspections, leurs plus profondes pensées, leurs hésitations, leur rage..

Bref, on se laisse emporter et à aucun instant, on ne s’ennuie, et on tourne les pages avec avidité.

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La steppe rouge

En 1922, date de parution de ce premier opus, Joseph Kessel est journaliste de politique étrangère. Il a 24 ans et s'est déjà trouvé engagé dans la Première Guerre mondiale comme artilleur puis comme aviateur.



Il a vécu quelques années de sa petite enfance en Russie, patrie de sa mère. Les sept nouvelles qu'il nous livre se déroulent au cours de la guerre civile qui a succédé à la révolution d'Octobre 1917. Le chaos est partout. La violence et la terreur ont anéanti la société russe, Blancs et Rouges confondus.



Dans les campagnes comme dans les villes, en plus de la famine et de la misère, règne l'implacabilité des décisions arbitraires de la nouvelle police politique, la Tchéka, bientôt remplacée par la Guépéou elle-même absorbée par le NKVD puis par le KGB qui sévit toujours aujourd'hui.



Chaque nouvelle relate un épisode dramatique de cette époque bouleversée et nous montre, avec réalisme, comment des hommes, des femmes et des enfants s'y sont pris pour survivre ou mourir sous ce régime de terreur.



La plume de Joseph Kessel est un scalpel. Elle porte déjà en elle les germes de cette écriture et de cette observation minutieuse qui feront de lui l'un des grands écrivains français du XXe siècle.



C'est un livre rouge sang. Celui de la vie et celui de la mort.



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Wagon-lit

« Toujours, la vue d'un convoi prêt à glisser sur les rails polis qui ceignent et ceinturent la terre m'a fait battre le coeur ».

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Ma faute : C'était une erreur de casting. le titre, la couverture, ainsi que ce que j'en avais lu, en diagonale pour ne pas défleurer l'intrigue, m'avaient laissé penser que le récit se déroulerait principalement dans un train - et c'est de cette ambiance dont j'avais envie en l'ouvrant. Or, ce n'est pas le cas.

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Dans les années 1930, le narrateur (qui présente des similitudes avec l'auteur) se promène avec un ami lorsqu'il croise une silhouette féminine qui lui rappelle sa folle passion pour femme, rencontrée au cours d'un voyage (plus précisément au cours d'une halte entre deux trains, d'où l'erreur^^), il y a dix ans de ça.

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Il en fait alors le récit à son compagnon : comment il a eu envie de laisser l'aviation et le journalisme pour partir à l'aventure, rejoindre une équipe de secours humanitaire sur la Volga ; comment les voyages en train l'ont toujours attiré, comment dans le contexte les wagons ont été fouillés ; mais surtout, comment une fois arrivé en Lituanie, son visa pour la Russie se fait attendre, comment il rencontre des révolutionnaires dont l'une dont la fougue et la pureté l'attirent ; et comment devant son rejet, l'aventure tourne en nuits de débauche avec d'envoûtantes tziganes, jusqu'au retournement final.

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J'ai failli abandonner à la page 60 tellement ce n'est pas ce que je voulais lire ! J'ai tenu bon parce qu'objectivement, 120 pages, ce n'est pas très long et que la plume de Kessel est malgré tout assez facile à apprécier. Elle aide à se glisser dans un contexte qui est somme toute pas inintéressant à découvrir, mais qui ne m'a pas captivée non-plus. Alors je n'ai pas de conseil à vous donner sur ce livre, à vous de voir s'il vous intéresse, mais vous êtes prévenus : le récit - et la rencontre - ne se passe pas dans un train !

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Pour l'ambiance chaude du train qui transperçait la glace, j'avais beaucoup aimé Les Sirène du Transsibérien.

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« Je regardais à peine le paysage à travers la vitre contre laquelle crépitait une pluie d'automne. le miracle était à l'intérieur, dans cette boîte close, vernie et capitonnée et dans les battements de mon coeur fondus aux halètements de la bête métallique qui m'emportait, m'emportait… »
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L'Equipage

Ce roman est un hommage.

Au capitaine Thélis Vachon, chef de l'escadrille dans laquelle Joseph Kessel servit durant la Première Guerre mondiale, mais aussi à tous les aviateurs qui se sont battus lors de ce conflit.



L'auteur décrit merveilleusement bien et dans son habituel style élégant et si agréable à lire, la camaraderie, le souci de l'autre, l'amour fraternel qui lient ces hommes qui s'exposent lors de missions fort dangereuses.

Par cet aspect, cet ouvrage constitue un formidable témoignage historique.

Mais ce n'est pas tout : n'oublions pas qu'il s'agit d'un roman !

Joseph Kessel a créé des personnages aux caractères affirmés, et laisse une grande place à leur vie en dehors des vols.



La guerre offre aux aviateurs un temps de repos bienvenu entre les différentes missions, routinières ou périlleuses. Un temps précieux pour se ressourcer, mais aussi un temps qui permet aux problèmes banals du quotidien d'exister.

Oui, les as de l'aviation sont au-dessus de nous lorsqu'ils sont en vol, mais dès qu'ils touchent le sol, ces héros redeviennent banalement humains. Les heures libres leur donnent la possibilité de gamberger et de plonger d'une façon sans doute plus aiguë dans les tourments ordinaires.

Doutes, jalousie, trahisons et autres ne les épargnent pas, et les touchent d'autant plus durement qu'ils savent la fragilité de la vie.



Servi par une très belle écriture, riche et puissante, ce texte, bien que rédigé il y a près d'un siècle (il parut en 1923) et forcément un peu daté, est un régal à lire.

Pour achever de convaincre les accros à la lecture qui traînent par ici, j'ajoute que l'auteur a écrit une scène magnifique, dans laquelle deux hommes opposés lors d'une conversation un peu vive se retrouvent autour de l'amour des livres.

Ces lignes dans lesquelles deux aviateurs fraternisent autour de leur passion pour la littérature ne peuvent que vous toucher.

Je vous en dévoile un tout petit bout :

"Herbillon nourrissait pour les livres cette tendresse qui peuple la vie de compagnons éternels. Maury la devina dans les paroles que le jeune homme choisit pour le remercier. Alors, soudain apaisés et unis, ils examinèrent les volumes."



Pour savoir ce qui se passe avant et après, pour savoir tout ce qui se passe dans le roman, à vous de jouer !

À vous de lire !
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Le lion

C'est les yeux pleins de la poussière de la savane, la peau brûlée par le soleil et les oreilles saturées des bruissements de la vie grouillant sous la perpétuelle chape de plomb d'un parc national d'Afrique de l'est que je referme ce livre, oeuvre maîtresse du grand conteur Kessel, écrivain voyageur et grand reporter.



Je suis tombé sous le charme magnétique de cette relation d'amour tendre et brute, sans artifice aucun, entre Patricia et King, relation dont la plupart d'entre nous ne pourra jamais se payer le luxe et, heureusement, nos chats apportent une belle consolation à ces élans primitifs d'amour et d'admiration remplie de crainte respectueuse, de déférence mystique, pour les grands fauves.



Ce roman, chant de la nature, exaltation de la vie simple, dure et, en définitive, pure que l'on y mène, montre aussi les contradictions, les limites au-delà desquelles l'humain ne peut s'aventurer sans éprouver tôt ou tard un déchirement. Cette célébration de la vie sauvage est un retour transitoire vers un état que l'on sent nous appeler comme les percussions appellent les jambes à entrer dans la danse.



Quelque chose se réveille qui grandit et prend possession de la volonté. On ne saurait répondre à ce genre d'affinité que comme Montaigne à propos de la Boétie : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »



Le poète Kessel y décrit la crudité de la condition et des moeurs des hommes vivant selon les coutumes millénaires de leurs aïeux, les Masaï notamment, comme s'il l'avait lui-même vécue. La jeune Patricia est un être fascinant ; elle est entièrement dévouée à son lion recueilli tout petit par son père Bull Bullit, fort comme un taureau et pourvu lui aussi d'une crinière léonine.



Elle ne vit que pour cette savane dont elle connaît les moindres recoins, où elle entretient une familiarité avec toutes les bêtes et dans laquelle elle évolue sans peine, entièrement rompue à l'art de la discrétion. Transporté avec le narrateur à travers la brousse dans ces grosses voitures carapacées, on y évolue comme sur un tapis volant et on embrasse d'un coup d'oeil des panoramas dont la seule description imprime durablement des images de poésie où le style à la fois lyrique et journalistique sonne vrai et juste.



La plume vigoureuse de Kessel transporte et fait palpiter ses récits de vibrations exquises. J'ai pris le temps de savourer ce roman comme un vin plein de corps, rond et dont le goût se déploie graduellement en notes chaudes et épicées. Je pense que j'aurai grand plaisir à le relire.
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Les nuits de Sibérie

Un petit livre déroutant dont je ne sais quoi penser.

Assis dans un bar, un aviateur français raconte au narrateur, son ami, ses nuits passées à Vladivostok -en russe "le seigneur de l'orient"-, fin hiver 1919 .

Une ville, qui en "fin de guerre, fin d'un ordre social, peau neuve d'un peuple ", voit débarquer soldats de toutes nations, travailleurs annamites, prisonniers allemands, turcs, hongrois, roumains, bulgares, polonais, lettons, cavaliers hindous et brigands de grands chemins dont l'ataman Semenof qui y sème la terreur. Ce qui fut dans le temps un grand port commercial, n'est plus qu'un grand dépotoir où s'entassent les civils fuyant la révolution.Bref le chaos total ! Qui est l'ennemi de qui, qui protège qui, difficile à cerner. Mais à ouï-dire, les vrais maîtres sont les japonais qui détiennent la maîtrise du port gelé.



Que peuvent faire durant ces nuits des hommes seuls, de surcroît violents, coincés dans une ville lugubre au fin fond de la Sibérie , quelque soit leur nationalité , à part s'enivrer et chercher la compagnie des entraîneuses à l'Aquarium, le fameux cabaret de Vladivostok ? Le livre en raconte une épisode,

épisode vécue par l'auteur.



Un récit fortement autobiographique , Joseph Kessel , d'origine russe, lui-même aviateur, s'étant porté volontaire pour la Sibérie en septembre 1918, à 21 ans, dans le corps expéditionnaire envoyé par la France, pour soutenir le gouvernement provisoire de la Sibérie autonome de Vladivostok.



Après le trés beau livre de Victor Remizov, j'ai voulu rester encore un peu en Sibérie,mais la ville, l'époque et la durée du récit que j'ai choisi m'ont laissée sur ma faim.

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Mermoz

Joseph Kessel était un ami de Jean Mermoz. Ce témoignage d'un ami a pourtant assez de recul . Il ne montre pas que les épopées victorieuses du pilote mais aussi ses journées sans gloire. Le contraste met en valeur la force virile de Mermoz.

Le témoignage est très bien documenté et précis.

Joseph Kessel, n'a pas pu s'empêcher , avec à propos, de laisser son talent de romancier s'exprimer afin de compléter le portrait de Jean Mermoz pour ceux qui ne l'ont pas connu.

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L'Armée des ombres

Des hommes qui vont à la mort en chantant. Des femmes, qui d'agent de liaison, deviennent chef de maquis. Des personnes que tout oppose, classe sociale, opinions politiques, éducation, se lient d'amitié, font des "coups", s'évadent, sont exécutées, torturées. Se trahissent parfois, parce qu'ils ne sont que des hommes et ont des points faibles.

L'Occpation a réveillé l'instinct de survie physique et psychologique, l'animal en chaque homme. Un sursaut de conscience face à l'horreur nazie.

Même si Kessel ne rapporte les actions que d'un seul groupe, c'est toute la Résistance qui est ici saluée, honorée par un texte écrit par un résistant, pendant la guerre.

La Résistance pendant qu'elle se bat, s'invente, se mythifie.
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Les rois aveugles

En cet an de grâce 1916, la Russie impériale et la dynastie des Romanov ont perdu beaucoup de leur splendeur et sont en pleine décadence. Embourbé dans la première guerre mondiale, le régime tsariste vacille, de plus en plus contesté sur le plan interne. L'un des derniers clous à son cercueil s'appelle Raspoutine. Ce personnage mystique, fanatique et dépravé est devenu, grâce à ses dons de guérisseur, le proche confident de la tsarine après avoir soigné l'héritier du trône. Passé de confident à conseiller puis à éminence grise à peine cachée de celle-ci, il exerce à travers elle une influence considérable sur le tsar et sa politique, et se crée par la même occasion de nombreux ennemis parmi ceux qui l'observent conduire la Grande Russie à sa perte et qui regrettent la puissance et les fastes d'antan de l'Empire.

« Les rois aveugles » retrace les semaines précédant l'assassinat de Raspoutine par un groupe de conjurés emmenés par le prince Youssoupoff. Dans son avant-propos, Joseph Kessel précise qu' « il n'est pas une péripétie, une anecdote historique, dont la source ne soit pas un document ou un entretien avec l'un des protagonistes ou des témoins du grand drame ». A ce récit historique, l'auteur a néanmoins intégré quelques personnages et une intrigue secondaire fictifs, mais qui contribuent à illustrer l'emprise exorbitante de Raspoutine sur la tsarine, son magnétisme et sa quasi toute-puissance. Portrait d'un tsar naïf, d'une impératrice envoûtée et d'un personnage fascinant à la fois charismatique et répugnant, « Les rois aveugles » sont aussi la chronique saisissante d'une fin de règne et d'un empire en voie de dissolution.
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Fortune carrée

Ah les étiquettes ! Ca vous colle à la peau… Littérature jeunesse pour celui-ci ? Oui pourquoi pas mais les adultes y verront peut être autre chose, un truc en plus. Alors j'ajoute amour aux étiquettes. Parce que c'est un grand livre d'amour : amour de la terre, des paysages, de l'aventure, des hommes, d'un homme. Un hymne à la beauté des paysages, des corps, des éléments de l'univers, la mer rouge déchaînée était splendide, tout comme le sable du désert ou les roches et forêts et Chaïtane, bien sûr ce fier destrier. Je me sentais prise dans un tourbillon élémentaire, une partie intrinsèque d'un environnement luxuriant même dans sa dureté. Quel régal que cette lecture !
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Le lion

ce livre, je l'ai lu quand j'étais ado, et déjà passionnée par la lecture. je m'en souviens très bien car l'ai reçu pour un anniversaire, et : c'est la première fois que je découvrais l’Afrique avec ses yeux là !

les yeux d'un passionné ! c'est la première fois que je voyageais si loin et en ressentant le souffle du lion, la chaleur sur les plaines....

un des livres qui m'a fait aimé la lecture !
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Les mains du miracle

Amis Babeliotes, il va vous falloir faire un effort d'imagination non pas surhumain, mais bien inhumain.



Imaginez avoir devant vous, allongé sur une table de massage, attendant de vous l'apaisement d'un mal qui le tourmente … le mal ab-so-lu. La haine incarnée dans un corps malingre. Celui qui fait sans sourciller couler sang et larmes, disloquer corps et esprits, broyer les chairs, transformer les êtres humains en fagots décharnés empilés pêle-mêle à la gueule des fours crématoires.



Imaginez devoir avancer les mains vers ce corps délicat à la peau blanche et lui apporter le soulagement qu'il attend de votre compétence. Car celui qui vous demande ce bienfait en votre pouvoir, c'est ni plus ni moins qu'Heinrich Himmler. L'homme le plus puissant, le plus pervers, le plus glaçant du régime nazi, après Hitler bien entendu. L'homme qui de sa petite vie minable, de son petit corps rabougri n'est capable, lorsqu'il est sanglé dans son uniforme noir frappé de la double rune SS, que d'une chose : tuer. Tuer encore et toujours. Tuer des millions de fois.



Allez-y posez les mains sur ce corps. Faîtes-lui tout le bien que vous savez faire avec le don de guérison dont vous êtes pourvu.



Oui je sais, je vous mets à rude épreuve, j'y vais un peu fort. Mais ce que je vous suggère en fiction de dégoût, c'est ce qu'a vécu Félix Kersten. Il était médecin, finlandais, initié aux techniques réparatrices des corps par maître Kô, un grand maître chinois, ayant fait de lui l'Européen doté des Mains du miracle.



Cette épreuve à laquelle je vous soumets par l'imagination est une histoire vécue. Joseph Kessel a rencontré ce magicien, il a bénéficié de ses soins. Kersten a posé ses mains sur lui, celles qu'il avait posées quelques années auparavant et durant cinq ans sur le corps du reichsführer Himmler. Je vous sens frémir de répugnance.



Mais ne le blâmez pas. Ne détestez pas ce praticien zélé. Kersten a usé de sa position privilégiée, si l'on peut dire, de l'emprise qu'il a eue sur le monstre, de la dépendance dans laquelle il a su le tenir , du fait de sa capacité à le soulager de son mal, pour sauver des centaines de milliers de personnes. Ni plus ni moins. Force nous est alors de saluer son courage à surmonter la peur et la répulsion. de saluer ce qu'on apprend au fil des pages de cet ouvrage : l'intelligence, le maîtrise psychologique, la ténacité, la patience pour supporter l'épreuve qui dura tout le temps de la guerre et parvenir à extirper des griffes de la bête immonde par la confiance dont il a su se faire rétribuer des centaines de milliers de vies humaines. Cette histoire vraie contée par Kessel dans son ouvrage Les mains du Miracle est tout simplement incroyable. Je suis surpris qu'on n'en parle pas plus chaque fois que l'histoire se penche sur cet épisode noir de l'histoire de l'humanité.



Kersten a réussi, entre autres, à empêcher la déportation de la population hollandaise, faire détourner un train de Juifs vers la Suisse plutôt que vers les camps de la mort, empêcher le dynamitage des camps à l'arrivée des alliés ainsi que l'avait ordonné Hitler, sans parler des centaines de personnes qu'il a arrachées à la machine à tuer durant toutes les années de la guerre. Tout ça à force d'habiles négociations, de détermination, de patience. Tout ça en échappant à "l'honneur" que lui proposa le reichsführer en récompense de ses soins : porter l'uniforme SS avec le grade de colonel. Tout ça en échappant surtout à la rage assassine d'un Kaltenbrünner, chef de la gestapo, qui s'était promis de l'abattre.



Formidable ouvrage de Kessel qui m'a littéralement englouti dans cette histoire hors du commun en une nuit, tellement je voulais savoir comment Kersten allait réussir à se sortir de ce nid de frelons, lui, sa femme et ses trois enfants qu'Himmler s'ingéniait à conserver sous sa main pour le cas où. Il lui clamait sa confiance certes, mais n'en était pas nazi pour autant, et quelques otages étaient toujours une garantie.



Un ouvrage écrit d'après le témoignage et le journal que s'est obligé à tenir Félix Kersten. Un document étonnant sur l'homme qui soulagé de son mal le reichsführer Himmler pour soulager l'humanité de sa frénésie de tuer.

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Les Temps sauvages

La Première guerre mondiale se termine, Joseph Kessel a 20 ans, il est sous-lieutenant. C'est alors qu'il va s'engager volontairement dans le corps expéditionnaire que la France envoie en Russie pour combattre l'armée rouge. le voyage va être long. le paquebot Président Grant accoste à New York, la troupe est accueillie avec liesse : ce sont les premiers vainqueurs à débarquer en Amérique, deuxième escale, le Japon puis, au bout de 80 jours, c'est l'arrivée à Vladivostok. La loi de la jungle règne dans cette ville portuaire du sud-est de la Russie. Ce sera pour Kessel une période de forte turbulence, de nouvelles aventures.

L'aquarium, une boite de nuit légendaire, devient le port d'attache nocturne de Kessel. Lena, une toute jeune femme bien amochée par la vie y chante…

J'ai aimé l'exaltation de cette écriture, le panache de son style hyperbolique , la justesse des mots.





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L'Equipage

Amour, trahison, jalousie, gloriole, héroïsme sont les composantes de ce roman, mais ce qui fait vraiment la substance de ce récit ce sont les fêlures tellement humaines, c’est l’amitié, la fraternité, la solidarité de cette escadrille, dirigée par le jeune capitaine Gabriel Thélis, un patronyme choisi par Kessel pour rendre hommage au capitaine d’escadrille Thélis Vachon qui fut son chef durant la Première Guerre mondiale. C’ est aussi un témoignage précieux , authentique sur l’histoire héroïque de l’aviation pendant ce terrible conflit, l’histoire de ces hommes, " les as" héros modernes qu’on admirait et qui faisaient rêver.
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Les mains du miracle

Dans cette biographie romancée, presque une hagiographie, Joseph Kessel nous raconte la vie du bon docteur Félix Kersten (1898-1960) masseur thérapeute. Particulièrement doué et réputé, il fut amené à soigner des personnages importants, notamment, le Reichsführer Heinrich Himmler .

Les résultats obtenus, presque miraculeux, vont faire que Kersten va devenir indispensable auprès du chef suprême des SS, et, en contrepartie, de façon détournée, et avec grand renfort de flatteries , le docteur, lors des séances de massage, prodiguant à son patient un grand soulagement, obtiendra, à diverses reprises, la grâce de condamnés à mort, la libération de nombreux prisonniers détenus dans des camps de concentration, des milliers de vie épargnées grâce aussi à la complicité de Rudolf Brandt, secrétaire particulier de Himmler . S’agissant de ce dernier personnage, le rôle qu’il joua réellement et celui qu’il tient dans cet ouvrage reste, particulièrement, ambigu .

Félix Kersten est passé à la postérité, en grande partie, grâce à Kessel, il a agi, bien souvent au péril de sa vie, mais il reste, dans cette étrange histoire, de larges zones d’ombre.

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Mermoz

Merci Joseph KESSEL et merci Jean MERMOZ. Pour ainsi dire, je ne suis pas descendue de l’avion. Le désert, la cordillère des Andes... Cachée comme un passager clandestin, j’ai tout entendu, j’ai tout vu. Des éléments, des hommes et des machines. Le chaud, le froid, le vide, le merveilleux. Et, si je n’ai rien senti en mon enveloppe charnelle, c’est une énorme tristesse qui m’habite maintenant que je tourne la dernière page. Un chagrin et une sorte de hargne contre tous ceux qui contrarièrent les élans d’un tel homme. Que de cupidité, de déraison et de manquements qui furent opposés aux desseins de grandeur. La grandeur pour son pays et pour lui la simplicité. La jeunesse mais l’engagement. Le respect mais ce sens inné des responsabilités et cette reconnaissance envers ses semblables. Ce don d’amitié et ce don tout court. Aimer la vie à tel point qu’on la vit sans compter. Cette passion et cette grande humanité qui constituèrent tout à la fois l’homme que fut Jean MERMOZ. On en viendrait à renier l’amour avec ses concessions, ses sacrifices qui condamnent dès leurs acceptations tout élan de spontanéité et donc de vérité. Cette amitié qui ne contient pas de nuance et de faux semblants, accessible à ceux qui cessent de jouer un rôle. Celui qu’on joue et dont on se joue du matin jusqu’au soir quand il en va de notre sociabilité, de nos automatismes. Mais si nous ne pouvons égaler de tels hommes et de telles passions. Si de tels défis ne se présentent pas ? Est-ce que nous ne pouvons pas aspirer vers un état qui lui ressemble ? Ne pouvons-nous égaler quelque héros chéri de nos livres juste pour nous sentir plus vrai que nature !
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Le lion

Une fois de plus je suis tombée sous le charme. Kessel est un conteur hors pair, alliant imaginaire et poésie il sait embarquer le lecteur loin loin de son quotidien.

S'inspirant d'un séjour en Afrique orientale qui l'a amené entre autre à séjourner dans le parc national d'Ambolesi, Kessel nous présente Patricia, une enfant qui sait parler aux animaux, "celle qui a pour père un lion".. le lion c'est King mais ce n'est pas son père c'est plutôt son enfant, son ami le seul être qu'elle juge indispensable même si elle aime son père et sa mère!

Nous suivons Patricia , la nature est là qui se déploie sous nos yeux émerveillés, le Kilimandjaro bien sûr et les animaux omniprésents à l'abri des prédateurs et surtout du fusil des chasseurs... Découverte page après page de tous ceux qui vivent depuis des siècles sur ces terres , les différentes tribus et la mythique tribu des Massai.

Un livre magnifique, admirablement écrit mais est-ce vraiment un livre jeunesse? pour adolescent oui surement.

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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

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