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Critiques de Joseph Kessel (1415)
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Tous n'étaient pas des anges

Kesssel, j'ai pas lu grand-chose. Même pas Le lion...

Alors quand j'ai vu moisir dans une boite à livres, un de ses bouquins avec en couverture un mercenaire armé jusqu'aux dents, je me suis dit que j'allais le lire pendant ma pause déjeuner.

J'ai entamé d'un coup d'oeil le premier portrait d'un cosaque de Vladivostock qui m'a peu coupé l'appétit avec sa manière de tâter du fouet...Cruel le type ! Puis je me suis décontracté les mandibules en suivant à la queue leu leu des baroudeurs, des héros de la résistance, des révolutionnaires, des guerriers, des marchands d'armes, des trafiquants d'opium, Moussa le terrible, Hyppolyte de Montmartre et même des pénitents noirs dans un bordel. J'ai attendu la fin du défilé des 17 "chérubins" pour me faire une grosse frayeur avec Ali Wali le Zombie. Dommage que les portraits soient trop rapidement croqués. A mon avis, chaque personnage aurait pu faire l'objet d'un livre.

Tous n'étaient pas des anges, j'en ai fait mon casse-croûte.
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Les mains du miracle

Les mains du miracle, ce sont celles de Félix Kersten, le masseur d’Himmler. Joseph Kessel a rencontré cet homme après la Deuxième Guerre mondiale et relate ici les propos de ce précieux témoin de l’Histoire, médecin du monstre Himmler et sauveur de plusieurs milliers de personnes.



Félix Kersten, via Kessel, nous fait pénétrer dans l’état-major du régime nazi. On y croise Heydrich, Rubbentrop, Rudolph Hess, et, de loin, Hitler. Tous sont aussi malades, aussi fous les uns que les autres. Kessel les qualifie de « demi fous », et je ne sais pas vraiment ce qu’il faut entendre par cette demie folie.



Kessel montre, mieux que n’importe quel traité de manipulation, comment Kersten arriver à influencer Himmler, avec tact et intelligence, en usant de la flatterie, en jouant sur le levier des valeurs chères à Himmler (comme l’honneur, la fidélité, …) et sur sa soif de reconnaissance et d’obéissance, en exploitant les propres contradictions du nazi.



Un regret, cependant : même si ce lien passe au second plan dans ce terrible épisode de l’Histoire, j’aurais aimé que l’auteur s’attarde un peu plus sur la relation entre Félix Kersten et le Dr Kô, le moine tibétain qui lui a enseigné l’art de guérir par les massages tibétains.



Le portrait de Felix Kersten semble assez honnête, dans le sens où Kessel ne cache pas comment cet homme se souciera d’abord et avant tout de son bonheur personnel, de ses petits plaisirs de bonne chère, de son confort matériel, avant la guerre et au début de celle-ci. Le masseur « fermait ses yeux et ses oreilles aux présages. Il refusait de laisser le fiel altérer le banquet de son existence paisible et aimable. ». Et ce désintérêt pour la chose publique, cette indifférence face à la montée du nazisme et de l’antisémitisme, cette passivité sonnent comme un avertissement pour nous tous , au moment où les sirènes du populisme ressurgissent et séduisent de plus en plus d’Européens.

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La passante du Sans-Souci

Je n'aime pas les histoires d'amour, sauf si elles sont absolument tragiques, impossibles, matures.

Nous y sommes en plein avec cette passante du sans souci qui donnera et perdra tout, sa joie de vivre, son honneur, sa beauté, pour un homme qu'elle n'aura même commencé à réellement aimer que dans la souffrance.

Le visage de Romy Schneider, qui a incarné Elsa Wiener dans le film pourtant assez éloigné du livre, a totalement habité ma lecture sur lequel il s'est serti à la perfection tant l'actrice colle au personnage de ce roman sépulcral, terrible et bouleversant, qui a su voir et dire avant la nuée des autres la barbarie du nazisme.

Immense coup de coeur.
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Les mains du miracle

Quel contraste en apparence, j'ai bien dit en apparence, entre - L'armée des ombres - et - Les mains du miracle - !

Le premier semble tout droit sorti de l'horreur du réel que furent les années de résistance des maquisards pendant l'occupation de la France sous la tutelle approbatrice des collabos pétainistes.

Le second est un grotesque cauchemar auquel ne croirait pas le dormeur en train de le faire... tant il est absurde, loufoque, incroyable.

Et pourtant !

Ces deux livres de Kessel s'appuient sur l'Histoire, la vraie, l'incontestable, celle vécue par des hommes qui en laissent des traces sur lesquelles les historiens travaillent et s'appuient pour dire : oui, c'est ainsi que cela s'est passé. C'est vrai !

Ces mains du miracle auxquelles appartiennent un homme, un médecin... pas tout à fait comme les autres, ont bel et bien existé, elles ont bel et bien fait pendant plus de cinq années ce que Kessel nous dit qu'elles ont fait... à savoir massé, soigné le corps d'un des plus grands criminels de l'histoire de l'humanité, l'exterminateur qui ordonné, conçu, géré la "Solution Finale"... le numéro 2 du régime nazi... l'horreur faite homme : Heinrich Himmler, chef suprême des SS... !!!

Lorsque Kessel a appris l'existence de cet homme et ce que fut son histoire, il ne l'a pas cru.

Ce sont ses amis historiens, des témoignages, des enquêtes, des archives, des preuves irréfutables qui l'ont convaincu et fait rencontrer l'homme en question... le docteur Felix Kersten.

L'homme naît en Estonie sous occupation russe en 1898, de parents allemands. Sa généalogie tribulée par les humeurs capricieuses de l'Histoire, a des racines hollandaises. Sa famille nomadera d'une guerre et d'une annexion à l'autre entre l'Empire russe puis Soviétique, la Hollande, la Finlande, l'Allemagne et la Suède.

Étudiant, peu motivé, en agronomie en Allemagne durant la Première Guerre mondiale, il est incorporé dans l'armée du Kaiser puis démobilisé sans avoir combattu.

Ayant rejoint la Finlande pour participer à la lutte contre l'Armée Rouge, il acquiert la nationalité finlandaise.

Hospitalisé à Helsinki à la suite d'un RAA contracté durant cette campagne militaire, il se découvre des dons, hérités de sa mère, pour traiter par les mains et les massages certaines pathologies.

Un médecin le repère, le prend sous son aile, le forme.

Après deux années d'études intensives, il obtient un diplôme de massage scientifique.

"Kersten se rend à Berlin en 1922 pour améliorer sa technique. Il étudie à la faculté de médecine et suit les enseignements pratiques du Pr Binswanger, du Dr Cornelius, spécialiste du massage des points névralgiques, et du Pr Bier, chirurgien vasculaire. Ce dernier lui présente le Dr Kô, lama tibétain « initié pendant quatorze ans au sciences médicales chinoises et tibétaines » puis diplômé de la faculté de médecine de Londres. Tout en poursuivant les cours à la faculté de médecine, Kersten devient le disciple du Dr Kô."

Le docteur Kô repart au Tibet et lui laisse sa clientèle.

S'ensuivent la notoriété, la fortune.

Kersten est un épicurien très porté sur la bonne chère, sur les femmes, sur une vie d'aisance... sans tourments.

Dans sa patientèle, on trouve des membres de la famille royale des Pays- Bas, des dignitaires du régime fasciste de Mussolini, dont le comte Ciano, ainsi que de riches industriels, dont August Diehn directeur du cartel de la potasse, lequel va le mettre en contact en 1939 avec le Reichsführer-SS Heinrich Himmler.

Commence alors la plus incroyable des "aventures" entre un jouisseur aux doigts de fée et le plus sadique des bourreaux nazis.

Himmler qui souffre de terribles maux de ventre que ne parvient pas à soulager la morphine, va trouver l'apaisement de ses douleurs auprès de cet homme jovial, tout en rondeurs... et en faire presque six années durant son médecin personnel.

Felix Kersten va peu à peu prendre conscience de son pouvoir sur un homme à l'origine des crimes les plus monstrueux commis contre ses semblables.

Tout en le soignant, il va, au péril de sa vie, sauver des dizaines de milliers d'êtres humains et devenir un Juste (en deux mots).

À la fin de la guerre, Kersten va traverser une période durant laquelle "le médecin du diable" ne va plus être en odeur de sainteté... avant que l'Histoire apporte toutes les preuves établissant que cet homme a oeuvré pour le bien de l'humanité et grâce à son courage sauvé entre 100 et 800 000 hommes et femmes ( l'appréciation du décompte dépend du fait que l'on y intègre le fait d'avoir obtenu d'Himmler qu'il ne dynamite pas les camps de concentration).

C'est une histoire dingue... qui pourrait s'intituler "les aventures d'un bouddha joyeux au pays du roi des fous".

C'est une histoire difficile à croire et Kessel, en dépit de sa personnalité, de son aura, de son talent, n'est pas parvenu à me convaincre.

Après avoir passé plus de cinquante ans à essayer de comprendre comment le mal absolu était parvenu à s'emparer de la raison du peuple le plus lettré, le plus titré, le plus avancé de son époque, c'est une grande confusion que de se dire que le nazisme, c'est ou ce sont "les fous qui se sont emparés de l'asile".

Pourtant cette histoire est vraie. Kersten est un Juste auquel on a même voulu et insisté pour qu'il obtienne le Prix Nobel de la Paix... sans succès.

L'Histoire est là... aucun doute n'est permis. Mais alors pourquoi cet homme n'a-t-il pas dans nos rues, nos avenues, nos boulevards, nos places, nos squares, nos écoles, nos manuels scolaires, nos bibliothèques, son nom et la juste place qui devrait être la sienne ?

Peut-être parce qu'un ripailleur rabelaisien "tibetisé" aux mains d'or a fait plus pour l'humanité et contre le fanatisme et la cruauté nazis que tous les gouvernements de la planète qui, eux aussi, auraient pu faire davantage et plus vite, et ont laissé la terrible besogne entre les mains d'hommes au nez rouge ( le Père Noël ne vient-il pas de Finlande ? )

Un livre...comme la hotte de Santa Klaus... empli de surprises...

FELIX KERSTEN... un nom à connaître et à faire connaître !!!



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Les mains du miracle

Cette histoire est incroyable ! Kersten, masseur génial qui retire la douleur en quelques palpations, bon bourgeois épicurien, d'origine finlandaise, mais vivant en Hollande, va devenir le médecin attitré de Himmler qui souffrait d'atroces crampes à l'estomac. Au fil des consultations, va se nouer entre les deux hommes, une relation étrange. Himmler va le traiter en confident et ami, qualités que Kersten va utiliser pour soustraire à la mort des milliers de personnes. D'abord des amis ou des connaissances de Hollande, puis il va lui faire annuler plusieurs ordres de transports vers les camps de concentrations. Utilisant pour cela, les périodes ou Himmler est au plus mal. C'est l'histoire de cette étrange relation que nous relate Joseph Kessel, qui a personnellement rencontré Kersten. Himmler, le bourreau du IIIe Reich, l'exécutant aveugle des ordres d'Hitler, face à son masseur, dévoué à la cause humaine. Il est souvent comparé à Schindler, mieux connu grâce au film de Spielberg. Un livre sur Kersten vient d'ailleurs d'être publié sous le titre « La liste de Kersten » en référence au film. Kessel nous plonge au cœur des rouages décisionnels du IIIe Reich. On a l'impression que Kersten risque sa vie tous les jours. La fin est tout simplement incroyable. Je vous laisse la découvrir. Je ne l'ai jamais apprise dans les livres d'histoire.
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Mermoz

Résidant avenue Jean Mermoz, j’avais depuis longtemps le désir de découvrir plus à fond sa vie . Appréciant la plume de Joseph Kessel, cette biographie, presque une hagiographie, était toute indiquée pour partir à la rencontre de cet illustre aviateur qui, par sa vie fougueuse, ses exploits , ses traversées, est entré glorieusement dans l’histoire légendaire de l’aviation française. Une lecture entreprise à quelques jours de la date anniversaire de sa naissance - le 9 décembre 1901- et de la date de sa disparition – 7 décembre 1936-

Mermoz avait l’intention de confier ses souvenirs à Kessel, il n’en a pas eu le temps.

Un an après, Kessel entreprendra d’écrire cette biographie qu’il achèvera le 13 mars 1938.

Pour cette rédaction, il se nourrira de ses propres souvenirs, de ceux de la mère de son ami, il imaginera aussi, en tentant « d’être honnête », en respectant, la personnalité de son ami.
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Au pied du sapin : Contes de Noël de Pirandel..

Bientôt Noël, et cela m'a donné envie, pour la modique somme de 2 euros, de replonger un peu dans cette ambiance si particulière...



Le livre se présente en trois parties, pas forcément très logiques: des réveillons inattendus, des Noëls de rêve, des Noëls peu traditionnels.



L'ensemble est assez inégal. Certains textes ne m'ont pas tellement plu, m'ont ennuyée comme " Les santons" de Jean Giono et " Noël quand nous prenons de l'âge "de Dickens, d'autres sont trop cruels et impitoyables , comme " Nuit de Noël "de Maupassant. Même si j'ai apprécié le cynisme de l'auteur...



Par contre, mention spéciale à deux d'entre eux, subtils et bien écrits, émouvants: " Le réveillon du colonel Jerkof " de Joseph Kessel et " Un arbre de Noël et un mariage" de Dostoïevski.



Et j'ai beaucoup aimé la version fantaisiste et écologique du Petit Poucet , de Michel Tournier!



A tous, je souhaite une très belle fête de Noël, dans la chaleur familiale ou amicale . Et au pied du sapin...plein de belles découvertes livresques !

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La steppe rouge

Je me suis laissée tenter par la couverture rouge et l'accroche en 4ème de couverture de cette édition France Loisirs : « Des scènes de la vie privée en Russie bolchévique. »



Il s'agit du premier livre de l'auteur (publié en 1923) et c'est aussi le premier que je lis. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre.



Les 7 nouvelles qui composent se recueil ne sont pas de « belles » histoires mais l'écriture de Kessel est quant à elle sublime. Il a le sens de la métaphore. Par exemple, j'ai énormément aimé ce passage :



« Pour toute réponse, il obtint un ricanement. Mais ce ricanement était plus lugubre que la nuit, que la peur elle-même. Il y avait en lui lui du sarcasme, de la haine, de la plainte et de la terreur. Il semblait sortir à la fois d'une bouche édentée de vieillard et de la gorge hystérique d'une femme. C'était la folie qui riait. Et comme s'il avait la fièvre, Erchof se mit à grelotter. » (Les deux fous)



Les histoires russes sont souvent empreintes d'injustice, de cruauté, de misère, … Ces nouvelles ne font pas exception (Le chant de Fedka le Boiteux, Au marché, La croix, le caveau n° 7).



« La poupée » est la nouvelle avec laquelle j'ai eu le plus de mal. L'histoire de la petite Léna m'a vraiment brisé le coeur.



« L'enfant qui revint », aussi très poignante, parle de trahison et d'amour maternel.



« Les deux fous » est la nouvelle que j'ai préféré. C'est un ingénieur qui se voit contraint de se cacher dans un asile d'aliénés. Je me disais que cette nouvelle aurait pu être développée en roman. C'est la seule histoire que j'ai trouvé trop courte.



Une belle découverte mais attention aux âmes sensibles… cette lecture n'est pas joyeuse.







Challenge multi-défis 2018 (56)

Challenge petits plaisirs 2018 (4)
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Les cavaliers

Je ne vais pas rajouter une couche à tout ce qui a été écrit sur ce livre par d'autres. Pourquoi le lire ? Parceque c'est une écriture du siècle dernier, riche en vocabulaire précis, en tournures grammaticales pointues. Car c'est l'Afghanistan de l'orient, pas celui des caricatures parfois nauséeuse qui nous sont servies pour rassurer certains de la supériorité de leur civilisation sur toutes les autres. Les hommes sont âpres, les femmes soumises et très peu présentes dans les moments importants. Cela s'appelle la tradition et elle ne peut évoluer que lentement, par petites touches. Car c'est un récit d'aventures épiques, qui s'intéresse à la mentalité des êtres humains. La haine qui meut, le modèle que l'on exècre, les sentiments qu'on s'avoue ou non. Pour les paysages, ceux des routes de la soie, des montagnes de l'hindou koush, de Mazar i Charif... Pourquoi donc? Pour quelque chose qui se nomme littérature.
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La passante du Sans-Souci

Il flotte dans ce roman de 1936 comme un doux parfum suranné, et ce ne sont pas forcément les pages bien jaunies de mon exemplaire les responsables, même si elles y ont contribué sans doute à leur manière innocente. Ça serait peut-être le subjonctif ou le passé simple, ou plus sûrement les tournures descriptives et les réflexions psychologisantes sur les personnages, bien éloignées de la tendance au factuel moderne, ici empreintes de la subjectivité d'un narrateur aiguillonné par le mystère de la passante du Sans-Souci. Car le roman suit essentiellement la relation entre deux êtres, pour ceux qui n'auraient pas vu le film, ou l'auraient oublié. le narrateur, écrivain journaliste en proie à la détresse de son âme noie ses nuits dans l'alcool et la débandade de Montmartre. Tous les matins, il voit passer une dame spectrale, drapée d'une aura envoûtante. Leur première rencontre s'inscrit sous le sceau de l'entraide, mais c'est la mystérieuse dame qui endosse le rôle pour commencer, en ramenant à son domicile notre confident bien mal en point. Pour le reste, ça sera plutôt l'inverse. Surtout quand notre témoin connaîtra les conditions de vie de la belle, chanteuse exilée d'Allemagne, surtout quand il rencontrera son protégé Max, gamin estropié de la vie parce qu'il est juif, surtout quand il saura le lien viscéral d'Elsa avec Michel désormais en camp de concentration Outre-Rhin, et l'histoire de cet amour quelque peu embrasé par la distance et le désarroi.

Voilà pour le pitch. Une histoire qui nous plongera dans la vie pas si marrante d'un Montmartre des cabarets, finies les années folles. Mais un roman qui nous rappellera aussi la finesse que pouvaient prendre les romans d'époque, dans leur perception affûtée des sentiments (j'ai parfois pensé parfois à Zweig), dans leur lyrisme et dans la beauté des tournures stylistiques (même si un peu désuètes), dans leur capacité naturelle à retenir le lecteur sur des choses simples, comme ici la trajectoire tragique d'un sublime personnage, dans un monde déjà hanté par le nazisme.
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L'Armée des ombres

Une oeuvre magistrale pour conter et décrire en détails les faits des hommes et femmes de la résistance. Après lecture on se demande toujours comment tant d'héroïsme a été possible. Il faut bien en déduire que le patriotisme était bien la priorité, mais quelles forces de caractère, de courage il fallait avoir !!

Une suite de courts comptes-rendus nous place au sein même des actions d'un chef de la résistance, de son réseau, de ses amis. Magnifique éloge à cette armée des ombres.
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Le Tour du malheur - Intégrale, tome 1 : La f..

Dans son avant-propos, Joseph Kessel confie « Quand le dessein m'est venu d'écrire ce roman, je n'avais pas encore trente ans. L'achevant, j'en ai plus de cinquante… » Plus de vingt ans de la vie d'un homme, consacrés, par intermittence, à cette épopée, en deux tomes, mêlant le romanesque et l'Histoire, vingt ans d'une vie d'écrivain pour enfanter et accoucher de cette intrigue foisonnante presque 1600 pages au total – 670 pour le premier tome, 860 pour le second-

Beaucoup d'anecdotes sont inspirées par ce qu'a vécu Kessel, on retrouve certains traits de l'auteur, cependant il précise « Ce livre devait être une nécessité intérieure, ma forme de vérité […] mais « cette vérité, pourtant, ne va pas jusqu'à une biographie déguisée […] un indivisible amalgame de souvenirs, de transfert, de fiction pure ».

On sent le souffle épique des Thibault de Roger Martin du Gard, des Semailles et des Moissons de Troyat, des Boussardel de Philippe Hériat, on partage les joies, les peines, les affres, l'ascension, les illusions perdues des personnages, notamment Richard Dalleau, Etienne Bernan, les malheurs, la frénésie, la fureur de vivre de cette société . C'est puissant, bien documenté, et bien évidemment , écrit de façon magistrale.

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Belle de jour

À sa sortie en 1928, Belle de jour fit scandale.

Un scandale qu'en 2019 on a du mal à comprendre.

Que de changements intervenus dans les mentalités en moins d'un siècle ! Nous ne vivons plus dans le même monde.

Le sujet est périlleux et le roman aurait pu basculer à tout moment dans le vulgaire ou le mauvais goût.

Or, grâce à la finesse de l'auteur, grâce à son immense habileté à manier la langue, il n'en est absolument rien.

Joseph Kessel sait dire beaucoup avec des mots innocents, et n'a pas besoin d'obscénités pour suggérer des choses plutôt osées.

Il s'est pourtant cru obligé de s'expliquer un peu dans une préface très bien tournée et qui commence ainsi :

"Je n'aime guère les préfaces qui expliquent les livres et il me déplairait singulièrement de paraître m'excuser d'avoir fait celui-ci. Je n'en ai pas écrit qui me soit plus cher et je crois y avoir mis l'accent le plus humain. Ce langage peut-il n'être pas compris ?"

Ayant lu Les mains du miracle, je savais que Joseph Kessel écrivait magnifiquement bien ; Belle de jour me conforte dans cette opinion.

Quel plaisir de lire une si belle langue ! Quand elle est, en plus, au service d'une histoire forte, c'est un régal. Joseph Kessel, par la subtilité de son écriture décrit au plus près les sentiments humains et fouille au plus profond les psychologies.

Le thème est simple sur le papier, l'auteur le dévoile dans sa préface :

"Ce que j'ai tenté avec Belle de jour, c'est de montrer le divorce terrible entre le cœur et la chair, entre un vrai, immense et tendre amour et l'exigence implacable des sens."

Joseph Kessel dit avoir "tenté", je fais partie des lecteurs pensant qu'il a réussi.

Séverine, le personnage principal, est parfaitement tiraillée "entre le cœur et la chair", comme le souhaitait son créateur et la lutte permanente qui a lieu en elle entre ces deux aspects de sa vie va la mener très loin. Trop loin.

Le roman achevé, j'ai relu le prologue qui m'avait fait une forte impression en début de livre. Je lui ai trouvé encore plus de force, sachant quelles allaient en être les conséquences.

L'image de Catherine Deneuve en couverture du livre m'a poursuivie pendant toute ma lecture : la beauté froide et distante qui était la sienne lorsqu'elle était jeune lui permet parfaitement d'incarner physiquement Séverine.

Alors, ce roman est-il choquant ?

Absolument pas !

Mais il est troublant, assurément.

Le texte a vieilli, mais garde tout de même ses qualités littéraires. Il témoigne d'une époque où le respect était de mise entre les personnes, même entre personnes peu fréquentables, même entre la tenancière d'une maison close et ses pensionnaires.
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Les cavaliers

Certains livres , une fois fermés, emplissent longtemps vos pensées . Les années passent , leur titre est cité et du fonds de la mémoire surgissent des histoires , des personnages, des paysages . A mes yeux Les cavaliers de Kessel est un de ceux là !

Afghanistan , années 1950 ?, un bouzkatchi royal doit avoir lieu en Octobre pour fêter l'anniversaire du Roi . Allez vous savez bien le bouzkatchi , cette mêlée à cheval où chaque cavalier a comme seul objectif s'emparer de la dépouille du bouc parcourir le tracé prévu et aller le jeter dans un cercle tracé à la chaux . Mais tous les coups sont permis, chevaux et cavaliers sont malmenés autant qu'ils malmènent leurs adversaires.Ah ces cavaliers , ces tchopendoz respectés admirés par tous !quelle prestance !

Tourséne le plus respecté le plus vénérable chef des écuries d'Osman Bay se fait vieux c'est donc à son fils Ouroz qui il confie ,la rage au ventre , le soin de représenter la province de Maïmana au bouzkachi royal et à cette occasion il lui laisse monter Jehol "le cheval fou" son étalon personnel, sa fierté .

Ouroz ne gagnera pas , il repartira de Kaboul blessé et de peur d'affronter la honte et le déshonneur, il préferera rentrer en empruntant l'ancienne route de montagne , devenue impraticable .

C'est avec cet homme dur , orgueilleux méprisant du petit que nous allons cheminer jour après jour Malgré les attentions de Mokkhi le saïs sa jambe cassée le fait de plus en plus souffrir .La présence de Zéré femme nomade qui a ensorcelé Mokkhi l'irrite au plus au point . Zéré et Ouroz se livrent un combat sans merci

Quel voyage! Quels paysages !Bayiam et ses molosses ! Les yeux pleins de lumière de ténèbres au détour des pages nous est dévoilé dans une langue magnifique un pays , des hommes, des paysages des coutumes des modes de vie et de pensée si différentes des nôtres qu'il faut le talent immense de Kessel pour nous embarquer dans cette épopée héroïque .

Magnifique !
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Bas-fonds de Berlin

Déjà, grâce à Joseph Kessel, j'avais passé le détroit de Bab-el-Mandeb et trafiqué quelque peu avec un dénommé Monfreid, croisé la passante du Sans-Souci et vécu des temps sauvages.

Déjà l'aventure s'était porté vers Hong-Kong et Macao et bien d'autres horizons.

Le temps d'une nuit de lecture, j'ai même fréquenté avec lui les bas-fonds de Berlin et de Hambourg en compagnie de deux princes de la pègre.

"Bas-Fonds" est un livre paru en 1932 aux éditions des Portiques.

C'est un livre sidérant, un reportage du journaliste Joseph Kessel.

Pourtant, dans son style et sa forme, "Bas-Fonds" est bien un récit tout droit sorti de la plume de l'écrivain.

Quelle étrange curiosité a porté Kessel vers Berlin ?

Peut-être la même qui, en 1927, avait emmené Albert Londres sur les chemins de Buenos-Aires.

Car les deux livres comportent indéniablement des similitudes et des points communs.

Dans leur approche du sujet d'abord, puis dans cette rédaction à la fois journalistique dans le fond et romancée dans la forme, et pour finir dans les rapports des deux hommes avec leurs guides.

Albert et Dick sont deux princes de l'UnterWelt, une organisation secrète qui regroupe les escrocs, les maquereaux, les cambrioleurs, les assommeurs, les receleurs, les racoleurs et les faux-monnayeurs de Berlin, de Hambourg et de bien d'autres villes d'Allemagne.

L'UnterWelt est composée de ligues, d'unions et d'associations qui ne sont pas illégales, ni vraiment secrètes d'ailleurs.

Toute opinion politique y est bannie, ainsi que toute querelle confessionnelle.

Sans ne connaître personne dans la ville, sans même parler allemand, aussi simplement qu'en offrant une tournée générale, Joseph Quessel va se voir ouvrir les portes de ce monde de la nuit grâce à Albert et Dick, grâce à ce petit insigne métallique qu'ils portent à la boutonnière, l'insigne d'appartenance à la meilleure société de Berlin, l'insigne qui permet d'aller partout, ou presque, dans la ville sans être inquiété.

Et les deux hommes vont faire confiance à Joseph Kessel qui pourtant sans tromperie s'affiche comme journaliste.

Mais l'écrivain n'est pas un indicateur et les noms des personnes et des lieux ont été ici modifiés, les trucs et les techniques ont été tues.

Et nous voilà, avec Kessel et ses deux "fidèles compagnons", fonçant en automobile dans la nuit à travers Berlin à grands coups d'accélérateur et de terribles freinages.

De caveaux en coupe-gorge, du bal de la pègre à la tombe d'un des chefs les plus aimés et respectés, la ballade est risquée et enivrante, édifiante et stupéfiante.

D'autant que le mot de Kessel, s'il garde toujours un pied dans la lucidité et l'analyse, sait rendre hommage à l'aventure.

Il a sa pleine charge d'émotions.

Et sait épuiser les capacités d'étonnement de son lecteur.

Ce récit rédigé à la veille de la seconde guerre mondiale n'a certes pas vieilli mais pourtant dans notre société d'aujourd'hui il sonne comme un terrible constat ...

C'est qu'aujourd'hui on ne respecte plus rien, ma pauvre dame !

Tout part en quenouille, je vous dis ...



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L'Armée des ombres

De "L'armée des ombres", je ne connaissais que le film avec la-musique-qui-fait-peur, et je ne savais pas (ou plus) qu'il s'agissait d'une adaptation d'un récit de Joseph Kessel. C'est la formidable chronique de Jullius, ici même, qui m'a donné envie de le lire, et je l'en remercie.

Sur quelques années (1941-1943), on suit les activités d'un groupe de résistants autour de Gerbier, responsable d'un réseau : organisation, recrutement, logistique, opérations... tout est raconté sans romantisme aucun, car, prévient Kessel dans sa préface : "Je ne me suis pas senti le droit ou la force de dépasser la simplicité de la chronique, l'humilité du document".

La puissance de ce livre est qu'il a été publié en 1943, et que Kessel témoigne de ce qu'il a vu, entendu, vécu, mais avec suffisamment de recul pour analyser les faits sans les enjoliver. Ces pages sont les plus belles que j'aie lues sur la Résistance. du film de Melville, j'avais gardé un souvenir d'austérité, et j'ai découvert ici avec surprise un récit dur mais lumineux, porté par l'espoir et la foi en l'Homme, l'amour pour la vie et la liberté, malgré le danger, la peur et la mort. Car c'est aussi une réflexion sur l'Humanité dans toutes ses nuances.

Ce qui m'a particulièrement touchée, c'est d'y trouver des réponses à mes questions sur l'engagement, la lutte, la résistance. Qu'est ce qui pousse un homme (ou une femme) à quitter tout ce qu'il/elle aime pour une idée ? A risquer la torture et la mort pour elle ? J'ai également été très émue par l'hommage rendu -en temps réel- aux communistes, dont le rôle dans la Résistance tend à s'amenuiser dans la mémoire collective.

C'est une lecture profondément bouleversante et enrichissante, une oeuvre d'une incroyable justesse, qui donne simplement envie de dire : Merci, Monsieur Kessel, pour nous, et pour tous ces résistants.
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Le petit âne blanc

Au XIXème siècle, les frictions entre grandes puissances eurent parfois pour résultat que certains territoires héritèrent de statuts territoriaux assez bizarres. Tel fut le cas de Tanger, tout au nord du Maroc, déclarée ville internationale du fait de sa position stratégique, Anglais, Français, Espagnols et Allemand étant incapable de trouver une autre solution. Devenue une plaque tournante de tous les trafics possibles et imaginables, et port d’échouage pour les aventuriers de tout crin, elle devint un lieu totalement unique, où tout était possible. Bien entendu, le sort de la population de base ne s’en trouva pas particulièrement amélioré ; et bien entendu, notre Kessel national se devait d’y trainer ses basques…



Cette histoire, c’est un enfant des rues, un petit mendiant doublement bossu, qui la raconte à un public composé de bédouins, marchands, de petites gens et de francs gueux. Histoire étrange d’un crève-la-faim orphelin dédaigné par un âne si joli, si blanc, traité avec tant d’égards et de soins, qu’il ne prendrait certes pas sur son dos un tel miséreux. Quelques années plus tard, le hasard lui fait croiser un bourricot à l’agonie, dont le corps n’est plus qu’une gigantesque plaie. C’est le petit âne blanc…



Histoire des souks, histoire de misère et de souffrances, histoire de Tanger où tout peut arriver. La vie d’un enfant n’y est pas grand-chose. Mais en quoi est-ce la faute d’un petit âne qui se meurt ?
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La vallée des rubis

J’ai eu la très grande chance de pouvoir visiter le Myanmar en début d’année. Le quoi ? Oui, en France nous nous obstinons à appeler ce pays la Birmanie…Peu importe d’ailleurs car je garderais toujours un très beau souvenir de ce pays au charme envoutant et aux rencontres presque magiques…

Voulant continuer à entretenir ce souvenir, j’avais envie de me plonger dans des romans se déroulant là-bas, d’autant plus qu’à certains endroits un peu fréquentés par des touristes, j’ai pu voir des vendeurs nous proposer deux livres en français : Une histoire birmane de George Orwell et la vallées des rubis de Joseph Kessel. Imaginez, vous visitez une pagode et tout à coup vous voyez sur un étal d’un petit marchant des livres français !!

Faut-il vraiment préciser que dès mon retour j’ai commandé ces deux livres chez mon libraire ? Je ne me suis lancée que récemment dans la lecture d’un de ces deux livres, mon côté dispersé ayant pris le dessus…

Effectivement, Joseph Kessel m’a emmené en Birmanie. Les deux personnages principaux vont partir vers ce pays qui n’est pas encore très occidentalisé ( et qui d’ailleurs n’est l’est pas trop encore ). Ils ont l’intention d’aller dans une région célèbre pour ses mines de rubis et pour éclaircir un mystère autour de certains de ces joyaux. Nous sommes dans les années cinquante, et les moyens de transports sont d’époque évidemment.

Apres une escale en Inde, les deux amis vont arriver dans ce pays qui vient juste de se libérer de l’occupation britannique.

Soyons clair, alors que j’attendais plus un roman d’aventures, c’est surtout une histoire racontant des rencontres avec les habitants de cette région de Mogok que nous raconte Joseph Kessel.

Le style de l’auteur est limpide, agréable à lire, mais je reconnais être un peu restée sur ma faim, trouvant ma plongée dans ce voyage pas aussi forte que je l’espérais…



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Première Guerre mondiale

« Première mondiale » est un assemblage de textes : un cahier contenant vingt deux écrits rédigés au cours du mois de novembre 1914 entre le 6 et le 22 et de trois nouvelles composées ultérieurement entre 1915 et 1916.

Les postfaces d'Olivier Weber ( écrivain, grand reporter, diplomate , correspondant de guerre , maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, président du Prix Joseph-Kessel, -il a,lui-même,obtenu le Prix Joseph Kessel en 1998- ,ambassadeur de France itinérant de 2008 à 2013 ...) et plus particulièrement celle de Pascal Genot (qui enseigne le français, le latin et l'histoire-géo et prépare actuellement un livre sur l'oeuvre de Joseph Kessel) nous permettent d'en connaitre un peu plus sur leur origine.

En 1914, Joseph Kessel n'a que 16 ans, un peu trop jeune pour servir de chair à canon, alors il s'engage comme bénévole dans un hôpital niçois accueillant les soldats blessés.

Plus tard, il regagne Paris , ne prend encore pas les armes mais la plume , se sera son baptême du feu en tant que journaliste au Journal des débats où, notamment, il traduira les câbles et messages en provenance du front Russe.

Puis , en 1917, il s'enrôle dans l'aviation et rejoint la fameuse escadrille S 39 , celle des As des as.

Tous ces textes sont autant de petites touches réalistes , des faits et gestes recueillis , des témoignages singuliers, poignants, des anecdotes entendues, des souvenirs personnels vécus , retranscrits sous forme de chroniques et de nouvelles , rendant un vibrant hommage à tous ces hommes blessés, morts, disparus, à cette population civile malmenée par la guerre, mettant en exergue l'essentiel de l'âme humaine, la fraternité, la solidarité, racontant les malheurs charriés par la guerre mais aussi l'espoir, les illusions…



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Le lion

Il est de ces livres qui non seulement dégagent une plénitude et une profondeur magistrales, mais qui sournoisement sèment en nous des réflexions inattendues...



Celui-ci m'a insufflé la question de l'alliance en-dehors de la condition humaine entre un père et sa fille qui seront finalement séparés par ce qui les unit.
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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

L'affiche rouge
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Le chant des partisans

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