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Critiques de Julie Otsuka (925)
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

En 1919, de jeunes femmes -qui n'auraient pas trouvé d'époux au Japon- se sont mariées par correspondance avec des émigrés Japonais, puis les ont rejoints aux Etats-Unis, dans l'espoir d'une vie meilleure. Le récit commence pendant leur longue traversée en bateau, puis aborde les premiers contacts avec le mari inconnu, les premières désillusions, les travaux dans les champs, les blanchisseries ou les maisons bourgeoises, l'arrivée des enfants, l'intégration laborieuse, les rapports avec les "blancs"… Jusqu'à l'attaque de Pearl Harbour et ses retentissements dramatiques pour les japonais américains.



Se plonger dans ce court roman, c'est écouter un chœur de femmes : un chant choral, où l'on perçoit chaque voix distinctement, mais où la mélodie d'ensemble domine. C'est une litanie, où les vies particulières de ces japonaises en exil affleurent, mais laissent apparaître une destinée collective. Julie Otsuka, par son utilisation systématique de la première personne du pluriel, s'associe à ses ancêtres japonais et à leurs tribulations aux Etats-Unis… ou nous associe, nous, lecteurs ?
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Quand l'empereur était un dieu

Un livre surprenant autant par le fond que par la forme.

Le fond : les Américains d'origine japonaise ont été internés dans des camps après Pearl Harbor dans des conditions difficiles.

La forme : les pires choses sont racontées avec beaucoup de recul, comme s'il s'agissait de choses normales faisant partie du quotidien ordinaire.

Et pourtant, par moment, la poésie fait une petite apparition.

Assez perturbante, comme lecture, mais je la recommande.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Plongées dans l'horreur à leur arrivée aux États-Unis, des promises japonaises tentent de trouver dans l'accomplissement de leurs mariages une raison de vivre.



En distillant des détails de ces existences laborieuses et déracinées, l'auteure brosse le portrait d'une tragédie tombée dans l'oubli. Fidèles à leur croyance, ces femmes construisent tant bien que mal une intégration fragile. Cependant, nous détectons parfois un accomplissement inattendu, une joie fugace, dans ces parcours chaotiques qui s'évertuent à arracher un peu de bonheur à leur destinée.



La somme de ces riens, grâce à leur authenticité, brode une histoire dont le fil rouge tient à un courage contraint, mais... beau, par son acharnement.
Lien : http://partagerlecture.blogs..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'avoue que si ce livre n'avait pas été placé dans "les coups de coeurs 2012", thème du prochain club-lecture auquel j'assiste tous les mois, je ne l'aurais probablement jamais découvert. Tout d'abord, même si je savais qu'il s'agissait d'un très bon livre, je savais aussi qu'il était très dur et je ne me sentais pas dans cet état d'esprit. Et pourtant, j'avoue que l'écriture de Julie Otsuka est remarquable et je suis ravie d'avoir découvert cet ouvrage.



L'histoire est celle de femmes japonaises, dont la plus jeune est âgé de douze ans seulement qui ont été mariées à des homme, japonais déjà bien établis en Amérique et qu'elles partent rejoindre, abandonnant derrière elles, leur famille, leurs amis et tous leurs repères.

Le lecteur suit l'histoire de ces femmes, celle de leurs nouveau mari et de leur nombreuse progéniture et les soutient durant la lourde épreuve de la Seconde Guerre moniale, dont la grande majorité ne reviendra d'ailleurs jamais !



Une histoire bouleversante, extrêmement bien écrite et documentée. Le deuxième chapitre, intitulé "La première nuit", m'a encore plus choqué que les autres car, pour ceux qui ont appris à me connaître un peu mieux au travers de mes critiques et à découvrir mes goûts, ils savent que je suis très sensible à toutes les questions relatives au sexe, surtout lorsque celui-ci est fait avec violence et que la femme se retrouve soumise, obligée de répondre aux exigences de son mari afin de le satisfaire.

Cela mis à part, je dirais qu'il s'agit d'un livre qui vaut le mérite d'être découvert. A lire !
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La ligne de nage

L'auteure est californienne d'origine japonaise mais, née après 1942, elle n'a pas eu à subir les camps d'internement étasuniens comme ses ancêtres. C'est heureux car elle livre ici un roman fort dérangeant qui, d'un certain point de vue, constitue une belle revanche civilisationnelle.

On peut dire qu'il y a deux moments forts et de natures différentes.

La première partie peut être qualifiée d'humour narquois et concerne une piscine et tous les névrosés qu'on peut y rencontrer. C'est fin, la critique de nos (car nous sommes tous indirectement concernés) modes de vie, de nos dérives mentales est traité sur un mode tellement léger qu'on s'en rend à peine compte et on enchaîne les longueurs sans mal.

la seconde partie cible un personnage bien particulier de cette galerie représentative du monde occidental moderne.

Et là, on change de registre...

En poursuivant dans le même style "l'air de rien" que précédemment, avec la même acuité, l'auteure brosse un portrait au vitriol de la fin de vie dans ce phare civilisationnel que sont les États-Unis, mais qui essaime partout où son paradigme libéral est imposé. Sa description de ce qui s'apparente à un EHPAD privé chez nous est à lire absolument (surtout après les révélations récentes). Par contre, il faut prévenir : le dernier chapitre de l'ouvrage est à déconseiller aux âmes sensibles, à ceux qui viennent de perdre un proche ou aux hypocondriaques qui s'imaginent, parce qu'ils ont oublié de "liker" mes précédentes critiques, atteints de la maladie d'Alzheimer...

C'est dur, c'est réflexif, c'est bien visé...

Un livre qui mérite qu'on s'y plonge.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Comme d'autres lecteurs, cet emploi du "nous" m'a beaucoup déstabilisée, ainsi que cette profusion de voix, cette litanie de situations si diverses, où perce cependant une même douleur, une même tristesse de l'exil.

Une réelle découverte, tant sur le fond, une construction narrative que je n'avais jamais rencontrée auparavant, et qui, il me semble, est en parfaite adéquation avec le sujet abordé, que sur le fond, un pan de l'histoire japonaise, et américaine, que je ne connaissais pas. L'émotion est là, palpable, le récit est précis dans son absence de ligne directrice unique, les personnages sont vrais, alors que nous en savons finalement si peu sur eux.

Nous avons l'impression de lire le carnet de notes qu'aurait prises un journaliste qui, s'intéressant à cette thématique de l'émigration japonaise et son intégration (ou non) au cours du vingtième siècle, aux Etats-Unis, avant, pendant, et après la Seconde Guerre Mondiale, au raient interrogé le maximum de témoins de cette époque afin de recueillir leurs impressions.

Court, certes, mais d'une grande densité émotionnelle, ce petit roman m'a fait très forte impression.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Livre découvert dans une liste Babelio (pleine de pépites) et que je ne regrette pas d’avoir choisi tant la forme de la narration est surprenante. L’auteure raconte de façon très poétique l’arrivée aux Etats Unis, au début du siècle, de jeunes femmes japonaises, envoyées par cargo se marier avec des compatriotes déjà installés sur le sol américain. Dans leurs bagages, une photo de l’époux, des lettres promettant des vies confortables, l’espoir que s’éloigne enfin la pauvreté. De l’inquiétude aussi à l’idée de tant de nouveautés, de « coutumes incroyablement étranges » ; de la tristesse d’avoir dû quitter famille et amis pour un ailleurs incertain. Au terme de leur voyage, la rencontre avec celui qui deviendra l’époux ne tient souvent pas toutes ses promesses et c’est un quotidien bien misérable qui les attend. Pas plus facile que celui qu’elles auraient connu au Japon…

La force du récit est de ne pas s’attacher au destin d’une seule héroïne mais de parler au nom de toutes ces femmes, en employant un « nous » qui génère chez le lecteur (moi, en l’occurrence), de l’empathie, de l’émotion allant du sourire à la tristesse. Ce « nous », qui pourrait nous empêcher d’accrocher au livre, le fait que ce ne soit pas une histoire qui nous est narrée mais une multitude – tout cela sort vraiment des sentiers battus et confère toute sa force au propos, qui jamais ne condamne mais invite plutôt à la réflexion.

Il est ici question d’exil, de brutalité, de violence faite aux femmes, de maternités plus ou moins heureuses, d’enfants qui oublient leurs racines, qui vivront à leur tour la pauvreté mais aussi de racisme, d’exclusion. Au-delà de la dimension historique, propre à l’histoire de l’immigration japonaise aux Etats Unis, le contenu du livre a une réelle portée universelle et atemporelle : le thème de la domination - qu’elle concerne les femmes ou bien les peuples - est vraiment traité avec finesse. Très beau livre donc.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Julie Otsuka réussit le tour de force d'exprimer la fougue avec une économie de mots et un style mesuré et précis.



La narration à la première personne du pluriel surprend, mais elle prend tout son sens lorsque des centaines de destins de femmes se croisent, s'emmêlent pour ne former qu'une seule voix, telle une chorale.

On entendra en unisson l'impuissance, la peur, le désespoir, la souffrance ineffable de ces jeunes filles japonaises qui n'ont pas choisi leur destinée. Elles ont été « livrées » sur un autre pays, elles ont tout quitté, tout perdu, tout abandonné…



A travers une palette d'histoires tragiques on ressent leur détresse, on souffre, on aime et on haït autant qu'elles en ont été capables.

Pas de passé et pas d'avenir, pas de place dans le monde, elles inspirent la haine à cause de leur mode de vie, elles seront toujours étrangères, reniées, déplacées et finalement disparues.



Saisissant par son alliage de rudesse et de finesse ce récit, une fois la dernière page fermée continue à résonner fortement à nos oreilles.





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Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'annonce tout de suite, ce livre est un coup de coeur, en plus d'être un coup de poing dans l'esprit tant l'impact est lourd.



Ce court roman retraçant la (triste) vie de jeunes japonaises envoyées en Amérique est plein de poésie et de douceur, tout en traitant d'un sujet grave et pour ma part inconnu. J'ai beaucoup aimé le style et l'écriture.

Le contraste entre l'écriture et ce que l'auteur raconte est d'autant plus marquant.



La narration avec le "nous" ne m'a pas dérangée et permet justement je trouve de montrer que pour la majeure partie d'entre elles la vie fut rude.



Ces femmes sont vouées à ne pas être entendues, à être utilisées, quasiment invisibles, malheureuses même dans leur maternité et finalement oubliées. J'en suis particulièrement émue.



Je recommande vivement.



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Quand l'empereur était un dieu

Où l'on voit comment la guerre peut faire des ravages, non pas uniquement pour ceux qui ont été envoyé au front ou encore pour ceux qui avaient des idées politiques contraires à la façon dont on vous demandait de penser mais simplement parce qu'on avait le malheur d'être né sous une certaine nationalité et de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C'est ce qui arrive à cette famille japonaise, installée aux Etats-Unis depuis de nombreuses années déjà et dont le père de famille se voit embarqué un soir, en pantoufles et robes de chambres aux yeux de tous sous prétexte de faire partie d'une bande de ressortissants étrangers. Nous sommes en 1942, aux lendemains de Pearl Harbor et ce qui ne devait être qu'un interrogatoire pour cet homme sans histoires durera jusqu'à la fin de la guerre pendant que sa femme et ses deux enfants seront parqués dans un camp.



Une histoire sur l'attente, sur l'espérance d'un retour proche dans leur maison et ce qu'ils considéraient jusqu'alors comme leur nouvelle patrie mais qui n'est en réalité qu'un leurre. La honte d'avoir les yeux bridés, la honte d'être "jaune"", la honte d'être un "jap" comme les surnommaient alors les américains, bref la honte d'être ce qu'on est.

Un livre assez déroutant, très bien écrit mais qui nous déboussole un peu au début car l'on ne sait pas immédiatement à quelle époque se situe l'histoire (sauf si, comme moi d'ailleurs, on a lu la quatrième de couverture d'abord) et c'est ce qui fait que j'ai eu un peu de mal à rentrer tout de suite dans le livre. Une très belle découverte néanmoins. Merci Papa Noël !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Ce livre raconte l'histoire de jeunes filles japonaises , les plus jeunes ont douze ans , qui partent du Japon pour les Etats -Unis au début du XXième siècle , en vue de se marier .

Chacune a reçu une photo de son 'fiancé ' , c'est cette photo qui est leur seul lien avec l'homme qu'elle vont rejoindre .

Sur le bateau , elles imaginent leur vie future , elles quittent définitivement leur mère , leurs soeurs adorées , leur pays où tout est si différent , la langue , les coutumes , toutes espèrent une vie meilleure .

Ce qu'elles ne savent pas c'est que les photos ont été prises il y a vingt ans et que ce n'est pas vraiment un jeune homme qu'elles vont épouser , chacune part vers son destin de femme immigrée , rien ne les a préparées à ce qu'elles vont vivre , elles sont tellement différentes des Américaines , elles auront tant de mal à prononcer quelques mots en Anglais .

La particularité du roman c'est le ' nous ' qu'emploie l'auteur ; mais bien sûr le destin de chacune sera différent , certaine seront même heureuses , d'autre verront leurs illusions de bonheur détruites par les premiers contacts , par une nuit de noces désastreuse , d'une cruauté bestiale .

Le temps passe et certaines seront mamans mais ne connaîtront pas le bonheur pour autant , leurs fils et leurs filles ne veulent surtout pas leur ressembler , sont gênés même par ces mères qui garderont toute leur vie des coutumes devenues désuètes .

Et malheur suprême , elles vont être considéres comme ' ennemies ' de la patrie lors de la guerre qui opposera le Japon et les Etats-Unis .

Un livre qui a un défaut c'est l'emploi de ce ' nous ' , qui m'a parfois un peu ennuyée , mais bizaremment je garde le souvenir d'un livre assez envoutant .

J'ai beaucoup apprécié de découvrir cette tranche d'histoire que je ne connaissais absolument pas .

Toutes les conditions sont donc réunies pour faire un roman agréable .
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Avant la Deuxième Guerre mondiale, bon nombre de Japonaises ont délaissé leur campagne puis sont venues aux États-Unis en nourrissant l'espoir de trouver une vie meilleure; un mari bon et fortuné, une belle maison afin d'y élever leurs enfants à naître. Il s'est avéré qu'il ne s'agissait pas tout-à-fait de l'Eldorado escompté mais d'une forme d'escroquerie pour les attirer en Occident. Ces futurs maris qui envoyaient des lettres passionnées et des photos trompeuses exagéraient les faits, embellissaient la réalité et la plupart des femmes ont rencontré sinon un destin aussi pauvre que celui qui les attendaient déjà au Japon, souvent pire. Sans le sou après la traversée, elles n'avaient plus les moyens de rentrer et furent contraintes de travailler dur aux champs, à bas coût, dans des conditions déplorables, dans un pays qui de toute façon ne leur souhaitait pas tellement la bienvenue. Désenchantées, on y lit leurs rêves fracassés.



"Certaines n'avaient jamais vu la mer" est un livre touchant parce que malgré tous les travers, il démontre de façon très belle ce que ces femmes ont vécu, depuis leur départ sur le bateau jusqu'à leur quasi effacement...Ce qu'elles ont ressenti, comment s'est passé leur intégration, leur manière de percevoir les occidentaux, tout comme celle des occidentaux de les regarder elles, de les considérer, de les traiter, surtout. Parfois avec bonté, aussi, car tout n'est jamais ni totalement noir ni totalement blanc.



"Nous avons accouché dans des petites bourgades où aucun médecin n'acceptait de nous assister, et nous avons dû nous débrouiller nous-mêmes avec le placenta. (...) Nous avons accouché dans des villages où il y avait un seul médecin, trop cher pour nous. Nous avons accouché avec l'aide du Dr Ringwalt, qui a refusé que nous le payions."



C'était la première fois, je crois, que je lisais un texte écrit à la première personne du pluriel ! Au début, cela m'a paru un peu bizarre mais on s'y fait vite. De long en large, l'histoire est tellement bien racontée, d'un style lyrique magnifique, tout est dans la manière de dire les choses. Sans dialogue aucun, l'enchaînement des paragraphes est construit tel une chanson: couplets, refrains...



J'ai adhéré immédiatement à ce récit fascinant qui parle au "nous" sans jamais cibler une seule personne mais englober "tous ceux qui sont arrivés" à un moment ou à un autre. C'est l'histoire de mille noms, mille vies, mille situations. Fois mille. Ce "nous" est rassembleur, puissant, les unit, les rend plus forts. On y voit un tout. Et on y ressent ainsi une absence de solitude. C'est un sentiment bien spécial qui se dégage de ce texte !



Bien que l'on perçoive la déception, la misère, l'injustice et la tristesse de ce qu'elles ont vécu, le ton n'est pas plaintif. Il ne fait que raconter franchement, sans nous épargner les images. Et malgré cela, on réussit à trouver une parcelle de lumière à travers les lignes, un récit enrichissant bien structuré dans le temps et dans le contexte, un récit qui passe vite mais qui dit tout de façon éclairante.



J'ai appris énormément sur un aspect que je connaissais bien peu; concernant ces émigrés japonais, hommes ou femmes, enfants comme vieillards, et comment ils ont été graduellement reniés, repoussés, surtout après l'attaque de Pearl Harbor...puis carrément oubliés. J'ignorais qu'ils avaient été mis de côté à ce point et vécu autant de préjugés.



"Du jour au lendemain, nos voisins se sont mis à nous regarder différemment. Peut-être était-ce la petite fille un peu plus loin sur la route qui ne nous faisait plus signe depuis la fenêtre de la ferme. Ou ce vieux client qui soudain disparaissait de notre restaurant, de notre boutique. (...) Nous n'étions pas préparées à cela. À nous retrouver soudain à la place de l'ennemi."



Ce livre est à découvrir absolument, tant pour la richesse de son histoire que pour celle de ses mots. Julie Otsuka, vous m'avez émue et émerveillée à la fois !



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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Intégration aux Etats-Unis de centaines de familles japonaises dont les épouses avaient quitté leur Japon, appâtées par de trop séduisantes promesses. Beaucoup échouèrent dans des plantations, certaines dans le sous-sol des blanchisseries, d'autres exploitées dans les cuisines des restaurants ou comme bonnes à tout faire.



Etonnement et regrets de centaines d'habitants en 1941 quand disparurent en une nuit ces Japonais travailleurs, polis, discrets, accusés de collaboration, déportés de l'autre côté des montagnes.



Enumérations sans fin, style original mais dont, j'ai parfois décroché.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

"Nous voilà en Amérique nous dirions nous,il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Et nous aurions tort."

Ces deux phrases clefs du roman (basé sur des faits historiques véridiques) Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, ouvrent grand les portes du cruel désenchantement ressenti par des immigrées japonaises de 12 à 37 ans, vierges pour la plupart, vendues en tant qu'épouses à des inconnus américains qui leur ont promis la lune et en font leurs esclaves.

XX° siècle. Port de San-Francisco. Le "nous" japonais de Julie Otsuka s'élève pour dénoncer les viols subis par ces "jeunes filles accomplies", l'irrespect,les coups,le rejet,le travail harrassant dans les champs, la prostitution....Le "nous" japonais pleure,s'enlise dans la folie, meurt de maladie,a honte ou se suicide mais ne se révolte pas car la politesse,la patience,l'endurance font partie de son caractère.

Le "nous" japonais accouche de fils qui rejettent leurs mères. Ce "nous" là souffre.

Le "nous" japonais peu à peu devient, bonnes,cuisinières,blanchisseuses...s'américanise et à ce moment là il disparait dans des camps, est déporté car il est traitre ou ennemi des Etats Unis en guerre.

Alors, Julie Otsuka passe à un autre "nous" qui n'est plus japonais car sa culture a été effacée.

D'où le talent de l'auteur pour parler d'un sujet poignant qui lui tient à coeur, celui de ses ancêtres japonais exilés aux Etats-Unis, puisqu'elle même est née en Californie.

Ce roman, à lécriture sensible, bouleverse.Il a obtenu le PEN/ Faulkner Award for fiction. Je ne peux qu'en recommander l'achat dans le cadre du comité de lecture de la Médiathèque de Bandol où je l'ai lu et la lecture pour les membres de Babélio.

Ce livre aurait pu précéder Quand l'empereur était un Dieu quidénonce la déportation des Japonais dans des camps de détention américains au lendemain de Pearl Harbor.

A lire aussi car l'homme est un loup pour l'homme.....et pour la femme ! Ce fut, c'est et ce sera, mais ça ne devrait pas être!
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La ligne de nage

Cette piscine souterraine, à laquelle on accède en acceptant de quitter le monde extérieur, représente pour “ceux d'en bas”, c’est à dire pour un certain nombre d'habitués, un élément clé dans leur vie qui leur permet de maintenir un équilibre, une stabilité, indispensables pour affronter la dureté de la vie à l'extérieur. C'est un univers régi par des règles tacites, où chacun vient chercher ce dont il a besoin tout en ayant la certitude de retrouver sa place. Une solidarité, une forme de complicité unit ces inconnus aux vies bien différentes mais qui se retrouvent sur un même pied d'égalité dès lors qu'ils sont en maillot et en bonnet de bain, partageant ce jardin secret commun. Mais cet univers s'apprête à imploser avec l'apparition d'une première fissure dans la paroi du bassin, menaçant la fermeture de cette piscine atypique et provoquant une vive inquiétude au sein de la communauté…



Est-ce parce que je ne suis moi-même pas une bonne nageuse que j'ai à ce point eu l'impression de ne pas être dans mon élément ? Je n’ai pas nagé dans cette piscine, j’ai plutôt ramé tant j’ai eu de mal à pénétrer cette lecture, à en comprendre le sens et le but! J'ai eu la sensation de boire la tasse et j'ai bien failli me noyer à plusieurs reprises dans cette piscine souterraine, au contact de cette communauté dont les préoccupations m'ont laissée de marbre... Plusieurs fois, j'ai songé à abandonner, tant le premier tiers du roman m'a paru fastidieux ! Aucune empathie pour les personnages, ces nageurs anonymes ou presque qui formaient un clan avec leurs règles à respecter. Un nom pourtant revient, celui d'Alice, vieille femme qui perd la tête à l'extérieur mais parvient à se retrouver au contact de l'eau chlorée. Pour autant, les descriptions et les états d’âme sont énoncés de manière si factuelle que je suis restée complètement en dehors.



Heureusement, les choses évoluent et prennent un tout autre tournant à partir du deuxième tiers du roman. On quitte alors la piscine, qui ferme définitivement ses portes en raison de l'apparition inexpliquée de ces fameuses fissures dans le bassin et l'on suit Alice dont l'état s'est largement dégradé depuis cette fermeture et dont le cerveau se nécrose et la mémoire se fissure, elle aussi (et là, on comprend soudain cette longue, loooongue métaphore de la première partie…). Diagnostiquée pour “une démence fronto-temporale”, la vieille femme se voit contrainte d'intégrer un EHPAD spécialisé dans la gestion de cas similaires. A travers une écriture clinique et avec beaucoup de cynisme, Julie Otsuka dépeint les conditions de vie déshumanisées dans ces mouroirs et les nombreuses règles, non tacites cette fois, qui vont dès lors régir le quotidien d’Alice. Aucune rémission possible, pas de traitement, juste un irrémédiable déclin, plus ou moins long selon les patients…



En abordant le dernier tiers du roman, on devine que Julie Otsuka nous parle en réalité de sa mère et qu’elle a choisi, par le biais de l'écriture, de nous raconter des bribes de son histoire, car, si la mémoire est défaillante, les écrits, quant à eux, restent pour témoigner. Cette dernière partie, bien que plus émouvante que le reste du roman, m'a tout de même parue assez froide. Moi qui avais été bouleversée par l'histoire de ces japonaises immigrées aux Etats-Unis dans “Certaines n'avaient jamais vu la mer”, je dois dire que j'ai été assez déçue de ressentir si peu d'émotions à la lecture de ce récit qui s'avère pourtant être des plus intimes… On sent la culpabilité de l’autrice pour son manque de présence auprès de celle qui l’a élevée et, peut-être, un désir de se racheter à travers ce roman. Néanmoins, le ton reste distant et manque de tendresse et de sentiments. Seule la relation de la mère avec le père a su m’atteindre et me toucher. En dehors de ça, j’ai l'impression d'être complètement passée à côté de ma lecture, dommage!
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un court roman de 140 pages dans lequel l'autrice brosse une galerie de portraits de femmes japonaises, exilées aux Etats-Unis, dans un contexte historique particulier, aux prémices de la seconde guerre mondiale.

Julie Ostuka donne voix à ces femmes, jeunes ou moins jeunes, auxquelles on a promis un mari de la même nationalité, aux Etats-Unis.

Plus ou moins volontaires, elles ont chacune leur raison d'accepter cet arrangement. Aînée d'une nombreuse fratrie, issues de la campagne ou de la pauvreté, pour la plupart de ces postulantes, le mari aux Etats-Unis est la seule possibilité.

Avec une certaine pudeur, l'autrice raconte la traversée en bateau jusqu'à la terre promise, la désillusion lors de la rencontre avec l'époux, souvent peu conforme aux lettres envoyées.

Ces Japonais sont, la plupart du temps, employés par de riches familles en tant qu'ouvriers agricoles.

Le choc est rude pour ces jeunes femmes. Incapables de communiquer en Anglais, recluses dans leur logement ou embauchées comme femme de ménage pour les plus chanceuses, la lente acclimatation est très difficile.

J'ai aimé le style de l'autrice, sans condescendance. Le point de vue adopté est également un plus. On ne suit personne en particulier et tout le monde en général.

C'est pour moi le point fort du récit. Une multitude d'expériences se déroulent sous nos yeux, certaines plaisantes d'autres difficiles voir tragique.

Ces immigrées sont comme une fourmilière que nous suivons dans leur construction du nid familial, des premiers enfants et de la recherche d'un travail, sous le regard perplexe des Américains.

Le fossé entre les différentes cultures apparaît comme un gouffre qui ne permet pas à ces deux civilisations de se comprendre.

Les premières persécutions liées aux remous de la seconde guerre mondiale sont très bien introduites jusqu'à la toute fin, loin d'être manichéenne.

Un bon récit sur la mémoire de ces exilées, émouvant et efficace.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Je vous passe le résumé... des 500 et quelques critiques déjà postées avant la mienne, je ne saurai quoi dire de plus. J'ai trouvé cette histoire de femmes japonaises exilées vers l'Amérique, sous promesse de grands amours, de conditions de vie améliorées, de nouveaux départs très dérangeante, troublante, révoltante et émouvante... De lire ainsi des milliers de destins brisés et de rêves déchus m'a profondément émue. De la traversée dans la calle d'un navire, jusqu'à la deuxième génération d’immigré, Otsuka nous fait le récit d'un pan de l'Histoire très sombre et noir... Avec une écriture qui marque l'esprit, ce récit me restera bien longtemps en tête !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Une très agréable surprise, autant dans le sujet que dans l'écriture et la traduction.



La puissance du titre prendra toute son ampleur au fil du récit pour montrer l'évolution de ces femmes déracinées, déracinées pour leur "docilité" provenant de leur éducation, de leur culture. L'évolution de leur immersion ne se fera pas sans peine, mais l'auteure a su décrire cette adaptation avec beaucoup de dignité.



Le livre est décomposé en chapitres très clairs, qui chacun décrit à la perfection l'évolution et le ressentie de ces femmes japonaises. Leur robustesse mentale et physique est bien mise en exergue avec force. La société américaine est mise à défaut grâce à la neutralité de Julie Otsuka. En se contentant de raconter les faits, le lecteur est amené à porter son propre jugement.



Un livre dont il est impossible de rester insensible. Il est sans plainte, juste un témoignage nécessaire pour rendre hommage à toutes ces femmes victimes de la recherche d'une herbe plus verte ailleurs.
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Quand l'empereur était un dieu

Pendant la seconde guerre mondiale, et plus précisément juste après l'attaque de Pearl Harbor, les Américains d'origine japonaise ont été regroupés et retenus prisonniers dans des camps. C'est ce fait historique méconnu que raconte ici Julie Otsuka.



Très court et assez lent, le récit est empli de pudeur et de détachement, comme d'autres romans japonais contemporains tels les séries d'Aki Shimazaki. Ainsi, les trois héros, la mère, le fils et la fille ne sont jamais appelés par leur prénom ou décrits dans leurs particularités physiques ou leur personnalité. On a juste des faits, leur âge, leurs actions, leurs paroles.



Pour impersonnel qu'il puisse paraître, ce livre n'est pas dénué d'émotion : on sent la force tranquille de la mère au début, son désespoir dans le camp, l'ennui et le sentiment d'injustice du petit garçon, la révolte et la volonté de vivre de la jeune fille... La souffrance du père aussi, enfermé dans un autre camp, plus dur, réservé aux 'traîtres'.



Une jolie découverte faite dans le cadre du Challenge Petits Plaisir (3/xx)
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Certaines n'avaient jamais vu la mer sont ces femmes japonaises, le plus souvent d'origine modeste qui au début du 20 ème siècle ont quitté le Japon pour s'installer en Amérique.

Elles embarquent donc très jeunes pour rejoindre un futur époux lui aussi japonais uniquement vu en photographie pour vivre, croient-elles, une existence heureuse dans ce nouvel eldorado : "Nous voilà en Amérique, nous dirions-nous, il n'y a pas à s'inquiéter. Et nous aurions tort."

Par une écriture sensible et à la fois acérée, Julie Otsuka porte douloureusement témoignage de celles trahies par un époux qui n'est pas ce qu'il prétendait être, contraintes de travailler durement dans les champs ou domestiques ayant à subir le racisme des familles blanches.

L'utilisation répétitive du "nous" est la voix collective de toutes ces femmes aux parcours multiples mais au devenir semblable. Leur vie est en suspens comme le démontre l'emploi du conditionnel "Quand nous aurions mis de côté assez d'argent pour aider nos parents à mener une vie plus confortable, nous retournerions au Japon.... Nos mères seraient assises auprès du puit... "Ma petite fille, nous diraient-elles, où donc étais-tu passée ?".

Ces femmes devenues mères à leur tour voient le dernier lien qui les rattache au Japon s'effondrer quand leurs enfants rejetteront les rites ancestraux pour vivre pleinement à la mode américaine et "surtout ils avaient honte de nous". La guerre scellera leur oubli.



Si vous avez aimé ce roman très singulier, n'hésitez pas à découvrir le premier ouvrage de Julie Otsuka "Quand l'empereur était un Dieu". Ce roman comme "certaines n'avaient jamais vu la mer" rend vie aux immigrants japonais et leurs descendances qui font partie intégrante de l'histoire des Etats-Unis.

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