J'avais beaucoup entendu parler de ce roman, mais, et c'est là quelque chose de paradoxal, j'étais incapable de dire de quoi il parlait exactement. Je croyais me souvenir qu'il avait trait à l'Asie, mais c'était flou, très flou... Son peu de pages m'a encouragée à me plonger dedans, mais j'étais loin d'imaginer que ça allait être une telle claque littéraire.
Certaines n'avaient jamais vu la mer évoque effectivement l'Asie, le Japon plus précieusement. Enfin pour être encore plus précise, le récit s'attarde sur l'émigration japonaise aux Etats-Unis.
Ces centaines de femmes, chargées de leur histoire, de leur culture, embarquent pour ce qu'elles pensent être le paradis. Leurs futurs maris les attendent sur la terre de tous les possibles et elles grimpent sur le bateau le coeur battant. Leur mari est beau, il est riche. Il leur a d'ailleurs envoyé une photo.
– Regarde, c'est celui-là, vois comme il a fière allure !
– Il a l'air petit, non ?
– Tu crois ?
– On ne voit pas bien, il est assis. Mais même s'il est petit, ce n'est pas grave, il a un beau costume et un visage plein de caractère. Et il a un bon travail.
– Ah bon ?
– Mais oui, regarde sa lettre. Tu as vu comme il écrit bien ? Il est négociant.
L'enthousiasme les porte. La peur aussi. L'illusion. La crainte de l'inconnu. Certaines n'arrivent pas à se réjouir. Elles sont tombées amoureuses pendant la traversée. Leur kimono et leurs petits pas ont séduit un marin qui leur promet amour éternel. Qui ne durera que le temps d'un océan.
Et puis le bateau arrive au port, la réalité les rattrape. Adieu bel amour, bonjour vieux mari qui ne correspond pas du tout au portrait qu'elles avaient reçu.
Le récit suit le destin de ces femmes parties à l'aveugle. Elles n'ont pas de nom, elles ont tous les noms. Il ne s'attarde sur aucune en particulier. Elles sont multitude, les visages se superposent.
Certaines vont trouver l'amour, d'autre ne rencontreront que la désillusion, la résignation. Elles travailleront dur, parfois en silence, parfois en criant, Elles auront des enfants, qui s’éloigneront de leur pas et adopteront d'autres noms. Et parce qu'il en est toujours ainsi, la réalité les rattrapera une fois de plus sous la forme de la guerre.
De nouveau la peur, l'angoisse. L'absence, le vide.
Inutile de dire combien j'ai aimé ce récit. C'est un roman qui restera dans ma mémoire, dans mon coeur, dans mes tripes. Ces femmes m'ont touchée, m'ont émue, les mots m'ont bercée. Les mots sont empreints d'une certaine poésie, ces répétitions, ce faux rythme qui se crée parfois, et sans m'en rendre compte, j'ai dévoré les paragraphes les uns après les autres. Et à la fin, n'est resté que le vide. Celui d'avoir lu le dernier mot, d'avoir tourné la dernière page, d'avoir dû dire au revoir, adieu, merci, à ces femmes.
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