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Critiques de Julie Otsuka (925)
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

A la fois histoire universelle et unique, "Certaines n'avaient jamais vu la mer" retrace de nombreux parcours de femmes japonaises ayant émigré au début du XXe siècle en Californie, pour se marier avec des japonais sur place. Fuyant la misère, elles espèrent y trouver un quotidien plus heureux, mais leurs époux ne vivent pour la plupart pas le rêve américain mais plus la discrimination d'être l'étranger. Désillusions, soumissions, injustices et xénophobie sont au cœur de ce roman joliment écrit, tout en sensibilité, mais aussi sans équivoque sur les conditions de vie de ces femmes.

J'ignorais il y a encore quelques mois le sort des émigrés japonais aux Etats Unis pendant la première partie du XXe siècle et notamment pendant la seconde guerre mondiale, ce roman est donc un complément historique très enrichissant aux Indésirables qui apporte aussi un éclairage sur cette période.

Rapide à lire, mais d'une belle intensité, je conseille vivement ce roman passionnant.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

En sandales à semelles de bois et kimonos des filles et femmes japonaises embarquent pour aller se marier aux États-Unis. "Certaines n'avaient jamais vu la mer" comme le dit ce très beau titre de Julie Otsuka, roman auréolé du prix Fémina étranger 2012.

La devise de ces japonaises exilées est d'être fidèles à leur destin car la famille leur présente ce voyage comme une chance. Leurs mères ne veulent pas qu'elles restent accroupies dans les champs et la tête baissée toute leur vie.

Elles ont reçu photos et lettres de leurs futurs maris qui leur promettent une belle vie. Mais dès l'arrivée c'est la déception. Violées, exploitées, elles doivent se soumettre. Et c'est trop tard, le retour en arrière n'est pas possible.

Et puis la vie passe, il faut travailler, s'adapter à un nouveau pays sans maîtriser la langue. Des enfants naissent sur le sol américain dans les communautés japonaises. Les immigrés ne sont plus les bienvenus quand la guerre éclate et ils se soumettent quand on les oblige à retourner au Japon.

C'est un beau livre sur l'immigration et le sort des femmes japonaises aux États-Unis au début du 20ème siècle. Il est assez original puisque il n'y a pas de personnalisation des héroïnes. le témoignage prend la forme d'une énumération de toutes les situations possibles quand il y a un événement, à la ville où à la campagne. Ce côté documentaire et intemporel peut créer une certaine distance avec les faits mais j'ai trouvé qu'il donnait une grande intensité à ce roman.



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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un pan d’histoire que je découvre totalement, encore une découverte enrichissante.

Les deux pays concernés le Japon et l’Amérique le pays le plus convoité à ce siècle de notre roman. Cela se passe entre les deux guerres mondiales.

Au Japon, la richesse n’est le pain quotidien des habitants, les filles deviennent des fardeaux pour leur famille.

Dans l’espoir de les marier avec des Japonais déjà en Amérique, les jeunes filles choisissent des maris sur photos et annonces bien sûr largement mensongères. Pour elles, c’est un avenir nouveau qui se pointe à l’horizon, des rêves d’une vie meilleure, la chance d’aider leur famille. Pour certaines, elles n’étaient que des enfants âgées de 12 ans pour la plus jeune du récit, toutes innocentes ou presque, quelques jeunes filles ont déjà connu les choses de la vie dirons nous.

Alors commence un grand voyage, toutes entassées sur un bateau pour une traversée pas très agréable, on se doute bien que ce n’est pas une croisière de plaisance. Durant ce long voyage, c’est aussi le temps d’un déchirement, d’un questionnement sans fin, et aussi les prémices d’un apprentissage par les conseils des plus âgées aux petites jeunettes.

Ce sont de longs jours de navigation, chargés de pleurs, de peurs, d’amour aussi, de mort pour enfin arriver sur leur nouvelle terre d’accueil. Sur le port, leur mari les attendent, de pied ferme, et pas de préliminaires, leur jeune épouse doivent remplir leur rôle primaire à savoir l’accouplement pur et simple tel des bêtes dès leur première nuit. Le rêve effleuré devient vite un véritable cauchemar. Femme soumise, femme esclave de leur mari, de leur patron, femme objet, femme prostituée… voilà le grand rêve américain pour toutes ces petites japonaises naïves qui ne rêvaient que d’amour et d’un mari pour les aider.



La vie continue, bien des déboires pour ces réfugiées, elles fondent tant bien que mal une famille, s’installent sur des terres, et finissent par former une communauté qui se soutient.

Quand arrive la 2ème guerre mondiale, et bien sûr vous vous doutez bien que des japonais sur la terre ennemie, ça ne va pas du tout.

Chose que j’ignorais totalement puisqu’en France on nous rabâche en long et en large la 2ème guerre mondiale comme si elle n’avait eu lieu qu’en France, pourtant mondiale ce n’est pas nationale, les japonais ont été persécutés, chassés, exterminés (je l’avance car ce n’est pas dit clairement dans le livre mais on le suppose, puisqu’ils ne sont jamais revenus).

Les américains qui côtoyaient cette communauté japonaise, s’en est préoccupée un temps, un peu tard pour finir par les oublier.



Un roman qui m’a quelque peu déstabilisée par cette forme de narration « nous », le style est haché, mais le sujet est intéressant et peu évoqué par ailleurs et qui me donne cette envie d’approfondir ce cas mal connu par nous européen.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Au début du XXème siècle, des milliers de Japonaises quittent leur pays direction l'Amérique dans l'espoir d'une vie meilleure.



Je ne connaissais pas du tout cet épisode de l'histoire du XXème siècle et ça a vraiment été une découverte. Ce livre est d'une grande tristesse et on compatit forcément avec le destins de ces femmes à qui l'on avait promis un mari aimant et une vie facile. Elles vont malheureusement aller de désillusions en désillusions : le mari ne ressemble pas du tout au prince charmant et elles vont enchainer les heures de travail pour un maigre salaire. A cela va s'ajouter la vie difficile et les nombreuses maternités qui vont encore plus compliquer les choses pour la plupart d'entre elles.

Un livre très triste et qui n'est malheureusement pas si éloigné (dans certaines aspects) de ce que connaissent les migrants d'aujourd'hui.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Au début du 20e siècle, des Japonaises quittent leur pays pour rejoindre leurs fiancés en Amérique. Elles ne connaissent de ces hommes que des photos et quelques lettres. Toutes espèrent trouver une vie meilleure auprès d’époux qui ont réussi sur le nouveau continent. « Sur le bateau, nous étions dans l’ensemble des jeunes filles accomplies, persuadées que nous ferions de bonnes épouses. » (p. 14) Après une éprouvante traversée, les fiancées découvrent leur promis. Au terme de la première nuit qui scelle les couples et les destins, beaucoup d’espoirs et de promesses se seront envolés. « En secret, nous espérions toutes être sauvées. » (p. 41)



Toutes ces femmes immigrées découvrent une vie plus misérable que celle qu’elles ont laissée. Elles triment dans les champs ou s’humilient au service des Américains. Il est leur difficile de s’intégrer dans ce pays si différent. « L’une des nôtres les rendait responsables de tout et souhaitait qu’ils meurent. L’une des nôtres les rendait responsables de tout et souhaitait mourir. D’autres apprenaient à vivre sans penser à eux. » (p. 47) Dans les lettres qu’elles envoient à leurs mères et à leurs proches, la plume est honteuse. Que faut-il dire ? Que faut-il taire ? Faut-il mentir et enjoliver des existences qui ne ressemblent pas aux promesses qu’elles ont aveuglément suivies ?



Ces femmes, souvent négligées par leur époux, goutent une autre douleur quand leurs enfants s’éloignent de la culture de leurs ancêtres et font tout pour être assimilés. Hélas, la guerre viendra balayer tous les efforts. Les Japonais sont les ennemis, qu’ils soient ou non nés sur le sol américain. L’exode reprend pour ne jamais finir, ou tragiquement. Le bateau de tous les espoirs n’était finalement qu’une barque de Charon qui emmenait ces femmes et leurs avenirs dans une traversée vers une rive dont on ne revient pas.



La particularité de ce roman est sa narration. C’est un « nous » qui porte tout le récit. On ne s’attache à aucun destin particulier, mais on entraperçoit des bribes d’existences. Ce roman choral exprime une douleur commune. Hélas, la troublante mélopée devient peu à peu litanie et généralité. Enfin, le titre est français est terriblement réducteur et ne traduit que les premières pages. Le titre original est bien plus explicite : The Buddha in the Attic évoque une culture qui recule, que l’on relègue dans l’oubli ou dans la honte. Finalement, ce roman est un bel hommage à des milliers de destins sacrifiés, mais j’ai quelques réserves sur sa forme.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Je n'ignorais pas cet épisode d'incarcération de la communauté japonaise aux USA durant la seconde guerre mondiale.

Je me sais assez critique avec l'histoire de ce pays mais qui se souvient de la xénophobie ridicule dont furent victimes les Asiatiques de France aux débuts de la pandémie Covid19 reconnaitra que les Américains n'ont pas le monopole de la paranoïa.



Le livre permet de vivre de l'intérieur mille vies, mille variantes, mille destinées parallèles de ces femmes ayant quitté leur pays bercées d'illusions.

Plus que la description des conditions de "l'accueil", de l'exploitation de la main d'oeuvre immigrée, c'est la manière dont la mentalité japonaise appréhende ces épreuves qui m'a passionné ici.



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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Vu le nombre de critiques, je pense que tout a été dit, alors c’est juste pour le plaisir de vous faire partager mes impressions.



Quel réalisme ! L’auteur a visiblement approfondi ses recherches sur ses femmes venues aux Etats-Unis dans l’espoir de trouver un mari et de fonder une foyer.

Un livre écrit à la manière d’un journal intime à plusieurs voix pour nous raconter les désillusions d’une vie passée loin de leur pays d’origine, le Japon, loin de leurs racines, de leurs traditions. Julie Otsuka emploie la première personne du pluriel pour écrire son roman. Pour moi cela accentue le côté réel, car ce n’est pas seulement une femme qui était dans cette situation mais beaucoup plus.

Ce court roman est d’une telle intensité qu’il laisse sans voix.



A la manière de… juste en toute modestie.

J’aime l’intensité que créer ce de style d’écriture poétique. Je suis émue, sensible, j’admire la force de ces femmes d’accepter leur destins : se résigner à une vie de labeur sans aucune reconnaissance. J’aime…

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un grand texte, assurément, et très littéraire. Trop peut-être ? Ce "nous" employé tout au long du récit, qui martèle le texte comme un orchestre de gamelan est à la fois partie prenante du récit en ce sens qu'il représente une voix qui parle au nom de tous et en même temps assez impersonnel, une sorte de "on" qui ne dit pas son nom et j'en ai ressenti une impression de malaise quelque part. On sent une volonté de cibler toutes les trajectoires, tous les drames et toutes les difficultés de ces japonaises à marier à qui on avait promis monts et merveilles aux Etats-Unis, et en même tout cela ne reste qu'un survol,dans un style qui mélange tragédie antique et documentaire. L'opposition entre deux cultures apparaît comme en filigrane, soulevant des questions trop vite écartées. Bref, c'est un livre que j'ai lu avec beaucoup de plaisir, qui m'a permis de découvrir une histoire peu connue ainsi que la situation des japonais au moment de la seconde guerre mondiale. Et je me suis laissée prendre au jeu du rythme des phrases et d'une belle écriture comme on n'en rencontre pas tous les jours. Mais justement ce texte m'a laissée un peu sur ma faim, comme si le style comptait plus que le récit.

Dommage pour l'Histoire en général et l'histoire en particulier.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Que de force et d'émotion dans ce tout petit livre ! Le style m'a emportée, étonnée, subjuguée... L'auteure nous entraine dans le quotidien de ces femmes japonaises anonymes, oubliées. Elles forment un groupe soudé et passionnant que l'on prend plaisir à connaître, que l'on a envie de soutenir voire de sauver.

Ce roman est un petit bijou à l'écriture incisive, juste et touchante, je ne saurai trop vous conseiller de le lire à votre tour !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un très beau livre sur les Japonais qui ont immigrés aux Etats-Unis au début du 20ème siècle !

Un véritable coup de coeur !



Tout commence par une traversée : des japonaises quittent tout ce qu'elles connaissent pour un inconnu se trouvant de l'autre côté du Pacifique.

Mais elles vont vite déchanter : les beaux inconnus des photos envoyés ne sont pas ceux qu'ils sont réellement et la vie rêvée qui les a attirées ne l'est pas non plus.

Une nouvelle vie débute donc pour ces femmes : trimer dans les champs, nettoyer les maisons des autres, entretenir les jardins des autres...

Elles nous touchent à nous raconter leurs misères, leurs espoirs mais aussi leur désillusion...

Les Américains qui les voient comme une "bonne race de travailleurs" face aux Chinois, aux Mexicains ou encore aux Philippins...



L'histoire continue avec leurs enfants, la joie qu'ils apportent mais aussi son lot de malheurs.

Je ne suis pas une grand sensible mais de nombreux passages m'ont touchée que ça soit la perte de certains enfants, le reniement de leur culture pour intégrer celle de l'Amérique...



Puis, arrivent les CAMPS de travail.

Les Américains en parlent peu voire pas du tout. J'en avais jamais entendu parler avant mes études de Japonais...

Julie Otsuka nous parle de ces camps justement où les Japonais se sont volatilisés.

Quelques personnes par-ci, par-là...

Des fermes isolées...

Puis des quartiers entiers qui ont vu leurs Japonais disparaître par une nuit...



La deuxième guerre mondiale n'a épargné personne... Tout le monde a son lot de crimes.

Certains sont bien obligés d'en parler chaque année... D'autres se murent dans le silence et font comme si rien ne s'était jamais produit.

La fin de ce livre m'a juste glacée !



Je le conseille vivement à tout le monde !

Un livre qui se vit plus qui ne se lit !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un petit livre court mais un style étonnant, une narration collective, intéressante, faite d’une multitude voix mêlées les unes aux autres. Toutes ces femmes asiatiques avec des parcours, des caractères, des idées différentes parlent d’une seule et même voix, c’est un peuple qui s’exprime. Une performance littéraire. On se demande ce qu’elles sont devenues en fin de roman et restons sur notre faim tant nous aimerions partager encore un peu de leurs vies. Une envie folle de se documenter pour les chercher, de continuer à marcher derrière leurs traces.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Au début du XXème siècle, une nombreuse population de femmes japonaises émigre aux Etats-Unis pour rejoindre des maris qu’elles ne connaissent pas.

Mais l’arrivée est rude. Les soi-disant maris riches sont de pauvres bougres, et l’Amérique n’est pas l’Eldorado qu’elles espéraient.

Bafouées, malmenées, elles survivent tant bien que mal en trimant comme des forcenées.

Et puis la guerre survient, et toute cette population japonaise devenue indésirable disparait. Mais que sont-ils devenus ?

Toutes les histoires de ces femmes sont menées dans le même récit, dans les mêmes phrases. Loin d’embrouiller le lecteur, cela crée une musique, une ballade, dans lesquelles on les voit vivre.

Se mêlent les espoirs et les désillusions, les durs travaux des champs et les emplois citadins, les naissances des enfants, les maladies et les morts.

L’emploi du « nous » réunit toutes ces destinées tragiques en une belle histoire, lancinante et triste.

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Quand l'empereur était un dieu

En 1942, après avoir lu un ordre d'évacuation,une femme, sa fille et son fils préparent leur départ. On ne connaît pas leur nom, on sait seulement que chacun met dans sa valise ce qu'il est capable de porter et qu'il n'y a pas de place pour le chien.

Ils prennent le train et la passage à travers les villes est dangereux. Et , on devine que ce sont des japonais qui vont vers un camp.

"Quand l'empereur était un dieu" est un très beau livre de Julie Otsuka qui raconte le sort des américains d'origine japonaise durant la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Voici une très belle lecture, le titre m'avait séduit mais je ne connaissais pas le contenu avant de l'entamer. Je ne vais sans doute rien dire de neuf après plus de 600 critiques mais j'ai tout de même envie de vous en parler.

Julie Otsuka nous offre un panorama d'une population, celle de femmes japonaises tentant la traversée pour venir vivre en Amérique. Mais la façon dont elle s'y prend est très originale, on assiste à un concert de voix, un cœur où chacune de ces femmes livrera tour à tour sa partie d'histoire, ses joies, ses peines, ses désillusions, son quotidien. Un récit tout en mosaïque où les faits, les sentiments se succèdent en une vague qui nous emporte avec elle. Cette manière d'écrire, unique, m'a enchanté, un roman qui se dévore et qui nous montre la dureté de quitter un pays, une culture, pour l'inconnu dont il faudra s'accommoder coûte que coûte.

Julie Otsuka m'a également appris une partie de l'histoire de ces Nippo-Américains que j'ignorais totalement, l'internement en camp de ces populations soupçonnées de possible sympathie envers la nation japonaise au cours de la seconde guerre mondiale, plus de 110000 personnes qui ne seront libérées qu'à la fin du conflit. Ça m'a donné envie de creuser le sujet et d'en apprendre un peu plus.

Voilà donc un livre étonnant, émouvant, dur par moments, poétique par instants, instructif, un roman que vous ne devriez pas oublier de sitôt et qui rend un bel hommage à toutes ces voyageuses oubliées.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'avais beaucoup entendu parler de ce roman, mais, et c'est là quelque chose de paradoxal, j'étais incapable de dire de quoi il parlait exactement. Je croyais me souvenir qu'il avait trait à l'Asie, mais c'était flou, très flou... Son peu de pages m'a encouragée à me plonger dedans, mais j'étais loin d'imaginer que ça allait être une telle claque littéraire.



Certaines n'avaient jamais vu la mer évoque effectivement l'Asie, le Japon plus précieusement. Enfin pour être encore plus précise, le récit s'attarde sur l'émigration japonaise aux Etats-Unis.



Ces centaines de femmes, chargées de leur histoire, de leur culture, embarquent pour ce qu'elles pensent être le paradis. Leurs futurs maris les attendent sur la terre de tous les possibles et elles grimpent sur le bateau le coeur battant. Leur mari est beau, il est riche. Il leur a d'ailleurs envoyé une photo.



– Regarde, c'est celui-là, vois comme il a fière allure !

– Il a l'air petit, non ?

– Tu crois ?

– On ne voit pas bien, il est assis. Mais même s'il est petit, ce n'est pas grave, il a un beau costume et un visage plein de caractère. Et il a un bon travail.

– Ah bon ?

– Mais oui, regarde sa lettre. Tu as vu comme il écrit bien ? Il est négociant.



L'enthousiasme les porte. La peur aussi. L'illusion. La crainte de l'inconnu. Certaines n'arrivent pas à se réjouir. Elles sont tombées amoureuses pendant la traversée. Leur kimono et leurs petits pas ont séduit un marin qui leur promet amour éternel. Qui ne durera que le temps d'un océan.



Et puis le bateau arrive au port, la réalité les rattrape. Adieu bel amour, bonjour vieux mari qui ne correspond pas du tout au portrait qu'elles avaient reçu.



Le récit suit le destin de ces femmes parties à l'aveugle. Elles n'ont pas de nom, elles ont tous les noms. Il ne s'attarde sur aucune en particulier. Elles sont multitude, les visages se superposent.



Certaines vont trouver l'amour, d'autre ne rencontreront que la désillusion, la résignation. Elles travailleront dur, parfois en silence, parfois en criant, Elles auront des enfants, qui s’éloigneront de leur pas et adopteront d'autres noms. Et parce qu'il en est toujours ainsi, la réalité les rattrapera une fois de plus sous la forme de la guerre.



De nouveau la peur, l'angoisse. L'absence, le vide.





Inutile de dire combien j'ai aimé ce récit. C'est un roman qui restera dans ma mémoire, dans mon coeur, dans mes tripes. Ces femmes m'ont touchée, m'ont émue, les mots m'ont bercée. Les mots sont empreints d'une certaine poésie, ces répétitions, ce faux rythme qui se crée parfois, et sans m'en rendre compte, j'ai dévoré les paragraphes les uns après les autres. Et à la fin, n'est resté que le vide. Celui d'avoir lu le dernier mot, d'avoir tourné la dernière page, d'avoir dû dire au revoir, adieu, merci, à ces femmes.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

De jeunes Japonaises embarquent pour l'Amérique au début du XXème siècle. Elles ont épousé par correspondance des hommes dont elles contemplent les photos : beaux, jeunes, riches.

La traversée du Pacifique se révèle être un enfer : « nous dormions en bas, à l'entrepont, espace noir et crasseux. Nos lits consistaient en d'étroites couchettes de métal empilées les unes sur les autres, aux rudes matelas trop fins, jaunis par des taches d'autres voyages, d'autres vies. »

Et puis, c'est l'arrivée à San Fransisco : «  en voyant notre mari pour la première fois, nous n'avions aucune idée de qui il était. Que ces hommes massés aux casquettes en tricot, aux manteaux noirs miteux qui nous attendaient sur le quai, ne ressemblaient en rien aux beaux jeunes gens des photographies. »

Le roman écrit à la première personne du pluriel, mélange toutes les personnalités pour ne plus former qu'un chœur, dont émergent des voix distinctes, redonnant une identité à chacune.

Il est bâti comme une courbe, ascendante d'abord : arrivée des Japonaises, installation, travail, enfants, décroissante ensuite : annonce de la guerre, rumeurs, départs,déportations, anéantissement.

Le lecteur est entraîné au centre d'un vertige musical, sombre, triste, mais où luisent, ici et là,quelques éclats : un espoir, un bonheur.

J'ai été complètement happée par cet univers avec l'impression très surprenante d'entendre en même temps un tourbillon de voix et de capter très distinctement les cris et les rêves de chaque femme en particulier.

C'était très beau, très touchant, très prenant. Cela m'a beaucoup plu. J'ai adoré.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Le titre de ce roman évoque déjà une certaine poésie… Ce sont les voix de milliers (dizaines de milliers ?) de femmes japonaises qui s’élèvent pour racontent leurs histoires, leurs départs en bateau vers l’inconnu, un nouvel pays, l’amour, le bonheur.

Des hommes qu’elles n’ont jamais vu mais des promesses pressenties. Des voix qui se mélangent, jeunes ou moins jeunes, impatientes, craintives. Des maris qui ne sont pas ceux attendues, le travail dans les champs, les voisins, l’Amérique… Et puis, le temps passe, des joies, des peines, des enfants. J’avais l’impression d’entendre les voix des japonaises me raconter leur vie. Très touchant, les vies de ces immigrées narrées par ces femmes. Ces vies qui vont et viennent et laissent une absence et un silence choquants. J’ai aimé être emportée par leurs histoires, tristes des réactions de peur, de colère avec la Seconde Guerre Mondiale battant son plein en Europe puis plus proche. Quelle injustice, ces décisions envers ce peuple ! Un livre qui m’a ému, touché par sa douceur et son message si fort. Je tenterai peut-être de relire Quand l’empereur était un dieu, je l’apprécierai sans doute mieux après la lumière de celui-ci.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

De jeunes Japonaises sont envoyées aux états-unis au début du XXè siècle pour se marier. Elles n'ont jamais recontré leur mari : lettres et photos sont tout ce qu'elles savent d'eux. Elles se rendront vite à l'évidence : tout ne fut que mensonge.

Otsuka nous livre un roman collectif, toutes ces femmes flouées, battues, violées parfois ne formant qu'une seule et grande communauté de souffrances et de dignité. Ce "nous" qui revient sans cesse, cette planche de salut pour elles, est hypnotique ; il happe et oblige à tourner la page. Il y a de la colère mais aussi de l'admiration pour ces femmes qui se sont accrochées à la vie comme elles pouvaient, même dans les bordels.

Et alors qu'enfin elles arrivent à approcher de leur but, une vie plus facile, la guerre.

Un très beau roman, plus fort encore que Quand l'empereur était un dieu. Irréprochable dans le fond et la forme.
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La ligne de nage

La piscine est un petit monde d’habitués. Lorsqu’une fissure apparaît au fond du bassin, la communauté est déstabilisée. Un court roman en trois parties qui entraînent chacune le lecteur dans une atmosphère différente, joyeuse, satirique ou dramatique, mais toujours sensible et très bien observée. On peut cependant regretter qu’elles soient plus juxtaposées qu’imbriquées, ce qui fait perdre une certaine cohérence à l’ensemble, malgré les liens symboliques entre elles.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Elles avaient toutes tant espérer de leur nouvelle vie en Amérique et avaient imaginer des maris attentionnés, gentils et fortunés, du moins d'un milieu assez aisé pour leur permettre une nouvelle et belle vie.



Ce sont des clameurs terribles de souffrances, de douleurs, de labeurs, et d'humiliations nombreuses qui vont jalonner leurs misérables vies d'exilées.



L'auteure va racontée tout cela d'une voix puissante et incantatoire avec toujours plus de douleurs qui s'ajoutent au fil du temps et pour finir le départ forcé et l'oubli.



Un livre très intéressant mais terriblement douloureux et cependant sublime.







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