Replay n’est pas un livre. C’est une expérience émotionnelle et humaine. Ken Grimwood n’est pas un simple auteur, c’est un magicien qui, à travers son seul roman publié en français, a créé une alchimie inédite et toujours inégalée depuis sa sortie.
Comme pour beaucoup de lecteurs, ce roman fait partie de ce cercle très restreint des livres inoubliables. Pour ma part, j’irai même plus loin : s’il ne devait en rester qu’un, ce serait ce livre là.
Ce n’est pas une simple histoire. Replay est une invitation au voyage (dans le temps, l’espace et l’âme) et une expédition à la recherche du sens de la vie. Une quête de sens qui s’apparente même à un pèlerinage me concernant, puisque j’écris cette chronique à la suite de ce qui doit être ma cinquième relecture. Six lectures en 27 ans, une expérience à chaque fois différente selon mon propre vécu.
Jeff, le personnage principal, va donc se voir « proposer » l’occasion de revivre sa vie plusieurs fois, à partir de son adolescence. Une trame qui semble connue, mais qui est traitée de manière totalement originale (et puis le roman date de 1986, à l’époque il faisait figure de précurseur. il a été maintes fois copié depuis, mais jamais égalé).
Tant de questionnements vont apparaître durant ces vies revécues. Cet espoir de pouvoir améliorer les choses en se basant sur l’expérience du (des) passé(s), cette recherche de ce qui est réellement important dans une existence, ces douleurs quand on ne sait que faire quand on a tout eu et tout perdu, ces risques qui peuvent tout faire basculer…
La trame SF n’est clairement que le prétexte à un vrai questionnement sur le sens de l’existence. Sur la vie, la mort, l’amour. Sur ce qui compte vraiment. Aucune longueur dans ces vies revécues, tant Ken Grimwood sait se renouveler et proposer une histoire riche, profonde, originale et surprenante.
C’est le roman universel par excellence, qui parlera différemment à chaque lecteur selon ses propres apprentissages de la vie. Tout à l’image du personnage principal qui va tant évoluer au fur et à mesure, passant du sybaritisme à l’ascétisme. Et cet espoir qu’il faut nourrir sans cesse.
Un récit touchant souvent (lecture au bord des larmes, mais jamais larmoyante), révoltant parfois, questionnant toujours, ludique continuellement.
L’écriture de Ken Grimwood est parfaite, à la fois simple, intelligente et pénétrante. La prescience de l’auteur concernant certains chemins que peut prendre le monde est parfois troublante (ou comment sentir dès 1986, date d’écriture du livre, ce qu’est devenu notre présent). Et puis, ce qui ne gâche rien, l’auteur américain semblait être un vrai amoureux de la France, preuves à foison tout au long du roman.
J’aimerais vous dire tant de choses, vous crier encore plus fort mon amour pour les mots de Ken Grimwood, mais mes propos me semblent tous bien fades face à la puissance des émotions que peut procurer cette lecture. Ce livre a changé la vie de pas mal de monde, il n’est rien besoin de rajouter.
Je l’ai lu la première fois quand j’avais vingt ans et il a complètement modifié ma perception du monde et de mon futur. Je l’ai relu à trente ans et il m’a empli de questionnements. Je viens de le relire (largement) passé quarante ans et il m’a fait jeter un regard lucide sur mon passé. Si à cinquante ans tu n’as pas lu Replay, c’est que tu as raté ta vie ;-).
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