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Critiques de Larry McMurtry (473)
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Lonesome Dove, tome 2

Grand fan des westerns spaghetti de la grande époque , j'ai retrouvé ici tous leurs codes emblematiques sur papier glacé et c'etait bon !



Augustus-Gus-McCrae et son comparse Woodrow Call etaient rangers . Las de combattre les comanches , ils ont tout plaqué pour s'installer à Lonesome Dove , petite bourgade paumée du Texas ou les journées étouffantes se suivent et se ressemblent . Survient alors une ancienne connaissance : Jake Spoon , joueur de cartes patenté et dragueur invétéré en fuite apres avoir allongé pour le compte un quidam d'une balle perdue . En deux temps trois mouvements , il se fait fort de les convaincre que le Montana n'attend qu'eux et c'est ainsi qu'apres avoir recruté une équipe plutot heteroclite , nos anciens rangers levent le camp et entament alors un périple de pres de 5000 km comme convoyeurs de bétail . L'aventure avec un H majuscule peu desormais commencer !



Là ou McMurtry fait tres fort , c'est dans cet incroyable climat qu'il instaure ! La psychologie fouillée des personnages associée aux talentueuses descriptions de l'Ouest sauvage nous transportent immédiatement ! Le dépaysement est total !

D'une plume simple et efficace , l'auteur déroule son western chorale ou chaque intervenant y occupe une place de choix . Plusieurs histoires paralleles pour un énorme plaisir de lecture . Tout y est : convoi de bétail et ses risques inhérents , chasse à l'homme , indien revanchard ( l'on pourra regretter leur omniabsence dans ce tome qui devrait etre largement corrigée dans le prochain ! ) , histoire d'amour complexe mais jamais dégoulinante , jeunes cow-boys traçant la piste dans un parcours initiatique...

L'interet de ce récit réside également dans la diversité des personnages . L'on y retrouve forcément le type limite autiste à la Eastwood campé par Call ; le gars à la verve intarissable et carrément j'm'enfoutiste qu'est Gus ; Jake , le mec pas vraiment sympa qu'on finit malgré tout par apprécier ; Lorena , la putain au grand coeur tiraillée dans ses sentiments et bien décidée à changer de vie pour un avenir meilleur ; July , pauvre shériff influençable flanqué d'une épouse qui le déteste et qui se lance à la poursuite de Jake , l'assassin de son frere , plus par devoir que par réelle envie de vengeance...Et la liste est encore longue . Mais l'on s'accapare tres rapidement tous ces intervenants aux psychologies diverses et variées pour les accompagner fidélement dans leur soif de justice , de liberté , d'ailleurs .

Une histoire , aussi prenante soit-elle , ne serait rien sans un habillage à la hauteur . Le paysage-et les nombreux pieges qu'il recéle-est un personnage à part entiere de ce roman . Il porte le récit , le magnifie quand il n'en est pas l'acteur principal à certains moments . Les serpents , la tempete de sable, la chaleur accablante...en sont de parfaits exemples .



Lonesome Dove fleure bon la poussiere , le whisky , l'aventure ! Il ne tient qu'à vous de chevaucher en compagnie de Gus , Call et son inséparable Hell Bitch !

Perso , direction le tome 2 : allez , au triple galop Tripes Au Saindoux , Yeap !! Yeap !!
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Lonesome Dove - Les origines : La Marche du..

La première page, au bord du Rio Grande boueux, campe immédiatement l’esprit western qui va courir sur plus de cinq cents pages bien denses, déroulant deux pitoyables expéditions de rangers lamentablement inexpérimentés à travers le Sud du Texas et le Nouveau Mexique.

La première image fait émerger du fleuve Matilda, une prostituée bien en chair, qui ramène de sa baignade une tortue serpentine pour son petit déjeuner. La douzaine d’hommes qui composent la troupe des Texas Rangers ont la gueule de bois, deux grandes cruches de mescal vides gisent au milieu du campement. Gus et Call, deux jeunes fraîchement enrôlés, s’affairent à seller une jument récalcitrante. Passés de vagabonds à Texas Rangers, ils sont plutôt fiers d’être ici mais ont tout à apprendre. Call est droit, discipliné, prudent et bien plus réaliste que le désinvolte Gus qui n’est préoccupé que par son manque d’argent et son obsession à tenter d’obtenir une passe gratis avec Matilda. Cette dernière, sa présence étant fort peu convenable au beau milieu de ce campement, ne désirait pas moisir au Texas et personne n’a pu la dissuader de partir vers son rêve : ouvrir un joli bordel en Californie. Cette troupe, franchement bigarrée, est menée par un major qui n’en a que le nom et nos jeunes rangers apprendront rapidement à faire face au flou des ordres en situations critiques, celles-ci ne manquant pas au programme.

Nous voilà donc débarqués dans leur campement. Leur première mission vise à ouvrir une route sûre pour que les diligences rallient San Antonio à El Paso. Une aventure qui aurait pu juste revêtir un caractère pittoresque en omettant quelques données d’un vrai western, à savoir les Indiens !

Par une nuit criblée d’éclairs, Buffalo Hump, le plus cruel des Comanches, surgit et mieux vaut ne pas sous-estimer la portée de sa lance à bisons.



Après une petite centaine de pages, nos héros retournent à leur vie d’avant, à San Antonio, l’un chez le forgeron à ferrer des mules et l’autre à contracter des dettes au bordel. Tous deux se décident à se joindre à une seconde expédition qui vise à s’emparer de la ville de Santa Fe, de ses mines d’or et d’argent, en toute simplicité, pensent-ils. Mais les Mexicains sont-ils prêts à céder si facilement leurs biens face à ces Texans si sûrs d’eux ?

Pourtant, leur première mission n’a rien changé à leurs piètres qualités d’hommes de terrain et leur manque d’expérience. Ils n’ont même pas les moyens d’être bien armés, ils n’ont pour seul bien qu’un cheval qu’ils se font ridiculement voler par excès de confiance.

Nous voici donc repartis dans cette vaste étendue de plaines arides, ces prairies qui n’ont rien de bucolique où Buffalo Hump et les siens peuvent surgir de n’importe quel buisson épineux de chaparral. Un nuage serpentant, finissant en tourbillon cyclonique, montre l’un des caprices du temps qui vont jalonner leurs chevauchées plutôt suicidaires.



Cette longue aventure est un mélange de violence, de sauvagerie, d’actes sanglants et pourtant certaines situations relèvent du burlesque. Nous sommes, ici, à l’opposé complet des westerns à la John Wayne, gentils blancs propres sur eux et Indiens bêtes et méchants. Un général est imbibé d’alcool et incapable de s’orienter, le colonel dirigeant sa troupe ignore la distance à parcourir et confond les rivières. Un nombre incalculable d’erreurs coûtent autant de vie. Le manque d’eau et de nourriture viendra se rajouter à la liste des supplices endurés.

Les Indiens, quant à eux, ont l’avantage de la connaissance du terrain, la ruse nécessaire au vol des chevaux, la magie de surgir de nulle part, de tendre des pièges. Leur barbarie finit par en terroriser plus d’un et leur supériorité apparait cruellement évidente.



De petites jalousies puériles se font jour entre Call et Gus mais, dans la pénibilité grandissante de cette aventure et dans les atrocités qui les guettent au moindre faux pas, un besoin de se soutenir dérivera tout doucement vers une amitié durable.

J’ai été touchée par l’humanité qui s’est dégagée de Matilda dans son comportement de plus en plus maternel envers ces pauvres hommes. Elle ne sera pas l'unique force féminine qui traversera ce roman d'aventures car, à la toute fin, une très distinguée Lady Carey fait également preuve de ressources inattendues quand les hommes perdent pied.



Un certain moment, la lassitude des rangers qui, ayant perdu leur monture, marchent longuement dans le désert, a fini par me gagner. Intriguée et emportée par ces chevauchées aventureuses en plein Texas, j’ai fini par trouver ce roman légèrement monocorde. De nombreuses répétitions d’évènements antérieurs rallongent inutilement les phrases, comme si le lecteur avait une mémoire de poisson rouge. Toutefois, j’ai refermé ce livre voilà quelques jours et il continue à occuper mes pensées, je n’arrive pas à obtenir un avis tranché sur ce que j’en retiens. Vais-je tenter l’aventure de retrouver ces héros qui n’en sont pas vraiment dans les tomes suivant ? Je l’ignore encore...

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Lonesome Dove, tome 1

Nous sommes les cowboys de la Hat Creek Company sous les ordres de Call et de Gus, deux vétérans des Texas rangers. Nous vivons à Lonesome Dove, un bled perdu près de la frontière mexicaine. Depuis que Jake est revenu au pays et qu’il nous a parlé de l’herbe verte du Montana, notre chef Call ne rêve que d’une chose : aller voler du bétail et des chevaux au Mexique pour aller les revendre dans le Montana et faire fortune.

Seulement voilà, Jake est un fugitif qui a fui le Montana après avoir accidentellement tué un dentiste, frère du shérif, aussi, ce dernier est à ses trousses. Alors on va monter une expédition pour traverser les États-Unis d’Amérique dans le sens de la largeur avec quelques cowboys aguerris, quelques jeunes sans expérience, on embarquera aussi Jake et Lorena, la prostituée du saloon ainsi que le pianiste car s’il n’y a plus de putain au saloon, il y a peu de chances qu’on y ait besoin d’un pianiste.

Il nous faudra aussi un cuisinier car Gus ne sait faire que des biscuits et notre cuisinier actuel ne nous fait manger que des serpents à sonnettes qui paraît-il ont quelques propriétés gastronomiques. .Ah, ne pas oublier le whiskey, des lassos, des armes à feu, de la mélasse et des haricots rouges. La plupart d’entre nous ont fréquenté Lorena et sont tombés amoureux d’elle mais depuis que Jake a ses faveurs, cela risque de ne pas toujours bien se passer entre nous. Et puis, tiens, on prendra aussi les deux irlandais qu’on a trouvés perdus dans le désert texan et qui ne savent même pas monter à cheval, et puis les deux cochons, on ne va pas les laisser à Lonesome Dove. Si on arrivait jusqu’à Yellowstone, ce serait déjà pas si mal…



Voilà, le décor est planté. Il ne reste plus qu’à suivre les péripéties du voyage.



Coup de cœur absolu ! Hâte de lire le tome 2.

Gallmeister, quand tu nous tiens…

Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Totem.

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La dernière séance

A Thalia, petit bourg paumé au nord du Texas, la seule chose qui compte quand on est un lycéen en dernière année, c'est bien sûr de décrocher son diplôme... Nan je déconne. En tout cas pour Sonny et Duane, la seule chose qui a de l'importance c'est la séance du samedi soir à l'unique petit cinéma du coin, pas tant pour le film que pour l'endroit en lui-même où dans l'obscurité bénite du lieu on peut espérer embrasser, tripoter, gagner du terrain dans le jean et sous le chemisier de petites amies en titre sans se faire mettre les tripes au soleil par les pères des donzelles qui elles de leur côté ne rêvent que de stars hollywoodiennes.

Pour Duane, tout se passe bien ou presque, il ne doute pas une seconde de son futur mariage avec Jacy, ne lui reste qu'à convaincre la richissime famille de sa belle que travailler comme ouvrier dans un champ de pétrole ne fait pas de lui un tocard absolu et c'est gagné alors que Sonny, lui, rencontre quelques difficultés en se sortant une fille même pas jolie et qui ne l'aime pas tellement mais dans ce genre de patelin, on prend ce qu'on trouve, c'est pas comme s'il y avait le choix. Alors quand Charlene va finalement se lasser de lui et que la serveuse de leur café attitré restera de marbre devant ses timides avances, la femme de l'entraîneur de football et de basket du lycée fera finalement très bien l'affaire. D'accord, elle a la quarantaine attristée et la mine grise mais ce qui compte c'est de tremper son goupillon dans un bénitier quel qu'il soit alors pourquoi pas la bourgeoise du coach si elle est consentante ?

Le reste du temps, avec d'autres blancs-becs désoeuvrés du coin, ils tuent le temps en jouant au billard ou (voilà comment perdre une étoile sur la note finale) en se déniaisant avec les génisses du troupeau familial (putains d'abrutis de bouseux mutilés du bulbe !) pour oublier un peu la joie et l'allégresse que l'on ne peut que ressentir à vivre encerclé par des champs de pétrole et des élevages bovins.



Mêlant chronique sociale, satire et humour noir, Larry McMurtry nous convie à visiter son Texas natal du côté rural, celui de la désolation et des gamins perdus qu'il nous sert à la sauce tex-mex avec des personnages souvent attachants comme Billy, le môme attardé et donc d'une gentillesse sans bornes et Sonny qui, s'il semble souvent neurasthénique, est peut-être le seul à éprouver ce qui pourrait s'apparenter à de la compassion. Deux exceptions parmi ceux à qui, écrasés par un puritanisme moite et étouffant, tout semble bon pour s'extraire de ce carcan blindé où chaque pied de nez aux valeurs chrétiennes est recherché, admiré et glorifié. Pour les jeunes paumés de Thalia, la vie se résume à "faisons quelque chose, n'importe quoi mais faisons le !" Bref, tout plutôt que de mourir d'ennui en devenant l'haïssable copie conforme de géniteurs moqués et mal-aimés.

Le passage à l'âge adulte dans un trou paumé du Sud des années 50, voilà ce que Larry McMurtry se targue de nous raconter et dammit qu'il le fait bien !

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Lonesome Dove : Les rues de Laredo

Fini, terminado, the end… Et le rideau sur l'écran est tombé… Bye, bye, les aventures des deux célèbres rangers texans…

En préambule à cette chronique, un double avertissement est indispensable :

- À ceux qui ne connaissent pas cette fabuleuse épopée : il serait inopportun de s'y plonger en commençant par « Les Rues de Laredo », cinquième et ultime volet. Il vous reste dès lors deux options : vous précipiter dans « Lonesome Dove » (I) puis (II) ou bien dans « La marche du mort », suivant que vous choisissiez l'ordre d'écriture de cette pentalogie ou l'ordre chronologique du récit.

- À ceux qui ont suivi jusque là les aventures de Gus et Woodrow : n'ayez aucune crainte ! Cet opus vous réjouira.

McMurtry, c'est la symbiose texane de Zola et Dumas. Des descriptions qui vous plongent immédiatement dans un cadre historio-géographique savamment retracé et probablement étayé par une solide étude documentaire. Des portraits d'hommes et de femmes auxquels on s'attache même parfois quand ce sont des vrais gros méchants. L'Ouest sauvage en recèle de nombreux exemplaires. Dans cet ultime opus, ils sont encore bien présents. Chez McMurtry, donc des bad guys mais pas de super héros, pas de John Wayne. Plutôt des Eastwood, des Mitchum, des hommes certes courageux mais également en proie à des interrogations existentielles. Des hommes qui n'hésitent pas à défourailler mais, qui, une fois le calibre rangé, sont confrontés à leurs doutes. Emportés qu'ils sont emportés dans les bourrasques d'une nature majuscule, aussi belle qu'hostile, ils doivent de surcroît nager dans les tourments de la construction compliquée de l'American dream, entre antagonismes opposant les Yankees et les sudistes et les violentes confrontations avec les Indiens et les Mexicains.

Tous les ingrédients sont réunis pour permettre des intrigues palpitantes reprenant les codes traditionnels du western tout en remettant en cause le roman national américain. Rien n'est manichéen chez McMurtry, pas étonnant de la part du scénariste du secret Brokeback Mountain…

Histoire d'hommes ? Pas seulement, les scénaristes de « Godless », la meilleure série western d'une célèbre plate-forme de streaming, connaissent probablement leur McMurtry sur le bout des doigts. Les femmes sont très présentes tout au long des plus de 3000 pages de cette « série » et ce final ne déroge pas à la règle.

Ce n'est pas seulement le couple Pea Eyes et Lorena, déjà rencontrés précédemment, qui vole la vedette au duo Gus et Woodrow, Maria et Joey, la mère courage et le fils maudit, embarquent le lecteur dans un drame plus proche de la tragédie grecque que des querelles de la famille Smet.

La relative confidentialité de ces cinq livres me surprend. Sans doute, la perspective de s'embarquer dans un voyage aussi long joue-t-il en leur défaveur. Ce bon Charly disait « Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Je rajouterai « Ou bien sniffez du McMurtry ! »

Plonger son nez dans cette quinte flush royale risque de créer une dépendance palmadesque, mais heureusement, c'est une addiction sans danger pour vous et vos prochains… à moins, bien sûr, que vous ne lisiez au volant.
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Lonesome Dove, tome 2

Tagada tagada… revoilà les cowboys de la Hat Creek Cattle Company… pour un deuxième épisode qui ne sera pas de tout repos.



Alors qu’Augustus se lance à la poursuite des ravisseurs de la douce Lorena, enlevée sous le nez de Jack par le terrifiant Blue Duck, les gars de la Hat Creek cheminent toujours vers le nord.

Ils pensaient avoir tout vu, mais les paysages de l’Arkansas et du Nebraska leur réservent encore quelques désagréables surprises : pluies de grêle, nuages de grillons, sécheresses extrêmes et tempêtes de sable, c’est pas les dix plaies d’Egypte mais ça y ressemble;

Des soucis météo auxquels il faut ajouter quelques humains plus ou moins fréquentables : voleurs de chevaux, indiens sanguinaires, chasseurs de bisons amoureux, putains avisées et toubibs imbibés, sans parler du «petit salé» de cadavre, une spécialité du coin… tous les clichés de l’Ouest en technicolor, joyeusement réunis pour notre plus grand plaisir.

Nos chers garçons vachers arriveront-ils (entiers) jusque dans le Montana ? Rien n’est moins sûr. Mais après tout, n’est-ce pas le voyage qui compte ?

Et pourtant on espère, on tremble pour eux, on suit le cortège avec passion dans cette aventure haute en couleur et en situations rocambolesques.

Une seconde partie plus rythmée, foisonnante de détails sur la dure réalité de la vie des cow-boys dans les grandes plaines, mais toujours aussi drôle et immersive. Un régal !
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Cavalier, passe ton chemin

Quand on a eu tant de plaisir à lire Le Saloon des derniers mots doux (quel titre !), La dernière séance ou la saga Lonesome Dove, inutile de vous dire qu’on se précipite sur Cavalier, passe ton chemin (quel titre bis !), le premier roman de Larry McMurtry traduit par Josette Chicheportiche et opportunément ressorti chez Gallmeister.



Chez McMurtry, pas de surprise : Texas, ranch, cow-boys, bétail, chevaux, musique, rodéos, colts et winchs… Tous les codes classiques de la littérature western sont convoqués, au service d’une histoire certes un brin faiblarde, mais mise en mouvement par une plume déjà prometteuse comme l’avenir le confirmera.



Cavalier, passe ton chemin est un livre sur une monde qui bascule, sur une époque qui se termine et sur des hommes qui tentent de le comprendre. À Thalia au nord du Texas, dans ce microcosme humain qu’est le ranch du vieux Hommer Bannon, se côtoient des personnages hétéroclites.



La grand-mère Bannon au caractère bien trempé, hypocondriaque chronique ; son fils Hud né d’un premier lit, noceur chronique et héritier putatif du ranch ; Lonnie, 17 ans, le petit-fils d’Hommer et narrateur du livre ; et Halmea la servante noire au grand cœur ; et Jesse, Lonzo ou Hank les cow-boys de passage.



Alors que Hud tyrranise tout ce petit monde, les fragiles équilibres du ranch vont se trouver bouleversés par une menace soudaine, contraignant le vieil Hommer et tous les autres à faire des choix qu’ils n’avaient pas imaginé et qu’ils n’auraient pas souhaité.



Roman d’apprentissage pour le jeune Lonnie, Cavalier, passe ton chemin évoque la difficulté du monde rural traditionnel texan à s’adapter après la guerre au monde moderne qui s’impose. Pourquoi continuer à développer un cheptel qui peut être anéanti en un instant ? Pourquoi le laisser sur une terre où le pétrole du sous-sol offre désormais plus de potentiel que l’herbe qui la recouvre ? Pourquoi rester au pays quand l’attrait de la ville est si fort ?



Autant de questionnements subis plus que voulus pour le jeune Lonnie, déstabilisé par le contexte de violence et de racisme subsistant qui contrastent avec la beauté de la nature dans lequel il évolue et se complait depuis sa naissance. Mais il semble que la page se tourne…



Un roman lent, nostalgique et descriptif, jamais loin de la poésie quand McMurtry se laisse aller à décrire les grands paysages texans. Il complète utilement les suivants, mais pourra dérouter le lecteur avide d’histoires léchées ou de rebondissements en série. Dans ce cas, lecteur, passe ton chemin !
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Duane est amoureux

« Je suis allé dans les bois parce que je voulais vivre posément, me confronter uniquement aux faits essentiels de la vie et voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu’elle avait à m’enseigner, et pour ne pas, le jour où je mourrai, découvrir que je n’avais pas vécu. ».



Cette citation du « Walden » de Thoreau est une révélation pour Duane Moore. Il n’a pas été facile pour lui de se procurer ce livre, et de se résoudre à l’ouvrir, car les librairies, même basiques, ne courent pas les rues de Thalia, la ville où il a toujours vécu, aux confins du Texas et de l’Oklahoma.



Du jour au lendemain, il a décidé que c’était fini pour lui de passer son existence dans son pick-up à diriger son entreprise pétrolière. Et sa décision est radicale : il ne se déplacera plus qu’à pied !



Inutile de dire que sa famille, ses voisins et amis se demandent tous s’il n’est pas devenu fou. Il est apparemment inconcevable pour tout texan qui se respecte de ne pas se déplacer en voiture, si possible très vite et dangereusement.



Sa femme Karla, après avoir cru que Duane voulait divorcer après quarante ans de vie commune, ce qui n’est pas le cas, met un mot sur ce qui lui arrive : « dépression ». Duane, lui, n’est pas d’accord avec ce qualificatif. Il trouve son attitude logique et, tant qu’à faire, il s’installe dans une cabane sommaire qu’il possède, à une dizaine de kilomètres de la maison familiale, en pleine nature.



Une partie de la vérité c’est qu’il a soixante-deux ans, et qu’il en a plein les bottes de son travail et de ses quatre enfants, tous adultes assez irresponsables. Au point d’avoir confié toute leur marmaille aux bons soins de Karla et de Rag, son aide-ménagère…



Larry McMurtry est un conteur hors pair et il le prouve une fois de plus dans ce roman attachant, qui tout de même souffre parfois de quelques longueurs. On y retrouve quelques personnages des deux volumes précédents, qui ont vieilli en même temps que Duane, et pas forcément pour le mieux. Le mélange d’humour, de drame et, mine de rien, de considérations plus profondes sur la fragilité et la beauté de l’existence, est extrêmement réussi.

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Lonesome Dove, tome 1

Association on ne peut plus improbable que celle de ces deux ex rangers. Le capitaine Woodrow Call, droit dans ses bottes, taiseux, toujours sous contrôle et le capitaine Augustus McCrae, bavard impénitent, désinvolte, philosophe et bon vivant.

Autour d'eux, au Hat Creek Cattle Company, une entreprise d'élevage, s'est agglomérée une petite bande bon enfant de cow-boys plutôt frustes. Tous ont échoué à Lonesome Dove, trou perdu du Texas. Jusqu'au jour où Call décide de donner un coup de pied dans la fourmilière. Il va constituer un troupeau de bétail et de chevaux et tous vont rejoindre le lointain Montana, prometteur de fortune et... d'aurores boréales !

Schéma classique de centaines de westerns. Fin XIXème siècle, les régions sont pacifiées. Les cow-boys survivent avec l'aide du whisky , des putains, des chevaux...Mais il faut arrêter là les ressemblances avec le mythe hollywoodien. Les quelques Indiens Comanches rencontrés ne sont que de rares rescapés des anciens peuples redoutables, les bandits mexicains ou locaux font pâle figure, les archétypes sont en demi-teinte et la lutte binaire entre le bien et le mal absente. Les vrais ennemis ici c'est la nature, les dangers du désert dans les champs de chapparal ou les taillis de mesquite et les blessures intérieures de nos cow-boys.

Leur rudesse, leur saleté, leur grossièreté, leurs âpres conditions de vie rebutent. On ne s'attache pas vraiment à leur morne quotidien sous un cagnard de plomb. Le grand départ amorcé on fait progressivement connaissance avec des êtres attachants, ingénieux, sensibles.

Voilà bien longtemps que je n'avais ri de si bon cœur. L'enseigne rédigée avec le plus grand soin par Gus est un moment d'anthologie. Malgré mes recherches au plus profond du web je n'ai été en mesure de trouver une traduction française recevable de la maxime latine inscrite en exergue «Uva uvam vivendo varia fit ». Aucun latiniste francophone à ce jour n'a daigné s'y aventurer. A partir de ce moment là ce fut comme un déclic, on ne peut plus lâcher les aventures de nos héros et de leurs compagnons d'infortune. Le type d'ouvrage où, lorsqu'on arrive à la fin, on relit illico les premières pages que l'on a pas su savourer la première fois.

Des personnages émouvants, quelques fortes femmes, matrones ou putains, des chevaux et des fusils indispensables compagnons, une aventure semée de périls , tout concourt à un excellent et décapant moment de lecture dans le Texas. A poursuivre avec le tome 2 et la remontée vers le Nord.
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Lonesome Dove, tome 1

Certes, il s’agit d’un western donc pas vraiment le genre préféré d’une lectrice comme moi ! Certes, il s’agit d’un pavé de presque 1200 pages donc pas facile à caser dans l’emploi du temps. Mais passé ces deux écueils, quel pied !



Je viens de galoper pendant quelques semaines au travers des plaines de l’ouest américain, j’ai traversé le Texas, l’Arkansas, le Nebraska et suis arrivée au Montana et pendant ce temps, je me suis attachée à Gus, Call, Deets, Newt, Lorena, Clara, Dish et tant d’autres, et qu’est-ce que j’ai aimé cela !

Fin 19ème siècle, Gus et Call deux anciens Texas rangers en retraite décident de voler du bétail au Mexique et de le convoyer vers le Montana, une région sauvage non encore colonisée. Accompagnés par une prostituée et de jeunes cow-boys, leur périple va être parsemé d’embûches, de rencontres et de dangers.

Le tome 2 est à mon sens le plus réussi car les premiers chapitres du tome 1 sont un peu longuets. Il faut planter le décor et les personnages mais une fois que c’est fait, j’ai eu le sentiment d’être véritablement emportée par ce beau roman. Et dès le départ, le ton et le style m’ont plu.

Il y a en effet beaucoup d’humour (ah les réparties de Gus), les personnages bien que nombreux sont tous extrêmement attachants et ont une vraie profondeur, il y a de l’aventure et des rebondissements et de belles descriptions de la nature. J’ai le sentiment d’avoir véritablement voyagé avec le convoi à travers l’Ouest américain.

Le roman dégage autant d’énergie que de mélancolie car c’est la fin d’une époque qui nous est décrite : les indiens ont été vaincus, les bisons ont presque tous été massacrés, la nature sauvage va bientôt être colonisée et urbanisée. Comme le dit un des personnages : « Nous avons tué tous les gens qui rendaient ce pays intéressant »…



Je me dis en le finissant qu’il n’y a qu’un auteur américain pour écrire avec un tel souffle romanesque et c’est vraiment pour cela que j’aime la littérature américaine. Je le referme avec un pincement au cœur, triste de quitter tous ces personnages que je ne suis pas prête d’oublier. Un régal de lecture.



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Lonesome Dove - Lune comanche : L'affrontem..

Un préquel remarquablement réussi, d’une qualité incroyable.



Cet opus arrive en seconde position dans l’ordre de lecture mais 4eme dans l’ordre d’écriture, on sent que le grand Larry McMurtry est pleinement à son aise dans cet univers si envoutant qu’est celui de Lonesome Dove.

Après nous avoir maltraité son inénarrable duo de héros lors d’un premier préquel exténuant d’intensité, ce bon vieux Larry remet ça pour notre plus grand plaisir.



J’suis pas franchement emballé à l’idée de faire un topo sur qui fait quoi et ce qu’il s’y passe car soit vous le savez et ça n’a aucun intérêt, soit vous avez envie de lire ce livre et je ne me risquerais pas à vous spoiler. Soit vous ne connaissez pas encore la série et cela ne vous sera donc pas d’un grand secours.



Je vais plutôt me focaliser sur le ressenti. Ça a été intense, un de ces romans qui marquent une vie de lecteur, on a beau s’en envoyer des wagons, j’ai été profondément touché par la qualité de celui-ci. Il brille par diverses qualités.

Commençons par la plume, bien qu’étant une prose assez concise, terre-à-terre et réaliste, elle brille par sa simplicité et son efficacité. On saluera ici l’excellent travail de traduction du pavé de presque 800 pages par Laura Derajinski. Le style est parfaitement adapté et colle merveilleusement à la sobriété de la description à la frugalité du quotidien et à l’épure de personnages inoubliables.



On est un peu loin des stylistes du genre et s’il n’y a pas l’opulence et la richesse torturée d’un Cormac McCarthy, on a peut-être ici un des facteurs importants du succès littéraire de la saga : son accessibilité et sa justesse qui en font un chef d’œuvre réputé.



Larry McMurtry est d’une sensibilité rare et d’une acuité précieuse pour nous croquer des personnages hauts en couleur qu’on retrouve avec une impatience certaine et que l’on quitte à grands regrets. Ses personnages je les aimes tous. Du ranger simplet qui se demande ce qu’il fout là, à la fille de joie qui rêve d’évolution sociale, au pisteur indien à l’aise comme jamais dans un univers hostile, en passant par un capitaine de cavalerie d’un héroïsme frisant la folie, ou par le chef indien aussi sage que sanguinaire, ils sont tous extra.



La construction scénaristique est d’une efficacité redoutable et la hype monte crescendo. Ce procédé quoique déjà bien poncé n’est ici nullement déceptif car à chaque fin de rebondit toujours sur d’autres évènements dont on à hâte de connaitre l’issue.



Ajoutons à ce joli topo une connaissance poussée de l’époque, des mœurs et modes de vie de chacun des peuples. Cela procure un sentiment d’intimité et de connivence poussé, galvaniser par une maitrise déconcertante de facilité du style nature writing qui finit de ferrer le lecteur.



Le plaisir de lecture que j’ai ressenti à été fervent, ardent, et entrecoupé d’autres lectures pour faire durer la sauce. C’est avec excitement mêlé de désarroi que j’ai refermé cette fresque absolument épique, sachant qu’il ne me reste plus que Les rues de Laredo à arpenter de long en large avant de clôturer la lecture de cette immense série qu’est Lonesome Dove.
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Adieu Cheyenne

Jules et Jim chez les cow-boys.

Le roman commence dans les années 20 au Texas. Gid, fils d’un éleveur "pingre mais riche", et Johnny simple cow-boy, se bagarrent pour les beaux yeux de Molly. Lequel choisira-t-elle ? Et après tout, pourquoi choisir, puisque "la Nature parle plus fort que la morale" ?

Le récit est organisé en 3 parties : la partie de Gid (c’est longuet), celle de Molly 20 ans après (l’intérêt s’éveille un peu puis retombe), celle de Johnny encore 20 ans plus tard (oui bof).

Si tu aimes la vie à la campagne et les romans d’amour, tu apprécieras sans doute plus que moi cette idylle rurale au parfum doux-amer.

Traduction pas impeccable de Christophe Cuq.

Challenge Solidaire 2023

Challenge gourmand (Croquembouche : Une romance)
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Lonesome Dove, tome 1

Excellent ! Passionnant !

Découvert par hasard sur babelio (malheureusement je ne retrouve plus la critique qui m'avait tant donné envie de découvrir ce roman) j'y allais quand même à reculons : moi le farwest, les cow-boys..... pas trop ma tasse de thé ! Je l'emprunte auprès de ma bibliothèque préférée. Je traîne encore un peu, puis je me dis allez j'essaie 100 pages pour voir !

Les 100 pages je ne les ai pas vues passer, en fait je n'ai pas vu passer les 600 pages !

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Je suis impressionnée par la maestria de l'auteur qui arrive à mettre en scène une ambiance, à dessiner des caractères, des personnages, des situations....

J'ai découvert ensuite que ce livre avait reçu le Pulitzer, je comprends mieux. J'ai littéralement été embarquée par ce roman. Et pourtant encore une fois le western c'est pas mon genre littéraire préféré ! En fait en y réfléchissant c'est peut-être même mon premier roman type western !

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Lonesome Dove, Texas 1880. Un ranch tenu par deux anciens rangers texans. Une équipe d'hommes autour d'eux. Un village avec son saloon et sa putain. Et la décision de partir pour le Montana avec un troupeau de vaches et de chevaux.

Moi avec un résumé comme ça, pas sûr que je me serai intéressée au roman. Et pourtant, impossible à lâcher, j'ai tout aimé ! Le talent de l'auteur réside dans sa capacité aux détails qui rendent son texte si réaliste. Détails dans les descriptions, dans les dialogues. Tout fait mouche.

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C'est dit je saute sur le tome 2 !
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Duane est dépressif

Duane Moore, le héros de Duane est dépressif, de Larry Mac Curthy, qui est sorti chez Sonatine en ce début d'année 2014, est un personnage de roman que j'ai pu voir deux fois au.... cinéma, incarné par Jeff Bridges sous la direction de Peter Bogdanovich, dans deux beaux films élégants et qui mine de rien , critiquait pas mal la société américaine des années 60 puis 80, La dernière séance et Texasville.



D'abord lycéen cumulant les petits boulots, obsédé par les filles Duane nous était apparu, à l’aube de la cinquantaine, père affairé de quatre enfants, patron endetté, alors que ses concitoyens n’avaient qu’une idée en tête, fêter le centenaire de leur petite ville.



Dans ce troisième volet de la trilogie, Larry Mac Murtry, qui est également scénariste de cinéma (et notamment du cultissisme Secret de Brokeback Mountain) continue dans la même voie de la satire intelligente de la société texane à travers ce personnage de Duane qui a désormais 60 ans, et qui décide un beau jour de prendre une décision radicale et incompréhensible dans cette partie des USA, celle d'abandonner son pick up et de remplacer l'usage de la voiture par celui de ses pieds, et cette décision, a priori anodine va lui faire totalement changer la vision de sa vie.



Sur près de 600 pages, l'auteur va nous suivre sur les traces de cet homme dans les mois et les années qui suivront cette décision, des années riches en espoir et aussi en drames. Mais malgré le drame, le romancier américain, fidèle à sa ligne de conduite, garde un ton plein d'espoir et d'optimisme. Il faut dire que Duane va faire des rencontres avec des personnages assez savoureux et plein d'humanités, et Duane, malgré le titre de l'ouvrage ne tombera jamais dans la dépression et va, au fil du livre, réussir à trouver la voie pour donner à sa vie le tour qu'il souhaitait lui donner . Un roman puissant et parfaitement troussé, qui offre pas mal de rebondissements inattendus, tout en proposant une profonde réflexion sur le sens de nos existences et sur les rapports avec nos proches.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lonesome Dove, tome 2

Il me vient à l’esprit pour débuter cette chronique, une citation d’Edward Abbey dans Désert solitaire :



“- Dis-moi, Newcomb, commençai-je, crois-tu qu’il soit juste que toi et moi soyons ici en pleine nature sauvage, à risquer nos vies au milieu d’innombrables et imprévisibles dangers, tandis que nos chères et tendres épouses se la coulent douce à Albuquerque, profitant des multiples variétés de confort, bienfaits et luxes de la civilisation urbaine moderne contemporaine de l’Amérique du vingtième siècle ?

- Oui, répond-il”.



Nos Texas rangers Gus et Call sont de ceux-là, vivre de façon raisonnable ne les a jamais tentés. Pour notre ami Gus, une vie sensée ne lui a jamais apporté rien qui vaille. Alors, au lieu de se la couler douce à Lonesome Dove, au lieu de fréquenter le saloon à jouer aux cartes en buvant du whisky et en écoutant Lippy au piano pour finir la soirée dans la chambre de Lorena à l’étage, notre vieux Gus va choisir de suivre Call (car ces deux sont inséparables) avec le bétail, les chevaux, une horde de cow-boys à destination du Montana.

Il va s’en passer des choses dans ce deuxième épisode : des attaques d’indiens ou de grizzlys, des tempêtes de sable, des vols de chevaux, la chaleur, le froid, la soif, des rencontres fortuites ou des retrouvailles et quelques pendaisons sur les rares arbres de l’immense prairie du Kansas ou du Nebraska.

De façon magistrale, Larry McMurtry parvient à nous tenir en haleine jusqu’au bout du récit. Avec un talent immense, il déroule un scénario riche et plein de rebondissements, on va s’attacher à chacun des protagonistes dont la psychologie se dévoile au fil des pages. Quant à la nature sauvage, elle est omniprésente : imaginez une vaste prairie dans laquelle quelques milliers de bœufs se déplacent au rythme de 30 km par jour, devant ,l’éclaireur, derrière, le chariot du cuisinier, de part et d’autre, les cow-boys veillant à l’unité du troupeau, les Rocheuses à l’horizon, les rivières à traverser, le ciel, plus grand que partout ailleurs, les vautours qui rôdent et sur quelques crêtes, des indiens qui attendent leur heure.

Un grand roman d’aventures, pour ne pas dire LE roman d’aventures par excellence.



Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Totem.

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Lonesome Dove - Les origines : La Marche du..

Nous sommes en 1841 à Austin dans un Texas à moitié civilisé. Un soir, le jeune Woodrow Call (dix-huit ans, courageux, buté comme une mule et d’un sérieux à toute épreuve) ramasse contre le mur d’un saloon le tout aussi jeune Augustus McCrae (dix-huit ans lui aussi, insouciant, chroniquement bavard et complètement obsédé par les putes) alors que celui-ci cuvait tranquillement sa dernière biture. Les deux hommes n’ont presque rien en commun mais ils sont à l’âge où naissent les amitiés spontanées et se lient rapidement l’un à l’autre. Ils sont aussi à l’âge où l’on s’ennuie facilement et quel meilleur moyen de vaincre l’ennui que de s’engager au sein des Texas rangers pour défendre la veuve et l’orphelin contre les foudres des comanches et des desperados ? Mais défendre la veuve et l’orphelin, cela paie très mal, raison pour laquelle le major Caleb Cobb, ex-pirate et soldat de fortune, a décidé de monter une expédition pour conquérir Santa Fe et mettre la main sur la fortune des banquiers mexicains. Deux cents hommes, des dizaines de chariots, plusieurs milliers de munitions… L’expédition se présente sous de bons auspices et nos deux jeunes rangers y participent avec enthousiasme, avides de prouver leur valeur !



Mais entre les attaques incessantes des redoutables comanches, la préparation désastreuse des troupes, les incendies, les attaques de grizzlis, les cartes approximatives, l’expédition ne tarde pas à virer à l’eau de boudin. Le temps d’arriver à la frontière du Nouveau-Mexique, la voici déjà amputée de la moitié de ses hommes… Et ce n’est pas fini ! Restent à encore à affronter les troupes mexicaines, particulièrement peu ravies de l’intrusion des rangers sur leur territoire, et, surtout, la fameuse « Jordana del Muerto », la Marche du Mort, immense étendue désertique s’étendant entre le Mexique et le Nouveau-Mexique.



Youhouhou ! Avec quel espoir, je l’ai attendu ce roman ! Enthousiasmée par la lecture de « Lonesome Dove », le chef d’œuvre absolu de Larry McMurty, j’avais été ravie d’apprendre qu’il avait également écrit une suite et deux préquelles, mais grandement dépitée en découvrant qu’aucune d’entre elles n’avaient été traduites en français. Ô joie, les éditions Gallmeister ont enfin entendu mes ardentes prières et publié en ce beau mois de juin « La Marche du Mort », premier tome des aventures de Woodrow Call et Augustus McCrae. J’étais un peu dans mes petits souliers en débutant ce roman, tant je craignais d’être déçue après une première lecture aussi marquante. Je l’ai fini globalement satisfaire : sans être aussi jubilatoire que « Lonesome Dove », « La Marche du Mort » reste une préquelle de très bonne facture, une façon très agréable de prolonger un peu la magie du roman d’origine.



C’est notamment un délice de retrouver Call et Gus, des dizaines d’années et beaucoup de poils au menton en moins. Rolala, c’est fou ce que l’on est jeune et con à dix-huit ans ! Enfin, Gus surtout. Call est déjà d’un pragmatisme et d’un sérieux à faire peur, mais Gus est vraiment un jeune con : aucun instinct de survie, une vraie tête à vent, vantard et arrogant comme pas deux, aussi sympathique que monstrueusement agaçant. Ils ont aussi, sans surprise, tous deux de graves problèmes avec l’autorité, Gus par incapacité à se concentrer plus de trente secondes sur un ordre et Call parce que… ben, c’est Call l’autorité, point barre. Les nouveaux protagonistes ne sont pas en restent, tous habilement campés et très attachants. Moins de personnages féminins que dans « Lonesome Dove », hélas, mais Clara, la futur dulcinée d’Augustus, y fait tout de même une apparition marquante et la prostituée qui accompagne les rangers, Martha, est tout à fait réjouissante, davantage maman de substitution qu’objet de désir pour ses durs à cuire tout frais sortis de l’œuf.



L’humour et le second degré constant sont toujours là et c’est tant mieux, car, sans cela, la violence de certains passages laisserait plus d’un lecteur sur le carreau, la brutalité des massacres, tortures et scènes de scalp étant renforcée, a contrario, par la sobriété du style. Malgré ses cinq cents et quelques pages, le récit laisse presque une impression d’insuffisance et c’est avec impatience que j’attends la traduction de la seconde préquelle « Comanche Moon » par Gallmeister. Et pourquoi pas – croisons les doigts – celle de la suite, « Streets of Laredo ». Bien que, maintenant que j’y pense et vu comment se termine « Lonesome Dove », la suite risque d’être horriblement déprimante…

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Lonesome Dove, tomes 1 et 2

L'étiquette western m'a fait un peu hésiter mais je ne regrette pas de m'être lancé dans cette passionnante aventure. Une magnifique galerie de personnages attachants, une vie rude au contact de la nature et un périple prenant, m'ont transporté dans l'ouest américain sans voir les pages passer et presque triste d'être déjà arrivé à la fin du deuxième volume. J'ai vu que le film était à la médiathèque, je l'emprunterai sans doute, à la fois curieux et inquiet pour les belles impressions que le livre m'a mises en tête.
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La dernière séance

Avoir dix-sept ans, c’est l’enfer ! Tous les jeunes gens le savent, et surtout Sonny et Duane, élèves en quatrième année au lycée de Thalia, une petit ville paumée du Texas. Trop fauchés pour entrer dans une université, tous deux s’apprêtent à quitter la scolarité pour trouver un travail, mais, en attendant ce changement radical d’existence, il leur reste encore un été à passer à Thalia. Un long été à tuer dans la poussière et la chaleur écrasante, à partager leurs journées entre leurs petits jobs estivaux, le billard et l’unique salle de cinéma de la ville tenue par le vieux Sam le Lion. Un long été à trainer leur ennui morose en rêvant de la seule chose qui obsède tous les gamins de leur âge : le sexe. Mais le sexe, au début des années cinquante, reste une expérience bien mystérieuse pour des adolescents de dix-sept ans, surtout dans une ville aussi pudibonde que Thalia. Alors on flirte discrètement à l’arrière d’une salle de cinéma, on s’embrasse sur le siège d’une voiture et on se caresse sur la dernière banquette d’un bus scolaire en prenant garde de ne pas éveiller le professeur endormi. Tout cela en fantasmant sur le jour où leur délicieuse partenaire leur permettra enfin d’atteindre le plaisir espéré. Ce qu’ils ignorent, tous ces bouillonnants jeunes gens, c’est à quel point la vie peut se montrer dure et les désillusions cruelles pour les garçons à l’âme trop sensible et aux poches vides. Oh oui, c’est parfois bien laid de devenir adulte…



Ma première rencontre avec Larry McMurtry a été un coup de foudre. Littéralement soufflée par « Lonesome Dove », roman historique qui avait permis à son auteur de rafler le prix Pulitzer en 1986, il m’a fallu des mois pour oser m’attaquer à une autre de ses œuvres, tant je craignais que celle-ci ne soit pas à la hauteur de mes espérances – craintes tout à fait vaines puisque c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai renoué avec le style simple, sensible et pourtant si riche de sens de McMurtry. Comme pour « Lonesome Dove », le principal atout du romancier réside dans son incroyable talent de portraitiste, ce sens du détail émouvant, tragique ou cocasse qui permet de toucher le lecteur au cœur sans jamais trop en dire. Les mésaventures de Sonny et Duane, qui pourraient paraître banales à la première vue, sont sublimées par cette habilité narrative et par l’attachement que l’on ne tarde pas à ressentir pour ces deux gamins, complétement paumés mais pas méchants pour un sou. Les très nombreux protagonistes secondaires du roman sont traités avec autant de délicatesse et tous s’avèrent mémorables, particulièrement les personnages féminins comme le belle Loïc, splendide bourgeoise de quarante ans rongée par l’ennui et les déceptions, ou Ruth, épouse vieillissante et négligée par son abruti de mari qui découvrira dans les bras d’un jeune lycéen le plaisir ardent mais trop fugace d’être une femme.



Très tendre, triste et gai à la fois, « Le dernière séance » est avant toutes choses un roman sur la jeunesse, celle qui nous fait souffrir, mais celle aussi que l’on regrettera amèrement, une fois les années écoulées et les dernières chimères parties à vau-l’eau. Une bien belle lecture, mais un peu déprimante tout de même.



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Lonesome Dove, tome 1

Nous sommes dans les années 1880, au Texas : Augustus McCrae et Woodrow Call, deux anciens rangers devenus éleveurs de chevaux végètent un peu à Lonesome Dove, près de la frontière mexicaine. Le retour de leur ancien collègue Jake Spoon qui leur vante les mérites du Montana , va les lancer dans de nouvelles aventures et un long périple vers le Nord avec bétail et chevaux emmenés par une petite équipe de cow-boys.



A priori, ce n’est pas mon genre de lecture préféré et je l’ai choisi parce que Larry McMurty est dans la liste des auteurs à lire pour le challenge solidaire. J’avoue avoir mis quelques chapitres avant de rentrer dans l’histoire. L’auteur plante le cadre et ses personnages et comme leur vie est un peu monotone et tristounette forcément il ne se passe pas grand chose !



Puis on commence à s’attacher à cette galerie de personnages décrits avec finesse et humour. Le volubile Augustus, bon vivant, sensible , cultivé et philosophe à ses heures, un brin feignant mais fiable (mon personnage préféré je crois !) et son ami Woodrow son antithèse presque parfaite, taciturne, solitaire, bourreau de travail, un peu coincé peut-être. Et les autres personnages ont tous une personnalité qui les rendent intéressants , ils ne sont pas là simplement pour remplir ou comme faire-valoir, on suit leur trajectoire et l’évolution de leurs sentiments tout au long du récit. Les personnages féminins, peu nombreux dans ce monde d’homme, ont aussi une vraie présence.



Et puis il y a la nature bien sûr, souvent hostile : le désert et ses tempêtes de sable, les rivières infestées de serpents d’eau mortels, les buissons épineux et les nuées de moustiques …



Bref, quand le convoi se met en route pour le Montana , on est déjà embarqué et on ne quitte plus le bouquin !



Une épopée formidable, de l’aventure, des sentiments, de l’humour, un style limpide . Un premier tome qu’on termine en ayant sacrément envie de lire la suite !
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Lonesome Dove - Intégrale

Lorsque vient la saison des étrennes, il arrive que l'on soit en panne d'inspiration. Ce coffret Gallmeister est une idée judicieuse de cadeau. En plus des livres, on trouve des bonus : une carte retraçant les lieux décrits dans les cinq tomes et des cartes postales qui n'ont pas vocation à rester « sur le vieux buffet sous la poussière grise » même si la country made in Lot-et-Garonne peut constituer une excellente B.O.

Le coffret est donc beau mais surtout, rappelons ici que Lonesome Dove est davantage qu'un simple western. C'est une épopée qui, grâce au talent de conteur de McMurtry nous plonge dans les Etats-Unis de la fin du XIXème siècle. Lonesome Dove est une page d'histoire racontée en s'appuyant sur les destins de nombreux personnages. Si Gus McRay et Woodrow Call sont les deux personnages phares, il est réducteur de résumer cette saga à ce duo. Drames, romances et autres intrigues romanesques se succèdent avec pour cadre les paysages du Texas et des états voisins. Lorsque l'on se plonge dans Lonesome Dove, on pense que l'on a déjà tout lu ou tout vu sur le sujet… Et pourtant, un souffle inédit parcourt ces milliers de pages.

Si vous sautez le pas, vous devrez seulement opérer un choix cornélien : faut-il privilégier l'ordre chronologique (La marche du mort / Lune Comanche / Lonesome Dove I et II / Les rues de Laredo) ou bien l'ordre d'écriture de McMurtry (Lonesome Dove I et II / Les rues de Laredo / La marche du mort / Lune Comanche) ? La première option paraît la plus logique. Pourtant, n'ayant pas eu le choix et ayant découvert la série au tome 3, je n'ai pas éprouvé la moindre frustation. Alors, à vous de voir ! Et excellente lecture !
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