AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Lewis Trondheim (1746)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Maggy Garrisson, tome 1 : Fais un sourire, ..



Londres de nos jours, Maggy Garrisson est une jeune femme qui vit du chômage. Elle vient de décrocher un poste de secrétaire chez un détective privé mais, pour son premier jour, elle va tomber sur un patron un peu spécial. Celui-ci, endormi devant son ordinateur où un jeu de solitaire attend qu'il se réveille, cuve une soirée trop arrosée. Maggy pénètre dans un bureau où règnent désordre et saleté. Alors que le téléphone se met à sonner, Maggy, devant le manque de réactivité de son nouveau boss, prend la communication telle la secrétaire dévouée, qu'elle n'est pas. C'est une salve d'injures qui lui tombe dans les oreilles. Maggy, sans se départir de son calme, prend le message d'injures destiné à son patron qui lentement émerge de son sommeil alcoolisé.

Très éloigné du "So British" les aventures de Maggy Garrisson se suivent avec plaisir. Lewis Trondheim pour le scénario et Stéphane Oiry pour les dessins nous entraînent dans un Londres où la vie n'est pas toute rose. Chômage, délinquance, chacun vit dans la débrouille et Maggy est une experte en la matière. Petite, un peu boulotte, ne rechignant pas à boire quelques pintes de bière, aimant fumer les cigarettes de son patron, elle sait profiter de chaque situation pour gratter quelques Livres. Cette bande dessinée pleine d'humour ravira les amateurs d'anti-héros et de situations loufoques.
Commenter  J’apprécie          260
Donald's Happiest Adventures

Merci à Lewis Trondheim et Keramida de redonner vie et couleurs (Brigitte Findakly) dans ce nouvel album inédit des aventures de Donald. Avec ce superbe album Happiest Adventures, le lecteur retrouve non seulement un peu son âme d'enfant mais part, sur les pas de Donald à la recherche d'un secret plus profond encore : celui du bonheur ? Comme être heureux quand on a déjà tout ? C'est là que Donald ne comprend pas son oncle Picsou qui l'envoie une nouvelle fois en mission pour essayer de trouver un trésor aztèque? Mais que peut bien lui valoir un énième trésor à rajouter à la somme colossale d'argent qu'il garde déjà précieusement ? Le seul fait d'être riche ne suffirait-il pas donc à être pleinement heureux ? C'est donc sur cette piste que s'engage Donald : comment trouver le bonheur et comment savoir quand on l'a enfin trouvé ? Embarqué à bord d'un avion avec le professeur Donald Dingue vers un pays en pleine dictature, où les gens sont privés de tout et se contentent de si peu que Donald entreprend sa quête du bonheur ? Finira-t-il par la trouver et à apporter des réponses pour sauver son oncle Picsou de sa propre avarice ? Rien n'est moins sûr mais lui, parviendra-t-il à comprendre ce que signifie enfin cette notion du bonheur, lui qui se croit toujours malchanceux ?



Un ouvrage aux teintes philosophiques plus qu'une simple bande dessinée, je dirais. A conseiller autant aux amateurs du 9e art, qu'à ceux qui se posent sans cesse des questions existentielles comme moi (même si je n'ai pas trouvé ma véritable réponse) mais aussi à tous les curieux, que ces derniers soient petits ou grands car il n'y a pas d'âge, non seulement pour les les aventures de Donald mais il n'y en a pas non plus pour se poser cette question : qu'est-ce que le bonheur ?
Commenter  J’apprécie          250
Les cosmonautes du futur, tome 1

Pour dire on serait les seuls humains sur cette foutue planète et pour dire tout le reste ne serait que vilains robots et méchants aliens .

C'est ce que pensent réellement Gildas – huuum , mais que voilà un bien noble prénom – et Martina , deux gamins qui se sont trouvés et qui vont s'évertuer à démontrer que leur théorie n'est pas si foireuse que ça .



Scénarisée par Trondheim et crayonnée par un Larcenet dont j'ai eu du mal à retrouver l'univers si habituellement emprunt de poésie , Blast mis à part , cette série démarre piano piano à queue en évoquant les lubies de deux ados en mal de pedigree . Sortes de Mulder et Scully courts sur pattes , ils vont multiplier les blagues de potaches – au vermichel , à la crème chafranée , aux brichures de noichettes , c'est à la guiche de l'imachinaire - pour le plus petit plaisir du lecteur car honnêtement , même si le monde de l'enfance est plutôt bien rendu , l'intérêt du récit peine à se faire sentir .
Commenter  J’apprécie          257
Richard, tome 5 : Richard et Dieu

La collection “Pattes de mouches” de chez L’Association propose de toutes petites bandes dessinées noir et blanc au format carte postale aux alentours de 24 pages. Lewis Trondheim nous délivre quelques impromptus humoristiques avec Richard, son personnage génialement insolent de la série Lapinot. Au départ, une situation ordinaire, ici, il aide un type dans la rue à porter un carton… il s’avère que le quidam est un peu du genre gourou mystique qui se prend pour le messie, ça nous donne un dialogue véritablement savoureux. J’ai souvent du mal à arriver au bout de ces 24 pages sous la signature de Lewis Trondheim tellement mes yeux sont embués de larmes de rire, j’adore son humour, j’adore son Richard, j’adore son insolence, sa pertinence et son impertinence, il n’hésite pas à aborder des thèmes sulfureux, Dieu, la mort, la science, la guerre, et il parvient à nous tordre de rire tout en nous proposant une réflexion pas si anodine pour autant. Génial !
Commenter  J’apprécie          240
Castelmaure

Un château à l’abandon, un couple royal qui ne parvient pas à enfanter, une sorcière qui n’a plus toute sa tête, un mythographe un peu trop investi, des enfants aux étranges mutations, un chasseur errant un peu paumé, des intrigues de palais… Tels sont les ingrédients indispensables, quoique décalés sous la plume de Lewis Trondheim, qui composent ce conte moyenâgeux. Vous voilà prévenus!



Franchement, je connais mal le travail de Lewis Trondheim, mais là, je dois dire que je me suis régalée en lisant cette bande dessinée qui reprend tous les codes du conte de fées classique pour les mettre à la sauce de cet auteur talentueux! C’est original, audacieux, rocambolesque à souhait, parfois effrayant, souvent cruel, un brin déjanté, un peu classique quand même et surtout tellement drôle! Mais où va-t-il chercher toutes ces idées?? Le découpage de la narration est parfait et permet de présenter chaque thème et chaque histoire de manière indépendante, pour mieux les réunir à la fin. Les personnages sont torturés à souhait et traînent chacun leur malédiction en quête d’une délivrance.



Le dessin d’Alfred, quant à lui, accompagne merveilleusement le texte. C’est vivant, jeune, hyper expressif, très coloré et ça contribue pour beaucoup à créer cette atmosphère à la fois merveilleuse et inquiétante du conte.



Pour peu que l’on aime cet univers très codifié, il y a vraiment de quoi se régaler avec cette aventure complètement folle! Une réussite en ce qui me concerne!
Commenter  J’apprécie          240
Donjon Potron-Minet, tome 2 : - 98 Un justi..

Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette

La belle disait "je t'adore" à un sale type qui l'embrassait

Avec mon bouquet d'fleurs, j'avais l'air d'un con, ma mère

Avec mon bouquet d'fleurs, j'avais l'air d'un con

“Marinette” de Georges Brassens





Deuxième volet des aventures de La Chemise de la nuit, Hyacinthe a évolué et semble avoir perdu de son innocence et de sa naïveté, en apparence seulement, car même s’il va à la Taverne et qu’il fume des herbes offertes par les lutins, il en a gardé encore un bon gros morceau. Il est un peu comme Georges Brassens avec sa Marinette, sauf que le sale type ne se contente pas d’embrasser son Alexandra. Et sa probité semble peser bien peu face à la corruption de son oncle.



Le dessin joue entre l’illustration naïve des personnages animaliers et la noirceur des décors, c’est coloré, vivant mais le graphisme est hachuré, sombre, brut, il retranscrit parfaitement la dichotomie entre l’innocence idéalisée et l’amère noirceur de la réalité.



L’humour est plus amer que dans la série Donjon Zénith, j’aime les deux, mais cette série dénote de la série principale, plus désabusé, plus pince-sans-rire, et aussi plus romanesque, avec une présence féminine faisant pencher l’aventure dans le romantisme. Toujours autant d’imagination, toujours autant d’émotions, de romanesque avec pourtant une simplicité touchante, franchement, j’adore…



Le panache aura-t-il raison de toutes les bassesses…
Commenter  J’apprécie          240
Horrifikland

Ce mercredi, c'est mon fils, 12 ans, grand lecteur de BD, qui partage sa dernière lecture.



Mickey et Donald décident de monter leur propre boîte de détective. Un jour, ils reçoivent la visite d'une mystérieuse femme. Celle-ci a perdu son chat au célèbre parc d'attraction Horrifikiland. Dingo, Mickey et Donald vont devoir user de leur intelligence et de leur courage pour lutter contre les dangers et créatures qui hantent le parc.





J'ai adoré cette BD drôle et absurde (j'ai aussi parfois frissonné) où l'on retrouve Pat hibulaire et son acolyte Maître Ratineau.

Horrifikiland nous plonge dans un univers très différent de l'univers magique que l'on connaît bien. Les dialogues sont décalés, le scénario bien construit et je vous la recommande vraiment !

Je suis heureux de retrouver Lewis TRONDHEIM (qui était déjà très bon dans Mickey's craziest adventures) au scénario pour ce nouvel album de Mickey.



Le dessin de NESME est formidable et donne à cet album une ambiance mi-horrifique / mi-comique : ce mélange d’ambiance est vraiment au top on se croirait un peu dans un épisode de Scooby doo j'ai trouvé et ca le fait bien !




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          240
Zizi chauve-souris, tome 1 : Cheveux rester

Ah, quand on tombe sur des BD comme ça, les enfants sont vraiment très excités et rigolent beaucoup ! (Ca me rappelle le temps du Grand Méchant Renard). Rien que le titre (Zizi chauve-souris) interpelle. Les dessins de la couverture montrent bien le délire de la bande dessinée. (En plus, c'est du Trondheim...). Suzie, surnommé Zizi est une petite fille (8 - 10 ans ?) très portée sur la mode. Un jour, malheur, une chauve-souris se coincent dans sa grande chevelure rousse et ne veut plus en repartir malgré les injonctions de Zizi. Mais bon, il y a aussi de bon côtés d'avoir une telle bête dans les cheveux...

C'est une suite de strips d'une page généralement, avec une continuité avec les suivants. C'est vraiment très drôle, on a bien ri avec Zizi et ses copains. Il y a plusieurs interactions : Zizi et sa mère, Zizi et ses amis, Zizi avec sa maitresse, Zizi et les créatures imaginaires... le tout est habilement lié. Les enfants ont parfois eu du mal à comprendre quelques références ou le second degré mais c'est vraiment une BD géniale avec cette un graphisme particulier mais qui fait tout son charme. A faire découvrir !!
Commenter  J’apprécie          240
Les cosmonautes du futur, tome 1

Gildas est un nouvel élève à l'école. Il fait connaissance avec Martina, qui aime jouer aux échecs mais croit voir des robots en chaque élève. Gildas lui aussi a une imagination débordante, il voit des aliens partout. Ils ne veulent pas qu'on les voit ensemble et pourtant, ils vont se retrouver à chercher des envahisseurs partout. C'est forcé, ils sont là...

Lewis Trondheim et Manu Larcenet, deux auteurs de BD que j'apprécie tout particulièrement. J'ai vu ce titre par hasard à la bibliothèque. Quel humour dans ce premier tome, une lecture très plaisante même si tout à fait abracadabrantesque. J'ai aimé découvrir cette amitié d'enfants qui aiment se raconter des histoires... se raconter des histoires ? Vraiment ? A suivre, évidemment !
Commenter  J’apprécie          240
Coquelicots d'Irak

Une toute petite fille à la tête aussi grande que le corps, souriante et dotée de longs cheveux noirs. C'est ainsi que Brigitte Findakly se met en scène dans « Coquelicots d'Irak », un roman graphique dans lequel la scénariste et coloriste revient sur son parcours et ses origines, entre l'Irak et la France. L'artiste n'est évidemment pas la première à faire partager ses souvenirs d'enfance dans un pays arabe par le biais de la bande dessinée : ce fut le cas, entre autre, de Marjane Satrapi qui revenait dans « Persépolis » sur les années passées par sa famille sous la domination du Shah en Iran, mais aussi, plus récemment, de Riad Sattouf qui continue de relater au fil des tomes de « L'arabe du futur » sa vie dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez El-Assad. S'il n'a à mon humble avis pas la force des albums suscités, le récit de Brigitte Findakly ne nous en livre pas moins un témoignage intéressant du quotidien des Irakiens entre les années 1950 et aujourd'hui. L'occasion pour le lecteur d'en apprendre davantage sur l'histoire contemporaine de l'Irak et de réaliser que l'instabilité dans la région ne date pas d'hier (et n'est malheureusement pas prête de s'arranger avec l'implantation de Daech dans le nord-ouest du pays). L'intérêt de l'ouvrage réside d'ailleurs essentiellement dans ce que les anecdotes choisies par l'auteur révèlent de l'évolution de la société irakienne au cours de ce quart de siècle.



Parce que le sujet la touche personnellement, et parce que, comme souvent, le phénomène est l'un des premiers révélateurs de la radicalisation de la société, Brigitte Findakly témoigne notamment de la régression alarmante du statut de la femme dans le pays (contraintes vestimentaires de plus en plus strictes, attitude des hommes de plus en plus autoritaire...). Une partie des événements relatés ici décrit également de manière assez nette l'installation d'un régime dictatorial et l'essor d'une paranoïa collective, entretenue et encouragée par les gouvernements successifs (messages incitant à la délation au début des films projetés au cinéma, interrogatoires des enfants à l'école sur les discours tenus à la maison par leurs parents...) L'album ne manque donc pas d'informations intéressantes qui parviennent à nous toucher d'autant plus facilement qu'elles nous sont données par une enfant, toutefois le récit se révèle un peu trop décousu. Certaines de ces anecdotes semblent ainsi être évoquées sans réel souci de cohérence, impression renforcée par quelques problèmes de transition qui cassent parfois le rythme de la lecture (des changements d'époques trop brusques, par exemple). De même, les quelques « bonus » insérés dans l'histoire et relatant tel ou tel aspect de la vie quotidienne en Irak sont intéressants mais n'ont parfois aucun rapport avec ce qui suit ou précède ce qui ne fait qu'accentuer cette impression de désordre.



Malgré une narration parfois un peu trop confuse, le témoignage de Brigitte Findakly (assistée ici de Lewis Trondheim) parvient sans mal à toucher et interpeller le lecteur qui appréciera certainement de découvrir quelques aspects de la vie quotidienne des Irakiens d'hier et d'aujourd'hui. Une sympathique découverte qui possède suffisamment d'atouts pour convenir à un public adulte mais aussi jeunesse.
Commenter  J’apprécie          240
Donjon Zénith, Tome 6 : Retour en fanfare

Voici un tome qui ne m’avait pas particulièrement marqué lors de ma précédente lecture, je viens de relire ces derniers mois tous les tomes précédents dans l’évolution du Donjon, et en particulier “Un mariage à part” et cette seconde lecture se révèle bien plus pétillante.



On découvre la ville fortifiée de Vaucanson, dirigée pour les apparences par un roi fantoche, le père d’Herbert, mais c’est son conseiller qui tire les ficelles. La venue d’Herbert, en principe banni de la ville, va mettre un peu de bazar dans ses projets.



On retrouve tous les ingrédients qui font la particularité de cette série : de l'aventure, de la fantaisie, des bagarres, des idées farfelues, du suspense, des situations rocambolesques, un ton désinvolte, décontracté, de l’humour et toujours autant de folie. Et après la lecture des tomes précédents, je découvre l’évolution des personnages, Marvin est amoureux, ça change la donne, Hyacinthe paraît aussi plus égoïste, moins en phase avec ses guerriers. Il y a une ambiance de récit de chevalerie, un côté Ivanhoé, l’héritier qui revient au château déjouer un complot contre son père, mais forcément, ça part en vrille très vite, avec des super héros, des monstres, et tant d’idées farfelues. Le final qui m’avait paru abrupt lors d’une première lecture prend toute sa saveur dans le cadre de l’ensemble de la série, nous amenant à penser que toutes ces luttes de pouvoir ou pour la richesse n’ont guère d’importance.



La Fanfare a résonné bizarrement, ça a fait un couac terrible, mais c’était un très beau couac.
Commenter  J’apprécie          232
Je vais rester

Lewis Trondheim dans un registre assez différent de ce qu’il fait d’habitude, une histoire pleine de nonchalance et mélancolie, où l’absurde s’invite dans les comportements de ses personnages essentiellement.

Les vacances au Pays Basque de Roland seront vite écourtées, Roland aussi est écourté d’ailleurs, décapité par une tôle projetée par une bourrasque. Fabienne se retrouve seule, un peu perdue, sans véritable chagrin, et va traîner dans la station balnéaire. Elle va suivre le programme que Roland avait prévu, restaurants, visites, comme si de rien n’était, déni ou manière de vivre son deuil, l’interprétation du lecteur est laissée à sa convenance.

Le graphisme est réaliste, lumineux et doux, il atténue les sons et renforce cette ambiance cotonneuse.

Pour moi, le drame se transforme alors en une quête initiatique, Fabienne, presque mutique, à coup de rencontres, va redécouvrir la vie, d’une autre manière, pas formatée et programmée comme Roland la voyait, mais indépendante et vagabonde. C’est un récit plein de charme et de poésie, un paradoxe par rapport au thème, il nous berce au rythme du temps qui passe, doucement, et malgré son rythme nonchalant, il questionne, il ouvre les yeux, il nous laisse dans la méditation, à nos propres questionnements, nos doutes, nos rêves.

“Je vais rester” est une lecture pleine de délicatesse, assez intrigante, et totalement déconcertante, à savourer en douceur.
Commenter  J’apprécie          230
Donjon Monsters, Tome 10 : Des soldats d'ho..

Cet album de la série est assez déconcertant.

Le graphisme est brut, agressif, vif, les personnages sont des silhouettes hachurées nerveusement, les couleurs restent dans des tons naturels et neutres, de gris et d’ocres. Pas de phylactères, et un texte en voix off. Le récit est raconté par le personnage principal, et on constate très vite qu’il ne brille pas par son intelligence. Gorg et son frère Karg, soldats de la Géhenne, sont entraînés et conditionnés pour garder une porte du donjon. Karg faillira à sa tâche et Gorg devra alors l’exécuter. Le récit est sombre, morbide, il y a une pointe d’humour qui accompagne le récit, un humour très cynique, autour de la situation du soldat conditionné à exécuter les ordres sans se poser de questions. Gorg ne s’en pose pas la moindre, mais en suivant ses réflexions, on s’enfonce mollement dans cette ambiance, ça fonctionne parfaitement, le dessin s’accorde à la noirceur du récit, on se retrouve en accord avec les pensées de Gorg, la cruauté et l’horreur ne nous troublent même pas alors que les ordres contradictoires posent de véritables problèmes. Il y a une lenteur, une torpeur dans le rythme et l’ambiance qui nous anesthésie. Notre pensée, dans un premier temps, ne va pas plus loin que celle de Gorg et au final, on en ressort bouleversé. Le rapprochement est peut-être osé, mais ça m’a fait penser à “La mort est mon métier” de Robert Merle.

Sans doute un des plus sombres épisodes de la série, Sfar et Trondheim réalisent un coup de maître en proposant un récit grave et pesant. Le travail de Bezian renforce cet aspect de façon remarquable, très juste, se concentrant sur l’essentiel. Cette histoire, c’est surtout un ton et une atmosphère pour illustrer un propos loin d’être léger.

Tous les albums de la série Donjon sont différents, chacun possède ses particularités, certains semblent sortir du cadre, comme celui-ci, et la surprise est au rendez-vous pour notre plus grand bonheur.
Commenter  J’apprécie          230
La Bouteille

Papy s'est tué en chutant dans les escaliers de la cave, la bouteille de champagne qu'il était parti chercher est intacte. Que faire de cette bouteille, un débat familial s'ouvre sur le sujet. Quelques dessin en noir et blanc, des portraits, le fils, la belle-fille, la fille, les petits enfants… le ton est sérieux, la situation incongrue, un peu ridicule, et en même temps, les questions d'éthique et de la mort effleurent, c'est comme un cosy mystery, sauf qu'on connait le coupable, mais comment juger une bouteille ?

Le rythme est très structuré, des illustrations pleine page d'Arnaud marchant dans les bois alternent avec les discussions familiales, la luxuriance du sous-bois contraste avec les scènes sans décors et cette alternance nous amène alors à la chute logique.

En 24 planches au format carte postale, Alfred et Lewis Trondheim nous livrent un exercice de style fin et surprenant. Cette collection Patte de mouche de chez L'Association nous propose une fois de plus une belle curiosité.

Commenter  J’apprécie          220
Donjon parade, tome 1 : Un donjon de trop

Un donjon de trop inaugure la section “Parade” de la série Donjon. Un section centrée sur l’humour, avec des histoires qui peuvent être lues indépendamment les unes des autres. Joann Sfar et Lewis Trondheim sont au scénario, Manu Larcenet au dessin. Dans cette aventure, le Donjon va être soumis à une rude concurrence : un donjon va être créé juste à côté, mais un donjon factice en décors de carton, un donjon bien moins dangereux, un espèce de parc d’attraction, mais la clientèle fuit quand même le vrai donjon et le personnel y est attiré par des conditions plus avantageuses.

Placer dans un cadre Fantasy un parc d’attraction qui n’entre absolument pas dans cet univers nous apporte un humour décalé, déjanté, avec beaucoup d’ironie sur les parcs d’attractions réels, c’est loufoque, hilarant, le graphisme et plein d'énergie, coloré, vivant, dynamique, expressif. Alors peut-être que cet épisode est anecdotique dans l’ensemble de la série, mais il apporte aussi beaucoup de fraîcheur, d'insouciance et de rires, et puis ça fait un tout avec l’ensemble de la série qui passe de la dérision totale au tragique profond, vu dans l’ensemble, ces récréation “Parade” sont tout autant indispensables. J’adore.
Commenter  J’apprécie          220
Donjon Zénith, Tome 5 : Un mariage à part

Mariage arrangé, magouilles juridiques dans un univers où elles n’ont pas leur place, cela donne un imbroglio picaresque digne d’une pièce de Molière, servi par un graphisme délirant, baroque à souhait, dans des décors wagnériens et disneyens à la fois. Boulet s’invite dans la série et remplace Lewis Trondheim qui va désormais se cantonner au scénario avec Joann Sfar, j’aime bien les deux, mais je trouve que Boulet s’en sort à merveille. Le scénario perd de son innocence, Donjon Zenith a démarré sur un ton plus léger, ici la situation devient plus grave, plus sombre, les caractères des personnages deviennent plus ambigus, et même si les répliques sont toujours aussi savoureuses, les situations toujours aussi cocasses, la série évolue en force et en subtilité, en émotions et en réflexions et je rajouterais que le médium bande dessinée est exploré encore plus loin dans ses spécificités. La bande dessinée est un art de l’ellipse dixit Benoit Peeters, un langage en soit, les auteurs rythment ce récit de nombreuses ellipses, presque une à chaque fin de page, ce qui lui donne un rythme et une intensité redoutable. Bref, c’est juste très bon, d’un très haut niveau, et plus on lit d'albums de la série, plus sa dimension artistique nous saute aux yeux. De l’imagination potache d’amateurs de jeux de rôles est sortie la meilleure série de bande dessinée qui soit.

Magistral.



Un Donjon Crépuscule, un Donjon Antipodes+ et un Donjon Monsters sont programmés pour 2024, et je viens de voir que 6 Donjon Parade sont prévus pour fin 2024 et 2025 ! Il y a une page Wikipedia régulièrement mise à jour pour se tenir au courant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_albums_de_Donjon

On a parfois envie qu’une série se termine, c’est peut-être la seule qu’on souhaite infinie.

Commenter  J’apprécie          220
Donjon Monsters, tome 7 : Mon fils le tueur

Dans cet épisode, Blutch est au dessin, dans un style assez proche de celui de Christophe Blain (les quatre premiers épisode de Donjon Potron-Minet) ou de Joann Sfar (les trois premiers épisodes de Donjon crépuscule) : Un trait nerveux avec beaucoup de hachures, la ville est rendue dans son aspect sombre et foisonnant, les sous-sol sont crasseux, les visage sérieux.

On est dans la période Donjon Potron-minet, Hyacinthe utilise encore son identité secrète, La Chemise de la nuit, et son pouvoir politique est déjà important, mais sa sécurité est menacée. Il engage deux espèces de dragons lézards, une mère et son fils, pour sa protection rapprochée. On découvre un Marvin encore très jeune, encore naïf mais déjà presque invincible, je crois que son nom n’est jamais cité dans l’histoire, on s’imagine que c’est bien lui, encore petit, avec des ailes et des cheveux longs, encore dorloté par sa mère protectrice, mais déjà presque invincible. Derrière cette première rencontre, savoureuse et pétillante, on a une histoire de complot, de règlements de comptes, assez classique dans le fond, l’intérêt se situe plus dans l’évolution des personnages, dans les tensions de l’histoire renforcées par le graphisme sec et nerveux, et dans cet univers génial qu’est celui de la série Donjon.
Commenter  J’apprécie          220
Donjon antipodes, tome 1 : L'armée du crâne

Lewis Trondheim et Joann Sfar ont relancé leur série Donjon, après un certain temps laissée au repos. La série Antipodes- se déroule longtemps avant la période du donjon, c’est juste un prétexte pour un épisode de fantasy, avec des elfes et des orques en guerre. Panaccione est au dessin, il reste dans le style de la série : dessin brut, personnage un peu grotesque, le gamme colorée est assez verdâtre, normal, on est dans l’univers des orques. Deux armées s’affrontent au début de cette aventure, mais l’armée du Crâne n’est aucune d’entre elles. Il s’agit de deux chiens qui se lancent dans une quête improbable, retrouver le crâne du maître de l’un d’eux, un orque. Humour bête et méchant, violence gratuite, réflexions loufoques, ces deux chiens ne brillent pas par leur esprit, pourtant certaines de leurs réflexions ne sont pas dénuées de sens, le ton est décalé, leur souhait de retrouver un maître n’est sans doute pas la bonne quête, celle de la liberté ne serait-elle pas plus judicieuse ?

Sans que ça soit un des tout meilleurs épisodes de la série, il se laisse lire avec un certain plaisir, on retrouve le ton de récit improvisé des deux compères, avec des situations farfelues et souvent sanglantes, Sfar Trondheim nous offrent un bon délire canin dans le ton de la série.
Commenter  J’apprécie          220
Gare centrale

Lewis Trondheim est au scénario, Jean-Pierre Duffour au dessin reprend les personnages animaliers à la manière de Lewis Trondheim, la technique est assez différente, avec l’utilisation des lavis qui donne beaucoup de profondeur au graphisme, une lumière douce, l’architecture est très présente, arches, colonnades…

C’est une histoire étrange, un homme chat, dans une gare attend son train, mais il n’y a plus d’horaires sur le panneau d’affichage, de la simple angoisse de rater son train, on se retrouve dans une quête loufoque, tout devient étrange, cette gare devient un lieu fou, hors du temps, absurde, sans but, l’architecture, d’abord classique, évolue aussi vers un délire onirique. C’est le théâtre de l’absurde, surréaliste, digne de Kafka, Samuel Beckett, Lewis Carroll. Ce petit livre qui ne paye pas de mine est un petit bijou qui mérite certainement d’être plus connu.
Commenter  J’apprécie          220
Mister O

Mister O, c’est trente planches sans paroles divisées en soixante cases chacune, de tout petits dessins, un personnage qui n’est juste qu’un rond avec des yeux, une bouche, des bras et des jambes bâtons et ce petit personnage va tenter trente fois de franchir un ravin. Lewis Trondheim décline l’histoire en plusieurs variantes, burlesques et fantaisistes, avec une pointe d’humour noir, façon Game Over sans le côté gore. Mister O, c’est juste de petites choses toutes simples pour un récit aux ramifications multiples, qui prête à sourire, à rire, à souffrir. Évidemment, il s’agit juste d’un exercice de style Oubapien, juste pour le plaisir de l’expérimentation, sans prétentions, à savourer pour les amateurs du genre.



Ajoutée à ma liste “Quelle bande de fainéants, ces illustrateurs de bandes dessinées !”

https://www.babelio.com/liste/16607/Quelle-bande-de-faineants-ces-illustrateurs-de-ban
Commenter  J’apprécie          210




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lewis Trondheim Voir plus

Quiz Voir plus

lewis trondheim

Quel est le nom de la bande dessinée qui a rendu célèbre Lewis Trondheim ?

Les formidables bavures de Lapinot
Les incroyables aventures de Lapinot
Les formidables aventures de Lapinot
Les formidables aventures de Barbinot

6 questions
95 lecteurs ont répondu
Thème : Lewis TrondheimCréer un quiz sur cet auteur

{* *}