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Citations de Lianke Yan (180)


Il se tourna pour inspirer un peu d’air et sentit de nouveau la puanteur noire des rats, prégnante tout autour, déversant son venin sur le maïs. 
(poche, p.70)
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You Sipo le soupesa longuement et finement du regard : dans sa tignasse hirsute où couraient les poux, de la terre et des herbes s’étaient nichées. Les coudes de sa veste étaient troués, ce qui en dépassait crasseux. Le pantalon noir était constellé de pièces bleues cousues de fil blanc. Elle constata aussi que s’il portait à un pied une vieille savate faite à la main, l’autre était chaussé de toile presque neuve, avec une semelle en caoutchouc.
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La maladie a été le gouffre le plus difficile à franchir, celui qui s'est présenté le plus souvent aussi; l'enseignement s'est révélé la canne indispensable à son parcours. Il occupe, depuis plus de vingt ans , une vaste parcelle de la pauvre terre de sa vie.
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Il se déshabilla à son tour. Ils ramassèrent leurs vêtements et les enfermèrent dans l'armoire. Ils étaient désormais dans un autre monde, à l'écart des hommes. Ils éprouvaient un immense sentiment de liberté et un bonheur qu'ils n'avaient encore jamais ressenti. Ils s'enlacèrent. Elle se mit à le caresser partout où elle avait envie de le caresser, et il se mit à l'embrasser partout où il avait envie de l'embrasser. Tout leur était permis. Ils ne connaissaient plus de tabous. Lorsqu'ils étaient fatigués, ils s'arrêtaient pour se reposer. Si ce n'était pas elle qui enfourchait ses genoux, c'était lui qui posait ses cuisses en travers des siennes. Ils s'asseyaient ou s'étendaient à même le sol. Parfois, il posait sa tête à l'endroit le plus tendre de son corps ; ses cheveux en brosse, raides comme le chaume, la chatouillaient délicieusement et il oscillait de la tête pour augmenter son plaisir. Elle riait, d'abord faiblement, puis plus fort et, à nouveau, faiblement. Son désir se réveillait et il voulait recommencer. Alors, telle une petite fille, elle se sauvait pour lui échapper. Il la poursuivait et, lorsqu'il l'avait rattrapée, il la reprenait et s'ébattait sur son corps avec l'insouciance d'un petit berger courant joyeusement sur la pente herbeuse de la montagne.
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La lune était aussi brillante que le soleil. Le soleil était aussi doux que la lune.
Le printemps était enfin arrivé.
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Il caressait son chien, le long de la colonne vertébrale jusqu'à la queue, puis recommençait depuis la tête. La bête ne pleurait plus. L'homme caressait d'une main, le chien lui léchait l'autre. Cette nuit-là, ils se sentirent soudain inextricablement liés par un sentiment dont la douceur les envahit, les inonda tous deux.
Il dit, l'aveugle, marions-nous, d'accord ? Avec un compagnon, la vie est plus savoureuse.
Le chien lui lécha copieusement la main.
Il dit, je ne vivrai plus très longtemps, si tu peux m'accompagner jusque-là, alors j'aurai une belle mort.
Et le chien se mit à lui lécher le poignet, à grands coups de langue, comme si la distance des doigts au poignet s'était extraordinairement allongée.
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Le matin, à l’aube, droite et pleine de forces, se dirigeait vers notre champ une silhouette haute et mince qui, le soir venu, rentrait éreintée, courbée. Lorsque nous arrivions au champ, mon père se tenait droit comme un I ; mais à force de creuser, quand arrivait midi, il ressemblait à un arbre sur lequel on aurait accroché un lourd sac, le tronc encore dressé ployait déjà visiblement. Après le déjeuner, l’arbre semblait s’être délesté de son fardeau et s’efforçait à nouveau de se maintenir droit. Et lorsque le soleil déclinait, l’arbre était terriblement courbé, comme lesté par deux ou trois sacs toujours plus lourds, comme s’il ne pouvait désormais plus se redresser. Malgré cela, mon père continuait à lever la houe pour la faire retomber violemment sur le sol, jusqu’à ce que le soleil disparût complètement à l’horizon.
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La nuit, le ciel était noir, d'un noir profond, le noir de la tombe, et dans l'école, le silence avait la profondeur du puits. On pouvait entendre les nuages flotter dans le ciel.
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Maintenant que, dans la plaine, les gens mouraient comme des lanternes qui s'éteignent et des feuilles emportées par le vent d'automne, les morts qui avaient besoin de cercueils étaient aussi nombreux que les vivants qui avaient besoin de maisons.
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- Le règlement interdit de vendre les cercueils fournis par le gouvernement aux gens qui ne sont pas malades et à ceux qui le sont depuis moins de trois mois mais tu es le chef du village, tu es un dirigeant de base, je peux donc faire une exception pour toi.
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Il avait aussi cru bon de remplacer les latrines extérieures où, depuis la nuit des temps, on s'accroupissait pour se soulager, par des toilettes intérieures avec un siège. Malheureusement, mes parents, même en restant assis pendant des heures, ne parvenaient pas y faire leurs besoins.
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Il se leva et ouvrit la porte de l’armoire pour prendre ses vêtements. C’est alors que se produisit un événement plus grave que la destruction des citations du président Mao, un événement qu’on peut aller jusqu’à qualifier d’antihistorique et d’antisocial, un événement portant atteinte à la politique du Parti. En tendant le bras pour prendre sa veste, il fit tomber une statue en plâtre du président Mao qui se fracassa sur le sol en mille morceaux qui se répandirent dans toute la pièce. Séparée du corps, la tête du président Mao roula comme une balle de ping-pong près de la table, abandonnant dans la poussière son nez blanc en forme de haricot.
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De ce fait, les femmes victimes de violence domestique sont monnaie courante aujourd'hui encore dans les campagnes. Ces violences sont même atrocement considérées comme traditionnelles et inhérentes à la société patriarcale. Malgré les interdictions répétées, le trafic d'épouses et d'enfants persiste.Le prix des filles se négocie selon les quatre critères de l'âge, l'état de santé, le physique et le niveau d'instruction. Un garçon se vend le double ou plus du double d'une fille.Pour la société, une femme n'est donc pas un être humain à part entière.
Elle est une femme avant tout.Son statut dans l'ordre éthique et sociétal la confine aisément dans l'inhumanité.
( p.143)
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Le temps avait fraîchi, la chaleur du jour commençait à se dissiper. Au-dessus de la cabane, les étoiles et la lune récupéraient doucement leur rayonnement, à la manière d'un filet de pêche que l'on retire de l'eau, c'était une lumière pure qui s'égouttait légèrement et que l'on entendait perler, tinter faiblement.
L'aïeul savait que ce n'était pas là le bruit de l'eau, ni celui des arbres, ni même celui des insectes. C'était, dans l'immense nudité de la nuit, le paroxysme du silence qui se donnait à entendre.
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ses seins [étaient] aussi appétissants que les petits pains cuits à la vapeur dont le colonel était si friand.
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Elle jetait sur l'herbe les vêtements qu'elle retirait ou les accrochait aux branches où ils flottaient comme autant de drapeaux colorés.
De même manière que lorsqu'elle s'était, un peu plus tôt, déshabillée pour Mingguang, elle fut bientôt complètement nue. À l'instant où elle dégrafa son soutien-gorge, la montagne trembla. Quand la secousse qui agitait les arbres se calma, elle enleva la dernière pièce : son petit slip triangulaire en voile transparent, et la forêt et la montagne se remirent à vaciller, à tanguer sans plus vouloir s'arrêter. Sur ce fond de tressaillements et d'oscillations, une larme au coin de l'œil, elle lui sourit. Et les arbres morts à nouveau se couvrirent de fleurs, jaunes ou écarlates. Et dans la forêt les herbes pour une raison ou l'autre fanées ressuscitèrent, un parfum végétal épais comme un printemps s'abattit comme une pluie de tempête. Des branches là-haut les oiseaux s'envolèrent en criant. L'automne redevint été, l'été redevint printemps, et quand il en fut là, le temps s'immobilisa. Jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche et que les saisons reprennent leur cours.
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L'eau cherche à descendre mais l'homme veut s'élever.
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Comme le dit si justement le proverbe : c'est quand la neige tombe qu'il faut vendre le charbon.
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On n'apporte rien en naissant et on n'emporte rien dans la tombe.
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Il espérait follement voir les loups se coucher, harassés de fatigue à force de rester debout ; quand bien même une fois allongés ils auraient remué légèrement, il aurait préféré les voir étendus. Mais les loups ne se couchèrent pas. Ils se tenaient en éventail, à cinq ou six pas de l'aïeul, et soutenaient son regard ; on aurait dit des rocs longtemps battus par le vent et la pluie. L'aïeul entendait le crissement ténu du mouvement de leurs prunelles, il voyait, soufflés par le vent, les poils de leur fourrure étinceler.
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