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Citations de Marcel Aymé (477)


— Vous vous rappelez, onze heures et quart, c’est l’heure à laquelle le bombardement avait commencé. Tout à coup, le souvenir de ma lecture de l’avant-veille, qui s’était enfui de ma mémoire, est venu m’assaillir : « Malheureuse planète ! Astre sombre roulant aux marches de l’infini… » En même temps, j’ai été pris d’un affreux vertige. Dans ma tête alourdie, les mots se figeaient en nombres monstrueux qui, peu à peu, revêtaient eux-mêmes une forme et une. Je sentais peser en moi la présence réelle d’Uranus. J’embrassais l’immensité de la planète obscure, je touchais sa solitude. Comment pouvez-vous me croire si je vous dis simplement que j’en éprouvais les dimensions et la pesanteur ? Et même si vous l’admettez, vous ne parviendrez pas à imaginer ma souffrance
. . . .
Chaque soir, à onze heures et quart, le combat recommence et se poursuit toute la nuit à travers mon sommeil. Jusqu’au réveil, à la délivrance du matin.
Watrin regarda l’humble mobilier de la petite chambre, la pluie, les ruines et les champs sous la pluie.
Le matin, en ouvrant les yeux, je retrouve enfin la Terre, je reviens dans la patrie des rivières et des hommes. Qu’elle est belle la Terre, avec ses ciels changeants, ses océans bleus, ses continents, ses îles, ses promontoires, et toute la vie, toute la sève, qui frémit dans sa ceinture, qui monte dans l’air et dans la lumière. Cher Archambaud, je vous vois sourire. Ces splendeurs, trop heureux, vous n’y pensez plus guère. Mais moi, quand mon réveil me délivre, je suis comme le premier homme au matin du monde dans le premier jardin. Mon cœur est gonflé d’admiration, de joie, de reconnaissance. Je pense aux forêts, aux bêtes, aux corolles, aux éléphants (bons éléphants), aux hommes, aux bruyères, au ciel, aux harengs, aux villes, aux étables, aux trésors qui nous sont donnés à foison et il me semble que la journée va être bien courte pour jouir de ces faveurs. J’ai toujours envie de rire et de chanter et si je pleure, c’est d’amour. Ah ! que j’aime la Terre et tout ce qui est d’elle, la vie et la mort. Et les hommes.
— Comment le souvenir de tant de merveilles peut-il m’abandonner toutes les nuits ? Le matin, en ouvrant les yeux, je retrouve enfin la Terre, je reviens dans la patrie des
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Quand vous y aurez soigneusement réfléchi, vous vous demanderez peut-être si le romantisme d'un homme intelligent et sensible n'est pas préférable au bon sens d'un confortable et prudhommesque imbécile et si la bourgeoisie aurait tellement à gagner en échangeant son cheval borgne, mais tout de même assez fringant contre une vieille carne aveugle.
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Homme ou femme, un être finit toujours par decouvrir qu'il appartient à une catégorie, à un clan, à une espèce quelconque qui a ses simagrées, son protocole, ses contorsions.
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"A demi couché sur le divan de la salle à manger, mon frère lisait un livre ayant pour titre Lolita. Il a levé le nez à mon approche et m'a dit qu'il était en train de lire un livre comme jamais lu, un roman faramineux. Je n'ai pas manifesté de curiosité Les romans et plus généralement la littérature ne m'intéressent pas. Michel, qui s'en est souvenu tout à coup, m'a considéré un moment en silence. "C'est, a-t-il ajouté, l'histoire d'un type de quarante ans qui est l'amant d'une petite fille de douze ans." À quoi je n'ai pu me retenir de hausser les épaules. On se casse le dos à faire des études, on avale des centaines et des centaines d'alexandrins et après, il faudrait se plonger dans une littérature qui va à contre-poil de tout ce qu'on a appris. C'est ce que j'ai dit à mon frère. Maintenant, on en est au derrière des fillettes, demain peut-être à celui des octogénaires. Une littérature de pissotière, d'égout, d'asile de fous, voilà de quoi tu te délectes. À quand le best-seller mondial dont l'action se passera tout entière dans les chiottes ?" Pp. 74 et 75 NRF Gallimard - 1ère édition, 1960
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Elle prenait une conscience un peu humiliée du rôle de la femme dans le cercle de la famille, et commençait à trouver un sens à certaine parole prononcée par sa mère un jour de lassitude : "On dirait que les hommes traversent la vie en chemin de fer; nos soucis et nos peines, ils les regardent comme par la portière. "
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Marcel Aymé
Nos bonnes actions sont souvent plus troubles que nos péchés
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Elle ramassa son diadème et l'assura sur sa tête, le cabochon bien en place.
- Tu n'as pas osé le prendre, hein?
- J'allais le prendre, dit Arsène, mais je vous ai vue venir sur l'étang et j'ai pensé à autre chose.
- A quoi?
La Vouivre le regardait avec des yeux chauds, son visage s'était coloré, elle respirait plus vite. Arsène vit son émoi et eut lui-même chaud aux joues, mais il craignit pour son âme et répondit avec une feinte tranquillité:
- Je pensais à ce que vous êtes en train de penser, mais tout ça, c'est bien de la bêtise. Le temps du plaisir, on le retrouve toujours, mais le travail, il n'attend pas et , moi, j'ai laissé ma faux sur le pré. Au revoir.
Arsène s'éloigna sans se retourner et entra dans la forêt.
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On est l'homme d'un milieu, d'un métier, d'une femme, d'une ville, d'une rue, d'une lavallière, on est porté, balayé, chassé, on ne sait plus ni nord ni sud et quand la vague vous dépose, on a des raisons pour tout expliquer.
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Tu as pu croire que je méprisais tout ce qui est de la vie des hommes. Pourtant, c'est le contraire. Je voudrais vous connaître mieux. Moi, qui ai vu apparaître les premiers hommes dans le Jura et se succéder des milliers de générations, tu penseras peut-être que je les connais mieux que personne. La vérité, c'est que vous m'avez toujours étonnée. Il y a dans vos têtes quelque chose qui n'est pas dans la mienne, quelque chose que je sentais déjà chez les hommes des cavernes, et je voudrais bien savoir quoi.
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Lire au lit, sortir en cheveux, me lever tard, me coiffer dans le dos, aller au théâtre, être en retard aux rendez-vous, et tant d'autres choses défendues qui ne pourront plus l'être. Quel chemin j'aurais parcouru, presque sans sortir de l'appartement. Le plaisir que j'ai, c'est bien le pire, à n'écouter que moi, à disposer de moi. (p. 210)
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Pierre secoua la tête et médita, plein de rancunes, sur l'inégalité des conditions sociales et sur le triste hasard qui l'avait fait naître dans une famille de gros industriels. Fils d'ouvriers ou d'employés, ses parents n'eussent pas contrarié sa vocation de coureur de fond. Obscurément, il se prit à former des vœux pour la subversion de l'ordre social et le triomphe des partis extrémistes. Le désir lui vint d'exprimer sa pensée à haute voix, mais, à la réflexion, il ne trouva pas dans ses aspirations déçues de coureur à pied des raisons valables d'aller à la révolution. Un tel raccourci lui parut même un peu choquant. Du reste, une profession de foi révolutionnaire risquait de le rendre ridicule, lui, qui, à vingt-quatre ans, libre de tout souci matériel, n'osait même pas se révolter ou seulement objecter contre les exigences de son père.
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Les fidèles circulaient entre les tombes, parlaient des morts qui ne l'étaient jamais tout à fait et, l'heure de la messe venue, s'en allaient à l'enterrement de leurs péchés.
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-Bonne tête, lui dit Grandgil, mon gros sentiment, mon bon cœur, t'es timide comme pas une rosière, mais je résiste pas à ton charme. Tes valises, je te les porterais jusqu'au Havre, à pied, sur les genoux, n'importe comment, n'importe où. Viens-t'en. Je veux plus les voir jamais.
Empoignant ses valises, il se dirigea vers la porte et, par-dessus l'épaule, lança aux mastroquets:
-Vilains, je vous ignore pour la toute. Je vous chasse de ma mémoire.
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Dans sa trente-cinquième année, le nain du cirque Barnaboum se mit à grandir. les savants étaient bien ennuyés, car ils avaient, une fois pour toutes, fixé à vingt-cinq ans l'âge limite de la croissance. C'est pourquoi ils firent en sorte d'étouffer l'affaire.
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Elle rêvait aux salons des dames d'officiers où les pianos étaient à queue et où les fauteuils n'avaient point de housses.
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On en voulut à Lemurier de n'être pas mort.
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Assez, c'est bien, mais trop, c'est trop.
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IREN : Meuh ! Que la reine est belle ! ( Piétinant) Meuh ! Meuh ! Meuh !

MICHOU : Et moi, Pasiphaé, de ton mufle charmant
Je baise la peau nue et rêve à mon amant
Qui mourut emporté par une fièvre aphteuse
Dans un long meuglement de détresse amoureuse.

IREN : Meuh ! Pauvre cher taureau, il ne pouvait plus parler, mais son dernier regard disait Pasiphaé. Meuh !

[ Vers le dernier tiers de la pièce ]
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M. Lécuyer, assis à sa table de travail, d’une plume encore nerveuse déplaçait une virgule dans le texte d’un employé, soumis à son approbation, lorsqu’il entendit tousser dans son bureau.
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L'honneur, il l'a dans les dents comme du caramel.
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