AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070361434
252 pages
Gallimard (12/07/1972)
3.81/5   83 notes
Résumé :
En proie à ses regrets et perplexités, Michaud (de la Société de Gérance Michaud et Lolivier) ne songe pas à s'étonner outre mesure que son fils cadet Antoine échange un roman américain contre des valeurs aussi prisées qu'une livre de beurre, un paquet de chocolat et. une invitation à passer quinze jours à la campagne avec son ami Tiercelin. L'époque, certes, se prête à la nostalgie et aux trocs avantageux : Paris est occupé, les vivres manquent, le marché noir pro... >Voir plus
Que lire après Le chemin des écoliersVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 83 notes
5
6 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ma critique ne va pas être transcendante car, autant j'avais été emballée par sa "Table-aux-crevés", autant, cette fois, Marcel Aymé m'a laissée perplexe.

Dans un premier temps, j'ai été gênée par les caractères d'imprimerie petits, épais et pas très nets (Edition Folio 1999) qui ont rendu la lecture fastidieuse. Est-ce pour cela que j'ai eu des difficultés à vraiment entrer dans l'histoire ? Je ne le jurerais pas mais il est certain que ça n'a pas aidé.
De plus, j'ai trouvé la manière d'amener les choses, de les mettre en situation, pas toujours très claire. Ce qui est dommage car certains passages étaient vraiment percutants - c'est du Marcel Aymé tout de même, ne l'oublions pas.

Globalement, mon avis est donc mitigé bien que je ne regrette absolument pas cette lecture.
Commenter  J’apprécie          361
Pendant l'occupation Antoine Michaud, jeune lycéen de 17 ans, se livre avec son ami Paul Tiercelin au marché noir. Il entretient une maîtresse, Yvette, dont le mari est prisonnier en Allemagne.
Le père d'Antoine s'inquiète des sorties trop nombreuses de son fils et questionne le père de Tiercelin, qui tient un restaurant dont la clientèle est essentiellement constituée d'allemands et de collaborateurs avec l'occupant. Tiercelin père livre Charles Michaud aux mains d'Olga, "une créature de rêve"...
Ce roman est passionnant et profondément humain.
Bourvil tient dans l'adaptation cinématographique le rôle de charles Michaud, le jeune Alain Delon y figure son fils et Lino Ventura Tiercelin. Ce film à la distribution prestigieuse tient toutes les promesses de ce magnifique roman.
Commenter  J’apprécie          341
Aymé, c'est ce qu'il y a de plus beau… Vous connaissez la chanson. Plus beau peut-être, plus consensuel, plus gentil, c'est moins sûr. Marcel Aymé, c'est du brutal. J'ai connu une polonaise qui en lisait au petit déjeuner, je ne sais même pas ce qu'elle est devenue. En 1946, Marcel Aymé règle ses comptes avec la guerre et l'Occupation : le travail commencé avec « Travelingue », (1941), continué (en sourdine) avec « le Passe-muraille » (1943) prend forme avec « le Chemin des écoliers » (1946) et finit en apothéose avec « le Vin de Paris » (1947) et « Uranus » (1948). Bousculé à la Libération pour ses amitiés avec des intellectuels plus ou moins tombés dans le piège fasciste (Brasillach, surtout), et pour quelques articles parus dans des journaux de la même couleur (vert-de-gris ou caca d'oie – ou caca pas de l'oie), Marcel Aymé trace au vitriol un portrait de ses concitoyens, de leur bonne conscience laissée au vestiaire, de leur héroïsme de tripot, de leur moralité à ailes changeantes… Il a beau jeu, me direz-vous, c'est dans de telles circonstances que l'âme humaine se révèle dans toute sa noirceur, on est bien d'accord. Et il s'est passé dans cette période des choses terribles et des choses merveilleuses. Mais à la Libération, la tendance était plutôt de mettre la poussière sous le tapis. Et voyez-vous, Marcel Aymé, lui, il est plutôt du genre à épousseter le tapis sur la place de la Mairie, quitte à éclabousser les badauds.
« le chemin des écoliers » est l'histoire de Pierre Michaud, 55 ans, père de famille, tendre et attentionné, peut-être un petit peu rétro (pour l'époque), mais que les réalités de la vie vont rattraper, essentiellement par le biais de ses enfants.
Dans la famille Michaud, je demande le père : il se prénomme Pierre, mais la plupart du temps il figure sous le nom de Michaud. Il est le co-fondateur, avec Etienne Lolivier, de la Société de Gérance des Fortunes Immobilières de Paris.
Frédéric, l'aîné des enfants Michaud, distribue des tracts communistes à la sortie des usines.
Antoine, le cadet, 16 ans, doit passer le bac à la fin de l'année, mais il occupe son temps à faire du marché noir avec son ami Pierre Tiercelin. Il est aussi l'amant d'Yvette Grandmaison, une jeune femme dont le mari est au stalag, et qui grâce à Antoine peut s'assurer, à sa fille Chou et elle, un train de vie élevé.
Pierrette, la benjamine, 12 ans, solide, rieuse, et pas née de la dernière pluie.
La mère, Hélène, se remet d'une opération d'un fibrome, et n'intervient pas souvent dans l'histoire.

C'est autour de cette famille exemplaire des années 40 que s'articule l'intrigue. Sur fond d'Occupation, de marché noir, de persécutions antisémites, se greffent des thèmes éternels comme l'amour et l'amitié (même si ces valeurs sont quelque peu écornées), l'ambition, la bassesse, la compromission, ainsi que de façon très sensible, le conflit des générations, entre des parents trop en retard et des enfants trop en avance.
Les Michaud sont entourés d'une belle brochette de personnages qui couvrent d'un bout à l'autre tout l'échiquier politique : entre Courtelier, enseignant à la retraite qui refuse toute compromission avec l'occupant, et Malinier, ancien combattant, fasciste, maréchaliste, futur engagé à la LVF, la plupart des acteurs de ce drame comique (ou cette comédie dramatique, c'est comme on voudra) naviguent entre marché noir et prostitution, (le père Tiercelin restaurateur et grand ponte du « marché parallèle ») le seul mot d'ordre étant : on va s'en sortir, même s'il faut marcher sur les autres, et autant que ça nous rapporte ! Et comme nécessité fait loi, on est bien obligé d'en passer par là ! (c'est l'excuse qu'on se donne).
Ce que fustige Marcel Aymé, c'est cette absence de scrupules qui règne, et fausse toute perception saine, toute conscience. Mais ce dernier mot a déjà perdu tout sens : dans le premier chapitre, Michaud fait un rêve, et
« Il ne s'éveilla que le lendemain matin à sept heures et, après avoir hésité un moment s'il avait mal au foie ou à la conscience, se souvint tout à coup de son rêve ».
Un livre salutaire, qui montre comment une situation particulière peut faire basculer dans la veulerie, la bassesse, l'ignominie… Et qui nous met en garde contre le retour de telles horreurs. Mais notre société, encore plus matérialiste, saura-t-elle en tirer les leçons ?
Commenter  J’apprécie          100
Une splendide fresque familiale sous l'Occupation. Pierre Michaud, père, honnête, bon patriote, employé consciencieux. La mère est a l'hôpital tout le temps du roman. La famille subit les pénibles restrictions de la guerre. Un jour, le père découvre les activités de ses fils. Frédéric risque sa vie en distribuant des tracts communistes, tandis que l'autre, Antoine, 16 ans, fait des millions grâce à des affaires sur le marché noir, entretient une maîtresse et fréquente des bars. le père, dans un premier mouvement, s'indigne de cet argent «sale», mais bien vite il considère cette fortune comme un don du ciel. «Celui qui fait la puissance d'un autre fait en même temps sa propre ruine», dit Machiavel, et il n'a pas tort. Si l'on peut faire un usage honnête de cet argent, il est bien mieux entre nos mains que dans les poches des autres. le père fondera une nouvelle entreprise qui lui permettra de faire sa richesse quand viendra la Libération.

Aymé utilise un procédé que je n'ai revu dans aucun autre roman. Au cours de l'histoire, de nombreux personnages secondaires croisent le chemin des membres de la famille Michaud. Ce sont des figurants d'importances minimes sur les événements. Aymé les dote de courtes biographies en notes de bas de pages. En quelques lignes, nous avons droit aux vies futures de ces personnages. Certaines sont déroutantes, mais toutes sont savoureuses à souhait.

Dans le film Cours, Lola, cours, il y un procédé similaire qui nous fait voir en quelques photos le futur des figurants rencontrés par la protagoniste.

Si jamais quelqu'un connait d'autres oeuvres qui se servent de dispositifs semblables, ne vous gênez surtout pas à me le faire savoir.
Commenter  J’apprécie          150
Le chemin des écoliers/Marcel Aymé
Dans le Montmartre de l'Occupation, Michaud gère au mieux son affaire immobilière avec son associé Lolivier, pour subvenir aux besoins frugaux de sa femme et de ses trois enfants. Les affaires sont plutôt modestes :
« Dans ces rues sans vie qui ne leur apportaient plus de sève, les grands immeubles d'affaires faisaient déjà penser à des forteresses déclassées et le quartier semblait se survivre, d'un effort déclinant, dans une aube de dimanche éternel. Au milieu de cette léthargie, Michaud rêvait parfois aux vastes cités englouties dans les siècles, aux orgueilleuses Babylones où la vie découragée avait perdu ses habitudes et renoncé enfin à disputer l'espace aux palais éboulés. »
Dés l'entame, le beau style incisif, satirique et polémique de Marcel Aymé court avec délice le long des lignes de ce récit aux allures peu à peu picaresques où s'entrecroisent nombre de personnages pittoresques.
« Nos petites infamies fourrées de silence et les autres, c'est notre modeste partie dans le concert de la grande infamie, celle des hommes, des nations, des troupeaux. Et ce monde là, c'est fait, il va crever, il est en train, il se tortille dans les affres. Sous un ciel bas, plombé d'épouvante et de résignation imbécile, on l'entend hurler son agonie, râler ses fureurs suicidaires, pousser au cul de la mort en rythmant les sanglots de son de profondis hystérique, et c'est bien reposant de penser que l'humanité s'est condamnée sans espoir. »
Et les portraits de personnages dressés par l'auteur sont imagés au point qu' on a l'impression d'avoir le personnage devant soi comme par exemple Josy, l'artiste manquée, la femme de Lolivier, l'associé de Michaud ;
« L'ancienne jolie fille qui , à la cinquantaine passées ne renonçait pas à ses ambitions de carrière, était maintenant une créature décharnée et les sept péchés capitaux et d'autres auxquels l'Église n'a peut-être pas pensé, étaient inscrits dans les plis et dans les poches de son visage. Malgré sa maigreur, elle était affligée de gibbosités graisseuses…Pour le corps, pas de fesse, la jambe sèche et la cuisse aussi, mais un ventre pointu et de lourdes mamelles fluides, vagabondes… »
Un personnage retient l'attention : Malinier, l'archétype du collabo fasciste antisémite, qui oscille entre sa haine de l'Allemand et sa gratitude pour les bienfaits de l'hitlérisme. Sa conversation houleuse au sujet de la notion de patrie avec Coutelier, l'inspecteur d'académie bien-pensant est révélatrice d'un état des esprits en France à cette époque.
Bien loin de leurs préoccupation la notion de patrie : pour Yvette par exemple, la maîtresse d'Antoine, fils cadet de Michaud, , le patriotisme n'est qu'un résidu sentimental de l'histoire dont il faut se méfier. Antoine, lui, est dans le doute d'autant plus que son père, sans aller jusqu'à exalter la patrie française face à l'occupant conserve le respect de certaines valeurs.
On découvre les petites histoires d'amour des adolescents que sont Antoine, élève de classe terminale en mal d'émancipation et qui vit d'un marché noir lucratif et Paul son condisciple, l'un avec Yvette jeune femme de 26 ans, aguicheuse au possible, dont le mari est retenu prisonnier en Allemagne, l'autre avec Flora, belle plante dans la fleur de l'âge.
Michaud lui aime sa famille mais ne la voit pas. Il est un père nourricier, mais jamais le père spirituel qu'il devrait être. Rêveur, il se livre sans cesse à des élucubrations sur la guerre en cours et mise sur une victoire contre l'occupant. Lorsqu'il s'éveille à la réalité sans avoir vu grandir ses enfants, il découvre que Antoine a une maitresse et Frédéric son aîné milite au parti communiste.
Chacun voit et vit le drame de la France occupée à sa façon selon ses préoccupations et Lolivier se confie à Michaud :
« La France envahie, les discours d'Hitler, de Churchill, la guerre en Russie, ça existe, mais la vie, la vraie, celle qu'on vit, c'est la bagarre avec la mégère, les coups de gueule, l'angoisse, la méfiance, les crachats du garçon qui vous arrivent en pleine gueule…Roosevelt peut sourire au ciel de nos destinées et Hitler occuper Tombouctou, j'ai ma petite vie bien à moi et qui ne me laisse pas le temps de rêver. »
Les manigances féminines d'Antoine avec Yvette et de son père avec Olga, chacun de leur côté, vont créer des situations rocambolesques au seuil du comique
L'auteur sait aussi user de l'humour : Michaud lors d'une virée au bar du coin fréquenté également par son fils, fait donc une rencontre et pour lui, « Olga se trouve associée aux plus hautes valeurs de la civilisation occidentale et la nécessité de coucher avec elle s'impose presque comme une démarche de la pensée démocratique et socialiste. » Michaud est loin de se douter de la vérité concernant cette Olga.
Ce bon roman est avant tout une peinture des moeurs parisiennes petits bourgeois en une époque très particulière de la seconde guerre mondiale, celle de l'Occupation, époque qui voit sévir une morale à géométrie variable et dont la relativité est habilement mise en évidence par l'auteur. Une page d'histoire sociale mise en scène avec art par Marcel Aymé.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- J'ai dit ce qu'auraient dit cent mille personnes à ma place. Qu'en présence de certaines situations, il faut adopter certaine attitude et lui rester fidèle. C'est une question de dignité.
- Mais toi, personnellement, tu t'en fous ? Il y a deux ans, c'était juste avant mai 1940, tu me disais que l'honneur de la France, tu t'en torchais la raie des fesses.
- Oui, je l'ai dit et je le redirai probablement après la guerre. Pour l'instant, je vénère ma patrie et je suis férocement jaloux de son honneur. Ça te chiffonne ?
- Mais non, répondit Lolivier. Tu papillonnes avec tant de grâce que forces mon admiration....
(extrait du chapitre VIII)
Commenter  J’apprécie          80
Soudain, Michaud dessera son nœud de cravate qui l'étranglait, son visage devint rouge et il se mit à invectiver.
-Face de bougnat, cul-terreux auvertin, avec toute ta suffisance de matois, tu peux ratiociner pendant vingt ans, tu ne seras jamais qu'un margoulin de la dialectique, un bricoleur de raclures positiviste.
-Je te l'ai toujours dit, dommage que tu ne sois pas resté dans l'enseignement, tu aurais sûrement la Légion d'honneur.
Commenter  J’apprécie          60
Elle prenait une conscience un peu humiliée du rôle de la femme dans le cercle de la famille, et commençait à trouver un sens à certaine parole prononcée par sa mère un jour de lassitude : "On dirait que les hommes traversent la vie en chemin de fer; nos soucis et nos peines, ils les regardent comme par la portière. "
Commenter  J’apprécie          40
Rêve d'une locataire juive de Pologne:
"Après, c'est l'Amérique et c'est fini le ciel noir, les jours noirs et toutes les choses noires et petit œil de Gestapo. Venez moi. Ici, vous êtes des chiens tristes qu'ils viennent toujours de voler une chose à leurs maîtres. Vous avez peur de laisser voir ce que vous êtes et, des fois, peur de ne pas laisser voir assez. Même ceux ils sont pour collaboration, ils ont peur de perdre les Allemands. Même ceux qui pensent rien, ils ont peur parce qu'ils pensent rien. Et peur pour un père, peur pour un ami, pour demain, pour bombardements, viande,charbon, marché noir. Mais là-bas, vous avez plus peur. Juif, pas juif, personne s'occupe. Vous pensez n'importe qu'oi. Vous mettez ce que vous voulez dans la vie. Elle est grande, ele est petite, mais toujours elle est à vous. En Europe, il n'y aura plus jamais ça, même quand l'occupation est partie. Les vieilles choses il faut les laisser pour les rats. Là-bas, vous trouvez liberté, lumière, ciel et toutes choses qui sont pour la vie. Et quand vous avez besoin de mépriser et être méchant - tout le monde a en besoin- il y a les Nègres. Oh! je voudrai être déjà. Venez avec moi."p.245
Commenter  J’apprécie          00
Homme ou femme, un être finit toujours par decouvrir qu'il appartient à une catégorie, à un clan, à une espèce quelconque qui a ses simagrées, son protocole, ses contorsions.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (280) Voir plus



Quiz Voir plus

Marcel Aymé

En quelle année est né Marcel Aymé?

1880
1897
1902
1910

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel AyméCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..