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EAN : 9782070369126
288 pages
Gallimard (04/02/1977)
3.79/5   63 notes
Résumé :

Dans sa trente-cinquième année, un nain de cirque se mit à grandir, ce qui embarrassa les savants qui avaient fixé à vingt-cinq ans l'âge limite de la croissance. Incapable d'amuser encore le public, ou d'accomplir une autre besogne dans la troupe, il renonce au cirque et disparaît dans la foule.

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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Si le Père Noël, les cloches de Pâques et la petite souris n'ont pas réussi à vous donner le cadeau que vous espériez, rassurez-vous, je connais un truc épatant, susceptible de combler tous vos voeux : ça s'appelle un bouquin. Oui je sais, il y a plus moderne, c'est lourd dans la main, et c'est plein de mots écrits dans un français tout à fait incorrect, en tous cas rien de commun avec la belle langue qu'on entend à la télé (Cyril, si tu nous écoutes…remarquez que je ne donne pas de nom !) ! Et vous allez me dire, petits futés, vous allez vous recrier, petites mutines : « mais comment ces généreux donateurs sauraient-ils ce que j'aime ? » Voici la réponse : il y a des auteurs « infaillibles » qui ne peuvent que vous séduire. Tous les goûts sont dans la nature, tous les dégoûts aussi, et malheureusement tous les égouts y vont. Mais prenez un auteur comme Marcel Aymé, dans ce qu'il fait de mieux, les nouvelles. Vous ne pouvez pas être déçu : dans « le Nain », ce recueil paru en 1934, il aborde avec une facilité déconcertante, tous les genres : du fantastique (le fantastique à la Marcel Aymé, soyons clairs, ce n'est pas Stephen King) au policier en passant par le drame bourgeois, la grosse farce et même la nouvelle historique !
Treize nouvelles au total qui ont fait la renommée de l'auteur, et l'ont hissé au panthéon des spécialistes du récit court. En voici quelques-unes
La première nouvelle « le Nain » donne son nom au recueil. « Dans sa trente-cinquième année, le nain du cirque Barnaboum se mit à grandir ». Plutôt embêtant, quand « être petit », c'est votre métier !
« La canne » : La famille Sorbier est de sortie : le père, la mère et les deux enfants vont en promenade, emmènent avec eux la canne fraîchement héritée de l'oncle Emile. La balade risque d'être… animée…
« La liste » : l'une des nouvelles les plus hilarantes du recueil : le sous-titre « Histoire d'une fille qui ne pouvait pas entrer dans un conte fantastique ». le thème : « Noël Tournebise avait tant de filles à marier et si peu de mémoire qu'il ne pouvait pas se rappeler tous leurs noms et qu'il était obligé d'en avoir toujours la liste dans sa poche... »
« L'Affaire Touffard » : O'Dubois et Joubin, ou comme qui dirait Holmes et Watson, ou plus vraisemblablement Bougret et Charolles (dans l'inénarrable Rubrique-à-brac » de Gotlib) enquête sur le meurtre de douze personnes dont un milliardaire.
« le mariage de César » César est un bougnat honnête et chaste. Son mariage avec Roseline, en faisant de lui un tenancier de maison close, lui forge une autre personnalité.
« Trois faits divers » : ou le Club des assassins : quand un assassin rencontre un assassin, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires d'assassins ! Et quand en arrive un troisième ?
« L'Armure » : histoire médiévale : un chevalier, revêtant l'armure du roi et imitant sa voix, courtise, lutine et finalement présente à la Reine des hommages… appuyés. Il finit par avouer son crime au royal cocu.
« Sporting » : comment les conflits politiques se résolvent au travers d'un match de foot pas comme les autres : Un vrai dessin de Dubout ! (comme aurait dit Fernand Raynaud)
Au total treize nouvelles pleine de rire, d'ironie, de malice, tout ce que nous aimons chez Marcel Aymé. Sans le mordant féroce qui caractérise ses écrits de guerre et d'après-guerre.
Un vrai régal !
A consommer sans modération !


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J'ai retrouvé intact le plaisir que j'avais eu enfant à lire les contes du chat perché, le début de ma passion pour la lecture.
Quel bonheur de retrouver l'esprit et la plume de Marcel Aymé.
Cette série de nouvelles est un vrai régal.
Les situations et les personnages sont très visuels. J'avais l'impression de les voir, comme de petits films qui se succèdent.
Toutes différentes et pas une qui ne m'ait laissée indifférente.
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Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane).

Le Nain (1934) est un recueil de treize nouvelles précédemment parues dans des magazines et n'ont aucun lien ou point commun entre elles.

Le livre s'ouvre sur le texte lui donnant son nom, où l'on suit les mésaventures d'un nain vedette d'un cirque, qui se réveille un matin devenu un bel homme d'une taille respectable. Il pense en tirer bénéfice et vivre une belle vie, mais il va déchanter. Dans L'Affaire Touffard, un détective flanqué de son adjoint, enquête sur un carnage, douze personnes sont assassinées chez un riche homme d'affaire. Une intrigue à la Sherlock Holmes mais complètement déjantée. Désopilant !

Avec Trois faits divers, deux assassins se rencontrent et se racontent leur crime, rêvant d'un pays où les pauvres tueurs comme eux vivraient tous ensemble. Ici l'écrivain fait preuve d'un humour très noir (« Alors, je ne sais plus bien ce que je lui ai dit, mais j'ai empoigné la hache et je les ai abattus tous les trois, elle et mes deux enfants. – Là, je trouve que tu as été vif, dit Finard. ») Une dernière pour la route, Sporting : deux candidats s'affrontent dans des élections régionales, le radical-socialiste propriétaire d'un club de gymnastique obtenant de jolis succès et le candidat de la droite dirigeant un club de rugby qui enfile les défaites. Les arguments politiques peu à même de convaincre les électeurs, les deux vont la jouer sur le plan sportif. Ambiance Don Camillo à Clochemerle.

Un recueil vraiment très amusant, toutes les nouvelles sont souriantes, jouant sur différents types d'humour ou sur la critique ironique. Il y est question de politique locale, de religion, de morale et aussi d'argent. L'ancienneté des textes nous permet une nouvelle fois de constater l'évolution de nos moeurs, en particulier sur les relations entre les sexes. Ce que les hommes disaient ou pensaient des femmes alors fera tiquer une jeune lectrice d'aujourd'hui… O tempora ! O mores !

Une écriture légère et bien enlevée, un sourire au coin de lèvres tout du long de cette lecture, si vous n'avez jamais lu Marcel, goûtez-y, vous ne pourrez que l'aimer.

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Les lampions clignotent. Aymé, sur une estrade, ajuste son piano à bretelles, "les joyeux triolets de l'accordéon fusent*" et c'est parti pour son petit guinche : les corps s'étreignent, les valses chaloupées s'enchaînent... Chauffe, Marcel !

Le Nain ("(...) un nain se met à grandir dans sa trente-cinquième année, et il ne lui arrive rien du tout, contrairement à ce qu'il attendait. C'est très dramatique."**), apologue circasien et kafkaïen mais d'un Kafka sous anxiolytique, métaphorise le métier de l'écrivain dont l'originalité semble se diluer dans la notoriété et ouvre le bal en beauté.

Sur la piste, Aymé s'amuse et son rire est contagieux. Qu'il dégomme la lâcheté des petits bourgeois (La Canne, Bonne vie et moeurs ou Deux victimes) ou vise un humour noir corsé (Trois faits divers), ses morceaux, javas polissonnes ou toupies fougueuses, frappent juste. On lui pardonnera quelques fausses notes (L'Affaire Touffard, un Cami pas drôle), pour ne retenir que ses coups d'éclat.

Le Mariage de César (un modeste et vertueux bougnat devient un parti intéressant à partir du moment où il monte un bordel et qu'il a pignon -et lanterne rouge- sur rue), Rue Saint-Sulpice (dans lequel un Jésus d'occasion s'investit beaucoup trop dans son rôle de composition) et l'hilarant La Liste (un irrésistible et leste conte fantastique) constituent, à mes yeux, de flamboyantes réussites.

Un musette au répertoire très convaincant.

* Damia, La guinguette a fermé ses volets ** Prière d'insérer du recueil.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Un clown c'est quelqu'un qui a autant de bon sens que les autres mais qui ne le met pas au même endroit. le ton est donné. Marcel Aymé nous régale. Un écrivain qui a autant de mots que les autres mais qui les met au service d'histoires et de personnages uniques. Et dans un ordre parfait. Jubilatoire.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La liste

Barbe 90, qui s’en allait pourtant sur ses quarante-quatre ans, avec une paire pour s’asseoir comme deux sacs de farine (et le feu au milieu, si vous voulez bien), était plus enragée que toutes ses cadettes, et le curé disait n’avoir jamais vu, dans toute son existence de curé, une aussi grande putain que cette satanée Barbe de la quarantaine ; même que, quand il la voyait venir à lui, la hanche bourriquante et le flottant de la gorge bien à l’avancée, il était tout heureux d’avoir l’empêche de sa soutane, et encore en plus, de se réciter deux ou trois prières en pensant à ce qu’il récitait. Ne nous laissez pas succomber. Et ce qui le mettait en colère bien plus que tout, c’était de voir que cette grande éhontée, par l’exemple funeste qu’elle leur donnait ainsi, entraînait dans le péché tout le restant des Tournebise, depuis Guillemette 91 jusqu’à Véronique 1917, qui se dévorait déjà de vouloirs à peine qu’elle avait ses seize ans. Aux veilles de fêtes, quand elles étaient toutes à faire la queue devant le confessionnal, il en avait la chair de poule et la suée dans son froc, à penser qu’il allait entendre les quatre cents coups de l’abomination sortir de toutes les bouches de ces garces de Tournebise.Mais plus que les autres ensemble, il redoutait Barbe dont les péchés faisaient tant de volume et de fracas que le confessionnal en était comme à l’envers, balloté, secoué et remué cul par-dessus tête.
- Mon père, vous pouvez compter que je me repens bien. Figure-vous que je venais d’ôter ma chemise pour me chercher une puce qui me courait là, dans l’entremi des deux tétons, mais voilà qu’elle se met à descendre…
- Passez, rageait le curé, allons, passez…
- Oui, mon père. Voilà donc le Noré Coutensot qui se penche et qui l’attrape, devinez où ?
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Sous un ciel sans lune, deux assassins se rencontrèrent à un carrefour.
Ils allaient dans la nuit avec tant de précautions qu'ils se trouvèrent l'un face à l'autre sans avoir entendu le bruit de leurs pas.
Tous deux, ils eurent un mouvement de frayeur que chacun prit pour une menace de l'autre.
Le plus grand, qui avait des épaules de lutteur et la tête grosse comme une pomme, serra une trique qu'il balançait entre deux doigts.
L'autre, un petit homme sec, ouvrit son couteau de poche.
Un moment, ils furent immobiles, sur la défensive, les épaules remontées, le cou tendu en avant, écoutant leurs respirations oppressées.
Dans l'ombre, ils s'apercevaient en silhouettes confuses, et leurs yeux luisaient d'inquiétude.
Enfin, l'homme au gourdin laissa passer une plainte entre ses dents serrées par la peur. Alors l'autre eut un soupir de détente...
(extrait de "Trois faits divers", nouvelle incluse dans le recueil paru chez "Folio" en 1978)
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Barbe 90, qui s’en allait pourtant sur ses quarante-quatre ans, avec une paire pour s’asseoir comme deux sacs de farine (et le feu au milieu, si vous voulez bien), était plus enragée que toutes ses cadettes, et le curé disait n’avoir jamais vu, dans toute son existence de curé, une aussi grande putain que cette satanée Barbe de la quarantaine ; même que, quand il la voyait venir à lui, la hanche bourriquante et le flottant de la gorge bien à l’avancée, il était tout heureux d’avoir l’empêche de sa soutane, et encore en plus, de se réciter deux ou trois prières en pensant à ce qu’il récitait. (…) Mais plus que les autres ensemble, il redoutait Barbe dont les péchés faisaient tant de volume et de fracas que le confessionnal en était comme à l’envers, balloté, secoué et remué cul par-dessus tête.
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Le père désignait les monuments avec sa canne et discourait avec une abondance et une bonne humeur qui exaspérait sa femme.
" C'est plein de monuments historiques par ici. Là bas, les magasins du Louvre...ici le ministère des Finances...Voilà la statue de Gambetta, celui qui a sauvé l'honneur en 70....rappelez-vous."
Un peu plus loin, Victor avisa une femme nue debout sur un socle et la montra du doigt. "Et celle-là, papa? Qu'est-ce que c'est ? Elle a sauvé l'honneur aussi ?"
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Les grillons nous font une belle musique", disait Noel à sa pipe en merisier. Alors que c'était tout le contraire, et que les grillons, comme aussi bien les crapauds, les rainettes et les rossignols, en avaient la chanson coupée à l'étranglette d'entendre le ramage de tous ces couples qui se donnaient la bonne suée sur le frais de la rosée du soir.
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Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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