Citations de Marie Colot (218)
Un livre est comme un jardin que l'on porte dans sa poche.
Gladys Taber
J'aimerais rêver :
- que les entreprises qui polluent le plus soient réellement punies et que leur argent soit redistribué aux plus pauvres
- que l'air soit tellement pur qu'il guérisse même les maladies incurables
- que ces larves d'hommes politiques mettent enfin l’écologie au centre de leurs décisions
- qu'une forêt et des biches envahissent notre quartier en béton.
Au début, je ne rédigeais ces listes que dans les cas critiques, en particulier après avoir écouté les infos. Aujourd'hui, la situation de la planète m'obsède tellement que j'en ai besoin tous les jours. Lister les drames, les écrire un à un, noir sur blanc, c'est mon truc le plus efficace pour les tenir à distance, au moins le temps de l'exercice.
Mon père a déserté la maison, mais il est bien décidé à encombrer ma vie.
Et voilà. Ma joie se teinte d'inquiétudes. La bonne nouvelle, c'est qu'elles sont grignotées par une envie folle de promettre à la petite dernière de la famille que tout est encore possible.
- La météo est magnifique ! On prend nos affaires et on file petit-déjeuner au parc ?
Je hoche la tête sans me réjouir vraiment. j'en ai marre de traîner dehors comme un vieux papier poussé par le vent.
Karen et James ont accueilli cette explication sans chercher à en savoir plus. Ça m’a soulagée. Eux, ils ne me brusquaient jamais. Ils acceptaient que je leur livre mon histoire ligne après ligne. Si j’entrouvrais la grille de mon jardin secret, ils patientaient sur le seuil et me pardonnaient de ne pas les inviter à entrer.
C'était parti pour une enfilade de questions qui me donnaient à l'avance des crampes à la langue. Répéter, répéter et répéter le désastre, avec le moins de phrases et de détails possibles malgré les "c'est-à-dire" qui m'invitaient à me livrer, je l'avais tellement fait, devant des interlocuteurs différents, des avocats, des psys, des éducs et des copies conformes de Dorothy qui me souriaient autant que les yeux étaient tristes quand ils me regardaient vraiment. Aucun de ces soi-disant pros ne se rendait compte de la difficulté de mettre des mots, encore, sur ce que j'aurais aimé oublier.
Je sais seulement qu'il y a des mots et des actes qui blessent, mine de rien.
Le 30 avril 1954, Marilyn Monroe posait en bikini doré sur le plongeoir de l'hôtel Roosevelt à Los Angeles. Au bord de la piscine, des dizaines de journalistes conquis depuis longtemps par ses charmes prenaient des photos à en avoir de sacrées crampes aux doigts.
Exactement soixante ans plus tard, la bretelle de mon maillot rose à pois blancs a rendu l'âme au beau milieu du bassin de natation du Sacré-Coeur, devant toute ma classe qui a pété de rire à en transformer la piscine en Jacuzzi.
Cette nuit, c'est mon anniversaire. J'ai huit ans. Et je vais recevoir le plus beau des cadeaux.
- Un souvenir !
Selon Papou, c'est mieux qu'un jouet. Impossible de l'abîmer ou de le perdre. Il reste à l'abri dans la mémoire. Pour toujours.
Je voudrais effacer cette proposition qui est venue perturber le petit équilibre que j’avais retrouvé. Je voudrais réagir autrement, ne pas en faire un drame et balancer mon malaise à la poubelle. Je n’y arrive pas. Je ne suis plus capable de digérer les choses qui me blessent. Je me les sers plutôt en plat principal. Inlassablement.
L’horreur fascine. La monstruosité attire plus que la beauté.
- Pendant qu'il est en expédition, moi, je bouquine.
- Karen explore le monde de son canapé !
Tout le monde aime les potins, surtout si ça concerne quelqu'un dont la vie n'a à priori aucun intérêt. Moi, j'étais plutôt passe-partout, ni transparente ni populaire, et j'avais provoqué la surprise générale.
Quand j'ai ouvert le bouquin pour le réduire en miettes, je me suis pris une claque. "Je me crois en enfer, donc j'y suis". Mortelle, la phrase. Rimbaud, c'est un tueur. Il m'a filé un gros coup de poing sans me faire mal.
- Et toi, maman, tu y es déjà allée à la mer ?
- Je ne me rappelle plus.
Soit c'est sa façon de répondre "non", soit l'iode et la pêche aux moules, ce n'est pas aussi génial que mademoiselle Coline le prétend.
[p17-18]
Adèle voudrait que je sois son petit garçon mais ça me fait trop peur,. Une maman, ça meurt .
Je me fais la promesse d'inventer d'autres chansons avec des mots qui calment les maux, en souvenir de la fillette en robe bleue grâce à qui je suis encore vivant.
''Je voudrais pouvoir lui dire que non, sa vie n'est pas foutue, que non, elle n'est pas l'ordre qu'elle pense être, que non, ce qui lui est arrivé n'est pas une fatalité.
Mais c'est trop tôt, je le sais bien. Elle s'entendrait pas, ne comprendrait pas. ''
Cassien